L'observatoire du pic du Midi - Palais de la découverte

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19Coups de foudre au sommetLa foudre est une crainte permanente au pic du Midi. Entre 1882 et 1891, on passe dedeux à vingt paratonnerres au sommet. Ils sont reliés entre eux par un câble souterrain.Les pieds des meubles sont même isolés du sol par de la porcelaine ou du verre. Malgréces précautions, Vaussenat lui-même est frappé par la foudre en 1884 : « J'ai perdu lescils et les sourcils qui me manquent encore actuellement, et j'ai été électrisé d'unefaçon dangereuse (…) ; j'en ai été quitte pour la perte d'une partie de mon vestiaire,pour le renouvellement de l'épiderme de la face et pour la perte de mon chronomètredont le ressort a été brûlé. » Aujourd'hui encore, les locataires du lieu se doivent d'êtrevigilants face à la foudre qui frappe régulièrement le site. Éclairs, grésillement et feuxde Saint-Elme ne sont pas rares en période d'orage.© B. David.la station scientifique. Il se consacre entièrementà cette tâche et d'importants travaux deterrassement sont lancés pour la constructiondes nouveaux bâtiments. Mais l'endroit estcouvert de neige huit ou neuf mois par an.Ainsi, pour faciliter les accès, des tunnels sontcreusés pour desservir les différents points del'observatoire. Le réseau de galeries estimpressionnant et l'on met toujours en gardeles nouveaux arrivants de ne pas se perdredans les 4 kilomètres de couloirs !Dans ces années 1880, plusieurs scientifiquesséjournent au pic du Midi, pour le transitde Vénus de 1882, pour des campagnes demesures atmosphériques, ou pour des testsastronomiques devant valider le choix du sitepyrénéen pour l'implantation définitive del'observatoire. Un médecin étudie égalementles effets de l'altitude sur une ménagerie spécialementinstallée. C'est à cette période queles premières collaborations se créent avecd'autres laboratoires scientifiques. Parexemple, Vaussenat coordonne entre 1883 et1885 une importante expérience de météorologie: « l'expérience Lemström », du nom duprofesseur à l'origine du projet, déjà expérimentéen Laponie. L'objectif est de recréerartificiellement une aurore boréale en couvrantune partie de la montagne de fil de ferbarbelé isolé du sol par des piquets en chêne.On plante ainsi 200 perches de 3,5 mètres surlesquelles est tendu le fil de fer barbelé. Autotal, c'est sur 530 mètres carrés que s'étendentles 10 800 pointes de l'expérience. Maisla coûteuse (et dangereuse) expérience neporte pas ses fruits, aucune aurore n'estobservée au Pic ces années-là. Les auroresboréales mettent en jeu d'autres mécanismesphysiques que ceux testés par le système desperches, aussi l'expérience n'aurait pas pu enproduire. L'assemblage est démonté pendantl'été 1885. Cependant des observations d'auroresnon simulées ont déjà été rapportées à labasse latitude de l'observatoire, comme en1938, 1947, 1989 et en juillet 2000.Malgré la qualité du site et les expériencesscientifiques qui s'y multiplient, l'intérêtastronomique n'est pas encore suffisammentdémontré pour qu'un gros instrument soit installé.Mouchez ne soutient pas le projet de stationastronomique, présenté par Vaussenat en1883, auprès du ministère. Il encouragecependant le développement du Pic en donnant,en 1884, deux lunettes au futur observa-
20D É C O U V E R T E N ° 3 4 2 N O V E M B R E 2 0 0 6Figure 4Au leveret au coucher du Soleil,l'ombre du pic du Midise projette jusqu'à l'horizonsitué à plusieurs centainesde kilomètres de l'observatoire.© S. Fontaine.toire. À partir de 1887, Mouchez se détournedes Pyrénées pour se consacrer de plus enplus à son projet international de « carte duciel ». Néanmoins, Vaussenat trouve rapidementun autre soutien, celui de BenjaminBaillaud, directeur de l'observatoire deToulouse et séduit par l'excellence du site dèssa première montée en 1885.En décembre 1891 Vaussenat tombe maladeau Pic. Péniblement, il est descendu par deuxemployés de l'observatoire. Installé à Bagnèresde Bigorre, il meurt le 16 décembre.Des travaux scientifiquesdiversifiés et reconnusÀ 40 ans, Émile Marchand succède àVaussenat à la tête de l'observatoire. Les« années Vaussenat » ont été une période depromotion du site mais aussi le temps des premiersaménagements (terrasses, bâtiments,tunnels…) et des premières expérimentationsscientifiques. Le nouveau directeur enrichitrapidement l'observatoire de nouveaux instrumentsdont un spectrohéliographe pour laphotographie du Soleil.À son arrivée, Marchand poursuit l'installationde nouveaux abris pour les instrumentssurtout dédiés à la météorologie. Lorsqu'ausommet l'instrumentation de l'observatoiredevient convenable, Marchand monte une stationd'observation à Bagnères pour faire desétudes comparatives et déduire les effets del'altitude sur les propriétés de l'atmosphère.Le caractère pluridisciplinaire de l'observatoireprend à cette période tout son sens.En effet de nombreuses expériences scientifiquessont établies. Pendant quelques années,un pigeonnier est même aménagé.L'observatoire se rapproche un peu plus dumonde quand en 1896 le téléphone est installé.Outre les études concernant le magnétisme,la sismologie, la météorologie, le comportementhumain et animal ou les composantes del'atmosphère, c'est bien l'astronomie quidonne au site ses lettres de noblesse.Marchand manifeste d'ailleurs souvent plusd'intérêt pour cette discipline que pour lamétéorologie (fig. 4).Une fois les observations météorologiquesdevenues efficaces et routinières, il organisede la même manière la partie astronomique del'observatoire. À l'aide de la lunette de 22 centimètresdonnée par Baillaud, il programmedes observations de routine. C'est essentiellementSylvain Latreille qui est alors chargé deces observations portant sur le systèmesolaire. Chaque jour, des cartes du Soleil sontdessinées. L'aspect de Vénus est égalementattentivement étudié et dessiné afin d'appréciersa période de rotation. Elle sera pour lapremière fois déterminée par des astronomesdu Pic en 1960. Les occultations des satellitesde Jupiter sont également étudiées.Entre 1893 et 1914, Marchand et Latreilleréalisent 2 800 dessins du Soleil et 1 400 desurfaces planétaires (Jupiter, Saturne, Mars,Vénus). Marchand devient à cette période unspécialiste des relations Soleil-Terre, et l'observationde notre plus proche étoile va vitedevenir une spécificité de l'observatoire du picdu Midi. Cependant il est à noter que si « la
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