L'observatoire du pic du Midi - Palais de la découverte

D É C O U V E R T E N ° 3 4 2 N O V E M B R E 2 0 0 623Émile Marchand meurt en mars 1914 et,quand la guerre éclate, aucun successeur n'aencore été désigné. Sur le Pic, de nombreuxhommes sont mobilisés, certains ne reverrontjamais les Pyrénées. Pendant les années deguerre, c'est Joseph Rey qui assure le rôle dedirecteur. Mais l'observatoire tourne au ralentiet il faut attendre 1920 pour que les activitésreprennent réellement, avec l'arrivée d'un nouveaudirecteur, Camille Dauzère.Les années Marchand ont été ainsi marquéespar le développement de l'astronomie maisaussi par la création d'un jardin botanique,souhaité par le bureau central météorologique.Sa vocation était l'étude directe de la flored'altitude et l'analyse indirecte du climat. Cejardin est demeuré pendant longtemps le plushaut d'Europe et a rapidement acquis unegrande notoriété. Des naturalistes du mondeentier l'ont visité, ce qui a promu davantage lesite dans son ensemble.L'observation du Soleilau pic du MidiLe Soleil est une étoile comme tant d'autresdans l'Univers. Sa relative proximité en fait unsujet d'étude très important, tant dans ledomaine de la structure interne des étoiles quedans l'apparition des taches à la surface. Deplus, l'activité solaire et son incidence avec laTerre (évolution du climat, aurore boréales…)sont à l'époque de nouvelles pistes derecherche.Après plusieurs années consacrées à la physiquedu globe, le retour de l'astronomie aupic du Midi peut être daté précisément enjuillet 1929, quand un jeune astronome parisieny monte pour la première fois. BernardLyot vient de soutenir sa thèse de doctorat surla polarisation des planètes et c'est sur cethème qu'il entreprend ses premières observationsdans les Pyrénées. Il se rend vite comptede la qualité du ciel. De plus, Lyot décide deprofiter du site pour mettre au point des observationsde la couronne solaire en dehors deséclipses. Le principe du coronographe estapparemment simple : il s'agit de créer deséclipses artificielles de Soleil afin d'étudier lacouronne solaire (fig. 7). Lorsque la Lunevient masquer le disque solaire, on voit apparaîtreautour du « Soleil noir » la couronne,mais brièvement. En effet les mouvementscombinés de la Lune et de la Terre font que lasituation d'éclipse ne dure au maximum quequelques minutes. En théorie, si l'on place aufoyer d'une lunette un disque occulteur pourcacher la brillante surface du Soleil on doitpouvoir observer la couronne. Mais en pratique,plusieurs problèmes demeurent et rendentimpossible ce résultat car, même si lasurface du Soleil est masquée, le ciel restetrop lumineux pour laisser voir la couronne.En effet, la brillance du ciel vaut à peu prèscelle de la couronne. Dans le cas d'une vraieéclipse, le ciel devient naturellement suffisammentsombre pour permettre cette observation.De plus, les poussières de la basseatmosphère terrestre diffusent également lalumière du Soleil et auréolent notre étoiled'une forte luminosité, rendant invisible lafameuse couronne. Cependant, avec l'altitude,ce phénomène s'atténue rapidement, ce quimotive davantage Lyot pour effectuer sesessais à plus de 2 800 mètres d'altitude. EnfinFigure 7Image de la couronne solaireréalisée au pic du Midi.On remarque la présence de protubérancesplusieurs dizaines de fois plus grandes que la Terre.© Observatoire Midi-Pyrénées.