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TROISIÈME SECTION

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— 262 —Il faut donc que l'exigence de la personnalité, que l'on préconisepartout depuis tantôt un siècle, et qui fut, autant queje sache, posée pour la première fois par Rossi comme lacondition essentielle d'une bonne punition, soit réalisée autantque faire se pourra, surtout dans les cas où la peine privativede la liberté empêche le condamné de faire face aux déboiresdont il souffre par suite de circonstances de famille, ou toutau moins les lui rend plus difficiles. C'est-à-dire alors que lessuites nocives de la peine se manifestent par le fait de priver,durant un temps plus ou moins long, la femme de son mari,la famille de son soutien, l'époux de sa femme, les enfantsde leur parents et le,s parents invalides de celui qui leur servaitjusqu'alors de soutien. L'absence du membre de la famillepeut entraîner d'incommensurables ruines morales et matérielles;des dommages qui, dus aux conséquences malheureuses de lapeine et frappant sans cause des innocents, ont pour résultatde les dépraver et de les entraîner dans les flots de la criminalité.Au surplus, la protection des parents innocents et la conservationde la famille sont désirables, même au point de vuedes intérêts du condamné. Car, au fond, qu'espère le détenupour l'époque de sa libération?... Il franchit le seuil de saprison la poitrine gonflée du désir de trouver la chaleur bienfaisantedu foyer, l'amour des parents et des enfants; il sepeut qu'il s'approche des siens mû par les meilleures intentionset espérant d'y retrouver ses habituels objets mobiliers, sa petiteterre, sa chaumière. Mais, qu'est devenu son foyer? Les parentsne veulent rien entendre de leur enfant devenu' criminel;l'épouse est devenue froide, — il se peut même qu'elle auracherché et trouvé dans les bras d'un autre, et pendant la détentionde son mari, la consolation dont elle avait besoin; lesenfants sè sont dépravés; les objets mobiliers à lui si chers,le lopin de terre travaillé avec tant d'amour, l'atelier et soninstallation sont devenus la proie de l'huissier, ou ont été absorbéspar la famille manquant de soutien. Plus rien qui puisseservir d'appui au libéré: tout s'est évanoui, émietté, dissipé!Quoi d'étonnant dès lors, si l'ancien prisonnier se sent saisi parle désespoir et, dans sa lutte pour l'existence, recourt non— 263 —pas aux moyens licites qui s'offrent à lui, mais aux armesprohibées et continue la vie là où il l'avait abandonnée aumoment de son emprisonnement. Par contre, si le libéré sevoit accueilli à bras ouverts par les siens; si l'individu renduà la liberté retrouve les circonstances telles qu'ils les a laisséesjadis; s'il ne lui faut pas aller retrouver sa femme et sesenfants dans un repère de mendiants; bref, s'il rencontre sonches-soi d'antan, il y a beaucoup de chances à voir se fortifieren lui les faibles pousses qui, ayant germé du grain de lacorrection, ont eu tout juste la force de prendre racine dansl'atmosphère de la prison ; encore que celle-ci fut la plus idéalementaérée. Et Contant a parfaitement raison lorsqu'il affirmeque la chaleur du foyer est la meilleure garantie contre unerechute dans le crime : « le retour au sein de ceux qui l'aiment,sera la meilleure sauvegarde contre la rechute. » (V. AlbertContant, Les sociétés de patronage, Paris, 1908, p. 26 ; puis,de même : Rivière, v. Bulletin de la Commission internationale,Budapest-Berne, t. III, p. 372-373.) Certes, mais ce foyer-là, cesont précisément les membres innocents de la famille qui, restésà la maison, peuvent aussi le défendre; et alors seulement sion les garantit contre les commis qui peuvent résulter poureux de la peine infligée au coupable, et si l'on fait coopérerle détenu au travail conservateur de ce foyer. Ecarter ces inconvénients,c'est-à-dire neutraliser leur effet, c'est une tâchequi incombe aux œuvres de patronage. Quant à ce qui est dela collaboration du condamné à cette grande œuvre conservatrice,elle ne saurait se concevoir que dans le cas où onlui applique des genres de peines privatives de la liberté dontl'exécution impose le moins de souffrances possible aux membresinnocents de la famille, et met, en conséquence, obstacle à ladissolution du foyer qu'elle a vu se fonder.En ce qui concerne les détails, il me faut souligner enpremier lieu ceci - les différents genres de peines privatives dela liberté et leurs modalités dans l'exécution ne pourront êtreenvisagées que dans les cas où l'emprisonnement du coupableprivera réellement la famille de son soutien, c'est-à-dire lorsquel'absence du condamné fera courir un réel danger à l'étatmoral et matériel des siens. 11 s'ensuit que là où le condamné,

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