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le monde - Mondomix

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En couverture23La musique comme ticket de busL'histoire de M.I.A. a toujours été une affaire de frontières, àtranscender, abolir ou redessiner. Née à Londres en 1975, el<strong>le</strong>retourne au Sri Lanka, <strong>le</strong> pays de ses parents, à l'âge de sixmois, puis, après un passage à Madras, en Inde, revient dans lacapita<strong>le</strong> britannique à 8 ans avec mère et sœurs, par la volontéd'un père qui entend protéger sa famil<strong>le</strong> du conflit qui déchirel'ancienne î<strong>le</strong> de Ceylan. El<strong>le</strong> atterrit dans un quartier blanc dusud de la vil<strong>le</strong>, tota<strong>le</strong>ment perdue. C'est la musique qui va venirà sa rescousse. « Je ne comprenais pas mon environnement,ni pourquoi je me trouvais là. La musique a été mon ticket pourexplorer Londres. Je prenais <strong>le</strong> bus ou <strong>le</strong> métro, je m'aventuraisdans un quartier, à la recherche de clubs où je rencontrais desjeunes qui écoutaient la même musique que moi. C'est ainsi quej'ai côtoyé différentes communautés : à Brixton, <strong>le</strong>s jeunes Mauriciensétaient branchés dancehall, soca ou calypso ; à l'est deLondres, <strong>le</strong>s Bengalais avaient <strong>le</strong>ur propre rave music, à l'ouest,c'etaient <strong>le</strong>s Indiens et la scène bhangra. C'était une époquecool...».Tragédies et espoirUne époque où se trouvent <strong>le</strong>s racines de sa musique en formede synthèse des sonorités urbaines des 25 dernières années,si origina<strong>le</strong> et accrocheuse qu'el<strong>le</strong> l'a portée au sommet. Surla lancée du succès mondial de Kala, son précédent album,M.I.A. a ainsi été élue parmi <strong>le</strong>s cent personnalités mondia<strong>le</strong>s<strong>le</strong>s plus influentes par <strong>le</strong> magazine Times en 2009. Une popularitédont el<strong>le</strong> use pour continuer de dénoncer <strong>le</strong> sort fait auxTamouls au Sri Lanka, non sans conséquences fâcheuses. « Unblog de l'armée sri lankaise a écrit qu'ils avaient une tombe quim'attendait au Sri Lanka... dit-el<strong>le</strong> avec un sourire désabusé. LeSri Lanka est un petit pays, <strong>le</strong> nombre de morts de la guerre nese compare pas à des tragédies comme <strong>le</strong> Rwanda, mais <strong>le</strong>sméthodes (du gouvernement, NDR) étaient <strong>le</strong>s mêmes, écœurantes.Le conflit était soutenu et alimenté par la Chine, qui a unpoids suffisant aux Nations Unies pour que rien ne se passe. Il ya des milliers de preuves de crimes de guerre et personne n'estpoursuivi. Aujourd'hui, <strong>le</strong>s Sri Lankais sont dévastés, cassés, etl'aide ne <strong>le</strong>ur parvient pas. L'argent du tsunami par exemp<strong>le</strong> :seu<strong>le</strong>ment 13% des millions de dollars versés est arrivé à destination.»L'engagement de M.I.A. n'est pas qu'oral, ni limité au seulSri Lanka. Un séjour au Liberia l'a fait franchir <strong>le</strong> pas del'investissement personnel. « Je me suis rendu là-bas à la fin dela guerre et tout avait été détruit ou volé : trottoirs, câb<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques,portes, chaises... J'ai visité des éco<strong>le</strong>s avec des enfantsde 4 ans qui essayaient d'apprendre l'alphabet sous un so<strong>le</strong>il deplomb car il n'y avait plus de toit. Le directeur m'a expliqué queconstruire une éco<strong>le</strong> ne coutait que 52000 dollars et je me suisdit, "Putain, c'est <strong>le</strong> prix d'une bouc<strong>le</strong> d'oreil<strong>le</strong> d'Eminem". J'aialors songé à demander un bijou à chaque rappeur d'Interscope(sa maison de disque américaine, NDR), mais à mon retour auxEtats-Unis, MTV m'a proposé 100000 dollars pour un set de 25minutes... Je n'avais jamais été pro-MTV, mais je me suis dit "ons'en fout", j'ai pris l'argent et je l'ai donné au directeur.»n M.I.A. /\/\/\Y/\ (Beggars/Naïve)n www.miauk.coml www.mondomix.com/fr/tag/miaAfrikan BoyProtégé de M.I.A., Afrikan Boy affûte unhip-hop singulier, où ses origines nigérianesse mê<strong>le</strong>nt aux sonorités de l’undergroundlondonien. B.B.Qui A volé son visa ?M.I.A. ne tarit pas d'éloges à son sujet. Et lui a d’ail<strong>le</strong>urs offert une sacréeexposition sur Kala, où son flow fluide et facétieux se posait sur <strong>le</strong> morceauHussel. Il faut dire qu'Afrikan Boy, Olushola Ajose de son vrai nom, et M.I.A. ontplus d’un point commun. Une naissance à Londres (<strong>le</strong> 28 mars 1989 pour notrehomme), suivi d’un retour au pays des parents, en l’occurrence <strong>le</strong> Nigeria, puisLondres à nouveau, où Shola, comme on <strong>le</strong> surnomme, s'instal<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> sudestde la vil<strong>le</strong> avec sa famil<strong>le</strong>. Une même expérience du racisme à l'ado<strong>le</strong>scence.Un même gout pour <strong>le</strong>s fringues (« La mode est un moyen d'expression » dit-il).Et un problème avec <strong>le</strong>s visas, puisque sa tournée américaine de 2009 a étérepoussée en raison de tracas administratifs - ce qui lui vaut d’arborer (et devendre) des T-shirt « Who sto<strong>le</strong> my visa ? » ! S’il revendique aussi l’influencede M.I.A. sur <strong>le</strong> plan musical, Afrikan Boy se dit éga<strong>le</strong>ment inspiré par Felaet Sir Shina Peters, star nigériane de la musique Juju, <strong>le</strong>s rappeurs anglaisKano, Dizee Rascal ou la chanteuse américaine Santigold. Ses paro<strong>le</strong>s et sonidentité musica<strong>le</strong> sont à la croisée de ses origines nigérianes et de sa vie àLondres, pour un sty<strong>le</strong> unique où son grime peut être propulsé par un grooved’afro-beat. Un ta<strong>le</strong>nt remarqué notamment par Prince, qui lui a fait ouvrir sesconcerts londoniens en 2007. Afrikan Boy a mis en ligne de nombreux titressur son Myspace et aurait bouclé l'enregistrement de son premier album. Lejeune homme poursuit éga<strong>le</strong>ment ses études de sociologie et de psychologieet compte bien obtenir ses diplômes. Mais si tout se passe norma<strong>le</strong>ment, il nedevrait pas en avoir l’usage.n http://www.myspace.com/afrikanboyn°41 Juil<strong>le</strong>t/Août 2010

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