46musiques et cultures dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXM'aimemusiques et cultures dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXM'aimeTéléchargersur mp3.mondomix.com30779res dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXM'aimeHORACE ANDY"SERIOUS TIMES"(Minor7Flat5)Gilberto Gil"Fé Na Festa"(Emarcy)Kings Go Forth."The Outsiders Are Back"(Luaka Bop/PIAS)VINICIUS CANTUÁRIA"SAMBA CARIOCA"(Naïve)Son penchant à s’endormiren studio lui a valu <strong>le</strong> sobriquetde « dormeur ». Mais pas de« fainéant ». Car Horace Andy, noncontent de collaborer avec la scènetrip-hop british, sort fréquemment deses siestes réparatrices pour graverdes albums sous son nom. Et commeHorace connait des gens, il s’adjoint<strong>le</strong>s services de quelques pointures(notamment Leroy « Horsemouth »Wallace aux baguettes) et booke dessessions dans des lieux aussi mythiquesque <strong>le</strong>s studios Duke Reid ou TuffGong. Plus roots, c’est que tu connaispersonnel<strong>le</strong>ment Hailé Sélassié. A lafois soldat prosélyte de la doctrinerastafarienne et représentant desheures fastes de la musique deJah, Andy ne s’éloigne jamais tropdes préceptes originels. Ni surplusd’arrangements, ni instruments rejouéssur synthés cheap, juste un reggaelégèrement cuivré, re<strong>le</strong>vé de quelqueschœurs féminins, et bien sur cornaquépar <strong>le</strong> vibrato mystico-rieur du maîtredes lieux. Du pur, clos par une versiondub qui ne gâte rien. F.C.Doué d’un étonnant polymorphismemusical, l’ex-ministre de la culturebrésilien Gilberto Gil revient, sur FéNa Festa, à ses premières amours :<strong>le</strong>s fêtes de juin, <strong>le</strong>s rythmes et laculture nordestine qui ont bercéson enfance et façonné ses débutsartistiques. Les 13 titres, sur <strong>le</strong>squelsplane l’ombre tutélaire du mentorLuis Gonzaga, comportent unemajorité de compositions inédites,qui f<strong>le</strong>urent bon <strong>le</strong>s dimanches àla campagne, la joie de vivre, entoute simplicité. Les deux piedsdans <strong>le</strong> forró, oreil<strong>le</strong>s flattées parl’accordéon, <strong>le</strong> violon, <strong>le</strong> zabumbaet <strong>le</strong> triang<strong>le</strong>, ce disque, sans êtrerévolutionnaire, titil<strong>le</strong> sérieusement<strong>le</strong>s hanches. Un opus sansprétention, qui montre que <strong>le</strong>s plusgrands peuvent revenir à de petitsbonheurs. Assez jouissif ! All.Toujours aussi éc<strong>le</strong>ctique, LuakaBop, <strong>le</strong> label de David Byrne, sepassionne ici pour la soul et <strong>le</strong> funk desannées 2010. Combo de la région deMilwaukee, King Go Forth est né dela rencontre du “vinylomaniac” AndyNob<strong>le</strong> et du chanteur et musicienBlack Wolf. Entouré par un véritab<strong>le</strong>orchestre avec trompette ettrombone, nos rois avancent uneoreil<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> rétro sans jamaissuccomber aux charmes faci<strong>le</strong>s dela redite. Ici, tout est avalé, digéré, retraité.Un bel hommage à la musiquequi dure, qui se recyc<strong>le</strong> à l’infini avecl’apprêt du neuf. A noter : la joliepochette a été réalisée par MingeringMike, un graphiste qui, jusqu’àprésent, n’avait conçu que des visuelsd’albums tota<strong>le</strong>ment imaginaires.SQ'Brésilien expatrié à New-Yorkdepuis quinze ans, <strong>le</strong> compositeur,chanteur et multi-instrumentisteVinicius Cantuária s’y est fait <strong>le</strong>chantre d’une bossa novatrice, quibranche l’héritage des classiquessur <strong>le</strong> courant jazz de la scènedowntown new-yorkaise. Loin derenoncer aux nuances de cetteapproche iconoclaste - effetsé<strong>le</strong>ctroacoustiques, accordsdissonants, harmonies éthérées-, son dernier opus en prolonge <strong>le</strong>sillon à la faveur d’un retour auxsources cariocas. En sus de sespartenaires habituels (Brad Mehldau,Bill Frisell, Arto Lindsay à laproduction), Cantuária y convoqueune équipe de fines lames desstudios de Rio sur un répertoirede sambas à l’ancienne,langoureuses et sophistiquées.On saluera <strong>le</strong>s participations deMarcos Val<strong>le</strong> et João Donato, dont<strong>le</strong>s pianos offrent un contrepointexquis aux arpèges de guitaresrêveuses.Y.R.
<strong>Mondomix</strong>.com47DJ RKK"E<strong>le</strong>KtropiK #1"(Naïve)res dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXM'aimeRémy Kolpa Kopoul, aka DJ RKK,revient avec une nouvel<strong>le</strong> compi<strong>le</strong>caliente pour l’été. Après Latino delFuturo (2008), salué par l’AcadémieChar<strong>le</strong>s Cros, E<strong>le</strong>KtropiK #1réunit dix-sept titres du continentaméricain, de Buenos Aires à NewYork, en passant par Recife, Bogotaet Cuba. Parmi <strong>le</strong>s coups de cœurpanaméricains du journaliste deradio Nova et « connexionneur »Rémy Kolpa Kopoul : CastellanoQue Bueno Baila Usted deX-Alfonso, l’un des acteursimportants de la scène cubaineactuel<strong>le</strong>, Nossa Africa du BrésilienDJ Tudo, ou encore des morceauxde Zuco 103, du Gotan Project etdu défunt Ramiro Musotto.Carène VerdonAsie/Moyen-orient©Amélie Sa<strong>le</strong>mbierres dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXM'aimeAli Reza Ghorbani"Les Chants Brûlés"(Accords croisés/Harmonia Mundi)Une voix qui tutoie <strong>le</strong>s cimes. Al’instar de Nusrat Fateh Ali Khan, AlimQasimov ou Sory Kandia Kouyaté.Une voix pour la poésie, comme<strong>le</strong> sont cel<strong>le</strong>s de ses compatriotes,Mohammad Reza Shadjarian(né en 1940) et Shahram Nazeri (néen 1950), autres chanteurs iraniensd’excel<strong>le</strong>nce. « La musique est la nourriture de l'esprit, déclarait,il y a quelques années, Nazeri. En<strong>le</strong>vez-la du <strong>monde</strong>,vous aurez un cimetière. Aucun autre art ne peut lui ressemb<strong>le</strong>r,à part <strong>le</strong> chant des oiseaux ou celui de l'eau. »Né dans une famil<strong>le</strong> religieuse, Ali Reza Ghorbani avait sixans lorsque Khomeiny est arrivé au pouvoir en 1979. Il a connula répression accablante des mollahs contre la musique, adû se cacher pour al<strong>le</strong>r suivre l’enseignement de ses maîtres.Dans ce deuxième album pour <strong>le</strong> label Accords Croisés, ilchoisit de rendre hommage à Djalâl al-Dîn Rûmî (1207-1273),<strong>le</strong> poète mystique persan qui a créé l'ordre soufi des Mev<strong>le</strong>vi(<strong>le</strong>s derviches tourneurs) et dont il connaît par cœur tous <strong>le</strong>spoèmes. Aussi universel que peut l’être Shakespeare, Rûmîécrivait des vers de toute beauté. Leur traduction, dans <strong>le</strong>spages du livret, révè<strong>le</strong> son sens de la métaphore, du mélangede l'amour divin et des plaisirs terrestres (« Si j’arrive àretirer mon col des ses griffes / Il s’attaque, s’acharne à tirerma jupe par derrière / Je bats des pieds et des mains,il m’empoigne par la tête / Si j’arrive à retirer la tête, il metire par <strong>le</strong>s pieds et <strong>le</strong>s mains » écrit Rûmî dans Kahroba («l’Aimant »)). Accompagné par des musiciens parfaits (HamidReza Khabbazi - tar, Shervin Mohajer et Saman Samimi - kamancheh,Rashid Kakavand - tombak et daf, Eshagh Chegini- ney), Ali Reza Ghorbani, enchanteur exalté, emporte loin. Ilfait jaillir l’émotion et magnifie de ses ornements vocaux lapoésie hallucinante de Rûmî, celui que tous <strong>le</strong>s pays islamiquesvénèrent sous <strong>le</strong> nom de Mawlânâ (« notre maître »).Patrick Labessen°41 Juil<strong>le</strong>t/Août 2010