48 ASIE/moyen orient EuropeVarious ArtistsTéléchargersur mp3.mondomix.com31526res dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXM'aime"In the Footsteps of Babur-Musical Encounters fromthe lands of the Mughals"(Aga Khan Trust for Culture/Smithsonian Folkways)Ce neuvième album de la série Music of Central Asia marche sur <strong>le</strong>straces de Bâbur, fondateur de la dynastie mogho<strong>le</strong> qui régna sur <strong>le</strong> souscontinentindien du XV ème au XIX ème sièc<strong>le</strong>. Cette foisonnante périodesur <strong>le</strong> plan culturel vit notamment éclore <strong>le</strong>s principes de la musiquehindoustanie, synthèse raffinée de traditions indiennes et perses.Pour raviver l’esprit de cet âge d’or, des musiciens indiens, afghans ettadjikes se sont appliqués à croiser <strong>le</strong>urs virtuosités. Homayun Sakhi estsans doute <strong>le</strong> plus brillant joueur de rubab (luth afghan) actuel. RahulSharma tient sa maîtrise du santur de son père, Shiv Kumar Sharma, quitransforma cette humb<strong>le</strong> cithare jouée à l’aide de marteaux en un nob<strong>le</strong>instrument soliste.Accompagnés par <strong>le</strong>s tablas de Salar Nader, percussionniste afghanélève de Zakir Hussain, <strong>le</strong> rubab et <strong>le</strong> santur entrent en complicité etouvrent des perspectives harmoniques inédites et de nouveaux espacesoniriques. En complément à ce duo, des rencontres avec des joueurs desetâr et de dutâr (deux luths à manche long), originaires du Badakhshani(nord-est de l'Afghanistan) et du Tadjikistan, affinent l’exploration desconvergences artistiques des grandes traditions de cette région d’Asie.Benjamin MiNiMuMEn Chordais"Musique d’Asie Mineureet de Constantinop<strong>le</strong>"(Ocora/Radio France)Prix France Musique des musiquesdu <strong>monde</strong> 2008, l’ensemb<strong>le</strong> grecEn Chordais propose un nouvelalbum enregistré en public auThéâtre des Abbesses à Paris.Ses six musiciens virtuoses(oud, violon, qanun, chant,contrebasse, percussions) fontrenaître des répertoires perdus,amoureusement col<strong>le</strong>ctés depuis<strong>le</strong>ur association en 1993. Cettemusique était jouée jadis par <strong>le</strong>spopulations vivant <strong>le</strong> long des rivesdu bassin oriental de la Méditerranée: Grecs, Turcs, Arméniens ouSéfarades. Mais l’harmonie culturel<strong>le</strong>n’a pu survivre aux terrib<strong>le</strong>sconflits du début du XX ème sièc<strong>le</strong>qui ont exacerbé nationalismes etrégionalismes. Apaisant <strong>le</strong>s dérivesidentitaires d’autrefois, la musiqued’En Chordais ravive <strong>le</strong> goût desplaisirs partagés et l’envie de danser.François BensignorLES DOIGTS DE L’HOMME"1910"(Cristal Records/Harmonia Mundi)Les hommages se succèdenten cette année du centenaire dela naissance de Django Reinhardt.Celui des Doigts de l’Homme,réputés pour <strong>le</strong>ur explosivité surscène et parfois décriés pour avoir« ouvert » <strong>le</strong> sty<strong>le</strong>, apparaît donccomme un retour au source...Et surprend par sa fraîcheur,avec des morceaux du père dujazz manouche (Appel indirect,Indifférence, Minor Swing), desstandards repris par Django(St James Infirmary Blues, ThereWill Never Be Another You ou <strong>le</strong>très beau Russian Melody, avecStéphane Chausse à la clarinette),mais aussi trois compositions, dont1910, avec une guitare invitée, cel<strong>le</strong>d’Adrien Moignard. Où commentfaire <strong>le</strong> lien entre vieux matériau ettechnique de jeu moderne... C’esttrès réussi.J.B.
EUROPE49D.R.Dave Holland& Pepe Habichuela"Hands"(Emarcy/universal)Moins connu du grand public quePaco de Lucia, Tomatito ou mêmeres dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>Vicente Amigo, Pepe Habichuelaest pourtant l'un des plus grandsguitaristes du flamenco actuel, ainsique <strong>le</strong> descendant d'une de ces famil<strong>le</strong>s qui ont écrit en compas(rythmes) d'or l'histoire du blues gitan. Sa virtuosité inspirées'est souvent illustrée aux côtés des chanteurs EnriqueMorente ou Carmen Linares, ou lors d'une carrière solo surl'illustre label spécialisé Nuevos Medios, qui l'avait choisi commepoint de départ de son vertigineux catalogue.MONDOMIXM'aimeC’est d'ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong> directeur de ce dernier qui est à l'origine del’association fructueuse d’Habichuela et de Dave Holland, ancienbassiste de Mi<strong>le</strong>s Davis (In a Si<strong>le</strong>nt Way, Bitches Brew)et éminent pourvoyeur de rythme du jazz contemporain. Larencontre va faire date. S'il y eut de nombreux mariages forcésentre <strong>le</strong> jazz et <strong>le</strong> flamenco, il n'est pas à douter qu'icil'union est libre et s'avère ferti<strong>le</strong>. Sur une période de troisans, alternant travail fusionnel et prise de distance salutaire,<strong>le</strong>s deux dompteurs de cordes ont pris <strong>le</strong> temps de se découvrir,de se baigner dans la musique de l’un et de l’autre, avantd’enregistrer ce magnifique témoignage de <strong>le</strong>ur amitié sonoreet spirituel<strong>le</strong>.Pour renforcer <strong>le</strong> projet, ils se sont naturel<strong>le</strong>ment bien entourés.Les guitaristes Josemi (fils de Pepe et ancien membre dufameux groupe de fusion flamenco Ketama) et Carlos Carmonasoutiennent <strong>le</strong>s accords et deux jeunes percussionnistes chérisdes aficionados, Piraña et Bando<strong>le</strong>ro, chauffent <strong>le</strong> tempoEnsemb<strong>le</strong>, ce joli <strong>monde</strong> affronte <strong>le</strong>s grands sty<strong>le</strong>s espagnols(fandango, tango, taranta, bu<strong>le</strong>ria, rumba et so<strong>le</strong>a). Les musiciensrevisitent l’hommage de Paco de Lucia au mystiquechanteur Camaron de la Isla ou évoquent la grâce des danseursgitans. A deux reprises, ils suivent l’imaginaire libre dumusicien anglais, sur des compositions origina<strong>le</strong>s que celui-cidédie aux derviches tourneur ou au rodéo. Que l’humeur soitlégère ou profonde, ils nous entraînent d’un univers à l’autreavec la même intensité, <strong>le</strong> même investissement, la mêmecompréhension mutuel<strong>le</strong>, main dans la main. En parlant decette rencontre, Pepe Habichuela déclare que Dave Hollandest devenu gitan et lui presque anglais. D’ail<strong>le</strong>urs, en bout depiste de ce lumineux moment de musique, en un ultime aveu,<strong>le</strong> guitariste offre à son compère une so<strong>le</strong>a intitulé My friendDave. Chez <strong>le</strong>s Gitans, l’amitié est immortel<strong>le</strong> et cel<strong>le</strong>-ci rentreradans l’histoire. Benjamin MiNiMuMn°41 Juil<strong>le</strong>t/Août 2010