30 <strong>Mondomix</strong>.comNouvel<strong>le</strong>s retraitesOn the road(again and again)Chaque année,des dizaines de milliers de retraitésvenus en camping-car de toute l’Europeenjambent <strong>le</strong> détroit de Gibraltarpour passer l’hiver au Maroc.Texte Jacques Denis Photographie Pierre MériméeAu chaud. Ces nouveaux nomades aux cheveux blancs mettent<strong>le</strong> cap vers <strong>le</strong> grand Sud. Leur destination préférée : lapresqu’î<strong>le</strong> de Dakhla, une mince bande de terre entre mer etdésert sous <strong>le</strong> tropique du Cancer. Un spot connu de tous <strong>le</strong>samateurs de surf et de pêche.Débarquement de papy-boomersC’est donc là que ces papy-boomers débarquent. La plupartdu temps en coup<strong>le</strong>, avec tout <strong>le</strong>ur attirail chargé dansla remorque : cannes à pêche, quads, antennes satellitepour rester connectés et coffres p<strong>le</strong>ins pour tenir l’hiver. Ilsplantent <strong>le</strong>ur maison roulante au bord de l’eau, près desfalaises, certains regroupés, d’autres tota<strong>le</strong>ment isolés, certainspour près de six mois, d’autres pour une étape dansun baroud dans tout <strong>le</strong> royaume chérifien, voire au-delà. «On a toujours aimé atte<strong>le</strong>r et s’en al<strong>le</strong>r. Après une semaine àla maison, on fout <strong>le</strong> camp ! », assure Guy, autrefois à la têted’une PME spécialisée dans <strong>le</strong> transport sanitaire en régionparisienne, qui compte vendre son pied-à-terre d’Oléron.Roland, ex-chauffeur routier, est quant à lui passé à l’acte :il a tout largué et vit en camping-car à l’année. « Il y a quatreans, il m’a dit “je t’emmène au Maroc”. Et depuis on estsur la route », résume Dominique, sa nouvel<strong>le</strong> compagne. «On est un peu comme <strong>le</strong>s gens du voyage. On n’arrête pasde rencontrer des amis. » Comme ce vendredi, où ils fêtentl’anniversaire d’Alain, 61 ans, ex-restaurateur du bordelais.« Allah soupe ! », lâche ce dernier à la tablée convivia<strong>le</strong>, unevingtaine de têtes blanches ou grisonnantes, dont ses parentsqui ont passé <strong>le</strong>s 85 ans ! Au menu : une méga-paellade poissons et du rosé bien frais.Pêche toute fraîche« Vous avez vu <strong>le</strong>s pauvres retraités », ironise Marie-France enmontrant la pêche toute fraîche qu’el<strong>le</strong> et son mari s’apprêtentà déguster avec des amis. Ce coup<strong>le</strong> d’anciens viticulteursde Cognac se la cou<strong>le</strong>nt douce pendant un petit semestre. «« Ces nomades aux cheveux blancsdébarquent avec cannes à pêche,quads et antennes satellite pourrester connectés »On est venu directement. Trois jours de route. » Tout commeces cinq femmes, qui causent de tout et de rien en tricotantpour <strong>le</strong>s petits-enfants à l’ombre de <strong>le</strong>ur camping-car, alorsque <strong>le</strong>urs maris sont partis pêcher. Ils étaient cheminot, artisan,décorateur, pharmacien, gendarme… Annick et Marie-Claudetravaillaient dans la banque. Ces deux sœurs font désormaisla route avec <strong>le</strong>urs époux. Juste pour <strong>le</strong> plaisir des paysageset de retrouver l’accueil charmant des Marocains. « On retraiteheureux, non ? ».n°41 Juil<strong>le</strong>t/Août 2010
Théma / Ail<strong>le</strong>urs autrementRetour aux sources33 31L’Algérie,enfin !<strong>Mondomix</strong> a suivi l'Orchestre National de Barbès pour son premier concert sur <strong>le</strong> solalgérien, mi-mai au festival Dima Jazz. Récit. Texte Jean Berry Photographie D.RA quelques jours du départ, Youssef Boukella,Mehdi Askeur et Luis Saldanha seretrouvent au Zorba, un bistrot de Bel<strong>le</strong>vil<strong>le</strong>.On attend <strong>le</strong>s visas, <strong>le</strong> groupe est impatient.Pour la première fois en 15 ans, l'OrchestreNational de Barbès s'apprête à jouer enAlgérie. Dans <strong>le</strong>s années 80, Boukella étaitparmi <strong>le</strong>s premiers rockeurs maghrébins, àAlger, avec <strong>le</strong> groupe T-34. « Nous jouionsdans des stades ! Jusqu'en 1986, l'Algérieétait relativement ouverte ». Mehdi Askeur,lui, a commencé dans <strong>le</strong>s cabarets d'Oran,avec <strong>le</strong>s chanteurs de raï. Après avoir quitté<strong>le</strong> pays, ils se sont rencontrés à Paris avantde fonder l'ONB en 1995. « On a mélangémusique kaby<strong>le</strong>, chaâbi, raï, chanson marocaineet influences occidenta<strong>le</strong>s », expliqueBoukella. « La musique maghrébinea voyagé jusqu'en France et évolué avantde repartir vers <strong>le</strong> b<strong>le</strong>d », poursuit MehdiAskeur. « Nous sommes heureux de jouerdans notre pays d'origine ».Doub<strong>le</strong> cultureQuelques jours plus tard, <strong>le</strong> groupe posebagages et amplis à Constantine pourl'ouverture du festival Dima Jazz. Backstage,on enfi<strong>le</strong> <strong>le</strong>s tenues de scène– chèches, djellabas, djabadors. Dans <strong>le</strong>théâtre à l'italienne, la mode est plutôt auxmaillots de foot de l'équipe nationa<strong>le</strong> et t-shirts de groupes rock. Le public est jeune,familial, et conquis aussi bien par <strong>le</strong>s tubesde l'ONB, Salam Alikoum, Alaoui, que <strong>le</strong>sextraits du nouvel album, Rendez-vousBarbès. Un moment privilégié pour TaoufikMimouni, Marocain d'Oujda qui a grandi àdeux pas de la frontière, dans la doub<strong>le</strong> culture: « Le public algérien est très généreuxet a la musique dans <strong>le</strong> sang ». Pour <strong>le</strong> jeune« L'O.N.B. est dans<strong>le</strong> cœur de chaquemaghrébin. Ils nousont emmenés vers <strong>le</strong>Hogar ou <strong>le</strong> Sahara »Malik Chaoui,spectateur à ConstantineMalik Chaoui, 18 ans, « L'O.N.B est dans <strong>le</strong>cœur de chaque maghrébin. Ils chantent lanostalgie du pays, avec des gammes orienta<strong>le</strong>s,des instruments africains. Ils nous ontemmenés vers <strong>le</strong> Hogar ou <strong>le</strong> Sahara... ». Leporte-paro<strong>le</strong> du festival, Noureddine Nesrouche,décrit pour sa part une ambianceindescriptib<strong>le</strong> : « Il y a une demande énormedu public, qui s'explique par l'histoirerécente de l'Algérie. Nous avons vécu desmoments tristes et diffici<strong>le</strong>s pendant plus dequinze ans ».Avec une programmation pointue, Dima Jazzétait aussi l'occasion de découvrir <strong>le</strong> guitaristetunisien Fawzi Chekili, <strong>le</strong>s groupes de Ba Cissokoet Magic Malik, ou <strong>le</strong> quintet de FayçalSalhi, jeune joueur de oud franco-algérien,très ému de présenter au b<strong>le</strong>d son troisièmealbum, Elwène. Autre découverte : la nouvel<strong>le</strong>création de l'association Dima, qui vit <strong>le</strong> groupeSinouj inviter <strong>le</strong> maître du maâlouf, CheikhSalim Fergani, au chant et au oud, pour unefusion inédite mêlant <strong>le</strong> répertoire classiquearabo-andalou constantinois au jazz orienta<strong>le</strong>t aux rythmes maghrébins.n www.orchestrenationaldebarbes.coml http://orchestre_national_de_barbes.mondomix.com/fr/artiste.htmTéléchargersur mp3.mondomix.com31396n°41 Juil<strong>le</strong>t/Août 2010