I. Mondes du futur : genre et identité sexuelle dans la science-fiction ...
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d’une régénérescence possible grâce à un r<strong>et</strong>our aux principes essentiels del’anarchisme.» 33Au cœur de ce roman, <strong>la</strong> vie des habitants d’Anarres est évoquée à traversl’enfance, <strong>la</strong> jeunesse <strong>et</strong> le voyage de Shevek, un physicien anarresti décidé à diffuserlibrement ses nouvelles théories à l’extérieur <strong>du</strong> système paralysé d’Anarres, sur <strong>la</strong>p<strong>la</strong>nète voisine <strong>et</strong> pourtant étrangère qu’est Urras. Malgré les multiples résistances qu’ilrencontre de part <strong>et</strong> d’autre, Shevek luttera pour rétablir le dialogue avec Urras, à «briserle mur» qui isole Anarres <strong>du</strong> reste de l’univers : «Comme tous les murs, il était ambigu,avec ses deux côtés. Ce qui se trouvait à l’intérieur <strong>et</strong> ce qui était à l’extérieur dépendait<strong>du</strong> côté <strong>du</strong> mur d’où on le regardait.» (Le Guin, 1974, p. 11) La métaphore <strong>du</strong> murtraverse tout le roman, <strong>et</strong> demeure une image ambiguë (ce qui renvoie à l’expression del’auteure pour qualifier son propre roman), <strong>et</strong> «Le Guin joue avec brio de c<strong>et</strong>teambiguïté : ce sont les humains qui construisent les murs <strong>et</strong> ce sont eux-mêmes qui s’yenferment.» 34 On remarque que, <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te société pacifique, c’est <strong>la</strong> dictature de <strong>la</strong>norme <strong>et</strong> de <strong>la</strong> majorité qui prendra une dimension quasi-violente : Le Guin m<strong>et</strong> en scènele combat d’un créateur qui se heurte aux limites de sa société (un peu comme Equality 7-2521 <strong>dans</strong> Anthem de Ayn Rand 35 , dont <strong>la</strong> pensée se situe pourtant aux antipodes de cellede Le Guin). Or, Shevek est bel <strong>et</strong> bien un Odonien, malgré les barrières que lui pose lerégime basé sur les idées d’Odo, il croit aux principes de coopération sociale <strong>et</strong> desolidarité, le roman décrit aussi ses tourments qu’il peut à peine s’expliquer, sondéchirement entre ses convictions idéologiques <strong>et</strong> sa volonté indivi<strong>du</strong>elle. Ainsi, «LeGuin nous montre une anarchie qui dégénère parce qu’elle s’est éloignée de ses principes33 Bouchard, op. cit., p. 143.34VAILLANCOURT, Jacques, «Liberté indivi<strong>du</strong>elle <strong>et</strong> con<strong>science</strong> collective <strong>dans</strong> Les Dépossédésd’Ursu<strong>la</strong> Le Guin», <strong>dans</strong> Images féministes <strong>du</strong> <strong>futur</strong>, ouvrage dirigé par Guy Bouchard, Québec, LesCahiers <strong>du</strong> Grad, Faculté de philosophie, Université Laval, p. 10435 RAND, Ayn, Anthem, New-York, Sign<strong>et</strong> Books, 1995 (1937), 105 p.