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I. Mondes du futur : genre et identité sexuelle dans la science-fiction ...

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des rares mâles, qui sont relégués à des positions sociales subalternes <strong>et</strong> qui sontéchangés entre familles comme de vulgaires étalons 70 . Cependant, c<strong>et</strong>te société reposeelle aussi sur un conditionnement, celui qui pousse non seulement les femmes fertiles (lesRouges) à procréer le plus possible tant qu’elles en ont <strong>la</strong> capacité, malgré les décèsfréquents de leurs enfantes, mais aussi à les abandonner à <strong>la</strong> naissance pour le bien d<strong>et</strong>outes. On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une vraie utopie, car l’idéal est parfois teintéd’amertume, que ce soit de <strong>la</strong> part des mâles <strong>la</strong>s de leur condition ou des femmesépuisées par des grossesses successives <strong>et</strong> par <strong>la</strong> perte de nombreux bébés. Par ailleurs, ilest intéressant de noter que, comme Le Guin <strong>et</strong> bon nombre d’autres auteurs d’utopiesféministes, à <strong>la</strong> fin de son roman Vonarburg propose l’amorce d’un renouveau <strong>du</strong> régime<strong>du</strong> Pays des Mères : à l’avenir, il changera pour adopter «un modèle de <strong>la</strong> sociétéandrogyne», effectuant un remode<strong>la</strong>ge androgynal de l’homme <strong>et</strong> de <strong>la</strong> femme» 71 , ce quilui perm<strong>et</strong>tra de devenir enfin une société véritablement égalitaire.VI.ConclusionEn bref, on constate que les quatre œuvres principales dont il a été ici questioncomportent des caractéristiques très différentes <strong>et</strong> offrent une perspective parfoisdiamétralement opposée de <strong>la</strong> question <strong>du</strong> rapport entre les sexes <strong>et</strong> <strong>du</strong> devenir humain.Ainsi, si Atwood nous dépeint une société répressive, totalitaire <strong>et</strong> rétrograde, résolumentdystopique, qu’on pourrait considérer comme un contre-exemple à suivre, Le Guin <strong>et</strong>Vonarburg proposent des avenues plus positives, bien qu’on ne puisse les considérer quecomme des utopies ambiguës, comme des scénarios sociaux plus prom<strong>et</strong>teurs que ceux,très sombres, d’Atwood.70 Notons que c<strong>et</strong>te division des pouvoirs <strong>et</strong> l’oppression masculine qui en découle est loin d’être présentéecomme un idéal par Vonarburg. Bien qu’il s’agisse d’une société lesbienne, elle reste tristement limitée ence qu’elle cherche, elle aussi «<strong>dans</strong> les femmes <strong>et</strong> les hommes une raison biologique pour expliquer leurdivision, en dehors des faits sociaux. […] Le matriarcat n’est pas moins hétérosexuel que le patriarcat : seulle sexe de l’oppresseur change. C<strong>et</strong>te conception, outre qu’elle reste prisonnière des catégories de sexe(femme <strong>et</strong> homme) maintient de plus l’idée que ce qui seul définit une femme, c’est sa capacité de faire unenfant (biologie).» (WITTIG, Monique, «On ne naît pas femme», La pensée straight, Paris, Bal<strong>la</strong>nd, 2001,p. 53)71 BOUCHARD, «L’inversion des rôles masculins <strong>et</strong> féminins <strong>dans</strong> Chroniques <strong>du</strong> Pays des Mères», op.cit., p. 32.

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