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I. Mondes du futur : genre et identité sexuelle dans la science-fiction ...

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ce <strong>du</strong>alisme ré<strong>du</strong>cteur, hérité <strong>du</strong> patriarcat, que l’auteure confère à son roman toute saprofondeur. En eff<strong>et</strong>, Atwood se réc<strong>la</strong>me de deux tendances de <strong>la</strong> pensée féministe,depuis les années 1960-1970; <strong>la</strong> première m<strong>et</strong> en lumière les aspects oppressants de <strong>la</strong>maternité <strong>et</strong> prétend que les capacités repro<strong>du</strong>ctives de <strong>la</strong> femme les exposent au contrôledes hommes, tout en décrivant l’accouchement <strong>et</strong> l’é<strong>du</strong>cation des enfants comme uneexpérience lourde <strong>et</strong> pénible. La seconde tendance, plus récente, traite le suj<strong>et</strong> d’unemanière positive <strong>et</strong> présente <strong>la</strong> maternité comme une source de p<strong>la</strong>isir, mais aussi depouvoir. La richesse <strong>du</strong> roman d’Atwood <strong>la</strong> situe à <strong>la</strong> croisée des chemins; elle parvient ày réunir deux perspectives opposées.Premièrement, ce roman présente de manière saisissante une ambivalencefondamentale <strong>dans</strong> l’expérience même de <strong>la</strong> maternité, qui révèle toute l’ambiguïté <strong>du</strong>système patriarcal : d’un côté, le pouvoir immense qu’il confère à <strong>la</strong> femme porteuse devie; <strong>et</strong> de l’autre côté, sa grande vulnérabilité en raison de l’aspect fragilisant de <strong>la</strong>grossesse, mais aussi de tout le système de lois <strong>et</strong> de sanctions qui <strong>la</strong> maintient <strong>dans</strong>l’impuissance, afin de limiter les pouvoirs qu’elle détient naturellement. 58 Comme toutesles Handmaids, Offred <strong>et</strong> à <strong>la</strong> fois toute puissante <strong>et</strong> soumise, elle détient le pouvoirsuprême de donner <strong>la</strong> vie – une des Handmaid enceinte est décrite par Offred en cestermes : «her belly, under her loose garnment, swells trimphantly (…) she’s a magicpresence to us, an object of envy, we cov<strong>et</strong> her.» (Atwood, p. 25) - mais elle n’a aucundroit, aucune existence légale <strong>et</strong> sociale. Soulignons aussi qu’Atwood n’a pas versé <strong>dans</strong>le manichéisme homme/femme, vu que l’un des personnages les plus sadiques <strong>du</strong> romanest une femme, Aunt Lydia.Deuxièmement, l’œuvre reflète parfaitement l’ambivalence éternelle entre deuxconcepts établis par Adrienne Rich 59 , soit <strong>la</strong> maternité comme institution (essentiellementconstruite par le patriarcat pour contrôler les capacités repro<strong>du</strong>ctrices de <strong>la</strong> femme) <strong>et</strong> <strong>la</strong>maternité comme expérience (qui serait un outil potentiel de p<strong>la</strong>isir <strong>et</strong> d’épanouissement).58 PALMER, Paulina, «Motherhood and mothering», Contemporary women’s <strong>fiction</strong> : Narrative practiceand feminist theory, University Press of Mississippi, 1989, p. 99-100.59 RICH, Adrienne, Of Woman born : Motherhood as Experience and Institution, New-York, WW Nortonsco. Inc., 1986, p. 371-396.

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