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DRL’éolien : une technologie industrielle qui en limite forcément l'impact alternatif au niveau politique."inconvénients", ou de l'usage des matériaux,se formulent progressivement, aufil du temps, des expériences et descontacts avec les autres.Opérer une critique catégorielle, sansappel, uniquement sur des indicateursaussi simplistes que l'usage de tel matériauplutôt qu'un autre, fait l'impassecomplète sur la critique de ces "lois" et"valeurs", et sur le chemin parcouru parl'autre. Faisant de la sorte, la critiqueintègre ces "valeurs" comme étant desprincipes supérieurs communs, sans analyserleurs implications, paradoxalementen sorte de mimétisme sur la forme duregard dominant.Une critique ainsi pratiquée sera perçuecomme sectaire et ne provoquera quele rejet du commun des mortels, alors quel'objectif était de permettre à d'autresd'envisager un changement dans leurspratiques. Enfin, la "pureté" d'une "alternative"concourt à sa fermeture sur ellemême,et implique de n'avoir jamais eu decontact avec le système dominant. Ceciest impossible, sauf à soutenir que dessociétés strictement inconnues existeraientjuste à côté de nous, sans que personne,sauf eux-mêmes, ne le sache…Donc une alternative "pure" aurait pourvocation de disparaître aux yeux du système.Ce dernier point ayant pour redoutableconséquence de faire perdre touteattraction et tout effet pédagogique del'alternative sur les individus proches dusystème dominant.Mais ce n'est pas pour autant que l'onpeut considérer comme alternativequelque chose qui n'est qu'un clonedéguisé du modèle dominant, à moins detémoigner d'un désordre conceptuel profond.Donc, il existe bien un gradient d'extérioritéau système dominant (13). Maisalors à partir de quel degré d'extériorité a-t-on affaire à une alternative ? Rétrospectivement,on constate que certainesexpériences qualifiées comme "alternatives"durant les années 70 sont devenuesdes industries et commerces profitablesservant le modèle dominant.Dans l'ouvrage (alternatif) très intéressantet documenté "La face cachée dusoleil" (14), on peut voir en germe ce quisera récupéré en partie par le systèmeindustriel. Par exemple pour la conceptionde certains dispositifs, les auteurspréconisent des produits industielscomme la laine de verre, des matièresplastiques telles que le Tedlar, le Mylar.Aujourd'hui, certains produits de chauffagesolaire relèvent du délire technologique(15), consistant à pousser le rendementthermique d'un dispositif au maximum,mais en développant une technologiechère, fragile et non accessible auxinitiatives de modifications de l'utilisateur.On retrouve ce choix lors d'installationindividuelle d'éoliennes de plusieurskW et/ou la couverture de toit de dizainesde m2 de cellules photovoltaïques pouralimenter un équipement électroménagerindividuel complet, sans s'interroger surles changements de modes de vie permettantune réduction des besoins énergétiques.Eviter de nouvellesfrontièresNous venons donc de démontrer qu'ilne saurait exister, bien que revenantimplicitement ou explicitement dans lesdébats, de ligne de démarcation. Desexemples précédents nous tirons troisconstats :• Une alternative est contemporaine àune société. Une action ou un dispositifalternatif peut être absorbé par unelogique consumériste, subtilement et àtout moment.• Plus un processus technique est complexe,plus il est récupérable par l'industrieet le commerce, et plus l'individuayant acquis ce dispositif sera captif dansson usage,• Celui qui aura opté pour un dispositifplus simple, auto construit, certes moinsefficace en rendement, mais maîtrisableentièrement à son échelle humaine individuelle,sera plus autonome et dépasseraalors du cadre de "l'usager", personnebénie par les industriels (16).Alors, que dire de la "ligne de démarcation"séparant "bonnes" et "mauvaises"alternatives ?• Cette "ligne de démarcation" est mouvanteau moins dans le temps.• Elle peut différencier les recours auxproduits industriels, coûteux, non renouvelables,polluants, peu résistants autemps, non maîtrisables individuellement,aux recours à des matériaux sains,renouvelables et/ou durables et des procédéstechniques simples.• Elle doit tenir compte de la simplicitétechnologique et de l'auto constructionqui sont garantes d'une véritable alternativeau système financier et industrielparce que justement elles peuvent ne pasy faire appel, et démontrent que desformes d'autonomie sont possibles.• Mais… elles ne doivent pas être "uneligne de démarcation" ! D'abord, on nepeut se priver de réfléchir au pourquoi(13) On pourrait définir les pôles extrêmes théoriquesde ce gradient d'extériorité avec, d'un côté la disparitionde l'alternative aux yeux des autres par une tropgrande altérité (voir Erving Goffman, "Asiles") et del'autre la disparition de cette alternative à elle-mêmepar une trop faible ipséité, l'ipséité étant ce qui faitque l'alternative est ce qu'elle est, et non autre.(14) F. Nicolas, J.P. Traisnel, M. Vaye, La face cachée dusoleil. Energie solaire et architecture, Ed. LibrairieAlternative, 1978.(15) Comme par exemple les panneaux solaires sousvide d'air, fragiles et non modifiables par l'utilisateurcar les tubes sont sertis dans des tubes de verre sousvide partiel, le tout protégé par du plexiglas. Le rendementest élevé mais au prix d'une technologie interdisanttoute intervention de l'utilisateur.(16) Voir, à ce sujet, d'Ivan Illich, Energie et Equité.SILENCE N°322 19Avril 2005