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CourrierComment se bloque un train ?En tant que bloqueurs du train de déchets nucléaires, nous sommestrès surpris à la lecture du "reportage photo" intitulé "Commentse bloque un train ?" (n°320), reportage qui décrit notre actiondu 7 novembre 2004 à Laneuveville-devant-Nancy.S!lence a choisi de publier une série de huit photos accompagnées decourtes légendes, sans aucun article de fond pour l’étayer, sans aucunélément contextuel (pas de date, pas d’indication sur le lieu de l’action)permettant au lecteur de faire le lien entre ces images et la questiondes transports de déchets nucléaires (à l’exception de la courte légendede la photo n°5). Ce choix, largement contestable puisque le fonddu problème n’est pas abordé, appartient à la rédaction et nousen prenons acte.Mais quel était l’objectif de la rédaction en isolant ce reportagephoto en page 35 de la revue ? En tant que participants à l’action etlecteurs de S!lence, nous attendons la réponse. S’il s’agissait de parler,d’informer sur les transports de déchets radioactifs, c’est malheureusementraté.Quelques personnes nous ont fait part de leur étonnement par rapportau ton choisi par la revue pour traiter de cette action de désobéissanceface aux transports de matières nucléaires. "On dirait que c’est un jeu",voilà l’expression qui est ressortie plusieurs fois. Est-il sérieux de présenternotre démarche de cette façon, avec un titre digne de la une duParisien ou de France soir ? Croyez-vous que nous ayons bloqué cetrain parce que c’est "cool", dans une ambiance de colonie de vacances— car c’est l’ambiance qui ressort du reportage ?D’autre part, malgré ce choix de ne pas traiter le fond du problème,vous auriez néanmoins dû être précis sur les faits relatés.Commençons par le titre. Il ne s’agit pas de n’importe quel train, maisd’un convoi transportant des matières hautement radioactives entre laFrance et l’Allemagne (déchets allemands "retraités" à La Hague quifaisaient le voyage du retour vers Gorleben).Ensuite, à la photo 2 : nous ne sommes pas en train d’installer le tube.Nous le déterrons, celui-ci ayant été placé sous le rail bien au préalable.Le comble de l’imprécision est atteint avec la photo 3. A la lecture desa légende, on croirait vraiment qu’il suffit de se mettre sur la voie avecun panneau d’explication pour que le train s’arrête ! Or la procédureest bien plus complexe. Du coup, en nous faisant ainsi passer pourdes inconscients, vous ne faites qu’apporter de l’eau au moulindu lobby nucléaire…Enfin, la légende de la photo 4 nous semble également très choquante,voire potentiellement dangereuse, car bien trop imprécise au regard ducaractère spectaculaire de l’image. La légende appropriée (puisque l’onest contraint par le format) aurait été : "Quand le train s’arrête, que lespoliciers sont descendus sur la voie et qu’ils sont à proximité des militants,menottage des poignets dans le tuyau".Il est vraiment très dommage qu’une revue telle que S!lence – dont,faut-il le rappeler, le secrétaire de rédaction a jeûné récemment pendantun mois pour alerter sur la relance du nucléaire – ait fait preuve d’autantde légèreté pour traiter d’un sujet qui mérite quelques articlesde fond.Quel a été le degré de concertation entre S!lence, les auteurs de cetteaction et le photographe D. Sterboul dans la mise en forme de ce reportagephoto ?Nous nous permettons enfin de rappeler un extrait du communiquéque nous avons publié le 7 novembre :"Un groupe d'individus concernés par les dangers du nucléaire a décidéd'entreprendre le blocage du train de déchets ultimes à destination deGorleben. Pas moins de 26 personnes, venant des quatre coins de laFrance, ont participé a l'action, avec en commun la motivation d'agir demanière non-violente et radicale. L’absence d’information de la populationau sujet du transport de déchets nucléaires renforce notre volontéde mener une action forte et symbolique qui puisse être largementrelayée par les médias locaux et nationaux.En parallèle, une manifestation d'information a été organisée en garede Nancy (54), lieu de passage du train. C'est 10 km plus loin que nousnous sommes postés. La traversée d'une usine de produits chimiques,prévue dans l'itinéraire, a été un élément de plus pour déterminer lechoix du lieu de notre action. Y faire passer un tel convoi est une aberration,au vu de l'évidence des risques encourus : c’est pourquoi nousavons choisi ce lieu pour rendre publique la vulnérabilité de ce trafic.Après une nuit d'attente, nous avons réussi à stopper le trainDavid SterboulDavid SterboulPhoto 2.Photo 3.en présence de manifestants et de journalistes, sans haine, sans armeet sans violence. Il a fallu près de 2h30 aux forces de l'ordre pourdégager la voie, sans heurt et sans tension.(…) »En espérant que la question de la désobéissance civique face au diktatnucléaire soit abordée de manière plus approfondie lors de prochainsnuméros !Le groupe de Laneuveville nComment se bloque un train ? (2)En tant qu’auteur des images retraçant le blocage du convoi atomiquede Laneuveville, je regrette que les huit photos publiées dans le n°320de S!lence ne soient accompagnées d’aucune véritable description ducontexte de l’action. Ce sujet sensible a été traité – il me semble – defaçon très approximative, alors qu’il mériterait au contraire des explicationsdétaillées. Ce choix étant celui de la rédaction, je me trouve obligéde décliner toute responsabilité sur la manière dont ces photosont été présentées.En accompagnant ces activistes, mon intention était de montrer commentils parvenaient à placer l’Etat devant ses responsabilités au moyende l’action directe non-violente. Par le simple fait qu’ils aient étécapables de paralyser l’un de ces convois de mort pendant plus de deuxheures, ce groupe de citoyens a démontré qu’il est impossible de sécuriserles transports de matières radioactives. Ce qui suffit, du coup, à discréditertoute la logique du système nucléaire.J’espère que la rédaction de S!lence donnera à ses lecteurs toutes lesinformations indispensables à la compréhension de la philosophie etde la finalité de ces actions de blocage, ainsi que les revendicationsqui y sont associées.David Sterboul nParis.Silence : cette action a eu lieu juste en amont de celle qui a coûté la vieà Sébastien Briat. Nous avons de fait discuté surtout de comment faireen sorte que ce genre d'actions ne soient pas discréditées comme le fontles grands médias… et initialement, ces photos étaient face à l'articled'André Larivière (deux pages avant).Ceci dit, en privilégiant l'aspect photos et en nous contraignantà des légendes courtes, nous avons effectivement écrit de grossesinexactitudes que vous rectifiez utilement.SILENCE N°32241Avril 2005