21.07.2015 Views

téléchargement en PDF ici. - Silence

téléchargement en PDF ici. - Silence

téléchargement en PDF ici. - Silence

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

N ° 3 5 6 a v r i l2008- 4,60 € - 7 FSé c o l o g i e • a l t e r n a t i v e s • n o n - v i o l e n c eComm<strong>en</strong>tles arméesdétruis<strong>en</strong>tla planèteInde du sud Voyage <strong>en</strong> biodynamieDécroissance Cultivons le désir de créer


Le mois de Lasserpe3questions à...Raoul Jacquin-Porretaz de l’association KokopelliPar quels procédés les sem<strong>en</strong>ciers, <strong>en</strong> brevetant, r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t“illégales” et “dangereuses” les sem<strong>en</strong>ces anci<strong>en</strong>nes ?Les sem<strong>en</strong>ces de nos maraîchers et de nos paysans doiv<strong>en</strong>t êtreinscrites ! Hors la loi, les sem<strong>en</strong>ces sans papiers, reconduitesaux frontières des zones cultivées. Le catalogue off<strong>ici</strong>el desespèces et variétés sert de juge de paix : pas d’inscription, pasde culture. Le catalogue est cogéré par le GNIS* et le ministèrede l’agriculture pour leurs petits copains de l’industrie chimico-agricolo-alim<strong>en</strong>taire.Les inscriptions au catalogue off<strong>ici</strong>el sont réservées aux variétéshybrides, clonées, transgéniques, du fait des conditions àrespecter : la DHS (distinction, homogénéité, stabilité) ne peutêtre respectée par les variétés anci<strong>en</strong>nes. Elles peuv<strong>en</strong>t être distinctesles unes des autres, c’est même ce qui les caractérise,tout <strong>en</strong> <strong>en</strong>richissant la biodiversité. Elles ne peuv<strong>en</strong>t êtrehomogènes et stables : si tel était le cas, que la stabilité soit uncritère de sélection, nous serions <strong>en</strong>core à la préhistoire del’alim<strong>en</strong>tation, puisque toute mutation, toute évolution seraitsoigneusem<strong>en</strong>t écartée. Le catalogue a pour seule vocationd’inféoder les jardiniers et paysans à la réacquisition annuelleet systématique de leurs sem<strong>en</strong>ces.Les sem<strong>en</strong>ces reproductibles, de population, anci<strong>en</strong>nes, cellesqui coévolu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les besoins de l’homme, du sol et du climat,depuis des millénaires sont dev<strong>en</strong>ues persona non grata del’agronomie off<strong>ici</strong>elle. La cause : elles se multipli<strong>en</strong>t dans lechamp du paysan ou le jardin du maraîcher sans royaltiespossibles pour l’agrobusiness. Qui plus est, elles évolu<strong>en</strong>t et<strong>en</strong>richiss<strong>en</strong>t leur patrimoine génétique au fil des ans et desperturbations climatiques que nous connaissons actuellem<strong>en</strong>t.De plus, sélectionnées pour leur rust<strong>ici</strong>té au cours des siècles,elles sont moins fragiles, plus savoureuses, mais moinstransportables et beaucoup moins dép<strong>en</strong>dantes de la chimieagricole (<strong>en</strong>grais minéraux de synthèse et pest<strong>ici</strong>des divers).Dans notre société marchande et castratrice, c’est intolérable.Les critères choisis par l’industrie sem<strong>en</strong>cière, avec labi<strong>en</strong>veillance de gouvernem<strong>en</strong>t, banniss<strong>en</strong>t donc les sem<strong>en</strong>cespatrimoniales de nos assiettes, <strong>en</strong> privant les professionnelset les consommateurs de leur accès.Nous n’avons plus le droit de choisir notre alim<strong>en</strong>tationsi nous sommes citadins ou privés de jardin. En respectantles lois actuelles, s’alim<strong>en</strong>ter correctem<strong>en</strong>t va doncdev<strong>en</strong>ir un privilège.Que devrait faire le gouvernem<strong>en</strong>t pour préserverles sem<strong>en</strong>ces non homologuées ?Le gouvernem<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>d complice de ces travers.En verbalisant l’association Kokopelli pour “commercialisationde variétés non inscrites” et <strong>en</strong> obt<strong>en</strong>ant sa condamnationà plus de 23 000 €, sans les frais. Nos “représ<strong>en</strong>tants”dilapid<strong>en</strong>t notre héritage commun tout <strong>en</strong> permettant auxindustriels de la sem<strong>en</strong>ce de privatiser le vivant.En effet, les industriels possèd<strong>en</strong>t pour certaines espèces(maïs) 100% de la génétique et près de 90 % des variétés decourgettes, deux exemples parmi de trop nombreux autres.Qui plus est, le gouvernem<strong>en</strong>t français ne respecte pasla législation europé<strong>en</strong>ne sur les sem<strong>en</strong>ces anci<strong>en</strong>nes.La directive 98/95 CE stipule que tout doit être fait poursauvegarder les variétés <strong>en</strong> risque d’érosion génétique : cettedirective n’a jamais été transcrite <strong>en</strong> droit français… et que2quoi de neuf?V<strong>en</strong>ez nous voirle 77 avril !Vous pouvez v<strong>en</strong>ir discuter avec nous lors desexpéditions de la revue. Cela se passe un jeudide 17 h à 20 h et c’est suivi par un repas pris<strong>en</strong>semble offert par Sil<strong>en</strong>ce. Et naturellem<strong>en</strong>t,vous repartez avec le nouveau numéro qui vousest offert. Prochaines expéditions : 17 avril,15 mai, 19 juin…Si vous êtes plus particulièrem<strong>en</strong>t intéressé-epar une rubrique de Sil<strong>en</strong>ce, vous pouvez vousproposer pour dev<strong>en</strong>ir “pilote de rubrique” <strong>en</strong>pr<strong>en</strong>ant contact avec le comité de rédaction deS!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008la revue où nous décidons de l’ori<strong>en</strong>tation de larevue, des prochains dossiers, des articles quel’on passe, des réponses à apporter aux courriers…Les prochaines réunion de ce comité derédaction se ti<strong>en</strong>dront à 10 h les samedis26 avril (pour le numéro de juin), 31 mai (pourle numéro d’été), 21 juin (pour le numéro deseptembre)…Vous pouvez proposer des articles à ce comitéde rédaction jusqu’au mercredi qui le précède,avant 16 h.Vous pouvez proposer des informationsdestinées aux pages brèves jusqu’au mercrediqui le suit, avant 12 h.Les infos cont<strong>en</strong>ues dans ce numéroont été arrêtées le 5 mars 2008.*Groupem<strong>en</strong>t National Interprofessionnel des Sem<strong>en</strong>cesRestructuration<strong>en</strong> coursAprès avoir rénové la maquette p<strong>en</strong>dant ledernier semestre 2007, le début de l’année2008 a été consacré à réformer le fonctionnem<strong>en</strong>tde l’association pour disposer d’un comitéde rédaction plus stable, accompagné de“pilotes de rubriques”, des personnes qui sesont dites intéressées pour suivre plus particulièrem<strong>en</strong>tun thème de la revue. Ces personnescorrespond<strong>en</strong>t avec le comité de rédaction toutau long de l’année pour faire passer des informations,proposer des textes, part<strong>ici</strong>per à desdébats <strong>en</strong> vue des articles et des dossiers de larevue. Deux fois par an, elles se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>tphysiquem<strong>en</strong>t pour un comité d’ori<strong>en</strong>tation aucours duquel elles débatt<strong>en</strong>t des évolutions dela revue. L’une de ces réunions se ti<strong>en</strong>t après


paixEurosatory,mortelle indiffér<strong>en</strong>ceTous les deux ans, se ti<strong>en</strong>t à Paris le supermarchéde l’armem<strong>en</strong>t Eurosatory. Amplifions la contestation.L’idée de lutter contre un salon comme symbolede la lutte contre l’armem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> générals’appuie sur l’expéri<strong>en</strong>ce du mouvem<strong>en</strong>tbelge Forum pour la paix qui <strong>en</strong> 1997 aréussi à suffisamm<strong>en</strong>t perturber le salon de l’armem<strong>en</strong>tAFCEA pour que celui-ci déménagedans un autre pays.En France, <strong>en</strong> 1996, la CANVA, coordination del’action non-viol<strong>en</strong>te de l’Arche de Lanza delVasto, organise une vigile sil<strong>en</strong>cieuse devant l’<strong>en</strong>tréedu salon Eurosatory.En 1998, se crée, à l’appel du COT-Albi, Collectifdes objecteurs de consci<strong>en</strong>ce du Tarn, un collectif“Fermons Eurosatory” qui <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d dénoncer lat<strong>en</strong>ue de ce salon de l’armem<strong>en</strong>t. En 1998 et <strong>en</strong>2000, des manifestations communes sont organiséesdevant l’<strong>en</strong>trée du salon, <strong>en</strong> région parisi<strong>en</strong>ne.Ces manifestations sont précédées de campagnede pétitions et de différ<strong>en</strong>tes actions dediffusion de tracts sur le sujet.En 2002, le collectif se divise <strong>en</strong> deux : “Lâche tonarme” regroupe les Quakers, des pacifistes d’obédi<strong>en</strong>ceprotestante et la CANVA, coordination del’action non-viol<strong>en</strong>te de l’Arche de Lanza delVasto. Reste alors “Fermons Eurosatory” avec desgroupes proches d’une s<strong>en</strong>sibilité libertaire. En2004, seuls ces derniers organis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core unemanifestation à l’occasion d’une soirée organiséedans le sous-sol du musée du Louvre. En 2006,l’opposition à ce salon d’armem<strong>en</strong>t semble avoirpurem<strong>en</strong>t et simplem<strong>en</strong>t disparu.Sil<strong>en</strong>ce qui depuis le début a toujours relayé cescampagnes s’interroge alors sur le manque dedynamisme et provoque, <strong>en</strong> janvier 2007, uner<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre André Bernard, anci<strong>en</strong> animateurde la revue Anarchie et non-viol<strong>en</strong>ce et Jean-MarieMuller, du MAN, Mouvem<strong>en</strong>t pour une alternativ<strong>en</strong>on-viol<strong>en</strong>te pour un débat sur ce qui sépare et cequi lie anarchistes et non-viol<strong>en</strong>ts. Nous r<strong>en</strong>contronségalem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> octobre 2007, les militants del’UPF, Union pacifiste de France, qui se montr<strong>en</strong>tintéressés pour relancer le collectif “FermonsEurosatory”. Une nouvelle manifestation devraitdonc se t<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> principe le mardi 17 juin 2008,devant l’<strong>en</strong>trée du musée du Louvre, où une nouvellefois un banquet réunira un millier de personnes,tout le gratin du lobby militaro-industriel.Sortir de l’indiffér<strong>en</strong>ce ?La première pétition <strong>en</strong> 1998 regroupa <strong>en</strong>viron15 000 signatures… mais il n’y eu que 250 à 300manifestants. On retrouve s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t la mêmemobilisation <strong>en</strong> 2000, puis <strong>en</strong>tre 100 et 200 <strong>en</strong>2002, autant <strong>en</strong> 2004. Pourtant le sujet est d’importance: que l’on songe au poids écologique quereprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les dép<strong>en</strong>ses militaires, que l’onp<strong>en</strong>se aux gouffres financiers et humains quereprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les conflits armés, que l’on p<strong>en</strong>se àla destination de ces armes : près de 80 % sontv<strong>en</strong>dues aux pays “pauvres” (“appauvris” ainsidevrait-on plutôt dire)… alors que toutes lesétudes montr<strong>en</strong>t que reconvertir l’industrie d’armem<strong>en</strong>tdans des emplois civils ne peut qu’êtrebénéfique dans tous les s<strong>en</strong>s du terme.Comm<strong>en</strong>t est-il possible d’essayer de p<strong>en</strong>ser “unautre monde” sans pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération l’undes secteurs industriels qui bi<strong>en</strong> qu’off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>tne pesant que 3-4 % de notre activité économique,contrôle plus de 20 % du budget de l’Etat(ministère de la Déf<strong>en</strong>se), au moins un tiers de larecherche dite “civile”, la quasi-totalité dunucléaire dit “civil”, et souti<strong>en</strong>t le développem<strong>en</strong>tdes technologies sécuritaires prés<strong>en</strong>tées une nouvellefois comme “civiles” (nanotechnologies parexemple) (voir <strong>en</strong> marge).Sommes-nous tous passivem<strong>en</strong>t complices ?impuissants ? mal informés ?Alors que d’autres campagnes exist<strong>en</strong>t proche dece thème : inspections civiles sur les bases militairescontre l’arme nucléaire, campagnes delettres du côté d’Amnesty international pour lecontrôle des v<strong>en</strong>tes d’armes, défilé du 14 juilletpar les Brigades des clowns… pour dénoncer lastupidité des défilés militaires… on peut s’étonnerde ne pas être des milliers à manifester contreces r<strong>en</strong>contres très particulières. Où sont lesréseaux associatifs ? Où sont les politiques ?Michel Bernard ■> Civil ou militaire ?Pour que le nucléaire “civil”fonctionne, il faut contrôlerl’extraction de l’uranium(troupes françaises au Niger),son transport (sous contrôle dela g<strong>en</strong>darmerie), l’<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>t,la fabrication du combustible,la production d’électr<strong>ici</strong>tédans un réacteur, le stockagedes déchets, leur séparation(et non retraitem<strong>en</strong>t) puis leurstockage. Toutes ces étapessont sous contrôle perman<strong>en</strong>t del’armée, via notamm<strong>en</strong>t le CEA,Commissariat à l’énergie atomique.Ce qui est vrai dans ledomaine du nucléaire, l’estégalem<strong>en</strong>t pour bon nombred’autres techniques dites“s<strong>en</strong>sibles” : électronique,informatique, chimie…> Union pacifistede FranceL’Union Pacifiste de Franceest née <strong>en</strong> 1961 dans la lignéede mouvem<strong>en</strong>ts plus anci<strong>en</strong>s.Indép<strong>en</strong>dante de tout groupepolitique ou religieux, elleaccueille tous ceux qui sereconnaiss<strong>en</strong>t dans le pacifismeintégral, le refus de toutearmée et de toute guerre. Ellepréconise un désarmem<strong>en</strong>tunilatéral, total et immédiat,idée développée <strong>en</strong> France parLouis Lecoin. Elle lutte contretout militarisme, les v<strong>en</strong>tesd’armes, les accords arméeécole,les ordonnances de 1959,les essais nucléaires... Ellesouti<strong>en</strong>t les réfractairesà l’armée : objecteurs, insoumis,déserteurs. Elle coordonnel’actuel collectif “FermonsEurosatory”.■ Union Pacifiste de France,BP 196, 75624 Paris Cedex13, www.unionpacifiste.org.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20085


paixL’armée,combi<strong>en</strong> de planètes ?Le poids économique de l’armée et de l’armem<strong>en</strong>t est connu… mais qu’<strong>en</strong> est-ilde son empreinte écologique ? Peu de chiffres sont disponibles, mais on peutse douter que, même hors guerre, ce secteur pèse de tout son poids surla destruction de la planète.DRLes guerres provoqu<strong>en</strong>t de graves dégâts<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux qui de plus perdur<strong>en</strong>tbi<strong>en</strong> après que les armes se soi<strong>en</strong>t tues. C’estun fait largem<strong>en</strong>t admis. D’ailleurs, depuis 2001,l’ONU a décrété le 6 novembre Journée internationalepour la prév<strong>en</strong>tion de l’exploitation de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> temps de guerre et de conflit armée(voir <strong>en</strong> <strong>en</strong>cadré la déclaration du secrétaire généralde l’ONU lors de l’édition 2007).Toutefois, l’empreinte écologique militaire ne selimite pas aux seules périodes de conflits et neconcerne pas que les pays <strong>en</strong> guerre… L’armée autravers de son fonctionnem<strong>en</strong>t quotidi<strong>en</strong> est unegrande consommatrice de territoires, d’énergie etautres ressources naturelles de toutes natures…Reste à trouver les données pertin<strong>en</strong>tes pourmesurer cette empreinte…Lors du “Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t”, l’arméeétait l’un des grands abs<strong>en</strong>ts et différ<strong>en</strong>tesrecherches, notamm<strong>en</strong>t via Internet, n’ont paspermis d’obt<strong>en</strong>ir des élém<strong>en</strong>ts d’information permettantd’étayer de manière un tant soit peusérieuse la prédation que les activités militairesimpos<strong>en</strong>t à notre biosphère.En revanche, le ministère de la déf<strong>en</strong>se a lancéune opération de communication <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>tant àla presse le 27 novembre 2007 un “plan d’action<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t” qualifié, bi<strong>en</strong> sûr, d’ambitieux.Sauf que les moy<strong>en</strong>s mis <strong>en</strong> œuvre concrètem<strong>en</strong>tfris<strong>en</strong>t le ridicule !DRHélicoptère de combat prés<strong>en</strong>té au salon Eurosatory.6 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


Pr<strong>en</strong>ons l’exemple de la consommation des produitspétroliers. Le Service des ess<strong>en</strong>ces desarmées distribue chaque année <strong>en</strong>viron 1 200 000m3 de produits pétroliers. Or, les mesures proposéesconcern<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t la formation des15 000 conducteurs du ministère à ce qu’ilnomme “la conduite souple” ou “l’éco-conduite”visant à réduire les consommations de carburantet à acheter des voitures plus économes… Sansêtre expert, on peut estimer que même si le ministèreest gestionnaire du second parc national, derrièreLa Poste, avec près de 70 000 véhicules, uneréduction sérieuse de sa consommation de produitspétroliers et d’émission de CO 2 se joueprioritairem<strong>en</strong>t au niveau des avions de combats(Rafale et autre Mirage…) et de l’armem<strong>en</strong>tnaval…En fait, la principale mesure de ce “plan <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t”sera la réalisation chaque année d’unbilan <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal du ministère. La premièreédition est prévue pour la fin de l’année 2008 etcomportera un “bilan de ses rejets gazeux etliquides dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, de ses producpaix6 novembreJournée internationale pour la préservationde l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> temps de guerreÀ l’occasion de la Journée internationale pour la prév<strong>en</strong>tionde l’exploitation de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> temps de guerre et de conflit,le 6 novembre 2007, le secrétaire général des Nations unies,Ban Ki-moon, a souhaité faire connaître son message :que la guerre existe, l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tet les ressources naturelles“Depuis<strong>en</strong> sont les victimes sil<strong>en</strong>cieuses. Lesrécoltes sont inc<strong>en</strong>diées, les puits pollués, les solsempoisonnés et les animaux tués. Les objectifs nesont pas toujours les mêmes : on peut vouloir seprocurer un avantage stratégique, démoraliserdes populations locales, v<strong>en</strong>ir à bout d’une résistanceou tout simplem<strong>en</strong>t nourrir ses soldats.Mais, même lorsqu’elles ne sont pas int<strong>en</strong>tionnelles,les conséqu<strong>en</strong>ces sont toujours catastrophiques.Nous assistons à des actes de destructionpurs et simples, notamm<strong>en</strong>t le rejet depolluants et de substances dangereuses. Noussommes témoins de bouleversem<strong>en</strong>ts sociaux,comme la création de populations de réfugiésqui, à leur tour, mett<strong>en</strong>t plus rudem<strong>en</strong>t les ressourcesà contribution. (...)P<strong>en</strong>dant la guerre du Golfe de 1991, les puits depétrole du Koweït ont été délibérém<strong>en</strong>t inc<strong>en</strong>diéset des millions de litres de pétrole brut ont étédéversés dans les voies d’eau. Au Cambodge,35 % de la couverture forestière a été détruitep<strong>en</strong>dant les 20 ans qu’ont duré la guerre civile etles troubles. Au cours du conflit <strong>en</strong> Angola, l<strong>en</strong>ombre des animaux sauvages a diminué de 90 %et, p<strong>en</strong>dant la guerre du Vietnam, des millions detonnes d’ag<strong>en</strong>t orange ont été pulvérisées au-dessusdes jungles de ce pays, ce qui a eu pour effetde dépouiller de toute végétation de vastes zonesdont certaines ne peuv<strong>en</strong>t toujours pas être cultivéesaujourd’hui.L’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t est protégé <strong>en</strong> temps de guerrepar un certain nombre d’instrum<strong>en</strong>ts juridiques,notamm<strong>en</strong>t la Conv<strong>en</strong>tion sur l’interdictiond’utiliser des techniques de modification de l’<strong>en</strong>suitepage 9Développem<strong>en</strong>t durable ?DRAffiche de juin 2000.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20087


paix> Observatoiredes armem<strong>en</strong>tsL’Observatoire des armem<strong>en</strong>ts,créé à Lyon <strong>en</strong> 1984 sousle nom de C<strong>en</strong>tre de docum<strong>en</strong>tationet de recherche sur lapaix et les conflits (CDRPC),est un c<strong>en</strong>tre d’expertise etd’information. Son objectif estde favoriser la transpar<strong>en</strong>ceet le contrôle démocratiquesur les activités militairesde la France et de l’Europedans la perspective d’unedémilitarisation progressive.Observatoire des armem<strong>en</strong>ts /CDRPC187, montée de Choulans,69005 LyonTél. 04 78 36 93 03www.obsarm.orgDRDélégation japonaise et militaires français vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t négocier des contrats à Eurosatory.tions de déchets, de ses consommations d’énergieset d’eau ainsi qu’un bilan carbone”. Déchetsnucléaires y compris ? Le docum<strong>en</strong>t du ministèrese garde bi<strong>en</strong> de le préciser…Pourtant, calculer l’empreinte écologique de l’armé<strong>en</strong>écessite de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte de tels paramètrescomme l’impact des 210 essais nucléairesréalisés par la France au Sahara et <strong>en</strong> Polynésie,l’impact des différ<strong>en</strong>ts essais d’armes et plus globalem<strong>en</strong>td’inclure aussi le bilan des <strong>en</strong>treprisestravaillant pour la production d’armem<strong>en</strong>t… Eneffet, le ministère de la déf<strong>en</strong>se est le premierinvestisseur de l’État, le premier gestionnaireimmobilier et foncier de l’État (264 000 hectares)et le deuxième employeur de l’État (430 000personnes, auxquelles il faut rajouter <strong>en</strong>viron166 000 travailleurs dans l’armem<strong>en</strong>t).Les différ<strong>en</strong>ts calculs de l’empreinte écologiquede la France soulign<strong>en</strong>t qu’une généralisation duniveau de vie moy<strong>en</strong> d’un Europé<strong>en</strong> ou d’unFrançais à l’<strong>en</strong>semble des habitants nécessiteraitdeux planètes supplém<strong>en</strong>taires. La prise <strong>en</strong>compte de l’impact des activités militaires et deleurs conséqu<strong>en</strong>ces augm<strong>en</strong>terait à coup sûr cesestimations. De quoi créer un “indice de l’impactmilitaire” au côté notamm<strong>en</strong>t des différ<strong>en</strong>ts indicateurs<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux et sociaux…Patrice Bouveret ■Observatoire des armem<strong>en</strong>tsDép<strong>en</strong>ses militaires mondialesLes dép<strong>en</strong>ses militaires sont estimées <strong>en</strong> 2006 à 1204 milliards de dollars US (soit <strong>en</strong>viron 820 milliards d’euros),<strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tation de 3,5 % par rapport à 2005 et de 37 % depuis 1997… Chaque Terri<strong>en</strong> aurait ainsi dép<strong>en</strong>sé <strong>en</strong>2006, 184 dollars US (soit <strong>en</strong>viron 126 euros). Des dép<strong>en</strong>ses très inégalem<strong>en</strong>t réparties (cf. le tableau ci-dessous)…ÉtatMontant desdép<strong>en</strong>ses militaires(<strong>en</strong> milliards de dollars US)%du PIBnational%des dép<strong>en</strong>sesmilitaires mondiales%de la populationmondialeEtats-Unis 528,7 4,2 46 5Royaume-Uni 59,2 2,3 5 1France 53,1 2,0 5 1Chine 49,5 1,3 4 20Japon 43,7 0,9 4 2Allemagne 37,0 1,2 3 1Russie 34,7 3,7 3 2Italie 29,9 1,8 3 -Arabie saoudite 29,0 8,2 3 -Inde 23,9 2,5 2 17Sous-total des 10 888,7 77 50Total mondial 1 204 100 100Source : SIPRI, Yearbook 2007 et L’état du monde 2008 (La Découverte).Les données <strong>en</strong> italiques sont des estimations.8 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


6 novembresuite page de la page 7vironnem<strong>en</strong>t à des fins militaires ou toutes autresfins hostiles (1976), la Conv<strong>en</strong>tion sur les armeschimiques et la Conv<strong>en</strong>tion sur la prohibition desmines antipersonnel (1997). En outre, leProtocole additionnel I aux Conv<strong>en</strong>tions deG<strong>en</strong>ève interdit l’utilisation de ‘méthodes oumoy<strong>en</strong>s de guerre qui sont conçus pour causer,ou dont on peut att<strong>en</strong>dre qu’ils causeront, desdommages ét<strong>en</strong>dus, durables et graves à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tnaturel’ et dispose que ‘la guerre seraconduite <strong>en</strong> veillant à protéger l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tnaturel contre des dommages ét<strong>en</strong>dus, durableset graves’. Mais ce qui fait cruellem<strong>en</strong>t défaut, cesont les mécanismes voulus pour assurer l’applicationde ces conv<strong>en</strong>tions. De fait, il faudra peutêtreque nous r<strong>en</strong>forcions le chapitre ‘vert’ desrègles du droit humanitaire international.Au niveau pratique, l’ONU réagit de plus <strong>en</strong> plusactivem<strong>en</strong>t lorsqu’une guerre <strong>en</strong>traîne une dégradationde l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t : elle s’efforce d’évaluerles dégâts, de nettoyer les zones contaminéeset d’aider les pays à se doter des moy<strong>en</strong>s vouluspour gérer leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t après le conflit.C’est ce que le Programme des Nations UniesDR DRpour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t a fait dans les Balkans etc’est ce qu’il fait aujourd’hui <strong>en</strong> Afghanistan, <strong>en</strong>Irak, au Libéria et dans le territoire palestini<strong>en</strong>occupé.Les technologies guerrières et armem<strong>en</strong>tsmodernes continu<strong>en</strong>t à se développer rapidem<strong>en</strong>t,ce qui pourrait avoir des conséqu<strong>en</strong>cescatastrophiques sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. En mêmetemps, on laisse trop de conflits s’<strong>en</strong>v<strong>en</strong>imer p<strong>en</strong>dantdes années, voire des déc<strong>en</strong>nies, et épuiserpetit à petit les ressources naturelles. Au mom<strong>en</strong>toù nous célébrons la Journée internationale pourla prév<strong>en</strong>tion de l’exploitation de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>temps de guerre et de conflit armé, pr<strong>en</strong>onsconsci<strong>en</strong>ce du fait qu’aucune guerre et aucunconflit ne se déroule trop loin de nous pour avoirun effet sur notre <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, quel que soitl’<strong>en</strong>droit où nous habitons. Et pr<strong>en</strong>ons l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tde faire ce que nous pourrons pour luttercontre cette m<strong>en</strong>ace commune et pourtant souv<strong>en</strong>toubliée qui met <strong>en</strong> péril nos vies et notrebi<strong>en</strong>-être”.Combi<strong>en</strong> ça consomme ?Les r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts ne sont pas toujours facilesà trouver, mais vo<strong>ici</strong> deux exemples.Un avion de combat Rafale (Dassault) a unrayon d’action de 1850 km <strong>en</strong> mission air-airavec 8 missiles Mica et 6600 litres de carburantrépartis dans 5 réservoirs extérieursTemps de patrouille air-air : 3 heures. Soit :2 200 litres de carburant par heure de vol !(Sources : http://www.avions-militaires.net/)Un char Leclerc Nexter (ex-Giat) a unecapacité <strong>en</strong> carburant de 1300 litres sousblindage (1700 avec carburant externe : fûtslargables). Son autonomie maximale surroute : 550 km avec carburant externe.Soit 3,09 litres par kilomètre ou pourcomparer à une voiture moy<strong>en</strong>ne,309 litres au 100 km !(Sources : http://www.nexter-group.fr/)DR> Contrôlez les armesEn 2006, la campagne mondialeContrôlez les Armes a permisle vote d’une résolution auxNations unies <strong>en</strong> faveur del’élaboration d’un traité internationalsur le commerce desarmes : un groupe d’expertsa été mis <strong>en</strong> place fin 2007 etdoit se réunir à trois reprises <strong>en</strong>2008 afin de négocier lescontours d’un traité. Ce traitédevra garantir le respect dudroit international humanitaire,des droits de l’Homme et dudéveloppem<strong>en</strong>t durable (?).Du 11 au 15 février 2008, àNew York, une première réunions’est t<strong>en</strong>ue. L’occasion de lancerune nouvelle campagn<strong>en</strong>ationale d’interpellation duprésid<strong>en</strong>t de la république françaiseintitulée 2008 : lecontrôle du commerce desarmes à portée de main. Elledemande que la France s’<strong>en</strong>gageà promouvoir <strong>en</strong> 2008 àtous les niveaux — mondial,europé<strong>en</strong> et national — desmécanismes et cadres juridiquescontraignants de contrôle destransferts d’armes.Placée au quatrième rang mondialdes exportateurs d’armes,la France doit montrerl’exemple <strong>en</strong> matière decontrôle des transferts d’armes.Les ONG de la plateformefrançaise Contrôlez les armes(Oxfam, Secours catholique,Amnesty international, CCFD,Obervatoire des armem<strong>en</strong>ts…)invit<strong>en</strong>t tous les citoy<strong>en</strong>sà part<strong>ici</strong>per à la campagne<strong>en</strong> adressant une cartepostale à télécharger surwww.controlarms.org ou <strong>en</strong>écrivant à : Oxfam-France Agir<strong>ici</strong>, 104-106, rue Oberkampf,75011 Paris.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20089


débatAgir <strong>en</strong>semble contrele pouvoir militaire ?Y aurait-il deux façons de s’opposer au militarisme ? Une, plutôt anarchiste,l’autre plutôt non-viol<strong>en</strong>te… Des différ<strong>en</strong>ces insurmontables ?Débat sur la question…DRDRAndré Bernard.Jean-Marie Muller.L’opposition au salon Eurosatory s’est traduitepar deux mobilisations différ<strong>en</strong>tes.L’une réalisée par l’Union pacifiste deFrance ; l’autre animée par la CANVA, Coordinationde l’action non-viol<strong>en</strong>te de l’Arche de Lanzadel Vasto. Si les marchands d’armes arriv<strong>en</strong>t àexposer <strong>en</strong>semble, peut-être pourrions-nous lescontester <strong>en</strong>semble ?Nous avons ainsi organisé une r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>treAndré Bernard, anci<strong>en</strong> animateur de la revueAnarchisme et non-viol<strong>en</strong>ce, actuel collaborateurde la revue Réfractions et Jean-Marie Muller,auteur de différ<strong>en</strong>ts ouvrages sur la non-viol<strong>en</strong>ce,et porte-parole du MAN, Mouvem<strong>en</strong>t pour unealternative non-viol<strong>en</strong>te.De l’importance des motsAndré Bernard : Pacifiste ne signifie pas forcém<strong>en</strong>tanarchiste. Pour moi, l’Union pacifiste deFrance qui anime un des deux collectifs n’est pasanarchiste : anarchistes, catholiques, protestants,il y a un peu de tout à l’UPF. Etre anarchiste, çaveut dire des choses différ<strong>en</strong>tes pour beaucoup deg<strong>en</strong>s.Jean-Marie Muller : C’est vrai aussi pour la nonviol<strong>en</strong>ceet c’est vrai pour tout : chacun a soncoeff<strong>ici</strong><strong>en</strong>t personnel et je dirais “Tant mieux !”.Ceci étant, je crois qu’il y a quand même des référ<strong>en</strong>tscommuns à ceux qui se réfèr<strong>en</strong>t à une mêmefamille de p<strong>en</strong>sée. On peut arriver à certainesconverg<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre membres d’une même famillede p<strong>en</strong>sée, et <strong>en</strong>tre familles de p<strong>en</strong>sée différ<strong>en</strong>tes,qui peuv<strong>en</strong>t être parfois cousines.André : Cette question de la qualification de soine m’a jamais posé de problème. En 1960, j’étais<strong>en</strong> Belgique, où j’ai r<strong>en</strong>contré Jean Van Lierde, quiétait catholique, moi j’étais anarchiste, on fréqu<strong>en</strong>taitdes g<strong>en</strong>s très différ<strong>en</strong>ts, il n’y a jamais euce g<strong>en</strong>re de problème. Après je suis r<strong>en</strong>tré <strong>en</strong>France avec l’Action civique non-viol<strong>en</strong>te, j’air<strong>en</strong>contré Jo Pyronnet, on avait des choses à faire<strong>en</strong>semble et on les faisait. J’ai revu Jo quand on afait le livre Réfractaires à la guerre d’Algérie (voir<strong>en</strong> marge), nous nous sommes embrassés, et ilDRm’a dit comme ça : “Tu es toujours athée ?”. Jelui ai dit “oui bi<strong>en</strong> sûr”. “Tu es toujours anarchiste?”. “Bi<strong>en</strong> sûr !”. “Je te donne ma bénédiction!”. Il y avait <strong>en</strong> même temps de l’humour, etaussi quelque chose de très profond, parce qu’<strong>en</strong>fin de compte, on s’<strong>en</strong> fout de ces qualificatifs.C’est ce qu’on fait <strong>en</strong>semble qui compte.Jean-Marie : Jean Van Lierde qui vi<strong>en</strong>t de mourir,se disait catholique, libertaire, socialiste etnon-viol<strong>en</strong>t. Il était ainsi au carrefour de plusieursp<strong>en</strong>sées <strong>en</strong> gardant une grande cohér<strong>en</strong>ce.Ensemble dans l’actionJean-Marie : Il y a un point sur lequel on peuttout de suite se mettre d’accord : quand il y a uneaction qui est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> place, avec un objectif clair,des méthodes non-viol<strong>en</strong>tes bi<strong>en</strong> définies, alorseffectivem<strong>en</strong>t les “querelles de boutiques” ne doi-1 0 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


DRv<strong>en</strong>t avoir aucune place. Si tu pr<strong>en</strong>ds le Larzac, ona agi avec des maoïstes. Les paysans du Larzacavai<strong>en</strong>t une rigueur très grande pour ce quiconcerne les méthodes non-viol<strong>en</strong>tes de la lutte.Donc les maoïstes faisai<strong>en</strong>t de la non-viol<strong>en</strong>cemalgré eux, ils suivai<strong>en</strong>t les consignes.Le problème devi<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t quand dans l’actionil y a des manifestations viol<strong>en</strong>tes, et la viol<strong>en</strong>cecomm<strong>en</strong>ce par la parole. Dans une campagned’action qui veut être non-viol<strong>en</strong>te, la viol<strong>en</strong>ce estune contradiction.Mais si on est bi<strong>en</strong> d’accord sur les méthodes,comme c’était le cas dans l’Action civique nonviol<strong>en</strong>te,p<strong>en</strong>dant la guerre d’Algérie, commec’était le cas au Larzac, comme c’était le cas dansd’autres luttes, comme celle contre les Euro-missilesoù on a travaillé avec les pacifistes, on peutse retrouver <strong>en</strong>semble dans la même action.Une approche politiqueJean-Marie : Chez Gandhi, il y avait deux piliersdans une campagne d’action non-viol<strong>en</strong>te, lanon-coopération et le programme constructif. Auniveau de la non-coopération, c’est plus facile.C’est plus facile, mais ce n’est pas facile. Parce quela grande t<strong>en</strong>tation pour nous tous, moi le premier,c’est de nous résigner et de coopérer avec lesstructures injustes, d’<strong>en</strong> profiter comme on peut,etc. Donc ce n’est pas facile de contester. Maisc’est plus facile quelque part que de trouver unealternative. En fonction de cela, je crois qu’onpeut parler <strong>en</strong> termes d’expérim<strong>en</strong>tation. Il fautexpérim<strong>en</strong>ter une autre manière de vivre <strong>en</strong>société. Il y a eu l’expéri<strong>en</strong>ce du mouvem<strong>en</strong>t communautaire,mais je crois qu’il a pour une partéchoué. La limite des expéri<strong>en</strong>ces communautaires,c’est qu’elles font une expéri<strong>en</strong>ce dans lesinterstices de la société étatique et capitaliste. Etqu’il n’y a plus la dim<strong>en</strong>sion de conflit et de lalutte. Je suis très sceptique et très mal à l’aisedevant certaines conceptions soi-disant spirituellesde la non-viol<strong>en</strong>ce qui refus<strong>en</strong>t le conflit.On va cultiver la paix personnelle, la paix intérieure.On ne doit pas s’exclure des conflits économiqueset politiques qui touch<strong>en</strong>t la société.André : Ce que je remarque dans les expéri<strong>en</strong>cesnon-viol<strong>en</strong>tes actuelles, les Déboulonneurs, lesOGM, ça se situe dans des franges. Il n’y a aucunconflit non-viol<strong>en</strong>t de luttes de classe parexemple. Ce qui m’agace ce sont les problèmes derapports inter-individuels. C’est intéressant, maisça ne me paraît pas l’ess<strong>en</strong>tiel. L’ess<strong>en</strong>tiel, pourmoi, c’est la lutte des classes. J’ai été deux ans etdemi <strong>en</strong> grève avec des g<strong>en</strong>s qui n’étai<strong>en</strong>t pasnon-viol<strong>en</strong>ts, mais qui faisai<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>tion à cequ’ils faisai<strong>en</strong>t, et il n’y a jamais eu de viol<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>tre personnes. J’aimerais que tout ce que peutporter la non-viol<strong>en</strong>ce soit dans ces conflits deluttes. Je p<strong>en</strong>se que les “non-viol<strong>en</strong>ts” pourrai<strong>en</strong>têtre beaucoup plus impliqués dans ces luttes plutôtque dans des problèmes de végétarisme…Jean-Marie : Dans les confér<strong>en</strong>ces, on m’opposesouv<strong>en</strong>t la communication non-viol<strong>en</strong>te. Jeréponds : “Vous ne me ferez pas dire du mal dela communication non-viol<strong>en</strong>te”, parce que c’estvrai que la non-viol<strong>en</strong>ce, c’est aussi nos problèmesde communication quotidi<strong>en</strong>s. Où il y apeut-être débat <strong>en</strong>tre nous, c’est qu’à travers cetteproblématique on occulte le conflit politique. Lesgroupes du MAN intègr<strong>en</strong>t la communicationnon-viol<strong>en</strong>te. Le problème c’est que la communicationnon-viol<strong>en</strong>te n’intègre pas toujours leconflit politiqueMichel Bernard : Les OGM ne me sembl<strong>en</strong>t pasdans les “franges” : une pollution OGM peutdétruire l’humanité. Dans la mouvance non-viol<strong>en</strong>te,dont l’IRNC, Institut pour la résolutionnon-viol<strong>en</strong>te des conflits, dont fait partie Jean-Marie Muller, je trouve dommage que vous ayezlaissé tomber tout le côté transarmem<strong>en</strong>t, déf<strong>en</strong>secivile non-viol<strong>en</strong>te, etc., qui étai<strong>en</strong>t des sujetshautem<strong>en</strong>t politiques.Jean-Marie : En réalité, nous nous sommesadaptés au terrain. Le débat est maint<strong>en</strong>ant sur leproblème de l’interv<strong>en</strong>tion civile non-viol<strong>en</strong>te.J’ai toujours p<strong>en</strong>sé que l’histoire nous avait donnéraison le 9 novembre 1989, jour de la chute dumur de Berlin. C’est un fait que la lutte des dissi-à lireRéfractairesà la guerred’AlgérieErica FratersEd. Syllepse2005 - 224 p. - 18 €Cet ouvrage collectif donne laparole à une cinquantaine depersonnes qui, au sein del’Action civique non-viol<strong>en</strong>tedont il est question dans cedébat, ont eu le courage d’organiserla résistance p<strong>en</strong>dant leconflit, <strong>en</strong>tre 1959 et 1963.Objecteurs de consci<strong>en</strong>ce avantqu’une exist<strong>en</strong>ce légale ne lepermette (il faudra un jeûne deLouis Lecoin pour une premièrereconnaissance <strong>en</strong> 1963), ils ontpréféré faire de la prison plutôtque de partir <strong>en</strong> Algérie.D’autres, solidaires, non concernéspar le service militaire(femmes ou trop âgés) ont égalem<strong>en</strong>tm<strong>en</strong>é des actions dedésobéissance. Une expéri<strong>en</strong>ceoù tout le monde a coopérédans la lutte.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20081 1


débat> Coordination de l’actionnon-viol<strong>en</strong>teLa première communauté del’arche remonte à 1948.D’inspiration gandhi<strong>en</strong>ne, cescommunautés ont toujours étéprés<strong>en</strong>tes sur le terrain deslutttes politiques. La CANVA,Coordination de l’action nonviol<strong>en</strong>tede l’Arche est une associationanimée par des membresde l’Arche, qui regroupe despersonnes <strong>en</strong> accord avec lesidées des communautés sansforcém<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faire partie. LaCANVA a animé plusieurs campagnesde désobéissance civiledont depuis quelques années lesFaucheurs volontaires d’OGM.■ CANVA, Arche de la Borie-Noble, 34650 Roqueredonde,www.arche-nonviol<strong>en</strong>ce.eu.> Anarchisme et non-viol<strong>en</strong>ceAnarchisme et non-viol<strong>en</strong>ce estune revue qui est parue d’avril1965 à avril 1975. Son actionse poursuit aujourd’hui sur lesite internet http://anarchism<strong>en</strong>onviol<strong>en</strong>ce2.org.d<strong>en</strong>ts de l’Est a été non-viol<strong>en</strong>te. Depuis 1989, leproblème de la déf<strong>en</strong>se ne fait pratiquem<strong>en</strong>t plusdébat. Même Jacques Chirac a dit que nous nesommes plus m<strong>en</strong>acés aux frontières.Michel : ça nous coûte <strong>en</strong>core 20 % du budget,c’est une culture de militarisation de la société,…Jean-Marie : Tout a fait d’accord, mais là-dessusnous avons échoué... Je me suis replongé dans ledossier de la dissuasion nucléaire. On dép<strong>en</strong>sedes milliards, <strong>en</strong> vain. Le MAN était à l’inspectioncitoy<strong>en</strong>ne à Biscarosse, dans les Landes, <strong>en</strong> septembre2007. Nous sommes prés<strong>en</strong>ts… mais,c’est sûr, nous ne gagnons pas. Du moins pas<strong>en</strong>core…Michel : Le MAN avait beaucoup avancé sur leplan politique. Je trouve que les débats se sontsectorialisés. De même, les g<strong>en</strong>s qui parl<strong>en</strong>t dedécroissance, projet de société, p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t le plussouv<strong>en</strong>t à la simpl<strong>ici</strong>té volontaire, <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsindividuels. C’est la même différ<strong>en</strong>ce qu’<strong>en</strong>trecelui qui est insoumis parce qu’il ne veut pas faireson service militaire, et celui qui est insoumisparce qu’il remet <strong>en</strong> cause l’armée.Jean-Marie : Il faut résister à cette dépolitisationde la non-viol<strong>en</strong>ce, et le MAN résiste très fort.Pour moi, le génie de Gandhi a été d’avoir réconciliél’exig<strong>en</strong>ce spirituelle — je ne dis pas religieuse—, éthique, morale, philosophique, avecle réalisme politique.Michel : Si on regarde les statistiques de l’INSEE,on voit qu’il y a 30 % d’ouvriers <strong>en</strong> France et30 % d’employés de bureau. Ça fait quand même60 % de la population qu’on ne voit plus politiquem<strong>en</strong>t.La lutte des classes est dev<strong>en</strong>ue invisible.Il n’y a plus de syndicats. Au niveau paysan,il y a la Confédération Paysanne qui a repolitiséle milieu paysan, mais du côté ouvrier ouemployés…il y a la CNT qui a 5000 adhér<strong>en</strong>tsmais ce n’est pas grand chose.André : il y a le syndicat SUD aussi. Là <strong>en</strong>core ilfaudrait y introduire de la non-viol<strong>en</strong>ce. A la CNT,ils ne sont pas particulièrem<strong>en</strong>t non-viol<strong>en</strong>ts. Ily a des anarchistes partisans de la viol<strong>en</strong>ce.Synergies possiblesJean-Marie : C’est là où nous cheminons sur lemême chemin. Dans la mesure où tu et vous voulez<strong>en</strong> effet, par un souci de cohér<strong>en</strong>ce à la foiséthique, politique et stratégique faire valoir <strong>en</strong>synergie toutes les pot<strong>en</strong>tialités de la non-viol<strong>en</strong>ceet de l’anarchisme, alors cela me semble un défimajeur.André : C’est là-dessus que nous travaillons.Quand nous nous sommes retrouvés avec lesanci<strong>en</strong>s réfractaires à la guerre d’Algérie, unechose nous a surpris : c’est qu’on était vraim<strong>en</strong>ttrès proches les uns des autres. Que ce soit desg<strong>en</strong>s qui sont catholiques, ou pasteurs, on se s<strong>en</strong>taitvraim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> accord. J’ai s<strong>en</strong>ti des frères.DRPassée l’émotion, on s’est dit “qu’est ce qu’il y a ?”et on est tombés sur le mot “cohér<strong>en</strong>ce” par ceque tous autant qu’on est on recherche une cohér<strong>en</strong>ce.Jean-Marie : J’ai toujours p<strong>en</strong>sé et je p<strong>en</strong>se toujoursque l’ACNV, l’Action Civique Non-Viol<strong>en</strong>te,a été une action tout à fait remarquable. J’ai toujoursp<strong>en</strong>sé, même avec des différ<strong>en</strong>ces et c’estnormal, que le MAN est héritier de l’ACNV. Jecontinue à admirer le courage de ceux qui ontrefusé la guerre, et qui se sont retrouvés <strong>en</strong> prisonpour des années. Là, il y a eu quelque chose detout à fait fort, et qui dans l’historique du mouvem<strong>en</strong>tnon-viol<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France, a quelque chosede fondateur.André : Au sein de l’ACNV, nous nous sommesacceptés les uns les autres.Revues et universitairesMichel : Alors que la revue Alternatives non-viol<strong>en</strong>tesest accessible, je trouve la revue Réfractionsd’un niveau très universitaire, diff<strong>ici</strong>le à lire.André : C’est le problème des anarchistes : p<strong>en</strong>dantun temps on n’existait plus, il n’y avait plusd’universitaires, et maint<strong>en</strong>ant il y a de nouveauxdes universitaires, Ronald Craigh, Daniel Colsonet d‘autres.Jean-Marie : Il y a un problème franco-françaisavec l’université. La non-viol<strong>en</strong>ce n’est pas dutout acceptée dans l’université. Il y a un divorcetotal <strong>en</strong> France <strong>en</strong>tre la militance et l’université,1 2 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


qui n’existe pas dans les autres pays. En Italie et<strong>en</strong> Espagne, et même au Brésil et <strong>en</strong> Colombie, tuas des universitaires qui font des cours surGandhi et qui écriv<strong>en</strong>t des livres sur lui. Tandisqu’<strong>ici</strong> il n’y a pas un universitaire qui ait étudiéGandhi. Je dis toujours : si les universitairesavai<strong>en</strong>t étudié Gandhi comme ils ont étudiéMarx, la culture française serait différ<strong>en</strong>te. Ledanger c’est que pour pouvoir être crédibles, onva vouloir s’universitariser. Cela, je le refuse.André : Je me suis retrouvé avec quelques militantsparmi des universitaires pour faire leMaitron sur l’anarchisme. Mais on s<strong>en</strong>t que nousmilitants, on les gêne.Jean-Marie : L’universitaire p<strong>en</strong>se que le militantne peut pas avoir une réflexion sérieuse parcequ’il est toujours dans l’activisme, et donc il n’aaucune réflexion sur son action.Le cercle vertueux de lanon-viol<strong>en</strong>ce et de l’anarchismeMichel : La différ<strong>en</strong>ce que je vois <strong>en</strong>tre les anarset les écolos c’est leur milieu d’origine. Le milieuanar est beaucoup sorti du milieu ouvrier, lemilieu écolo est beaucoup sorti du milieu intello,bourgeois. Dans les luttes et les pratiques ondevrait tous bosser <strong>en</strong>semble, mais du fait de cesdiffér<strong>en</strong>ces culturelles d’origine, on n’agira pas dela même façon. Il y a des idées qui naiss<strong>en</strong>t à unmom<strong>en</strong>t donné, l’anarchisme il y a 150 ans, lanon-viol<strong>en</strong>ce, l’écologie c’est plus réc<strong>en</strong>t, ladécroissance c’est <strong>en</strong>core plus réc<strong>en</strong>t, et tout ça,ça se mélange, ça se diffuse et ça se mixte avec letemps.Jean-Marie : Tout ça est perçu comme marginal,et tout notre défi c’est de faire que ça devi<strong>en</strong>ne undébat sociétal. L’écologie y est mieux arrivée pourl’instant que la non-viol<strong>en</strong>ce.Michel : L’écologie, c’est parce qu’on voit ce quiarrive…Jean-Marie : Je m’excuse mais la viol<strong>en</strong>ce, onvoit non seulem<strong>en</strong>t ce qui arrive, mais on voit cequi est arrivé ! Comm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core croire à la viol<strong>en</strong>ce? Et comm<strong>en</strong>t ne pas croire à la non-viol<strong>en</strong>ce? Notre société a sacralisé la guerre commeétant la manifestation de la dignité d’une nation.Le problème est culturel. C’est pour ça que moninvestissem<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t est d’abord dedéconstruire la culture de la viol<strong>en</strong>ce.Michel : Il y a une militarisation de la société. Ilsont beaucoup travaillé sur la psychologie dugroupe, de l’individu… Beaucoup d’universitairesont travaillé pour l’armée sans le savoir.Jean-Marie : Quand j’<strong>en</strong>seignais à Sci<strong>en</strong>ces PôLyon sur les stratégies de l’action non-viol<strong>en</strong>te,j’étais invité à un colloque qui s’appelaitUniversité et Déf<strong>en</strong>se à Paris, organisé par leDRSecrétariat général de la déf<strong>en</strong>se nationale. Aucundes profs d’université ne faisait la moindre critiquede la dissuasion nucléaire. J’ai trouvé celatrès lâche. Ils l’acceptai<strong>en</strong>t comme un fait établi.J’étais le seul, <strong>en</strong> tant que militant, qui interv<strong>en</strong>aitpour contester la dissuasion nucléaire. Et c’estvrai que dans leurs laboratoires, ils avai<strong>en</strong>t de l’arg<strong>en</strong>tdu Ministère de la Déf<strong>en</strong>se. 30 % de larecherche universitaire est financée par l’armée.Guillaume Gamblin : La déf<strong>en</strong>se civile non-viol<strong>en</strong>teest aussi profondém<strong>en</strong>t anarchiste, parceque tu inverses la dissuasion militaire : ce n’estplus donner à l’Etat les moy<strong>en</strong>s de se déf<strong>en</strong>dre, ycompris contre son peuple, mais tu donnes aupeuple les moy<strong>en</strong>s de se déf<strong>en</strong>dre, y compriscontre son propre gouvernem<strong>en</strong>t.Jean-Marie : Et c’est une des raisons majeurespour lesquelles l’Etat n’<strong>en</strong> veut pas. C’est trèsimportant cela. C’est la même chose avec la désobéissancecivile. Pour l’Etat, sa force c’est l’obéissancedes citoy<strong>en</strong>s, donc il risque de ne pas <strong>en</strong>vouloir. Et le parti d’opposition lui-même risquede ne pas être solidaire, parce qu’il p<strong>en</strong>se aumom<strong>en</strong>t où il sera au pouvoir. Donc on est dansun cercle v<strong>ici</strong>eux, et c’est le cercle v<strong>ici</strong>eux de l’Etat.Il faut <strong>en</strong>trer dans le cercle vertueux de la non-viol<strong>en</strong>ceet de l’anarchisme, à la fois dans la noncoopérationet dans le programme constructif.> RéfractionsRevue trimestrielle derecherches et d’expressions surl’anarchisme, Réfractions animedes débats à thèmes sur dessujets contemporains. Elles’appuie sur un importantréseau international.■ Les Amis de Réfractions,c/o Librairie Publico145, rue Amelot, 75011 Paris,http://refractions.plusloin.org> Mouvem<strong>en</strong>t pourune alternative non-viol<strong>en</strong>teMouvem<strong>en</strong>t non-viol<strong>en</strong>tde réflexion et d’action né<strong>en</strong> 1974, le MAN estune association fédérantactuellem<strong>en</strong>t une vingtainede groupes locaux regroupant<strong>en</strong>viron 300 adhér<strong>en</strong>ts.Le MAN a pour objectif depromouvoir la non-viol<strong>en</strong>ceet de faire valoir sonapport spécifique dans la viequotidi<strong>en</strong>ne, dans l’éducationet dans les luttes sociales etpolitiques. Par la réflexion,l’action et la formationle MAN cherche ainsi àpromouvoir par la stratégi<strong>en</strong>on-viol<strong>en</strong>te une sociétéde justice et de liberté.■ MAN,114, rue de Vaugirard,75006 Paris,tél : 01 45 44 48 25,http://nonviol<strong>en</strong>ce.fr.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20081 3


débatQuelles bases communes <strong>en</strong>treanarchisme et non-viol<strong>en</strong>ce?Nous n’allions pas réunir deux p<strong>en</strong>seurs de l’anarchisme et de la non-viol<strong>en</strong>cesans faire un peu de philosophie et quelques détours par l’histoire...Histoire de voir, justem<strong>en</strong>t, si ces deux courants qui se retrouv<strong>en</strong>t parfoissur les mêmes “champs de bataille”, partag<strong>en</strong>t quelques sources communes…1 4à lireGandhi(1869-1948)Parcoursd’un citoy<strong>en</strong>peu ordinaireChristophe BouilletEd. Librio2007 - 94 pages - 2 €Très bon ouvrage pour uneapproche du parcours militant etpacifiste de l’homme que tout lemonde connaît au moins de nom.Sa vie est <strong>ici</strong> retracée de manièreclaire et concise et l’on yappr<strong>en</strong>d comm<strong>en</strong>t il <strong>en</strong> est v<strong>en</strong>uà être au cœur d’un mouvem<strong>en</strong>tnon-viol<strong>en</strong>t. Un bon aide-mémoirequant aux dates et faits importantsqui ont marqué son exist<strong>en</strong>ce.JP.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008Viol<strong>en</strong>ces et non-viol<strong>en</strong>cesanarchistes…André : Il y a quelques jours à la télé j’ai vu unefemme palestini<strong>en</strong>ne qui disait : “il ne faut pasnous confondre avec les anarchistes, partisansd’une révolution sanglante.” Voilà l’image quirevi<strong>en</strong>t sans cesse, les anarchistes sont des g<strong>en</strong>squi ont une bombe dans le dos, et j’avoue que çam’agace. Dans l’histoire <strong>en</strong> France, il y a unepériode, 1892-1894, qui est une période terroriste,plus tout un tas quand même d’actions viol<strong>en</strong>tesdans l’histoire, pas plus viol<strong>en</strong>tes que chezles communistes, les catholiques… c’est général!Je ne veux pas faire de calculs, mais j’aimeraissavoir combi<strong>en</strong> de personnes les anarchistes onttué, et combi<strong>en</strong> <strong>en</strong> ont tué les autres. Il n’y a vraim<strong>en</strong>taucune comparaison.Jean-Marie : Oui, mais ça, c’est quantitatif. Tousles chiffres peuv<strong>en</strong>t être avancés. C’est vrai quel’anarchisme, selon l’idéologie bourgeoise, a uneréputation de chaos, de désordre et de viol<strong>en</strong>ce.Personnellem<strong>en</strong>t je ne me situe pas dans cetteproblématique de l’idéologie dominante. La questionc’est que les p<strong>en</strong>seurs anarchistes ou lesacteurs de l’anarchisme ont – parfois ?, souv<strong>en</strong>t?- justifié et recouru à la viol<strong>en</strong>ce.Je suis fasciné par Simone Weil, qui était une personnalitéextraordinaire. Elle était totalem<strong>en</strong>tsolidaire des anarchistes espagnols. Au mom<strong>en</strong>tde la guerre d’Espagne, elle va <strong>en</strong> Espagne et s’<strong>en</strong>gagedans la section commandée par Durruti, quiest très précisém<strong>en</strong>t anarchiste. Là elle fait uneexpéri<strong>en</strong>ce terrible : elle est partie faire la révolutionet elle s’aperçoit qu’elle fait la guerre. Danssa lettre à Georges Bernanos, elle dit qu’elle estbi<strong>en</strong> obligée de reconnaître que ses amis anarchistes,qu’elle aimait et qu’elle aime toujours,r<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t leur idéal par la pratique de laviol<strong>en</strong>ce. Ce n’est pas anecdotique.Je suis solidaire politiquem<strong>en</strong>t de ceux dont lacause reste juste malgré la viol<strong>en</strong>ce, mais j’ai uneclause de consci<strong>en</strong>ce que je fais valoir par rapportaux méthodes. D’autant plus que je crois que laviol<strong>en</strong>ce se retourne complètem<strong>en</strong>t contre l’idéalqu’ils veul<strong>en</strong>t mettre <strong>en</strong> œuvre.André : La guerre civile <strong>en</strong> Espagne, c’était ça, ous’<strong>en</strong> aller. Il vaut mieux être viol<strong>en</strong>t, disaitGandhi, plutôt que lâche, donc certains anarchistesont choisi la guerre contre Franco. Moi jesuis <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t d’accord quand on va condamnertoutes les viol<strong>en</strong>ces, tous les excès, et tout ça,mais ce n’est pas tous les anarchistes.H<strong>en</strong>ri Ner, un philosophe français qui signaitsous le pseudo d’Han Ryner, partisan de la nonviol<strong>en</strong>ce,a fait un travail important sur ceux quiont déf<strong>en</strong>du une politique de la non-viol<strong>en</strong>ce àcette époque. Pierre Ramus un Autrichi<strong>en</strong> mort<strong>en</strong> 1942, qui s’est échappé de l’Autriche où il avaitété <strong>en</strong> camp, était un militant anarchiste quidéf<strong>en</strong>dait la non-viol<strong>en</strong>ce. Dans une petite brochure,il fait vraim<strong>en</strong>t la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la guerreet la révolution sociale. En Espagne il y a euquand même une révolution sociale qui s’est faitsans meurtre, sans tuerie. Or ça, ça a été occultécomplètem<strong>en</strong>t par tous les histori<strong>en</strong>s. Montronsque les anarchistes ont fait des choses positives.Parlons des éducateurs anarchistes commeSébasti<strong>en</strong> Faure, Paul Robin, etc., et arrêtons dedire que les anarchistes ont toujours une bombedans la main.Jean-Marie : Je suis tout à fait d’accord pourrécuser cette image-là. Ça c’est le brouillard autravers duquel le concept d’anarchisme est souv<strong>en</strong>tregardé. Ma conviction rejoint ce que j’avaisappelé dans mon livre l’Evangile de la non-viol<strong>en</strong>ce,qui date de 1969, « la vérité de l’intuitionanarchiste”. L’expression peut paraître faible,mais pour moi elle est très forte.Ce que j’essaie de conceptualiser, c’est cetteobsession de trouver des alternatives. C’est cepour quoi je m’éloigne parfois de l’anarchismecomme du pacifisme quand il me semble qu’on secont<strong>en</strong>te peut être trop facilem<strong>en</strong>t de cette positionde contestation et de révolte.Récuser la viol<strong>en</strong>ce étatiqueJean-Marie : Où je me s<strong>en</strong>s moi-même anarchiste,c’est dans le fait de récuser le concept d’Etat.C’est effectivem<strong>en</strong>t une converg<strong>en</strong>ce radicaleavec la non-viol<strong>en</strong>ce. Je suis d’accord quand la


p<strong>en</strong>sée anarchiste récuse la légitimité de la viol<strong>en</strong>cede l’Etat pour assurer l’ordre. Non seulem<strong>en</strong>tl’Etat totalitaire, mais aussi l’Etat démocratique,sont fondés sur « le monopole de laviol<strong>en</strong>ce légitime sur un territoire”, pourrepr<strong>en</strong>dre la célèbre formule de Max Weber. Lesmoy<strong>en</strong>s de la viol<strong>en</strong>ce de l’Etat sont la police, lajustice et l’armée. Déjà Jean-Jacques Rousseaudisait que l’Etat confisque à son profit la viol<strong>en</strong>ceet l’interdit aux citoy<strong>en</strong>s. Il y a finalem<strong>en</strong>t uneimpunité des ag<strong>en</strong>ts de l’Etat dans la pratique dela viol<strong>en</strong>ce illégitime à l’<strong>en</strong>contre des citoy<strong>en</strong>s.On r<strong>en</strong>contre <strong>ici</strong> le problème des “incivilités pol<strong>ici</strong>ères”par rapport aux jeunes des banlieues : leharcèlem<strong>en</strong>t des contrôles au faciès, l’injure, letutoiem<strong>en</strong>t déjà, etc., c’est inacceptable. Après, ily a tout le problème qui est lié à la trilogie, police-justice-prison.Tout le système carcéral dansnos sociétés est un scandale.Je rejoins donc l’intuition anarchiste dans sa critiquede l’Etat <strong>en</strong> tant que monopole des moy<strong>en</strong>slégitimes de la viol<strong>en</strong>ce.Autogestion et institutionsJean-Marie : Dans le chapitre “anarchisme” demon Dictionnaire de la non-viol<strong>en</strong>ce, j’écris :“L’idéal d’une société non-viol<strong>en</strong>te correspondbi<strong>en</strong> aux vœux de l’anarchisme : l’ordre socialn’est plus assuré par la contrainte viol<strong>en</strong>te del’Etat ; mais par l’autonomie des citoy<strong>en</strong>s qui secomport<strong>en</strong>t selon les exig<strong>en</strong>ces de la non-viol<strong>en</strong>ce.Cep<strong>en</strong>dant, la philosophie politique de lanon-viol<strong>en</strong>ce ne présuppose pas la suppressiondes conflits, mais la possibilité de les réguler pardes méthodes non-viol<strong>en</strong>tes. Elle n’implique pasla disparition de toute autorité politique, maiselle favorise la possibilité d’exercer le pouvoirsans recourir normalem<strong>en</strong>t aux moy<strong>en</strong>s de lacoercition.”. Il faudra bi<strong>en</strong> une organisation.André : Ce qui n’implique pas une organisationpyramidale.Jean-Marie : Certainem<strong>en</strong>t et cela rejoint aussil’intuition autogestionnaire. J’ai précisém<strong>en</strong>t écritun article sur l’“Autogestion”. Il y a un mot quime semble ess<strong>en</strong>tiel dans notre vocabulaire, c’estle mot d’institution. Il ne peut pas y avoir desociété sans institutions politiques.André : C’est un débat chez les anarchistes, jevous r<strong>en</strong>voie à la revue Réfractions. Je suis assezd’accord avec cela.Jean-Marie : Si on est d’accord sur la nécessitédes institutions, celles-ci doiv<strong>en</strong>t être les plusdéc<strong>en</strong>tralisées possibles. C’est le mouvem<strong>en</strong>t debas <strong>en</strong> haut qui doit prévaloir, alors que dansl’Etat c’est le mouvem<strong>en</strong>t de haut <strong>en</strong> bas qui prévaut.Il faut que les citoy<strong>en</strong>s s’organis<strong>en</strong>t, économiquem<strong>en</strong>tet politiquem<strong>en</strong>t, à la base.De l’utopieà l’“administration des choses”Jean-Marie : La difficulté, après avoir condamnéles viol<strong>en</strong>ces de l’Etat, c’est comm<strong>en</strong>t on s’organise? C’est le même problème avec les pacifistes,une fois qu’on a condamné l’armée, comm<strong>en</strong>t onse déf<strong>en</strong>d ? Je p<strong>en</strong>se que l’anarchisme est à l’Etatce que le pacifisme est à l’armée. C’est toujoursplus facile de condamner que de construire. Laquestion, c’est de savoir quelles sont les alternatives.Quelles sont les alternatives à l’armée pourse déf<strong>en</strong>dre quand il faut se déf<strong>en</strong>dre, et quellessont les alternatives à l’Etat quand il faut s’organiser? Il n’y a pas de jeu possible sans règles dujeu. Donc finalem<strong>en</strong>t il n’y a pas de société possiblesans lois.La désobéissance civile récuse la doctrine del’Etat tout-puissant, mais elle ne récuse pas leprincipe de la loi. Dans tous les tribunaux, onnous dit que le fondem<strong>en</strong>t de la citoy<strong>en</strong>neté c’estl’obéissance à la loi, donc l’obéissance à l’Etat. Lap<strong>en</strong>sée non-viol<strong>en</strong>te récuse fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>tcela <strong>en</strong> disant que ce qui fonde la citoy<strong>en</strong>neté c<strong>en</strong>’est pas l’obéissance ni la discipline, mais la responsabilité.Je suis responsable de ce que j’accomplispar obéissance à la loi.Pour moi l’anarchisme c’est l’ordre parfait où chacunest autonome. Mais vouloir une société oùchacun se donne à lui-même sa propre loi, c’estêtre déjà dans l’utopie. On peut rêver d’une sociétéoù chacun est autonome <strong>en</strong> se comportant visà-visde son prochain selon la règle de l’éthique,de lui-même et par lui-même, sans aucunecontrainte extérieure. La réalité ne permet pas deréaliser ce rêve. Donc, il faudra bi<strong>en</strong> imaginer unsystème de lois qui puisse contraindre sans viol<strong>en</strong>ce,<strong>en</strong> privilégiant les méthodes de résolutionnon-viol<strong>en</strong>te des conflits. Parce qu’il y aura toujoursdes conflits dans une société, il faut t<strong>en</strong>terde pouvoir les résoudre par les moy<strong>en</strong>s de la nonviol<strong>en</strong>ce.Ce n’est pas simple et nous serons toujoursdans le compromis. Mais nous avons unegrande marge de manœuvre.André : Tu revi<strong>en</strong>s beaucoup sur la loi. Moi jepréfèrerais le droit. Parce que la loi ça vi<strong>en</strong>t del’Etat, tandis que le droit ça peut être un droitqu’on a créé <strong>en</strong>semble. Comm<strong>en</strong>t on s’organise ?Moi j’ai le souv<strong>en</strong>ir de cette expéri<strong>en</strong>ce avecl’Action civique non-viol<strong>en</strong>te, on s’est organisés<strong>en</strong> fonction de l’action, <strong>en</strong> fonction des g<strong>en</strong>s quiétai<strong>en</strong>t là, et vraim<strong>en</strong>t il n’y a jamais eu aucunproblème. Et puis une fois que c’était fini on s’estséparés, tout <strong>en</strong> restant très bons amis. Il ne s’agitpas d’adhérer à une organisation. L’organisationc’est un outil, on s’<strong>en</strong> sert, et puis quand c’est fini,on la jette.Jean-Marie : C’est vrai que le problème de l’organisationdes actions peut être assez facilem<strong>en</strong>trésolu. Mais tu m’accorderas que ce n’est pas laà lireAnthologiede la conneriemilitaristed’expressionfrançaisevolume 3Luci<strong>en</strong> SerouxAAEL2007 - 270p. - 13 €Comm<strong>en</strong>t les ecclésiastiques,militaires, polit<strong>ici</strong><strong>en</strong>s, <strong>en</strong>seignants,journalistes et autresécrivains, tous patriotards, chauvins,nationalistes, “pousse aucrime” très obtus aurai<strong>en</strong>t-ils puimaginer que leurs lignes plaiderai<strong>en</strong>tplus tard pour le pacifisme,l’antimilitarisme, et l’antidéisme? Paradoxe ?Tour de force <strong>en</strong> tout cas, etsurtout pati<strong>en</strong>ce, travail passionné,acharnem<strong>en</strong>t sans doute,humour et finesse d’esprit,de la part de Luci<strong>en</strong> Seroux.Toutes ces citations sont triéeset réunies par thèmes, et dansce volume, il s’agit d’évoquerl’alliance du sabre et du goupillon,puis celle de la plumeet du sabre.Ce bouquin peut être lu commeun roman ou un livre d’histoire.Il peut aussi et c’est trèsludique, être ouvert au hasard etservir de prétexte aux jeux lesplus antimilitaristes, tout <strong>en</strong>faisant travailler méningeset mémoire.Jean-François Amary.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20081 5


débatGandhi, sageet stratège dela non-viol<strong>en</strong>ceJean-Marie Mulleret Alain Refalo,C<strong>en</strong>tre de ressourcessur la non-viol<strong>en</strong>ce(11, allée de Guérande,31770 Colomiers),2007 - 88 p. - 7,60 €La force de Gandhi c’est le choixde la non-viol<strong>en</strong>ce, mais aussiune grande stratégie politique.Ce recueil prés<strong>en</strong>te ce côté stratégique,avec notamm<strong>en</strong>t des traductionsinédites de textes deGandhi. FV.Le débat a été animépar Guillaume Gamblinet Michel Bernard. Aprèsretranscription des débatset résumés de ceux-ci,ils ont été complétés parles deux protagonistes.1 6 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008même chose d’organiser une société. Pour l’organisationd’une société, j’<strong>en</strong> suis v<strong>en</strong>u à récuser leconcept d’Etat au profit du concept de gouvernem<strong>en</strong>t.André : Proudhon aurait dit “administration deschoses”, pas gouvernem<strong>en</strong>t.Jean-Marie : Oui, <strong>en</strong> effet, comm<strong>en</strong>t administrerles choses ? Je peux très bi<strong>en</strong> me retrouver danscette problématique-là. De même, je suis bi<strong>en</strong>d’accord avec toi quand tu dis “c’est le droit quidoit primer”. Mais, précisém<strong>en</strong>t, la bonne loi ditle droit et d’abord le droit des plus faibles, et lefait respecter. De même que le bon gouvernem<strong>en</strong>test celui qui administre bi<strong>en</strong> les choses.Je ne pars pas de l’idéal d’une société non-viol<strong>en</strong>te,que je vais essayer de plaquer sur la réalité. Jepars de la réalité de la société qui est viol<strong>en</strong>te etj’essaie de voir, très humblem<strong>en</strong>t, ce qui est possible.Je p<strong>en</strong>se que c’est la même démarche qu’ilnous faut faire au niveau de l’anarchisme. Nonpas rêver d’une société idéale, où chacun est autonome,où tout le monde est bon et g<strong>en</strong>til, mais departir de la réalité, et voir quels sont les pas <strong>en</strong>avant que nous pouvons faire. Non pas rêver l’impossible,mais inv<strong>en</strong>ter le possible.André : J’ai fréqu<strong>en</strong>té beaucoup d’Espagnols etde fils d’Espagnols qui avai<strong>en</strong>t fait cette révolutionet cette guerre, et quand je lis ces histoiresqui sont “évangéliques”, je me dis, “c’est pas possibleque ces paysans, ces ouvriers, qui n’avai<strong>en</strong>taucune culture, ils se soi<strong>en</strong>t mis à faire des collectivitésqui fonctionnai<strong>en</strong>t, où ils ont supprimél’arg<strong>en</strong>t…”Un copain espagnol plus âgé me racontait comm<strong>en</strong>tDurruti arrive dans un village, il fait ungrand discours au balcon de la mairie, “camarades,il faut vous mettre <strong>en</strong> collectivité”, et lespaysans se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> collectivité, et ça marchetout seul ! Je dis “c’est pas possible, il nousraconte des histoires”, et il me dit non, parce queça fait 3-4 générations de militants qui tous lesjours on réfléchi, même des g<strong>en</strong>s qui ne savai<strong>en</strong>tpas lire, à comm<strong>en</strong>t on va changer la société, comm<strong>en</strong>tça peut se passer, et au mom<strong>en</strong>t où il y a euun trou, là il n’y a plus de patron, il n’y a plus depropriétaire dans les campagnes, donc les paysansmett<strong>en</strong>t les terres <strong>en</strong> commun… ça s’est faitun peu naturellem<strong>en</strong>t. Mais je sais qu’actuellem<strong>en</strong>t,<strong>en</strong> 2007, ça ne peut pas se passer commeça, donc on a à réinv<strong>en</strong>ter quelque chose.Et dieu dans tout ça ?Jean-Marie : Je suis <strong>en</strong> train de terminer un livrequi devrait s’appeler Désarmer Dieu. Et j’essaie dedire que tant que les hommes auront la représ<strong>en</strong>tationd’un dieu viol<strong>en</strong>t, ils seront viol<strong>en</strong>ts.Notre combat est commun contre la religion <strong>en</strong>tant que source d’aliénation et de viol<strong>en</strong>ce.André : On peut être viol<strong>en</strong>t sans dieu.Jean-Marie : Bi<strong>en</strong> sûr, mais le problème, c’estque quand tu es viol<strong>en</strong>t avec Dieu, d’abord ça faitbeaucoup de g<strong>en</strong>s sur la planète, et puis tu l’es<strong>en</strong>core plus, car dès lors que tu peux rev<strong>en</strong>diquerque “Dieu est avec toi” ta viol<strong>en</strong>ce devi<strong>en</strong>t sainte.Michel : Si Jésus Christ n’est pas viol<strong>en</strong>t, l’Eglisel’est. C’est la hiérarchie, et la déf<strong>en</strong>se de son pouvoir,lorsqu’il est contesté, qui décl<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t desguerres ou des massacres comme celui de la SaintBarthélemy.Jean-Marie : Je vais plus loin, car je p<strong>en</strong>se queJésus a désarmé Dieu de l’épée de la Guerre, maisqu’il n’a pas désarmé Dieu du glaive de la Justice.Dans l’Evangile, tu as <strong>en</strong>core toute la m<strong>en</strong>ace del’<strong>en</strong>fer éternel. Et ce n’est pas acceptable… Onparlait de la Saint Barthélemy : comm<strong>en</strong>t tu peuxarriver à brûler un autre homme ? Moi j’avoueque je ne compr<strong>en</strong>ds pas… Il faut être dev<strong>en</strong>ufou ! Cette folie, c’est une folie divine, c’est à direque c’est la folie de Dieu. C’est l’image de l’<strong>en</strong>fer.C’est à cause de l’<strong>en</strong>fer que l’on peut brûler deshérétiques par ant<strong>ici</strong>pation de l’<strong>en</strong>fer. Le problèmec’est que le vrai Dieu, on ne sait peut-être pass’il existe ou s’il n’existe pas, mais les faux dieux,on sait qu’ils exist<strong>en</strong>t. Il est urg<strong>en</strong>t de dev<strong>en</strong>irathée de tous ces faux dieux. Donc il faut allerplus loin même que Jésus, qui lui a gardé la foidans le dieu noir de l’<strong>en</strong>fer.André : Si l’islam, comme le christianisme,l’anarchisme, sont bi<strong>en</strong> compris, c’est toujours unmessage d’amour. Le problème c’est qu’on lescompr<strong>en</strong>d mal.Jean-Marie : C’est plus compliqué que ça. Leproblème des guerres de religion du 16e siècle,c’est qu’ils repr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t des textes de l’Anci<strong>en</strong>Testam<strong>en</strong>t. Donc ce n’est pas qu’un problèmed’interprétation, c’est un problème de rupture.André : Je crois qu’il y a aussi un problème derupture pour l’anarchisme, car par rapport à lapériode “terroriste”, 1892-1894, tout de suitederrière il y a eu des g<strong>en</strong>s qui se sont lancés dansle syndicalisme. Et je p<strong>en</strong>se que ça a été une rupture,c’est quelque chose de très positif pourl’anarchisme. Maint<strong>en</strong>ant, je p<strong>en</strong>se qu’il pourraity avoir une rupture vers la non-viol<strong>en</strong>ce. Je s<strong>en</strong>sdes petites choses comme ça… mais il y a <strong>en</strong>coreun boulot énorme à faire pour cela.Il y a un slogan anarchiste qui dit “ni Dieu nimaître”, Jean van Lierde préférait dire “sansmaître, mais avec Dieu”. Je crois que ça peutgêner. Car je crois qu’il y a des anarchistescroyants qui aurai<strong>en</strong>t leur place dans le mouvem<strong>en</strong>tlibertaire. Mais c’est à eux à s’imposer. Il ya certains croyants qui sont plus anars que lesanarchistes.Michel : J’interviewais Jean-Baptiste Libouban ily a quelques années, il se définissait comme anarchisteet croyant. Les communautés de l’Arche, jep<strong>en</strong>se qu’on peut les dire anarchistes.André : Je me s<strong>en</strong>s parfaitem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> à l’Arche.Et justem<strong>en</strong>t, à l’Arche, on <strong>en</strong> p<strong>en</strong>se quoi ?


paixS’unir dans l’actionsans perdre son âmeInterpellé suite au débat anarchisme et non-viol<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> tant qu’anci<strong>en</strong>responsable de la CANVA (Coordination de l’action non-viol<strong>en</strong>te de l’Arche),je propose d’apporter mon point de vue, à titre complém<strong>en</strong>taire,non pour invalider d’autres affirmations. Aussi pour rappelerles convictions de Christian Brunier, décédé <strong>en</strong> 2004.COT-AlbiManifestation devant Eurosatory <strong>en</strong> 2002.J’ai part<strong>ici</strong>pé plusieurs années aux actionscontre le salon EuroSatory, et à deuxreprises <strong>en</strong> tant qu’organisateur de cettecampagne, <strong>en</strong> binôme avec Christian Brunier, duMAN.Nous avions milité des années, dans le cadre de laCOVA (Campagne d’opposition aux v<strong>en</strong>tesd’armes) avec des personnes issues de mouvem<strong>en</strong>tshabitués à travailler <strong>en</strong>semble bi<strong>en</strong> queparfois très éloignés les uns des autres sur laconception de la non-viol<strong>en</strong>ce, de la responsabilitécitoy<strong>en</strong>ne, sur l’intérêt ou non d’échanger desinformations avec les responsables des <strong>en</strong>treprisesde l’armem<strong>en</strong>t, des organisateurs dessalons EuroSatory, avec les responsables des servicesde sécurité et de la police locale. Ces mouvem<strong>en</strong>tsétai<strong>en</strong>t — j’<strong>en</strong> oublie bi<strong>en</strong> sûr — : MAN,MIR, Arche, UPF, Quakers, IRG, Femmes pour laPaix, Pax Christi… la plupart réunis au sein de laCoordination des Mouvem<strong>en</strong>ts non-viol<strong>en</strong>ts.Complexité d’organisationTout rassemblem<strong>en</strong>t, toute manifestation ouaction… non-viol<strong>en</strong>tes demande, chacun le sait,une organisation “minimum”. Le MAN <strong>en</strong> particulier,sout<strong>en</strong>ue par cette coordination non-viol<strong>en</strong>te,a longtemps assumé cette organisation desactions de la COVA. Les disponibilités se faisantplus rares au sein du MAN, Christian, avec qui jecollaborais pour d’autres <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts, notamm<strong>en</strong>tle Balkan Peace Team, m’a demandé de formeréquipe avec lui pour préparer et <strong>en</strong>cadrer lesactions contre EuroSatory.Tout naturellem<strong>en</strong>t, nous avons comm<strong>en</strong>cé parcontacter les mouvem<strong>en</strong>ts ci-dessus et des personnesque nous savions prêtes à s’investir danscette campagne ; personnes r<strong>en</strong>contrées lorsd’autres rassemblem<strong>en</strong>t (anti-nucléaire, souti<strong>en</strong>aux étrangers, etc.), ou ayant contactées certainsde nos mouvem<strong>en</strong>ts.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20081 7


paixC’est ainsi que nous avons, Christian et moi, r<strong>en</strong>contrédes militants issus de mouvem<strong>en</strong>ts oucourants ne se référant pas expl<strong>ici</strong>tem<strong>en</strong>t à lanon-viol<strong>en</strong>ce, et pour certains se reconnaissantplus ou moins dans le terme “anarchiste”.Ma mémoire ayant des failles, je ne pourrais citerles groupes avec lesquels nous avons fait de nombreusesréunions de préparation avant les manifestationsdevant EuroSatory. Je me souvi<strong>en</strong>s desobjecteurs du COT (Comité des objecteurs tarnais,qui fédérai<strong>en</strong>t beaucoup plus que les objecteursdu Tarn), des militants de Gre<strong>en</strong>peace, leCAAT (Campaign Against Arms Trade) quej’avais r<strong>en</strong>contré à Londres, un groupe de militantsdes Pays-Bas, et parmi toutes ces personnescertaines assez proches de la non-viol<strong>en</strong>ce gandhi<strong>en</strong>ne,d’autres très dubitatives, voir critiques.Ainsi que des militants de la CNT (nous avionsfait deux réunions dans les locaux de laConfédération nationale du travail) répertoriéecomme syndicat anarcho-syndicaliste et syndicalisterévolutionnaire, militants avec qui nous avons,non sans quelques joutes oratoires, trouvé lesconverg<strong>en</strong>ces suffisantes pour nous mettre d’accordsur les journées d’actions contre EuroSatory.Manifestation devant l’<strong>en</strong>trée du salon <strong>en</strong> 2002.Se mettre d’accord, cela ne veut pas forcém<strong>en</strong>tdire être d’accord sur tout. Il me semble contreproductifde vouloir motiver des non-viol<strong>en</strong>tsgandhi<strong>en</strong>s avec un texte de mobilisation typiquem<strong>en</strong>tanar, et inversem<strong>en</strong>t. A chacun sa culture,ses valeurs, sa rhétorique, son style. Néanmoins,s’unir sur une campagne d’actions reste possiblesans y perdre son âme, et j’ajouterais queChristian Brunier et moi t<strong>en</strong>ions beaucoup à cetteCanvarichesse. Certes cela demande plus d’énergie qued’organiser des actions avec des militants d’unemême confession, si je peux me permettre ceterme pas très anar !Gérer notre diversitéOui, j’affirme qu’il est possible de conjuguer plusieurscourants dans une action. Le sil<strong>en</strong>ce et lat<strong>en</strong>ue stricte de certains gard<strong>en</strong>t leur valeur, leurpertin<strong>en</strong>ce, lorsque d’autres font le plus de tintamarrepossible, vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ue plus extravagante,voire provocante. Et si certains mots“agressifs” fus<strong>en</strong>t, si certains regards peuv<strong>en</strong>t êtreperçus comme des signes d’hostilité, acceptonsles.La maîtrise gandhi<strong>en</strong>ne peut être, elle aussi,perçue comme hautaine par certaines personnestravaillant sans gaité de cœur dans l’armem<strong>en</strong>t.Et si un militant “viol<strong>en</strong>t” crache <strong>en</strong> directiond’un opposant, cela est à mes yeux une erreur certaine,dommageable, et à nous organisateurs d’<strong>en</strong>cadrerce militant, d’écouter sa rébellion et luifaire admettre les règles de bases définies pourcette action. A nous aussi, dans la mesure du possible,de parler avec la personne visée par ce gestedéplaisant, pour lui faire part de notre considérationet respect.Je me souvi<strong>en</strong>s qu’une année j’étais chargé ducontact avec les services de sécurité d’EuroSatoryet avec les forces de l’ordre. Le cortège des manifestantsavait quelque peu “bousculé” le cordonde gardes-mobiles qui <strong>en</strong>cadrai<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>trée, bloquantainsi toute <strong>en</strong>trée ou sortie. LeCommissaire du salon nous avait dit, lors d’uner<strong>en</strong>contre dans les semaines précéd<strong>en</strong>t les manifs,qu’il demanderait aux forces de l’ordre d’empêchertout blocage des portails. Je me souvi<strong>en</strong>savoir alors négocié avec le responsable des forcesde l’ordre la mise <strong>en</strong> place d’un no man’s land dequatre mètres <strong>en</strong>tre les deux “camps”, pour éviterles face à face trop t<strong>en</strong>dus. Il a résisté un temps,puis a fait reculer ses hommes de deux mètres. Ilm’a fallu dép<strong>en</strong>ser beaucoup plus d’énergie et deforce de persuasion pour faire reculer les manifestantsde deux mètres !Je suis convaincu qu’à l’issue de telles manifestations“plurielles”, nous avons les uns et les autresplus appris que si nous étions restés les “anars”d’un coté, les “non-viol<strong>en</strong>ts” de l’autre. Et quebi<strong>en</strong> sûr le message passe mieux auprès des personnesplus ou moins impliquées dans les v<strong>en</strong>tesd’armes. Eux aussi ont certainem<strong>en</strong>t des “couleurs-valeurs”assez différ<strong>en</strong>tes les uns des autres.Michel Nodet ■Communauté de l’Arche de Saint-Antoine.1 8 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


COT-AlbiDie-in ou simulation de mort devant l’<strong>en</strong>trée du salon <strong>en</strong> 2002.Différ<strong>en</strong>ces de méthodesP<strong>en</strong>dant plus de dix ans, l’Arche s’est opposée àEurosatory, ce salon infâme, avec des actionsfortes certaines années, mais avec, toujours <strong>en</strong>toile de fond, l’idée d’une vigile perman<strong>en</strong>te d’interpellationde la consci<strong>en</strong>ce des fabricantsd’armes, v<strong>en</strong>deurs, acheteurs, journalistes, pol<strong>ici</strong>ers.Des incompréh<strong>en</strong>sions sur les méthodes d’actionont parfois fait des vagues <strong>en</strong>tre nous, dues,semble-t-il, à une abs<strong>en</strong>ce de débriefing communet d’une analyse <strong>en</strong> profondeur, dues aussi à ladiffér<strong>en</strong>ce d’âge et de générations <strong>en</strong>tre les derniers,jeunes, fougueux et les militants de l’Archeet les Quakers, plus portés par la prés<strong>en</strong>ce sil<strong>en</strong>cieuseet informative.Toutefois, quelques actions rest<strong>en</strong>t de bons souv<strong>en</strong>irscomme la distribution de tracts et l’informationdonnée aux messieurs-dames BC-BG dela place V<strong>en</strong>dôme, expliquant que les diamantsdont ils raffol<strong>en</strong>t sont souv<strong>en</strong>t échangés contredes armes, même à des degrés off<strong>ici</strong>els (cf. “LaFrançafrique” de François-Xavier Verschave). Parcontre certaines actions nous ont paru inadéquates: comm<strong>en</strong>t un garçon couvert de ketchupcouché par terre devant la sortie de métro près dusalon peut-il être assimilé à une opposition réfléchieet appeler à la consci<strong>en</strong>ce ? Les g<strong>en</strong>s sedétourn<strong>en</strong>t écœurés et ne lis<strong>en</strong>t même pas le tractdistribué à côté.Une réflexion s’est faite <strong>en</strong>tre non-viol<strong>en</strong>ts sur laportée de nos actions. Nous avons pris consci<strong>en</strong>ceque si nos belles banderoles et nos tracts n<strong>en</strong>ous attirai<strong>en</strong>t pas les foudres pol<strong>ici</strong>ères, c’estqu’ils n’étai<strong>en</strong>t pas gênants, d’autant plus que lesconsci<strong>en</strong>ces qu’on voulai<strong>en</strong>t interpeller ont des<strong>en</strong>trées et un circuit bi<strong>en</strong> loin de l’<strong>en</strong>tréepublique. Il fallait donc gêner pour avoir unechance d’être efficaces.Une nouvelle réflexion nous a décidé à rejoindreAmnesty international, le CDRPC, C<strong>en</strong>tre dedocum<strong>en</strong>tation et de recherche sur la paix et lesconflits, Agir <strong>ici</strong>, etc. au sein du Collectif pour lecontrôle des transferts d’armes, dev<strong>en</strong>u depuisControl arms au niveau international.En fait, les luttes et oppositions peuv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dreune multitude de visages et aucune forme n’est àdélaisser, elles sont toutes complém<strong>en</strong>taires… <strong>en</strong>veillant cep<strong>en</strong>dant à ce que certaines formes nedesserv<strong>en</strong>t pas la cause. Ce qui manque peut-êtrele plus, ce sont des jeunes, motivés, prêts à s’investiret pr<strong>en</strong>dre des responsabilités pour assurerla relève de ceux qui demand<strong>en</strong>t grâce.Enfin, je ne peux terminer sans rappeler un passagedu discours du Pape Jean-Paul II à l’ONU le2 octobre 1979 : “Les préparatifs de guerre continuelsque manifeste <strong>en</strong> divers pays la productiond’armes toujours plus nombreuses et plus sophistiquées,montr<strong>en</strong>t qu’on veut être prêt à la guerre, etêtre prêt veut dire être <strong>en</strong> mesure de la provoquer”.Thérèse Mercy ■> Forces limitéesJuste deux mots de ma part :A l’occasion des manifestationscontre Eurosatory <strong>en</strong> 2000,nous avons été assez admiratifsde l’action organisée par lecollectif Fermons Eurosatorydans les sous-sols de laPyramide du Louvre p<strong>en</strong>dantle banquet offert aux v<strong>en</strong>deurset aux acheteurs du salonde l’armem<strong>en</strong>t. Bravo !En 2002, bi<strong>en</strong> que <strong>en</strong>gagés dansdes manifestations différ<strong>en</strong>tes,nous avons eu le plaisir d’êtreembarqués dans le même carde police direction lecommissariat de Place d’Italieà Paris où nous nous sommesretrouvés dans le même bain.Souv<strong>en</strong>ir sympathique de jeuneset moins jeunes réunis pourla même cause….En 2004 et <strong>en</strong> 2006, la Canvan’a pas eu assez de forces pourcontinuer la prés<strong>en</strong>ce àEurosatory, étant <strong>en</strong>gagée dansle Salon Initiatives de Paix quis’est t<strong>en</strong>u à peu près aux mêmesdates. Mais, sur notre stand,nous avons distribué auxvisiteurs au moins un millierde dépliants qui prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>tla grande foire aux armes ainsique nos protestations.Anna Massina,anci<strong>en</strong>ne coordinatricede la Canva.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20081 9


paix>Mise <strong>en</strong> place d’un mémorial sur la plage de Santa Monica (Californie) le 24 octobre 2007 :un panneau explique que l’on a autant de croix que de soldats US morts… et que la plag<strong>en</strong>e serait pas assez grande s’il fallait représ<strong>en</strong>ter aussi les morts iraki<strong>en</strong>s.Bush dégoût> Irak : troupes d’interv<strong>en</strong>tion jusqu’à quand ? Normalem<strong>en</strong>t, lesNations Unies avai<strong>en</strong>t couvert la force d’interv<strong>en</strong>tion américaine pourun contrat qui expirait fin 2007. Mais le gouvernem<strong>en</strong>t iraki<strong>en</strong>, mis <strong>en</strong>place par les Etats-Unis, a fait la demande d’une prolongation d’aumoins un an. Ri<strong>en</strong> n’indique qu’il soit possible aujourd’hui aux Etats-Unis de retirer ses militaires sans immédiatem<strong>en</strong>t plonger <strong>en</strong>core plusouvertem<strong>en</strong>t l’Irak dans une guerre civile.> Guerre civile <strong>en</strong> Irak. Après cinq ans de guerre, le nombre devictimes n’est pas connu. Seule certitude, la majorité sont des civilset la proportion de civils est de plus <strong>en</strong> plus importante. Fin 2007,le nombre de morts était estimé <strong>en</strong>tre 47 700 civils (Iraq Body Count)à 600 000 (Université J.Hopkins, USA et Université AP-Mustansyriade Bagdad). Les services de l’ONU sont tout aussi dans le flou : <strong>en</strong>tre114 000 et 223 000 civils tués.> Pillage des sem<strong>en</strong>ces. Non seulem<strong>en</strong>t, les Etats-Unis ont provoquéune guerre civile <strong>en</strong> Irak, mais <strong>en</strong> plus, <strong>en</strong> violation de tous les traitésinternationaux, ils ont fait adopter l’ordonnance 81 du 26 avril 2004qui permet aux multinationales comme Monsanto, Syng<strong>en</strong>ta et DowChemicals de mettre la main sur les sem<strong>en</strong>ces iraki<strong>en</strong>nes, de déposerdes brevets sur des “améliorations” apportées à ces sem<strong>en</strong>ces et d’<strong>en</strong>suitecontrôler la v<strong>en</strong>te des sem<strong>en</strong>ces. Le même scénario avait déjà eulieu <strong>en</strong> Afghanistan <strong>en</strong> 2002. Comme <strong>en</strong> France et pratiquem<strong>en</strong>t partoutdans les pays occid<strong>en</strong>taux, les sem<strong>en</strong>ces paysannes sont progressivem<strong>en</strong>tinterdites au profit des seules sem<strong>en</strong>ces commercialisées. Avantl’invasion des Etats-Unis, 97 % des fermiers iraki<strong>en</strong>s réutilisai<strong>en</strong>t leurspropres sem<strong>en</strong>ces, <strong>en</strong> dehors de tout commerce, ce qui devi<strong>en</strong>t aujourd’huide plus <strong>en</strong> plus diff<strong>ici</strong>le.Ile-de-FranceGala del’UnionpacifisteLe 20e gala de l’Union pacifistese ti<strong>en</strong>dra le dimanche 13 avril2008 à partir de 17 h au ForumLéo-Ferré, 11, rue Barbès,à Ivry-sur-Seine. Union pacifiste,BP 196, 75624 Paris cedex13, réservation au tél :01 46 72 64 68.RhôneDRFormationàlanon-viol<strong>en</strong>ceL’IFMAN, Institut de formationdu mouvem<strong>en</strong>t pour une alternativ<strong>en</strong>on-viol<strong>en</strong>te, propose différ<strong>en</strong>tesformations : communicationet non-viol<strong>en</strong>ce (samedi 17mai), sanctionner sans punir(samedi 27 septembre), lesconflits au travail (mardis soirs7, 14 et 21 octobre). IFMAN, 20,rue de l’Anci<strong>en</strong>ne-Gare, 69200Vénissieux, tél : 04 77 89 20 28.ParisJeûne et vigilanceaux abordsde l’îlot Saint-Germainepuis 1983, des jeûnes d’interpellation par rapport à l’armeatomique sont organisés par la Maison de vigilance située àDTaverny, au nord de Paris, devant l’<strong>en</strong>trée du commandem<strong>en</strong>t dela Force aéroportée de la France. Ces jeûnes marqu<strong>en</strong>t la commémorationdes bombardem<strong>en</strong>ts d’Hiroshima et de Nagasaki du 6 au 9 août.En 2005, deux jeûnes ont lieu à Paris au Mur pour la Paix (de l’autrecôté du Champ-de-Mars par rapport à la Tour Eiffel), <strong>en</strong> mai aumom<strong>en</strong>t de la révision du Traité de non-prolifération et du 6 au 9 août.Certains jeûneurs avanc<strong>en</strong>t qu’une fois par an, ce n’est pas assez pourréveiller les consci<strong>en</strong>ces ! Ils ont <strong>en</strong>semble émis l’idée d’une prés<strong>en</strong>cele premier v<strong>en</strong>dredi de chaque mois, devant le ministère de la Déf<strong>en</strong>se.Le groupe s’est vraim<strong>en</strong>t constitué <strong>en</strong> octobre 2005 et a adopté le nomde Jeûne et vigilance. Il a décidé de procéder à interpellation près dece lieu hautem<strong>en</strong>t symbolique qu’est l’îlot Saint-Germain, quartiergénéral de la Force de frappe française.Très rapidem<strong>en</strong>t, le groupe a été sout<strong>en</strong>u par Stop Essais-Abolition desArmes Nucléaires.Nous demandons et obt<strong>en</strong>ons chaque fois une autorisation off<strong>ici</strong>elle.Elle est faite au nom de cette coordination p<strong>en</strong>dant les premiers mois,puis par la Maison de vigilance.Plusieurs associations et mouvem<strong>en</strong>ts non-viol<strong>en</strong>ts ont depuis rejoint lemouvem<strong>en</strong>t.Ainsi, par tous les temps (pluie, v<strong>en</strong>t, froid ou belle journée <strong>en</strong>soleillée…),un v<strong>en</strong>dredi par mois, un groupe assure une prés<strong>en</strong>ce avecdéploiem<strong>en</strong>t de banderoles, du drapeau arc-<strong>en</strong>-ciel Paix, distribution detracts et il annonce qu’il jeûne, p<strong>en</strong>dant cette journée, pour l’abolitionde l’arme nucléaire. Les jeûneurs interpell<strong>en</strong>t ainsi le personnel duministère de la Déf<strong>en</strong>se, <strong>en</strong> particulier les militaires, mais égalem<strong>en</strong>t lespassants.Avec un tract différ<strong>en</strong>t d’un mois à l’autre ils alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la réflexion.Des c<strong>en</strong>taines de tracts <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t au ministère.Les réactions sont nombreuses et fort différ<strong>en</strong>tes : “Je ne pr<strong>en</strong>ds pasvotre tract, mais je considère que vous êtes des aiguillons dont le paysa besoin”, “oui, je vous connais, vous êtes là tout le temps”. Un hommed’un certain âge dit être un grand spécialiste de l’armem<strong>en</strong>t nucléaire;après un court échange, il dit <strong>en</strong> partant : “qui vous dit que je ne suispas d’accord avec vous ?” ou bi<strong>en</strong> “Espérons que le bon s<strong>en</strong>s l’emportera”.Bi<strong>en</strong> des personnes donn<strong>en</strong>t des signes d’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t ou des signesde sympathie.Vous êtes invités à les rejoindre place Jacques-Bainville (M° Solferino)dans les deux temps principaux de prés<strong>en</strong>ce : 8h30 -10h et 15h45 -17h15. Les prochains v<strong>en</strong>dredis sont 4 avril, 16 mai, 6 juin, 4 juillet.En souti<strong>en</strong> à l’action sur place, il existe une “chaîne” de jeûne <strong>en</strong>quelques lieux de France et de Belgique. Si vous voulez vous y joindre,vous êtes invités à les contacter.Maison de vigilance, 134, route de Béthemont, 95150 Taverny,www.maisondevigilance.com, marie-claude.thibaud@wanadoo.fr.DR2 0 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


politiqueTraitéconstitutionnel:plaintesLes opposants à l’adoptiondu traité constitutionnel nedésarm<strong>en</strong>t pas et poursuiv<strong>en</strong>t leurcampagne de plaintes devant laCour europé<strong>en</strong>ne des droits del’homme. Fin février, plus d’unmillier de personnes ont déjàporté plainte <strong>en</strong> France.R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts :http://29mai.eu.LilleEcrivainspalestini<strong>en</strong>sL’Association franco-palestini<strong>en</strong>nede solidarité organise du 21 au26 avril 2008, une semaine der<strong>en</strong>contres dans les librairies deLille avec des écrivains palestini<strong>en</strong>s,auteurs de jeunesse, romanciers…R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : AFPS,MRES, 22, rue Gosselet, 59000Lille, tél : 06 08 34 55 65.Haute-GaronneLa terreapparti<strong>en</strong>taux peuplesLe samedi 5 avril 2008, à 20h30,un débat public est organiséau Foyer Roger-Panouse, àParisImagesmouvem<strong>en</strong>téesAttac organise du 2 au 8 avril 2008au cinéma des 7 Parnassi<strong>en</strong>s,98, boulevard Montparnasse, 14e,M° Vavin, son sixième festival sur le thèmeId<strong>en</strong>tités sans frontières. Au programmeune quarantaine de films d’<strong>ici</strong> ou d’ailleurset huit débats : de l’autre à l’<strong>en</strong>nemi,le rêve éternel de l’id<strong>en</strong>tité française(3 à 20h30), les réalités économiques del’immigration (4 à 20h30), du colonialismeà la xénophobie d’Etat (5 à 16h),Xénophobie : les mots prépar<strong>en</strong>t les espritset les actes (5 à 20h30), la forteresseEurope à la croisée des chemins (6 à 16h),le r<strong>en</strong>ouveau des camps(6 à 20h30), résistanceà l’infamie (7 à 20h30). Programmecomplet : Eve-Marie Bouché, tél : 06 8221 04 81, http://imagesmouvem<strong>en</strong>tees.org.Tournefeuille (près de Toulouse)sur le thème La terre, l’eau, laforêt apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux peuples<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de Rajagopal, leaderdu syndicat Ekta Parishad, organisateurde marches des sansterre <strong>en</strong> Inde, José Bové, porteparolede Via Campesina, et deMarie-Monique Robin, auteure del’ouvrage Le monde selonMonsanto. Cette soirée est complétéepar une projection du filmLa marche des gueux ou la forcelibératrice de la non-viol<strong>en</strong>ce réalisépar Louis Campana etFrançois Verlet, à l’occasion de ladernière marche d’Ekta Parishad.La projection a lieu à 10 h, ledimanche 6 avril ,au cinémaUtopia de Tournefeuille. Soirée etprojection organisées par ACSE,Amis de la Terre, Solidarité,Attac, collectif anti-OGM 31,C<strong>en</strong>tre de ressources sur lanon-viol<strong>en</strong>ce, Gre<strong>en</strong>peace, MAN,Faucheurs volontaires…MarseilleMouvem<strong>en</strong>tibériquede libérationLe CIRA, C<strong>en</strong>tre international derecherches sur l’anarchisme, organisedans ses locaux une confér<strong>en</strong>ce-débatle samedi 5 avril à17 h autour du livre Mouvem<strong>en</strong>tibérique de libération, mouvem<strong>en</strong>tde souti<strong>en</strong> au luttes ouvrièresdans les années 70. CIRA, 3, rueSaint-Dominique, 13001Marseille, tél : 09 50 51 10 89.Kosovo indép<strong>en</strong>dantLe 17 février 2008, le Kosovo, petite région à majorité albanaise,a déclaré son indép<strong>en</strong>dance vis-à-vis de la Serbie. Aprèsl’éclatem<strong>en</strong>t de la Yougoslavie au cours des années 90, avec ousans guerre, l’émiettem<strong>en</strong>t continue : le Kosovo compte moins de deuxmillions d’habitants sur un peu plus de 10 000 km2 (soit s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>tl’Alsace). Le pays pourrait perdre une partie de son territoire :des Serbes demandantà être rattachés à laSerbie. En Serbie, ledébat est vif <strong>en</strong>tre ceuxqui p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que cetteindép<strong>en</strong>dance doit êtretolérée pour pouvoir unjour adhérer à l’Unioneuropé<strong>en</strong>ne et ceux quirêv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core d’unegrande Serbie.Liecht<strong>en</strong>steinDRMur peint au Kosovo...C<strong>en</strong>sureA l’étranger, les médias ne se gên<strong>en</strong>t pas pour critiquerle comportem<strong>en</strong>t du présid<strong>en</strong>t français. Mais<strong>en</strong> France, c’est plus diff<strong>ici</strong>le. Pour avoir voulurepr<strong>en</strong>dre une couverture du journal espagnol El paisqui titrait “Sarkozy, ce grand malade”, le Courrierinternational s’est vu interdire ses affiches de promotiondans le métro parisi<strong>en</strong> ainsi que dans leskiosques Relay-Hachette. Espérons que demain c<strong>en</strong>sur<strong>en</strong>e rime avec dictature.Paradis pour richesL’Banque c<strong>en</strong>trale du Licht<strong>en</strong>stein.Allemagne semble découvrir avec stupéfaction que des milliersde grosses fortunes font des placem<strong>en</strong>ts dans des fondationsau Liecht<strong>en</strong>stein pour éviter de payer des impôts. Ce petit Etatcompte plus de 50 000 fondations pour 35 000 habitants !D<strong>en</strong>is Robert, auteur de deux livres sur ces paradis bancaires, dans uneinterview sur www.20minutes.fr le 21 février 2008, estime que cestransactions financières pass<strong>en</strong>t forcém<strong>en</strong>t par des chambres de comp<strong>en</strong>sationsoit Euroclear soit Clearstream. Il estime que ce que lesriches Allemands peuv<strong>en</strong>t faire, n’importe quel riche d’un autre payspeut le faire tant qu’il existera des manières anonymes de faire passerles frontières à l’arg<strong>en</strong>t.En quelques semaines, les services fiscaux allemands qui ont déboursé5 millions d’euros pour acheter une liste bancaire confid<strong>en</strong>tielle, ontrécupéré 30 millions d’impôts impayés, ce qui <strong>en</strong> dit long sur lessommes détournées. La liste étant internationale, les autorités allemandesl’ont transmise aux pays concernés, dont la France. Ce ne sontpas seulem<strong>en</strong>t des individus qui fraud<strong>en</strong>t, mais aussi des <strong>en</strong>treprises.DRS!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008 2 1


ogméchange publ<strong>ici</strong>taire2 2Maïs OGMinterditLa clause de sauvegarde justifiantl’interdiction de culture du maïsMon810, seule culture OGMautorisée <strong>en</strong> France, <strong>en</strong> dehorsdes parcelles expérim<strong>en</strong>tales, aété annoncée de manière off<strong>ici</strong>elledans le Journal off<strong>ici</strong>el le 9février 2008. La Commissioneuropé<strong>en</strong>ne dispose de soixantejours pour valider ou non ladécision française… Ce quidevrait être une formalité, sixautres pays ayant déjà fait jouercette clause de sauvegarde pourle même maïs.Une loipro-OGMS!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008Procès de faucheurs> Orne : Mauricette Girard, faucheuse déjà passée <strong>en</strong> procès à Orléans, passe au tribunalune nouvelle fois le 3 avril à 14 h au tribunal d’Al<strong>en</strong>çon pour refus de prélèvem<strong>en</strong>td’ADN. Un rassemblem<strong>en</strong>t de souti<strong>en</strong> est organisé devant le tribunal.> Besançon : François Mandil passe <strong>en</strong> procès pour la même raison devant le tribunalde Besançon, le 4 avril. Un rassemblem<strong>en</strong>t se ti<strong>en</strong>t devant le tribunal.> Nièvre : Didier Dequiedt passe <strong>en</strong> procès pour la même raison devant le tribunalde Nevers, le 29 avril à 14h. Un rassemblem<strong>en</strong>t se ti<strong>en</strong>t devant le tribunal.> Eure-et-Loire : 58 faucheurs <strong>en</strong> procès. Un rassemblem<strong>en</strong>t devant le tribunal deChartres est organisé les 8 et 9 avril à partir de 9 h pour sout<strong>en</strong>ir les 58 faucheurs inculpésà la suite d’un fauchage à Poinville.Le Sénat a adopté, le 8 février2008, un projet de loi qui va<strong>en</strong>core plus loin <strong>en</strong> faveur desOGM que le texte initialem<strong>en</strong>tproposé par le gouvernem<strong>en</strong>t. Cetexte doit maint<strong>en</strong>ant être débattudevant l’Assemblée nationale,normalem<strong>en</strong>t fin mars. Il fautespérer que les députés rectifi<strong>en</strong>tle tir, sinon cela va être une terriblefuite <strong>en</strong> avant.Le projet de loi actuel estime <strong>en</strong>effet possible la coexist<strong>en</strong>ce desOGM et des autres cultures, malgréles multiples contre-exemplesconstatés sur le terrain. Lesindemnisations prévues sont minimales: l’agriculteur contaminé severrait proposer un volume égal<strong>en</strong> conv<strong>en</strong>tionnel <strong>en</strong> remplacem<strong>en</strong>tdu volume contaminé (pasforcém<strong>en</strong>t <strong>en</strong> bio), aucune sanctionn’est prévue pour le propriétairedu champs pollueur. Larécolte contaminée peut êtrecommercialisée du mom<strong>en</strong>tqu’elle est suffisamm<strong>en</strong>t diluéespour être à moins de 0,9 % decontamination, ceci au détrim<strong>en</strong>tdes consommateurs qui ne sontpas avertis <strong>en</strong>-dessous de ce seuil.La loi prépare le terrain pour d<strong>en</strong>ouveaux OGM <strong>en</strong> plein champ…Et prévoit des sanctions aggravéespour les faucheurs.La Fnab, Fédération nationaled’agriculture biologique, aprèsavoir, avec ses part<strong>en</strong>aires, étudiéde près le texte adopté, a proposédes am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts aux députéspour leur demander de rev<strong>en</strong>ir àl’esprit de la directive europé<strong>en</strong>nede départ : le zéro contaminationdoit être la règle. Une pollutiondes cultures conv<strong>en</strong>tionnelles etbio doit rester exceptionnelle. Ettout accid<strong>en</strong>t doit donner droit àune réparation totale quel quesoit le niveau de contamination.La Fnab rappelle à nos députésqu’ils sont s<strong>en</strong>sés représ<strong>en</strong>ter lesFrançais, lesquels se déclar<strong>en</strong>ttrès défavorables à la culture desOGM <strong>en</strong> plein champ. Fnab,40, rue de Malte, 75011 Paris,tél : 01 43 38 38 69,www.fnab.org.D’autresOGM sontpossibles…Le maïs Mon810 qui vi<strong>en</strong>t d’êtreinterdit de culture <strong>en</strong> France <strong>en</strong>ce début d’année était autorisédepuis 1998, date à laquelle laFrance avait déjà fait jouer laclause de sauvegarde pour deuxtypes de colza génétiquem<strong>en</strong>tmodifiés. A l’époque, l’autorisationde l’un avait accompagnél’interdiction des deux autres. Vules positions actuelles du gouvernem<strong>en</strong>tet des parlem<strong>en</strong>taires, onpeut s’att<strong>en</strong>dre au même type decompromis.OrléansPrisonavec sursisLe 26 février 2008, la Courd’Appel d’Orléans a confirmé lacondamnation de 32 militants àdes peines comprises <strong>en</strong>tre 3 et4 mois de prison avec sursis pourun fauchage effectué dans la nuitdu 13 au 14 août 2006 et ayantdétruit un champ expérim<strong>en</strong>tal deMonsanto à Vuillereau (Loiret).Pour le refus de prélèvem<strong>en</strong>td’ADN, les peines ont été revuesà la baisse. Si le maïs est interdit,sa destruction reste donc un délit.>>>Mobilisation devant le tribunal d’Orléans <strong>en</strong> 2007.P-E WeckP-E Weck


santéTabac> 5,4 millions de morts par an. Le rapport 2007 de l’OMS,Organisation mondiale de la santé, estime que le tabac tue chaqueannée dans le monde 5,4 millions de personnes soit plus que le Sida,la tuberculose et le paludisme réunis. Alors que des mesuressont prises dans les pays du nord pour freiner letabagisme, la mortalité est <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tation rapidedans les pays du Sud. L’OMS estime qu’<strong>en</strong> 2030,80% des décès auront lieu dans le Sud. Auvingtième siècle, <strong>en</strong>viron 100 millions depersonnes sont mortes du tabac.> Tapage nocturne. Conséqu<strong>en</strong>ce de l’interdictionde fumer dans les lieux publics, les fumeursfum<strong>en</strong>t dans la rue, et parfois fort tardivem<strong>en</strong>t d’oùune multiplication des plaintes pour tapage nocturne.> Terrasses chauffées. Effet pervers de la loi interdisant de fumerdans les lieux publics : le développem<strong>en</strong>t des terrasses chaufféesp<strong>en</strong>dant l’hiver. Un gaspillage d’énergie à 100%.DR> Hausse des prix plus efficace ? Fin janvier, un mois aprèsl’interdiction de fumer dans tous les lieux publics, la baisse de laconsommation de tabac était estimée à 4%, rythme id<strong>en</strong>tique à celuiobservé <strong>en</strong> 2007. La forte hausse des prix <strong>en</strong> 2003 avait eu plusd’effet : 13,5% de v<strong>en</strong>tes de tabac <strong>en</strong> moins. La difficulté pour lesfumeurs est d’arriver à s’arrêter. En 2007, les v<strong>en</strong>tesde produits aidant au sevrage ont augm<strong>en</strong>té de 18%.> Baisse provisoire de fréqu<strong>en</strong>tation. Une étuderéalisée conjointem<strong>en</strong>t par les professionnels dusecteur et les associations de lutte contre letabagisme indique qu’<strong>en</strong> janvier 2008, l’interdictionde fumer dans les bars et restaurants a provoquéune perte de fréqu<strong>en</strong>tation moy<strong>en</strong>ne de 6%,mais avec des disparités : la baisse est plus importante<strong>en</strong> milieu rural qu’<strong>en</strong> ville. Mais surtout, l’<strong>en</strong>quêtemontre que les établissem<strong>en</strong>ts qui avai<strong>en</strong>t ant<strong>ici</strong>pé l’interdictionont depuis gagné une nouvelle cli<strong>en</strong>tèle… Donc on peut p<strong>en</strong>serque la baisse n’est que provisoire.TéléphonesportablesPas pourles <strong>en</strong>fantsLe Ciem, Collectif interassociatif<strong>en</strong>fance et média qui regroupeles principales associationsfamiliales, de par<strong>en</strong>ts d’élèves,d’éducation populaire et syndicats<strong>en</strong>seignants a demandé le4 février 2008 l’interdictiondes téléphones portables destinésaux <strong>en</strong>fants âgés de moinsde dix ans. Le Ciem constateque “la connaissance des effetspossibles des rayonnem<strong>en</strong>tsémis par les téléphones sur les<strong>en</strong>fants reste très incertaine. D<strong>en</strong>ouvelles études font apparaîtrecep<strong>en</strong>dant une augm<strong>en</strong>tation desrisques de tumeurs liés à leurutilisation. Il est de la responsabilitéde l’Etat de mettre <strong>en</strong>œuvre le principe de précaution<strong>en</strong> stoppant toute commercialisationde matériels ou d’offresdédiés aux <strong>en</strong>fants”.Ménopause,hormoneset cancers…Depuis quelques années, les traitem<strong>en</strong>tshormonaux destinés àatténuer les bouffées de chaleurà la ménopause sont suspectésd’augm<strong>en</strong>ter le nombre decancers du sein. Or, si le nombrede nouveaux cancers était <strong>en</strong>hausse depuis les années 70jusqu’<strong>en</strong> 2004, il diminueaujourd’hui (-4% par an). Eneffet, c’est <strong>en</strong> 2004 que la polémiquemédicale a éclaté, et quele recours aux hormones a comm<strong>en</strong>céde baisser : une baisse de62% <strong>en</strong> trois ans. Evidemm<strong>en</strong>t,les sci<strong>en</strong>tifiques rest<strong>en</strong>t prud<strong>en</strong>tssur un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les deux.échange publ<strong>ici</strong>taireS!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20082 3


hommes-femmesAvortem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong> EspagneEn Espagne, la loi sur l’avortem<strong>en</strong>tinterdit comme <strong>en</strong> Franceles avortem<strong>en</strong>ts au-delà de 12semaines de grossesse, mais neprévoit pas de sanction pénales’ils sont faits au-delà. D’où unafflux de femmes de l’étrangerqui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t quand les délaislégaux de leur pays sont dépassés.Ainsi, 3000 Françaises seferai<strong>en</strong>t avorter <strong>en</strong> Espagnechaque année. En décembre, legouvernem<strong>en</strong>t espagnol a fait fermerdeux cliniques de Madrid etBarcelone après avoir mis au jourdes pratiques d’avortem<strong>en</strong>t jusqu’auhuitième mois de grossesse.Inégalités desrémunérationsSi l’on <strong>en</strong> croit les statistiquesoff<strong>ici</strong>elles de l’Insee, l’écartmoy<strong>en</strong> de salaire, <strong>en</strong> France, <strong>en</strong>trecelui d’un homme et celui d’unefemme qui travaille de la mêmemanière <strong>en</strong> temps et <strong>en</strong> fonctionest de 18,9%… maisl’Observatoire des inégalitésindique que cet écart n’indiquepas l’ampleur réelle dessalaires… car d’une part lesfemmes subiss<strong>en</strong>t beaucoup plusles temps partiels que leshommes, elles cumul<strong>en</strong>t de plus<strong>en</strong> plus les emplois <strong>en</strong> CDD(contrat à durée déterminé) etautres contrats précaires, et lesécarts ne sont pas les mêmesdans les bas salaires que dans leshauts salaires. En <strong>en</strong>trant dans ledétail, on trouve que la rémunérationà temps de travail égal est deLa couverture vivant<strong>en</strong>e opération Couverture vivante a été lancée à l’occasion dela journée internationale des femmes, le 8 mars 2008. ChacuneUest invitée à réaliser sur un carré de tissu de 25 cm de côté unereprés<strong>en</strong>tation de ce qui pour elle est son id<strong>en</strong>tité. Tous les tissus sontacceptés mais pas le plastique. L’objectif est de réunir un grandnombre de morceaux de tissus pour les coudre <strong>en</strong>tre eux et <strong>en</strong> faireune imm<strong>en</strong>se couverture vivante, symbole de la diversité des cultures,des espoirs. Cette couverture vivante va <strong>en</strong>suite voyager dans le monde,générer des r<strong>en</strong>contres, retisser l’espoir, inspirer des alternatives pourun monde plus juste. Chaque carré <strong>en</strong>voyé peut être accompagnéd’un texte, d’un projet, d’une histoire qui seront diffusés sur le sitecouverturevivante.org. Les morceaux de tissus sont à <strong>en</strong>voyer,avec une autorisation d’utilisation à Couverture vivante, Brasseursde cages, bureau n°18, Ecosite, ZA Brunelle, 26400 Eurre.91% dans les bas salaires et deseulem<strong>en</strong>t 75% dans les 10%des emplois les mieux rémunérés.En recalculant l’<strong>en</strong>semble descritères, une femme gagne <strong>en</strong> fait<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 37 à 40% <strong>en</strong> moinsqu’un homme (salaire moindreà l’heure et moindre nombred’heures). Pour <strong>en</strong> savoir plus :www.inegalites.org.Femmesau foyerOn compte 13 millions de femmesau foyer. Une fois <strong>en</strong>levées lesétudiantes, les retraitées, ilresterait <strong>en</strong>tre 2,2 et 2,9 millionsde femmes sans activité professionnelle.Dominique Maison,auteure d’une thèse sur “Femmesau foyer, expéri<strong>en</strong>ces sociales” aessayé d’appréh<strong>en</strong>der ce qui poussedes femmes à r<strong>en</strong>oncer à chercherun emploi. Certaines femmesle font par choix de vie, d’autresle subiss<strong>en</strong>t (chômage, maladie,handicap), <strong>en</strong>fin certaines le fontaprès une période de travail plusou moins longue, parce qu’ellesont les moy<strong>en</strong>s financiers de se lepermettre. Ces dernières ont souv<strong>en</strong>tun conjoint avec un rev<strong>en</strong>uconfortable. Si ces dernières, plusdiplômées, s’investiss<strong>en</strong>t dansla vie sociale <strong>en</strong> dehors de lamaison, les autres se r<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>tdans leur quotidi<strong>en</strong>, ce qui à longterme r<strong>en</strong>d peut probable unretour à la vie professionnelle.L’étude montre le risque financier<strong>en</strong> cas de séparation du couple,mais égalem<strong>en</strong>t que rester àla maison incite le conjoint àmoins part<strong>ici</strong>per à la vie familiale(tâches domestiques, éducationpar<strong>en</strong>tale…). La thèse estdisponible sur www.cnaf.fr.LuxembourgFemmesprécairesAttac-Luxembourg et les Amis duMonde diplomatique organis<strong>en</strong>tun débat autour du film Femmesprécaires de Marcel Trillat, lemardi 8 avril à 19 h à la salleA11, C<strong>en</strong>tre culturel de l’Abbayede Neumünster. Un autre débatest organisé le mercredi 7 mai,même lieu, même heure sur lethème Les féminismes, unmouvem<strong>en</strong>t qui s’inv<strong>en</strong>te <strong>en</strong>marchant, soirée animée parIrène Kaufer, militante syndicaleet féministe, co-auteure deParcours féministe, livre d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>savec la philosophe FrançoiseCollin. R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : SylvieHerold, tél : (+352) 25 20 26,herold.luxembourg@yahoo.fr.MontreuilG<strong>en</strong>res,sexualité etreproductionLa maison populaire deMontreuil organise le 7 mai2008, à 20 h, une confér<strong>en</strong>cedébatsur ce thème avec Laur<strong>en</strong>ceTain, sociologue et démographede Lyon2. Elle prés<strong>en</strong>tera comm<strong>en</strong>tla question du g<strong>en</strong>re estmodifiée par les techniquesmédicales d’aide à la procréation.Maison populaire, 9 bis, rueDombasle, 93100 Montreuil,tél : 01 42 87 08 68.IndePlaintecontremilitantsL’Usine FFI, Fibre and fabricsinternational, fabrique des vêtem<strong>en</strong>tsprincipalem<strong>en</strong>t pour lamarque G-Star. Une campagnesur l’éthique de ces vêtem<strong>en</strong>ts aété m<strong>en</strong>ée notamm<strong>en</strong>t aux Pays-Bas pour dénoncer la répressionsyndicale dans les usines. FFIavait alors décidé de porter plaintecontre les animateurs de lacampagne pour diffamation. Le1er décembre 2007, les dirigeantsindi<strong>en</strong>s obt<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t le lancem<strong>en</strong>td’un mandat d’arrêt internationalcontre sept animateurs de la campagne.Le 17 décembre 2007, d<strong>en</strong>ombreuses actions de blocagedes magasins v<strong>en</strong>dant la marqueG-Star ont lieu partout dans lemonde. La firme G-Star annonçaitalors qu’elle ne sous-traiteraitplus avec FFI <strong>en</strong> Inde. Le 29janvier 2008, FFI a retiré saplainte et un médiateur a éténommé localem<strong>en</strong>t pour permettreune reconnaissance dessyndicats dans l’<strong>en</strong>treprise. Aprèsune vaste campagne d’intimidation,les déf<strong>en</strong>seurs des droitshumains ont donc gagné.FrançafriqueDictaturesprotégéesEn juin 2007, les associationsSurvie, Sherpa et la Fédérationdes Congolais de la diaspora,remettai<strong>en</strong>t aux tribunaux unimportant dossier sur le patrimoi-2 4 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


nord-sudne <strong>en</strong> France de cinq chefsd’Etats africains (Gabon, Congo-Brazzaville, Burkina Faso, Angolaet Guinée équatoriale) : hôtelsparticuliers, villas, résid<strong>en</strong>ces debords de mer… 33 adresses différ<strong>en</strong>tesri<strong>en</strong> que pour Omar Bongole présid<strong>en</strong>t du Gabon. Les associationsdemandai<strong>en</strong>t une instructionsur l’origine de l’arg<strong>en</strong>t qui apermis ses achats. Fin novembre2007, le tribunal rejetait la plainte.Malgré différ<strong>en</strong>ts recoursdepuis, il n’a pas été possibled’obt<strong>en</strong>ir un début d’<strong>en</strong>quête. LaDu sang dansnos portables?France protège bi<strong>en</strong> ses dictateurs<strong>en</strong> place. Survie, 210, rue Saint-Martin, 75003 Paris, tél :01 44 61 03 25,http://survie-france.org.TchadDéby sauvépar ParisEn coordonnant les opérationsdes militaires tchadi<strong>en</strong>s et <strong>en</strong> leurindiquant les mouvem<strong>en</strong>ts desanal + a diffusé <strong>en</strong> décembre 2007 un docum<strong>en</strong>taire dePatrick Forestier Du sang dans nos portables ? expliquantCcomm<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>fants meur<strong>en</strong>t dans les mines de coltan, dansl’est du Congo, pour qu’<strong>ici</strong> des <strong>en</strong>fants puiss<strong>en</strong>t jouer sur leurconsole de jeu ou utiliser un téléphone portable. Le coltan est <strong>en</strong>effet un minerai très rare dont l’ess<strong>en</strong>tiel des stocks se trouve danscette région et <strong>en</strong> Australie. Il est indisp<strong>en</strong>sable à l’électronique.Off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t depuis 2005, un embargo a été promulgué parl’ONU sur le coltan africain dont les rev<strong>en</strong>us alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les guérillaslocales. Si le réalisateur a réussi à filmer les mines qui fonctionn<strong>en</strong>ttoujours, preuve que l’embargo est détourné, il n’a pasréussi à remonter la filière.Enfants à la mine au Congo.Dizoleletroupes rebelles v<strong>en</strong>ues de l’estdu pays, les militaires françaisstationnés au Tchad ont sauvéle gouvernem<strong>en</strong>t tchadi<strong>en</strong>. LaFrance a égalem<strong>en</strong>t réglé lesachats de munitions à la Libye.Selon Hervé Morin, cela relèvede l’accord franco-tchadi<strong>en</strong> de“coopération technique”,un nom qui passe sans doutemieux que “colonialisme”.La solidaritéillégale ?Le 2 octobre 2007, le tribunaladministratif de Lyon a donné raisonà une association de contribuablesqui avai<strong>en</strong>t attaqué unedécision du conseil général accordantune subv<strong>en</strong>tion de 50 000euros pour la réhabilitation d’unhôpital à Dakar. Le tribunal arappelé qu’une collectivitépublique ne peut dép<strong>en</strong>ser de l’arg<strong>en</strong>tqui ne prés<strong>en</strong>te pas “un intérêtpublic” sur son territoire. CeLe Paris-Dakarquitte l’AfriqueDécidém<strong>en</strong>t, le contin<strong>en</strong>tafricain est tropsous-développé pour lesconducteurs-destructeursdu Paris-Dakar. Ladirection d’ASO, organisateurde la course adécidé d’organiser sacourse au Chili et <strong>en</strong>Arg<strong>en</strong>tine dès l’annéeprochaine, le rallye dev<strong>en</strong>antalors un rallye —inutile — comme lesautres.n’est pas le premier jugem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>ce s<strong>en</strong>s et cela pourrait mettre finà toute subv<strong>en</strong>tion à des projetsde solidarité internationale.Commercede moins<strong>en</strong> moinséquitableEn 2006, selon une étude publiéesur le site d’Ethiquable, 70% desv<strong>en</strong>tes du commerce dit “équitable”se sont faites dans ungrand magasin. Les autres 30%se font par les magasins et lesstands des réseaux Artisans dumonde et Minga. Si ces 30%essai<strong>en</strong>t d’aller vers un commerceplus équitable, ce ne peut être lecas pour ce qui passe par lesgrandes surfaces, celles-ciexploitant ignoblem<strong>en</strong>t leurpersonnel et leurs fournisseurs.échange publ<strong>ici</strong>taireDe l’éthiquesur l’étiquetteLes jeux Olympiques de Pékin 2008 sontl’occasion d’une nouvelle campagnelancée <strong>en</strong> décembre 2007 par différ<strong>en</strong>tscollectifs d’associations au niveau mondial pourdénoncer les conditions de fabrication dansl’industrie du sport <strong>en</strong> Chine. En France, lacampagne est relayée par le CCFD, la CFDT,la FSU, la CGT, Oxfam, le Ritimo… Pour <strong>en</strong>savoir plus : Collectif Ethique sur l’étiquette,4, boulevard de la Villette 75019 Paris,www.ethique-sur-etiquette.org.Quinoa équitable ?Au départ, il s’agissait pour des associations de commerce équitable de permettreà des paysans des plateaux andins de bénéf<strong>ici</strong>er d’un rev<strong>en</strong>u supplém<strong>en</strong>taire.Le quinoa est alors arrivée sur les tables des consommateurs solidaires. Et puiscette petite graine bolivi<strong>en</strong>ne est dev<strong>en</strong>ue très t<strong>en</strong>dance. Son exportation a triplé <strong>en</strong>tre2004 et 2007. Le passage d’une v<strong>en</strong>te confid<strong>en</strong>tielle <strong>en</strong> magasin spécialisé à unev<strong>en</strong>te massive <strong>en</strong> supermarché génère sur place un grave problème. L’int<strong>en</strong>sificationde la production conduit à occuper des terres de plus <strong>en</strong> plus nombreuses, couvrantdes plaines <strong>en</strong>tières au détrim<strong>en</strong>t des élevages et des cultures vivrières. Même si il estess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t cultivé <strong>en</strong> bio, la monoculture finit par épuiser les sols et ne garantitpas la durabilité de la culture.Rev<strong>en</strong>ir à un équilibre culture-élevage permettrait de diversifier les rev<strong>en</strong>us desproducteurs… mais les exig<strong>en</strong>ces du marché empêch<strong>en</strong>t pour le mom<strong>en</strong>t tout retour<strong>en</strong> arrière. Le commerce équitable débouche sur des déséquilibres durables. Il fautaujourd’hui réduire son usage <strong>ici</strong> si nous voulons vraim<strong>en</strong>t aider les habitants desAndes.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20082 5


climatDRFonte des glaciersLe Programme des Nations-Unies pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t a publié<strong>en</strong> février 2008 une étude sur la vitesse de fonte des glaciers<strong>en</strong> Europe. Ceux-ci ont perdu 25% de leur volume <strong>en</strong>tre 1850et 1975 (<strong>en</strong> 125 ans), puis 25% du reste <strong>en</strong>tre 1975 et 2000(25 ans), puis <strong>en</strong>tre 10 et 15% du reste <strong>en</strong>tre 2000 et 2005.Une nette accélération qui peut laisser craindre une accélérationdu réchauffem<strong>en</strong>t lorsque la glace aura totalem<strong>en</strong>t disparu.La terrese réchauffeLa boursedevraitremonterLe Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tvole au secours des actionnairesdu Cac 40. Les questions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales,dont celles du changem<strong>en</strong>tclimatique, ne seront plusun obstacle aux profits colossauxdes élites de la mondialisation.Car le pouvoir <strong>en</strong> place <strong>en</strong> Francesous couvert d’obt<strong>en</strong>ir le cons<strong>en</strong>susde nombreuses associations<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales, et mêmed’élus Verts, ouvre la voie pourune course à de nouveaux gainsfinanciers, à des “profits verts” <strong>en</strong>quelque sorte. Des sociétés degestion boursière ont créé desfonds spécialisés sur le changem<strong>en</strong>tclimatique, fonds qui investiss<strong>en</strong>tsur les “valeurs vertes”(traitem<strong>en</strong>t de l’eau, énergiesr<strong>en</strong>ouvelables…). Quant auxgrandes surfaces cotées <strong>en</strong> bourse,elles vont profiter de l’<strong>en</strong>voléedes prix des produits alim<strong>en</strong>tairesliée à leur raréfaction, du fait dela culture des agrocarburants.Leurs actions sont même, de cefait, surveillées et convoitées pardes investisseurs spécialisés dansdes fonds spéculatifs. Bref,le Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tlaisse la voie libre, afin de“polluer plus pour gagner plus”et même d’”affamer pluspour gagner plus”.L’EuropereculeAlors que les pourparlers pour laréglem<strong>en</strong>tation des émissions degaz à effet de serre pour lesvéhicules portai<strong>en</strong>t sur une limitede 120 g de CO 2 par km d’<strong>ici</strong>2012 (160 actuellem<strong>en</strong>t), laCommission europé<strong>en</strong>ne aproposé le 17 décembre 130 g <strong>en</strong>moy<strong>en</strong>ne (!) et ri<strong>en</strong> après alorsqu’il était discuté de 80 g <strong>en</strong>2020. Les fabricants automobilesobti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ainsi ce qu’ils avai<strong>en</strong>tdemandé. Les pénalités étantfaibles, aucun effort n’est plusdemandé.Développem<strong>en</strong>tdurable ?Les discussions sur les permis depolluer estim<strong>en</strong>t possible de prévoirque l’on replante des espacesboisés <strong>en</strong> échange d’une émissionde CO 2 . Et certaines firmes automobilescommuniqu<strong>en</strong>t déjà surles plantations qu’elles font dansles pays du Sud. Elles parl<strong>en</strong>taide au développem<strong>en</strong>t et développem<strong>en</strong>tdurable, mais on peuty voir surtout une nouvelle formede colonialisme.Ensoleillem<strong>en</strong>t recordet hiver chaudSur les trois mois de décembre 2007, janvier et février 2008,la température moy<strong>en</strong>ne à Lille a été de 5,7°C contre 3,9°Cnormalem<strong>en</strong>t. Sur ces mêmes trois mois, elle a été de 6,2°Cà Bruxelles contre 3,5°C . En février, la maximale moy<strong>en</strong>ne y a été de10,3°C au lieu de 6,2°C… soit un écart de 4,1°C ! La minimalemoy<strong>en</strong>ne a été normale. On a donc assisté à des écarts de températureplus importants que la normale… du fait d’un <strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>texceptionnel. Alors que la normale prévoit 5,9 jours de neige <strong>en</strong> févrierà Bruxelles, il n’<strong>en</strong> est pas tombé cette année. A Paris, l’<strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>ta atteint 300 heures durant ces trois mois contre une moy<strong>en</strong>ne de187 heures dans les années 1990. L’<strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>t a été supérieur à lamoy<strong>en</strong>ne dans toute la France. De nombreux records de température ontété battus : minimale de 12°C dans le Nord, le 19 janvier. Maximale de23°C sur la Côte d’Azur le 24 février. Globalem<strong>en</strong>t sur la France, sidécembre a été inférieur à la moy<strong>en</strong>ne (-0,7°C), janvier est très audessus(+2,3°C) et février égalem<strong>en</strong>t (+1,8°C).De l’autre côté de la planète, l’Australie a connu son mois de janvierle plus chaud de son histoire. A Alice Springs, au c<strong>en</strong>tre du pays, latempérature minimale a été de 36°C. Le bureau d’analyse du climataustrali<strong>en</strong> estime que la température moy<strong>en</strong>ne de l’Australie a déjàaugm<strong>en</strong>té de plus d’un degré depuis 1850.ItalieAdriatique <strong>en</strong> criseL’Icram, institut itali<strong>en</strong> de recherche sur la mer, a publié un rapportalarmant sur l’évolution réc<strong>en</strong>te de la mer Adriatique (à l’est del’Italie). En effet, jusqu’<strong>en</strong> 2003, un courant marin froid se formait aularge de Trieste, passait par les profondeurs et rejoignait laMéditerranée assurant un brassage des eaux. Or ce courant a disparu,avec déjà de multiples conséqu<strong>en</strong>ces : l’eau <strong>en</strong> surface n’est pas desc<strong>en</strong>duedébut 2007 <strong>en</strong>-dessous de 15°C contre 13°C habituellem<strong>en</strong>t. Aufond de la mer, la température a été mesurée à 0,4°C au dessus de lanormale. Les sci<strong>en</strong>tifiques craign<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t le réchauffem<strong>en</strong>t,mais égalem<strong>en</strong>t une augm<strong>en</strong>tation de la salinité.9 e Foire Terra12 et 13 avril 2008JuraparcLons le SaunierJurasamedi de 14h à 20hdimanche de 9h à 18h<strong>en</strong>trée 1€Un grand marché d’alim<strong>en</strong>tationbiologique et de produits écologiquesanimations - ateliers - confér<strong>en</strong>cesespace restaurationorganisation : association Terra - 03 84 44 08 71échange publ<strong>ici</strong>taire2 6S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tNantesUn aéroportà contre-s<strong>en</strong>sAlors que le Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tprône de limiter les transportsles plus polluants, que laFrance doit diminuer par quatreses émissions de gaz à effet deserre… sur le terrain, tout continuecomme si de ri<strong>en</strong> n’était. Le 9février 2008, le premier ministre,le ministre de l’écologie et lesecrétaire d’Etat aux transportsont signé la déclaration d’utilitépublique lançant les procéduresd’expulsion pour la création d’unnouvel aéroport à Notre-Damedes-Landes,à 20 km au nord deNantes. Les expulsions doiv<strong>en</strong>t sefaire dans un délai de dix ans…d’<strong>ici</strong> là, y aura-t-il <strong>en</strong>core dukérozène pour les avions ? Ceuxciseront-ils <strong>en</strong>core autorisés àvoler ? Acipa, Associationcitoy<strong>en</strong>ne intercommunale despopulations concernées par leprojet d’aéroport, BP 5,44130 Notre-Dame des Landes,tél : 06 71 00 73 69.Indre-et-LoireDéchetssauvagesPhilippe Simond, militant écologiste,a été condamné à 200 €d’am<strong>en</strong>des le 4 février 2008 pouravoir déposé, <strong>en</strong> août 2006, desvieux ordinateurs devant le syndicatde gestion des déchets deChinon. Cette action symboliqueet non viol<strong>en</strong>te, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de lapresse, avait pour objectif de protestercontre la non mise <strong>en</strong> placede filières spécifiques de collectepour les déchets d’équipem<strong>en</strong>télectriques et électroniquesconformém<strong>en</strong>t aux objectifs de ladirective europé<strong>en</strong>ne du 23 janvier2003. En effet, depuis le 1eraoût 2005, les particuliersdevai<strong>en</strong>t être informés de leurobligation de ne pas se débarrasserdes équipem<strong>en</strong>ts électriques etélectroniques <strong>en</strong> leur possessionavec le reste des déchets ménagersnon triés, <strong>en</strong> raison de leurtox<strong>ici</strong>té, et devai<strong>en</strong>t avoir la possibilitéde se défaire, au moins gratuitem<strong>en</strong>t,de ces derniers. Or, <strong>en</strong>août 2006, la seule option proposéeà Philippe Simond fut la mise<strong>en</strong> décharge. La condamnation aété faite pour “dépôt d’orduressauvage”. Pour couvrir les fraisde justice (<strong>en</strong>viron 1000 €),une souscription a été lancée :dons à <strong>en</strong>voyer à Raiponce,Les Vigneaux, 37220 Rillysur-Vi<strong>en</strong>ne.LyonRecordde pollutionAu mois de février, du fait del’abs<strong>en</strong>ce de v<strong>en</strong>t, les alertes à lapollution se sont multipliées avecune alerte perman<strong>en</strong>te <strong>en</strong>trele 9 et le 19 février 2008.Le 15 février 2008, la pollution aatteint un niveau inégalé (10 surune échelle de 10). Les mesuresd’alerte prévoi<strong>en</strong>t une incitation àMarseilleBataille de l’incinérateures associations opposées à l’incinération ont multiplié les actionspour demander aux candidats aux élections de pr<strong>en</strong>dre position pourLstopper les procédures d’autorisation de l’incinérateur <strong>en</strong> constructionà Fos-sur-Mer.Le 7 février 2008, une vingtaine de militants ont investi la Drass, Directionrégionale des affaires sociales et sanitaires pour remettre un texte signé parplus de 300 médecins du départem<strong>en</strong>t dénonçant les risques pour la santédes rejets des incinérateurs. Les manifestants ont demandé que soi<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>dues publiques les études préliminaires qui montr<strong>en</strong>t que les fumées,aussi filtrées soi<strong>en</strong>t-elles, provoqu<strong>en</strong>t une augm<strong>en</strong>tation des accid<strong>en</strong>tsvasculaires cérébraux et des cancers des bronches et des poumons.Le 1er mars, plusieurs milliers de personnes (2000 selon la police, 7000selon les organisateurs) ont manifesté contre le projet d’incinérateur deFos-sur-Mer, une semaine avant les élections mun<strong>ici</strong>pales. Il s’agissait un<strong>en</strong>ouvelle fois de demander l’arrêt des travaux d’un incinérateur <strong>en</strong> complètecontradiction avec le plan départem<strong>en</strong>tal d’élimination des déchetsqui prévoit lui la réduction des déchets à la source, le recyclage et laméthanisation. Le présid<strong>en</strong>t du conseil général, Jean-Noël Guérini, candidatà la mairie pour le PS, a clairem<strong>en</strong>t pris position annonçant qu’il rompraitles contrats <strong>en</strong> cours. Quant à Jean-Claude Gaudin, maire sortant, malgréses déclarations sur son souci de la santé des g<strong>en</strong>s, il n’a jamais vouluétudier de solutions alternatives… comme le propose le départem<strong>en</strong>t.rouler moins vite, ce qui n’a manifestem<strong>en</strong>taucun effet. Et heureusem<strong>en</strong>t,car ral<strong>en</strong>tir la circulation<strong>en</strong> ville augm<strong>en</strong>te la pollution :les moteurs sont réglés pour polluerle moins <strong>en</strong>tre 70 et 90 km/hdonc à 30 km/h, on pollue plusqu’à 50 ! Les industriels sontobligés de baisser leurs émissionsde gaz polluants… Mais jamaisles automobilistes. Pourquoi ?Les Verts de Lyon ont proposéqu’<strong>en</strong> cas d’alerte à la pollution,l’agglomération mette <strong>en</strong> placeun ticket à un euro la journée (aulieu de 1,20 euro pour une heure)accompagné d’une hausse desfréqu<strong>en</strong>ces de 30% destransports <strong>en</strong> commun, afind’inciter les automobilistesà ne pas pr<strong>en</strong>dre leur véhicule…Une mesure qui pourrait êtregénéralisée si le résultat estconcluant. Il serait utile delimiter la circulation automobileaux seuls véhicules d’urg<strong>en</strong>ceet aux taxis.Les médecins se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>oter une augm<strong>en</strong>tation notabledes affections pulmonaires.A court terme, on observebronchiolites, bronchiteset rhumes… A long terme,personne n’<strong>en</strong> sait ri<strong>en</strong>.Vélos> Strike-bike. En juillet 2007, desouvriers occup<strong>en</strong>t trois sites de l’usinede vélos de Nordhaus<strong>en</strong> (Allemagnede l’Est). L’usine est délocalisée <strong>en</strong>Asie après son rachat par un fondsspéculatif. Les ouvriers lanc<strong>en</strong>t l’idéede repr<strong>en</strong>dre l’usine <strong>en</strong> autogestion etappell<strong>en</strong>t à la solidarité : il faut1800 commandes pour relancer la production. Différ<strong>en</strong>tes initiativessont relayées par les syndicats dont des loteries : 30 personnes mis<strong>en</strong>t10 € et un tirage au sort donne le vélo à l’un des souscripteurs. Si cecap est atteint le 2 octobre 2007 (avec une tr<strong>en</strong>taine de vélos commandésde France), cela ne représ<strong>en</strong>te que trois jours de travail… dans uneusine qui peut produire 16 000 vélos par jour. L’usine a été finalem<strong>en</strong>tdémantelée à la fin de l’année.> Paris et Lyon : des vélib / vélov aux voitures électriques ? L’arrivéedes vélos <strong>en</strong> libre service à Lyon puis à Paris aurait pu marquer un changem<strong>en</strong>tde politique dans le domaine des transports. Mais ce que reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tles élus du succès des vélos… c’est que l’on doit pouvoir faire laDRmême chose avec des voitures ! A Lyon, comme à Paris, les candidatsaux mun<strong>ici</strong>pales des grandes formations ont proposé le développem<strong>en</strong>td’Autolib, un système de location de voitures, certaines électriques étantmême prés<strong>en</strong>tées comme “propre” (5000 morts propres par an ?). Seulsles Verts ont fait passer un autre message : une ville apaisée ne peutpasser par le retour de véhicules motorisés.> Lyon : vacances à vélo, pourquoi pas vous ? Pignon sur rue est unregroupem<strong>en</strong>t des associations qui agiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faveur du vélo dans laville. Pignon sur rue propose une discussion le v<strong>en</strong>dredi 4 avril à 19h30,à la bibliothèque du 1er arrondissem<strong>en</strong>t sur le thème Vacances à vélo,pourquoi pas vous ? Lors de cette discussion sera prés<strong>en</strong>té le réseaud’itinéraires cyclables qui se met <strong>en</strong> place progressivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France.Aujourd’hui, il est possible de programme un voyage d’une semaine oudeux sur des voies sécurisées où le déplacem<strong>en</strong>t avec des <strong>en</strong>fants est toutà fait possible. Frédéric Rollet, qui dirige l’Observatoire des véloroutes etvoies vertes animera cette soirée. Pignon sur rue organise égalem<strong>en</strong>t unebourse aux vélos le dimanche 6 avril, de 10 h à 17 h, place Sathonay,Lyon 1er, avec v<strong>en</strong>te, achat, échange de vélos et possibilité d’essayerdiffér<strong>en</strong>ts types de vélos couchés, triporteurs, tricycles, remorques…Pignon sur rue, 10, rue Saint-Polycarpe, 69001 Lyon, France,tél : 04 72 00 23 57 ou 04 26 00 11 13, www.pignonsurrue.org.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008 2 7


sociétéInflationQuerellede chiffresOff<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t les prix ontaugm<strong>en</strong>té de 1,6% <strong>en</strong> 2007.Mais l’indice off<strong>ici</strong>el est uncurieux mélange de produits depremière nécessité (alim<strong>en</strong>tation)et d’autres que l’on n’achètequ’occasionnellem<strong>en</strong>t (électroniquepar exemple dont les prixbaiss<strong>en</strong>t). Si l’on ne pr<strong>en</strong>dque les produits alim<strong>en</strong>taires,la hausse off<strong>ici</strong>elle selon l’Inseeest déjà de 2,8%. Chiffre quecontest<strong>en</strong>t les associationsde consommateurs.Selon 60 Millions deconsommateurs qui suitles prix de 1055 produits, leshausses de prix <strong>en</strong>tre novembre2007 et janvier 2008 sontparfois spectaculaires : le recordrevi<strong>en</strong>t à un yaourt qui aaugm<strong>en</strong>té de 48% <strong>en</strong> trois mois.Les organisations professionnellesrappell<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> 2007,le prix du blé a augm<strong>en</strong>té de72% provoquant toute unechaîne de hausses, le blé servantpar exemple à nourrir les vaches,le lait a aussi fortem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té…Les patrons du Cac 40qui ont vu leur rémunérationaugm<strong>en</strong>ter de 40% <strong>en</strong> 2007,devrai<strong>en</strong>t pouvoir facilem<strong>en</strong>tsuivre la hausse. Pour les fonctionnairesqui ont bénéf<strong>ici</strong>é d’unehausse de 0,8% au 1er mars,ce sera plus dur.Pays de GallesDRTower Colliery a fermén 1979, le gouvernem<strong>en</strong>t britannique de Margaret Thatcher décide de fermer les mines de charbon. Lagrève la plus longue du pays comm<strong>en</strong>ce alors. En 1994, des ouvriers de la mine de Tower Colliery déci-de repr<strong>en</strong>dre leur <strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> autogestion. 239 mineurs investiss<strong>en</strong>t leurs indemnités de lic<strong>en</strong>cie-Ed<strong>en</strong>tm<strong>en</strong>t et la mine redémarre. Le film Charbons ard<strong>en</strong>ts (1999) de Jean-Michel Carré raconte cette histoire. Fin2007, la mine a fermé… faute de nouveaux filons de charbon. Mais les 250 hectares de terrain font aujourd’huil’objet d’un nouveau projet d’écoparc. Les mineurs espèr<strong>en</strong>t réussir leur reconversion <strong>en</strong> profitant de leurnotoriété.Publ<strong>ici</strong>té> Interdiction pour les <strong>en</strong>fants. Alors qu’<strong>en</strong> France la législation a prévu la prés<strong>en</strong>ce d’un message peu visiblesur les publ<strong>ici</strong>tés alim<strong>en</strong>taires pour les <strong>en</strong>fants, la Grande-Bretagne est passée à la vitesse supérieure : depuis le1er janvier 2008, la publ<strong>ici</strong>té pour les boissons et les alim<strong>en</strong>ts trop sucrés ou trop salés est interdite dans lesémissions destinées aux moins de 16 ans. Si l’obésité française n’a pas <strong>en</strong>core atteint le niveau d’outre-Manche… ce n’est qu’une question d’années.> Efficacité de la publ<strong>ici</strong>té. Les <strong>en</strong>fants sont particulièrem<strong>en</strong>t vulnérables à la publ<strong>ici</strong>té. Une étude montreque 62 % d’<strong>en</strong>tre eux, âgés de 8 à 14 ans, demand<strong>en</strong>t à leurs par<strong>en</strong>ts d’acheter les produits qu’ils ont vus <strong>en</strong>promotion… et que 91 % obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t satisfaction (60 millions de consommateurs, mars 2008)> Lyon : procès. En mai 2007, le procès de deux Déboulonneurs s’était soldé par une disp<strong>en</strong>se de peine… maisle parquet a fait appel et les inculpés se voi<strong>en</strong>t de nouveau convoqués au tribunal le 9 avril 2008. Un deuxièmeprocès <strong>en</strong>core plus important : si l’abs<strong>en</strong>ce de peine était confirmée, cela pèserait lourd dans les prochainsprocès. Collectif des déboulonneurs, c/o CRDP, 187, montée de Choulans, 69005 Lyon.DRSans papiers> Europe forteresse. Selon les décomptes de l’association itali<strong>en</strong>neFortress Europe, ce sont au moins 1861 immigrés qui sont morts <strong>en</strong>2007 <strong>en</strong> essayant de rejoindre l’Europe, la plupart se sont noyés <strong>en</strong>essayant de rejoindre une île itali<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> Méditerranée, ou aux Canaries,ou dans le détroit de Gibraltar. Depuis 1988, l’association a rec<strong>en</strong>sé aumoins 11 750 morts.> Deux poids, deux mesures. Pour v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aide à l’ex-députée néerlandaiseAyaan Hirsi Ali, m<strong>en</strong>acée par une fatwa, Claude Guéant, secrétairegénéral de l’Elysée et Rama Yade ont tous deux suggéré que la voie dumariage pourrait lui permettre d’avoir la nationalité française et debénéf<strong>ici</strong>er alors d’une protection. C’est oublier un peu vite deux loisadoptées sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur,la première de 2003 dit que pour avoir la nationalité française, ilfaut être marié au moins depuis deux ans, la seconde de 2006 allonge ledélai à quatre ans et ajoute la nécessité de maîtriser le français. Mais ilest vrai que des sportifs sont déjà naturalisés français sans ce respect dela loi.> On arrête aussi les touristes. La Cimade a dénoncé la prés<strong>en</strong>ce dans lec<strong>en</strong>tre de rét<strong>en</strong>tion de Geispolsheim (Alsace) d’Ange Djedje, un Ivoiri<strong>en</strong>de 41 ans. Celui-ci v<strong>en</strong>u <strong>en</strong> France avec un visa touristique avait sur luison billet d’avion de retour. Arrivé <strong>en</strong> Italie le 29 décembre 2007, il estv<strong>en</strong>u r<strong>en</strong>dre visite à sa sœur <strong>en</strong> France et devait repartir pour la Côted’Ivoire pour s’y marier le 13 février 2008. Il a été interpellé quelquesjours avant de pr<strong>en</strong>dre l’avion. La France lui a payé un billet retour… le25 février 2008. Trop tard pour le mariage.> Parrainage. En réponse au présid<strong>en</strong>t de la République, proposons-luique désormais chaque année, à partir de la r<strong>en</strong>trée scolaire 2008, tousles <strong>en</strong>fants de CM2 se voi<strong>en</strong>t confier la mémoire d’un des 11 000<strong>en</strong>fants victimes des lois Hortefeux contre l’immigration. Les <strong>en</strong>fants deCM2 devront connaître le nom et l’exist<strong>en</strong>ce d’un <strong>en</strong>fant r<strong>en</strong>voyé paravion de son pays pour une destination inconnue et incertaine. Car <strong>en</strong>effet, comme le dit si bi<strong>en</strong> Nicolas Sarkozy : “Ri<strong>en</strong> n’est plus émouvantpour un <strong>en</strong>fant que l’histoire d’un <strong>en</strong>fant de son âge, qui avait les mêmesjeux, les mêmes joies et les mêmes espérances que lui”.> Mauvais Français. Né <strong>en</strong> Tunisie <strong>en</strong> 1955, alors protectorat français,Abdelkrim Fodil arrive <strong>en</strong> métropole à l’âge de trois mois et bénéf<strong>ici</strong>edepuis cette date de papiers d’id<strong>en</strong>tité français. Surprise, <strong>en</strong> 2003, aprèscinquante ans passés <strong>en</strong> France, il se voit refuser le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t deses papiers, sa nationalité étant contestée. Depuis, ce français dont l<strong>en</strong>om ne sonne pas aussi bi<strong>en</strong> que Durand ou Martin, lutte de tribunal <strong>en</strong>tribunal pour récupérer sa nationalité. La cour d’appel d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce doit r<strong>en</strong>dre son verdict le 3 avril 2008.2 8 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


décroissanceéchange publ<strong>ici</strong>taireParisPratiquesécologiquesDes ateliers de pratiques écologiquesse ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à Paris, ledeuxième samedi de chaque mois,au Moulin à café, 9, place de laGar<strong>en</strong>ne, 14e, M°Pernety. Les atelierssont gratuits. Prochain r<strong>en</strong>dez-vous: le 12 avril sur le compostet le lombricompostage <strong>en</strong>appartem<strong>en</strong>t. R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts :mishelu@no-log.org.Des propositionsconcrètes?L’association Utopia, née au seindu Parti socialiste et égalem<strong>en</strong>tprés<strong>en</strong>te chez les Verts, organiseun débat sur le thème “croissance,décroissance, <strong>en</strong>fin des propositionsconcrètes ?”, le mardi 1eravril à 18h45, à la salle de confér<strong>en</strong>cesde la Maison des sci<strong>en</strong>ceséconomiques, Université Paris 1,106-112, boulevard de l’Hôpital,13e, M°Campo Formio. Débatanimé par Jean Gadrey, économiste.Association Utopia, BP20016, 75721 Paris cedex 15.Pour lasout<strong>en</strong>abilitééconomiqueUne confér<strong>en</strong>ce internationale estorganisée les 18 et 19 avril 2008à Paris, au Fiap (30, rue Cabanis,14e) par l’Institut national desFoire bio& alternative26&27 avril,Riec/BélonFinistère100 exposantsConfér<strong>en</strong>cesPr.Belpomme,Ch. Vélot, J.P. Oliva...Tables rondesécohabitat, santéAteliers <strong>en</strong>fants<strong>en</strong>trée 2,5 € (gratuit - de 16 ans)Contact : tél : 02 98 06 93 62.télécommunications (FabriceFlipo), l’institut Recherche etdécroissance (François Schneider,D<strong>en</strong>is Bayon), le WuppertalInstitute (Wolfgang Sachs,Allemagne), l’Institut derecherche pour une Europe sout<strong>en</strong>able(Friedrich Hinterberger,Autriche et Sylvia Lorek,Allemagne). En anglais !R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : Fabrice Flipo,fabrice.flipo@int-edu.eu,tél : 01 60 76 41 03ou François Schneider,francois.schneider@degrowth.net,tél : 05 63 40 81 48.AlsaceForum joyeuseet solidairedécroissanceUn forum de la joyeuse etsolidaire décroissance se ti<strong>en</strong>tles 4, 5 et 6 avril 2008, à l’anci<strong>en</strong>Hôtel-de-Ville de Rouffach, pourcontrer la semaine institutionnelledu “développem<strong>en</strong>t durable”.Projections de films, débats surla marchandisation de la vie,sur la confiscation des bi<strong>en</strong>scommuns, sur la casse sociale<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale et culturelleprovoquée par la mondialisation…Interv<strong>en</strong>tions de Jean-Claude Besson-Girard, MichelBernard, Bruno Clém<strong>en</strong>tin,Alain Duez, Jean-Michel Florin,Michèle Gilkinet, Alexis Robert,Pierre Stein… Comité EcobioRouffach, Jean-Pierre Frick, 5,rue de Baer, 68250 Pfaff<strong>en</strong>heim,tél : 03 89 49 62 99.MontpellierUniversitépopulaireL’Université populaire deMontpellier organise le jeudi 3avril à 20 h à la libraireScrupule, 26, rue du Faubourg-Figuerolles, un atelier animé parChantal Enocq, de l’associationLâche les mots sur le thème “lalangue poétique face à la décroissance: regard sur les mots, lasyntaxe, la grammaire, regardcroisé sur le langage de la domination”.Elle organise égalem<strong>en</strong>tune r<strong>en</strong>contre avec PhilippeCorcuff, au c<strong>en</strong>tre Rabelais, 27,boulevard Sarrail, le mardi 3 juinà 19h, sur le thème : “écologie,décroissance, émancipation, questionnem<strong>en</strong>tsaltermondialistes”.Université populaire, 11 bis, ruedes Soldats, 34000 Montpellier,www.upmm.org.AinPétrole et picd’HubbertLe groupe Décroissance +d’Ambérieu-<strong>en</strong>-Bugey organisele jeudi 3 avril à 20h, à la salleEspace 1500, une confér<strong>en</strong>ceavec Emmanuel Broto sur le picde pétrole et sur les conséqu<strong>en</strong>cesd’une pénurie de l’or noir.R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts :myriam.rey@libertysurf.fr.Gr<strong>en</strong>obleCafédécroissantPour le maire de Gr<strong>en</strong>oble,Michel Destot, tout droit v<strong>en</strong>u dela recherche nucléaire, il fautaccélérer sans cesse la courseà la technologie, d’où lesmultitudes de projets qui naiss<strong>en</strong>tdans l’agglomération gr<strong>en</strong>obloise.Selon lui, “face à la mondialisationet à l’accélération desmutations économiques [il faut]toujours jouer le coup d’après”(Acteurs de l’économieRhône-alpes, avril 2006).Et c’est ainsi que la croissances’auto-<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t…Le groupe décroissance deGr<strong>en</strong>oble se retrouve tous lesseconds lundis du mois, à 20h,aux Bas-Côtés, 59, rue Nicolas-Chorier. Prochain r<strong>en</strong>dez-vous :le 14 avril 2008. On y parl<strong>en</strong>otamm<strong>en</strong>t de la réalisationd’un guide de la vie simple,de projet de marche, de jardinspartagés, de cueillette dansla nature…http://gr<strong>en</strong>oble.ouvaton.org/doku.php.R<strong>en</strong>contres de la Batailleuse12 au 15 juillet 2008ne r<strong>en</strong>contres des objecteurs de croissance est organisée à laferme de la Batailleuse, à Rochejean, dans le Doubs, du 12 au 15Ujuillet 2008. Cette r<strong>en</strong>contre, comme celle de Vassivières l’annéedernière, se veut ouverte à toutes les s<strong>en</strong>sibilités afin d’échanger, detisser des li<strong>en</strong>s, de construire des initiatives communes. Chacun peutproposer à l’avance des ateliers <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant contact avec l’un desorganisateurs : Jean-Luc Pasquinet, 40, quater B, rue des Ursulines,78100 Saint-Germain-<strong>en</strong>-Laye, jlp38@wanadoo.fr ou Angéline Delbos,44, rue de la Favorite 69005 Lyon ou Pierre Lucarellipierre@rocade.info.La ferme pédagogique de la Batailleuse.MBS!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20082 9


alternativesMédias> L’Etabli noir, c/o Les BasCôtés, 59, rue Nicolas-Chorier,38000 Gr<strong>en</strong>oble,edouard.de@gmail.com. Audépart, il y a un forum deLibération qui s’est t<strong>en</strong>u àGr<strong>en</strong>oble <strong>en</strong> septembre 2007 surle thème “Vive la politique”, unmoy<strong>en</strong> pour le quotidi<strong>en</strong> de se lieravec les grands financiers de lacapitale des nanotechnologies.Des opposants à cette vision dumonde décid<strong>en</strong>t alors de lancerune contre-information et publi<strong>en</strong>tL’Etabli noir (anagramme deLibération). Deux numéros sort<strong>en</strong>tp<strong>en</strong>dant le forum et donn<strong>en</strong>t<strong>en</strong>vie à certains de poursuivre. Letroisième numéro est sorti <strong>en</strong>février 2008 (3 €) pour <strong>en</strong> savoirplus sur les délires mégalomaniaquesdes élus régionaux.> Le Ravi, 11, boulevardNational, 13001 Marseille,www.leravi.org. En octobre dernier,le m<strong>en</strong>suel satirique régionala battu tous ses records de v<strong>en</strong>teà Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce. Une rapide<strong>en</strong>quête a montré que des personnesbi<strong>en</strong> int<strong>en</strong>tionnées ontacheté le stock de la revue dansl’<strong>en</strong>semble des kiosques dès leurparution. En cause, une <strong>en</strong>quêtesur les us et coutumes du lycéemilitaire de la ville : chants nazis,bizutages musclés, etc. L’articleest disponible <strong>en</strong> ligne pourceux et celles qui ne l’ontpas <strong>en</strong>core lu.> Survival, les nouvelles,45, rue Faubourg-du-Temple,75010 Paris, www.survivalfrance.org.Dans son numéro 66, titré“le progrès peut tuer”, Survivalmontre les désastres que provoquel’arrivée du “progrès” dansles peuples autochtones un peupartout : épidémie, obésité, diabète,famine, dép<strong>en</strong>dance, et finalem<strong>en</strong>tsu<strong>ici</strong>des quand le milieu devie est détruit. De quoi sérieusem<strong>en</strong>tremettre <strong>en</strong> cause lesthéories sur le développem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>core trop prés<strong>en</strong>tes dans bi<strong>en</strong>des associations de solidaritéinternationale.AlaskaRev<strong>en</strong>uuniverselDepuis 1976, le gouvernem<strong>en</strong>t del’Alaska a mis <strong>en</strong> place un rev<strong>en</strong>uuniversel qui est versé à toutepersonne qui réside à l’année surplace (et donc qui y vit l’hiver).Cette somme varie d’une année àl’autre selon les bénéfices que faitl’Etat mais est aujourd’hui d’<strong>en</strong>viron5000 dollars par an, versé <strong>en</strong>une seule fois à la fin de l’année(cela fait <strong>en</strong>viron 350 euros parmois, pour chaque adulte et aussipour chaque <strong>en</strong>fant). En échangede cela, le gouvernem<strong>en</strong>t a supprimétoutes les aides au chômage etles allocations familiales, lesretraites étant d’ordre privé. Celalui permet d’éviter d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>irun grand nombre de services, dediminuer notablem<strong>en</strong>t le nombrede fonctionnaires et donc<strong>en</strong> fin de compte de faire deséconomies ! Les résid<strong>en</strong>ts sontcont<strong>en</strong>ts de la mesure : le Partirépublicain qui l’a instaurée a étéréélu sans interruption depuis1976. De quoi faire réfléchirsur cette question de rev<strong>en</strong>uuniversel ! Source : Aire,Association pour l’instaurationd’un rev<strong>en</strong>u d’exist<strong>en</strong>ce,33, av<strong>en</strong>ue des Fauvettes,91440 Bures-sur-Yvette.R<strong>en</strong>contres des ami-e-sde s!l<strong>en</strong>ce 2008La r<strong>en</strong>contre annuelle 2008 des Ami-e-s de S!l<strong>en</strong>ce se ti<strong>en</strong>draà Saint-Michel-de-Chabrillanoux <strong>en</strong> Ardèche. Cette r<strong>en</strong>contreautogérée, c’est vivre <strong>en</strong>semble dans la simpl<strong>ici</strong>té volontaire,c’est partager nos expéri<strong>en</strong>ces d’autogestion et nos savoirs.La semaine du mercredi 23 juillet au mardi 29 juillet sera consacréeà la préparation et au montage. La semaine du mercredi 30 juillet aumercredi 6 août sera faite d’ateliers part<strong>ici</strong>patifs et interactifs proposéset organisés par chacun-e autour des thèmes développés dans la revue :énergie et habitats alternatifs, alim<strong>en</strong>tation, non viol<strong>en</strong>ce, décroissance,désobéissance civile, politique des groupes...L’adhésion à l’association est de 10 € par adulte et le prix des repasvégétari<strong>en</strong>s préparés collectivem<strong>en</strong>t est de 6 € par jour et par personne,demi-tarif pour les <strong>en</strong>fants de moins de 12 ans. Il y a aussi possibilité des’organiser de façon autonome pour les repas. Apportez votre matériel decamping et votre vaisselle, vos infusions, pots de confitures, miel pour lespetits déjeuners. Si vous <strong>en</strong> possédez, vos marabouts, chapiteaux, grandest<strong>en</strong>tes, yourtes, abris bambous, seront les bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>us ainsi que vosinstrum<strong>en</strong>ts de musique. Les chi<strong>en</strong>s ne seront pas admis, à la demandede la Mairie de St Michel.Pour s’inscrire : Si vous avez accès à internet, aller sur le site :http://amisil<strong>en</strong>ce.apinc.org et rubrique r<strong>en</strong>contres 2008.Si vous n’avez pas accès à internet contacter l’un des correspondantsrégionaux suivants :pour les numéros de téléphone <strong>en</strong> 01 et 02 : Claire au 01 49 84 06 23,pour les numéros de téléphone <strong>en</strong> 05 : Stéphanie au 05 59 05 73 93,pour les numéros de téléphone <strong>en</strong> 03 et 04 : Monique au 04 90 09 66 95.Les inscriptions seront closes le 21 juin.Accès et covoiturage : L’accès au lieu par transport <strong>en</strong> communest possible jusqu’à Ollières-sur-Eyrieux, <strong>en</strong>suite on monte 7 km sur routeou chemin. Pour vous organiser <strong>en</strong> covoiturage, consulter égalem<strong>en</strong>tle site internet à la rubrique r<strong>en</strong>contres 2008.Att<strong>en</strong>tion : La mairie de Saint-Michel-de-Chabrillanoux et la revueS!l<strong>en</strong>ce ne s’occup<strong>en</strong>t pas de l’organisation des r<strong>en</strong>contres. Contactezdirectem<strong>en</strong>t les Ami-e-s sur internet ou par téléphone pour toutr<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et inscription.R<strong>en</strong>contres des ami-e-s de Sil<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> 2000.Esperanto> Vi<strong>en</strong>ne : Kvinpetalo. Le c<strong>en</strong>tre espérantiste Kvinpetalo (cinq pétales)organise différ<strong>en</strong>ts stages à thème tout au long de l’année : techniquethéâtrale (15 au 19 avril), langue courante (22-26 avril), botanique (29avril au 3 mai)… Kvinpetalo, 86410 Bouresse, tél : 05 49 42 80 74.> Martigues : r<strong>en</strong>contre nationale. Du 9 au 12 mai, une r<strong>en</strong>contredes principales associations et fédérations espérantistes se ti<strong>en</strong>dra àMartigues (Bouches-du-Rhône) sur le thème “langue et culture méditerrané<strong>en</strong>ne”.R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : Pierre Oliva, Ed<strong>en</strong> Parc 99, 2772 montéedu Vieux-Camp, 83330 Le Castelet,http://esperantomartigues2008.unblog.fr.> Rat-Man. Rat-Man est un rat doté de superpouvoir,un just<strong>ici</strong>er désespéré et désespérant,un antihéros qui va d’échec <strong>en</strong> échec. Né <strong>en</strong>Italie et traduit <strong>en</strong> espagnol, il est pour la premièrefois diffusé <strong>en</strong> France… <strong>en</strong> espérantoavec un épisode inédit qui raconte comm<strong>en</strong>t cerat a r<strong>en</strong>contré l’espéranto. La BD est disponiblecontre 8 € frais de port inclus auprès deJeunes-Espéranto, 4 bis, rue de la Cerisaie,75004 Paris.Bruno GuilleminKokopelliLe ministère del’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts’interrogeA la suite de la condamnation del’association Kokopelli à23000 € d’am<strong>en</strong>des pour v<strong>en</strong>tede sem<strong>en</strong>ces anci<strong>en</strong>nes non inscritesau catalogue des sem<strong>en</strong>ces,Nathalie Kosciusko-Morizet,secrétaire d’Etat à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,s’est prononcée, le 7 février2008, pour “réfléchir à un év<strong>en</strong>tueldédit de l’Etat, pour que l’associationn’ait pas à payer et surtoutà un am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t pourrégler le problème”. Elle a précisédevant le Sénat que “l’association,<strong>en</strong> préservant des variétésanci<strong>en</strong>nes, remplit une missionde service public et que sacondamnation pose problème”.[Voir égalem<strong>en</strong>t page 2]3 0 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


alternativesToulouseLes Pavillons sauvagesne anci<strong>en</strong>ne caserne, au cœur des Minimes, un quartier deToulouse, est voué à la destruction… alors que les bâtim<strong>en</strong>tsUv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t d’être restaurés. En janvier 2007, plusieurs associationsde mus<strong>ici</strong><strong>en</strong>s ont investi les lieux. 25 adultes et <strong>en</strong>fants se partag<strong>en</strong>t àl’étage une vingtaine de pièces, alors qu’au rez-de-chaussée, s’installeun collectif de 26 associations de mus<strong>ici</strong><strong>en</strong>s, mais égalem<strong>en</strong>t d’autresassociations culturelles et Droit au logem<strong>en</strong>t. Une salle de spectacle de100 places fonctionne sur le mode associatif. Trois chambres sont réservéesà des résid<strong>en</strong>ces d’artistes. Un an après, le collectif regroupe640 mus<strong>ici</strong><strong>en</strong>s et 350 autrespersonnes. Un terrain voisina été aménagé <strong>en</strong> potager.L’expulsion prévue <strong>en</strong> décembre2007 a été repoussée avec lesouti<strong>en</strong> de certains politiques.La campagne des mun<strong>ici</strong>pales apermis de médiatiser le projet.Mais la situation reste précaire.Les Pavillons sauvages,23, av<strong>en</strong>ue Jean-Dagnaux,Les Minimes, 31200 Toulouse,www.olibanum.org.Savoir faireet découverteSavoir faire et découverte proposetout au long de l’année desstages écologiquem<strong>en</strong>t responsablesdans toute le France, surl’habitat, le bi<strong>en</strong>-être, la vie aunaturel, la cuisine… animés pardes professionnels (artisans, agriculteurs,artistes…). Plus de c<strong>en</strong>tstages sont programmés ainsicette année. Le catalogue peutêtre demandé à : Savoir faire etdécouverte, La Caillère, 61100La Carneille ou consulté surinternet : www.lesavoirfaire.fr.ParisPartirautrem<strong>en</strong>tL’association Av<strong>en</strong>ture du bout dumonde organise les 5 et 6 avril àl’Espace Reuilly (21, rue Hénard,Paris 12e), le festival Partirautrem<strong>en</strong>t avec au programmedes projections-débats : écotourismeau Mexique (samedi à11h30), le commerce équitable(samedi 15h30), tourisme etdéveloppem<strong>en</strong>t (samedi 16h30),voyages solidaires (samedi 18h),micro-crédit au Bangladesh(dimanche 17h30)… et d<strong>en</strong>ombreux récits de voyages.Exposition Tourisme et développem<strong>en</strong>t,le défi des nouveauxglobe-trotters. ABM, 11, rue deCoulmiers, 75014 Paris, tél :01 45 45 29 29, www.abm.fr.Côtes-d’ArmorNature <strong>en</strong> vieL’association Nature <strong>en</strong> vie s’estconstituée pour mettre <strong>en</strong> placeun c<strong>en</strong>tre d’échanges, d’informationset de formations sur l’écologiepratique : relation avec lanature, avec l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et lepatrimoine, avec les autres, avecsoi-même pour que chacun là oùil est puisse aller plus loin dansl’écologie au quotidi<strong>en</strong>. Elleorganise pour son démarrage,les 3 et 4 mai 2008, à Brusvilyun rassemblem<strong>en</strong>t Arts et nature.Nature <strong>en</strong> vie, La Brousse,22100 Brusvily, tél : 02 96 8452 42 ou 06 66 26 56 74.Ile-de-FranceProduitintérieur douxLe Collectif Richesse a vu lejour <strong>en</strong> Ile-de-France pour fairereconnaître toutes les formes derichesses, <strong>en</strong> particulier culturelles,écologiques et sociales.Réunissant plus de 200 personneset associations actives dans lemilieu de l’art, de la culture, del’écologie, de la santé, de l’éducationpopulaire et de l’économiesolidaire, ce collectif s’estmobilisé autour du rapport“Reconsidérer la richesse” rédigé<strong>en</strong> 2002 par Patrick Viveret,philosophe et conseiller à la Courdes comptes. Le collectif animedes r<strong>en</strong>contres sur le Produitintérieur doux (nom déjà utiliséau Québec) avec à chaque saisondiffér<strong>en</strong>tes fêtes, expositions,débats, etc. Le lieu c<strong>en</strong>tral sesitue à Main d’œuvres, un lieude création artistique et socialesitué près du marché aux Pucesde Saint-Ou<strong>en</strong> (nord de Paris)où s’est déroulée la saison deprintemps (<strong>en</strong> mars). La saisond’été se ti<strong>en</strong>dra du 15 au 25 juin2008 dans le cadre du festivalTaparole à Montreuil-sous-Bois,la session d’automne du 15 au30 septembre à Bobigny dansle cadre de la Bi<strong>en</strong>nale del’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.■ Mains d’œuvres, 1, rue Charles-Garnier, 93400 Saint-Ou<strong>en</strong>,tél : 01 40 11 25 25,www.mainsdoeuvres.org.■ www.produitinterieurdoux.org.LimogesEco-quartiera ville de Limoges a lancé <strong>en</strong>mars 2007 la construction d’unLlotissem<strong>en</strong>t Terrasses Lafayette,de 132 maisons et appartem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>ossature bois avec toitures végétalesavec trois niveaux énergétiques :maison économe (jusqu’à 46%d’économies par rapport aux normes2005), maison basse énergie(jusqu’à 56% d’économies),et maison très basse énergie (jusqu’à75% d’économies). Outre l’aspectéconomie d’énergies, l’implantationdes maisons sur sept hectaresse fait <strong>en</strong> épargnant le maximumd’arbres, deux lignes de bus pass<strong>en</strong>tà proximité pour limiter égalem<strong>en</strong>tla consommation d’énergie dansle domaine des transports.BelgiqueSamedisde l’écobioconstructionNature et Progrès organise plusieurs“causerie” : les avantagesdes techniques d’isolation <strong>en</strong> ballotsde paille (19 avril), les matériauxécologiques et leur mise <strong>en</strong>œuvre (17 mai), isolants, économiesd’énergie, respect de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tet santé (7 juin).Inscription préalable auprès de :Nature et Progrès, rue deDave, 520, B 5100 Jambes,tél : 081 303 690.Puy-de-DômeR<strong>en</strong>contres dela constructionsaineLes 4e r<strong>en</strong>contres Habis,r<strong>en</strong>contres de la constructionsaine, se ti<strong>en</strong>dront du 12 au14 juin à Pontaumur. Les deuxpremières journées, avec huitateliers thématiques, sontexclusivem<strong>en</strong>t réservées aux éluset techn<strong>ici</strong><strong>en</strong>s des collectivitéslocales. Le dernier jour est destinéau grand public. Habis, Landogne,63380 Pontaumur, tél :09 52 56 50 73, www.habis.fr.habitatDordogneEcoc<strong>en</strong>tredu PérigordL’Ecoc<strong>en</strong>tre du Périgord organisedes stages tout au long de l’année.Prochainem<strong>en</strong>t : La chaux danstous ses états (du 31 mars au4 avril pour les artisans, du 7 au11 avril pour tout public), la terrecrue dans tous ses états (du 21au 25 avril), introduction à lagéobiologie (du 16 au 17 mai)…Association Pégase, Froidefon,24450 Saint-Pierre-de-Frugie,tél : 05 53 52 59 50,www.ecoc<strong>en</strong>tre.org.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008 3 1


alternativesAudeL’Ecol’porteurL’association L’Ecol’porteurorganise des séjours de vacances<strong>en</strong> chalet ou <strong>en</strong> itinérance naturepour des <strong>en</strong>fants de 10 à 13 ans :au pas de l’âne <strong>en</strong> pays cathare(du 5 au 11 juillet ou du 9 au 15août), escapade pyréné<strong>en</strong>ne (du12 au 18 avril ou du 20 au26 avril ou du 27 octobre au2 novembre). L’Ecol’porteur,au moulin, 11500 Saint-Ferriol,tél : 06 80 04 61 41.LavaldieuLavaldieu est une ferme collectivede 50 hectares où viv<strong>en</strong>t quatreBritanniques depuis 1988. Elleest cultivée <strong>en</strong> bio, est classéecomme refuge LPO pour lesoiseaux. Disposant d’un vasteterrain et d’un grand camping,elle y organise des stages divers :Qi-gong et marche <strong>en</strong> pays cathare(20 au 26 avril), yoga des yeux(20 au 27 mai), camp de cérémonieshaman (16 au 23 juillet)…Le lieu accueille chaque année lecamp europé<strong>en</strong> de danse pour lavie <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec les danses desIndi<strong>en</strong>s nord-américains (25juillet au 2 août). Lavaldieu,11190 R<strong>en</strong>nes-le-Château,tél : 04 68 74 23 21.PlantessauvagesL’association L’Ortie organise unstage de reconnaissance desplantes sauvages alim<strong>en</strong>taires etméd<strong>ici</strong>nales et une prés<strong>en</strong>tationde leurs utilisations, du 1er au4 mai (week-<strong>en</strong>d de l’Asc<strong>en</strong>sion)à Saint-Jean-de-Paracol, près deLimoux, dans la haute vallée del’Aude. L’Ortie, Lasserre-du-Moulin, 11260 Saint-Jean-de-Paracol, tél : 04 68 20 36 09.ArdècheHabitat-Terreet PartageHabitat-Terre et Partage est unprojet d’éco-hameau qui vise àinstaller des agriculteurs ettransformateurs bio, des artisans,leurs familles et de simplesrésid<strong>en</strong>ts, avec une vingtaine defoyers <strong>en</strong>visagés, ceci afin dedévelopper coopération et<strong>en</strong>traide, privilégier la consommationlocale, utiliser des matériauxsains, pratiquer la traction animale,éviter les déchets… Depuis2006, une c<strong>en</strong>taine d’”amis” sesont intéressés au projet et aprèsmoult r<strong>en</strong>contres, un terrainconstructible de trois hectares aété trouvé sur la commune deSaint-Eti<strong>en</strong>ne-de-Serres, avec 25ha de terres agricoles sur la communevoisine de Dunière et le souti<strong>en</strong>du Parc naturel des Montsd’Ardèche. Une société civile a étémise <strong>en</strong> place pour financer laconstruction de l’éco-hameau. Ilreste <strong>en</strong>core de la place et c’estle mom<strong>en</strong>t de rejoindre le projetalors que les discussions sont<strong>en</strong>gagées avec un architecte.Habitat-Terre et Partage,Ribeyre-Bouchet 07260 Rosières,tél : 04 75 36 63 28 (heures debureau).MarseilleTout changer!Le 24e festival Sci<strong>en</strong>ce frontièrese ti<strong>en</strong>dra à Marseille du 2 au 5avril au palais du Pharo surle thème “Tout changer”.DR DRPour des contrôlescitoy<strong>en</strong>sConfér<strong>en</strong>ces, expositions, villagedes actions quotidi<strong>en</strong>nes…A signaler : “Vivre sans pétrole”(le 4 à 15h). Sci<strong>en</strong>ce Frontières,8 bis, rue du Chemin-de-Fer,94110 Arcueil,tél : 01 45 46 55 00.Systèmes d’échanges locaux> Paris : fête interSEL. Une fête des SEL d’Ile-de-France et d’ailleursest organisée le v<strong>en</strong>dredi 18 avril de 11 à 23 h, salle Olympe-de-Gouges, 15, rue Merlin, 11e, M°Père-Lachaise ou Voltaire. L’occasionpour les adhér<strong>en</strong>ts d’échanger sur les pratiques, d’exposer, d’échanger,de prés<strong>en</strong>ter des activités, de faire des repas partagés, et de combinerpratiques et <strong>en</strong>vies. SEL de Paris, maison des Associations,1-3 rue Frédérick-Lemaître, boite n° 41,75020 Paris,tél : Claudine, 01 46 22 08 50 ou Marie-France, 01 42 72 50 19.> Seine-Saint-D<strong>en</strong>is : bourse d’échange SEL’Est. Le SEL’Estorganise sa bourse d’échanges de printemps le dimanche 6 avril àpartir de 14h15 à la salle Jean-Lurcat du marché de Montreuil(M°Croix-de-Chavaux). Les échanges se font avec l’aide d’une feuilleintersel. R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : SEL Est de Montreuil, 158, av<strong>en</strong>ueErnest-R<strong>en</strong>an, 93120 Font<strong>en</strong>ay-sous-bois, tél : 06 80 87 69 02.> Bretagne : r<strong>en</strong>contre inter-SEL. une r<strong>en</strong>contre des SEL du grandouest se ti<strong>en</strong>dra les 26 et 27 avril 2008, dans les locaux de l’IREO,à Lesnev<strong>en</strong> dans le Finistère. Bourse d’échange, échanges de pratiques,repas partagé, soirée <strong>en</strong> chansons, films… Breiz-I-SELMpt du Valy-Hir, 1, rue des Frères Goncourt, 29200 Brest,tél : Michelle au 06 14 21 63 53 ou Alain Nicol au 02 98 43 10 23après 17h00.ue ce soit dans le cadre de l’agriculture biologique, du commerceéquitable ou des normes de construction dans l’habitatQsain, l’Etat a t<strong>en</strong>dance à vouloir tout contrôler <strong>en</strong> mettant <strong>en</strong>place des certifications de plus <strong>en</strong> plus complexes… et faisant supporterles coûts par les contrôlés. C’est déjà ce qui se passe avec lelogo AB <strong>en</strong> bio ou le label HQE dans l’habitat. Ces certifications nesont pas forcém<strong>en</strong>t fiables : le label AB ne pr<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong> compte lataille de l’exploitation agricole ou les conditions sociales de production.Le label HQE considère le béton, pourtant grand consommateurd’énergie, comme un matériau sain. La cause <strong>en</strong> est aux lobbys detoute sorte qui cherch<strong>en</strong>t à éviter les questions qui fâch<strong>en</strong>t et quipourrait gêner les grandes firmes qui se lanc<strong>en</strong>t sur ces marchés porteurs.Or dans le domaine de l’agriculture biologique, il existe une autrefaçon de procéder. Depuis 1972, Nature & Progrès a mis <strong>en</strong> place unsystème de garantie part<strong>ici</strong>patif : des agriculteurs bio et des consommateursbio se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t eux-mêmes sur les exploitations pour vérifierle respect du cahier des charges et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t donner desconseils, voire sanctionner. Ce fonctionnem<strong>en</strong>t pourrait aujourd’huiêtre repris dans d’autres domaines pour peu que les citoy<strong>en</strong>s s’investiss<strong>en</strong>tdans ce g<strong>en</strong>re de contrôle. Nature et Progrès, le SABD,Syndicat de l’agriculture bio-dynamique pour la bio, Minga pour lecommerce équitable, Alliance Prov<strong>en</strong>ce pour les Amap, Associationpour le mainti<strong>en</strong> de l’agriculture paysanne, le syndicat Simples pourles plantes méd<strong>ici</strong>nales, L’Atelier pour le domaine des textiles, leRéseau Ecobâtir et Areso pour l’habitat sain ont décidé de réfléchir<strong>en</strong>semble à la mise <strong>en</strong> place d’un tel système de contrôle et de transpar<strong>en</strong>cedans le domaine alternatif.■ Nature et Progrès, Jordy van d<strong>en</strong> Akker, tél : 05 63 53 41 47.■ SABD, Didier Vallet, tél : 05 67 14 31 05.■ Minga : Bernard Marrey, tél : 01 48 09 92 53.■ Simples, secretariat@syndicat-simples.org■ L’Atelier, Marie-Thérèse Chaupin, tél : 04 92 25 71 88.■ Réseau Ecobâtir et Areso, Alain Marcom, tél : 05 61 83 15 56.DrômeLes damnésde la serreJusqu’au 25 mai, le c<strong>en</strong>tre dupatrimoine arméni<strong>en</strong> de Val<strong>en</strong>ceprés<strong>en</strong>te une exposition photo deYohanne Lamoulère Les damnésde la serre. Quatre lieux sont prés<strong>en</strong>tés: les Bouches-du-Rhôneautour de l’Etang de Berre, le Rifau Maroc, El Ejido <strong>en</strong> Espagne,Huelva <strong>en</strong> Espagne, quatrerégions où les immigrés sont légalem<strong>en</strong>tou non employés commeouvriers agricoles dans des conditionsinhumaines. Nous avionsprés<strong>en</strong>té des photos de cette expositiondans le numéro spécial 25ans de S!l<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> octobre 2007.Le 6 mai 2008 à 20h30, seraprojeté le film El Ejido, la loi duprofit <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du réalisateurRhalib Jawad. C<strong>en</strong>tre du patrimoinearméni<strong>en</strong>, 14, rue Louis-Gallet, 26000 Val<strong>en</strong>ce,tél : 04 75 80 13 00.3 2 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


alternativesIsèreC<strong>en</strong>treTerre vivanteLe C<strong>en</strong>tre Terre vivante proposeun év<strong>en</strong>tail d’animations à lajournée sur les thèmes dujardinage bio et de l’habitat sain.Pour l’ouverture de la saison,l’<strong>en</strong>trée sera gratuite pour lajournée portes ouvertes ledimanche 27 avril 2008. Lec<strong>en</strong>tre propose égalem<strong>en</strong>t le jeudi8 mai 2008 une foire aux plantset graines bios. Terre vivante,domaine du Raud, 38710 M<strong>en</strong>s,tél : 04 76 34 80 80.Expérim<strong>en</strong>terla vie <strong>en</strong>communautéLa communauté de l’Arche deLanza del Vasto propose un week<strong>en</strong>dde r<strong>en</strong>contres du 17 au 20avril 2008 avec les membres dela communauté sur ce thème. Ils’adresse à des personnes de 25 à35 ans, seules, <strong>en</strong> couple, <strong>en</strong>famille, qui se pos<strong>en</strong>t des questionssur le s<strong>en</strong>s qu’ils désir<strong>en</strong>tdonner à leur vie et qui souhait<strong>en</strong>tles partager avec d’autres. Troisjours pour vivre <strong>en</strong>semble et expérim<strong>en</strong>terla vie communautaire,pour partager à partir de sespropres valeurs et de celles quifond<strong>en</strong>t la vie <strong>en</strong> communauté del’Arche. Les matinées serontconsacrées aux échanges autourd’un thème (gestion des conflits,spiritualité, action non-viol<strong>en</strong>te,simpl<strong>ici</strong>té volontaire…), lesaprès-midi au travail <strong>en</strong>semble.Tarifs modulables selon les budgets.Arche de Saint-Antoine,Cloître, 38160 Saint-Antoinel’Abbaye,tél : 04 76 36 45 52.Fêtes, foires salons>Jura : 9e Salon bois-énergie.3-6 avril, au Juraparc de Lons-le-Saunier. Confér<strong>en</strong>ces, expos, stands…BEES, 28, boulevard Gambetta, 39000Lons-le-Saunier, tél : 03 84 86 89 30.> Seine-et-Marne : 3e salon desénergies r<strong>en</strong>ouvelables et de l’habitat. 3au 6 avril au c<strong>en</strong>tre culturel de Chelles.Mairie de Chelles, Parc du Souv<strong>en</strong>ir Eric-Fouchard, 77505 Chelles cedex, tél : 0164 72 84 84.> Besançon : 1er Bio&Co. 4 au 6 avril,au parc des expositions Micropolis, salonde la bio et de la construction saine. 250exposants, 50 confér<strong>en</strong>ces. Bio & Co, 18,ruelle aux Vœux 70150 Pin, tél : 03 8160 41 28.> Narbonne : 6e Narbon’bio. 5 et 6 avril,parc des expositions, route des plages.Thème de l’année : le monde marin.Sphery’s, Mme Duchemin, BP 524,11105 Narbonne cedex, tél : 04 68 7014 77.> Isère : 12e fête des plantes et grainesrares. 5 et 6 avril, à Réaumont, thème :plantes à bulbe, rhizomes et tubercules,exposants végétaux, confér<strong>en</strong>ces, expos,librairie… La Maison de l’arbre, 12,place de la Mairie, 38140 Réaumont,tél : 04 76 65 27 56.Morbihan : 1er salon bi<strong>en</strong>-être et éco->habitat. 5 au 7 avril au parc des expositionsde Pontivy. Apome, BP 165, 56305Pontivy cedex, tél : 02 97 25 34 00.> Aveyron : 6e foire Alternabio. 6 avrilà Saint-Affrique. Alterna’Bio, BP 283,12402 Saint-Affrique cedex.> Vosges : 2e salon du vivant. 12 et 13avril, au c<strong>en</strong>tre socioculturel de Saint-Nabord. L’Ess<strong>en</strong>Ciel Vitalité, 30 bis, ruede la Xavée, 88200 Remiremont, tél : 0329 23 05 67.> Jura : 9e Bio Terra. 12 et 13 avril àJuraparc, Lons-le-Saunier. Alim<strong>en</strong>tationbio, produits écolos, nature et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,santé, habitat, artisanat, jardinage,énergies r<strong>en</strong>ouvelables, botanique… Unec<strong>en</strong>taine d’exposants. Association Terra,cidex 908, 39160 Saint-Jean-d’Etreux,tél : 03 84 48 73 54.> Ille-et-Vilaine : 1er salon Mieux-être.12 et 13 avril au parc des expositions deVitré. Brigitte Baron, 5, allée de Grèce,35500 Vitré, tél : 02 99 75 26 91.>Somme : 18e festival de l’oiseau.12 au 20 avril à Abbeville. Cinéma, expositions,ateliers, sorties nature… Festivalde l’oiseau, 20, rue du Chevalier-de-la-Barre, 80142 Cedex, tél : 03 22 24 0202.> Lot : 2e Coqueli’Causse. 17 et 18 avril,place du Marché à Limogne-<strong>en</strong>-Quercy.Produit bio, habitat sain, forum associatif,confér<strong>en</strong>ces, films… Alter-Natives,Le Champs du Lac, 46160 Saint-Chels,tél : 05 65 11 40 78.> Loire : 3e foire bio et Nature. 19 et 20avril à la salle polyval<strong>en</strong>te de Saint-Justla-P<strong>en</strong>due.Espoir Santé Harmonie,Michel Corneloup, Maison des Balmes,42120 Le Coteau, tél : 04 77 68 01 04.> Vosges : 3e r<strong>en</strong>contres de la bio. 19 et20 avril à Relanges (<strong>en</strong>tre Vittel etDarney). Marché bio, stands associatifs,animations musicales, bal folk, visites defermes, confér<strong>en</strong>ces… Jacques Banvoy,1, rue des Gravières, 54180 Heillecourt,tél : 03 83 54 29 60.> Var : 3e r<strong>en</strong>contres de Souleù. 20 avrilà la Farlède. Foire bio-équitable avecartisanat, actions citoy<strong>en</strong>nes, associations,confér<strong>en</strong>ces, animations. Souleù,Résid<strong>en</strong>ce Les Clématites, bât. A, 699,chemin du Partégal, 83210 La Farlède,tél : 06 88 62 24 88.> Dax : 6e Z<strong>en</strong>itude. 25 au 27 avril, parcdes sports, salle du Jaï-Alaï. Thème : lesthérapies prév<strong>en</strong>tives. Organisaz<strong>en</strong>, 7,av<strong>en</strong>ue du 8 mai 1945, 16000 Angoulême,tél : 05 46 90 11 52.> Finistère : 6e foire bio et alternative.26 et 27 avril à Riec-sur-Belon. Thème del’année : la face cachée des OGM. ABC,Jean-Pierre Andrieux, chemin de Kerdavid,29930 Riec-sur-Belon, tél : 02 9806 93 62.> Ille-et-Vilaine : 10e salon du chanvreutile. 26 et 27 avril à l’Espace Nominoë,à Noyal-sur-Vilaine, une tr<strong>en</strong>taine d’exposants: cosmétiques, plasturgie, isolation,vêtem<strong>en</strong>ts, alim<strong>en</strong>tation… LesNoyales, 20, rue Ambroise-Paré, 35530Noyal-sur-Vilaine, tél : 02 99 04 09 91.> Avignon : 12e Naturavignon. 26 et 27avril au domaine de la Souvine, àMontfavet. Thème de l’année : sobriété,équité, responsabilité, pour faire demainun monde vivable. Marché bio et artisanal,20 confér<strong>en</strong>ces, 40 ateliers jeunes.Av<strong>en</strong>ir, BP 87, 84143 Montfavet cedex3, tél : 09 54 18 24 57.>Haute-Garonne : 1er Nat-Eco. 26 et27 avril à la salle polyval<strong>en</strong>te deCugnaux. Salon du développem<strong>en</strong>tdurable et de l’écologie. Produits bio etrecyclables, écologiques, habitat sain,solaire, vêtem<strong>en</strong>ts bio. Entrée gratuite.Biog<strong>en</strong>os, 18, rue des Sept-Troubadours, 31000 Toulouse, tél : 05 61 6221 19.> Bouches-du-Rhône : 4e Nature et bi<strong>en</strong>être.27 avril, place de la Libération àLuynes. Producteurs régionaux, prév<strong>en</strong>tionet santé, habitat sain, confér<strong>en</strong>ces.Ciq de la Duranne, Christian Gil, impassedes Canaries, 13850 Gréasque, tél :06 11 64 58 65.> Isère : 7e journée de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.27 avril, parc de la mairie à Coublevie.Produits bios, habitat sain, jardinage,confér<strong>en</strong>ces… Thème de l’année : habitatet alim<strong>en</strong>tation. Comité des fêtes, Mairiede Coublevie, Parc d’Orgeoise, 38500Coublevie, tél : 04 76 05 21 68.> Alsace : 27e foire écobio. 1er au 5 maiau parc des expositions de Colmar. Thèmede l’année : l’av<strong>en</strong>ir sera bio. 400 exposants.Extrait du programme des confér<strong>en</strong>ces: Jeudi 1er mai : Agri bio et changem<strong>en</strong>tclimatique (13h), manger local,p<strong>en</strong>ser global (13 h), table-ronde l’av<strong>en</strong>irsera bio (15h), droits paysans, sem<strong>en</strong>ces etnouvelles technologies (17h), film We feedthe world (19h30). V<strong>en</strong>dredi 2 : le m<strong>en</strong>song<strong>en</strong>ucléaire (13h), table-ronde : quellesénergies pour demain ? (15h), bio et commerceéquitable (17h), mai 68, mai 2008,mais 2048 ? (17h). Samedi 3 : l’<strong>en</strong>fant etla nature, une école à la ferme (13h), tablerondejeunes et nature, quelle place pourl’éducation ? (15h), des mots pour vivre ladémocratie (17h). Dimanche 4 : le grandméchant lait (13h), quelle place pour laconstruction écologique <strong>en</strong> bois (13h),table-ronde : habitat écologique, individuelou collectif ? (15h), vaccinations et santépublique (17h). Eco Bio Alsace, 27, rue duCanal, 68570 Soultzmatt, tél : 03 89 4767 54, www.foireecobioalsace.fr.> Loire : Aquaviva. 1 er au 4 mai, salleLouis-Daquin, La Valette, à Ricamarie(Saint-Eti<strong>en</strong>ne). C<strong>en</strong>tre France organisation,8, Champ Montillet, 71800Gibles, tél : 03 85 28 06 18.agri-bioApiculteurs <strong>en</strong> colèreLe 21 février 2008, plusieurs c<strong>en</strong>taines d’apiculteurs ont manifestédevant le ministère de l’agriculture pour demander que soit levéel’autorisation provisoire de mise sur le marché d’un nouveau pest<strong>ici</strong>de,le Cruiser (de la firme Syng<strong>en</strong>ta) utilisé sur les sem<strong>en</strong>ces de maïs. Cetinsect<strong>ici</strong>de, autorisé p<strong>en</strong>dant un an à titre d’observation, comme sesprédécesseurs Gaucho et Rég<strong>en</strong>t, interdits <strong>en</strong> 2006, est fortem<strong>en</strong>tsoupçonné d’être toxique pour les abeilles.DRIlle-et-VilaineUne ferme sans paysan…Dans le cadre de la protection des eaux de la ville de Fougères, la communea acheté une ferme à Courbes, avec 20 hectares, bâtim<strong>en</strong>ts d’élevageet habitation vacants. L’agriculteur <strong>en</strong> place ne souhaitant pas seplier aux normes que la mun<strong>ici</strong>palité a mis <strong>en</strong> place, il a été aidé pours’installer sur une autre ferme. Des agriculteurs bio ont alors proposéà la mairie de Fougères d’y installer un agriculteur travaillant avec lesconsommateurs de la ville. La bio permettait de respecter les exig<strong>en</strong>cesdu captage d’eau. Mais la mairie PS, sout<strong>en</strong>ue par la FNSEA, a voté <strong>en</strong>février 2008 le principe de confier ces terres à un agriculteur souhaitants’agrandir, dans une logique productiviste des plus classiques. Les agriculteursbios mainti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la pression et étudi<strong>en</strong>t la possibilité d’uneoccupation. Comité de souti<strong>en</strong> c/o Michel Bobon, tél : 02 99 98 97 73.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20083 3


annoncesGratuites: les annonces de Sil<strong>en</strong>ce sont gratuites pour les abonnés et les offres d’emplois.Pour passer une annonce, joindre le bandeau d’expédition qui <strong>en</strong>toure la revue ou un chèquecorrespondant à un abonnem<strong>en</strong>t. Taille des annonces : soyez le plus concis possible. Au delàde 500 signes, nous nous réservons le droit de faire des coupes.Entraide■ Dans écohameau des Alpes-Maritimes,trois chantiers part<strong>ici</strong>patifs decinq jours (7 au 11 juillet, 15 au 19juillet, 21 au 25 juillet), torchis, <strong>en</strong>duitde terre, isolation écologique. Nombrede places limité. Logem<strong>en</strong>t sous t<strong>en</strong>te.Repas préparés <strong>en</strong> commun. Tél : 04 9305 84 50.■ Association Le Set de fleurs sur lieuprivé de séjour nature et d’animationsmusicales avec handicapés, accueillevolontaire pour divers travaux et activités: jardin, arbres fruitiers, isolationpour deux chambres, réparation toile dehutte et isolation au sol, fabrication dedeux lits superposés, construction deyourte, torchis, fabrication poêle demasse… Sur le terrain viv<strong>en</strong>t deux familles monopar<strong>en</strong>tales avec <strong>en</strong>fants instruitssur place aimant jouer au foot.Accueil stagiaire possible pour animationmusicale avec handicapés ou évaluation<strong>en</strong> milieu de travail ANPE. Lieusans alcool. http://lecampdugeai.free.fr,tél : 05 53 40 72 24 ou 06 32 86 98 11.Agir <strong>en</strong>semble■ Eco-volontariat. Je mène uneréflexion et un rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t sur toutesles programmations ou propositionsliées à l’éco-volontariat <strong>en</strong> France. Cesactivités bénévoles peuv<strong>en</strong>t êtres appeléesplus communém<strong>en</strong>t chantier-nature,lorsqu’il s’agit d’actes <strong>en</strong> faveur del’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, ou chantier solidaire,quand il s’agit plutôt de restauration dupatrimoine bâti (ou paysager) ou d’aideà la construction associative. Qu’ilssoi<strong>en</strong>t d’une journée, d’un week-<strong>en</strong>d oud’un séjour… Je propose de partager etdiffuser le plus largem<strong>en</strong>t possible desélém<strong>en</strong>ts de connaissance et s<strong>en</strong>sibilisation<strong>en</strong> faveur de l’opportunité de vivreces séjours utiles, économiques etsociaux. De permettre à toute personneintéressée de “pr<strong>en</strong>dre l’habitude” d’organiserson séjour, à l’avance, hors deson secteur géographique ou associatif,<strong>en</strong> diversifiant ses expéri<strong>en</strong>ces et <strong>en</strong> permettantaux associations, collectivités…(ou autres structures) de gagner dutemps dans ses démarches liées à cetteactivité <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t. De partagerdes outils d’information, de valorisationet de développem<strong>en</strong>t de cette activité. Jepeux partager de l’information sur cesecteur d’activité (<strong>en</strong> transmettant desdocum<strong>en</strong>ts et coordonnées ainsi que desélém<strong>en</strong>ts juridiques et statutaires aubesoin). J’accepte toute collaboration ettoute information utile à ce rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t(dates, lieu, typologies, conditions,durées du séjour…). Michaël Biehler,275, av<strong>en</strong>ue de la Boisse 73000Chambéry, tél : 06 71 67 75 38, france.echovolontaires@yahoo.fr.■ Recherche de correspondant-es, stagiaire-s,auteur-es et illustrations : Leséditions le P’tit gavroche cherch<strong>en</strong>t descorrespondant-es, mais aussi des stagiaire-s,et des auteur-es, carnets devoyages, photos, illustrations, idées dereportages, pour préparer ses prochainsguides alternatifs thématiques (guideFête-le vous-même !, guide des éditionset librairies indép<strong>en</strong>dantes, guide desartistes <strong>en</strong>gagé-es...), ou régionaux,notamm<strong>en</strong>t le Guide des alternatives<strong>en</strong> Bretagne, à Paris, puis Limousin,Prov<strong>en</strong>ce, Isère-Drôme-Ardèche, Normandie,Franche-Comté, Poitou-Char<strong>en</strong>tes,Aquitaine, etc. Un Guide desalternatives <strong>en</strong> Europe est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>préparation : vos réseaux nationaux,contacts et médias alternatifs dans l’undes 40 pays de l’Europe sont les bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>us,ainsi que votre aide à la traductionde certaines pages (<strong>en</strong> espéranto,itali<strong>en</strong>, espagnol, anglais...). Lesmeilleures contributions reçues recevrontdes guides gratuits au choix parminotre catalogue. Pour <strong>en</strong> savoir plus,contactez Esteban au 04 72 00 92 98(<strong>en</strong> semaine de 09 à 19h), ou écrivez à:éditions le P’tit gavroche, 19 rueImbert Colomès, 69001 Lyon,p t i t g a v r o c h e @ g m a i l . c o mwww.guidaltern.org. Merci !Vivre <strong>en</strong>semble■ Projet de création d’un lieu de vie solidaireà la campagne <strong>en</strong> Périgord pourjeunes s<strong>en</strong>iors (terres et maison existanteà développer, parcelles constructibles)pour partager des activités (potager,constructions avec énergies r<strong>en</strong>ouvelables),des projets (<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t politique,<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, culturel, voyages…).Tél : 05 53 50 39 24.■ Dans un charmant éco-hameaulimousin Générations solidaires créed’une part un lieu de vie pour l’accueilde sept <strong>en</strong>fants et ados <strong>en</strong> difficulté(démarrage octobre 2008) et d’autrepart l’accueil de deux personnes trèsâgées et un handicapé. L’originalité duprojet réside dans la création initialed’un pôle économique à forte connotationhumaine qui favorise d’autres activitéset constructions bioclimatiques.Sous quatre ans, six emplois dans unecollectivité intergénérationnelle de 20résid<strong>en</strong>ts. Nouveaux part<strong>en</strong>aires att<strong>en</strong>dus: Mac Guyver du bâtim<strong>en</strong>t, retraitéset artistes pédagogues, jardinage, etc.Tél : 06 82 64 72 19, michel.vidalou@free.fr.R<strong>en</strong>contres■ Souhaite r<strong>en</strong>contrer des lecteurs des<strong>en</strong>virons, ainsi que partager, échanger,construire avec une complice de cœur etd’esprit dépts 67-68-57-54. Tél : 06 7114 27 32.Recherche■ Cherche chèvre de caractère (corneset longs poils), gestante ou <strong>en</strong> lactation,pour faire partie de notre voyage <strong>en</strong>roulotte. Faire proposition : J. Surraultchez J.-Y. Boudin, Le Grand Bueix,87130 Linards.■ Nous cherchons un pressoir à huilemécanique pour tournesol. Catherine etClaude Dewaele, Les Vernusses, 03210Bresnay, tél : 04 70 42 88 25.Emploi■ Femme cherche travail saisonnier oupart<strong>en</strong>ariat dans c<strong>en</strong>tre d’accueil, gîte,camping, lieu convivial et respectueuxde l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> animationnature <strong>en</strong>fants, accueil, coutured’habitats <strong>en</strong> toile. Possibilité installeratelier couture sur le lieu, d’aider à fairemarché ou livraison avec mon utilitaireou autre. Polyval<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong>thousiasme etg<strong>en</strong>tillesse assurés. Laissez votre téléphoneau 06 81 04 94 71, Maryline.■ Gard. Cherche à effectuer petits travauxdivers. Chèque emploi-serviceaccepté. Tél : 06 65 35 39 81.Vacances■ Loue gîte 2 à 4 personnes dans campagnede Chinon, au cœur de la régiondes châteaux de la Loire, dans maisonanci<strong>en</strong>ne face à notre habitation, aumilieu d’un verger de pommiers. Cuisineavec cuisinière à bois, grande salle deséjour, canapé convertible, chambre àl’étage, à 6 et 8 km de deux gares SNCF.Nombreuses randonnées vélo possibles.Cherchons à accueillir personnes ayantdes c<strong>en</strong>tres d’intérêt proches des nôtres(écologie, convivialité, nature…). Tél :02 47 58 07 81, nbelet@wanadoo.fr.■ Camping Les coqs <strong>en</strong> pâte à Talmont,<strong>en</strong> V<strong>en</strong>dée, à 10 km de la mer, où l’êtrehumain t<strong>en</strong>te de vivre <strong>en</strong> harmonie avecla nature, dans une démarche d’écologiepratique : jardin bio, solaire, phytoépuration,toilettes sèches, compostage, trides déchets poussé, four à pain, soin auxanimaux possible. Echanges autour deces thèmes. Chambre d’hôtes. Ouvert au1er juin. Tél : 02 51 90 20 30, heuresdes repas.■ Loue yourte 6 m de diamètre, meublée,chauffage au bois sur lieu équipé toilettessèches et douches solaires. Séjourscourts. Une semaine pour vacances,280 €. Pour séjours longs, nous contacter.Lieu globalem<strong>en</strong>t écologique etori<strong>en</strong>té sur instruction différ<strong>en</strong>te pour les<strong>en</strong>fants, animation musicale, aux plantescomestibles, camping ombragé sur place,3 € par jour et par personne. http://lecampdugeai.free.fr, tél : 05 53 40 7224 ou 06 32 86 98 11.■ Cantal. Loue gîte 5 pers. (fermette18e siècle) dans hameau paisible, plein<strong>en</strong>ature. Prom<strong>en</strong>ades et VTT. Baignadedans lacs aménagés. Terrasseombragée, grand verger. Pêche à 4 km.Bastide moy<strong>en</strong>âgeuse “Tours deMerle”. Initiation gratuite à l’apicultureet au potager bio. 360 à 390 €la semaine. Tél : 04 71 45 05 22,www.geocities.com/zomerhuiz<strong>en</strong>.■ Lieu de ressourcem<strong>en</strong>t pour femmes.Vous avez besoin d’une semaine ou deuxde dét<strong>en</strong>te, loin des soucis, du travail, dela famille, du bruit ? Je vous propose dev<strong>en</strong>ir vous reposer dans un bel <strong>en</strong>droitcalme, <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce, dans un petit villageperché du parc régional du Lubéron,15 km d’Apt. Je loue un joli appartem<strong>en</strong>tpour 250 € la semaine, linge fourni,pour une femme seule, non-fumeuse(homme sur recommandation). Enoption : massages californi<strong>en</strong>s, repasbios et végétari<strong>en</strong>s, randonnées à pied,à bicyclette ou à cheval. Photos surdemande. Nicoline Leseigneur, tél : 0490 75 14 84 de 9h à 20 h, nicolineprov<strong>en</strong>ce@orange.fr.■ Drôme. Au sud du parc naturel duVercors, loue week-<strong>en</strong>d, semaine ouplus, yourte meublée de 35 m2. 5/6 couchages.Terrain nature 2000 m2. Aproximité maisonnette avec cuisine etvaisselle, salle de bains, douche.Chauffage poêle à bois hors saison.Piscine <strong>en</strong> saison (juin à août). Départnombreuses randonnées. Toutes activitésnature et petit c<strong>en</strong>tre de bi<strong>en</strong>-être àproximité. Tél : Roland, 04 75 21 1573, www.souslayourte.com.■ C<strong>en</strong>tre Finistère, à Pleyb<strong>en</strong>, <strong>en</strong>treChateaulin et Quimper, loue deux maisonnettes(fin de semaine ou plus, capacitéd’accueil pour chaque maison : 6/7personnes) au sein d’une petite fermebio, à 30 km de la mer, pour personnesayant un esprit nature. Possibilité defaire de l’équitation. Coût par maison :260 € par semaine. Fatima et Jacqueset leurs <strong>en</strong>fants Gibrill et Sarah, tél : 0298 26 38 93 (heures des repas ou laisserun message). Au plaisir de la r<strong>en</strong>contre.Logem<strong>en</strong>t, terrains■ Famille au RMI sans beaucoup derev<strong>en</strong>us, cherche hameau ou village àl’abandon avec habitations, terrain etbâtim<strong>en</strong>ts, pour y pratiquer élevage etmaraîchage avec transformation bio etécolo. Bedess<strong>en</strong> Serge, rue des Trois-Portails, 12170 Dur<strong>en</strong>que, tél : 05 6578 48 69 ou 06 31 41 12 54.■ Limite Cantal-Corrèze. Dans petitvillage champêtre, loue anci<strong>en</strong>ne maisonbourgeoise, mitoy<strong>en</strong>ne, spacieuse(135 m2) et au calme. Restaurée 2002.Séjour lumineux, poutres appar<strong>en</strong>tes,murs chaulés. Chauffage c<strong>en</strong>tral.Possibilité installer poêle de masse.Balcon et terrasse. Verger, potager, sourceà 20 m. Gare (Laroquebrou) à14 km. 390 €/mois + charges. Tél : 0471 45 05 22 ou liek<strong>en</strong>s.hilde@wanadoo.fr.■ V<strong>en</strong>ds terrain avec CU dans le Gers,15 km Auch, 5 km Mirande, dans écohameauà personnes dans démarcheécologique et développem<strong>en</strong>t personnel.Tél : 05 62 66 54 40.■ Couple de berger cherche terres agricoles<strong>en</strong> zone de montagne. Tél : 06 6262 01 36.■ Je cherche un logem<strong>en</strong>t ou une colocationdans le Diois (Drôme) à partir du7 avril. Etudiant <strong>en</strong> agronomie et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,je vi<strong>en</strong>s faire un stage de sixmois à Die, sur la mise <strong>en</strong> place de plansinter-communaux de souti<strong>en</strong> au pastoralisme.Même si vous n’avez ri<strong>en</strong> à proposer,merci d’<strong>en</strong> parler à votre <strong>en</strong>tourage.Je suis intéressé même pour unecourte durée <strong>en</strong> dépannage ; la sympathiedes lieux m’intéresse plus que leconfort ! B<strong>en</strong>jamin, tél : 06 33 79 3723, mothe@supagro.inra.fr.■ Offre petit lieu pour installer uneyourte contre partage simpl<strong>ici</strong>té volontaireet décroissance. Partage culturesvivrières à échelle humaine, vie sociale,avec pieds sur terre. Laur<strong>en</strong>t Gathem,tél : 04 70 34 70 61 (18-19h).■ Je cherche un logem<strong>en</strong>t type T2 oupetite maison région du Gard, loyersympa, accepte aussi colocation. Mercide me contacter au 04 67 82 48 52.■ Cherche terrain de loisir de 1500 m2minimum avec eau et surface arborée.Tél : 06 65 35 39 81.A v<strong>en</strong>dre■ V<strong>en</strong>ds vélo couché de rando A2UB,cause départ <strong>en</strong> roulotte. Si intéressé,écrire à : J. Surrault chez J.-Y. Boudin,Le Grand Bueix, 87130 Linards.■ V<strong>en</strong>ds éoli<strong>en</strong>ne 1000 W + mât +transfo + câble, à démonter, 700 €.Tél : 04 66 39 32 03.3 4 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


énergiesDRSortie d’une éoli<strong>en</strong>ne du port de Brindisi.Eoli<strong>en</strong>nes flottantesLa société berlinoise Blue H teste actuellem<strong>en</strong>t au large de Brindisi, ausud de l’Italie des éoli<strong>en</strong>nes flottantes, installées sur d’anci<strong>en</strong>nes plateformespétrolières. Avantages : on peut les construire au sol donc c’estmoins cher ; on peut les installer sans souci de la profondeur de l’eaudonc à plus d’<strong>en</strong>droits ; on peut les mettre plus loin des côtes donc làoù les v<strong>en</strong>ts sont plus réguliers, ce qui améliore les r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts. Le premierparc <strong>en</strong> cours d’installation compr<strong>en</strong>d 25 éoli<strong>en</strong>nes pour une puissancetotale de 92 MW.Loire-AtlantiqueGr<strong>en</strong>ellede la cuissonsolaireL’association Bolivia Inti organiseles 8 et 9 mai 2008 au c<strong>en</strong>tre devacances des Korrigans, à LePouligu<strong>en</strong>, une r<strong>en</strong>contre intituléeLe Gr<strong>en</strong>elle de la cuisson solaireet écologique. Au programme :ateliers pratiques de cuissonssolaires, mais aussi sur la promotiondu cru, forum sur les économiesd’énergie, le pot<strong>en</strong>tiel del’énergie solaire, le réchauffem<strong>en</strong>tclimatique, les barbecues verticaux,les séchoirs solaires… repasavec plats cuits au soleil, évidemm<strong>en</strong>t.Le présid<strong>en</strong>t de Bolivia Intiprés<strong>en</strong>tera, comme pour leGr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, lesconclusions de la r<strong>en</strong>contre, avectoutes les décisions prises démocratiquem<strong>en</strong>tavant. Chacun estinvité à v<strong>en</strong>ir avec son cuiseursolaire. Bolivia Inti-Sud Soleil,1, rue Juli<strong>en</strong>-Grolleau, 44200Nantes, tél : 02 51 86 04 04.Croissancefulgurante desr<strong>en</strong>ouvelablesSelon une étude publiée par leWorldwatch Institute (Etats-Unis), la production éoli<strong>en</strong>ne <strong>en</strong>2007 est <strong>en</strong> hausse de 27 %,celle du solaire photovoltaïque de52 %. 65 Etats ont mis <strong>en</strong> placedes programmes pour développerces énergies qui emploi<strong>en</strong>t déjà2,4 millions de personnes dans lemonde. La production totale del’éoli<strong>en</strong> et du solaire atteindrait240 gigawatts (à comparer aunucléaire : 370 gigawatts).Prov<strong>en</strong>ceC<strong>en</strong>tralessolairesLa Caisse des dépôts et consignationsassociée à la firme Solairedirect se lance dans la constructionde cinq c<strong>en</strong>trales solairesphotovoltaïques <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ced’une puissance totale de 32 MW(à comparer avec la situationactuelle : 40 MW dont seulem<strong>en</strong>t15 <strong>en</strong> métropole). Les sitesconcernés sont Vinon-sur-Verdon,dans le Var, et Oraison, Sainte-Tulle et Les Mées, dans les Alpesde-Haute-Prov<strong>en</strong>ce.Au total, celaoccupera 80 hectares. La mise <strong>en</strong>service des premiers parcs estprévue au deuxième semestre2008.CorseContreune c<strong>en</strong>traleau fuelPrès d’un millier de personnesont manifesté le 16 février 2008devant la préfecture d’Ajacciopour dénoncer un projet d<strong>en</strong>ouvelle c<strong>en</strong>trale au fuel <strong>en</strong> projetà Bastelicaccia. Cette c<strong>en</strong>traledevrait couvrir une partie desbesoins <strong>en</strong> électr<strong>ici</strong>té… dansun départem<strong>en</strong>t où il estlargem<strong>en</strong>t possible de fairedes économies d’énergie et dedévelopper l’énergie solaire.EuropeOubli des économiesd’énergieAu sommet europé<strong>en</strong> sur l’énergie des 8 et 9 mars 2007, les Etatsmembres avai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>té à la presse des objectifs dits “3 fois20 d’<strong>ici</strong> 2020” : d’<strong>ici</strong> 2020, réduire de 20% les gaz à effet deserre, produire 20% de l’énergie avec des r<strong>en</strong>ouvelables, faire 20%d’économie d’énergie. Le 23 janvier 2008, surprise, alors que JoséManuel Barroso, présid<strong>en</strong>t de la Commission, prés<strong>en</strong>te les mesuresconcrètes que cela suppose, les économies d’énergie ont disparu et ledocum<strong>en</strong>t s’appelle “2 fois 20 d’<strong>ici</strong> 2020”. Les explications sont pour lemoins vaseuses : il serait diff<strong>ici</strong>le de mesurer les économies d’énergie,baisser les gaz à effet de serre <strong>en</strong>traîne de fait de faire des économiesd’énergie, ce serait moins médiatique… Plusieurs interv<strong>en</strong>ants ont alorsfait remarquer que faire des économies et améliorer l’efficacité énergétiqu<strong>en</strong>’est pas la même chose. Selon l’Ademe, ag<strong>en</strong>ce française de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tet la maîtrise de l’énergie, l’objectif pour la France d’atteindre23% d’énergies r<strong>en</strong>ouvelables ne peut être atteint si <strong>en</strong> parallèlela consommation d’énergie continue à croître. Si l’efficacité énergétiqueaugm<strong>en</strong>te et qu’<strong>en</strong> même temps les usages augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, à la fin laconsommation d’énergie risque de continuer à croître. On peut supposerqu’il n’y a pas d’oubli de la Commission europé<strong>en</strong>ne, mais qu’une nouvellefois un travail clandestin des lobbys est passé par là : on veut bi<strong>en</strong>produire avec des r<strong>en</strong>ouvelables, mais ne pas remettre <strong>en</strong> cause un modede consommation à outrance. Et la décroissance n’est toujours pas auprogramme.DRPerpignanContre la THTfranco-espagnole10 000 personnes selon la police, 15 000 selon les organisateurs ont manifestéle 1er mars 2008 à Perpignan contre le projet de ligne électrique à très hautet<strong>en</strong>sion <strong>en</strong>visagée à travers les Pyrénées pour augm<strong>en</strong>ter les échanges francoespagnols.Les manifestants ont dénoncé une gestion archaïque de l’énergiefaisant remarquer qu’une telle ligne n’a de justification qu’avec une politiquec<strong>en</strong>tralisée de l’énergie <strong>en</strong> totale contradiction avec le développem<strong>en</strong>t des énergiesr<strong>en</strong>ouvelables. Les élus UMP, PS, PC, Modem de la région étai<strong>en</strong>t tous prés<strong>en</strong>ts.Egalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre 1200 et 2000 Catalans espagnols… lesquels organis<strong>en</strong>tà leur tour une manifestation à Gérone le 30 mars, de l’autre côté de la frontière.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20083 5


L’ACRO, Association pour lecontrôle de la radioactivité dansl’ouest, a été mandatée par laCommission locale d’informationdu c<strong>en</strong>tre de stockages desdéchets nucléaires de Soulaines(Aube) pour vérifier le niveau deradioactivité sur le site. L’ACROdans un rapport r<strong>en</strong>du public finfévrier 2008, reconnaît que lesanalyses n’ont ri<strong>en</strong> détecté. Maisles opposants critiqu<strong>en</strong>t la méthode: c’est l’ANDRA, Ag<strong>en</strong>ce nationalepour la gestion des déchetsradioactifs, gestionnaire du site,qui a choisi les lieux de prélèvem<strong>en</strong>ts…ayant tout loisir de lesnettoyer avant. La CRII-Rad,Commission de recherches et d’inénergiesRecyclage desr<strong>en</strong>ouvelablesLes premières photopiles créées dans les années 70 sont <strong>en</strong>core <strong>en</strong>fonctionnem<strong>en</strong>t aujourd’hui… mais pour combi<strong>en</strong> de temps ? Lafilière se p<strong>en</strong>che maint<strong>en</strong>ant sur les possibilités du recyclage desvieux panneaux. 23 industriels ont créé PV Cycle pour récupérer lespanneaux <strong>en</strong> fin de cycle et étudier comm<strong>en</strong>t les démonter et <strong>en</strong>recycler les composants. Les industriels espèr<strong>en</strong>t pouvoir dépasser 90%de recyclage. Le principal déchet toxique est, dans certains panneaux,du séléniure de cadmium (CdSe) dont la filière espère recycler 99,9%.Du côté des éoli<strong>en</strong>nes, le démontage des plus anci<strong>en</strong>nes a déjàcomm<strong>en</strong>cé <strong>en</strong> Allemagne et aux Etats-Unis. En effet, plutôt que faireles démarches pour de nouveaux emplacem<strong>en</strong>ts, les industrielspréfèr<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>ter les puissances sur les sites déjà ouvertset <strong>en</strong> Allemagne, les éoli<strong>en</strong>nes de moins de 1 MW sont <strong>en</strong> voie deremplacem<strong>en</strong>t (par des modèles de 1 à 4 MW). Certaines éoli<strong>en</strong>nesde taille moy<strong>en</strong>ne sont <strong>en</strong>suite rev<strong>en</strong>dues d’occasion. Lorsqu’elles sontdétruites, le coût du démantèlem<strong>en</strong>t est actuellem<strong>en</strong>t couvert par leprix de rev<strong>en</strong>te des matériaux : beaucoup d’acier dans les tours, ducuivre dans les moteurs… Les huiles de graissage sont recyclées, demême que les composants électroniques. Par contre, la question dudev<strong>en</strong>ir des pales <strong>en</strong> fibre de verre puis <strong>en</strong> fibre de carbone reste<strong>en</strong>tier : il n’y a pas de recyclage adéquat. Les pales sont actuellem<strong>en</strong>tbroyées et intégrées dans des sous-couches routières, mélangées avecle béton des fondations. Mais cela ne fait que masquer un déchet…que l’on retrouvera plus tard.Agrocarburants> Une impasse évid<strong>en</strong>te. Si lesEtats-Unis utilisai<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semblede leurs terres agricoles pourproduire du carburant, cela necouvrirait que 2,5% de leursbesoins ! En Europe où les terresagricoles sont plus nombreuses etoù l’on consomme moins, l’<strong>en</strong>sembledes terres agricoles nepourrait fournir plus de 20% d<strong>en</strong>os besoins ! Autant dire que l’onva s’ori<strong>en</strong>ter très rapidem<strong>en</strong>t surle pillage des terres agricoles despays du Sud pour alim<strong>en</strong>ter nosvoitures, avec toutes les conséqu<strong>en</strong>cesque cela aura pourl’alim<strong>en</strong>tation.> Catastrophe programmée.L’Union europé<strong>en</strong>ne indique pour2025 vouloir produire 35,6 millionsde tonnes d’agrocarburantscontre deux millions aujourd’hui.Les Etats-Unis vis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 202542,9 millions de tonnes contresept aujourd’hui. Et ceci nesuffira pas à se substituer aupétrole car le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t restefaible (pour fabriquer un litred’agrocarburant, il faut presqueun litre d’agrocarburant pourfaire fonctionner les tracteurset autres outils <strong>en</strong> amont de laproduction). Conséqu<strong>en</strong>ces :des millions d’hectares de terresagricoles du Sud vont et sont déjàréquisitionnés par de grandesfirmes. Autant dire que si ceci seconcrétise les surfaces agricolesvont très rapidem<strong>en</strong>t être monopoliséespar les agrocarburants.Du côté des agriculteurs, laFNSEA souti<strong>en</strong>t le mouvem<strong>en</strong>t :les agrocarburants fourniss<strong>en</strong>tun meilleur rev<strong>en</strong>u au producteurpour le mom<strong>en</strong>t.La Confédération paysannea dénoncé cette évolution <strong>en</strong> rappelantqu’il est urg<strong>en</strong>t de donnerà manger à tout le monde avantde p<strong>en</strong>ser à nourrir les voitures.> Prix alim<strong>en</strong>taires <strong>en</strong> hausse.Après les produits à base decéréales qui ont connu une hausseimportante dès cet été du fait dela baisse mondiale de productionde céréales, les conséqu<strong>en</strong>cesse manifest<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong>chaîne : comme les animaux sontnourris avec des céréales pluscher, la viande et le lait connaiss<strong>en</strong>tà leur tour une forte hausse.Le lait <strong>en</strong>trant dans la compositionde nombreux produits,ceux-ci voi<strong>en</strong>t leurprixgrimper. Et nous n’<strong>en</strong>sommes qu’au débutdes cultures pournucléaireEtats-UnisConstructionvirtuelleLes médias français ont largem<strong>en</strong>trelayé les incantations de GeorgeBush pour la relance du nucléaireaux Etats-Unis. Il était même préciséque 30 projets de réacteursétai<strong>en</strong>t à l’étude, réacteurs quidevrai<strong>en</strong>t fonctionner d’<strong>ici</strong> 2015.Effectivem<strong>en</strong>t les études ont étéfaites. Elles montr<strong>en</strong>t que l<strong>en</strong>ucléaire coûte plus cher que lesautres énergies. Sur 30 projetsannoncés <strong>en</strong> 2007, déjà 18 ont étéannulés… et dans un pays où l’arg<strong>en</strong>test roi, les autres devrai<strong>en</strong>trapidem<strong>en</strong>t suivre. Aucun réacteurnucléaire n’a été mis <strong>en</strong> chantieraux Etats-Unis depuis 1973.SoulainesQuestionsde méthodesEPRItalie : démocratie bafoué<strong>en</strong> 1988, par un référ<strong>en</strong>dum d’initiative populaire initié par le particommuniste itali<strong>en</strong> après l’accid<strong>en</strong>t de Tchernobyl, plus de 80% desEItali<strong>en</strong>s se prononc<strong>en</strong>t pour l’arrêt du nucléaire dans leur pays. Maisqu’<strong>en</strong> est-il des investissem<strong>en</strong>ts à l’étranger ? l’Enel, la principale compagnied’électr<strong>ici</strong>té itali<strong>en</strong>ne, est alors propriétaire de 33% du capital de laNersa, société qui exploite le réacteur Superphénix. Une bagarre politiqueaboutit au dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de l’Enel dans Superphénix, un labyrinthejuridique qui ne pr<strong>en</strong>dra fin qu’<strong>en</strong> 1997 avec l’arrêt définitif du réacteuralors financièrem<strong>en</strong>t plus sout<strong>en</strong>u que par EDF (51% de la Nersa).Depuis cette date, l’Enel a respecté le référ<strong>en</strong>dum, <strong>en</strong> important del’électr<strong>ici</strong>té depuis les c<strong>en</strong>trales nucléaires de la vallée du Rhône ! L’Italie,bi<strong>en</strong> que disposant d’importantes ressources <strong>en</strong> v<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> soleil a <strong>en</strong>coretrès peu développé les énergies r<strong>en</strong>ouvelables, ni fait beaucoup d’effortdans les économies d’énergie.En novembre dernier, l’Enel a annoncé vouloir pr<strong>en</strong>dre 12,5% dans lecapital de l’EPR <strong>en</strong> construction à Flamanville. Manifestem<strong>en</strong>t pas pour<strong>en</strong> récupérer de l’électr<strong>ici</strong>té (<strong>en</strong>viron 1000 km sépar<strong>en</strong>t la Manche de lafrontière itali<strong>en</strong>ne), mais plus sûrem<strong>en</strong>t pour négocier <strong>en</strong> échange l’<strong>en</strong>voide 240 tonnes de combustibles irradiés à l’usine Cogéma de la Hague,déchets prov<strong>en</strong>ant des c<strong>en</strong>trales nucléaires arrêtées et qui se promèn<strong>en</strong>tde site <strong>en</strong> site depuis 1988 <strong>en</strong> Italie. Ces déchets sont arrivée à La Haguele 15 décembre 2007 pour y être “retraités”. Le retraitem<strong>en</strong>t (plusexactem<strong>en</strong>t séparation et reconditionnem<strong>en</strong>t) prévoyant le retour dans lepays d’origine, les opposants locaux à l’EPR s’interrog<strong>en</strong>t sur un accordpossible : le stockage des déchets sur le site de l’EPR, qui serait de faitpartiellem<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong>.3 6 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


nucléaireTchernobyl> Procès <strong>en</strong> vue ? Dans un communiqué daté du 12 juin 2007, le tribunalde Kiev a r<strong>en</strong>du public les résultats d’une <strong>en</strong>quête sur les conséqu<strong>en</strong>cesactuelles de l’accid<strong>en</strong>t de 1986. Le parquet relève que la zoneinterdite est facilem<strong>en</strong>t accessible car peu surveillée, que de très nombreuxproduits contaminés <strong>en</strong> sort<strong>en</strong>t (ferraille, bois, baies, champignons,poissons), ce qui contribue à faire perdurer les problèmes d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tet de santé <strong>en</strong> dehors de la zone interdite. Enfin, le parquet de Kievrelève que de très nombreux déchets <strong>en</strong>terrés dans la zone interdite aprèsl’accid<strong>en</strong>t affleur<strong>en</strong>t aujourd’hui laissant échapper de la radioactivité,parfois à haute dose. Le parquet demande à l’administration de la zoneinterdite de pr<strong>en</strong>dre les mesures adéquates.> Finlande : contamination persistante. 22 ans après le passage dunuage radioactif, les autorités finlandaises ont annoncé qu’<strong>en</strong>core20 % des poissons et plus de 50 % des champignons du pays prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tun taux de césium-137 supérieur aux normes autorisées. Le Césium-137perdant la moitié de sa radioactivité <strong>en</strong> 30 ans, le problème sera <strong>en</strong>corelongtemps persistant.> Sarcophage français. Vinci et Bouygues ont décroché le marché deconstruction d’un nouveau sarcophage au-dessus du réacteur accid<strong>en</strong>téde Tchernobyl. Il <strong>en</strong> coûtera 432 millions à l’Ukraine pour près de cinqans de travaux. 105 mètres de haut, 150 de large, 250 de long. 900 personnestravailleront sur le chantier avec t<strong>en</strong>ues de protection et suivi dela dosimétrie.> Professeur Pellerin, l’<strong>en</strong>quête révèle l’amateurisme. L’<strong>en</strong>quête ayantconduit à la mise <strong>en</strong> exam<strong>en</strong> du Professeur Pellerin, anci<strong>en</strong> directeurdu Service c<strong>en</strong>tral de protection contre les rayons ionisants (SCPRI),vi<strong>en</strong>t de montrer que les relevés au mom<strong>en</strong>t du passage du nuage deTchernobyl étai<strong>en</strong>t faits de manière artisanale par une dizaine de personnes,non sci<strong>en</strong>tifiques, proches de Pierre Pellerin : son anci<strong>en</strong> voisininstituteur dans les Vosges ou <strong>en</strong>core des voisins de ses par<strong>en</strong>ts dansl’Isère. Ces correspondants ont expliqué qu’ils devai<strong>en</strong>t chaque moisprélever les filtres à air installés dans de petits abris <strong>en</strong> bois et les<strong>en</strong>voyer par la poste avec de l’herbe coupée dans leur jardin. Ils devai<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyer au SCPRI des os de lapin bouillis, du lait de fermeet des thyroïdes de bœuf. Une fois parv<strong>en</strong>us au SCPRI, ces échantillonsdevai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core être analysés. Autant dire qu’<strong>en</strong> mai 1986, lesdéclarations de Pierre Pellerin affirmant que “l’élévation relative dela radioactivité [<strong>en</strong> France était] très largem<strong>en</strong>t inférieure aux limitesréglem<strong>en</strong>taires” ne s’appuyait sans doute sur aucune donnée pertin<strong>en</strong>te.DR> Corse : étude pour les malades de la thyroïde. La collectivité territorialea adopté <strong>en</strong> 2006 la création d’une commission spéciale Tchernobylpour lancer une étude épidémiologique sur l’augm<strong>en</strong>tation des maladesde la thyroïde sur l’île. Il a fallu les protestations de plusieurs médecinset de plusieurs groupes politiques (communistes, nationalistes) pour quela région accepte que les représ<strong>en</strong>tants de l’Etat ne puiss<strong>en</strong>t pas interv<strong>en</strong>irsur le fonctionnem<strong>en</strong>t de cette commission… et éviter ainsi un <strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>tdu problème. Les docteurs Gabrielle et Fauconnier qui se batt<strong>en</strong>tdepuis 1986 pour dénoncer la gravité des faits, ont été désignés pourrédiger un appel d’offre europé<strong>en</strong>. En raison des coûts, seuls les maladiesde la thyroïde vont être étudiées alors que des élus souhaitai<strong>en</strong>t aussiune <strong>en</strong>quête sur les leucémies. Plus de vingt ans après le passage dunuage radioactif, on va peut-être <strong>en</strong>fin comm<strong>en</strong>cer à connaître les vraischiffres sur le nombre des victimes <strong>en</strong> Corse.Cimetière des véhicules de secours contaminés.formations indép<strong>en</strong>dante sur laradioactivité, qui avait effectuédes prélèvem<strong>en</strong>ts sans avertirl’ANDRA, pour le compte duCEDRA, une association antinucléaire,avait, elle, <strong>en</strong> novembre2007, mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce des rejetsdepuis la cheminée de compactage,des rayonnem<strong>en</strong>ts prov<strong>en</strong>antdes transports routiers. La CRII-Rad y a égalem<strong>en</strong>t décelé la prés<strong>en</strong>cede plutonium, ce qui n’estpas <strong>en</strong> conformité avec la naturedes déchets autorisés sur le site(déchets “à vie courte”).BretagnePollutionau plutoniumLa Bretagne n’a pas de chance :alors qu’elle a presque réussi à seprotéger des c<strong>en</strong>trales nucléaires,le seul petit réacteur installé àBr<strong>en</strong>nelis a laissé s’échapper duplutonium… une pollution quiC<strong>en</strong>trale de Br<strong>en</strong>nelis.DRremonte sans doute aux années1960 mais qu’EDF n’a reconnupubliquem<strong>en</strong>t que le 29 novembre2007. Rappelons que dans lesannées 1950, l’un des <strong>en</strong>jeux pourl’industrie nucléaire était de nejamais laisser s’échapper du plutoniumdont la tox<strong>ici</strong>té radiologiqueet chimique est extrême.On constate aujourd’hui ce qu’il<strong>en</strong> est : du plutonium on <strong>en</strong> trouveà l’air libre pratiquem<strong>en</strong>t autourde chaque site nucléaire, avec lescancers qui vont avec.DRDREntrée de la zone interdite.Mémorial érigé sur le site de la c<strong>en</strong>trale pour le 20e anniversaire, <strong>en</strong> 2006.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20083 7


<strong>en</strong>ergiesMarche pour un futursans nucléaireDans le cadre d’une campagne internationale antinucléaire,une marche va traverser la France d’avril à juillet prochain.R<strong>en</strong>contre avec André Larivière, un des organisateurs.DR DRMarches aux Etats-Unis.S!l<strong>en</strong>ce : Quels sont les objectifs de la marcheLondres-G<strong>en</strong>ève ? Qui sont les organisateurs ?André Larivière : La marche a pour titre “pour unfutur sans nucléaire”. Comme c’est toujours le cashors de France, elle ne distingue pas le nucléairecivil et militaire. Les organisateurs de la marchesont issus du monde anglo-saxon. Footprints forpeace [Empreinte pour la paix] est une organisationqui s’est donné pour but de faire des marchesinternationales sur différ<strong>en</strong>ts thèmes. Depuis2003, elle <strong>en</strong> a lancé une qui par tronçons traversediffér<strong>en</strong>ts pays nucléarisés. Il s’agit pour lesorganisateurs de faire le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre deux confér<strong>en</strong>cesde l’ONU sur la révision du Traité de nonprolifération.En 2003, 2004 et 2006, troismarches ont été organisées aux USA <strong>en</strong> reliant desbases militaires ayant des armes nucléaires. En2007, une marche a traversé la Grande-Bretagne,de Dublin à Londres. En 2008, la marche relieradonc Londres à G<strong>en</strong>ève où se trouve l’un dessièges de l’ONU. En 2009, le projet prévoit derepartir de G<strong>en</strong>ève pour, à travers la Suisse etl’Allemagne rejoindre le tribunal international deLa Haye, aux Pays-Bas, tribunal qui a jugé que lapossession de l’arme atomique était illégale. Unedouzaine de personnes (d’Ecosse, Australie,Angleterre, USA) assureront toute la marche. LesFrançais sont att<strong>en</strong>dus cette année pour v<strong>en</strong>irr<strong>en</strong>forcer leur action, dans le contexte bi<strong>en</strong> particulierde la France et de ses nombreuses installationsnucléaires.Quels sont les principaux r<strong>en</strong>dez-vous le longde la marche ? Comm<strong>en</strong>t part<strong>ici</strong>per à lamarche ?La marche arrivera symboliquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Francepar le port de Cherbourg, dans la Manche.Cherbourg, ce sont les ars<strong>en</strong>aux militaires oùsont fabriqués les sous-marins nucléaires français.C’est aussi le siège administratif d’une régionoù l’on trouve le c<strong>en</strong>tre de retraitem<strong>en</strong>t de LaHague, avec ses c<strong>en</strong>tres de stockage de déchets, lac<strong>en</strong>trale de Flamanville et la construction del’EPR. Les premiers jours de marche <strong>en</strong> France seferont dans un contexte de forte contestation desprojets de nouvelles lignes à très haute t<strong>en</strong>sion.Puis elle desc<strong>en</strong>d le long de la Loire pour <strong>en</strong> visiterdes “châteaux” bi<strong>en</strong> particuliers. Elle rejoint<strong>en</strong>suite la route des déchets <strong>en</strong> passant parSoulaines (Aube) et Bure (Haute-Marne). Lamarche s’acheminera à Valduc, au nord de Dijon(Côte-d’Or), là où sont assemblées les têtesnucléaires françaises, avant de rejoindre G<strong>en</strong>èvepar le Jura français et suisse. L’arrivée est prévue lejour de l’anniversaire du premier essai nucléairedans le désert du Nevada, c’est à dire le 16 juillet.Si les marcheurs anglo-saxons sont <strong>en</strong>traînés,nous avons insisté au Réseau Sortir du nucléairepour que les étapes ne soi<strong>en</strong>t pas trop longue afinque tout le monde puisse part<strong>ici</strong>per. La plupartdes étapes font <strong>en</strong>tre 20 et 25 km, avec des joursde repos tous les cinq ou six jours. Il y aura unecamionnette pour porter les bagages, une autrepour assurer la cantine à midi et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>tle soir si les groupes d’accueil n’y suffis<strong>en</strong>t pas.Chaque marcheur doit v<strong>en</strong>ir avec de quoi camper.Cette marche va-t-elle faire le li<strong>en</strong> avec l’actionperman<strong>en</strong>te devant l’OMS à G<strong>en</strong>ève quidemande que soit supprimé l’accord de soumissionà l’AIEA ?Bi<strong>en</strong> sûr. Une manifestation se ti<strong>en</strong>t à G<strong>en</strong>èvedevant le siège de l’OMS, le 26 avril 2008. ALondres, pour le départ de la marche, une actionsera faite sur le même thème. La vigile devantl’OMS devrait se poursuivre <strong>en</strong>suite pour <strong>en</strong>coreau moins six mois et la jonction sera faite à l’arrivée.Des actions devant l’OMS sont <strong>en</strong>core organiséesdu 6 au 9 août, dates anniversaires de bombardem<strong>en</strong>tsd’Hiroshima et Nagasaki.Peut-on espérer qu’une action internationalecomme cette marche permette aux antinucléaireseuropé<strong>en</strong>s d’aider les antinucléairesfrançais ?Certes, une telle marche permet de faire le li<strong>en</strong><strong>en</strong>tre militants au niveau international.Mais actuellem<strong>en</strong>t, le Réseau Sortir du nucléaire<strong>en</strong> France fait bi<strong>en</strong> des <strong>en</strong>vieux dans les autrespays. C’est un des réseaux qui fonctionn<strong>en</strong>t lemieux… S’il est <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce faible, c’est surtoutparce qu’<strong>en</strong> face le lobby nucléaire français est3 8 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


Michel BernardMarche Londres-G<strong>en</strong>ève 26 avril - 17 juillet 2008L’itinéraire de la marche est le suivant (sont indiqués le lieu d’arrivée le soir) :Londres (25 avril), Esher (26), Guildford (27), Haslemere (28), Petersfield (29), Porstsmouth (30),Cherbourg (1er mai), Greville-Hague (2), Auderville-Hague c<strong>en</strong>tre de retraitem<strong>en</strong>t des déchets,stockage de déchets radioactifs (3) Biville (4), Les Pieux-Flamanville c<strong>en</strong>trale nucléaire, constructionde l’EPR (5), Carteret (6-7), Bolleville (8), Anneville-sur-Mer (9), Coutances (10), Granville (11),Avranches (12-13), Saint-James (14), Fougères lutte contre la ligne THT (15), La Croixille (16),Laval (17), Saint-Sulpice (18), Montguillon (19), La Membrolle (20), Angers (21-22), Saint-Maur(23), Saumur (24), Bertignolles (25), Chinon c<strong>en</strong>trale nucléaire (26), Saint-Patrice (27), Berth<strong>en</strong>ey(28), Tours (29-30), Amboise (31), Onzain (1er juin), Blois (2), Mer (3), Meung-sur-Loire (4),Orléans (5-6), Jargeau (7), Sully-sur-Loire (8), Gein, c<strong>en</strong>trale nucléaire (9), Le Bourge (10),Montargis (11-12), Dordives (13), Cheroy (14), S<strong>en</strong>s (15), Michery (16), Courceroy (17), Nog<strong>en</strong>t-sur-Seine, c<strong>en</strong>trale nucléaire (18-19), Marigny-le-Châtel (20), Troyes (21), Piney (22), Chaumesnil (23),Soulaines stockage déchets nucléaires (24), Dommartin-le-Franc (25), Joinville (26), Bure projetd’<strong>en</strong>fouissem<strong>en</strong>t des déchets (27 et 28 juin), Busson (29), Forcey (30), Rolampont (1er juillet),Longeau-Percey (2), Orville (3), Moloy-Valduc c<strong>en</strong>tre militaire d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de l’arme atomique (4),Cestres (5), Dijon (6-7), Aiserey (8), Saint-Aubin (9), Biefmorin (10), Montrond (11), Pont-de-la-Chaux (12-13), Morez (14), La Cure (15), Gex (16), G<strong>en</strong>ève (17 au 19 juillet).<strong>en</strong>core très fort. Mais ce dernier est de plus <strong>en</strong>plus isolé au niveau international.Quels sont les risques de la présid<strong>en</strong>ce françaiseeuropé<strong>en</strong>ne au deuxième semestre 2008<strong>en</strong> matière énergétique (v<strong>en</strong>te de réacteurs,promotion du nucléaire “propre” pour luttercontre l’effet de serre) ?Sarkozy est sans doute <strong>en</strong> train de préparer uneoff<strong>en</strong>sive importante pour essayer de poursuivresa politique commerciale dans ce domaine…Mais au niveau europé<strong>en</strong>, il va se trouverconfronté à une forte rétic<strong>en</strong>ce d’autres Etats.L’Autriche qui a inscrit sa position antinucléairedans sa Constitution, va s’appuyer sur la majoritédes Etats qui n’ont ni armes nucléaires ni c<strong>en</strong>tralesnucléaires pour contrecarrer la volontéfrançaise (voir <strong>en</strong>cart).Sortir du nucléaire <strong>en</strong> France, cela comm<strong>en</strong>cepar quoi ?Le bon s<strong>en</strong>s devrait guider nos choix. Toutd’abord, il faut évidemm<strong>en</strong>t miser massivem<strong>en</strong>tsur les économies d’énergie. Il faut <strong>en</strong>suite arrêtertous les chantiers <strong>en</strong> cours (EPR, Iter, agrandissem<strong>en</strong>tde l’usine Georges-Besse…). Ensuite,il faut réori<strong>en</strong>ter la recherche vers la sobriété etles énergies r<strong>en</strong>ouvelables et développer ces dernières.A ce sujet, le Réseau Sortir du nucléairea publié récemm<strong>en</strong>t une brochure qui prés<strong>en</strong>tediffér<strong>en</strong>ts scénarios possibles.Propos recueillis par Michel Bernard ■Marche de Malville à Paris, 1994.> La France isolée<strong>en</strong> Europe?Des 27 pays de l’Unioneuropé<strong>en</strong>ne, seule la Grande-Bretagne a aussi développél’arme nucléaire d’où despositions très franches del’Europe pour un désarmem<strong>en</strong>tnucléaire et un r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t dela lutte contre la prolifération.Côté c<strong>en</strong>trales nucléaires,il n’y <strong>en</strong> a pas (ou plus) <strong>en</strong>Autriche, Chypre, Danemark,Grèce, Irlande, Italie,Luxembourg, Malte, Portugal.D’autres sont <strong>en</strong> voie d’arrêterleurs c<strong>en</strong>trales : Belgique,Espagne, Pays-Bas, Suède.Cela fait suffisamm<strong>en</strong>t de payspour bloquer toute initiative<strong>en</strong> faveur du nucléaireau niveau europé<strong>en</strong>.> Anniversaire de TchernobylLe week-<strong>en</strong>d du 26 et 27 avrilsera marqué par de nombreusesinitiatives pour marquer le22e anniversaire de l’accid<strong>en</strong>tde Tchernobyl. Ces initiativessont coordonnées par le RéseauSortir du nucléaire et sontrec<strong>en</strong>sées sur le site www.sortirdunucleaire.org. Il vousest possible d’organiser unévénem<strong>en</strong>t autour de cette date.Le Réseau propose tout unpanel d’actions, de films,d’interv<strong>en</strong>ants, de matériel…S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20083 9


alternativesEstebanUn bar autogéré :De l’Autre CôTé du PonTOu comm<strong>en</strong>t une idée délirante se transforme <strong>en</strong> un lieu coopératif convivialà la croisée des réseaux.Un grand mur propose diverses expositions.(1) Confédération paysanne, 8, quaiJoffre, 69002 Lyon, tél : 04 78 38 3397.(2) ARDEAR, Association régionalede développem<strong>en</strong>t de l’emploi agricoleet rural, 8, quai Joffre, 69002Lyon, tél : 04 78 38 29 20.(3) Association Contres<strong>en</strong>s, 235, rueV<strong>en</strong>dôme, 69003 Lyon, tél : 04 78 7292 01.Durant l’été 2001, Axel et Jérôme t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t lebras sur la route, quelque part <strong>en</strong>treStockholm et Lyon, voyageant au gré desr<strong>en</strong>contres, et espérant trouver quelque voitureprête à leur r<strong>en</strong>dre leur coup de pouce. De cepériple naît un projet un peu fou : s’équiper d’unbus qui roulerait aux énergies r<strong>en</strong>ouvelables. Ason bord, une équipe de sci<strong>en</strong>tifiques et artistes<strong>en</strong> tous g<strong>en</strong>res qui constituerai<strong>en</strong>t une sorte d’<strong>en</strong>cyclopédie<strong>en</strong> lisant, analysant ou représ<strong>en</strong>tantles contrées traversées et les cultures r<strong>en</strong>contrées.Ce bus servirait de trait d’union <strong>en</strong>tre les paysparcourus.L’objectif : tisser des li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre les g<strong>en</strong>s. Si l’idéedu bus fut abandonnée, <strong>en</strong> revanche l’idée d’unbar comme point de r<strong>en</strong>contres et d’échangespr<strong>en</strong>d forme. Axel est alors Lyonnais, et Jérômevit à Lille. Ils se connaiss<strong>en</strong>t depuis le collège, oùils ont étudié et fait un bout de chemin <strong>en</strong>sembledans le pays de Gex, près de la frontière suisse.Malgré la distance, Axel et Jérôme continu<strong>en</strong>t dese voir et de parler de leur projet, tous les deuxmois <strong>en</strong>viron, du côté de Lille.Un projet agriculturelEn février 2003, Jérôme emménage <strong>en</strong> colocationavec Axel à Lyon, dans le quartier de laGuillotière, car c’est dans ce coin de la ville qu’ilssouhait<strong>en</strong>t mettre <strong>en</strong> place leur projet de bar. Unquartier cosmopolite où différ<strong>en</strong>tes culturescoexist<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre restaurants chinois et sandwicheriesde chiches-kebabs. C’est dans ce quartierqu’ils retrouv<strong>en</strong>t Boris, un ami r<strong>en</strong>contré dans leNord. Ce dernier, qui comm<strong>en</strong>ce à bi<strong>en</strong> connaîtrela scène de musiques actuelles lyonnaises, se jointau duo. C’est alors que comm<strong>en</strong>ce la recherched’un lieu à même d’accueillir leur projet de bar. Atrois ils défrich<strong>en</strong>t le quartier de la Guillotière,tout <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çant à tisser des contacts auprèsde la Confédération paysanne (1) et de l’Ardear(2), deux structures très proches du monde paysan,car ils cherch<strong>en</strong>t déjà à établir des li<strong>en</strong>s avecde petits producteurs paysans du coin afin d’alim<strong>en</strong>terleur futur bar de bons produits locaux. Ilscré<strong>en</strong>t l’association agriculturelle Contres<strong>en</strong>s(sans salarié-es) (3), afin de comm<strong>en</strong>cer leur activitéde diffusion de bonnes choses lors de manifestationscomme les RAM (R<strong>en</strong>contres pour uneAutre Mondialisation), <strong>en</strong> janvier 2004.4 0 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


Après avoir posé tous les trois leurs économiessur une table, ils décid<strong>en</strong>t de chercher unebanque qui leur permettrait de réunir l’arg<strong>en</strong>tmanquant pour créer le bar (avec salarié-es).Comme ils souhait<strong>en</strong>t monter leur structure sousla forme d’une coopérative Scop, le mouvem<strong>en</strong>trégional des Scops de Rhône-Alpes les appuie <strong>en</strong>apportant des garanties financières au projet, et leCrédit coopératif répondant, après hésitation,positivem<strong>en</strong>t à leur demande de prêt bancaire : lebar peut <strong>en</strong>fin voir le jour.Le choix de la situation géographique du bar futlà aussi un désir de se démarquer de ce qui se pratique: une grande partie des bars et salles deconcerts de la ville est <strong>en</strong> effet conc<strong>en</strong>trée à laCroix-Rousse et sur la presqu’île. D’où l’idéed’être « de l’autre côté » du fleuve, près desberges du Rhône et du pont de la Guillotière, <strong>en</strong>étant dés<strong>en</strong>clavé de l’île c<strong>en</strong>trale et de l’ « hyperc<strong>en</strong>tre ». Le nom du bar est donc tout trouvé :un autre côté est possible !En mars 2004, le bar De l’Autre CôTé du PonTouvre <strong>en</strong>fin son comptoir à ses tous premierscli<strong>en</strong>ts, après de longs travaux, au 25 coursGambetta, à la Guillotière. S’il est vrai que sonactivité permet de générer des rev<strong>en</strong>us, cet arg<strong>en</strong>tn’est pas utilisé pour être accumulé. Une coopérativeScop n’a d’ailleurs pas le profil d’une <strong>en</strong>treprisepour capitalistes ! Les créateurs du bar souhait<strong>en</strong>t<strong>en</strong> effet faire de l’arg<strong>en</strong>t un outil deredistribution, et non une fin <strong>en</strong> soi. Les bénéficessont donc dédiés à trois pôles : celui dessalarié-e-s (qui gèr<strong>en</strong>t le bar au quotidi<strong>en</strong>), celuides petits producteurs paysans (qui le fourniss<strong>en</strong>t<strong>en</strong> boissons et produits paysans locaux) et celuides artistes (qui anim<strong>en</strong>t le lieu). Tous les jours,le midi, on peut donc y manger et y déguster debons produits paysans, et le soir pas trop tard ony grignote de petites assiettes légères de tapas. Lesbières artisanales locales y sont excell<strong>en</strong>tes, etmoins chères qu’ailleurs pour autant, tout commele café, même s’il est issu d’un commerce pluséquitable.De l’autre côté du son : desnotes de musiques équitablesDans l’univers de la musique comme dans l’alim<strong>en</strong>tation,la distribution est trop souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>treles mains de majors et de géants de la grosse distribution,des multinationales (gros labels, industriesagro-alim<strong>en</strong>taires…). L’équipe du bar décidedonc d’aller à contre-courant de cette fâcheuset<strong>en</strong>dance <strong>en</strong> décidant d’accompagner de petitsproducteurs et brasseurs de bières paysans, souv<strong>en</strong>tbios, mais aussi des artistes et petits collectifsmusicaux qui début<strong>en</strong>t, tout <strong>en</strong> les rémunérantcorrectem<strong>en</strong>t (fait assez rare dans l’universdes cafés-concerts) : des notes de musiques justeset des notes de frais équitables !Afin d’ouvrir le bar à un public plus large, depuisfin 2006 il ouvre ses portes égalem<strong>en</strong>t ledimanche, avec spectacles et espace non-fumeur,pour que les <strong>en</strong>fants puiss<strong>en</strong>t aussi voir les contesqui ont lieu un dimanche par mois, mais durantl’automne et l’hiver uniquem<strong>en</strong>t, d’octobre àmars.Et pour ne pas trop impressionner le public avecune carte de produits étiquetés « paysans bioséquitables <strong>en</strong>gagés », l’équipe du bar décide d<strong>en</strong>e pas trop afficher ni communiquer cet aspectlà,afin d’être un vrai bistrot de quartier, et non unrepaire pour g<strong>en</strong>s déjà convaincus.Et ça marche : soirée slams chaque mois depuisEstebanUne petite scène permet d’accueillir des spectacles.septembre 2006 avec notamm<strong>en</strong>t la Tribut duverbe (4), concerts de musiques variées et réguliersle soir <strong>en</strong> fin de semaine, des soirées rapsprévues <strong>en</strong> 2008, et un public mixte de 18 à 60ans et plus. Et le bouche à oreille fonctionne, lelieu accueillant plus de 700 passages chaquesemaine <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, avec une capacité d’accueilde plus de 60 personnes assises dans la salle, p<strong>en</strong>dantles spectacles (contes, concerts, projections…).« Les g<strong>en</strong>s vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>ici</strong> pour la cohér<strong>en</strong>cedu lieu, pour y retrouver les amis, leurs réseaux, lesbons produits », note Jérôme.L’équipe de la coopérative s’est agrandie peu à peudepuis 2004, passant de 3 à 7 salarié-es à tempsplein (5), et dans laquelle chaque personne a sonmot à dire, notamm<strong>en</strong>t lors de leur réunion hebdomadairedu jeudi après-midi, selon le principed’une <strong>en</strong>treprise coopérative où une personne =une voix. Toutes les décisions sont ainsi prisescollectivem<strong>en</strong>t. Idem pour le gérant du bar, qui(4) La Tribut du verbe, 24, rueImbert-Colomès, 69001 Lyon, tél :06 17 10 40 35, www.latributduverbe.com(5) A temps plein, soit 39 heureshebdomadaires, mais avec sixsemaines de congés payés pour parv<strong>en</strong>irà un équival<strong>en</strong>t de 35 heureshebdomadaires. Il s’agit là de laconv<strong>en</strong>tion collective hôtellerie-restauration.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20084 1


alternativesest choisi parmi les salarié-es, <strong>en</strong> place pour troisans, et qui perçoit le même salaire que tous lesautres, ceci afin de rester dans une logique d’égalité<strong>en</strong>tre les salarié-es. Voilà aussi pourquoi tousles postes tourn<strong>en</strong>t : chacun-e est tour à tour aufourneau, à la cuisine, au comptoir, au service <strong>en</strong>salle, le matin, le midi ou le soir, <strong>en</strong> semaine et leweek-<strong>en</strong>d. L’équilibre hommes-femmes est luiaussi recherché : il y a donc à prés<strong>en</strong>t deuxfemmes et cinq hommes dans l’équipe (il n’y avaitaucune femme dans l’équipe de départ).Une coopérativequi fait des petitsLa belle réussite de ce bar coopératif a donné<strong>en</strong>vie à d’autres de se lancer dans des projetsdans le même esprit, s<strong>en</strong>sibilisés à cette démarchecoopérative avec approvisionnem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>tsvia des petits producteurs paysans : la coopérativea ainsi donné un coup de pouce pour le lancem<strong>en</strong>td’Alpage, la toute première AMAP (associationde mainti<strong>en</strong> de l’agriculture paysanne) deLyon, et a égalem<strong>en</strong>t aidé d’autres lieux à se monter<strong>en</strong> leur transmettant leurs contacts et expéri<strong>en</strong>ces.C’est ainsi qu’a pu se créer le bar les Pèrespeinards (à Saint Eti<strong>en</strong>ne), l’épicerie coopérativeDe l’autre côté de la rue (6) non loin du bar (pourcelles et ceux qui veul<strong>en</strong>t retrouver les produitsdu bar chez eux, pour de petites commandes <strong>en</strong>détail ou <strong>en</strong> demi-gros), et d’autres futurs bars etlieux <strong>en</strong> France dont l’équipe est passée par Lyonpour s’inspirer du bar De l’Autre CôTé du PonT, etvoir comm<strong>en</strong>t cela fut r<strong>en</strong>du possible de concilierproduits paysans locaux équitables, petits prix etdémocratie économique <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise. Le mouvem<strong>en</strong>tnational des Scops favorise ce g<strong>en</strong>red’échanges d’expéri<strong>en</strong>ces afin que les projetscoopératifs s’<strong>en</strong>traid<strong>en</strong>t et s’échang<strong>en</strong>t leurs carnetsd’adresses, notamm<strong>en</strong>t via son annuair<strong>en</strong>ational <strong>en</strong> ligne (7). Le bar De l’Autre CôTé duPonT et l’épicerie De l’autre côté de la rue (tousdeux créés sous forme de Scops) peuv<strong>en</strong>t ainsigrouper leurs commandes, ce qui est plus intéressantpour motiver de petits producteurs àv<strong>en</strong>ir de la campagne pour livrer <strong>en</strong> ville dans lalogique du circuit court (court-circuitant ainsi lesintermédiaires de la grosse distribution !).EstebanLe bar avec ses productions locales.(6) 75, cours de la Liberté, 69003Lyon, tél : 04 72 60 88 05.(7) Mouvem<strong>en</strong>t national des SCOPs:www.scop.coop.Il n’y a pas de fumée sans lieuDepuis le 1er janvier 2008, comme tous les barset autres cafés et restaurants de France, le lieu estdev<strong>en</strong>u non-fumeur, ce qui devrait lui permettred’attirer de nouveaux cli<strong>en</strong>ts que le lieu trop<strong>en</strong>fumé décourageait. Pour celles et ceux quivoudrai<strong>en</strong>t malgré tout fumer, des tables etchaises du bar sont conservées <strong>en</strong> terrasse, espa-4 2S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008Réunion des salariés, le jeudi. Il <strong>en</strong> manque un ce jour là !


ce loué par contrat avec la ville, et qui reste <strong>en</strong>place de début avril à fin octobre, p<strong>en</strong>dant lapériode la plus chaude de l’année. En espérantque la terrasse restera assez calme le soir, souspeine d’être fermée au public si les voisin-es duquartier avai<strong>en</strong>t à se plaindre de conversationstrop fortes après 20 heures.Aujourd’hui l’équipe du bar espère que le quartierde la Guillotière saura résister à sa réhabilitation<strong>en</strong> cours, car depuis de nombreuses années lamairie cherche à lisser et uniformiser ce quartierpas comme les autres, mettant <strong>en</strong> place parkingssouterrains (à l’heure où le prix du pétrole flambe),tours vitrées sans âme et même fontaines ausol pour t<strong>en</strong>ter d’empêcher notamm<strong>en</strong>t les rassemblem<strong>en</strong>tsdebout, sur la place du Pont.Pour connaître le m<strong>en</strong>u des animations du bar, onpeut soit consulter la presse culturelle locale (lePetit bulletin par exemple), soit s’abonner à leurliste électronique de diffusion ou <strong>en</strong>core visiterleur site internet (qui <strong>en</strong> décembre 2007 ne marchaitplus, mais devrait revoir le jour début2008). Et parce que l’abus d’alcool peut-être dangereuxpour la santé, un message subliminal s’estcaché dans le nom du bar, sur la devanturedehors, <strong>en</strong> blanc sur noir.Esteban ■De l’Autre CôTé du PonT, 25, cours Gambetta,69003 Lyon, tél : 04 78 95 14 93.Ouverture : du lundi au v<strong>en</strong>dredi de 8 h dumatin à 1 h du matin (sauf le jeudi, fermé de15 h à 17 h), le samedi de 15 h à 1 h,et le dimanche de 14 à 19 h (ouverturele dimanche avec spectacles seulem<strong>en</strong>t 6 moispar an d’octobre à mars).Cet article est tiré du nouveauguide Le Rhône <strong>en</strong> alternatives,guide des initiatives écologiqueset solidaires paru aux éditionsLe p’tit gavroche. Ce guide de254 pages rec<strong>en</strong>se plus de 700adresses dans le départem<strong>en</strong>tet est disponible contre 10 €dans de nombreux lieux alternatifs(dont Sil<strong>en</strong>ce). Il est égalem<strong>en</strong>tdisponible par correspondance(+2,50 € de port)auprès de : Editions le P’titgavroche, 19, rue Imbert-Colomès, 69001 Lyon.EstebanEstebanUne petite terrasse à l’extérieur.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20084 3


décroissanceCultivons le désir de créerUtilisons l’art dans toute sa variété pour susciter l’<strong>en</strong>vie des belles choses, pour secréer une culture de la décroissance, pour passer de la contestation à la proposition.décroissance fait peur” dis<strong>en</strong>t ceuxqui ne croi<strong>en</strong>t pas au concept.“La Pourtant, “le bonheur n’est pas dans laconsommation”, c’est un pur lieu commun (Foules<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tale de Souchon, chanté par les Enfoiréssur une grande chaîne de télé). Et justem<strong>en</strong>t ledanger de tous les lieux communs c’est de perdreleur s<strong>en</strong>s. Le danger de tous les cons<strong>en</strong>sus, c’estde ne plus susciter de questions.Ainsi, c’est aux objecteurs de croissance les premiersqu’il revi<strong>en</strong>t de ne pas se voiler la face.Oui, <strong>en</strong> l’état actuel des choses, du (mauvais)fonctionnem<strong>en</strong>t de la société, ne pas avoir la possibilitéde consommer peut r<strong>en</strong>dre malheureux.Parce qu’un confort minimum est toujours souhaitable(nourriture, logem<strong>en</strong>t, mais aussi lumière,espace, intimité, air pur, sil<strong>en</strong>ce…) et qu’ils’achète. Et surtout parce que ce confort minimumn’est pas du tout une référ<strong>en</strong>ce puisque certainsont beaucoup plus, que c’est légal de gagnerplus d’arg<strong>en</strong>t pour plus consommer (mêmeconseillé par les hommes et femmes politiques lesplus médiatisés), et que la pub n’appelle qu’à ça,partout, toujours.La culture n’est pasune marchandise“Heureusem<strong>en</strong>t, il y a la culture !” nous chant<strong>en</strong>t<strong>en</strong> chœur figures politiques et médias, <strong>en</strong> nousv<strong>en</strong>dant du cinéma, du théâtre, des expositions,des concerts, des livres, des CD, des DVD, de l’internet…Produits de consommation comme lesautres. Surabondants <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-grande-ville etmanquant cruellem<strong>en</strong>t de diversité à la campagneet dans les banlieues, comme les autres. Polluant,et alim<strong>en</strong>tant la croissance, comme il se doit ! Et<strong>en</strong>globant tout et n’importe quoi, artistiquem<strong>en</strong>tparlant.Mais la culture, ce n’est pas ça ! La culture, c<strong>en</strong>’est pas matériel. C’est spirituel. Et personnel.Ce n’est pas un produit. C’est donc par définition,impossible à commercialiser. On nous v<strong>en</strong>d duv<strong>en</strong>t.La culture se forge <strong>en</strong> grappillant informations ets<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts partout, tous les jours, à toutes lesheures, avec qui l’on veut. Personne n’a à déciderde ça pour nous.Mais là aussi ça fait peur.“Impalpable? Personnel?C’est trop compliqué. On ne m’a pas appris...”Mais sortir 20 € pour le dernier disque deBénabar, OK.Et si ce n’est pas le pire des cas, faut-il vraim<strong>en</strong>tse réjouir que ce qui s’est fait tout seul se retrouvefinalem<strong>en</strong>t sur les étals du supermarché de lagrande monoculture int<strong>en</strong>sive au service des lobbys(tout ça dans une petite boîte à images, trônantnonchalamm<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce chez lamajorité des g<strong>en</strong>s) ?Si j’<strong>en</strong>fonce là, j’<strong>en</strong> ai consci<strong>en</strong>ce, quelques portesdéjà pulvérisées, cela me semble pertin<strong>en</strong>t pouram<strong>en</strong>er la suite de mon propos. Pour <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir àce qui me préoccupe…De quelles pistes dispose-t-on pour s<strong>en</strong>sibiliser àla décroissance sans nécessairem<strong>en</strong>t l’évoquer ?Autrem<strong>en</strong>t dit : comm<strong>en</strong>t préparer le terrain ?Comm<strong>en</strong>t re-fertiliser le sol quasi-stérile de nosesprits épuisés du trop plein d’<strong>en</strong>grais croissantistes?J’avance une piste : l’art.R<strong>en</strong>dre l’art démocratique plus exactem<strong>en</strong>t.L’accès à l’art, certes. Mais sa pratique avant tout!S<strong>en</strong>sibiliser dès l’école primaire à des pratiquescréatives comme la musique (art convivial, dupartage, une langue universelle) et le dessin (artde la pati<strong>en</strong>ce et de l’observation) me sembleaussi important que d’appr<strong>en</strong>dre à lire, écrire etcompter.4 4 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


L’art pour susciter l’<strong>en</strong>vieEn tant qu’auteur-illustrateur, il m’arrive d’animerdes ateliers de BD et d’illustration avec desclasses de primaire ou de collège, plus ou moinsréceptifs et formatés, déjà…Une constante est que ces mômes p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que letal<strong>en</strong>t est un don du ciel qui touche certains etd’autres pas. Souv<strong>en</strong>t leurs profs ou instits lecroi<strong>en</strong>t aussi. Je passe mon temps à désacraliserles choses : dans le parcours de tout artiste, il y atout d’abord eu l’<strong>en</strong>vie (plus ou moins tôt, questionde parcours) puis le travail qui <strong>en</strong> découl<strong>en</strong>aturellem<strong>en</strong>t, nécessaire à la réalisation concrètede son désir de création.Pratiquer un art demande à être curieux et observateur(qualités qui se perd<strong>en</strong>t lorsque la peur del’exclusion et l’<strong>en</strong>vie de pouvoir d’achat dirig<strong>en</strong>tles s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts dès le plus jeune âge). Le restevi<strong>en</strong>t tout seul.Qui doit susciter l’<strong>en</strong>vie ? Qui a les moy<strong>en</strong>sconcrets de le faire auprès de tous ?Je p<strong>en</strong>se simplem<strong>en</strong>t à l’école (avant qu’elle nesoit elle aussi <strong>en</strong>vahie par la pub, ou qui sait, totalem<strong>en</strong>tprivatisée…).Aux instituteurs/trices qui me lis<strong>en</strong>t, et qui sont<strong>en</strong>core maîtres du cont<strong>en</strong>u de leur programme, jedis :Sortez avec les <strong>en</strong>fants (c’est sûrem<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong>plus diff<strong>ici</strong>le, je m’<strong>en</strong> doute, mais essayez). Faitesleurobserver autour d’eux. Faites-leur dessinerjuste ce qu’ils voi<strong>en</strong>t. Pr<strong>en</strong>ez le temps pour ça. Letemps de p<strong>en</strong>ser à ce qu’ils regard<strong>en</strong>t, ou à autrechose. De se poser des questions. Le temps demarquer la mémoire de ce mom<strong>en</strong>t. Le tempsd’évoluer. Le temps de se découvrir un style, une<strong>en</strong>vie d’expérim<strong>en</strong>ter… (le temps est la chose laplus précieuse à offrir à une génération zapping &surf, qui a pris tôt l’habitude de p<strong>en</strong>ser avoir accèsà tous les savoirs sans ri<strong>en</strong> avoir à approfondir).Faites-le tous les jours ! (Pas besoin d’illustrateurà 400 € la journée pour ça, ou juste pourmettre la machine <strong>en</strong> route).une activité qui pour les formes les plus simples,comme le dessin ou la poésie, ne s’appr<strong>en</strong>d qu’<strong>en</strong>cultivant ce qui fait que l’on est soi et personned’autre, sans prét<strong>en</strong>tion aucune (ni volontédémagogique de faire carrière dans ce domaine :rester dans la sphère locale, dans une diffusionartisanale, dans l’écoute des autres, dans la curiositépour leur regard aussi, dans la collaboration…).Voltaire a écrit “cultiver son jardin” (Candide). Etbi<strong>en</strong> sûr, s<strong>en</strong>sibiliser égalem<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants au vraijardinage, à l’école, serait plus qu’un progrès.C’est le seul individualisme qui vaille, et qui puisseà mon s<strong>en</strong>s porter la décroissance, et le réaménagem<strong>en</strong>tde la société autour des valeurs de partageet de sobriété.Du bonheur des choses simplesFaites ça. Faites faire des haïkus (courts poèmes),inv<strong>en</strong>ter des chansons… toutes ces chosessimples matériellem<strong>en</strong>t, qui offr<strong>en</strong>t aux gamins lapossibilité de se découvrir une personnalité (réelle)ailleurs que dans la course à la consommationd’objets nouveaux, et ne satisfaisant jamais bi<strong>en</strong>longtemps ce légitime désir de se reconnaîtrecomme unique.Unique, chacun l’est toujours au fond de lui,même s’il parle le même langage SMS et porte lesmêmes baskets que son voisin de pupitre…L’art sert à faire ressortir ça. Sans viol<strong>en</strong>ce, ni compétition,ni consommation. Il <strong>en</strong> faut peu pourêtre heureux, mais la recette du peu se perd.La pratique de l’art est accessible à tous et peutparfois dev<strong>en</strong>ir un métier… Mais c’est avant toutC’est un début…C’est peu bi<strong>en</strong> sûr, et même si à côté l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tfamilial ne suit pas dans ce s<strong>en</strong>s et que latélé vi<strong>en</strong>t tout ruiner derrière, c’est toujours ça.C’est déjà ça. C’est un début. Une piste que je propose(à côté de l’action politique nécessaire). Il y<strong>en</strong> a d’autres à glaner. Dans d’autres publications,chez d’autres g<strong>en</strong>s.Proposer, glaner, créer… Pour ne pas seulem<strong>en</strong>tobjecter à l’ordre établi.Jonvon Nias ■membre actif de l’Institut Pacôme,collectif d’auteurs strasbourgeoiset association de micro-édition de BDS!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20084 5


Inde du sudVoyage <strong>en</strong> biodynamie,<strong>en</strong>tre traditions et dev<strong>en</strong>irCette forme d’agriculture est <strong>en</strong> plein développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Inde, <strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>ce avecles traditions spirituelles du pays.(1) Jakes est secrétaire de la BDAI(Biodynamics association of India) etDavid <strong>en</strong> est le trésorier.(2) Les hommes qui grimp<strong>en</strong>t auxcocotiers pour <strong>en</strong> recueillir le liquidesucré.(3) Préparats : mélange à base deplantes utilisées <strong>en</strong> biodynamie pourdynamiser le compost, les sols ou lescultures.De hautes collines à la végétation luxuriante(bananiers, caféiers, avocatiers et autresarbres fruitiers) tantôt <strong>en</strong>veloppées dansune brume diffuse ou dans la grisaille d’un légercrachin, tantôt éclaboussées d’un soleil ard<strong>en</strong>tsoulignant toutes les gammes de vert : c’est ainsique je découvre la région de Kodaikanal (1700 à2000 m d’altitude) dans le Tamil Nadu <strong>en</strong> cedébut août 2007. Le hasard m’a mise <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>cede C. Jayakaran (Jakes) et David Hogg, deuxacteurs importants de l’agriculture biodynamique<strong>en</strong> Inde (1) ; l’occasion pour moi d’avoir confirmationque l’agriculture non-viol<strong>en</strong>te suscite unintérêt croissant dans tout le pays et de m’informerplus précisém<strong>en</strong>t sur le développem<strong>en</strong>t decette méthode d’agriculture biologique.Jakes, agriculteur et formateur<strong>en</strong> biodynamie… jusqu’<strong>en</strong> ChineJakes, un homme chaleureux de 53 ans, est issud’une lointaine famille tribale de tree climbers (2).Après une période de militantisme pour la sauvegardede l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et la recherche sur lavie sauvage au sein d’une ONG, Palni HillsConservation, qu’il contribue à créer dans larégion de Kodaikanal (1 million d’arbres plantéschaque année p<strong>en</strong>dant 5 ans, élaboration decartes géographiques sur la végétation, etc.), ildécide de travailler les terres familiales <strong>en</strong> agriculturebiologique. Il se forme auprès de JeanPouyet à Auroville, séjourne <strong>en</strong> France (à Ag<strong>en</strong>)et <strong>en</strong> Allemagne pour appr<strong>en</strong>dre la technique duséchage des fruits frais et connaître les débouchéssur le marché. Puis <strong>en</strong> 1995 il se forme à la biodynamieavec Peter Proctor, un spécialiste Néo-Zélandais qui comm<strong>en</strong>ce à assurer régulièrem<strong>en</strong>tdes formations <strong>en</strong> Inde. Il obti<strong>en</strong>t la certificationDemeter.Il cultive actuellem<strong>en</strong>t vingt hectares de terre surlesquels il produit, <strong>en</strong>tre autres, une variété depoire (la Sand pear) apportée de Toulouse au 19esiècle par les Jésuites. Il a formé un grand nombrede paysans de la région à la biodynamie (<strong>en</strong>viron140) et leur achète leur production de fruits qu’iltransforme <strong>en</strong> purée, jus, fruits secs pour l’exportationaux USA et <strong>en</strong> Europe. Il a égalem<strong>en</strong>t unbeau jardin consacré à la culture des fleurs etplantes nécessaires aux préparats (3) car il disp<strong>en</strong>sedes formations dans toute l’Inde et même<strong>en</strong> Chine depuis 2003. Ces préparats sont v<strong>en</strong>dusess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Inde (90 %) et le reste auSri Lanka et au Bangladesh. En visitant ce lieuavec Jason, le manager — un homme calme etdoux —, je peux voir tout le soin qu’apporte lejardinier à la culture des plantes et notamm<strong>en</strong>tl’ortie et le piss<strong>en</strong>lit, diff<strong>ici</strong>les à trouver à l’étatsauvage <strong>ici</strong>. Jason a écrit le premier livre sur l’agriculturebiodynamique <strong>en</strong> langue tamoule.La surface totale cultivée <strong>en</strong> biodynamie dans larégion s’élève actuellem<strong>en</strong>t à 600 ha, et à 1000 hasi on y ajoute la surface <strong>en</strong> agriculture uniquem<strong>en</strong>tbiologique. Malheureusem<strong>en</strong>t, seule unepart infime de la production peut être v<strong>en</strong>duedans la région et même <strong>en</strong> Inde car la demandereste <strong>en</strong>core très insuffisante et les prix élevés.DR4 6 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


Arrivé à la cinquantaine, Jakes considère qu’il aaccompli son devoir <strong>en</strong>vers sa famille et la sociétéet souhaite maint<strong>en</strong>ant glisser <strong>en</strong> douceur versla tradition propre à la sagesse indi<strong>en</strong>ne : lorsqu’unhomme parvi<strong>en</strong>t au quatrième cycle de sonexist<strong>en</strong>ce, il se consacre à sa vie spirituelle. Sesfilles, de 24 et 27 ans, travaill<strong>en</strong>t avec lui depuisquelques années et sont maint<strong>en</strong>ant prêtes àpr<strong>en</strong>dre la relève.David, accompagnateurde projets, conseilleret formateur <strong>en</strong> biodynamieDavid Hogg, un Néo-Zélandais fort sympathique,s’installe <strong>en</strong> Inde <strong>en</strong> 1971 pour des raisons personnelles.Son adaptation est diff<strong>ici</strong>le au début,mais il s<strong>en</strong>t tout de suite le pot<strong>en</strong>tiel extraordinaireque recèle ce pays sur bi<strong>en</strong> des plans. En1980, il décide de s’établir dans la région deKodaikanal où il crée une fabrique de fromagesqu’il commercialise à Bombay. En 1996, il comm<strong>en</strong>ceune activité d’accompagnateur de projetset de conseiller <strong>en</strong> agriculture biologique, puis seforme à la biodynamie avec Peter Proctor. Depuislors, il ne cesse d’apporter son énergie au développem<strong>en</strong>td’un fort mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faveur de labiodynamie dans toute l’Inde, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>Uttaranchal (off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t déclaré “Etat <strong>en</strong> agriculturebiologique”). Il accompagne des projets,conseille et disp<strong>en</strong>se des formations <strong>en</strong> agriculturebiodynamique dans plusieurs Etats.DRAinsi, il a travaillé p<strong>en</strong>dant sept ans avec unesociété productrice de café de l’Uttaranchall’ayant soll<strong>ici</strong>té pour passer du conv<strong>en</strong>tionnel à labiodynamie et former le personnel. L’améliorationde la qualité du café a été telle qu’<strong>en</strong> 2004,cette société a obt<strong>en</strong>u une médaille d’arg<strong>en</strong>t dansune compétition internationale Café Arabica àParis ; ce qui a largem<strong>en</strong>t contribué à la promotionde la biodynamie <strong>en</strong> Uttaranchal.Outre les activités citées, David cultive 12 acresde terre (4) sur lesquels il produit les fleurs etplantes nécessaires aux préparats ainsi que deslégumes qu’il <strong>en</strong>voie deux fois par semaine àPondichéry. Il a égalem<strong>en</strong>t 2 vaches car il fabriquetoujours du fromage (excell<strong>en</strong>t Parmesan etautres fromages d’origine itali<strong>en</strong>ne !). Cette petitepropriété dissimulée à mi-hauteur d’un flanc decolline, jouit d’une vue magnifique sur la plaineet même jusqu’à Elephant Valley. David a id<strong>en</strong>tifié<strong>en</strong>viron 80 espèces d’oiseaux. Un ou deux spécim<strong>en</strong>sme font le plaisir de se poser un instanttout près.Il intervi<strong>en</strong>t aussi parfois à l’Ecole Internationalede Kodaikanal dans le cadre du programme“Social experi<strong>en</strong>ce”, dans lequel les <strong>en</strong>fants sonts<strong>en</strong>sibilisés au respect de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.Plantation de chênes, utilisés pour les préparats.à lireSekem, unecommunautédurable dans ledésert égypti<strong>en</strong>Ibrahim AbouleishEd. Aethera2007 - 248 p. - 28 €Après une formation depharmaci<strong>en</strong> <strong>en</strong> Autriche,Ibrahim Abouleish décide defonder une communauté dansson pays natal. En 1977, ilachète 70 hectares de désertprès du Caire et se lance dansun vaste projet <strong>en</strong> biodynamie.Au fil des ans, la communautédiversifie ses activités pourproduire du maraîchage,des produits alim<strong>en</strong>taires etdes herbes méd<strong>ici</strong>nales.Puis elle se lance dans laproduction de coton biologique.Pour assurer la conservationdu coton, une usine textile estconstruite sur place. Enfin, elleobti<strong>en</strong>t les autorisations pourcréer une industrie pharmaceutiqueconsacrée à la promotiondes soins par les plantes.Au fil des ans, les logem<strong>en</strong>ts seconstruis<strong>en</strong>t autour, une école,un c<strong>en</strong>tre médical, une mosquée…jusqu’à une université.Le projet, qui a eu le prix Nobelalternatif <strong>en</strong> 2003, emploieaujourd’hui 4000 personnes.Ibrahim Abouleish prés<strong>en</strong>te <strong>ici</strong>son parcours et ses réalisations,débutés 30 ans plus tôt.Passionnant, même si onregrettera le faible développem<strong>en</strong>tdu chapitre consacré auxdiffér<strong>en</strong>tes structures mises <strong>en</strong>place (holding d’<strong>en</strong>trepriseset coopératives des salariés).MB.DRSéchoir à plantes.(4) 1 acre = 0,4 ha. Propriété appart<strong>en</strong>antà une éco-fondation indi<strong>en</strong>necréée par un artiste anglais, AnthonyChristian. Cette fondation doit dev<strong>en</strong>irun C<strong>en</strong>tre artistique (<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t,ateliers de création, etc.)S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20084 7


Inde du sud> Sites à consulter■ BDAI, www.biodynamics.org.■ Kurinji organic foods (India)Pvt. Ltd : www.purplehills.biz.(5) Le dirigeant de ce groupe estactuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> procès avecMonsanto, la multinationale del’agrobusiness(6) Il <strong>en</strong> va de même pour les Chinois,qui ont perdu leur tradition spirituelle.Le formateur parvi<strong>en</strong>t à s<strong>en</strong>sibiliserses stagiaires <strong>en</strong> faisant appel à cequ’il leur reste de connaissance desspiritualités traditionnelles de leurculture (bouddhisme, taoïsme).DRApprocher la natureavec son cœurDe façon générale, Jakes et David constat<strong>en</strong>t unintérêt de plus <strong>en</strong> plus vif pour la biodynamie.Près d’Aurangabad, dans l’est du Maharashtra, lescultures se développ<strong>en</strong>t.Dans le Madya Pradesh, dans la région que l’onappelle the Nagpur Cotton Belt, une compagniesuisse, Biore (5), importatrice de coton biodynamique,a créé un c<strong>en</strong>tre de formation (<strong>en</strong> hindi et<strong>en</strong> anglais) pour les producteurs qui lui fourniss<strong>en</strong>tson coton.Jardinière.Dans la région de Mysore, Basil (Bakhti vedantaacademy for integrated living) est un C<strong>en</strong>tre deformation prônant la biodynamie comme uneapproche globale de la vie. Une fois par mois —et bi<strong>en</strong>tôt deux — 40 à 50 personnes vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’yformer. Ces formations sont organisées par unconsortium de 2000 paysans dont le leader, JaiChantanyadas, est aussi le Présid<strong>en</strong>t de la BDAI.En trois ans, le c<strong>en</strong>tre a formé plusieurs milliersde personnes. Et Basil a égalem<strong>en</strong>t un programmed’éducation pour les <strong>en</strong>fants. “Nous sommespartie intégrante de la nature et nous devons le compr<strong>en</strong>dreavec notre cœur”, telle est la base de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tdisp<strong>en</strong>sé <strong>en</strong> ce lieu. Basil a aussi crééla Basil academy, un réseau de 25 personnes-ressourceréparties dans tout le pays.David me cite aussi l’initiative d’un couple dansle Karnataka, Vivek et Tuli. Ils ont créé une fermebiodynamique dans laquelle ils cultiv<strong>en</strong>t le coton,le fil<strong>en</strong>t, le tiss<strong>en</strong>t, teign<strong>en</strong>t le tissu uniquem<strong>en</strong>tavec des couleurs naturelles, fabriqu<strong>en</strong>t des vêtem<strong>en</strong>tset y cous<strong>en</strong>t des boutons découpés dansdes coques de noix de coco. Ils produis<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tdes fruits, du fromage de chèvre, deslégumes et v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ces produits sur le marché deMysore. Ils sont <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec le Japon où ils ontobt<strong>en</strong>u une certification. Des g<strong>en</strong>s très dynamiqueset très motivés !La biodynamie : une approchetraditionnelle cohér<strong>en</strong>tePour les Indi<strong>en</strong>s, l’approche et la compréh<strong>en</strong>sionde la biodynamie est beaucoup plus facile quepour les Occid<strong>en</strong>taux (6); cette méthode estmême une évid<strong>en</strong>ce pour la plupart d’<strong>en</strong>tre eux.De fait, elle existe déjà dans le système de fonctionnem<strong>en</strong>ttraditionnel. Dans tous les foyers onpeut trouver un cal<strong>en</strong>drier comportant une partieconsacrée à la position des étoiles et des planèteset indiquant le bon mom<strong>en</strong>t pour effectuer lesplantations. On sait aussi combi<strong>en</strong> l’astrologie estimportante dans la culture de ce pays, dans toutesles classes sociales. Et surtout, dans la spiritualitéindi<strong>en</strong>ne, où l’être humain est considérécomme partie intégrante du Cosmos.Il ne s’agit donc pas pour les Indi<strong>en</strong>s d’effectuerun changem<strong>en</strong>t d’approche à effectuer dans leurconsci<strong>en</strong>ce mais simplem<strong>en</strong>t de rev<strong>en</strong>ir au respectd’une tradition millénaire, de rester <strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>ceavec l’Univers, puisque la biodynamie estune approche de la vie comme un tout.Marie-Joëlle Pouillon ■Coordinatrice de projetsmjp.sindbad@yahoo.frDRJason, le manager de l’exploitation.4 8 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


CourrierNormesC’est l’article (n°353, page 44 Bonnes mesures réalisables du gouvernem<strong>en</strong>t…nouvelles normes pour l’habitat neuf… norme pour la rénovationde l’anci<strong>en</strong>…) qui m’a inspiré les lignes suivantes. Je ne vi<strong>en</strong>s pas critiquerl’article ni les normes dans ce cas précis, mais je crois qu’il serait bon deposer des questions sur la normalisation généralisée. Je précise qu’il m’arrivede trouver les normes utiles, voire indisp<strong>en</strong>sables, ce qui ne m’empêche pasde poser quelques questions qui pourrai<strong>en</strong>t initier un dossier :La volonté de normaliser amène surtout à des coûts supplém<strong>en</strong>taires. Qui iraestimer si une maison originale respecte les normes ? Quel coût pour cetteestimation ?Et puis, pourquoi vouloir <strong>en</strong>tériner le chauffage exagéré de notre époque ?Tous les calculs seront faits à 19°C, température qu’aucun médecin neconseille. Au mom<strong>en</strong>t où je tape ce texte, la température de la pièce est de13°C. Je ne tombe pas malade pour autant (plutôt l’inverse, je pr<strong>en</strong>dsla grippe <strong>en</strong> sortant d’<strong>en</strong>droits trop chauffés).Il faudrait aussi que le gouvernem<strong>en</strong>t dise quelles seront les conséqu<strong>en</strong>ces deces normes sur les impôts locaux. Certainem<strong>en</strong>t à la hausse, pour ne paschanger (triplem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dix ans chez moi, sans services supplém<strong>en</strong>taires à lapopulation).Les normes induis<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t une surconsommation subrepticem<strong>en</strong>t imposéepar le système marchand (ABS sur les voitures…). Tous dans la moulinettepour faire le même hachis !Les normes nous disp<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t de réfléchir : Pour construire quelque chose, soitje fais mes propres calculs, mes propres essais, j’<strong>en</strong> parle avec d’autres, soitje suis scrupuleusem<strong>en</strong>t un plan tout prêt pour être dans la norme. Dans cemême numéro 353, <strong>en</strong> page 49, le courrier de Roger Hubert aborde le débatsur les normes dans la construction.Les normes scolaires font que les <strong>en</strong>fants doiv<strong>en</strong>t recevoir des connaissanceset non pas aller les chercher eux-mêmes, au gré de leur curiosité, chacun àson rythme d’<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>t, chacun à son mode d’empilem<strong>en</strong>t… Demandeaux par<strong>en</strong>ts qui font l’école à la maison “À huit ans, il doit appr<strong>en</strong>dre ça etça. Ce qu’il appr<strong>en</strong>d, c’est à partir de 9 ans !”En fruits et légumes, les normes d’aspect et calibrage permett<strong>en</strong>t de se compr<strong>en</strong>drelors du commerce à distance (téléphone), mais ont été désastreusessur le plan du goût et du prix aux consommateurs (taux de perte), avec lesconséqu<strong>en</strong>ces de santé publique que l’on sait.Les normes sont-elles un frein au changem<strong>en</strong>t ? On n’a pas mis au pointl’imprimerie par la normalisation des plumes d’oie.Le monde que nous souhaitons peut-il adv<strong>en</strong>ir avec les normes actuelles etmême avec des normes ? Que faut-il sortir du champ de la normalisation ?Que faut-il y laisser ? Et si les normes s’occupai<strong>en</strong>t de résultats plutôt quede moy<strong>en</strong>s ? Et si les normes pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ? Et sinous créions nos propres normes ? (questions <strong>en</strong> vrac, à compléter).Les normes amèn<strong>en</strong>t aussi à une question : qui est normal ? Celui qui vitcomme toi, comme moi ; celui qui regarde 814 heures de publ<strong>ici</strong>té sur TFNchaque année ; tous ; personne ; celui qui définit la normalité ?Patrice NéelArdècheRêvons un peuQuand je suis arrivée <strong>en</strong> France,il y a plus de tr<strong>en</strong>te ans, pour suivredes études, <strong>en</strong>viron une personne surdix fumait dans les grands amphithéâtresoù nous étions massés parc<strong>en</strong>taines. Lorsque cette personneavait fini sa cigarette, c’est son voisinqui allumait la si<strong>en</strong>ne. Si j’essayaisde détourner mes narines du filet defumée qui arrivait tout droit,je suscitais l’étonnem<strong>en</strong>t.“Tu devrais te mettre à fumer toimême,tu ne serais plus dérangée parla fumée des autres”. Voilà le bonconseil auquel j’ai eu droit.Dix ans plus tard, j’avais trouvé unemploi où je partageais un bureauavec un fumeur ard<strong>en</strong>t, jusqu’au jouroù il a arrêté, dev<strong>en</strong>ant un ard<strong>en</strong>tdéf<strong>en</strong>seur des non-fumeurs. Tandisque notre directeur <strong>en</strong>fumait lasecrétaire — qui ne disait ri<strong>en</strong> —jusqu’à la retraite. Mais au moins,nous osions déjà demander un droitde non-fumée dans les réunions detravail.Plus tard <strong>en</strong>core, j’ai réussi à faireéteindre une cigarette dans unequeue au guichet d’une gare, <strong>en</strong> montrantmon gros v<strong>en</strong>tre. La premièreinterdiction de fumer dans des lieuxpublics clos v<strong>en</strong>ait de tomber. Maisrestaurants, cafés et trains sansfumée,imp<strong>en</strong>sable !Maint<strong>en</strong>ant, les fumeurs <strong>en</strong> publicsont dev<strong>en</strong>us des <strong>en</strong>nemis publics,des coupables indésirables. Si le“fumer tue” ne suffit pas pour lesraisonner, l’am<strong>en</strong>de fera le reste.Il a fallu du temps pour <strong>en</strong> arriverlà. Pourtant, l’effet du tabac sur lasanté est connu depuis longtemps…Rêvons un peu. Si on remplaçait lemot “fumer” par “conduire” et“tabac” par “voiture”, pouvons-nousespérer une évolution semblable ?Pour l’instant, pour me r<strong>en</strong>drequelque part, si j’emprunte les transports<strong>en</strong> commun existants et si jefais même plusieurs kilomètres àpied ou à vélo, je passe pour uneécolo puriste, une illuminée qui a dutemps à perdre. Mais déjà les pouvoirspublics appell<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong>plus à “se déplacer autrem<strong>en</strong>t”.Marquer “conduire tue” sur lespompes à ess<strong>en</strong>ce pourrait êtrela prochaine étape. Reporter le coûtdes routes, des accid<strong>en</strong>ts, desmalades, de la pollution, etc. sur leprix du carburant et des taxes aideraitaussi. “Conduire ou manger”,c’est l’alternative des biocarburants,“conduire pour cuire” la perspectivedu réchauffem<strong>en</strong>t climatique.Pouvoir dormir la f<strong>en</strong>être ouverte <strong>en</strong>ville ou s’asseoir sur une terrasse decafé sans bruit ni gaz d’échappem<strong>en</strong>t,est-ce un espoir utopique ?“Ah, pollueur immoral, éteins viteton moteur qui importune nosnarines et nos oreilles et qui tue laplanète !”. Quand est-ce qu’on pourrale rev<strong>en</strong>diquer publiquem<strong>en</strong>t ?Encore plus farfelu : l’hypothèse,suggérée par des études sci<strong>en</strong>tifiques,que les ondes de téléphoniemobile (comme les pest<strong>ici</strong>desd’ailleurs) désori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les abeilles,qui meur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> masse parce qu’ellesne retrouv<strong>en</strong>t pas leurs ruches. Pasd’abeilles, pas de pollinisation, pasde fruits et légumes, pas de chaînealim<strong>en</strong>taire, plus grand chose à manger.“Téléphoner tue”, “téléphonerou manger”… “Merci” dirai<strong>en</strong>t lesautres espèces animales qui n’aurontplus ri<strong>en</strong> à se mettre sous la d<strong>en</strong>t etles plantes qui ne pourront plus sereproduire — si elles pouvai<strong>en</strong>t parler.“Eteins vite ton portable, sinontu seras privé de miel et de vie !”.Tu rêves ? Vouloir nous priver dece gadget in-dis-p<strong>en</strong>-sabledepuis dix ans ?Tous les changem<strong>en</strong>ts sociaux ontcomm<strong>en</strong>cé par des utopies rêvées.Ingeborg EilersIsèreMonseigneur l’empereurMonseigneur l’empereur,je vous fais une lettre,que vous lirez peut-êtres’il vous reste un quart d’heureOn ne voit que voussur toutes les scènesils me font de la peinevos ministres toutous(…) Petit-fils d’immigrévous exacerbez bi<strong>en</strong> la hainecontr’eux, petits, c’est l’ADN<strong>ici</strong> pas d’étrangers.(…) Les puissants sont couvéspar grillages et maréchausséed’impôts et taxes exonérésvous les y sout<strong>en</strong>ez.CoopérationLes caisses d’Etat sont videsles fonctionnaires sont décimésla concurr<strong>en</strong>ce est non fausséele privé <strong>en</strong> profite.Le traité europé<strong>en</strong>garantie pour les milliardairesdonc pas de vote référ<strong>en</strong>dairepar le peupl’insol<strong>en</strong>t.Les gains des OGMVont tous dans des besac’ bi<strong>en</strong>pleinesEt les pays du Sud ils pein<strong>en</strong>tA nourrir ceux qu’ils aim<strong>en</strong>t. (…)Yeun LiotCôtes d’ArmorJ’attire votre att<strong>en</strong>tion sur la page 31 du Politis n°988 avec a photod’un vol de Bernaches et je vous recopie l’explication : “Chaque battem<strong>en</strong>td’aile d’un oiseau donne une poussée à l’oiseau qui le suit. Une tellecoopération permet à toute la volée de parcourir une distance d’au moins71 % supérieure à celle que parcour<strong>en</strong>t les oiseaux <strong>en</strong> solo. Lorsque labarnache de tête est fatiguée, elle revi<strong>en</strong>t dans l’aile de la formation etune autre bernache pr<strong>en</strong>d la relève. Les bernaches qui sont à l’arrièrecri<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong>courager celles qui sont à l’avant. Enfin, quand une bernaches’affaiblit, qu’elle est blessée ou qu’elle tombe de la formation,deux bernaches <strong>en</strong> sort<strong>en</strong>t pour l’aider à se protéger. Ses compagnesdemeur<strong>en</strong>t avec elle jusqu’à ce qu’elle meure. Elles repart<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite deleur côté rejoindre leur groupe ou se joign<strong>en</strong>t à une autre formation...”.Si seulem<strong>en</strong>t nous avions le s<strong>en</strong>s de la solidarité des bernaches ! (…)Hélène LardonRhôneS!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20084 9


CourrierLa théorie du tube de d<strong>en</strong>tifriceJe suis sûr que cela a dû vous arriver...Le tube de d<strong>en</strong>tifrice se termine. Alors qu’auparavant vous étaliez une grossecouche de pâte sur votre brosse à d<strong>en</strong>ts sans difficulté, il vous faut désormaisrecroqueviller le tube avec soin pour obt<strong>en</strong>ir le même résultat. Vous p<strong>en</strong>sez alors àprévoir l’achat d’un nouveau tube. Aussitôt p<strong>en</strong>sé, aussitôt oublié et le l<strong>en</strong>demainil vous faut l’aplatir avec application avant de l’<strong>en</strong>rouler minutieusem<strong>en</strong>t pourprofiter de la dernière goutte. Au fur et à mesure la dose de d<strong>en</strong>tifrice étalée surla brosse diminue et comme vous oubliez <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce d’acheter le précieuxobjet, vous <strong>en</strong> êtes réduits progressivem<strong>en</strong>t à vous brosser les d<strong>en</strong>ts avec un soupçonde pâte à peine visible. Et pourtant le résultat est id<strong>en</strong>tique ! On peut doncréduire significativem<strong>en</strong>t la quantité du produit <strong>en</strong> obt<strong>en</strong>ant la même qualité.Alors je m’amuse à faire durer mes tubes de d<strong>en</strong>tifrice le plus longtemps possible.Et je me dis qu’on pourrait résumer cela <strong>en</strong> adoptant le principe du « toujoursmoins »Toujours moins d’eau, toujours moins d’énergie, de bruit, de pollutions, de vitesse…Il nous faut aller à contre-courant et t<strong>en</strong>ter cette sobriété volontaire qui devraitpermettre à nos <strong>en</strong>fants de ne pas vivre comme des hommes préhistoriques.Regardons nous dans la glace, p<strong>en</strong>sons à l’av<strong>en</strong>ir de nos desc<strong>en</strong>dants et décidons<strong>en</strong>fin de faire le premier geste d’une nouvelle vie basée sur la qualité plutôt que surla quantité : toujours moins !Jean-François NobletIsèrePollution partoutJe me pose cette question : pourquoi pour une marée noire (pétrole)c’est le branle-bas général, mobilisation, pleurs, nettoyage organisé,procès, estimation chiffrée des dédommagem<strong>en</strong>ts, etc., et ri<strong>en</strong> pourcette pollution continuelle qui est partout (plages, océans, berges,chemins, décharges sauvages, les routes et leurs fossés, <strong>en</strong>fin partoutquoi !). Le plastique fait partie intégrante du sable des côtes europé<strong>en</strong>nes(selon une étude sci<strong>en</strong>tifique).Jean-Michel ManfroiMaine-et-Loire>Exploitation bioDRJe vi<strong>en</strong>s réagir au courrier de Pierre Küng dans le n°354. En 2001, Fabrice Nicolino écrivait dans Politis (15mars 2001) : “En Andalousie, le maraîchage bio est <strong>en</strong> train de bouleverser pour partie l’agriculture régionale. Sacroissance est telle que de très grandes exploitations se sont mises <strong>en</strong> place pour satisfaire le marché europé<strong>en</strong>.Sous des serres bardées de plastique bas de gamme, on cultive pour nous, petits bourgeois de France oud’Allemagne, des tomates ou des petits pois, des salades ou des poivrons. On ? Des sous-prolétaires, souv<strong>en</strong>t clandestins,souv<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us d’Equateur et qu’on paie deux fois moins que partout ailleurs <strong>en</strong> Europe (…). Il est grandtemps que la bio se (re)pose quelques questions”.MoutsieAudePhoto de Yohanne Lamoulère sur El Ejido <strong>en</strong> Espagne, publiée dans le n° 355 [voir page 32].Cri de colère, de détresseet de révolte !Je suis la maîtresse de Gevorg, le fils de Karin et Arm<strong>en</strong>, qui est arrivé <strong>en</strong>cours préparatoire dans ma classe l’an dernier. Je suis la maîtresse deGevorg qui a disparu de ma classe v<strong>en</strong>dredi 16 novembre 2007 <strong>en</strong> laissanttoutes ses affaires, même ce gros bâton de colle dont il est si fier.Je suis la maîtresse de Gevorg et d’autres <strong>en</strong>core dans la même situation, quivoi<strong>en</strong>t sa chaise vide tous les jours et qui sav<strong>en</strong>t que leur tour peut arriver.Je suis la maîtresse de 22 <strong>en</strong>fants de 6 ans quiappr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> France un <strong>en</strong>fant peut être obligé des’<strong>en</strong>fuir de nuit avec sa famille parce qu’il n’est pasFrançais.Je suis une maîtresse qui doit <strong>en</strong>seigner à 22 <strong>en</strong>fants,qu’on est tous égaux, avec les mêmes droits et lesmêmes devoirs, que les lois sont faites pour nous protéger,que c’est ce qu’on appelle les droits de l’hommedont on est si fiers <strong>en</strong> France.Je suis une maîtresse qui doit arriver à faire compr<strong>en</strong>dreà 22 <strong>en</strong>fants que l’on doit résoudre les problèmes<strong>en</strong> s’expliquant, et que lorsqu’on est dans sondroit on sera écouté et protégé. “parce que c’est ça lajustice, hein maîtresse ?”.Je suis la maîtresse d’autres <strong>en</strong>fants sans papiers quime regard<strong>en</strong>t faire l’appel sans Gevorg et qui continu<strong>en</strong>tà appr<strong>en</strong>dre à lire dans la langue d’un pays quine veut pas d’eux.Je suis une maîtresse parmi tant d’autres quidevrai<strong>en</strong>t tous les jours essayer d’expliquer l’inexplicable,accepter l’inacceptable, et ravaler cette rage etce dégoût d’être la fonctionnaire d’un Etat qui mèneune chasse à l’homme abjecte et dégradante.Aujourd’hui je voudrais vous faire compr<strong>en</strong>dre à quel point mes collègues etmoi-même sommes choqués par ces drames humains, par cette politique dechiffres, de pourc<strong>en</strong>tages et de quotas appliquée à des personnes, deshommes, des femmes et des <strong>en</strong>fants.Je voudrais vous faire compr<strong>en</strong>dre à quel point cette souffrance <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dréepar cette politique devi<strong>en</strong>t ingérable, insupportable pour nous, comme pourles <strong>en</strong>fants et les familles concernées. Je voudrais vous dire à quel point nousavons mal devant ces bureaux vides, ces cahiers abandonnés et ces stylos quepersonne ne vi<strong>en</strong>t réclamer.Je voudrais vous dire à quel point j’ai peur d’arriver <strong>en</strong> classe et d’avoir perduGevorg ou Alexandre ou un autre <strong>en</strong>core, parce que, non, ce ne sont pas desnuméros ou des quotas, mais parce que je lesconnais, je connais leurs sourires, je connais leursyeux.Nous n’<strong>en</strong> pouvons plus de nous taire et de voir desfamilles <strong>en</strong> danger rejetées <strong>en</strong> toute connaissancede cause ! Nous n’<strong>en</strong> pouvons plus de nous demander<strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce ce qui va leur arriver là bas !Nous ne voulons plus être complices de non assistanceà personne <strong>en</strong> danger.Je voudrais vous faire partager cette réflexion deWilliam Faulkner :“Le suprême degré de la sagesse est d’avoir desrêves suffisamm<strong>en</strong>t grands pour ne pas les perdrede vue p<strong>en</strong>dant qu’on les poursuit.”Alors merci à tous d’être là et de partager le rêvede Karin, Arm<strong>en</strong>, Alexandre, Gevorg et Grigoryleurs <strong>en</strong>fants : vivre sereinem<strong>en</strong>t auprès de nous,v<strong>en</strong>ir chaque matin à l’école, et que ce rêve, aveceux et avec tous ceux qu’on veut chasser hors d<strong>en</strong>otre pays, on ne le perde pas de vue.Laure VéziantMontélimar5 0 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


Où commander ces livres ?Les livres (et seulem<strong>en</strong>t les livres et BD) chroniqués dans ce numéro sont disponibles auprès de lalibrairie Quilombo/Sil<strong>en</strong>ce, 23, rue Voltaire, 75011 Paris. Il suffit de remplir sur papier libre, voscoordonnées, les ouvrages que vous souhaitez vous procurer, d’inscrire le montant des livres (notéssous les titres de chaque livre), de rajouter 10% du prix total pour les frais de port. Règlem<strong>en</strong>t parchèque (à l'ordre de Quilombo Projection). R<strong>en</strong>voyez le tout à l’adresse ci-dessus. Délai de livraison<strong>en</strong>tre 10 et 15 jours.livresEspérance de vie,la fin des illusionsClaude AubertEd. Terre Vivante2006 - 128 p. - 17 €Si les progrès de l’hygièneet de la médecine ont permisd’augm<strong>en</strong>ter la duréede vie, la multiplication dessources de pollution aujourd’huirisque fort de se traduiremaint<strong>en</strong>ant par unebaisse de notre espérancede vie. Si off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t, lemessage reste optimiste,Claude Aubert prés<strong>en</strong>te desstatistiques qui étai<strong>en</strong>t sathéorie : hausse rapide del’asthme, de l’obésité, du diabète, des allergies,effet différé du tabagisme, de l’amianteet de sans doute bi<strong>en</strong> d’autres pollutionsnon <strong>en</strong>core clairem<strong>en</strong>t détectées… Cecialors que l’une de nos causes de maladie estclairem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiée : la séd<strong>en</strong>tarité, àlaquelle l’auteur n’oublie pas d’ajouter lamalbouffe, le changem<strong>en</strong>t climatique… unevision malheureusem<strong>en</strong>t réaliste. L’auteurconclut <strong>en</strong> montrant que ceci n’a ri<strong>en</strong> d’irrémédiablesi l’on mettait <strong>en</strong> place une politiquede prév<strong>en</strong>tion au niveau de la santé etsi vous acceptiez de bouger plus, mangermieux… FV.L’Homme<strong>en</strong>tre Terre et CielCollectifEd. Jouv<strong>en</strong>ce2007 - 156 p. - 9,90 €Quelle est la place de la spiritualitédans notre réflexionécologique ? Compte-r<strong>en</strong>dud’un colloque organisé parTerre du ciel avec des interv<strong>en</strong>tionsde Jean-Marie-Pelt, Pierre Rabhi, NicolasHulot, Edward Goldsmith,Roland de Miller, Aigle bleu,Yvan Amar. Des approcheset des démarches différ<strong>en</strong>tespour une converg<strong>en</strong>ce versune sauvegarde de laplanète. Stimulant. FV.RénovationécologiqueCarol V<strong>en</strong>olia et Kelly LernerEd. La Plage (Sète)2007 - 286 p. - 34,50 €Dans ce livre magnifiquem<strong>en</strong>t illustré, lesauteurs abord<strong>en</strong>t un sujet plus délicat quela construction écologique : la rénovationdu bâtim<strong>en</strong>t anci<strong>en</strong>. A travers de multiplesexemples concrets, le livre détaille tous lesélém<strong>en</strong>ts à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte… et poseclairem<strong>en</strong>t les problèmes <strong>en</strong> termes d’empreinteécologique. Citant le cas d’uncouple d’architectes, l’ouvrage prés<strong>en</strong>te unchoix que beaucoup oubli<strong>en</strong>t de faire <strong>en</strong>rêvant d’une maison écologique : votreempreinte écologique sera bi<strong>en</strong> meilleure sivous choissez d’habiter dans un petitimmeuble collectif, dans un c<strong>en</strong>tre debourg, à proximité des magasins et d’unegare… car se passer de la voitureconstitue une améliorationrapide et immédiate devotre démarche écologique,bi<strong>en</strong> avant toute rénovationécologique. Traduit de l’anglais,cet ouvrage comporteles référ<strong>en</strong>ces nécessairespour les lecteurs français :carte d’<strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>t, desv<strong>en</strong>ts, des climats… Fortutile. MB.G<strong>en</strong>ève, droit de citéStéphane Peccoriniet Fabi<strong>en</strong>ne GautierEd. Lost artist(CP 5054, CH-1211 G<strong>en</strong>ève 11)2007 - 240 p. - 30 €G<strong>en</strong>ève, c’est la ville internationalepar excell<strong>en</strong>ce, laville riche… mais aussi laville des fêtes de quartier,des squats et de la solidarité.Dans ce livre de photos,l’auteur nous <strong>en</strong>traîne de laville comme la voit le touristeà la ville comme lavoi<strong>en</strong>t ceux qui y viv<strong>en</strong>t. Lelecteur y découvrira les premiersJardins de Cocagne,l’Ilot 13, le C<strong>en</strong>tre culturelautogéré, les pubs détournées, les manifestations,les mal-logés, les antinucléaires, lecontre-G8 d’Evian… Très peu de textes,mais beaucoup d’infos par les photos. Uneautre ville est possible. MB.Guyane française :l’or de la honteAxel MayEd. Calman–Lévy2007 - 256 p. - 18 €La Guyane est la seule forêt tropicale aisém<strong>en</strong>tprotégeable du monde, car la seule àdép<strong>en</strong>dre politiquem<strong>en</strong>t des pays riches duNord. Elle est pourtant abandonnée à l’invasiondes av<strong>en</strong>turiers chercheurs d’or etaux multinationales canadi<strong>en</strong>nes ou étatsuni<strong>en</strong>nes.Cette partie de l’Amazonie vastecomme le Portugal et <strong>en</strong>core peuplée de sespeuples autochtones, les Amérindi<strong>en</strong>s (plusque six ethnies sur les tr<strong>en</strong>te qu’il y avaitvers 1650). On aura l’agréable surprise defilmPetites révolutionsprès de chez vousBérénice Meinsohnet Rémy Watrigant,Les Film<strong>en</strong>tropes(6, place de la Croix-Rousse, 69004 Lyon,http://lesfilm<strong>en</strong>tropes.org)2008 - 26mn - 15 € port comprisA défaut de parler de “grand soir”, il est des“petits matins”, comme ça, où l’on se lèveavec appétit. On contemple alors son cellierou son frigidaire vide et… c’est là que comm<strong>en</strong>cel’av<strong>en</strong>ture ! Car un choix s’offre alorsà nous : comm<strong>en</strong>t se nourrir ? C’est de cettequestion c<strong>en</strong>trale que découle la démarche dece film : quels circuits adopter pour se nourrir<strong>en</strong> respectant certaines exig<strong>en</strong>ces tantsociales qu’écologiques, <strong>en</strong> exerçant une solidaritéavec les paysans ?Ce docum<strong>en</strong>taire de qualité, au ton à la foissobre et <strong>en</strong>joué, emmène le spectateur suivrel’itinéraire de six produits de consommationcourante, et lui fait découvrir au passage sixcircuits alternatifs de distribution alim<strong>en</strong>taire.Il n’a pas de voix “off” mais laisse la paroleà la diversité de ses protagonistes. D’un jardind’insertion à une épicerie sociale, d’unecoopérative de v<strong>en</strong>te directe de paniers <strong>en</strong>trepaysans et consommateurs à des boutiquesplus classiques d’alim<strong>en</strong>ts bio ou de commerceéquitable, le spectateur pr<strong>en</strong>d consci<strong>en</strong>cequ’il existe une multitude de circuits alternatifspossibles pour se nourrir. Les expéri<strong>en</strong>cessont toutes situées dans la région lyonnaise, àl’instar du bar De l’autre côté du pont et decette cantine d’école qui propose des repasbio à ses élèves quelques jours par mois. Maiselles sont prés<strong>en</strong>tées de manière à pouvoir alim<strong>en</strong>terle débat bi<strong>en</strong> au-delà d’un secteurgéographique particulier. Le film est clair, vif,clairsemé de pointes d’humour, et vraim<strong>en</strong>t“tout public”. Il s’interditd’ailleurs de poser luimêmedes critiques surcertaines expéri<strong>en</strong>ces quiparaiss<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>tmoins “alternatives” qued’autres : cela <strong>en</strong> fait unoutil idéal pour ouvrir ledébat devant un publicvarié. GG.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20085 1


livreslire la passionnante et inquiétante <strong>en</strong>quêtedu jeune journaliste Axel May. A l’occasionde son emploi aux Antilles pour Radio-Caraïbes, il a eu le courage d’aller voir l’<strong>en</strong>versdu décor <strong>en</strong> Guyane… Solidem<strong>en</strong>tétayé par les nombreux <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s de l’auteuravec les principaux témoins de tousbords, notamm<strong>en</strong>t ceux qui ne sont d’habitudeguère bavards du côté des forces del’ordre ou des administrations proches dulobby minier, Axel May nous révèle l’ampleurdu désastre.Il montre que “Paris ne proposepas tout ce qui est <strong>en</strong> son pouvoirpour sauver ce morceaud’ Amérique du Sud” [p.135].Le problème de cet impossibleparc national où l’Etat prét<strong>en</strong>dvouloir à la fois protéger lanature, les Indi<strong>en</strong>s (tout <strong>en</strong> supprimantle “Pays Indi<strong>en</strong>” quiétait interdit à toute invasiontouristique depuis l’arrêté préfectoraldu 14 septembre1970), et organiser le “rattrapageéconomique” <strong>en</strong> faisant la promotiondu… développem<strong>en</strong>t à l’intérieur de ceparc, <strong>en</strong> le qualifiant bi<strong>en</strong> sûr de “durable”,ce problème est bi<strong>en</strong> analysé par Axel May,consci<strong>en</strong>t de l’absurdité d’<strong>en</strong>visager avec lacurieuse caution du WWF le développem<strong>en</strong>tdes activités minières même à l’intérieurde ce parc. Un parc qui dans sa zonela plus protégée et d’un seul t<strong>en</strong>ant ne faitfinalem<strong>en</strong>t que 1,8 millions d’ hectares.On regrettera seulem<strong>en</strong>t qu’il n’y ait pasd’indications pour contacter les associationsamérindi<strong>en</strong>nes, les associations françaisesqui les souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, et les référ<strong>en</strong>cesbibliographiques.En tout cas un livre à faire lire d’urg<strong>en</strong>ce :souhaitons vite des traductions dans lesprincipales langues d’Europe, pour que lescontribuables des 27 Etats de l’Europe quifinanc<strong>en</strong>t la Guyane se révolt<strong>en</strong>t face à lalam<strong>en</strong>table politique de l’Etat françaisdans cette partie de l’Amazonie et puiss<strong>en</strong>t<strong>en</strong> connaissance de cause protester vigoureusem<strong>en</strong>t! Thierry Sallantin.Les bois raméauxfragm<strong>en</strong>tésEléa Asselineauet Gilles Dom<strong>en</strong>echEd. du Rouergue2007 - 190 p. - 29,50 €Le bois raméal fragm<strong>en</strong>té ou BRF consisteà broyer des bois d’éclaircies pour favoriserl’amélioration de la matière organique dansle sol. Une prés<strong>en</strong>tation des techniques mises<strong>en</strong> œuvre depuis les années 1970 pour cettetechnique qui peut servir de modèle à un<strong>en</strong>ouvelle agriculture. Richem<strong>en</strong>t illustré, celivre prés<strong>en</strong>te la technique <strong>en</strong> elle-même, puisde nombreux résultats concrets sur le terrain<strong>en</strong> France ou ailleurs.Enfin, le livre se terminepar un conseil de prud<strong>en</strong>cesur l’utilisation du boismort des forêt car on risqued’<strong>en</strong> appauvrir le sol : pouravoir du BRF, il faut planterdes haies et reconstituerun paysage de bocage, cequi a d’autres avantagespour l’agriculture. Fortcomplet. FV.Etre bêteVinciane Despretet Jocelyne Porcher,Actes Sud2007 - 140 p. - 14 €“Comm<strong>en</strong>t se décline la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>trel’homme et l’animal lorsqu’on interroge ceuxqui viv<strong>en</strong>t des relations quotidi<strong>en</strong>nes de travailavec des animaux domestiques ?”. C’està travers des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec des éleveurs surromansL’homme qui a vu l’inondationRichard WrightEd. Folio2007 - 114 p. - 2 €Ecrit <strong>en</strong> 1935, les deux extraits de romans republiésaux Etats-Unis à la suite de l’ouraganKatrina, témoigne que le problème des inondationsle long du Mississipi ne dat<strong>en</strong>t pas d’aujourd’hui.Dans un climat raciste délétère, deux histoires surdes familles noires qui doiv<strong>en</strong>t faire face aux flots<strong>en</strong> Louisiane. Bref, mais fort. FV.Noir horizonThierry PerisséEd. Chant d’orties2007 - 144 p. - 12 €Ce recueil de douze nouvelles, décrit l’exist<strong>en</strong>ce de personnages accid<strong>en</strong>téspar la vie. Dès le départ, la plupart des situations sont bouchées, ettrès vite elles dérap<strong>en</strong>t davantage, laissant les individus face à leurs destins.Comm<strong>en</strong>t imaginer le désarroi de cette mère Rom dont la police <strong>en</strong>lèveson <strong>en</strong>fant (rapt) ? Cette jeune femme désemparée qui accouche touteseule dans une caravane que va-t’elle faire de son <strong>en</strong>fant ? (terrain vague)Comm<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ir le coup <strong>en</strong> travaillant à la chaîne dans cette usine quifabrique des cakes (moules à cake) ? Ce sanspapiersva-t-il s’<strong>en</strong> sortir avec ses <strong>en</strong>fants turbul<strong>en</strong>tset la crainte des contrôles (noir horizon) ?Autant de tranches de vies, où chacun est face àlui-même, <strong>en</strong>fermé, ne sait plus communiquer,broyant du noir, ruminant parfois des sombresdesseins. Ces histoires brèves sont plutôt déchirantes,mais le style vif, nerveux, direct de l’auteurles r<strong>en</strong>d émouvantes. La couverture du livreet chaque récit sont illustrés par Malh<strong>en</strong> bi<strong>en</strong>connu des lecteurs de S!l<strong>en</strong>ce... MJNeigeOrhan PamukEd. Folio2007 - 630 p. - 5 €Un jeune poète turc, de retour d’Allemagne, est<strong>en</strong>voyé par un journal d’Istambul pour <strong>en</strong>quêter àKars, une ville à l’est de la Turquie sur une mystérieusesérie de su<strong>ici</strong>des de jeunes filles. A travers lesr<strong>en</strong>contres du personnage, un vaste débat sur la laïcité,la modernité occid<strong>en</strong>tale, les traditions, l’islamismepolitique… particulièrem<strong>en</strong>t d’actualité àun mom<strong>en</strong>t où le gouvernem<strong>en</strong>t turc vi<strong>en</strong>t d’autoriserle port du voile pour les jeunes filles à l’université.Si le style de l’écriture est parfois ardu, celaamène à être plus tempérés dans nos propres débats <strong>ici</strong> sur la question duvoile, mais aussi sur la question de l’adhésion de la Turquie à l’Europe.MB.Avancez vers le fondYvan GradisEd. Pascal Galodé (35400 Saint-Malo)2008 - 128 p. - 17 €Premier recueil de huit nouvelles par l’un despiliers de la lutte contre la publ<strong>ici</strong>té <strong>en</strong> France…mais aussi amoureux de la langue française.Toutes très originales, à la limite du surréalisme,on apprécie particulièrem<strong>en</strong>t L’anniversaire del’oncle Georges avec une idée originale quiréjouira les ferv<strong>en</strong>ts de l’anticonsommation. Lamort est souv<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te, que ce soit dansGrand-mère des profondeurs, Photosu<strong>ici</strong>des ouPépins de pomme. Une m<strong>en</strong>tion spéciale à Uneodeur dans le métro, conte antiraciste contemporain.Enfin, deux nouvelles trait<strong>en</strong>t du handicapsous une forme iconoclaste Le rampeur etLe concours de claudication. Un régal. MB.5 2 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


livresl e l i v r e d u m o i sEnergieChangeons de cap !Didier L<strong>en</strong>oirEd. Terre Vivante2007 - 160 p. - 14 €Didier L<strong>en</strong>oir, présid<strong>en</strong>t du Cler, Comité de liaison énergiesr<strong>en</strong>ouvelables, ingénieur et urbaniste, prés<strong>en</strong>tedans cet ouvrage la situation actuelle <strong>en</strong> France etl’incroyable déséquilibre que représ<strong>en</strong>te le choix d’avoir desc<strong>en</strong>tres de production extrêmem<strong>en</strong>t puissants et des transportsde l’énergie qui gaspill<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite énormém<strong>en</strong>t. Ildénonce égalem<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces sociales du chauffageélectrique, la dép<strong>en</strong>dance vis-à-vis du pétrole alors que sararéfaction approche et que le changem<strong>en</strong>t climatique seprécise. Il refait alors une histoire de l’énergie pour compr<strong>en</strong>drecomm<strong>en</strong>t on <strong>en</strong> est arrivé là et comm<strong>en</strong>t l’Etat <strong>en</strong>arrive aujourd’hui à avoir des positions contradictoires. Ilmontre comm<strong>en</strong>t par contre les progrès <strong>en</strong> efficacité énergétiquesont spectaculaires lorsque les collectivités locales s’<strong>en</strong> charg<strong>en</strong>t. Il proposealors une autre façon de raisonner : partir des besoins et choisir chaque énergie <strong>en</strong>fonction de ses qualités ou de ses limites. Cela nous mène au scénario Négawatt quimontre que l’on peut diminuer très rapidem<strong>en</strong>t ainsi notre consommation totale… etdonc à moy<strong>en</strong> terme se passer du nucléaire et des énergies fossiles pour se tourner versles énergies r<strong>en</strong>ouvelables et déc<strong>en</strong>tralisées. Une manière de raisonner originale quiamène de nouveaux élém<strong>en</strong>ts sur l’organisation de l’énergie et sur les possibilités defaire autrem<strong>en</strong>t. MB.musiquesContrechants dema mémoire Volume 3“La commune n’est pas morte”Serge Utge RoyoEdito Musique2007 - 20 titresCe combattant infatigable de la causehumaine poursuit son activisme verbal etsa mémoire nous <strong>en</strong>traîne dans la lutte desCommunards pour la liberté et la dignité.Les chants révolutionnaires de l’époquesuccèd<strong>en</strong>t aux textes sur les personnalitésde cette tragédie et aux hymnes qui ont inspirédes poètes au vingtième siècle ainsique Utge Royo lui-même. Du fameuxTemps des cerises, <strong>en</strong> passant par La communer<strong>en</strong>due célèbre par Jean Ferrat, oudes chansons sur Louise Michel, J.-B.Clém<strong>en</strong>t et même sur Thiers, le ton sur cettepériode tragique est forcém<strong>en</strong>t poignant. Ladim<strong>en</strong>sion contestataire mais aussi poétiquedes paroles, évoquant de manièresimple les souffrances des petites g<strong>en</strong>s, alliéaux mélodies colorées, et à la voix chaudeet vibrante de l’artiste donne à ce cd un tonde liberté bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue. C’est une délectationd’écouter ce chanteur <strong>en</strong>gagé et de conviction,à une période où si peu le sont. MJ.A time for everythingYaron Herman trio (Gerald CleaverBatterie et Matt Brewer Basse)Ed. La Borie (87)2007 - 14 titresCe jeune pianistevirtuoses’est <strong>en</strong>touréde deux mus<strong>ici</strong><strong>en</strong>sde tal<strong>en</strong>tpour offrir cecd original ettrès actuel. Ils’est imposé unvrai chall<strong>en</strong>ge<strong>en</strong> toute décontractiontoutefois.Défi, avec un trio, formation inévitablem<strong>en</strong>texigeante pour des jeunes artistes.Défi <strong>en</strong>core, avec le mélange des g<strong>en</strong>res :réunir Bjork, Sting, Scriabine ou <strong>en</strong>coreLéonard Coh<strong>en</strong> ou Britney Spears au milieude ses propres compositions était <strong>en</strong> effetun risque à pr<strong>en</strong>dre. Défi <strong>en</strong>fin, avec lemélange des styles : jazz, mais aussi groove,swing et touches personnelles altern<strong>en</strong>tdans un mouvem<strong>en</strong>t exalté, plein d’uneénergie <strong>en</strong>thousiaste.Le résultat est tout simplem<strong>en</strong>t jubilatoire.Ce cd où les interprètes sembl<strong>en</strong>t défier letemps, dans un univers très créatif, s’écouteavec une saveur <strong>en</strong>ivrante. MJleurs relations avec les animaux que les deuxauteures nous emmèn<strong>en</strong>t dans une passionnante<strong>en</strong>quête philosophique. Une réflexioncritique sur les différ<strong>en</strong>tes méthodes utiliséespour “étudier” les animaux montre qu’onn’obti<strong>en</strong>t pas les mêmes résultats <strong>en</strong> utilisantdes méthodes de laboratoire ou <strong>en</strong> misant surl’av<strong>en</strong>ture relationnelle avec eux. Il y a unemanière sci<strong>en</strong>tifique de réduire l’animal à sesinstincts et de se focaliser sur les invariantset les comportem<strong>en</strong>ts stéréotypés, qui ne laisseaucune chance à leur subjectivité et à leurpersonnalité d’émerger. Ainsi “le chi<strong>en</strong> quirapporte joyeusem<strong>en</strong>t le journal à son maîtresera (…) défini, dans le langage du conditionnem<strong>en</strong>t,comme un organisme répondantà un stimulus après avoir fait l’objet d’unprogramme réussi d’appr<strong>en</strong>tissage par r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>ts”.La perspective des éleveurs esttout autre. La plupart d’<strong>en</strong>tre eux constat<strong>en</strong>tpar exemple que “l’animal nous compr<strong>en</strong>dmieux que nous, nous ne compr<strong>en</strong>ons les animaux”: c’est bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t une relation detype interpersonnelle qui se lie avec les bêtes.Les auteures constat<strong>en</strong>t par contre que leséleveurs de porcs industriels, à la différ<strong>en</strong>cede petits producteurs, ne veul<strong>en</strong>t pasadmettre de ressemblance possible <strong>en</strong>trel’homme et l’animal, qu’ils réduis<strong>en</strong>t à depures forces instinctuelles, incapables de p<strong>en</strong>ser,semblables <strong>en</strong>tre elles. Cette <strong>en</strong>quête rappelleque “la personnalité n’existe que dans lechamp des relations qui la favoris<strong>en</strong>t toutautant qu’elle <strong>en</strong> ouvre les possibilités”. Dansune perspective différ<strong>en</strong>te des lobbies proanimauxdont la perspective est de se mettreà leur place et faire preuve d’empathie <strong>en</strong>versleur souffrance, la perspective adoptée dansce livre, celle des éleveurs, est celle de “l’expéri<strong>en</strong>ced’un dev<strong>en</strong>ir avec, et non d’un dev<strong>en</strong>irl’autre”. Ce dev<strong>en</strong>ir avec les animauximplique une véritable co-évolution. Uneperspective nouvelle et féconde sur la question.GG.beaux livresArchitecture naturelleAlessandro RoccaEd. Actes Sud2007 - 212 p. - 35 €Dans ce beau livre richem<strong>en</strong>t illustré, l’auteur,<strong>en</strong>seignant <strong>en</strong> architecture, nous prés<strong>en</strong>tedes travaux qui conduis<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t à deslieux de vie… mais que l’on situerait plusdans l’art du paysage ou le land-art. Lesœuvres de 18 artistes sont prés<strong>en</strong>tées, avecdes installations éphémères ou durables, statiquesou évolutives, toutes utilisant les matériauxde la nature, pour des évolutions plusou moins intégréesou <strong>en</strong>opposition avecle paysage. Unlivre qui faittravailler l’imaginaire.De l’artplutôt que del’architecture.MB.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008 5 3


livresVaccinations, lesvérités indésirablesMichel GeorgetEd. Dangles2007 - 464 p. - 22 €Au cours de sa croissance, <strong>en</strong>tre la naissanceet ses dix-huit ans, un <strong>en</strong>fant est aujourd’huisoumis à 40 immunisations. Si jusqu’ily a peu, la contestation de l’utilité etde l’innocuité des vaccins était assez limitée,les accid<strong>en</strong>ts provoqués <strong>en</strong> grandnombre par le vaccin contre l’hépatite Bont relancé le débat sur la nécessité de passerpar des vaccins pour chercher à préservernotre santé. L’auteur, biologiste, s’appuyantsur 800 publications, montre <strong>ici</strong> lesactions supposés des vaccins, les risques (à<strong>en</strong>fantsTobie LolnessTimothée de FombelleEd. Gallimard Jeunesse2007 - 344 p. - 16Dès 10 ans. Le deuxième etdernier tome Les yeuxd’Elisha nous fait retrouverle petit personnage d’un millimètreet demi remontantdans son arbre, s’affrontantavec les méchants et finalem<strong>en</strong>tsauvant l’arbre de lamort que lui promettait l’exploitantd’une carrière. Avecbeaucoup d’humour et pleinde rebondissem<strong>en</strong>ts, l’auteur poursuit une superbehistoire à deux niveaux de lecture où l’arbrereprés<strong>en</strong>te notre société et où les politiques et les<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs aveugles ne voi<strong>en</strong>t pas qu’ilsdétruis<strong>en</strong>t leur planète et ses habitants. Un succèsmérité <strong>en</strong> librairie. MB.L’<strong>en</strong>cyclo verteVéronique Corgibetet Christophe BesseEd. Casterman2007 - 96 p. - 18,50 €partir de la santé de l’individu et de la compositiondu vaccin) et pose la question desavoir si le risque est acceptable. Il rappellealors toutes les escroqueries découvertespour justifier l’usage de différ<strong>en</strong>ts vaccins…et ceci dès le début avec Pasteur. Lelivre démontre chiffres à l’appui que lesvaccins sont loin d’être efficaces: que l’on est sorti de latuberculose par une meilleurehygiène de vie, que le vaccincontre la rougeole a étéinstauré au mom<strong>en</strong>t où il n’yavait plus de mortalité…L’auteur demande au moinsla liberté de chacun à choisird’être vacciné ou non.Démonstration magistrale.MB.Dès 10 ans. Un album grand format imprimé surpapier recyclé pour prés<strong>en</strong>ter sous une multitudede petits textes des connaissances de base surl’écologie de la planète et sur les gestes écolosque les <strong>en</strong>fants peuv<strong>en</strong>t faire. Cela peut paraîtresympa à première vue, mais pourtant… L<strong>en</strong>ucléaire garantirait l’indép<strong>en</strong>dance énergétiqueet ne produirait pas de gaz à effet de serre ![p.65] : c’est bi<strong>en</strong> connu, l’uranium <strong>en</strong>richi setrouve à côté du réacteur nucléaire ! Et l’av<strong>en</strong>irc’est Iter ! sans comm<strong>en</strong>taire négatif. Et pagesuivante on affirme que “les énergies r<strong>en</strong>ouvelablesne peuv<strong>en</strong>t subv<strong>en</strong>ir à tous les besoins énergétiquesde la Terre” Ah bon ? Pourtant l’ONU,des gouvernem<strong>en</strong>ts et des sci<strong>en</strong>tifiques prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tle contraire… mais eux n’ont pas à justifierle nucléaire ! On y appr<strong>en</strong>d [p.71] qu’<strong>en</strong> utilisantle datura, une plante semée autour de Tchernobyl,“les sols ont été nettoyés à 95 %”. Bondieu, mais alors, il n’y a donc plus de zone interditeà Tchernobyl ? Un scoop ! Où les auteursont-ils été pécher une telle info ? Le fait que lesbiocarburants font de la concurr<strong>en</strong>ce à la nourritureest ignoré [p.72]. Autre idiotie à propos desdéchets nucléaires “pourquoi ne pas les <strong>en</strong>voyersur le Soleil” [p.83]. Réponse : parce qu’<strong>en</strong> casd’explosion de la fusée au démarrage, nousserions tous gravem<strong>en</strong>t et définitivem<strong>en</strong>t contaminés.Sur les téléphones portables, il n’estsignalé que leur possible recyclage [p.83].Dommage que dans un livre pour <strong>en</strong>fant, on nesignale pas que leur usage est strictem<strong>en</strong>t déconseilléaux <strong>en</strong>fants. L’approche des OGM [p.84]est égalem<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t biaisée. Quant à l’agricultureint<strong>en</strong>sive, c’est bi<strong>en</strong> parce qu’”elle exportede la nourriture vers d’autres pays” [p.87] quieux export<strong>en</strong>t sans doute vers d’autres planètes?Pas un mot critique sur les pest<strong>ici</strong>des ! Bref, aumilieu d’une belle prés<strong>en</strong>tation pédagogique,beaucoup d’idées fausses <strong>en</strong> prov<strong>en</strong>ance de lagrande industrie. A ne pas mettre <strong>en</strong>tre toutes lesmains… FV.Be safeXavier-Laur<strong>en</strong>t PetitEd. Ecole des Loisirs2007 - 260 p. - 10,50 €Dès 12 ans. Lorsque sonfrère Jeremy s’<strong>en</strong>gage àl’armée, Oskar, seize ans, seretrouve seul. Sans le dire àses par<strong>en</strong>ts, ils correspond<strong>en</strong>t<strong>en</strong>semble par courrielet le jeune frère voit sonfrère se transformer <strong>en</strong>tireur d’élite puis partir <strong>en</strong>Irak. Tous les messages setermin<strong>en</strong>t alors par “besafe” (“porte-toi bi<strong>en</strong>” ou “mainti<strong>en</strong>s-toi <strong>en</strong>vie”). L’horreur de la guerre se distille dans lesmessages jusqu’à une permission où Jeremypr<strong>en</strong>d le risque de déserter. Avec une écritureconcise et agréable, une mise <strong>en</strong> garde efficacepour les adolesc<strong>en</strong>ts qui ne trouvant pas de travailpourrai<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ser que l’armée est une solution.FV.Nous avonségalem<strong>en</strong>t reçu...■ L’Afrique refuse-t-elle vraim<strong>en</strong>t le développem<strong>en</strong>t? Jean-Paul Djéréké, éd. L’Harmattan, 2007,248 p, 21,50 €. L’auteur, Ivoiri<strong>en</strong>, démonte <strong>ici</strong> lediscours “occid<strong>en</strong>tal” sur le “retard” de l’Afrique.Rappelant que la vision occid<strong>en</strong>tale du monde n’estsans doute pas la seule possible, il montre comm<strong>en</strong>ttoutes les t<strong>en</strong>tatives m<strong>en</strong>ées par des dirigeants africainsnon corrompus se termin<strong>en</strong>t par un assassinatavec la compl<strong>ici</strong>té des <strong>en</strong>treprises néocoloniales <strong>en</strong>place.■ Au travail les <strong>en</strong>fants ! Philippe Godard, préfacede Raoul Vaneighem, éd. Homnisphères, 2007,110p. 10 €. Le monde contemporain capitaliste nevit que par notre travail. Pour qu’il se mainti<strong>en</strong>ne,dès le plus jeune âge, l’<strong>en</strong>fant est formaté à l’école.Or c’est peut-être l’exubérance de l’<strong>en</strong>fance qui peutnous aider à p<strong>en</strong>ser le monde autrem<strong>en</strong>t. Si l’ondénonce volontiers le travail des <strong>en</strong>fants dans lespays pauvres, il serait peut-être temps de s’intéresseraussi au conditionnem<strong>en</strong>t au travail à l’œuvredans nos écoles.■ Les trous de mémoires (suite), B<strong>en</strong>oist Rey,éd. Libertaires (17190 Saint-Georges-d’Oléron),2007, 140 p. 12 €. En 1961, l’auteur publie Leségorgeurs dénonçant les horreurs de la guerred’Algérie… le livre est interdit à la v<strong>en</strong>te. En 2006,l’auteur dans un premier Trous de mémoires nousracontait sa vision de la politique de 1938 à 1972,ses r<strong>en</strong>contres idéologiques, Mai 1968 et son départ<strong>en</strong> 1972 <strong>en</strong> Ariège. Il poursuit <strong>ici</strong> son récit racontantson retour à la terre, ses activités associatives,les petites et les grandes luttes. Le tout avec beaucoupd’humour.■ Météo et santé, faire face aux dérèglem<strong>en</strong>ts climatiques,Jean-Claude Coh<strong>en</strong> et Jean-Louis SanMarco, éd. J’ai lu, 2007, 190 p. 5,60 €. Retoursur la canicule de 2003 pour compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>tnous avons pu avoir autant de surmortalité etconseils pratiques pour se protéger à la prochainealerte. Conseils égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cas de grands froids,de pollution atmosphérique, d’allergies aux poll<strong>en</strong>s,d’exposition au soleil.■ La tyrannie technologique, collectif, éd.L’Echappée, 2007, 256 p. 12 €. Compilation detextes de réflexion sur l’emprise des écrans (télévision,ordinateur), de l’informatique, du téléphoneportable, de la biométrie et de la difficulté à critiqueret à s’opposer à cette invasion technologique.Prés<strong>en</strong>tation des changem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> cours que celaprovoque : perte de s<strong>en</strong>s, immédiateté, contrôle c<strong>en</strong>tralisé,déformation de l’information… Big brotherest <strong>en</strong>fin dev<strong>en</strong>u réalité.■ A fond contre le CO 2 D<strong>en</strong>is Bonnelle, éd.Cosmogone, 2006, 128 p. 18 €. Préfacé par Jean-Yves Le Déaut, député inamovible qui a organisé lem<strong>en</strong>songe sur Tchernobyl et sur le nucléaire au seindu Parlem<strong>en</strong>t, ce livre prés<strong>en</strong>te bonnes et mauvaisessolutions (incinérations, surgénérateur, c<strong>en</strong>tralisation,gigantisme…). L’auteur, technocrate manifeste,rêve de puissance… et n’aborde la question deséconomies que dans une page.■ Carnets de voyage <strong>en</strong> Pologne, François deRavignan, éd. A plus d’un titre (Lyon), 2007, 92 p.11,80 €. Dans les pays de l’Est <strong>en</strong>trés récemm<strong>en</strong>tdans l’Union europé<strong>en</strong>ne, va-t-on assister à un laminagedes agriculteurs comme à l’Ouest ? Ou bi<strong>en</strong>peut-on profiter de cette diversité des campagnes etde la petitesse des exploitations pour nous ori<strong>en</strong>terdans une autre direction ? François de Ravignan,agronome, présid<strong>en</strong>t de l’association La ligne d’horizon,association impliquée dans l’après-développem<strong>en</strong>t,a fait un voyage <strong>en</strong> Pologne pour étudier laquestion. Un compte-r<strong>en</strong>du de voyage qui manqued’analyses.■ Ecologie, spiritualité, la r<strong>en</strong>contre, collectif, éd.Yves Michel, 2007, 255 p. 19 €. Le WWF et lec<strong>en</strong>tre bouddhiste Karma Ling ont organisé <strong>en</strong>octobre 2004 une r<strong>en</strong>contre sur ce thème.Mohammed Talab, Guy Kastler, Jean-Michel Florin,Jean-Marie Pelt, Pierre Rabhi, Edouard Goldsmith,Philippe Leconte, Philippe Desbrosses, MartinArnould… et d’autres sont v<strong>en</strong>us débattre de laquestion. De très nombreuses pistes de débats et depratiques intéressantes, mais un peu succincte etquand même une abs<strong>en</strong>ce : aucun dialogue avec desécologistes non-croyants.5 4S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008


Commanderun anci<strong>en</strong> numéroAnci<strong>en</strong>s numéros - Seuls les numéros prés<strong>en</strong>tés ci-après sont disponibles.Ils sont à commander uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France (4€ l’exemplaire,4,60€ à partir du n° 352). Les frais de port sont de 2 € pour un ex ■ ,3 € pour 2 ex ■ , 4 € pour 3 ex et plus ■ .s’abonner àNuméros régionaux■ 272-273 Rhône■ 285-286 Isère■ 318-319 Drôme et Ardèche■ 325-326 Nord-Pas-de-Calais■ 331 Ariège et Hautes-Pyrénées■ 337 Paris■ 342 Var et Alpes-Maritimes■ 348 C<strong>en</strong>tre■ 353 Haute-Garonne et GersAutres numéros■ 315 Décroissance et non-viol<strong>en</strong>ceTransport fluvial. Les restes du festin.OGM : faucheurs volontaires.■ 320 Ecologie et alternativesPétrole et géologie politique. Imaginerune banque transpar<strong>en</strong>te. Bureautiqueet économies d’énergie.■ 324 Voyages au pays de chez soiLa bio au cœur de l’écologie. Eoli<strong>en</strong> : du v<strong>en</strong>tsur la maison qui brûle. La pile à combustible.■ 327 De nos [in]cohér<strong>en</strong>cesREPAS : les Nouveaux Robinson.Energie : L’éoli<strong>en</strong> détrône le nucléaire.■ 330 Des <strong>en</strong>treprises solidairesLe micro-crédit : contre les femmes ?Illich, école et décroissance.■ 334 Terre, terroir,territoireTchernobyl. Autonomadisme contrelibéralisme. Dix ans de sevrage radiophonique.■ 335 Résistances à la FrançafriqueCapitalisme : sauver la gratuité ?Biocarburant. Gr<strong>en</strong>oble : nanotechnologiesnon merci !■ 338 Technologies contreautonomieMigrations : quelle empreinte ethnique ?Paris : Co-errances, Ecobox.■ D eve n o n s d e s m é d i a sa l t e r n a t i f s , é d i t io n sd u P ’ t i t g a v r o c h e . 2 0 0 6 ,3 7 0 p, 1 0 € ( + 3 € f r a i sd e p o r t )■ 339 Handicap et alternativesSeveso.L’action non-viol<strong>en</strong>te ça s’appr<strong>en</strong>d !Déboulonneurs, Massage café, AlternativeSanté.■ 340 Pour des innovations frugalesInspection citoy<strong>en</strong>ne. Paris : La Maisondes Femmes. Le café du soleil. OK Chorale.■ 341 Décroissance et santéNord/Sud : déchets-cadeaux. Paris : le PetitNey, la petite Rockette. Commerce équitable.■ 343 Changeons la recherche !Politique : Paul Ariès, révolution et décroissance.Paix : Parole et démocratie part<strong>ici</strong>pative.■ 344 Maghreb à quandl’indép<strong>en</strong>dance ?Belgique : Chasse aux bombes. Chauffe-eausolaire. Association d’éducation populaire.Jean Van Lierde.■ 345 Les nouveaux horizonspaysansPolitique : La déliquesc<strong>en</strong>ce. Energie 21.Après la fin du pétrole.■ 346 Quelles relations Sud-nord ?OGM: procès des faucheurs volontaires.Paix : guerre et nouvelles technologies.Décroissance : dissid<strong>en</strong>ce de la broussaille.j e r è g l e u n t o t a l d e :N O MP r é n o mA d r e s s eC o d e p o s t a lC o m m u n e■ 347 Libertés : le combat continueBiocarburants : impossible à grande échelle.Irradiation des alim<strong>en</strong>ts : combi<strong>en</strong> de fraudes?Munich : la bio protège l’eau.■ 349 Quand l’écologie fait la foireJapon : le réacteur ne résiste pas au séisme.Education : Célestin et l’école moderne.■ 350 Décroissance côté femmesFamine : manger ou conduire, il faut choisir.Contrôle : passe Navigo et vie privée.Politique : des voies pour une régénération.■ 351 : 25 ans de sil<strong>en</strong>ceVoyageurs des possibles. Ecologie politique<strong>en</strong> questions. Fausses solutions.Excès de vitesse.■ 352 Sortir de l’industrialismeInspections citoy<strong>en</strong>nes : Un festival “missilemi-raisin”. Gr<strong>en</strong>elle : Des promesses pourplus tard... ou pour jamais.■ 354 Mun<strong>ici</strong>pales : être maireautrem<strong>en</strong>tAlternatives : une autre Villa est possible.Décroissance : Colporteurs de santé. Islande :les géants de l'aluminium. Lobby nucléaireet politique.■ 355 Sortir des pest<strong>ici</strong>desSans papiers : pour la liberté de vivre.OGM : ri<strong>en</strong> n’est <strong>en</strong>core joué ! Transports :une énergie écologique sur quatre pattes.Alternatives à S!l<strong>en</strong>ce : des lecteurs<strong>en</strong> action.Francemétropolitaine■ Découverte 1er abonnem<strong>en</strong>t 6 n° 20 €■ P a r t i c u l i e r 1 a n 4 6 €■ I n s t i t u t i o n 1 a n 9 2 €■ S o u t i e n 1 a n 6 0 € e t +■ P e t i t f u t é 2 a n s 7 4 €■ G r o u p é s p a r 3 e x 1 a n 1 1 5 €■ G r o u p é s p a r 5 e x 1 a n 1 7 3 €■ P e t i t b u d g e t 1 a n 2 8 €Suisse■ Découverte 1er abonnem<strong>en</strong>t 6 n° 45 FS■ Particulier 1 an 85 FSAutres pays et Dom-tom■ Découverte 1er abonnem<strong>en</strong>t 6 n° 27 €■ Particulier 1 an 55 €■ Institution 1 an 100 €■ Souti<strong>en</strong> 1 an 60 € et +■ Petit futé 2 ans 85 €■ Petit budget 1 an 35 €France : règlem<strong>en</strong>t àSil<strong>en</strong>ce, 9, rue Dum<strong>en</strong>ge,69317 Lyon cedex 04CCP 550-39-Y LyonVi r e m e n t s b a n c a i r e s :C C P 5 5 0 3 9 Y LYO NBelgique : règlem<strong>en</strong>t àBra b a n t-Ecologie,33 ro u te d e R<strong>en</strong>ipontB - 1380 Ohaintél : 00 32 2 633 10 48CCP OOO-15-19-365-54Suisse : règlem<strong>en</strong>t àC o n t r a t o m C P 6 5 -C H 1 2 1 1 G e n è v e 8t é l : ( 4 1 ) 2 2 7 4 0 4 6 1 2C C P 1 7 - 4 9 7 6 9 6 - 4C o u r r i e r s : 9 r u e D u m e n g e , F 6 9 3 1 7 Ly o n C e d e x 0 4 A b o n n e m e n t s : 0 4 7 4 0 7 0 8 6 8 m a rd i 8 h 3 0 - 1 1 h e t 1 3 h 3 0 - 1 6 h o u l e 0 4 7 8 3 9 5 5 3 3 j e u d i 1 0 h - 1 2 h e t 1 4 h -17h Rédaction : 04 78 39 55 33 m ercredi 10h-12h et 14h-17h Stands, dépositaires : 04 78 39 55 33 Les textes sont sous la responsabilité de leurs auteurs. Lesb r è v e s s o n t d e s r é s u m é s d e s i n f o r m a t i o n s q u e l ’ o n n o u s c o m m u n i q u e . Te x t e s : s a u f m e n t i o n c o n t r a i r e , l a r e v u e a u t o r i s e , s o u s r é s e r v e d e c i t e rl a s o u rc e , l a c o p i e i l l i m i t é e à u s a g e p r i v é d e s t e x t e s . L e s u t i l i s a t i o n s à u s a g e p é d a g o g i q u e s o n t é g a l e m e n t a u t o r i s é e s . To u t u s a g e c o m m e rc i a l e s t s o u m i sà notre autorisation. Illustrations : Les photos et dessins rest<strong>en</strong>t la propriété de leurs auteurs. N° de commission paritaire : 0910 G 87026 N°ISSN 0756-2640D a t e d e p a r u t i o n : 2 e t r i m e s t r e 2 0 0 8 T i r a g e : 6 8 0 0 e x E d i t e u r : A s s o c i a t i o n S i l e n c e , p e r m a n e n c e : l u n d i 1 0 h - 1 2 h e t 1 4 h - 1 7 h t é l : 0 4 7 8 3 9 5 5 3 3A d m i n i s t r a t e u r s : E s t e b a n M o n t o y a , M i m m o P u c c i a r e l l i D i r e c t e u r d e p u b l i c a t i o n : M i m m o P u c c i a r e l l i S e c r é t a i r e s d e r é d a c t i o n : M i c h e l B e r n a r det Michel Jarru Gestion et abonnem<strong>en</strong>ts : Michel Jarru Maquette : Patrice Farine Stands, lieux de dépôts : Dorothée Fessler Rédaction :Michel Ber nard,G u i l l a u m e G a m b l i n , E s t e b a n M o n t o y a , M i m m o P u c c i a r e l l i P i l o t e s d e r u b r i q u e s : P a t r i c e B o u v e r e t , A d e l i n e C h a r v e t , C h r i s t i a n D a v i d , S o p h i eD o d e l i n , M a r i o n G i l l i e r- R e b a u d , A n n e G i r a r d , P i e r r e - M a r i e J a c q u i e r, D a n i e l J u l i e n , S t e p h e n K e r c k h o v e , K o t o p o , J e a n - P i e r r e L e p r i , X a v i e rL h e r m i t t e , P i e r r e L u c c a r e l l i , E v e l i n e M a n a , P a s c a l M a r t i n , B a p t i s t e M y l o n d o , M a r i e - P i e r r e N a j m a n , P a t r i c e N é e l , F a b r i c e N i c c o l i n o ,J o c e l y n P e y r e t , Vi n c e n t P e y r e t , A u r é l i e P r a m p a r t , X a v i e r S e r e d i n e , F r a n c i s Ve r g i e r D e s s i n a t e u r s : L a s s e r p e , J o n v o n N i a s C o r r e c t e u r s :E m m a n u e l l e P i n g a u l t , S a r a M a r t i n e z , S y l v i e M i c h e l , R a y m o n d Vi g n a l , F r a n ç o i s e We i t é P h o t o g r a p h e s : M a r i e C l e m ’s , D i z o l e l e , E s t e b a n ,B r u n o G u i l l e m i n , R a y m o n d Vi g n a l , P i e r r e - E m m a n u e l We c k , E t p o u r c e n ° : J e a n - F r a n ç o i s A m a r y, A n d r é B e r n a r d , M y r i a m C o g n a r d ,C o l l e c t i f d e s o b j e c t r i c e s e t o b j e c t e u r s t a r n a i s , C o o r d i n a t i o n d e s a c t i o n s n o n - v i o l e n t e s d e l ' A r c h e , M a r g u e r i t e D e s c a m p s , A n d r éL a r i v i è r e , Vi n c e n t M a r t i n , A n n a M a s s i n a , P a u l e t t e M a z o y e r, T h é r è s e M e r c y, M o u t s i e , J e a n - M a r i e M u l l e r, J o n v o n N i a s , M i c h e l N o d e t ,M i r e i l l e O r i a , R a o u l J a c q u i n - P o r r e t a z , M a r i e - J o ë l l e P o u i l l o n , R e i n e R o s s e t , T h i e r r y S a l l a n t i n , M y r i a m Tr a v o s t i n o , B e r n a r d Va l e t t eCouverture : DR + affiche de l’ONU pour le désar m em<strong>en</strong>tI m p r i m é s u r p a p i e r 1 0 0 % r e c y c l é bl a n c h i s a n s c h l o r e p a r A t e l i e r 2 6 - L o r i o l T é l : 0 4 7 5 8 5 5 1 0 0S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20085 5


ParisBlocagedu périphériqueLe 17 février 2008, après avoirbloqué la circulationà l’aide de cinq véhiculesutilitaires, des militants Vertsont libéré le périphériqueparisi<strong>en</strong> p<strong>en</strong>dant quelquesminutes, le temps derecouvrir le sol de moquettesprés<strong>en</strong>tant la reconversionpossible du site : deux voiesréservées aux bus et aux taxis,une pour les vélos, une pourles piétons, avec des arbres unpeu partout… Pour D<strong>en</strong>isBaupin, tête de liste pour lesélections mun<strong>ici</strong>pales, “On nepourra pas faire de GrandParis sans supprimer cettemuraille qui <strong>en</strong>cercle la capitale[…] Il faudrait transformerle périphérique <strong>en</strong> grandboulevard accessible à tousles modes de déplacem<strong>en</strong>t”.photos : Pierre-Emmanuel WeckOpération carré vert

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!