paixL’armée,combi<strong>en</strong> de planètes ?Le poids économique de l’armée et de l’armem<strong>en</strong>t est connu… mais qu’<strong>en</strong> est-ilde son empreinte écologique ? Peu de chiffres sont disponibles, mais on peutse douter que, même hors guerre, ce secteur pèse de tout son poids surla destruction de la planète.DRLes guerres provoqu<strong>en</strong>t de graves dégâts<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux qui de plus perdur<strong>en</strong>tbi<strong>en</strong> après que les armes se soi<strong>en</strong>t tues. C’estun fait largem<strong>en</strong>t admis. D’ailleurs, depuis 2001,l’ONU a décrété le 6 novembre Journée internationalepour la prév<strong>en</strong>tion de l’exploitation de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> temps de guerre et de conflit armée(voir <strong>en</strong> <strong>en</strong>cadré la déclaration du secrétaire généralde l’ONU lors de l’édition 2007).Toutefois, l’empreinte écologique militaire ne selimite pas aux seules périodes de conflits et neconcerne pas que les pays <strong>en</strong> guerre… L’armée autravers de son fonctionnem<strong>en</strong>t quotidi<strong>en</strong> est unegrande consommatrice de territoires, d’énergie etautres ressources naturelles de toutes natures…Reste à trouver les données pertin<strong>en</strong>tes pourmesurer cette empreinte…Lors du “Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t”, l’arméeétait l’un des grands abs<strong>en</strong>ts et différ<strong>en</strong>tesrecherches, notamm<strong>en</strong>t via Internet, n’ont paspermis d’obt<strong>en</strong>ir des élém<strong>en</strong>ts d’information permettantd’étayer de manière un tant soit peusérieuse la prédation que les activités militairesimpos<strong>en</strong>t à notre biosphère.En revanche, le ministère de la déf<strong>en</strong>se a lancéune opération de communication <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>tant àla presse le 27 novembre 2007 un “plan d’action<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t” qualifié, bi<strong>en</strong> sûr, d’ambitieux.Sauf que les moy<strong>en</strong>s mis <strong>en</strong> œuvre concrètem<strong>en</strong>tfris<strong>en</strong>t le ridicule !DRHélicoptère de combat prés<strong>en</strong>té au salon Eurosatory.6 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008
Pr<strong>en</strong>ons l’exemple de la consommation des produitspétroliers. Le Service des ess<strong>en</strong>ces desarmées distribue chaque année <strong>en</strong>viron 1 200 000m3 de produits pétroliers. Or, les mesures proposéesconcern<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t la formation des15 000 conducteurs du ministère à ce qu’ilnomme “la conduite souple” ou “l’éco-conduite”visant à réduire les consommations de carburantet à acheter des voitures plus économes… Sansêtre expert, on peut estimer que même si le ministèreest gestionnaire du second parc national, derrièreLa Poste, avec près de 70 000 véhicules, uneréduction sérieuse de sa consommation de produitspétroliers et d’émission de CO 2 se joueprioritairem<strong>en</strong>t au niveau des avions de combats(Rafale et autre Mirage…) et de l’armem<strong>en</strong>tnaval…En fait, la principale mesure de ce “plan <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t”sera la réalisation chaque année d’unbilan <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal du ministère. La premièreédition est prévue pour la fin de l’année 2008 etcomportera un “bilan de ses rejets gazeux etliquides dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, de ses producpaix6 novembreJournée internationale pour la préservationde l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> temps de guerreÀ l’occasion de la Journée internationale pour la prév<strong>en</strong>tionde l’exploitation de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> temps de guerre et de conflit,le 6 novembre 2007, le secrétaire général des Nations unies,Ban Ki-moon, a souhaité faire connaître son message :que la guerre existe, l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tet les ressources naturelles“Depuis<strong>en</strong> sont les victimes sil<strong>en</strong>cieuses. Lesrécoltes sont inc<strong>en</strong>diées, les puits pollués, les solsempoisonnés et les animaux tués. Les objectifs nesont pas toujours les mêmes : on peut vouloir seprocurer un avantage stratégique, démoraliserdes populations locales, v<strong>en</strong>ir à bout d’une résistanceou tout simplem<strong>en</strong>t nourrir ses soldats.Mais, même lorsqu’elles ne sont pas int<strong>en</strong>tionnelles,les conséqu<strong>en</strong>ces sont toujours catastrophiques.Nous assistons à des actes de destructionpurs et simples, notamm<strong>en</strong>t le rejet depolluants et de substances dangereuses. Noussommes témoins de bouleversem<strong>en</strong>ts sociaux,comme la création de populations de réfugiésqui, à leur tour, mett<strong>en</strong>t plus rudem<strong>en</strong>t les ressourcesà contribution. (...)P<strong>en</strong>dant la guerre du Golfe de 1991, les puits depétrole du Koweït ont été délibérém<strong>en</strong>t inc<strong>en</strong>diéset des millions de litres de pétrole brut ont étédéversés dans les voies d’eau. Au Cambodge,35 % de la couverture forestière a été détruitep<strong>en</strong>dant les 20 ans qu’ont duré la guerre civile etles troubles. Au cours du conflit <strong>en</strong> Angola, l<strong>en</strong>ombre des animaux sauvages a diminué de 90 %et, p<strong>en</strong>dant la guerre du Vietnam, des millions detonnes d’ag<strong>en</strong>t orange ont été pulvérisées au-dessusdes jungles de ce pays, ce qui a eu pour effetde dépouiller de toute végétation de vastes zonesdont certaines ne peuv<strong>en</strong>t toujours pas être cultivéesaujourd’hui.L’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t est protégé <strong>en</strong> temps de guerrepar un certain nombre d’instrum<strong>en</strong>ts juridiques,notamm<strong>en</strong>t la Conv<strong>en</strong>tion sur l’interdictiond’utiliser des techniques de modification de l’<strong>en</strong>suitepage 9Développem<strong>en</strong>t durable ?DRAffiche de juin 2000.S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 20087