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CourrierLa théorie du tube de d<strong>en</strong>tifriceJe suis sûr que cela a dû vous arriver...Le tube de d<strong>en</strong>tifrice se termine. Alors qu’auparavant vous étaliez une grossecouche de pâte sur votre brosse à d<strong>en</strong>ts sans difficulté, il vous faut désormaisrecroqueviller le tube avec soin pour obt<strong>en</strong>ir le même résultat. Vous p<strong>en</strong>sez alors àprévoir l’achat d’un nouveau tube. Aussitôt p<strong>en</strong>sé, aussitôt oublié et le l<strong>en</strong>demainil vous faut l’aplatir avec application avant de l’<strong>en</strong>rouler minutieusem<strong>en</strong>t pourprofiter de la dernière goutte. Au fur et à mesure la dose de d<strong>en</strong>tifrice étalée surla brosse diminue et comme vous oubliez <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce d’acheter le précieuxobjet, vous <strong>en</strong> êtes réduits progressivem<strong>en</strong>t à vous brosser les d<strong>en</strong>ts avec un soupçonde pâte à peine visible. Et pourtant le résultat est id<strong>en</strong>tique ! On peut doncréduire significativem<strong>en</strong>t la quantité du produit <strong>en</strong> obt<strong>en</strong>ant la même qualité.Alors je m’amuse à faire durer mes tubes de d<strong>en</strong>tifrice le plus longtemps possible.Et je me dis qu’on pourrait résumer cela <strong>en</strong> adoptant le principe du « toujoursmoins »Toujours moins d’eau, toujours moins d’énergie, de bruit, de pollutions, de vitesse…Il nous faut aller à contre-courant et t<strong>en</strong>ter cette sobriété volontaire qui devraitpermettre à nos <strong>en</strong>fants de ne pas vivre comme des hommes préhistoriques.Regardons nous dans la glace, p<strong>en</strong>sons à l’av<strong>en</strong>ir de nos desc<strong>en</strong>dants et décidons<strong>en</strong>fin de faire le premier geste d’une nouvelle vie basée sur la qualité plutôt que surla quantité : toujours moins !Jean-François NobletIsèrePollution partoutJe me pose cette question : pourquoi pour une marée noire (pétrole)c’est le branle-bas général, mobilisation, pleurs, nettoyage organisé,procès, estimation chiffrée des dédommagem<strong>en</strong>ts, etc., et ri<strong>en</strong> pourcette pollution continuelle qui est partout (plages, océans, berges,chemins, décharges sauvages, les routes et leurs fossés, <strong>en</strong>fin partoutquoi !). Le plastique fait partie intégrante du sable des côtes europé<strong>en</strong>nes(selon une étude sci<strong>en</strong>tifique).Jean-Michel ManfroiMaine-et-Loire>Exploitation bioDRJe vi<strong>en</strong>s réagir au courrier de Pierre Küng dans le n°354. En 2001, Fabrice Nicolino écrivait dans Politis (15mars 2001) : “En Andalousie, le maraîchage bio est <strong>en</strong> train de bouleverser pour partie l’agriculture régionale. Sacroissance est telle que de très grandes exploitations se sont mises <strong>en</strong> place pour satisfaire le marché europé<strong>en</strong>.Sous des serres bardées de plastique bas de gamme, on cultive pour nous, petits bourgeois de France oud’Allemagne, des tomates ou des petits pois, des salades ou des poivrons. On ? Des sous-prolétaires, souv<strong>en</strong>t clandestins,souv<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us d’Equateur et qu’on paie deux fois moins que partout ailleurs <strong>en</strong> Europe (…). Il est grandtemps que la bio se (re)pose quelques questions”.MoutsieAudePhoto de Yohanne Lamoulère sur El Ejido <strong>en</strong> Espagne, publiée dans le n° 355 [voir page 32].Cri de colère, de détresseet de révolte !Je suis la maîtresse de Gevorg, le fils de Karin et Arm<strong>en</strong>, qui est arrivé <strong>en</strong>cours préparatoire dans ma classe l’an dernier. Je suis la maîtresse deGevorg qui a disparu de ma classe v<strong>en</strong>dredi 16 novembre 2007 <strong>en</strong> laissanttoutes ses affaires, même ce gros bâton de colle dont il est si fier.Je suis la maîtresse de Gevorg et d’autres <strong>en</strong>core dans la même situation, quivoi<strong>en</strong>t sa chaise vide tous les jours et qui sav<strong>en</strong>t que leur tour peut arriver.Je suis la maîtresse de 22 <strong>en</strong>fants de 6 ans quiappr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> France un <strong>en</strong>fant peut être obligé des’<strong>en</strong>fuir de nuit avec sa famille parce qu’il n’est pasFrançais.Je suis une maîtresse qui doit <strong>en</strong>seigner à 22 <strong>en</strong>fants,qu’on est tous égaux, avec les mêmes droits et lesmêmes devoirs, que les lois sont faites pour nous protéger,que c’est ce qu’on appelle les droits de l’hommedont on est si fiers <strong>en</strong> France.Je suis une maîtresse qui doit arriver à faire compr<strong>en</strong>dreà 22 <strong>en</strong>fants que l’on doit résoudre les problèmes<strong>en</strong> s’expliquant, et que lorsqu’on est dans sondroit on sera écouté et protégé. “parce que c’est ça lajustice, hein maîtresse ?”.Je suis la maîtresse d’autres <strong>en</strong>fants sans papiers quime regard<strong>en</strong>t faire l’appel sans Gevorg et qui continu<strong>en</strong>tà appr<strong>en</strong>dre à lire dans la langue d’un pays quine veut pas d’eux.Je suis une maîtresse parmi tant d’autres quidevrai<strong>en</strong>t tous les jours essayer d’expliquer l’inexplicable,accepter l’inacceptable, et ravaler cette rage etce dégoût d’être la fonctionnaire d’un Etat qui mèneune chasse à l’homme abjecte et dégradante.Aujourd’hui je voudrais vous faire compr<strong>en</strong>dre à quel point mes collègues etmoi-même sommes choqués par ces drames humains, par cette politique dechiffres, de pourc<strong>en</strong>tages et de quotas appliquée à des personnes, deshommes, des femmes et des <strong>en</strong>fants.Je voudrais vous faire compr<strong>en</strong>dre à quel point cette souffrance <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dréepar cette politique devi<strong>en</strong>t ingérable, insupportable pour nous, comme pourles <strong>en</strong>fants et les familles concernées. Je voudrais vous dire à quel point nousavons mal devant ces bureaux vides, ces cahiers abandonnés et ces stylos quepersonne ne vi<strong>en</strong>t réclamer.Je voudrais vous dire à quel point j’ai peur d’arriver <strong>en</strong> classe et d’avoir perduGevorg ou Alexandre ou un autre <strong>en</strong>core, parce que, non, ce ne sont pas desnuméros ou des quotas, mais parce que je lesconnais, je connais leurs sourires, je connais leursyeux.Nous n’<strong>en</strong> pouvons plus de nous taire et de voir desfamilles <strong>en</strong> danger rejetées <strong>en</strong> toute connaissancede cause ! Nous n’<strong>en</strong> pouvons plus de nous demander<strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce ce qui va leur arriver là bas !Nous ne voulons plus être complices de non assistanceà personne <strong>en</strong> danger.Je voudrais vous faire partager cette réflexion deWilliam Faulkner :“Le suprême degré de la sagesse est d’avoir desrêves suffisamm<strong>en</strong>t grands pour ne pas les perdrede vue p<strong>en</strong>dant qu’on les poursuit.”Alors merci à tous d’être là et de partager le rêvede Karin, Arm<strong>en</strong>, Alexandre, Gevorg et Grigoryleurs <strong>en</strong>fants : vivre sereinem<strong>en</strong>t auprès de nous,v<strong>en</strong>ir chaque matin à l’école, et que ce rêve, aveceux et avec tous ceux qu’on veut chasser hors d<strong>en</strong>otre pays, on ne le perde pas de vue.Laure VéziantMontélimar5 0 S!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008

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