Les dirigeants étasuni<strong>en</strong>s, dirigés euxmêmespar les milieux d'affaires, ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tà ce que l'anglais soit imposé. Ils sav<strong>en</strong>ttrès bi<strong>en</strong> que les flux d'échanges, la fuitedes cerveaux, la gestion et le contrôle desaffaires du monde (Echelon !...) pass<strong>en</strong>tmieux, à leur bénéfice, par une langue quiles disp<strong>en</strong>se d'<strong>en</strong> appr<strong>en</strong>dre d'autres : laleur. Ils ont compris que c'est à eux querevi<strong>en</strong>dra le véritable avantage <strong>en</strong> contraignantles 92% de natifs non anglophonesà appr<strong>en</strong>dre une langue qui leur est bel etbi<strong>en</strong> étrangère, donc à détourner de larecherche et de la création une partimportante de leur temps, de leur budget,de leurs efforts intellectuels. Directeurgénéral du cabinet de consultantsKissinger Associates, David Rothkopf aaffirmé : "Il y va de l'intérêt économique etpolitique des Etats-Unis de veiller à ce que,si le monde adopte une langue commune, cesoit l'anglais; que, s'il s'ori<strong>en</strong>te vers desnormes communes <strong>en</strong> matière de télécommunications,de sécurité et de qualité, cesnormes soi<strong>en</strong>t américaines; que, si ses différ<strong>en</strong>tesparties sont reliées par la télévision,la radio et la musique, les programmessoi<strong>en</strong>t américains ; et que, si s'élabor<strong>en</strong>t desvaleurs communes, ce soi<strong>en</strong>t des valeursdans lesquelles les Américains se reconnaiss<strong>en</strong>t"(2).... <strong>en</strong>core aujourd'huiBi<strong>en</strong> avant l'<strong>en</strong>trée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun (1973),le British Council avait déjà perçu l'avantaged'une langue dont les Anglais pouvai<strong>en</strong>tréellem<strong>en</strong>t dire, eux, qu'elle ne leurétait pas étrangère : "Il y a un élém<strong>en</strong>t decommercialité dissimulé dans chaque professeur,livre, revue, film, programme télévisé,de langue anglaise <strong>en</strong>voyés au delà desmers. Si alors nous sommes <strong>en</strong> train de tirerun avantage politique, commercial et culturelde l'usage mondial del'anglais, que faisons-nouspour maint<strong>en</strong>ir cette position?" (3). Pour la périoded'activités 1971-1972,le British Council a reçu16% de crédits supplém<strong>en</strong>tairesdu gouvernem<strong>en</strong>tbritannique...La langue n'est qu'unatout parmi d'autres,comme une monnaieforte, mais ce n'est pas le moindre. Lesdés sont truqués. Lors d'un congrès deSAT, à Toronto, un part<strong>ici</strong>pant new-yorkaism'avait dit : "Le pays qui impose salangue impose l'air sur lequel doiv<strong>en</strong>t gesticulerles marionnettes". C'est ce que pratiquai<strong>en</strong>tles puissances colonialistes.Le ministre de l'Education nationaleClaude Allègre avait déclaré <strong>en</strong> 1997 quel'anglais ne devait plus être considérécomme une langue étrangère. En 1999, ils'étonnait de ce qu'il nommait "cetteextraordinaire machine d'invasion intellectuelleque constitu<strong>en</strong>t désormais les États-Unis" sans p<strong>en</strong>ser un seul instant que lalangue avait joué un rôle considérabledans ce processus de domination qui ira<strong>en</strong> s'aggravant.Dès 1952, dans son ouvrage "Le violdes foules par la propagande politique",Serge Tchakhotine avait plaidé pour l'espéranto,langue qu'il avait étudiée : "Il estclair que la nation dont la langue seraitreconnue comme universelle, acquerrait desavantages économiques, culturels et politiquessur les autres. Mais l'inertie et l'espritconservateur des gouvernants de presquetous les pays empêche <strong>en</strong>core que l'espérantopuisse dev<strong>en</strong>ir la langue auxiliaire mondiale".La question des langues n'est querarem<strong>en</strong>t la cause directe de conflits, maiselle <strong>en</strong> est un des ferm<strong>en</strong>ts.Le nationalisme<strong>en</strong> question"Le nationalismeest même laseule religionqui exige <strong>en</strong>corede l'hommele sacrifice dela vie"En 1914, Zam<strong>en</strong>hof avait refusé depr<strong>en</strong>dre part au premier congrès de la Liguemondiale des espérantistes juifs qui devaitse t<strong>en</strong>ir à Paris. Il s'était ainsi justifié :"Je ne peux malheureusem<strong>en</strong>t pas vousdonner mon adhésion. Suivant mes convictions,je suis "homarano" (membre de l'humanité)et ne peux adhérer aux objectifs etaux idéaux de quelque groupe ou religionque ce soit... Je suis profondém<strong>en</strong>t convaincuque tout nationalisme ne peut apporter àl'humanité que de plus grands malheurs etque le but de tous les hommes devrait être decréer une humanité fraternelle. Il est vraique le nationalisme des peuples opprimés —<strong>en</strong> tant que réaction naturellede déf<strong>en</strong>se — est bi<strong>en</strong> pluspardonnable que celui desoppresseurs; mais si le nationalismedes forts est ignoble,celui des faibles est imprud<strong>en</strong>t...L'un <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre l'autre etle r<strong>en</strong>force, et tous deux finiss<strong>en</strong>tpar créer un cerclev<strong>ici</strong>eux de malheurs dont l'humaniténe sortira jamais àmoins que chacun de nous nesacrifie son propre égoïsme de groupe et nes'efforce de se placer sur un terrain tout àfait neutre... C'est pourquoi — bi<strong>en</strong> que jesois déchiré par les souffrances de monpeuple — je ne souhaite pas avoir de rapportsavec le nationalisme juif et désir<strong>en</strong>'œuvrer qu'<strong>en</strong> faveur d'une justice absolue<strong>en</strong>tre les êtres humains. Je suis profondém<strong>en</strong>tconvaincu que, ce faisant, je contribueraibi<strong>en</strong> mieux au bonheur de monpeuple que par une activité nationaliste..."Fondateur de SAT, Lanti s'est aussiexprimé dans un ouvrage publié à Leipzig<strong>en</strong> 1930 sous le titre "Naciismo" (nationalisme):"Le nationalisme est même la seule religionqui exige <strong>en</strong>core de l'homme le sacrificede la vie.Après des siècles de lutte, les hommesont acquis dans les pays plus ou moins cultivésle droit d'appart<strong>en</strong>ir ou non à uneEglise, la liberté d'assister ou non aux cérémoniesreligieuses. Mais nul ne peut refuserimpuném<strong>en</strong>t de part<strong>ici</strong>per aux cérémoniessanguinaires, les guerres, auxquelles lesdivers nationalismes donn<strong>en</strong>t lieu.Le patriotisme est actuellem<strong>en</strong>t la pluspuissante idéologie; il domine passionném<strong>en</strong>tles esprits et est capable de faired'hommes paisibles, cordiaux, des bêtesagressives et avides de sang.Les quinze millions de tués de la dernièreguerre mondiale n'ont pas suffi pour rassasierle monstre. Le nationalisme m<strong>en</strong>acedurablem<strong>en</strong>t l'humanité."Il est connu que des empires industrielstirai<strong>en</strong>t les ficelles du nationalismelors de la première guerre mondiale.Après la seconde guerre mondiale, le présid<strong>en</strong>tEis<strong>en</strong>hower avait averti contre lesrisques que faisait courir le rôle croissantdu complexe militaro-industriel.(1) Pour repr<strong>en</strong>dre une expression de la bande dessinéeAstérix le Gaulois.(2) Cité dans "Le Monde Diplomatique", août 1998.(3) Extrait du rapport annuel de l'année 1968-69.SILENCE N°3217Mars 2005