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TémoignageLe Train de LangeaisAR<strong>en</strong>nes où les nazis ont rapatriétous les dét<strong>en</strong>us de l’<strong>en</strong>sembledes prisonsbretonnes, et alors que les alliéssont aux portes de la cité, deuxconvois de prisonniers, femmes ethommes, composés <strong>en</strong> majorité deRésistants, mais aussi de soldatsalliés (capturés pour certains aprèsle débarquem<strong>en</strong>t de Normandie),déserteurs allemands, quitt<strong>en</strong>t laville les 2 et 3 août 1944, au petitmatin.Combi<strong>en</strong> sont-ils exactem<strong>en</strong>t ? Nul nele saura jamais. Il n’existe aucune archive.Selon les histori<strong>en</strong>s amateursattachés à ne pas oublier ces femmeset ces hommes, le nombre varie <strong>en</strong>tre1 300 et 2 000.Ces jours-là, les Allemands ne s’embarrass<strong>en</strong>tpas du nombre exact dedét<strong>en</strong>us. La prison Jacques Cartier àR<strong>en</strong>nes est pleine et les officiers SSdépêchés <strong>en</strong> urg<strong>en</strong>ce d’Angers, le 1eraoût, plutôt que d’organiser la retraitede leurs troupes, planifi<strong>en</strong>t l’ultime déportation<strong>en</strong> partance de R<strong>en</strong>nes.Mitraillette au poing et chi<strong>en</strong>s t<strong>en</strong>us<strong>en</strong> laisse, les militaires <strong>en</strong>cadr<strong>en</strong>t unpremier convoi, <strong>en</strong> majorité desfemmes <strong>en</strong>tassées jusqu’à 100 dansdes wagons à bestiaux stationnés àLa Courrouze.Les troupes alliées n’avanc<strong>en</strong>t plus, lacommunication est coupée <strong>en</strong>tre leGénéral Wood et son état-major. Cestandby des Américains of<strong>fr</strong>e aux Allemandsquelques heures de plus.Des heures fatales.Ce premier convoi file vers Redon. Ledeuxième quittera la Prévalaye àR<strong>en</strong>nes pour le même itinéraire. Prév<strong>en</strong>ustrop tardivem<strong>en</strong>t ou pas prév<strong>en</strong>us(les survivants se pos<strong>en</strong>t <strong>en</strong>coreaujourd’hui la question), la Résistance22ne peut pas arrêter ces convois. Letunnel de Corbinières est pourtant, del’avis de tous, l’<strong>en</strong>droit idéal pourstopper les trains, et la Résistance estimportante dans la région de Messacavec deux groupes organisés rattachésau Réseau Buckmaster : celui deLouis Bourgeais constitué dès 1942 etle groupe de sabotage des cheminotsdirigé par Jean Roquebernou.Empruntant des voies secondaires<strong>en</strong>core épargnées par les bombardem<strong>en</strong>tsou pas <strong>en</strong>core sabotées, lesdeux trains seront raccrochés au Liond’Angers pour former un convoi funestede 80 wagons tractés par 3 locomotives.Un pont ayant été détruit, ce convoine peut aller au-delà de la gare deLangeais où le 6 août il est mitraillépar des avions anglais. D’où cette dénomination« Train de Langeais ».Le convoi est arrivé à Belfort le 15août où les prisonniers seront <strong>en</strong>fermésau Fort Hatry. Et là s’est produitun événem<strong>en</strong>t qui n’a jamais été clarifiétotalem<strong>en</strong>t. 241 prisonniers et prisonnièresont été libérés et l’évasiond’autres implicitem<strong>en</strong>t favorisée, sansqu’il soit possible d’<strong>en</strong> connaître la véritableraison.Les 26 et 29 août, 980 prisonniers,dont 639 Français, seront déportés deBelfort vers le Struthoff, Dachau etNeu<strong>en</strong>gamme. Le 1er septembre, 136femmes vers Rav<strong>en</strong>sbrück.Plus de la moitié d’<strong>en</strong>tre eux disparaîtrontdans les camps de conc<strong>en</strong>trationet les usines allemandes. En maiet juin 1945, les survivants r<strong>en</strong>trerontdans l’indiffér<strong>en</strong>ce quasi générale.Il y eut de nombreuses évasions toutau long du parcours. R<strong>en</strong>é Rondel, 23ans, Résistant FTPF fut le premier às’évader <strong>en</strong> sautant du train justeavant le viaduc et le tunnel de Corbinières.Il participera avec les FTP à latraque des Allemands sur le secteurde Bourg-des-Comptes et poursuivrale combat dans les rangs des FFI.Beaucoup de questions demeur<strong>en</strong>t àce jour sans réponse, la majorité desdéportés étant des Résistantes et desRésistants. Les survivants sont demoins <strong>en</strong> moins nombreux. L’Histoir<strong>en</strong>e peut disparaître avec eux.Grâce à l’<strong>en</strong>têtem<strong>en</strong>t d’un cheminotretraité, Jean-Claude Bourgeon, unlieu de mémoire devrait peut-être,<strong>en</strong>fin, voir le jour à La Courrouze courant2012, après 5 années d’interv<strong>en</strong>tionsauprès des décideurs.Espérons-le, pour garder et honorer laMémoire et se préserver de prop<strong>en</strong>sionsà réécrire l’Histoire !Merci à Jean-Claude Bourgeon,cheminot retraité, pour les informationsfournies et la relecture.