Comptes 2011 – Budget 2012Un pilotage financier <strong>en</strong> mode austéritéRésultats SNCF 2011Le chif<strong>fr</strong>e d’affaires s’élève à 32,6 milliards d’€(soit +5,8% par rapport à 2010).Mais ce résultat est épuisé par :L’effet de la libéralisation de l’énergie, produisant uneforte hausse des charges (gasoil, électricité).Le coût du capital sur le système ferroviaire, au traversdu niveau toujours plus élevé des péages (1) .La hausse des impôts (+221 millions d’€) – parmi lesquelsla taxe sur le résultat des <strong>en</strong>treprises ferroviaires– et dans le même temps la rémunération de l’Etat, quise comporte <strong>en</strong> actionnaire du CAC 40 (versem<strong>en</strong>t parla SNCF de 230 millions d’€ de divid<strong>en</strong>de) (2) .L’instauration de la contribution de solidarité territoriale(100 millions d’€ <strong>en</strong> 2010 et 90 millions d’euros <strong>en</strong>2011), payée exclusivem<strong>en</strong>t par la SNCF, pour financerla conv<strong>en</strong>tion des trains d’équilibre du territoire (TET)passée <strong>en</strong>tre l’Etat et … la SNCF !Cette dynamique ne provi<strong>en</strong>t pas pour autant d’un accroissem<strong>en</strong>tconséqu<strong>en</strong>t de l’EPIC SNCF. Comme leprécise Guillaume Pépy, «ces bons résultats ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>taux mesures structurelles <strong>en</strong>gagées et non à une flambéede l’activité» (Les Echos, 17/02/2012).C’est donc bi<strong>en</strong> la maîtrise des coûts et une logiqued’optimisation des investissem<strong>en</strong>ts, décidés dans uneoptique de croissance externe (achat ou prise de participationdans des <strong>en</strong>treprises, notamm<strong>en</strong>t à l’étranger)plutôt que portés par une ambition dedéveloppem<strong>en</strong>t de la production ferroviaire.(1) RFF verse un milliard d’euros d’intérêts aux banques au titre de sadette qui représ<strong>en</strong>te 30 milliards d’€.(2) La SNCF rémunère ainsi l’Etat actionnaire de 600 millions d’€ depuis2011.EmploiL’emploi demeure la variable d’ajustem<strong>en</strong>t principale.C’est ainsi que 12 000 emplois ont été supprimésdepuis 2007 au sein de l’EPIC SNCF.Déterminées, les actions des cheminots, ont à plusieursreprises contribué à <strong>fr</strong>einer massivem<strong>en</strong>t cette trajectoire.Pour mémoire, alors que la Direction SNCF ciblait 1 870suppressions d’emplois <strong>en</strong> 2011, des luttes locales –dans la continuité notamm<strong>en</strong>t du conflit du printemps2010 sur l’emploi – auront permis l’augm<strong>en</strong>tation dubudget de 1 062 emplois. La Direction a finalem<strong>en</strong>tsupprimé 808 emplois <strong>en</strong> 2011.C’est <strong>en</strong> grande partie <strong>en</strong> s’attaquant aux conditionsde travail des cheminots que la Direction de l’<strong>en</strong>trepriseaméliore son résultat.Alors que le chif<strong>fr</strong>e d’affaires progresse de +5,8%, lamasse salariale ne croît que de 0,6% <strong>en</strong> 2011. Avec lessuppressions d’emplois, c’est aussi la réduction desdéroulem<strong>en</strong>ts de carrière et les mesures salariales insuffisantesqui pénalis<strong>en</strong>t les cheminots.Pour les cheminots, l’austérité à la SNCF c’est ladouble peine, qui se conjugue à la baisse continue dupouvoir d’achat.Avec +2,5% d’inflation des prix (tarifs SNCF +3,6% /loyers SNCF +1,7% / produits alim<strong>en</strong>taires +3,3% /énergie +9,3%), les cheminots n’ont vu leurs salairesprogresser que de 0,9% <strong>en</strong> 2011.Ces atteintes incessantes aux conditionssociales des cheminots doiv<strong>en</strong>t cesser.Nous devons imposer d’autres choix.Le chif<strong>fr</strong>e : – 6 442 728 €C’est ce que la Direction régionale SNCF Bretagne a économisé <strong>en</strong> masse salariale <strong>en</strong>tre 2008 et 2010.Une baisse de près de 5,1% qui inclut la montée <strong>en</strong> puissance des rémunérations managériales (GIR, primes, etc.)et un recul du pouvoir d’achat et du déroulem<strong>en</strong>t de carrière.8www.<strong>cecheminotsbretagne</strong>.<strong>fr</strong>
Zoom FretLa poursuite volontaire du déclin de FretSNCF au profit de filiales se traduit <strong>en</strong> 2011par un recul de 13 millions d’euros pour FretSNCF, tandis que les filiales progress<strong>en</strong>t de50 millions d’€.La réduction drastique des moy<strong>en</strong>s, avecune réduction du parc matériel et l’abandoncontinu de la part diffuse et parfois massive detrafic.Budget 2012En 10 ans, Fret SNCF est passé d’un volumetransporté de 55 GTK à 21 GTK (volumeprévu pour 2012).Pour l’emploi, c’est 2 506 emploissupprimés <strong>en</strong>tre 2009 et 2011 et uneprévision de 1 480 suppressionssupplém<strong>en</strong>taires <strong>en</strong> 2012.ÉcoLe budget 2012 à la SNCF, c’est :Une augm<strong>en</strong>tation des activités conv<strong>en</strong>tionnées (Proximités, In<strong>fr</strong>a, TET), qui consiste <strong>en</strong> une augm<strong>en</strong>tation descontributions financières des autorités organisatrices (sans se traduire par un accroissem<strong>en</strong>t du service public). Cesactivités sont <strong>en</strong> ligne de mire du gouvernem<strong>en</strong>t pour de prochaines mises <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce ; ce qui laisse augurerun gonflem<strong>en</strong>t tarifaire et une réduction des services propres aux secteurs libéralisés pour les r<strong>en</strong>dre toujours plusprofitables à l’actionnaire.Dans le même temps, la persistance de contraintes externes fortes : péages, énergie, impôts sont prévus d’augm<strong>en</strong>ter(+6,6%) plus vite que le chif<strong>fr</strong>e d’affaires SNCF (+4,5%) <strong>en</strong> 2012.Sur le volet emploi, face à une prévision de 6 500 départs, l’EPIC SNCF budgète 5 000 recrutem<strong>en</strong>ts – soit 1500 emplois supprimés. Une logique de suppression de moy<strong>en</strong>s qui pèse toujours plus lourd sur les conditions devie et de travail, à l’heure où DPX, DUO et parfois même DET déclar<strong>en</strong>t ne pas avoir les moy<strong>en</strong>s de respecter leRH077 (décret de loi) et donc les 35h légales.Activités Evolution effectifs 2012/2011DCF + 85INFRA V - 198SNCF proximités + 20SNCF Voyages - 243SNCF Géodis - 1 480Gares et Connexions + 41Matériel - 162Traction - 43Fonctions transverses + 480*(*) Donnée incluant une part importante d’ag<strong>en</strong>ts affectés aux EME/EDC après suppression de leur posteEn partant d’une vision optimiste de la croissance du PIB <strong>en</strong> France de 1,75% – alors que le gouvernem<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>tde la réviser à la baisse à 1%, le présid<strong>en</strong>t G. Pépy prépare le terrain à de nouvelles mesures d’austérité.Le budget 2012 à la SNCF organise un nouveau tour de vis, qui aura des effets sur l’emploi, la poursuite du déclindu <strong>fr</strong>et et le tassem<strong>en</strong>t des activités Voyageurs – notamm<strong>en</strong>t par la refonte du modèle TGV.Les cheminots, dans leur intérêt, dans celui des usagers, du service public et de la nation, doiv<strong>en</strong>t exiger davantagede moy<strong>en</strong>s.9Par Cyril DALLOISPdt de la Commission Économique