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Jusqu’où ira la CDG ?

D’une bonne vieille gestion paternalo-conservatrice, la CDG, sous Mustapha Bakkoury, se mue en un bras financier de l’Etat à l’apétit insatiable, déployant ses tentacules autour d’un très large éventail de secteurs d’activités: Leasing, hôtellerie, crédit conso, gestion d’actifs, industrie, assurances… Si la diversification tous azimuts de la vieille dame de Rabat découle d’une stratégie innovante, elle n’en comporte pas moins de sérieux risques de dilution. Devenue la solution «facilité» de l’Etat, la CDG engrange les marchés de gré à gré et s’implique comme aménageur dans l’essentiel des chantiers structurants. De Tanger Med au projet Bouregreg en passant par la corniche d’Ain Diab, ainsi qu’une pléthore d’investissements touristiques, l’Etat s’appuie sur cet acteur aux assises financières solides, brassant tous les métiers pour passer en force. La toute puissance de la CDG d’un côté et de l’ONA de l’autre fait craindre une mise en coupes réglées de l’économie par ce puissant duo(pole). L’implication hégémonique de la Caisse envoie, en outre, des signaux d’inquiétude aux investisseurs internationaux soucieux de bonne gouvernance. Cette enquête d’EE a eu le mérite d’anticiper, dix ans à l’avance, les difficultés actuelles de la CDG.

D’une bonne vieille gestion paternalo-conservatrice, la CDG, sous Mustapha Bakkoury, se mue en un bras financier de l’Etat à l’apétit insatiable, déployant ses tentacules autour d’un très large éventail de secteurs d’activités: Leasing, hôtellerie, crédit conso, gestion d’actifs, industrie, assurances… Si la diversification tous azimuts de la vieille dame de Rabat découle d’une stratégie innovante, elle n’en comporte pas moins de sérieux risques de dilution. Devenue la solution «facilité» de l’Etat, la CDG engrange les marchés de gré à gré et s’implique comme aménageur dans l’essentiel des chantiers structurants. De Tanger Med au projet Bouregreg en passant par la corniche d’Ain Diab, ainsi qu’une pléthore d’investissements touristiques, l’Etat s’appuie sur cet acteur aux assises financières solides, brassant tous les métiers pour passer en force. La toute puissance de la CDG d’un côté et de l’ONA de l’autre fait craindre une mise en coupes réglées de l’économie par ce puissant duo(pole). L’implication hégémonique de la Caisse envoie, en outre, des signaux d’inquiétude aux investisseurs internationaux soucieux de bonne gouvernance. Cette enquête d’EE a eu le mérite d’anticiper, dix ans à l’avance, les difficultés actuelles de la CDG.

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Jusqu’où <strong>ira</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>CDG</strong>?<br />

Véritable locomotive de l’économie nationale, <strong>la</strong> <strong>CDG</strong> <strong>la</strong>nce de grands<br />

projets, développe de nouveaux métiers, se met au chevet des secteurs<br />

en difficulté au risque de se voir taxer d’envahisseur.<br />

Enquête réalisée par Hanaâ Fou<strong>la</strong>ni & Adil Boukhima<br />

Le 15 octobre dernier à<br />

Paris, une réunion importante<br />

du groupe d’impulsion<br />

économique francomarocain<br />

se tenait entre<br />

des responsables des deux<br />

pays. Quelques éléments triés sur le bout<br />

des doigts ont été appelés pour réfléchir sur<br />

des projets de partenariat bi<strong>la</strong>téral, suite à <strong>la</strong><br />

dernière visite au Maroc du Premier<br />

ministre français Dominique de Villepin. A<br />

leur tête, deux hommes ont été investis de<br />

<strong>la</strong> délicate mission de coordonner le travail<br />

et de faire aboutir ce qui a été décidé à<br />

Rabat. Jean-René Fourtou, patron de<br />

Vivendi Universal et Mustapha Bakkoury,<br />

numéro 1 de <strong>la</strong> <strong>CDG</strong>. Le choix du représentant<br />

marocain n’est pas fortuit. L’homme<br />

est bien apprécié dans les hautes sphères<br />

décisionnelles. Le travail de réorganisation<br />

qu’il a entrepris à <strong>la</strong> tête de <strong>la</strong> <strong>CDG</strong> lui a<br />

valu un respect sans limite. Mais en dehors<br />

de ses qualités intrinsèques, Bakkoury est<br />

surtout le porte-parole d’une institution<br />

dont le pouvoir économique ne cesse de<br />

croître au fil des ans. Le bras armé de l’Etat<br />

se transforme progressivement en un véritable<br />

animateur de l’économie nationale.<br />

Un animateur qui n’hésite d’ailleurs pas à<br />

tendre ses bras vers le secteur privé dans le<br />

cadre d’un partenariat. La prise de participation<br />

de 40% de <strong>la</strong> caisse dans At<strong>la</strong>nta et<br />

Sanad est un signal fort sur ses nouvelles<br />

orientations. Encore faut-il que le retour de<br />

<strong>la</strong> <strong>CDG</strong> dans les assurances ne déstabilise<br />

pas le secteur. En c<strong>la</strong>ir, l’institution de<br />

Mustapha Bakkoury veut être cataloguée<br />

dans le même registre que <strong>la</strong> CDC, sa<br />

consoeur française. «La Caisse des Dépôts n’a<br />

pas pour vocation d’être le bras armé de l’Etat,<br />

elle intervient comme un grand investisseur en<br />

actions, dans l’intérêt d’accompagner dans <strong>la</strong><br />

durée le développement des entreprises françaises»,<br />

vient justement de rappeler Francis<br />

Meyer, directeur général de <strong>la</strong> CDC dans<br />

une récente interview accordée aux Echos.<br />

Autrement dit, <strong>la</strong> nouvelle philosophie que<br />

<strong>la</strong> <strong>CDG</strong> veut véhiculer est celle d’une institution<br />

publique qui n’hésite pas à voler au<br />

secours du privé mais tout en gardant des<br />

objectifs c<strong>la</strong>irs de rentabilité. Un sérieux<br />

challenge pour l’équipe Bakkoury qui a du<br />

mal à effacer l’étiquette de sapeur pompier<br />

aux ordres de l’Etat, qui lui colle à <strong>la</strong> peau,<br />

même si du côté de <strong>la</strong> caisse on assume<br />

toutes les décisions prises. «A <strong>la</strong> BNDE par<br />

Economie & Entreprises Novembre 2005 N° 76 27

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