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Chazelles-sur-Lyon<br />

EN COUVERTURE<br />

son plus grand plaisir à la vue d’un client qui se sent beau et fier<br />

de porter l’une de ses créations.<br />

Ce métier, c’est son “rêve de jeune fille” mais sans trop savoir<br />

pourquoi, elle se dirige vers un autre domaine artistique. Elle<br />

apprend celui de designer textile puis devient directrice artistique<br />

et enfin artiste peintre, avant de revenir à ses premières<br />

amours. Isabelle Grange retourne dans les Monts lyonnais et<br />

devient chapelière-modiste, deux professions “très complémentaires”<br />

selon elle.<br />

Être modiste signifie que l’on peut travailler toutes sortes de<br />

chapeaux, de matières et assembler différentes pièces. Isabelle<br />

Grange explique qu’elle “peut par exemple mélanger feutre et<br />

cuir”. Quant à la chapelière, elle travaille le feutre. Une seule<br />

matière donc, d’un seul bloc et moulé en une seule fois.<br />

Les tanneries • Crédit photo : Philippe Guilloud<br />

D’UNE CLOCHE EN POILS DE LAPIN<br />

À UN CHAPEAU DE FEUTRE<br />

Comment passe-t-on de la matière première, une cloche en poils<br />

de lapin à toutes sortes de chapeaux de feutre ? Tout d’abord, la<br />

chapelière commence par dessiner une collection autour d’un<br />

thème. Pour la collection Automne-Hiver 2016-2017, intitulée<br />

“Paris mon amour”, Isabelle Grange s’est, par exemple, inspirée<br />

de toutes les chansons créées sur Paris “de 1920 à aujourd’hui,<br />

même de rap”. La bande-son ainsi établie a permis à l’artiste de<br />

s’exprimer à son tour par le biais de ses créations.<br />

Après la partie conception, vient la fabrication. Il faut tout<br />

d’abord gorger le feutre de vapeur d’eau dans de grandes marmites,<br />

afin de le rendre malléable. Isabelle Grange le dépose<br />

alors sur un moule (elle a une quarantaine de formes à sa disposition)<br />

puis le laisse sécher pendant 24 heures avant de le démouler.<br />

La chapelière a donc besoin d’au moins deux jours pour<br />

créer un chapeau de feutre.<br />

Le couvre-chef est enfin prêt à être décoré de “garnitures”,<br />

comme du pin ou des rubans, puis vendu. Pour un feutre de<br />

poil il faut compter de 110 à 170 euros. Isabelle Grange crée des<br />

chapeaux “à la façon des usines” ; c’est un savoir-faire historique<br />

qu’elle entretient et fait évoluer. La tradition qui lie les Monts du<br />

lyonnais à la fabrication des chapeaux en feutre de poils daterait<br />

du Moyen-âge.<br />

L’Atelier-Musée du chapeau où travaille Isabelle Grange, est aujourd’hui<br />

le seul lieu de production de chapeaux qui reste à Chazelles-sur-Lyon.<br />

Il se situe dans l’ancienne usine Fléchet, maison<br />

notoire de fabrication de chapeaux de feutre de luxe. Son<br />

architecture en pierre de taille surmontée de grands conduits<br />

de cheminées nous ramène au début du XXe siècle (voir photo<br />

ci-contre). Le lieu réhabilité accueille aujourd’hui un musée,<br />

un atelier de fabrication, un centre de formation et des événements<br />

tout au long de l’année.<br />

PRÉSERVER UN SAVOIR-FAIRE HISTORIQUE<br />

démonstrations de mise en forme d’un chapeau sur des machines d’époque.<br />

400 couvre-chefs sont disposés dans la galerie qui emmène le visiteur du Moyenâge<br />

à la haute couture. Des créations de Jean-Paul Gaultier, Yves Saint Laurent,<br />

Pierre Cardin, Paco Rabanne ou encore Hermès, sont exposées. La partie en libre<br />

découverte permet également d’en apprendre plus sur d’autres métiers comme<br />

celui de plumassier ou de doreur. Et pour ceux qui se demandent encore s’ils ont<br />

une tête à chapeau, un coin d’essayage leur permettra de tenter l’expérience.<br />

À partir du mois d’avril, les adultes peuvent suivre des ateliers en lien avec le<br />

feutre, sur rendez-vous ; quant aux enfants, plusieurs ateliers sont prévus dès la<br />

fin du mois de février (renseignements au 04 77 94 23 29, museeduchapeau.com).<br />

Jusqu’au 5 février on y retrouve l’exposition “Image de soi, image du territoire”.<br />

La photographe Yveline Loiseur, l’auteur-dessinateur Bernard Capo et le réalisateur<br />

Jean-Pierre Sougy nous offrent une vision différente du territoire de Forez-en-Lyonnais.<br />

La prochaine exposition, “Voyages au bout du feutre” sera visible<br />

à partir du 13 mai 2017 et dévoilera toute les possibilités d’utilisation de ce dernier,<br />

de la Mongolie à l’Europe.<br />

Extérieur de la Chapellerie • Crédit photo : Daniel Ulmer<br />

Le centre de formation permet à Chazellessur-Lyon<br />

de préserver son patrimoine et<br />

de perpétuer un savoir-faire historique.<br />

“Patronage coupé-cousu”, “Paille création”,<br />

“Chapeau de spectacle”, une panoplie de<br />

formations y sont dispensées tout au long<br />

de l’année sous forme de modules intensifs<br />

de deux à six jours.<br />

Les intervenants sont des professionnels<br />

reconnus comme, par exemple, Alexandra<br />

Chamaillard, qui obtint en 2015 le titre de<br />

meilleur ouvrier de France dans la catégorie<br />

modiste. Ces stages s’adressent aux professionnels<br />

comme aux modistes ou aux intermittents<br />

du spectacle, aux nouveaux arrivés<br />

dans la profession ou encore aux passionnés<br />

de chapeaux. Toutefois, il faut avoir un bon<br />

niveau pour participer à ces formations.<br />

Le musée se compose d’une partie technique<br />

où le visiteur découvre les étapes de<br />

création d’un chapeau de feutre. La visite<br />

guidée, qui a lieu quatre fois par jour la semaine<br />

et cinq le dimanche, comprend des<br />

10 Le mag (local) n°33 - Février 2017

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