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Ouest lyonnais<br />
EN COUVERTURE<br />
Auteure<br />
Christine Cognat<br />
Journaliste<br />
Présidente de reporters solidaires<br />
Ici & Aujourd’hui n°14 - Novembre 2016<br />
Ce n’est qu’en 2030 que le tronçon autoroutier<br />
de Limonest à Pierre-Bénite passant par le tunnel<br />
sous Fourvière sera véritablement allégé<br />
d’une grande partie de son trafic, une fois le périphérique<br />
lyonnais bouclé et le contournement<br />
Est achevé<br />
13<br />
Routes et autoroutes<br />
“Ma devise politique est de rendre possible<br />
ce qui est nécessaire” affirme Jean-Luc da<br />
Passano, vice-président de la Métropole en<br />
charge des grands ouvrages et infrastructures.<br />
Et s’il y a bien un dossier dont la nécessité ne<br />
fait aucun doute, c’est celui de la circulation :<br />
115 000 véhicules environ passent chaque jour<br />
par le tunnel sous Fourvière, engendrant les<br />
célèbres bouchons lyonnais, connus et redoutés<br />
de tous les voyageurs européens. Le rêve de<br />
l’ancien maire Louis Pradel de “permettre la traversée<br />
de Lyon sans un feu rouge” a viré depuis<br />
longtemps au cauchemar même si les quelque<br />
99 000 usagers locaux peuvent le remercier de<br />
ne plus emprunter, pour rejoindre le centre-ville,<br />
les petites rues de la colline ou le tunnel sous la<br />
Croix-Rousse, lui aussi saturé.<br />
UN GRAND CONTOURNEMENT<br />
POUR LE TRAFIC DE TRANSIT<br />
La décision de déclasser les autoroutes A6 et A7<br />
entre Limonest-Dardilly et Pierre-Bénite a été<br />
entérinée par décret ministériel le 29 décembre<br />
2016, une “étape historique” selon le président<br />
de la Métropole Gérard Collomb. Mais une étape<br />
seulement. Détourner de Lyon les 16 000 véhicules<br />
de transit quotidiens exige de les envoyer<br />
ailleurs, vers un contournement situé forcément<br />
à l’Ouest ou à l’Est de l’agglomération, sur un<br />
tracé que les habitants et élus locaux souhaitent<br />
voir de plus en plus éloigné de chez eux.<br />
“Le contournement Ouest n’est pas abandonné<br />
officiellement, on continue à étudier les deux possibilités<br />
mais il faut bien reconnaître qu’il y a 95%<br />
de chances que ce soit le contournement Est qui<br />
l’emporte, d’une part parce qu’il est déjà réalisé<br />
à plus de la moitié, d’autre part parce que le relief<br />
de l’est lyonnais s’y prête mieux que celui des<br />
Monts du Lyonnais”, indique Jean-Luc da Passano<br />
qui ajoute : “Le grand contournement Est<br />
a fait l’objet de nombreux débats publics et les<br />
magistrats qui ont rendu leur rapport ont tranché<br />
pour le tracé court, avec une arrivée de l’A432 à<br />
la Saulaie. Il ne reste plus qu’à lancer l’enquête<br />
publique”.<br />
Gilles Gascon, maire de Saint-Priest et président<br />
de Grand Est Métropole, souhaite cependant<br />
une jonction avec l’A7 beaucoup plus au sud, arguant<br />
du fait que l’A43 est déjà très embouteillée.<br />
Il faudrait alors créer un premier barreau reliant<br />
l’A432 à l’A46 à la hauteur de Manissieux et<br />
un deuxième, raccordant l’A46 à l’A7 vers Ternay.<br />
“L’agglomération lyonnaise ne peut plus vivre<br />
en mélangeant les trafics nationaux, internes<br />
et locaux”, analyse le vice-président de la Métropole.<br />
“C’est la qualité de vie de tous les habitants<br />
de l’agglomération qui est perturbée. Les<br />
déplacements montrent que ceux-ci ne sont pas<br />
cantonnés à un seul moyen de transport ni à un<br />
seul secteur géographique. On est à la fois piéton,<br />
cycliste, automobiliste et usager de transports en<br />
commun, on a besoin de sillonner toute la région.<br />
Il ne faut donc pas jouer l’Est contre l’Ouest, la<br />
Gauche contre la Droite”. Quel que soit le tracé<br />
finalement retenu, l’objectif est de terminer ce<br />
contournement en 2025.<br />
UN ANNEAU DES SCIENCES MULTIMODAL<br />
Si ce grand contournement Est a vocation à attirer<br />
le trafic national et international nord-sud,<br />
il ne pourra répondre en revanche à la demande<br />
métropolitaine. C’est pourquoi il devient urgent<br />
DÉCLASSEMENT<br />
Routes et autoroutes<br />
treize ans de travaux<br />
A6 & A7<br />
Édition 1 - Grand Ouest Lyonnais<br />
OFFERT - FÉVRIER 2017 - NUMÉRO 17<br />
de boucler le périphérique urbain rebaptisé<br />
“Anneau des sciences” en raison de sa proximité<br />
avec les universités et grandes écoles.<br />
Le boulevard Laurent-Bonnevay ou périphérique<br />
actuel est opérationnel de la Porte de Valvert<br />
à l’ouest jusqu’à Saint-Fons au sud en desservant<br />
le nord et l’est de l’agglomération. Pour<br />
le terminer, il manque la partie ouest. Le projet<br />
finalement retenu court de la Porte de Valvert<br />
jusqu’à Saint-Fons, ce qui représente 14,6 kilomètres<br />
dont 90% seront souterrains avec un<br />
tunnel pour traverser le Rhône.<br />
Cette section ne sera à l’air libre qu’au niveau de<br />
sept portes : Valvert, Trois-Renards, Alaï, Aqueducs<br />
de Beaunant, Hôpitaux Lyon-sud, la Saulaie<br />
et Saint-Fons. Elle devrait accueillir plus de<br />
50 000 véhicules par jour, soit la majeure partie<br />
de ceux qui traversent Lyon d’est en ouest et qui<br />
pourront ainsi éviter le tunnel sous Fourvière.<br />
Seule ombre au tableau : elle sera sans doute<br />
payante. Les travaux pour achever l’Anneau des<br />
sciences devraient débuter en 2020 et s’échelonner<br />
jusqu’en 2030.<br />
“Leur financement n’est d’ailleurs pas encore assuré”,<br />
précise Jean-Luc da Passano. La métropole,<br />
intéressée au premier chef, mettra bien sûr<br />
la main à la poche mais ni la Région ni l’État ne<br />
se sont pour l’instant prononcés. Ce bouclage<br />
du périphérique doit s’accompagner du développement<br />
des transports en commun, notamment<br />
avec la création de nouvelles lignes d’autobus<br />
à l’ouest et le prolongement de la ligne<br />
B du métro jusqu’aux Hôpitaux Lyon-sud, de<br />
l’installation de plusieurs parcs-relais de façon<br />
à inciter les automobilistes à laisser la journée<br />
leur voiture au parking et de la mise en place<br />
de services facilitant le covoiturage. “L’Anneau<br />
des sciences sera multimodal”, insiste Jean-Luc<br />
da Passano. Il est prévu également le réaménagement<br />
de certaines routes dans l’Ouest lyonnais<br />
afin de mieux desservir les commerces des<br />
centres, de faciliter la circulation des autobus et<br />
de mieux partager les voies avec les piétons et<br />
les cyclistes.<br />
UN RÉAMÉNAGEMENT DE L’AUTO-<br />
ROUTE EN BOULEVARD URBAIN<br />
Ce n’est qu’une fois le grand contournement Est<br />
achevé et le périphérique bouclé que le déclassement<br />
des autoroutes A6 et A7 entre le nord et<br />
le sud de l’agglomération prendra tout son sens.<br />
Tout d’abord, si la première étape - le feu vert du<br />
gouvernement - a donc été franchie avec succès,<br />
le décret ne prendra véritablement effet que le<br />
1er novembre 2017, le temps de procéder au<br />
transfert des compétences. L’entretien, l’organisation<br />
des secours, le déneigement et autres<br />
contraintes qui incombaient jusqu’à présent à<br />
l’État seront dorénavant de la responsabilité<br />
des services de voirie de la Métropole. “Cela suppose<br />
une réorganisation du personnel”, souligne<br />
le vice-président en charge du dossier. Pour ce<br />
projet, l’État vient d’accorder à la Métropole 5<br />
10 Ici & Aujourd’hui n°17 - Février 2017