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Adventiste Magazine > Juillet / Août 2017

Sommaire : 3 Interview : Matthias Maag 5 Dossier - Es-tu acide ou alcalin ? 9 Faisons-la briller - Sur les pas des Réformateurs 11 Anna-So a, violoniste de Dieu envers et contre tout 13 Hommage à Marinette Gonin

Sommaire :
3 Interview : Matthias Maag
5 Dossier - Es-tu acide ou alcalin ?
9 Faisons-la briller - Sur les pas des Réformateurs
11 Anna-So a, violoniste de Dieu envers et contre tout
13 Hommage à Marinette Gonin

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INTERVIEW<br />

> MATTHIAS MAAG, DE L'ACTIVISME À UN ÉQUILIBRE CERTAIN<br />

Propos recueillis par <strong>Adventiste</strong> <strong>Magazine</strong><br />

études de théologie, et mon stage pastoral<br />

au Tessin.<br />

Qu’est-ce qui t’anime dans ce<br />

ministère ?<br />

il fallait que j'apprenne l'italien. J'ai été<br />

sponsorisé pour passer deux mois à<br />

Florence.<br />

Dès le départ, mon temps était archiplein,<br />

j'étais pris du matin au soir.<br />

Matthias, en quelques mots, peux-tu<br />

te présenter ?<br />

Je suis Matthias Maag. Né à Berne, dans<br />

un foyer adventiste, j’ai grandi à Morat.<br />

A l’adolescence, face à de grandes tensions<br />

entre mes parents, je me suis rebellé<br />

et j’ai quitté l’Eglise. J’ai coupé les<br />

ponts avec le Seigneur et tous mes amis<br />

de l’Eglise.<br />

J’ai connu une crise très forte pendant<br />

une dizaine d’années. J’ai commencé<br />

à travailler chez UBS à Zurich ; ce fut<br />

le début d’un changement de vie. J’ai<br />

dit à Dieu que je voulais mener une vie<br />

droite. Grâce à un ami, Joaquim, j’ai repris<br />

contact avec des chrétiens et des<br />

adventistes. J'ai suivi des études bibliques<br />

avec la famille Schonmann de<br />

Cernier. Après quelques années, mes<br />

parents se sont réconciliés. Ma mère<br />

souffrait alors d'un cancer et elle est décédée<br />

en 2001.<br />

Comment es-tu devenu pasteur ?<br />

Après plusieurs années et beaucoup<br />

de questionnements, j’ai trouvé ma<br />

voie. C’est plutôt Dieu qui m’a trouvé,<br />

comme le dit la Bible. J’ai découvert un<br />

Dieu d’amour. Je ne pensais pas qu’il<br />

me donnerait une nouvelle chance, un<br />

nouveau départ.<br />

A la même époque, j’ai senti la vocation<br />

de devenir pasteur. Pendant un an, j’ai<br />

dit à Dieu que je n’étais pas prêt. Mais<br />

la voix de Dieu a persisté : « Vas à Collonges.<br />

» J’en ai fait un sujet de prière.<br />

J’ai jeûné. Et en visitant Collonges,<br />

Dieu m’a dit : « C’est ici. » J’y ai fait mes<br />

Ma conversion fut douloureuse, difficile.<br />

Car l'ennemi ne te lâche pas<br />

facilement. Mais la plus grande révélation<br />

fut quand je pris conscience que<br />

Jésus m'avait sauvé, que Jésus revient<br />

bientôt. J'étais assoiffé de la Parole, des<br />

prophéties. Depuis, j'ai toujours eu ce<br />

sentiment d’urgence. Jésus revient ! Depuis<br />

1992, donc depuis vingt-cinq ans,<br />

cela me porte et m'apporte un équilibre.<br />

Justement, en parlant d'équilibre,<br />

comment as-tu vécu tes premières<br />

années dans le ministère ?<br />

Je me souviens que quand j'étais à<br />

Collonges, en même temps que j'étudiais,<br />

je prêchais dans les églises de la<br />

FSRT, je faisais partie des animateurs<br />

de camps Tisons-Explos pendant l'été,<br />

j'ai été nommé vice-précepteur au bâtiment<br />

des Horizons à Collonges, et on<br />

m'a demandé d'apporter mon soutien<br />

aux activités sportives à Collonges.<br />

J'ai fini président de la classe sortante,<br />

c'est-à-dire que je m'occupais d'organiser<br />

des projets et de récolter des fonds<br />

pour les événements.<br />

A la fin de mes études, la FSRT m'a<br />

proposé d'être pasteur au Tessin. Mais<br />

Comment expliques-tu cela ?<br />

A nouveau ce sentiment d'urgence. Jésus<br />

revient bientôt et il y a un empressement<br />

à le dire.<br />

D'autre part, j'étais en guerre contre<br />

l'ennemi. Pendant des années, il m'avait<br />

écarté du bon chemin. Donc j'avais le<br />

sentiment que je devais me rattraper en<br />

donnant tout pour le<br />

Comment ton entourage vivait-il ta<br />

fougue, ton côté super-actif ?<br />

Déjà enfant, j'étais très vivant. J'ai aussi<br />

eu une adolescence agitée (alcool,<br />

drogue, quelques jours en prison). Alors<br />

quand j'ai rencontré Jésus et que je me<br />

suis donné à fond dans sa cause, mon<br />

entourage a pensé : "Il passe d'un extrême<br />

à l'autre. Cela va durer quelques<br />

mois, quelques années au maximum.<br />

C'est une phase, cela va lui passer !"<br />

Mais cela fait 25 ans que ça dure (rires).<br />

Quand as-tu commencé à te rendre<br />

compte que cela te portait préjudice ?<br />

Par la pratique ! Quand on est plus<br />

jeune, on a plus d'énergie et on récupère<br />

plus vite. Mais avec l'âge, on acquiert<br />

de l'expérience. Et j'ai cherché<br />

un certain équilibre.<br />

Pendant des années, même marié, je<br />

n'ai pas pris un jour de congé. Les gens<br />

de l'Eglise étaient contents d'avoir un<br />

pasteur toujours disponible.<br />

C'est en 2000 que les choses ont changé.<br />

Stefania, mon épouse, était enceinte.<br />

Sa sœur m'a appelé alors que<br />

j'étais à un camp JA en montagne, pour<br />

me dire qu'elle avait perdu les eaux. Et<br />

moi je me suis dit : "OK, elle a perdu<br />

les eaux." Je n'avais pas bien compris<br />

ce que cela voulait dire. Ce sont les<br />

animateurs qui m'ont alerté, me disant<br />

que je devais faire mes valises et que je<br />

devais courir la rejoindre (rires). Je suis<br />

arrivé juste à temps pour la naissance<br />

d'Eleonora.<br />

C'est là que les problèmes ont commencé.<br />

Mon épouse a développé une<br />

certaine fragilité à cause du manque de<br />

sommeil, de la fatigue. Et donc, quand<br />

l'enfant pleure, crie la nuit, qu'est-ce<br />

que tu fais ? Tu y vas !<br />

Malgré tout, cela ne t'a pas arrêté<br />

dans ton rythme effréné ?<br />

Mais j'aimais toujours autant mon ministère.<br />

Le travail était toujours aussi intense.<br />

J'ai essayé de concilier les deux.<br />

En 2001, nous avons déménagé en<br />

Sicile. Je m'occupais de plusieurs<br />

groupes et Eglises. Nous avons connu<br />

beaucoup de baptêmes. J'étais donc<br />

très content, très enthousiaste. On m'invitait<br />

à prêcher en Sicile, en Allemagne,<br />

etc. Je voyageais parfois pendant des<br />

semaines entières. J'ai continué à animer<br />

des camps JA.<br />

Et là, ce fut le sommet de la crise. A<br />

plusieurs moments, Stefania s'est sentie<br />

débordée. Nous avons cherché l'aide<br />

de médecins. Et finalement, un spécialiste<br />

a diagnostiqué un moment de<br />

dépression.<br />

Quel fut le déclic ?<br />

Le jour où j'ai trouvé mon épouse par<br />

terre : là, ce fut le déclic. Cela m'a<br />

réveillé.<br />

J'ai beaucoup parlé avec Dieu en prière<br />

et il m'a clairement montré que je devais<br />

ralentir. En fait, le Seigneur m'a demandé<br />

: quel est le plus important pour<br />

toi ? Ton ministère ou ta famille ?<br />

Pendant cette période, je me suis rendu<br />

compte que j'avais souvent fait l'erreur<br />

de placer Dieu en premier, ensuite le<br />

ministère et ensuite ma famille. Alors<br />

que j'aurais dû placer Dieu en premier,<br />

puis ma famille et ensuite seulement le<br />

ministère. J'ai dû rectifier cela.<br />

Tu as rectifié cela en partant...<br />

Oui, j'ai quitté le champ sicilien car je<br />

ne sais pas si, en restant en Sicile, ma<br />

famille serait restée unie et intacte.<br />

Mais tout cela a pris du temps. Cela ne<br />

s'est pas fait en une journée ou même<br />

en un mois. Nous avons passé un an à<br />

prier, à réfléchir, avant de décider de<br />

partir.<br />

J'avais en moi, toujours, le désir d'être<br />

missionnaire. Nous avons passé neuf<br />

ans sur le campus de l'université adventiste<br />

d’ Afrique du Sud, où Stefania a<br />

appris l'anglais et moi j'ai perfectionné<br />

le mien. Eleonora est entrée à l'école.<br />

Nous avons continué à être au service<br />

de l'Eglise. Mais ce furent vraiment des<br />

années pour nous, pour notre famille. Ce<br />

fut extraordinaire. On était ensemble en<br />

tant que famille. Chacun a pu étudier.<br />

Et on a pu continuer à travailler dans<br />

l'Eglise, mais sans pression. J'ai même<br />

été amené à m'occuper d'une Eglise en<br />

manque de pasteur. Mais pour cela, j'ai<br />

décidé de sacrifier mes études et non<br />

pas ma famille. J'ai concilié ma passion<br />

de sauver des âmes et ma vie personnelle.<br />

L'équilibre a dominé.<br />

Quel conseil donnerais-tu à quelqu'un<br />

qui vit actuellement cet activisme<br />

dans l'Eglise ou dans sa vie personnelle<br />

?<br />

Par rapport à mon expérience, je dirais<br />

qu'il faut d'abord comprendre qu'on<br />

n'est pas Dieu ; c'est Lui qui contrôle<br />

les choses. Et ensuite, on n'est pas indispensable.<br />

Ce n'est pas nous qui allons<br />

sauver le monde. A cause de cet<br />

activisme, on risque d'ailleurs de faire<br />

des choses qu'Il ne nous a jamais demandées.<br />

Et pour finir, le risque est de<br />

tomber malade, de détruire une famille,<br />

d’éloigner nos propres enfants. Je rends<br />

grâce à Dieu, car aujourd'hui ma fille a<br />

seize ans. Tous les matins, nous passons<br />

un moment ensemble, nous lisons un<br />

passage de la Bible, nous prions.<br />

Je suis vraiment heureux d'avoir retrouvé<br />

un certain équilibre et d'avoir une famille<br />

unie. Pour tout cela, je remercie le<br />

Seigneur. Il m'a réveillé. Gloire à Dieu.<br />

POUR RÉAGIR À L’ARTICLE<br />

contact@adventistemagazine.com<br />

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