National Geographic 08/17
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en mission pour national geographic<br />
Genevieve von<br />
Petzinger, 40 ans,<br />
est anthropologue<br />
à l’université de<br />
Victoria, au Canada.<br />
Elle a publié un livre,<br />
The First Signs<br />
(Atria Books), sur<br />
ses recherches<br />
concernant l’art<br />
pariétal en Europe.<br />
l’anthropologue<br />
et les premières<br />
formes d’écriture<br />
Par Corinne Soulay<br />
« Il fait sombre, c’est le silence total et<br />
ça sent la terre. Certains seraient<br />
angoissés ; moi, ça me relaxe ! » Voilà<br />
comment l’anthropologue Genevieve<br />
von Petzinger décrit l’ambiance sur<br />
son lieu de travail. Grotte d’Oxocelhaya<br />
au Pays basque ou d’El Castillo en<br />
Espagne… Grâce à une bourse de<br />
<strong>National</strong> <strong>Geographic</strong>, la Canadienne<br />
a exploré 52 sites européens. Environ<br />
300 heures passées sous la terre pour<br />
étudier, non pas les peintures d’animaux,<br />
mais celles habituellement<br />
délaissées par la recherche : les formes<br />
géométriques. Points, cercles, lignes<br />
en zigzag, spirales...<br />
L’exploration a parfois été ardue.<br />
« Dans une grotte espagnole, le plafond<br />
était si bas que je devais ramper, se souvient-elle.<br />
Puis, le passage est devenu<br />
encore plus étroit. Mon mari, qui prenait<br />
les photos, n’arrivait plus à faire<br />
la mise au point. J’ai continué seule,<br />
avec une lampe frontale. Et, à 500 m<br />
sous terre, j’ai trouvé d’autres marques.<br />
Pourquoi, il y a des milliers d’années,<br />
des hommes ont-ils pris tous ces<br />
risques pour tracer des signes ? »<br />
Sur les 52 sites, Genevieve von<br />
Petzinger a repéré 32 formes différentes,<br />
datées entre 10 000 et<br />
40 000 ans. La majorité se retrouvent<br />
dans plusieurs grottes.<br />
Selon l’anthropologue, « la répétition<br />
d’un si petit nombre de signes sur une<br />
si longue période et à divers endroits<br />
suggère un choix intentionnel ». Son<br />
hypothèse ? Ces signes pourraient être<br />
une forme d’écriture ancestrale.<br />
« On a toujours pensé qu’il ne s’agissait<br />
que de signes géométriques, mais<br />
ils pourraient avoir un sens : représenter<br />
des plantes, des paysages... Les<br />
points pourraient évoquer des constellations<br />
ou un système de comptage »,<br />
avance la scientifique. Prochaine<br />
étape : poursuivre ses recherches…<br />
sous l’eau. Dès l’été 2018, elle débutera<br />
l’exploration de grottes sous-marines<br />
à l’aide d’un robot. Parmi son corpus,<br />
celle de Cosquer, en France.<br />
photo : dillon von petzinger