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National Geographic 08/17

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(suite de la page 86) En cette agréable soirée<br />

de mars dernier, le seul bruit que l’on distingue<br />

au CLS-<strong>17</strong> est le bruissement d’une légère brise de<br />

mer à travers les tours rouillées du complexe.<br />

Mais, derrière la porte verrouillée d’un ancien<br />

local d’entretien, se trouve un prototype. Le véhicule<br />

appartient à la première entreprise américaine<br />

autorisée par le gouvernement à lancer une<br />

mission spatiale au-delà de l’orbite terrestre.<br />

Le rover est prêt à s’élancer sur la plage – en route,<br />

in fine, pour la Lune.<br />

Tout l’intérêt de l’alunisseur MX-1E de Moon<br />

Express est son concept à double usage, affirme<br />

Bob Richards, directeur de l’entreprise et ancien<br />

assistant du célèbre astrophysicien Carl Sagan :<br />

« On n’a pas du tout besoin d’un rover si l’alunisseur<br />

peut remplir la même fonction. »<br />

Le Google Lunar XPrize est trop souvent considéré<br />

comme une compétition entre véhicules<br />

autonomes, ajoute Bob Richards : « Le défi principal<br />

du GLXP est d’atterrir sur la Lune. Les rovers<br />

ne sont pas capables d’atterrir par eux-mêmes. En<br />

fait, le terme “rover” n’apparaît absolument pas<br />

dans le règlement de la compétition. La seule<br />

condition nécessaire est d’accomplir un déplacement<br />

d’au moins 500 m. »<br />

Ainsi est née l’idée de sauter vers la victoire en<br />

effectuant des bonds successifs à l’aide des propulseurs<br />

de l’alunisseur. Le MX-1E est un vaisseau<br />

spatial robotisé à un seul étage ayant à peu près<br />

la forme et la taille du R2-D2 de Star Wars. Il sera<br />

d’abord lancé jusqu’à une orbite terrestre basse<br />

par une fusée. Ensuite, il fendra l’espace en direction<br />

de la Lune à la vitesse d’une balle, en utilisant<br />

du peroxyde d’hydrogène superconcentré comme<br />

carburant principal.<br />

Une fois placé en orbite autour de la Lune, le<br />

véhicule de la société Moon Express accomplira<br />

finalement un « alunissage en douceur », selon<br />

l’euphémisme des ingénieurs. Contrôlée par des<br />

inverseurs de poussée, la descente verticale sera<br />

néanmoins assez violente pour qu’un système de<br />

« jambes » flexibles doivent l’amortir et absorber<br />

le choc, avant de revenir à leur position initiale<br />

– le tout en conservant assez de ressort pour<br />

passer à l’étape suivante de la mission. Avec la<br />

petite quantité de carburant qui lui restera, le<br />

MX-1E redécollera pour un grand bond (ou, peutêtre,<br />

une série de petits sauts), afin de parcourir<br />

la distance exigée par le Lunar XPrize.<br />

Avec son argumentation extrêmement didactique<br />

– qui lui a valu une réputation pas toujours<br />

flatteuse de beau parleur dans le secteur –, Bob<br />

Richards fait paraître tous ces projets si aisés à<br />

réaliser qu’on en mettrait illico la main au portefeuille.<br />

Mais il y a des raisons pour y réfléchir à<br />

deux fois. En premier lieu, Moon Express prévoit<br />

de confier son lancement, non pas à un transporteur<br />

aguerri comme SpaceX, avec ses types de<br />

fusées Falcon, mais à Rocket Lab. Cette entreprise<br />

basée aux États-Unis utilise un site de lancement<br />

ouvert en septembre 2016 dans la péninsule de<br />

Mahia, sur l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande.<br />

Les tests ont commencé cette année seulement.<br />

Cela signifie que l’entreprise devra respecter un<br />

calendrier très serré pour satisfaire à la clause du<br />

Lunar XPrize prévoyant un lancement avant la fin<br />

20<strong>17</strong>. Des échéances cruciales ont déjà été repoussées.<br />

Mais la XPrize Foundation l’a fait savoir : elle<br />

est déterminée à boucler la compétition à la date<br />

initialement prévue. Quoique le concours pourrait<br />

se terminer sans vainqueur, un responsable<br />

de la fondation a souligné que les organisateurs<br />

« aimeraient vraiment que quelqu’un gagne ».<br />

Une autre équipe projette de parcourir les 500 m<br />

sur la Lune en faisant effectuer un bond à son<br />

alunisseur. Elle est établie dans une petite zone<br />

industrielle, en banlieue de Tel-Aviv, en Israël.<br />

Son directeur est un communicant à peine<br />

moins doué (et acharné) que Bob Richards. Le CV<br />

éclectique d’Eran Privman, (suite page 94)<br />

Moon Express (États-Unis) Le centre spatial du cap Canaveral accueille l’équipe de l’alunisseur MX-1E.<br />

Un modèle réduit de l’engin (en haut) est la vedette d’un déjeuner de travail. À l’extérieur, des membres<br />

de l’équipe positionnent leur prototype (en bas) pour une session photographique. Selon Bob Richards,<br />

le P-DG de Moon Express, « ce qui se dessine à l’heure actuelle, c’est la transformation progressive de<br />

l’humanité en une espèce vouée à l’exploration spatiale ».<br />

nouvelle course à la lune 91

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