Gaumont Pathé! Le mag - Décembre 2017

C’était il y a deux ans. Un rien de temps.
Un éclair, à l’échelle de la galaxie Star
Wars qui existe depuis quarante ans. Une
éternité pour les fans. En décembre 2015,
Star Wars : Le Réveil de la Force, de
J. J. Abrams, s’achevait sur un cliffhanger,
une fin ouverte : la jeune Rey (Daisy
Ridley) retrouvait Luke Skywalker (Mark
Hamill), lui tendait son sabre-laser,
et puis... rien. Rien qu’un puissant
échange de regards et le générique de
fin. Rendez-vous au prochain épisode.
Une nouvelle fois dans l’histoire de la
saga, un film Star Wars s’achevait sur
la promesse d’une attente intolérable.
Encore plus insoutenable que celle de
L’Empire contre-attaque ? Sans doute.
La nouvelle trilogie Star Wars emprunte
désormais ses mécanismes d’addiction
– attentes, promesses, coupures – au
monde de la série télé, à Lost, Game
of Thrones et autres shows qui jouent
sur le registre du suspense et du twist
narratif.
Un an après la parenthèse Rogue One :
A Star Wars Story, qui tenait plus du
projet pour les fans absolus que du
vrai film-pivot, voilà enfin la suite.
L’épisode VIII, Star Wars : Les Derniers
Jedi. Et c’est un bouleversement. Pour
combler le nouveau public comme les
fans de la première heure, Le Réveil de
la Force jouait intelligemment l’équilibre
entre la familiarité et la nouveauté,
anciens et nouveaux personnages. Rien
de tel dans Les Derniers Jedi.
Films de fan
Les films Star Wars sont désormais
réalisés par ceux qui ont grandi avec
la saga de George Lucas. Ceux qui,
enfants, rêvaient devant les aventures
de Han Solo et Luke Skywalker. Rian
Johnson, réalisateur des Derniers Jedi
(et auteur du script, fait unique depuis
les films réalisés par George Lucas),
avait déjà fait son apprentissage avec
les géniaux Brick (film noir qui se déroule
à l’université) et Looper (film d’action
et de science-fiction sur le voyage
dans le temps quasi parfait). Tout un
symbole. Après J. J. Abrams, le disciple
de Spielberg artisan du renouveau des
séries dans les années 2000 (Lost,
Alias), chargé de relancer Star Wars
avec Le Réveil de la Force, Johnson
est bien celui qui amène la saga dans
des territoires inconnus et inexplorés.
On ne rentrera pas dans les détails de
l’intrigue du film parce qu’il fonctionne
sur cette idée d’avancée vers l’inconnu,
hors de toute familiarité. Il y a bien
des choses très connues (Luke, Leia, la
vitesse-lumière et les sabres-laser) mais
Les Derniers Jedi carbure précisément à
l’excitation de ne rien savoir.
Le retour de Luke
Nouvelles planètes, nouveaux aliens
(les Porgs, vous n’y échapperez pas),
nouveaux ennemis. Nouveaux enjeux.
Nouveaux frissons. Les Derniers Jedi
est l’épisode de Luke : Mark Hamill,
bouleversant, se réconcilie avec le
rôle de sa vie en donnant à Skywalker
une profondeur nostalgique vertigineuse.
Mais le film de Rian Johnson
ne s’envisage pas uniquement sous
l’angle de la nostalgie : il s’agit pour
la Résistance d’affronter face-à-face la
menace terrible du Premier Ordre (à ce
titre les scènes de batailles galactiques
sont dingues), de faire avancer l’intrigue
malgré les trahisons, les pertes et
les douleurs. Malgré le côté obscur.
Lorsque cet épisode VIII s’achève sur
un choc scénaristique d’une puissance
folle, on se dit que l’épisode IX ne sortira
que dans deux ans. Dans un rien de
temps. Un éclair ? Une éternité.
5 questions à Daisy Ridley
Rey (Daisy Ridley).
Que pouvez-vous nous dire
des retrouvailles entre Luke
et Rey ?
C’est top secret. Vraiment
top secret. Je peux juste vous
révéler que la réaction de Luke
quand Rey lui ramène son
sabre-laser est... inattendue.
Mais j’en ai déjà trop dit.
Désolée !
Formulons notre question
autrement alors : quelle
relation entretenez-vous
avec Mark Hamill ?
C’est mieux ! Là je peux
répondre. Mark est quelqu’un
tout ce qu’il y a de normal. Il
n’est pas du tout condescendant,
il ne se prend pas pour
un sage. Il est juste un peu
paternel. Et c’est légitime : il
a une fille de mon âge !
Comment se détend-on sur
un tournage aussi difficile ?
Personnellement j’utilise des
cristaux, comme les Jedi.
(Rire.) Non, sérieusement !
Je crois à fond à l’énergie
des cristaux et j’en ai toujours
avec moi, dans ma caravane.
Ils dégagent de bonnes
vibrations.
Qu’est-ce qui a changé pour
vous entre Le Réveil de la
Force et Les Derniers Jedi ?
En y repensant le premier film
était terrifiant à faire. (Rire.)
C’était mon premier vrai film
et un Star Wars ! Aujourd’hui
on me reconnaît dans la rue
et on me parle de mes autres
rôles. Les Derniers Jedi a été
plus agréable à tourner...
Est-ce que vous pensez que
Rey a fait évoluer l’image
des héroïnes au cinéma ?
Oui, parce que Rey est un
symbole fort de personnage
féminin. Non, parce que deux
ans après la sortie du Réveil
de la Force, on parle encore de
la nécessité de donner plus
de pouvoir aux femmes... Tant
qu’on en parle, c’est qu’il y a
encore du progrès à faire.
Propos recueillis par Benoît Saumois
LES CINÉMAS GAUMONT ET PATHÉ 13