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syndicom magazine No 4 - Rendez-nous notre temps

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat et de ses organisations affiliées.

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat
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<strong>syndicom</strong><br />

N o 4 mars-avril 2018<br />

<strong>magazine</strong><br />

<strong>Rendez</strong><strong>nous</strong><br />

<strong>notre</strong><br />

<strong>temps</strong>


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Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invitée<br />

8 Temps de travail<br />

21 L’affaire CarPostal<br />

22 Service public<br />

24 <strong>No</strong> <strong>No</strong> Billag<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 Interactifs<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

<strong>No</strong>tre société doit affronter des défis de taille.<br />

Le travail quitte les halles de production et les<br />

frontières s’estompent : il n’y a plus de distinction<br />

claire entre <strong>temps</strong> de travail et <strong>temps</strong> de<br />

loisir. Cela remet en cause les bases mêmes sur<br />

lesquelles reposent <strong>notre</strong> quotidien, <strong>notre</strong><br />

mode de vie et la sécurité sociale.<br />

Jusqu’à présent, la journée de travail comportait<br />

un nombre limité d’heures ; le <strong>temps</strong><br />

restant <strong>nous</strong> appartenait. <strong>No</strong>us l’appelons l’autonomie<br />

dans l’emploi du <strong>temps</strong>. Les syndicats<br />

ont obtenu de haute lutte cet acquis essentiel :<br />

le droit à disposer de son <strong>temps</strong> libre.<br />

Le contrat de travail se fondait sur le principe<br />

selon lequel les employés mettent à disposition<br />

leur force de travail à un prix fixe (salaire), et<br />

pour une durée déterminée. Aujourd’hui, les<br />

employeurs la flexibilisent de plus en plus.<br />

La transformation numérique accélère ce processus.<br />

La nouvelle norme, c’est la flexibilité.<br />

D’aucuns considèrent que c’est une opportunité<br />

pour organiser soi-même son <strong>temps</strong> de<br />

travail. En réalité, c’est un processus unilatéral :<br />

l’employeur détermine le volume de travail et<br />

donc <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> de travail. La durée du travail<br />

se prolonge. L’équilibre entre vie privée et<br />

travail en est profondément bouleversé.<br />

<strong>No</strong>us perdons la maîtrise de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong>.<br />

<strong>No</strong>us, les syndicats, pouvons contrer ce retour<br />

en arrière en luttant pour rendre le <strong>temps</strong><br />

de travail compatible avec la maîtrise du <strong>temps</strong><br />

dans la société. Lisez <strong>notre</strong> dossier à ce sujet.<br />

4<br />

8<br />

21<br />

Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC


4<br />

Une fine équipe<br />

Champions de la syndicalisation<br />

Rémy Ségur (26 ans)<br />

Originaire de Gerlafingen (SO) et<br />

menuisier de formation, il travaille<br />

depuis 2013 comme « Customer Service<br />

Desk Steering » chez Swisscom, à<br />

Ittigen (BE). Egalement thérapeute en<br />

travail corporel aquatique, il est affilié<br />

à <strong>syndicom</strong> depuis 2016.<br />

Cornelia Ziehler (44 ans)<br />

Originaire de Boniswil (AG), elle est<br />

employée de commerce diplômée et<br />

travaille depuis 20 ans chez Sunrise,<br />

dans différentes fonctions. Actuellement,<br />

elle est rattachée à la division<br />

des clients commerciaux. Membre de<br />

<strong>syndicom</strong> depuis 2004, elle fait partie<br />

du comité central et du comité de<br />

secteur Télécom/IT.<br />

Senol Kilic (37 ans)<br />

Habitant Bassersdorf (ZH), il est<br />

employé depuis 2009 dans la distribution<br />

du courrier à La Poste. Auparavant<br />

à Berlin et membre actif du syndicat<br />

ver.di, il a travaillé dix ans pour la<br />

Deutsche Post. Après son déménagement<br />

en Suisse, il s’est affilié à<br />

<strong>syndicom</strong>.<br />

Texte : Nina Rudnicki<br />

Photo : Yoshiko Kusano<br />

« Lors de problèmes au<br />

travail, les collègues<br />

viennent à <strong>nous</strong> d’euxmêmes<br />

»<br />

A syndiquer, <strong>nous</strong> ne pouvons que<br />

gagner ! De prime abord, les collègues<br />

disent presque toujours non.<br />

Mais par la suite, <strong>nous</strong> avons de bons<br />

arguments et des stratégies éprouvées<br />

pour susciter leur intérêt.<br />

Certains d’entre <strong>nous</strong> offrent un<br />

petit cadeau tel qu’un stylo <strong>syndicom</strong>.<br />

Dans les grandes entreprises,<br />

les pauses sont une bonne occasion<br />

d’approcher les employé·e·s. Ils<br />

savent que <strong>nous</strong> sommes membres<br />

de <strong>syndicom</strong>. Actifs dans la commission<br />

du personnel ou représentant·e·s<br />

de la jeunes se, <strong>nous</strong><br />

n’hésitons pas à sortir du bois.<br />

C’est important : s’il y a des problèmes<br />

au travail, voire des craintes<br />

de licenciements, les col lè gues<br />

viennent à <strong>nous</strong> d’eux-mêmes.<br />

<strong>No</strong>us leur rappelons parfois que<br />

l’affiliation à un syndicat, c’est la<br />

meilleure des protections. <strong>No</strong>us<br />

expliquons que la force d’un syndicat<br />

dépend du nombre de ses membres.<br />

Et il est plus facile d’en gagner de<br />

nouveaux quand le syndicat parvient<br />

à renforcer les droits des travailleurs.<br />

La négociation réussie d’une nouvelle<br />

convention collective de travail<br />

entraîne de nombreuses affiliations.<br />

<strong>No</strong>us syndiquons par conviction.<br />

Pour <strong>nous</strong>, c’est un honneur d’être<br />

reconnus comme les meilleurs<br />

recruteur·euse·s à l’occasion des<br />

événements régionaux organisés<br />

jusqu’en avril. <strong>No</strong>us devons tenir les<br />

grandes entreprises à l’œil. Globalement,<br />

<strong>nous</strong> bénéficions de bonnes<br />

conditions de travail, mais ce n’est<br />

pas une raison pour penser que cela<br />

va per durer. Le marché du travail<br />

s’est considérablement transformé<br />

ces dernières années. Garder son<br />

emploi n’est plus garanti – même si<br />

on travaille pour le même employeur<br />

depuis long<strong>temps</strong>. Le défi majeur<br />

consiste à syndiquer les jeunes.<br />

Quand ils ne se plaisent pas quelque<br />

part, ils changent d’entreprise.<br />

Mais plus on avance en âge, plus la<br />

sécu rité devient importante.<br />

Une entreprise ne fait pas de<br />

cadeaux à ses employés. Tout doit<br />

être négocié. Cependant, <strong>nous</strong><br />

insistons toujours sur le fait que les<br />

entreprises et les syndicats ne sont<br />

pas des ennemis. <strong>No</strong>us entretenons<br />

une relation de partenariat social.<br />

C’est donnant-donnant.


Brèves<br />

Coursiers « notime » : La Poste doit agir \ FSM : <strong>syndicom</strong> présente<br />

son manifeste \ Succession de Paul Rechsteiner \ Formation<br />

continue et numérisation \ Ringier : plan social décevant<br />

5<br />

Les coursiers « notime »<br />

doivent être soumis à une CCT<br />

Agenda<br />

<strong>syndicom</strong> estime que la donne n’est<br />

plus la même pour les coursiers de la<br />

start-up notime , une entreprise qui a<br />

jusqu’alors toujours refusé d’ouvrir des<br />

négociations en vue d’une CCT, tout<br />

comme d’adhérer à l’organisation<br />

patronale SwissMessengerLogistics<br />

(SML). Dès lors que La Poste a pris, le<br />

15 mars dernier, une participation<br />

majoritaire dans notime, elle endosse<br />

une responsabilité pour que ce segment<br />

de la branche logistique, encore<br />

largement déréglementé, soit contrôlé.<br />

notime permet à La Poste de s’approprier<br />

un domaine nouveau pour elle, soit<br />

la livraison d’envois le jour même.<br />

<strong>syndicom</strong> salue ce fait, mais exige<br />

qu’aucune tâche de PostLogistics ne<br />

soit externalisée à notime. Il est exclu<br />

que La Poste concurrence sa maison<br />

mère avec des entreprises non soumises<br />

à la CCT Poste. Le modèle<br />

techno logique des plateformes ne doit<br />

pas rimer avec conditions de travail<br />

précaires.<br />

<strong>syndicom</strong> a présenté<br />

son manifeste Economie 4.0<br />

au Forum social mondial 2018<br />

Six membres de <strong>syndicom</strong> ont parti cipé<br />

au Forum social mondial (FSM) à<br />

Salvador de Bahia (Brésil) du 13 au<br />

17 mars 2018. <strong>syndicom</strong> a coorganisé un<br />

atelier où il a présenté son manifeste<br />

« Economie 4.0. Le monde du travail<br />

numérique ». En outre, c’était l’un des<br />

organisateurs d’une « assemblée de<br />

convergence sur la transition sociale et<br />

écologique », convoquée par une dizaine<br />

d’organisations suisses, canadiennes et<br />

latino-américaines.<br />

USS : Paul Rechsteiner quittera<br />

la présidence fin novembre<br />

Après 20 ans à la tête de l’Union<br />

syn dicale suisse (USS), Paul Rechsteiner<br />

quittera ses fonctions à fin novembre.<br />

Les délégués lui désigneront un<br />

successeur lors du congrès qui aura lieu<br />

du 30. 11. au 1. 12. 2018. Le processus de<br />

succession sera préparé par les<br />

vice-présidents Vania Alleva et Giorgio<br />

Tuti, soutenus par la direction du<br />

secrétariat de l’USS. En tant que<br />

président, Rechsteiner a œuvré pour la<br />

protection des salaires par les mesures<br />

d’accompagnement à la libre-circulation<br />

des personnes, en étendant la<br />

protection des CCT. Il s’est aussi<br />

impliqué pour l’amélioration des bas<br />

salaires, contre le démantèlement des<br />

retraites et pour la coopération des<br />

fédérations de l’USS.<br />

Une journée sur la numérisation<br />

et la formation continue<br />

La qualification permettant aux<br />

travailleurs d’apprendre tout au long de<br />

leur vie est la clef du progrès social.<br />

Cette journée d’étude, proposée par<br />

Movendo et l’USS, sert de guide dans la<br />

jungle suisse de la formation continue,<br />

fait le point des besoins de formation<br />

continue dans les différentes branche,<br />

plaide pour ancrer cette exigence au<br />

sein des CCT et examine les effets de la<br />

numérisation sur le <strong>temps</strong> de travail et<br />

la formation continue. Ces sujets, tout<br />

comme la numérisation du secteur<br />

public, sont abordés l’après-midi par<br />

des ateliers avec des symdicalistes, en<br />

traduction simultanée.<br />

Fribourg, NH Hôtel, jeudi 28 juin 2018<br />

de 9 h à 16 h 30. Gratuit pour les<br />

membres de Garanto, Nautilus, SEV,<br />

<strong>syndicom</strong>, VPOD et Unia, 250 francs<br />

pour les autres.<br />

Ringier : plan social décevant<br />

pour Adligenswil<br />

La fermeture, à la fin de 2018, de<br />

l’imprimerie de journaux de Ringier à<br />

Adligenswil entraînera la suppression<br />

de 172 postes de travail. Or le personnel<br />

et les syndicats critiquent le rejet,<br />

par la direction, de leurs propositions<br />

d’amélioration du plan social. <strong>syndicom</strong><br />

et syna ont certes obtenu que les<br />

salaires soient garantis jusqu’à la fin<br />

de décembre, mais Ringier persiste<br />

à refuser tant des indemnités de<br />

licenciement qu’une amélioration<br />

financière pour les cas de départ à la<br />

retraite anticipée. L’entreprise doit<br />

négocier un meilleur résultat.<br />

Avril<br />

5<br />

Visite de la Reitschule<br />

Berne, Neubrückstrasse 8<br />

Syndicom invite les membres de<br />

sa commission jeunesse à visiter les<br />

coulisses de ce centre culturel où se<br />

rencontrent les jeunes.<br />

Inscription par le compte personnel<br />

my.<strong>syndicom</strong>.<br />

18<br />

La Suisse, un îlot de cherté ?<br />

Chexbres, Hotel Préalpina<br />

Cours Movendo sur la formation des<br />

prix et les moyens de les réduire,<br />

par Samuel Bendahan.<br />

Gratuit pour membres <strong>syndicom</strong><br />

(Fr. 410.– pour les autres).<br />

info@movendo.ch<br />

7-29<br />

Mon histoire, mes droits –<br />

portraits de Suisse<br />

Galerie Espace <strong>No</strong>ir<br />

Saint-Imier, Francillon 29<br />

Le photographe Fabian Biasio a réalisé<br />

neuf portraits de personnes dépossédées<br />

de leurs droits fondamentaux.<br />

24<br />

MétroBoulotKino<br />

Maison des arts du Grütli<br />

Genève, Général-Dufour 16, 19 h<br />

Saigneurs, de Vincent Gaullier<br />

et Raphaël Girardot, 2017<br />

Suivi d’une discussion avec l’un<br />

des réalisateurs sur le travail dans<br />

un abattoir, symbole d’un monde du<br />

travail qui cache ses prolétaires.<br />

Mai<br />

3<br />

Journée mondiale de la liberté<br />

de la presse<br />

Diverses manifestations. amnesty.ch<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Martin Camenisch est responsable du personnel de La Poste<br />

employeurs<br />

Suisse. Il a travaillé chez Swisscom, puis PostMail, Presto et<br />

Poste Immobilier. Titulaire du brevet de spécialiste en assurances<br />

sociales et de l’Executive Master of Business Administration<br />

(EMBA), il a étudié entre autres la linguistique.<br />

1<br />

Prévoyez-vous une réduction<br />

des horaires de travail ?<br />

Cela, ou d’autres modèles de <strong>temps</strong><br />

de travail, n’est actuellement pas en<br />

discussion. Toutefois, <strong>nous</strong> envisageons<br />

de possibles développements.<br />

La question du <strong>temps</strong> de travail<br />

heb do madaire se pose lors de chaque<br />

négociation CCT. Mais la situation<br />

conjoncturelle dans la branche ou les<br />

considérations économiques sont<br />

souvent prépondérantes. Je trouverais<br />

intéressant de mener un jour des<br />

négociations sur les horaires de<br />

tra vail et non pas sur les salaires.<br />

2<br />

La flexibilisation peut-elle aussi<br />

être favorable aux salariés ?<br />

Le partenariat social doit <strong>nous</strong><br />

permettre de trouver des solutions<br />

ensemble. La pression pour une<br />

flexi bilisation accrue augmente<br />

partout. Parfois, pour gérer de fortes<br />

fluctuations du volume de travail,<br />

les bonnes idées font encore défaut.<br />

Les propositions extrêmes qui<br />

préconisent le travail sur appel me<br />

parais sent aussi peu convaincantes<br />

que celles qui se limitent à une<br />

pla ni fication à long terme et à des<br />

tableaux de service immuables.<br />

3<br />

Comment résolvez-vous d’éventuels<br />

conflits entre collègues ?<br />

Pour trouver une solution, il faut<br />

discuter ensemble et rétablir une<br />

confiance peut-être perdue. Jusqu’à<br />

présent, cette manière d’agir a<br />

tou jours très bien fonctionné. Un<br />

dialogue n’est toutefois constructif<br />

que si mon interlocuteur y contribue<br />

aussi.<br />

4<br />

Les syndicats contribuent-ils<br />

à organiser le <strong>temps</strong> de travail ?<br />

Je pense que oui, ou bien ?<br />

Texte : Sina Bühler<br />

Photo : La Poste<br />

5<br />

Encouragez-vous les employés<br />

à s’engager pour le syndicat dans<br />

l’entreprise ?<br />

Par intérêt personnel, je suis sensible<br />

à ce thème. J’ai constaté que vos<br />

collègues s’engagent corps et âme.<br />

Jusqu’à présent, j’ai toujours eu le<br />

privilège de rencontrer des partenaires<br />

constructifs et considère que<br />

le partenariat social est enrichissant.<br />

Bien sûr, <strong>nous</strong> ne partageons pas<br />

toujours le même avis. C’est justement<br />

la raison pour laquelle <strong>nous</strong><br />

discutons et cherchons ensemble des<br />

solutions.<br />

6<br />

Qu’est ce qui vous irrite ?<br />

Je ne suis jamais satisfait d’un<br />

résultat de négociation lorsqu’il est<br />

unilatéral et favorise un seul groupe<br />

de personnes. Car une partie du<br />

personnel est ainsi lésée. Ce n’est pas<br />

équitable, mais c’est heureusement<br />

rarement le cas. J’aurais un problème<br />

si certains orientaient le discours du<br />

syndicat pour imposer leurs intérêts<br />

personnels ou favoriser une clientèle<br />

particulière. Cela ne rendrait service<br />

à personne – au contraire.


L’invitée<br />

Au début de l’industrialisation, le<br />

<strong>temps</strong> passé dans l’entreprise devient la mesure<br />

du travail et de sa rémunération (pointeuse).<br />

Réduire le <strong>temps</strong> de travail devient très tôt une<br />

revendication syndicale. Le 1 er mai fut choisi en<br />

1864 pour revendiquer la journée de huit heures.<br />

Aujourd’hui, les employeurs multiplient les<br />

attaques : augmentation de l’âge de départ à<br />

la retraite, dérégulation de l’enregistrement du<br />

<strong>temps</strong> de travail, diminution des <strong>temps</strong> de<br />

pause… Ainsi, sous la pression des milieux bancaires,<br />

deux nouvelles exceptions à l’enregistrement<br />

systématique de la durée du travail sont<br />

entrées en vigueur début 2016. Pour l’instant,<br />

ces mesures ne touchent que les cadres volontaires<br />

ou les travailleurs disposant d’une certaine<br />

autonomie dans la détermination de leurs<br />

horaires. La mesure du travail devient la réalisation<br />

d’un projet. De fait, l’organisation par projet<br />

est aujourd’hui fréquente dans les grandes<br />

entreprises et administrations publiques. C’est<br />

aux personnes de se responsabiliser pour sa<br />

réalisation sans que l’entreprise n’en donne<br />

nécessairement les moyens et sans devoir se<br />

plier à un cadre horaire. Du coup, les heures<br />

supplémentaires n’existent plus et la séparation<br />

entre travail et vie sociale s’efface. La critique<br />

collective est plus difficile. Le <strong>temps</strong> de travail<br />

se resserre sur « le travail effectif ». Tous les<br />

à-côtés ne sont plus pris en compte. Une<br />

hôtesse de Ryan Air : « Je dois m’occuper du<br />

débarquement des passagers, du nettoyage de<br />

l’avion, vérifier les équipements de sécurité,<br />

puis réembarquer 200 personnes, tout ça en<br />

vingt-cinq minutes, et je ne suis rémunérée<br />

complètement que lorsque l’avion vole. » Un<br />

<strong>temps</strong> de travail trop élevé nuit à la santé. Les<br />

médecins du travail notent une augmentation<br />

du risque de blessure, de maladies et de la mortalité<br />

en cas d’heures supplémentaires. Le<br />

<strong>temps</strong> est venu pour les organisations syndicales<br />

de reprendre l’offensive.<br />

Temps de travail :<br />

reprendre l’offensive<br />

Viviane Gonik a travaillé dans le<br />

domaine de la santé au travail et de<br />

l’ergonomie et s’attache plus particulièrement<br />

aux effets de l’organisation du<br />

travail sur le bien-être et la santé, avec<br />

une attention particulière à la division<br />

sexuelle du travail. Actuellement à la<br />

retraite, elle collabore également à la<br />

rubrique « Contrechamp » du quotidien<br />

Le Courrier.<br />

7


Les voleurs de <strong>temps</strong> et les syndicats<br />

Temps de travail, <strong>temps</strong> libre : gagner l’autonomie<br />

La charge de travail devient le combat à l’ère numérique<br />

Graphique : des 90 heures à 42 heures en 150 ans<br />

Dossier 9<br />

Plus que<br />

<strong>temps</strong><br />

pour plus<br />

de <strong>temps</strong>


10 Dossier<br />

Voleurs de <strong>temps</strong> vs <strong>notre</strong> autonomie<br />

en <strong>temps</strong> : le combat du XXIe siècle<br />

Au fil de nombreuses luttes, les syndicats ont<br />

imposé des horaires de travail plus courts.<br />

<strong>No</strong>us avons repris un peu de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> de<br />

vie. Mais les voleurs rodent.<br />

Texte: Oliver Fahrni<br />

Photos: Thierry Porchet<br />

Ne travailler plus que six heures par jour et bien gagner ?<br />

Un rêve ? Laissons-<strong>nous</strong> tenter.<br />

Le modèle date d’un demi-millénaire. En 1518,<br />

l’homme d’Etat et humaniste britannique Thomas More<br />

esquissait dans son ouvrage Utopia les contours d’une société,<br />

où le travail indispensable à son fonctionnement est<br />

réparti uniformément entre tous. Dans cette société il<br />

reste beaucoup de <strong>temps</strong> libre à consacrer au plaisir des<br />

sens et au raffinement de l’esprit.<br />

More décrit sa république idéale à l’ère précapitaliste,<br />

entouré de journaliers, de travailleurs à domicile et d’ouvriers<br />

agricoles dans l’indigence. A cette époque, il était<br />

courant de travailler 16 heures, six jours et demi par<br />

semaine, pendant toute l’année. Pas étonnant dès lors<br />

que Utopia soit devenu un bestseller au fil des siècles.<br />

500 ans plus tard, on expérimente un peu partout la<br />

journée de six heures, la plupart du <strong>temps</strong> sous les cris<br />

d’indignation des employeurs et de leurs économistes qui<br />

conjurent le déclin économique. C’est pourtant faisable,<br />

comme le prouvent des expériences réalisées partout<br />

dans le monde. A Göteborg en Suède par exemple : l’économie<br />

ne s’effondre pas, le travail est fait, les absences<br />

pour cause de maladie ou d’épuisement reculent drastiquement,<br />

le climat de travail s’améliore. Et de nouveaux<br />

emplois sont créés. Voilà au moins des objectifs tout aussi<br />

respectables que les profits d’entreprises.<br />

Pourquoi donc ne pas travailler encore moins ? Dans la<br />

Cité du Soleil (1623) de Tommaso Campanella, un pionnier<br />

du socialisme, les citoyens parviennent à assurer leur subsistance<br />

en travaillant quatre heures par jour.<br />

Pouvoir disposer de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> de vie<br />

Dans toutes les utopies sociales depuis l’Antiquité, la réduction<br />

du <strong>temps</strong> de travail jouait un rôle capital. Cela ne<br />

peut pas être le fait du hasard. Travailler moins est de<br />

toute évidence un vieux rêve universel de l’humanité.<br />

Ce rêve ne s’est pas dissipé. En 1973, Michael Ende racontait<br />

dans son roman Momo comment une fillette rend<br />

aux gens le <strong>temps</strong> qui leur avait été volé par des « voleurs<br />

de <strong>temps</strong> ». Ensuite, « chacun peut en prendre autant qu’il<br />

le souhaite et dont il en a besoin, car il y en avait désormais<br />

à nouveau suffisamment. »<br />

Tous ces écrits abordent la thématique de l’individu<br />

libéré de la contrainte de fournir une quantité excessive<br />

de travail. Une contrainte qui repose sur une menace économique<br />

: ceux qui se soustraient à ce régime de travail<br />

risquent de se retrouver en situation de détresse. Du<br />

moins dans un système économique et social bâti sur<br />

cette contrainte.<br />

Ce qui <strong>nous</strong> motive depuis toujours, c’est le désir de ne<br />

pas passer <strong>notre</strong> vie à assurer <strong>notre</strong> seule subsistance.<br />

Donc de gagner du <strong>temps</strong> libre pour des activités plus<br />

importantes que le travail – pour les enfants et les amis, la<br />

pratique d’un sport, la découverte du monde, l’apprentissage,<br />

la musique et les arts. Peu importe. Cette liberté,<br />

<strong>nous</strong> l’appelons l’autonomie du <strong>temps</strong>. Disposer de <strong>temps</strong><br />

est la mesure de <strong>notre</strong> liberté, la condition pour exercer<br />

<strong>notre</strong> autodétermination. Karl Marx a qualifié ce <strong>temps</strong><br />

« comme une marge d’espace pour le développement<br />

humain ».<br />

Le <strong>temps</strong> libre est donc un droit humain. Mais seuls<br />

quelques-uns parviennent, grâce à des circonstances<br />

particulièrement favorables, à jouir d’autonomie dans<br />

leur emploi du <strong>temps</strong>. La plupart d’entre <strong>nous</strong> réalisent<br />

que le « <strong>temps</strong> libre » n’est pas vraiment du <strong>temps</strong> libre.<br />

L’économie <strong>nous</strong> asservit bien au-delà de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> de<br />

travail. De plus en plus de modèles de consommation imposés<br />

de l’extérieur dictent ce que <strong>nous</strong> faisons au quotidien<br />

en-dehors de <strong>notre</strong> travail. Et plus que jamais à l’ère<br />

numérique. « <strong>No</strong>us faisons ta vie, toute ta vie », dit en substance<br />

Google. Sans y être invités, <strong>nous</strong> prenons en charge<br />

de plus en plus de tâches accomplies auparavant dans<br />

l’entreprise ou par une administration. De la configuration<br />

des marchandises à la planification stratégique de<br />

systèmes de transport, en passant par l’entraînement de<br />

machines automatiques de communication (bots), auxquels<br />

les entreprises ont recours.<br />

Le <strong>temps</strong> libre n’est pas un luxe individuel, mais<br />

un projet collectif<br />

<strong>No</strong>us ignorions l’existence de ce travail et ne disposons<br />

pas d’un contrat pour le réaliser. Ce que <strong>nous</strong> connaissons<br />

bien, en revanche, c’est le manque de <strong>temps</strong>. Ce sentiment<br />

est omniprésent dans <strong>notre</strong> société moderne. Dans<br />

les années 1990, les sociologues ont parlé de « <strong>temps</strong> en<br />

abondance » pour décrire le <strong>temps</strong> de travail en baisse.<br />

Mais aujourd’hui, aucune phrase n’est prononcée aussi<br />

souvent que: « Je n’ai pas le <strong>temps</strong>. »<br />

A en croire les employeurs, cette phrase doit devenir le<br />

mantra du 21e siècle. Ils ont ouvert un large front dans<br />

Ne faisons<strong>nous</strong><br />

que<br />

travailler ou<br />

sommes<strong>nous</strong><br />

civilisés ?


11<br />

l’idée de s’approprier de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> : ils veulent décloisonner<br />

le <strong>temps</strong> de travail. Pendant 150 ans, la tendance<br />

consistait à réduire les horaires de travail et à augmenter<br />

les jours de vacances. Aujourd’hui, <strong>nous</strong> travaillons en<br />

moyenne 40 heures par semaine. Dans la théorie. Dans la<br />

pratique, le <strong>temps</strong> de travail effectif augmente à nouveau.<br />

L’Union suisse des arts et métiers exige la semaine de<br />

50 heures comme norme légale. Les radicaux veulent<br />

supprimer la mesure et le contrôle du <strong>temps</strong> de travail. Les<br />

entrepreneurs numériques attaquent les conventions<br />

collectives et les dispositions protectrices du droit du travail.<br />

Ils tendent à engager de plus en plus de personnes<br />

travaillant à domicile et à recourir au crowdworking.<br />

Si les employeurs devaient gagner ce combat, <strong>nous</strong><br />

assisterions à une rupture historique. Il devient dès lors<br />

clair que l’autonomie du <strong>temps</strong> n’est pas un luxe individuel,<br />

mais un projet collectif.<br />

Dans les discussions actuelles sur les tentatives des<br />

employeurs visant à rallonger le <strong>temps</strong> de travail – avec<br />

plus d’heures travaillées la semaine, les samedis, les dimanches<br />

et de nuit –, un aspect élémentaire est souvent<br />

oublié : l’autonomie du <strong>temps</strong> est la condition pour la paix<br />

sociale, le progrès et la science.<br />

La question cruciale à se poser est la suivante : ne travaillons-<strong>nous</strong><br />

que pour <strong>notre</strong> salaire et <strong>notre</strong> subsistance,<br />

ou sommes-<strong>nous</strong> civilisés ? Au-delà de la maîtrise d’un<br />

problème économique banal (production suffisante),<br />

chaque civilisation de l’histoire a veillé à produire suffisamment<br />

de loisirs et de <strong>temps</strong> pour ce dont a vraiment<br />

besoin une société après avoir mangé et disposer d’un toit<br />

sur la tête.<br />

La vraie histoire des syndicats<br />

Presque partout dans le monde, la capacité de disposer de<br />

son <strong>temps</strong> était réservée à une minorité, qui ne devait pas<br />

se plier à des contraintes économiques. L’histoire du<br />

mouvement ouvrier et des syndicats débute par leur lutte<br />

pour émanciper l’humanité. Il s’agit d’une émancipation<br />

à double titre. Elle passe par la libération de la pénurie et<br />

des contraintes économiques. Et donc aussi par la libération<br />

d’un système qui <strong>nous</strong> vole du <strong>temps</strong>.<br />

Des centaines de grèves et de nombreux conflits de<br />

travail dans les entreprises ont été nécessaires pour abolir<br />

la semaine de six jours et demi et imposer celle de cinq<br />

jours. La grève générale de 1918, qui exigeait la journée de<br />

huit heures, a débouché en 1930 sur la semaine de<br />

48 heures. Elle a été introduite dans la plupart des entreprises.<br />

Ce fut un énorme progrès contre les longs et<br />

pénibles horaires de travail (aussi pour les enfants) en<br />

usage au 19e siècle. Les lois sur les fabriques à Glaris et<br />

Zurich n’étaient parvenues à réduire les heures de travail<br />

que de manière limitée. <strong>No</strong>tre graphique à la page 15<br />

illustre en accéléré l’histoire du <strong>temps</strong> de travail en Suisse.<br />

De manière générale, aussi bien la législation que les<br />

conventions collectives ont permis de réduire le <strong>temps</strong> de<br />

travail, mais les lois sont aujourd’hui toujours bien à la<br />

traîne sur les CCT (voir page 14). Les employeurs se sont<br />

défendus bec et ongles contre la réduction des horaires de<br />

travail ou le prolongement des vacances. Alors que le salaire<br />

était relevé sans discussion certaines années, chaque<br />

minute de <strong>temps</strong> libre devait être négociée durement avec<br />

les propriétaires de l’entreprise.<br />

La raison à cela réside moins dans des chiffres économiques<br />

objectifs que dans le rapport fondamental entre<br />

travail et capital : les employeurs entendent pouvoir disposer<br />

de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> de vie. Le <strong>temps</strong> de travail illustre de<br />

manière précise le rapport de forces entre les travailleurs<br />

et les employeurs.<br />

L’augmentation de la productivité est le levier des<br />

syndicats, un argument économique solide pour la réduction<br />

des horaires. Si les employé·e·s fabriquent plus de<br />

produits ou fournissent plus de prestations en moins de<br />

<strong>temps</strong>, des journées de travail plus courtes ou davantage<br />

de vacances sont justifiés. Moult données économiques le<br />

prouvent : les réductions de <strong>temps</strong> de travail entraînent<br />

régulièrement une augmentation de la productivité.<br />

L’intensification étouffante du travail<br />

Productivité croissante ou pas : depuis 2002, les citoyennes<br />

et citoyens ont refusé la semaine de 36 heures, la retraite<br />

anticipée flexible et l’initiative pour six semaines de vacances<br />

– parfois avec une forte majorité de non. Que se


passe-t-il en Suisse ? Voilà la question que se sont posés<br />

les médias à l’étranger.<br />

La question du <strong>temps</strong> de travail n’est pas aussi simple<br />

qu’elle en a l’air. La notion même exige une première explication<br />

: <strong>nous</strong> parlons ici du <strong>temps</strong> de travail rémunéré,<br />

du <strong>temps</strong> que <strong>nous</strong> travaillons en échange d’un salaire. Le<br />

<strong>temps</strong> restant est considéré comme du <strong>temps</strong> libre. Cela<br />

trompe. Afin qu’une société fonctionne, elle a besoin de<br />

beaucoup plus de travail. Elle ne peut par exemple pas se<br />

passer de l’éducation et du travail domestique (tâches<br />

ménagères, soins...).<br />

<strong>No</strong>us travaillons 7,3 milliards d’heures rémunérées en<br />

Suisse, mais 8,3 milliards d’heures non payées. La répartition<br />

est inégale : les femmes fournissent la majeure<br />

partie du travail non payé.<br />

Le lien avec des réductions nécessaires de <strong>temps</strong> de<br />

travail est double : d’une part, elles pourraient être une<br />

incitation à mieux répartir le travail non rémunéré entre<br />

les sexes. De l’autre, les employés à plein <strong>temps</strong>, dans la<br />

majorité des cas des hommes, souhaitent aussi travailler<br />

moins, comme le montre diverses études. Mais ils tirent<br />

du travail rémunéré, indispensable à la société, leur légitimation<br />

et identité. Comme le dieu Janus, le travail rémunéré<br />

révèle deux faces. Il est vécu comme une contrainte,<br />

parfois même comme un rapport de violence, mais aussi<br />

comme l’endroit où l’on se réalise.<br />

A la charge du travail<br />

Disposer de son<br />

<strong>temps</strong> sans contrainte<br />

économique,<br />

c’est la mesure<br />

de <strong>notre</strong> liberté.<br />

Le travail pâtit néanmoins de plus en plus d’un contexte<br />

profondément modifié. Ces dernières années, de sévères<br />

pratiques de gestion ont intensifié le travail dans toutes<br />

les branches. La cadence s’accélère, le <strong>temps</strong> de travail<br />

effectif se prolonge, les contrôles se renforcent. Au stress<br />

et à la charge physique s’ajoute la perte de nombreuses<br />

petites formes d’autodétermination encore présentes<br />

dans les modèles de travail traditionnels.<br />

Depuis 1980, la frontière toujours plus flexibilisée<br />

(voir page 14) entre <strong>temps</strong> de travail et loisirs devient<br />

poreuse. Les employeurs croient que la révolution numérique<br />

leur tend un marteau pour faire voler en éclat 150<br />

ans de progrès sociaux. Marc Rezzonico décrit (page 13)<br />

comment le télétravail et les plateformes détruisent des<br />

contrats de travail sécurisés et comment il est de plus en<br />

plus difficile de délimiter le <strong>temps</strong> de travail. Dans le capitalisme<br />

classique, le salaire rétribue une certaine période<br />

de <strong>temps</strong> de travail. A l’ère numérique, le mandat à accomplir<br />

est l’élément déterminant. Etant donné que le rapport<br />

de forces d’une économie de plateformes penche très clairement<br />

en faveur du mandant, le <strong>temps</strong> de travail augmentera<br />

rapidement via la charge de travail.<br />

Ainsi se posent pour les syndicats de nouveaux défis<br />

dans leur projet de gagner l’autonomie du <strong>temps</strong> pour les<br />

salariés. Des réductions de <strong>temps</strong> de travail devraient<br />

figurer dans les conventions collectives. Déjà pour créer<br />

de nouveaux emplois. Objectif : mieux répartir le travail<br />

rémunéré en perte de vitesse dans l’économie 4.0. Cela<br />

doit intervenir sans baisse de revenu. Les nouvelles formes<br />

de travail doivent être soumises à un contrat de travail<br />

universel.<br />

goo.gl/vMRg3H/


Dossier<br />

Le <strong>temps</strong> de travail n’est plus.<br />

Vive la charge de travail !<br />

13<br />

Avec la digitalisation, on assiste à un brouillage<br />

des normes habituelles liées au travail.<br />

Les syndicats devront réintroduire dans leur<br />

réflexion la notion de la charge du travail.<br />

Texte: Marc Rezzonico<br />

Pour une part croissante des employé·e·s, le « lieu de travail<br />

» n’est plus si clairement défini et oscille entre domicile<br />

et bureau. Le « contrat de travail » ne contient plus les<br />

conditions et assurances habituelles.<br />

Mais surtout, le paramètre « <strong>temps</strong> de travail », si fondamental<br />

pour définir sa « work-life balance », semble<br />

avoir soudainement phagocyté son alter ego le « <strong>temps</strong><br />

libre » pour occuper entièrement les journées des actifs<br />

(y compris les week-ends et les vacances).<br />

Confusion work-life à la place de work-life balance :<br />

c’est le brouillage total ! Si l’on ne sépare plus vie privée et<br />

vie professionnelle, mais les confond et les mixe (blending),<br />

comment l’Etat ou les syndicats arriveraient-ils à<br />

proposer des modèles incluant le paramètre « <strong>temps</strong> de<br />

travail » ? Les choses deviennent floues !<br />

Que faire ?<br />

Pour trouver les bases des nouvelles lois sur le travail, certains<br />

pays européens ont activé des think-tanks (comme le<br />

WRR aux Pays-Bas), des groupes de réflexion sur l’industrie<br />

4.0 (Allemagne), des plans d’actions (comme le Digital<br />

Belgium), des plans stratégiques numériques (Royaume-<br />

Uni) et écrit des rapports sur la transformation digitale<br />

(comme le rapport Mettling, France). Le Danemark vient<br />

même de nommer le premier ambassadeur technologique<br />

du monde et d’inventer la #techplomacy !<br />

Mais des résultats concrets se font toujours attendre.<br />

La seule certitude, en passant, c’est qu’ils ne viendront<br />

pas de Suisse, vu que le Conseil fédéral a approuvé un rapport<br />

sur l’état des lieux de la 4 e révolution industrielle en<br />

2017 et a décidé… de maintenir sa position de 2016. A savoir<br />

: la Confédération n’interviendra dans le processus de<br />

numérisation de l’économie ni directement, ni financièrement,<br />

ni en créant un service administratif ad hoc.<br />

Sait-on au moins dans quelle direction regarder ?<br />

La fusion entre sphère privée et sphère professionnelle, le<br />

blending ou blurring, n’est autre que le modèle de travail<br />

qui a fait la fierté de Google et d’autres entreprises de la<br />

Silicon Valley. C’est du donnant-donnant : en échange de<br />

la liberté qu’il octroie à son personnel, l’employeur veut<br />

une flexibilité accrue. Comme le démontre <strong>notre</strong> dossier,<br />

cette liberté est un leurre. En réalité, l’abolition de la distinction<br />

entre <strong>temps</strong> de travail et <strong>temps</strong> libre change les<br />

rapports de force en faveur des patrons.<br />

Le <strong>temps</strong> n’étant plus un facteur déterminant, c’est<br />

donc tout naturellement que la « charge de travail » devient<br />

le nerf de la guerre. Mais comment mesurer la charge de<br />

travail ? Selon l’ANACT (Agence nationale française pour<br />

l’amélioration des conditions de travail), la charge de travail<br />

se mesure avec un modèle à trois dimensions : le prescrit<br />

(quantitatif et qualitatif), le réel (tout ce que mettent<br />

effectivement en œuvre les individus et les collectifs) et le<br />

subjectif (l’évaluation que font les salariés de leur propre<br />

charge de travail).<br />

Ce n’est qu’une proposition, mais le problème du<br />

« <strong>temps</strong> de travail » dans l’économie numérique pourrait<br />

bel et bien être un problème à reconsidérer. Si les syndicats<br />

veulent façonner le travail dans l’industrie 4.0, dans<br />

la révolution numérique, il doivent intégrer dans leurs<br />

stratégies le paramètre « charge de travail », même s’ils se<br />

battent toujours pour un « <strong>temps</strong> de travail » plus adéquat.<br />

Un exemple : dans l’étude sur l’emploi réalisée par<br />

Ernst & Young en 2016 (1000 employés interrogés en<br />

Suisse), près d’un employé sur deux indique que les exigences<br />

sur le lieu de travail ont augmenté au cours des dernières<br />

années. Pour un collaborateur sur sept, la charge a<br />

même « fortement augmenté ».<br />

Face à la charge de travail imposée, la réduction du<br />

<strong>temps</strong> n’est qu’une solution partielle. Il faudra parler de<br />

charge de travail pendant un <strong>temps</strong> de travail bien défini.<br />

www.anact.fr/10-questions-sur-la-charge-de-travail


14<br />

Dossier<br />

Trimer, jusqu’à l’épuisement :<br />

la flexibilité est une arnaque<br />

Alors que les tests avec des horaires réduits<br />

se multiplient, les employeurs attaquent le<br />

modèle social. Ils décloisonnent le travail pour<br />

imposer du travail supplémentaire.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Comment pourrait-on être contre la flexibilisation ? Ce<br />

concept suggère la liberté. C’est une bonne chose si je<br />

peux accumuler des heures supplémentaires en mars, les<br />

compenser en mai par quelques jours de congé, et reprendre<br />

demain le travail plus tard pour m’entretenir avec<br />

la maîtresse de classe de ma fille.<br />

Ne soyons pas naïfs. La plupart des entreprises ne<br />

tiennent pas compte de nos besoins en matière de flexibilisation.<br />

Elle leur sert à adapter <strong>notre</strong> travail à une gestion<br />

d’entreprise si possible profitable (p. ex. en fonction de la<br />

situation des commandes), à diminuer les charges salariales<br />

et autres coûts et à augmenter de manière insidieuse<br />

le <strong>temps</strong> de travail. La durée des horaires de travail et la<br />

cadence (rythme, travail en équipe, etc.) de <strong>notre</strong> travail<br />

dépendent du rapport de force entre le travail et le capital.<br />

En fin de compte, c’est toujours l’entreprise qui décide<br />

quand je dois travailler, accomplir des heures supplémentaires,<br />

et si je peux vraiment les compenser en mai.<br />

La flexibilisation du travail est le grand dada des employeurs.<br />

En réalité, il s’agit d’exploiter <strong>notre</strong> travail avec<br />

le moins de règles possible (qui <strong>nous</strong> protègent). Les économistes<br />

d’entreprise ont inventé à cet effet des dizaines<br />

de formes de flexibilisation.<br />

dérogations au <strong>temps</strong> de travail etc., <strong>nous</strong> sommes en mesure<br />

de planifier de manière fiable <strong>notre</strong> travail et <strong>notre</strong><br />

<strong>temps</strong> libre. La loi sur le travail suisse ne donne pas cette<br />

garantie. Elle est si laxiste qu’elle autorise presque tout ce<br />

qui réjouit les actionnaires. Le lien indiqué sur cette page<br />

permet de consulter les dispositions les plus importantes.<br />

Une lecture consternante.<br />

Pourtant, les employeurs tentent aujourd’hui d’affaiblir<br />

aussi cette protection ténue. Trois priorités sont à<br />

l’agenda : l’augmentation du <strong>temps</strong> de travail, la suppression<br />

du contrôle du <strong>temps</strong> de travail et l’assouplissement<br />

des contrats de travail. Leur objectif stratégique consiste<br />

à mettre fin à la séparation entre travail et <strong>temps</strong> libre,<br />

donc d’étendre leur pouvoir de disposer des salariés. Là<br />

encore, ils avancent l’argument de la liberté. C’est absurde<br />

: si je veux travailler 60 heures sans supplément de<br />

salaire, personne ne m’en empêche aujourd’hui. La loi<br />

doit être réécrite, afin de pouvoir contraindre les employé·e·s<br />

à travailler davantage gratuitement. Objectif à<br />

long terme : externaliser le travail vers de nouvelles formes<br />

de travail à domicile (crowdworking, etc.) sans prescription<br />

de <strong>temps</strong> du travail.<br />

Les syndicats doivent se préparer à une dure confrontation.<br />

Leur objectif doit être de réduire drastiquement le<br />

<strong>temps</strong> de travail ordinaire, afin de mieux répartir sur tous<br />

la quantité en diminution du travail numérique.<br />

goo.gl/ugn8jM<br />

Croissance et profit sans travail<br />

Les comptes-<strong>temps</strong> (à l’année) signifient que <strong>nous</strong> ne travaillons<br />

que quand l’entreprise a besoin de <strong>nous</strong>. Le <strong>temps</strong><br />

de travail fondé sur la confiance porte mal son nom. C’est<br />

le plus souvent une arnaque, qui « prolonge de facto les<br />

horaires de travail, sans aucune compensation en <strong>temps</strong><br />

ou financière », comme l’explique Christa Herrmann, spécialiste<br />

de la recherche sur le travail. Dans le modèle du<br />

<strong>temps</strong> de travail flexible, les suppléments de salaire disparaissent.<br />

Le <strong>temps</strong> de travail fondé sur la confiance est<br />

souvent combiné à des îlots de production, par exemple<br />

dans les formes d’organisation de travail du toyotisme. Si<br />

cette flexibilisation interne ne suffit pas aux entreprises,<br />

elles recourent au travail sur appel ou à l’outsourcing – aujourd’hui<br />

une forme très répandue de flexibilisation externe.<br />

Dans presque toutes les entreprises suisses, on observe<br />

actuellement différentes formes d’outsourcing, de<br />

travail flexible et d’intensification de la cadence de travail.<br />

C’est le résultat de l’offensive néolibérale. Elle a pour<br />

objectif de détruire la protection du travail introduite par<br />

la loi et les syndicats. Le néo liberal rêve de croissance et<br />

de profit sans travail. Or, seul le travail vivant crée de la<br />

valeur. Depuis un certain <strong>temps</strong>, les propriétaires des entreprises<br />

ne distribuent plus les gains de productivité.<br />

Cette distribution était la base du partenariat social.<br />

Conséquences : les salaires stagnent, la part des coûts<br />

salariaux baisse constamment dans presque toutes les<br />

branches et les écarts de salaire et de fortune explosent.<br />

D’où l’importance des conventions collectives de travail.<br />

Grâce à des négociations détaillées sur les modèles de<br />

<strong>temps</strong>, les pauses, l’organisation du travail par équipe, les<br />

Photos<br />

La photo en couverture a été prise par le photographe<br />

vaudois Thierry Porchet, ainsi que les photos aux pages 8 à<br />

14 et la petite photo qui figure sous le sommaire. Il a imaginé<br />

une mise en scène originale : il a demandé au travailleur<br />

polyvalent Bernard Fière d’investir le bassin du centre<br />

thermal d’Yverdon-les-Bains de bonne heure le matin.<br />

Pour Thierry Porchet, un professionnel de l’image connu en<br />

Suisse romande, le <strong>temps</strong> est une matière en mouvement,<br />

comme la lumière ou l’eau. Dans ses photos, le <strong>temps</strong> de<br />

travail et le <strong>temps</strong> libre se conjuguent. Pour en savoir plus :<br />

image21.ch<br />

<strong>No</strong>us remercions Laure Favre, la responsable marketing<br />

du centre thermal d’Yverdon, de son soutien.


Le <strong>temps</strong> libre, sans travail rémunéré, est un droit humain. C’est du <strong>temps</strong> dédié<br />

à la famille, à la culture et au repos, à <strong>notre</strong> vie sociale et à nos engagements.<br />

Arraché de haute lutte, c’est <strong>notre</strong> acquis le plus important.<br />

15<br />

La lutte pour du <strong>temps</strong> libre<br />

1864:<br />

12 h<br />

Loi sur les<br />

fabriques, Glaris<br />

1871:<br />

10,5 h<br />

Industrie des<br />

machines<br />

1917:<br />

Semaine<br />

de 59 h<br />

Loi fédérale<br />

1920:<br />

Semaine de 48 h<br />

Dans diverses<br />

branches<br />

1815:<br />

12–14 h<br />

ZH Travail<br />

des enfants<br />

1848:<br />

15 h<br />

Glaris<br />

1870:<br />

10 h<br />

Typographes,<br />

horlogers<br />

1877:<br />

11 h<br />

Loi<br />

fédérale<br />

1899:<br />

10 h<br />

Revendication<br />

du 1er mai<br />

1909:<br />

8 h<br />

Clavistes<br />

1918:<br />

Semaine de 48 h<br />

Revendication<br />

Grève générale<br />

1830 1900 2010<br />

1930:<br />

Semaine de 48 h<br />

Devient la règle<br />

1958:<br />

Semaine<br />

de 46 h<br />

CCT FTMH<br />

4500 heures annuelles 2700 1931<br />

1959:<br />

44 h<br />

Initiative USS<br />

Loi: 46 h–50 h<br />

1963:<br />

Sem. de 44 h<br />

CCT<br />

Machines<br />

1971:<br />

44 h et plus<br />

50 % travaillent<br />

plus<br />

1971:<br />

Sem. de 40 h<br />

Initiative POCH,<br />

rejetée en 1976<br />

1983:<br />

Sem. de 40 h<br />

Initiative USS<br />

1979:<br />

Sem. de 40 h<br />

Contrat<br />

typographes<br />

1988:<br />

Semaine de 40 h<br />

CCT MEM<br />

2010:<br />

Semaine de 41,6 h<br />

Temps de travail effectif<br />

Source: Dictionnaire historique de la Suisse<br />

Le <strong>temps</strong> de travail, c’est la part de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> de vie que <strong>nous</strong> mettons à disposition d’une entreprise.<br />

<strong>No</strong>us ne le faisons pas par choix. Le salaire perçu <strong>nous</strong> permet de subvenir à nos besoins, de financer<br />

<strong>notre</strong> prévoyance vieillesse ou la formation de nos enfants. La durée du travail révèle clairement les<br />

rapports de force entre le travail et le capital. Depuis le XIXe siècle, les travailleurs sont parvenus à<br />

imposer une réduction d’un peu plus de la moitié du <strong>temps</strong> de travail. De 15 à 8 heures par jour. De six<br />

jours et demi à cinq jours par semaine. De zéro à cinq semaines de vacances.<br />

© Graphiques : Tom Hübscher et Lars Weiss, tnt-graphics<br />

Heures travaillées par semaine<br />

Emploi à plein <strong>temps</strong><br />

France<br />

Finlande<br />

Italie<br />

Suède<br />

Espagne<br />

Allemagne<br />

Suisse<br />

Grande-Bretagne<br />

Grèce<br />

Source: Eurostat, OFS Chiffres pour 2016<br />

* selon Eurostat<br />

37,6<br />

37,9<br />

38,2<br />

38,7<br />

39,1<br />

40,3<br />

selon OFS 41,2 42,8*<br />

42,8<br />

30 32 34 36 38 40 42 44<br />

44,6<br />

En Suisse, on travaille plus long<strong>temps</strong>, bien plus de<br />

40 heures par semaine pour un poste à plein <strong>temps</strong>.<br />

On travaille plus qu’en Allemagne, et même un demi-jour<br />

de plus par semaine qu’en France. Pire : la durée du travail<br />

tend actuellement à s’allonger. En 2017, le nombre d’heures<br />

travaillées a augmenté pour la première fois depuis de<br />

nombreuses années.<br />

Heures travaillées par année<br />

<strong>No</strong>mbre moyen d’heures travaillées par personne employée<br />

Allemagne<br />

France<br />

Suisse<br />

Espagne<br />

Japon<br />

Italie<br />

USA<br />

Russie<br />

Grèce<br />

Source: OCDE, 2014 (chiffres 2012)<br />

1393<br />

1479<br />

1619<br />

1666<br />

1745<br />

1752<br />

1790<br />

1982<br />

0 500 1000 1500 2000<br />

2034<br />

Le <strong>temps</strong> de travail effectif par année varie fortement d’un<br />

pays à l’autre. Et pas uniquement en raison des jours de<br />

vacances. Ces différences attestent également la répar tition<br />

inégale du travail rémunéré. Quand les Allemands ou les<br />

Suisses – réputés travailleurs – totalisent moins d’heures,<br />

cela implique plus d’emplois à <strong>temps</strong> partiel donc trop<br />

souvent un sous-emploi non voulu, surtout chez les femmes.


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Le Sonderfall suisse<br />

n’existe pas. Ne <strong>nous</strong><br />

voilons pas la face<br />

En Suisse, on vit bien. Du moins la<br />

plupart du <strong>temps</strong> et pour la plupart<br />

d’entre <strong>nous</strong>. <strong>No</strong>us ne <strong>nous</strong> étonnons<br />

dès lors pas que trois quarts des citoyens<br />

italiens veuillent « trumpiser »<br />

l’Italie, alors que le gouvernement de<br />

gauche vient de renouer avec la croissance.<br />

<strong>No</strong>us sommes choqués de<br />

constater l’accroissement de la pauvreté<br />

en Allemagne – et la montée en<br />

puissance de l’AfD, le parti nationaliste.<br />

<strong>No</strong>us observons avec stupeur à<br />

quelle vitesse le président français démonte<br />

la semaine de 35 heures, le service<br />

public et la sécurité sociale. Le<br />

rouleau compresseur néolibéral est à<br />

nouveau lancé à vive allure.<br />

Sauf en Suisse ? C’est une illusion.<br />

Les libéraux s’emparent de l’affaire<br />

CarPostal pour exiger une nouvelle<br />

vague de privatisations. L’Usam veut<br />

<strong>nous</strong> faire travailler 50 heures par semaine.<br />

Avenir Suisse cherche à couler<br />

les CCT et l’AVS. Les programmes<br />

d’austérité vont bon train aux CFF, à<br />

La Poste, chez Swisscom et à la SSR.<br />

Et <strong>nous</strong> partageons encore un<br />

autre point commun avec l’Italie, l’Allemagne,<br />

la France : là-bas comme ici,<br />

les syndicats sont devenus la force<br />

principale pour défendre le progrès<br />

social.<br />

Le PLR s’empare de l’affaire CarPostal pour lancer une nouvelle attaque contre le service public<br />

www.uss.ch/themes/services-publics/<br />

Stop au dumping<br />

salarial : l’Union<br />

syndicale bernoise<br />

montre la voie<br />

Le dumping salarial est illégal. Et pervers<br />

pour trois raisons. Parce que les<br />

bas salaires plongent le personnel<br />

dans la détresse. Parce que le pouvoir<br />

d’achat diminue et que les assurances<br />

sociales perdent des contributions. Et<br />

parce que le dumping salarial crée un<br />

climat politique qui nourrit la xénophobie<br />

et sert les extrémistes de droite<br />

de l’UDC, qui veulent prétériter nos<br />

relations bilatérales avec nos voisins<br />

européens.<br />

Les entreprises recourent aux<br />

chaînes de sous-traitants. Un mandat<br />

est confié à une entreprise qui le transmet<br />

à son tour à une tierce entreprise.<br />

De telles chaînes peuvent transiter par<br />

de nombreux intermédiaires. Elles<br />

permettent de tirer du profit à chaque<br />

échelon et de baisser le prix. En fin de<br />

chaîne, les salaires versés sont misérables.<br />

Les entreprises publiques adhèrent<br />

aussi à ces pratiques. L’Union<br />

syndicale du canton de Berne veut y<br />

mettre un terme par le lancement<br />

d’une initiative populaire.<br />

Pour tous les mandats passés dans<br />

les marchés publics, l’entreprise qui<br />

reçoit le mandat devra à l’avenir le<br />

réaliser elle-même. Avec des salaires<br />

CCT. Cette initiative est simple, efficace,<br />

juste. Merci de s’en inspirer.<br />

concurrence-equitable.ch


« Le Conseil fédéral porte la responsabilité de la destruction<br />

de 1400 emplois en deux ans chez Swisscom. » Giorgio Pardini<br />

17<br />

Jobs à la trappe contre des bonis<br />

et des dividendes juteux<br />

Swisscom compte économiser 100 millions de francs en 2018.<br />

700 emplois seront supprimés. Malgré des milliards de bénéfice.<br />

La Confédération l’exige. Elle traite l’entreprise publique comme<br />

une vache à lait. Etrange conception du service public.<br />

<strong>syndicom</strong> exige d’épargner au personnel<br />

de Swisscom la dure pression sur les coûts.<br />

(© Swisscom)<br />

Le mécontentement enfle. Des<br />

critiques virulentes se font entendre.<br />

La résistance se forme. Le 4 avril, à<br />

l’assemblée générale des actionnaires<br />

de Swisscom, la direction et surtout<br />

son actionnaire principal – la Confédération<br />

– devront être bien préparés.<br />

Plusieurs actionnaires n’admettent<br />

plus que Swisscom renforce son<br />

programme d’austérité pour 2018. 700<br />

nouveaux emplois devraient être supprimés,<br />

alors que l’entreprise réalise<br />

un résultat de 4,3 milliards et un bénéfice<br />

net de 1,57 milliard de francs.<br />

Déjà en 2017, le géant bleu avait<br />

fait passer à la trappe 684 emplois.<br />

Giorgio Pardini, responsable du<br />

secteur TIC à <strong>syndicom</strong>, dénonce une<br />

«stratégie de rendement sur le dos du<br />

personnel». Pour la période de 2018 à<br />

2020, Swisscom a revu son objectif<br />

d’économies à la hausse. De 60 à<br />

100 millions de francs. Par année.<br />

Le travail et le savoir-faire des<br />

employé.e.s est détruit sans nécessité.<br />

Le groupe se porte bien, l’endettement<br />

est modéré, la substance<br />

énorme. En 2017, Swisscom a pu investir<br />

presque 2400 millions de francs<br />

dans de nouvelles infrastructures. Le<br />

développement de la fibre optique<br />

progresse et la 5G sera bientôt installée.<br />

Les organes spécialisés qualifient<br />

le réseau Swisscom d’excellent en<br />

comparaison internationale.<br />

Vache à lait de la Confédération<br />

La bonne santé financière de Swisscom<br />

ne cesse de susciter des envies de privatisation.<br />

La stratégie d’économie vise à augmenter<br />

le rendement. La réalité le démontre<br />

: malgré les marges réduites<br />

sur un marché à une forte concurrence<br />

et un chiffre d’affaires resté stable<br />

(11,7 milliards), Swisscom est parvenu<br />

à maintenir quasiment son bénéfice<br />

net. Et à verser un dividende inchangé.<br />

C’est précisément ce que critique le<br />

syndicat. Pour Giorgio Pardini, le<br />

Conseil fédéral est le principal<br />

responsable de la suppression<br />

constante d’emplois. La Confédération<br />

détient 51 % des actions. Pour<br />

2017, 600 millions de dividendes<br />

seront versés. Swisscom est la vache à<br />

lait de la Confédération, qui veut<br />

continuer à la traire. Le Conseil fédéral<br />

impose à Swisscom de maintenir la<br />

valeur de l’entreprise, mieux de l’augmenter.<br />

Année après année, les objectifs<br />

sont revus à la hausse. Sans que le<br />

Parlement bronche.<br />

Qu’une entreprise du service public<br />

licencie ou renonce à remplacer<br />

les employé·e·s qui partent afin de<br />

maintenir un bénéfice élevé n’est «pas<br />

rationnel» selon Giorgio Pardini. Et<br />

c’est un euphémisme.<br />

Comme à La Poste ou aux CFF,<br />

<strong>nous</strong> avons affaire selon lui à « un problème<br />

politique : la tâche première<br />

d’une entreprise publique ne doit pas<br />

être d’engranger le plus d’argent possible.<br />

Le service à la collectivité doit<br />

prévaloir. » En d’autres termes : le développement<br />

de l’infrastructure, des<br />

prix raisonnables, une stratégie de numérisation<br />

durable. De plus, « une offensive<br />

de perfectionnement s’impose<br />

».<br />

Le syndicat est heureux d’avoir pu<br />

imposer l’amélioration du plan social<br />

2013. La suppression de postes<br />

concerne surtout des personnes expérimentées.<br />

Pardini : « C’est une spirale<br />

négative, renforcée par la pression<br />

constante exercée par les nouveaux<br />

systèmes de gestion. La pression par le<br />

biais d’économies doit être atténuée! »<br />

goo.gl/K8AxdQ<br />

<strong>No</strong>tre <strong>temps</strong> de vie<br />

vaut plus !<br />

La Suède, qui teste la journée de travail<br />

de six heures pour un salaire complet,<br />

en tire des résultats positifs. Contrairement<br />

à ce que l’on aurait pu attendre,<br />

la productivité n’a pas baissé.<br />

Au contraire, la réduction du <strong>temps</strong> de<br />

travail ne prétérite pas le travail. Les<br />

travailleurs sont plus motivés et moins<br />

souvent absents ou malades.<br />

Les employeurs doivent engager<br />

du personnel supplémentaire. Mais la<br />

productivité augmente, alors que diminuent<br />

les coûts de chômage et d’absences<br />

maladie. Et il reste plus de<br />

<strong>temps</strong> à consacrer à la famille. Elinor<br />

Odeberg, du syndicat suédois « Kommunal<br />

», déclarait au congrès des<br />

femmes de l’USS en janvier : « La réduction<br />

du <strong>temps</strong> de travail n’est pas<br />

la seule réponse à l’absence des<br />

hommes dans le travail ménager ou au<br />

travail à <strong>temps</strong> partiel forcé des<br />

femmes. »<br />

En effet, de récentes études ont<br />

montré que la répartition traditionnelle<br />

des rôles a pour conséquence<br />

que les femmes, même en apportant<br />

un revenu comparable, s’occupent des<br />

soins aux proches et acceptent parfois<br />

de travailler à <strong>temps</strong> partiel pour s’y<br />

consacrer. Le congrès de femmes de<br />

l’USS, auquel ont participé une vingtaine<br />

de militantes de <strong>syndicom</strong>, exige<br />

dans une résolution « au maximum<br />

35 heures de travail à <strong>temps</strong> plein<br />

plutôt que le piège du <strong>temps</strong> partiel ».<br />

Patrizia Mordini, responsable Egalité<br />

et membre du comité directeur


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

Dans leur lutte, les employés de l’ATS ont reçu un large<br />

soutien d’autres rédactions et des milieux politiques.<br />

Grève à l’ATS : « <strong>No</strong>us ne sommes<br />

pas là pour réaliser des profits ! »<br />

Au moment d’achever cet article, la grève de la rédaction à l’ATS<br />

était « interrompue ». L’Agence télégraphique suisse joue un rôle<br />

important pour les médias et <strong>notre</strong> démocratie.<br />

La débâcle a commencé il y a plusieurs<br />

mois. Et même bien avant, lorsque les<br />

maisons d’édition ont décidé de faire<br />

de l’argent avec leur Agence télégraphique<br />

suisse.<br />

La mauvaise gestion de l’ATS menace<br />

aujourd’hui l’existence de la plus<br />

ancienne, et unique, agence de presse<br />

suisse. Sur 150 emplois à plein <strong>temps</strong>,<br />

ses propriétaires veulent en détruire<br />

36. Cela équivaut à supprimer un quart<br />

de la rédaction. Dans ces conditions,<br />

l’agence ne pourra plus remplir sa<br />

tâche. Qui informera dès lors les médias<br />

suisses en matière de politique<br />

nationale et internationale, d’économie,<br />

de sport et de culture ?<br />

Le licenciement des journalistes<br />

entraînera une importante perte de<br />

connaissances et de savoir-faire. Les<br />

plus âgés, qui gagnent mieux que leurs<br />

jeunes collègues fraîchement diplômés<br />

de l’uni, seront les premiers<br />

à passer à la trappe. Les propriétaires<br />

de l’ATS ne prévoient pas de retraites<br />

anticipées convenables. « Ce n’est pas<br />

pour rien que <strong>nous</strong> avons financé l’assurance-chômage<br />

pendant des années<br />

», commentait avec désinvolture<br />

le CEO de l’ATS dans une interview.<br />

Selon lui, c’est donc à l’ORP et aux<br />

contribuables de payer pour les employés<br />

licenciés. Certains d’entre eux<br />

risquent de finir à l’aide sociale.<br />

Epine dorsale d’une information libre<br />

L’Agence télégraphique suisse est née<br />

il y a bientôt 125 ans, le 1er janvier 1895,<br />

pour réagir à la position dominante<br />

d’agences de presse étrangères établies<br />

en Suisse. Elle appartient<br />

conjointement à différentes entreprises<br />

de médias. Tamedia, NZZ, SSR<br />

et Médias Suisses – l’association romande<br />

des éditeurs – détiennent la<br />

majorité des actions de l’agence et<br />

sont aussi ses plus gros clients. Voilà<br />

le nœud du problème.<br />

Il y a peu de <strong>temps</strong> encore, l’ATS<br />

jouissait d’une bonne santé financière.<br />

L’avènement des gratuits et des<br />

médias électroniques lui a même fait<br />

gagner de nouveaux clients. Il était<br />

convenu, qu’elle ne devait pas dégager<br />

de rendements. Car en fin de compte,<br />

l’ATS se définissait comme un service<br />

commun pour assurer la transmission<br />

d’informations indé pen dantes. Une<br />

sorte de service public, qui joue un<br />

rôle essentiel pour la formation de<br />

l’opinion dans une démocratie.<br />

Compte tenu du fait que l’agence ne<br />

versait pas de dividendes, elle a pu<br />

constituer 20 millions de réserves ces<br />

dernières décennies.<br />

L’ATS est une sorte<br />

de service public ,<br />

essentiel pour la formation<br />

de l’opinion<br />

dans une démocratie<br />

230 000 dépêches par an<br />

Le service de dépêches a gagné en importance<br />

depuis que la qualité de la<br />

presse a décliné. Là où les éditeurs rabotent<br />

leurs rédactions en les regroupant<br />

pour économiser, la prestation<br />

des journaux diminue. Le matériel de<br />

l’agence de presse permet e combler<br />

leurs lacunes. L’ATS envoie quelque<br />

230 000 dépêches par an. Elles sont<br />

minutieusement recherchées, vérifiées<br />

à plusieurs reprises et le plus<br />

neutres possible.<br />

Les dépêches couvrent la demande<br />

en informations générales et détaillées<br />

en Suisse. Un tiers du contenu des<br />

médias suisse se base sur des textes de<br />

l’ATS, qui sont complétés ou reformulés.<br />

Ils constituent la moitié des articles<br />

des gratuits Le Matin et 20 minutes,<br />

en mains de Tamedia. Et une<br />

grande quantité du matériel ATS est<br />

même repris tel quel en ligne. A l’exception<br />

du sigle (ats), qui est volontiers<br />

« oublié ».<br />

Alors que les maisons d’édition<br />

continuent d’économiser, pourquoi le<br />

modèle commercial de l’ATS ne fonctionne-t-il<br />

soudain plus ? Précisément<br />

parce que les maisons d’édition sont<br />

simultanément les propriétaires et les<br />

clients de l’agence.<br />

En tant que propriétaires, les<br />

groupes de presse ne connaissent plus<br />

qu’une stratégie pour leurs médias : licencier<br />

des journalistes, réduire les<br />

taux d’occupation des photographes,<br />

économiser sur la production des<br />

journaux et recycler jusqu’à dix fois<br />

des articles sans rien payer. Ils parlent<br />

de « gestion de contenus ».<br />

En tant que clients de l’ATS, ils<br />

suivent la même logique en refusant<br />

de payer les nouveaux tarifs.<br />

Du yodle en Bulgarie<br />

Faute de rabais, la NZZ et AZ-Medien<br />

menaçaient de former une agence<br />

concurrente meilleur marché, la<br />

Bulgaria. L’idée consistait à externaliser<br />

les tâches à d’« anciens réfugiés qui<br />

ont étudié et vécu suffisamment long<strong>temps</strong><br />

en Allemagne pour maîtriser la<br />

langue et sont retournés entre-<strong>temps</strong><br />

dans leur pays d’origine en Europe de<br />

l’Est », comme l’indiquait le correctorat<br />

du groupe NZZ. Lequel met déjà en<br />

usage ces pratiques.<br />

Le projet d’agence concurrente ne<br />

s’est pas concrétisé. Mais le 30 octobre<br />

dernier, on annonçait la fusion avec<br />

l’agence de photos Keystone – en<br />

même <strong>temps</strong> que le licenciement du<br />

rédacteur en chef de l’ATS Bernard<br />

Maissen.<br />

Le CEO, Markus Schwaab, a soudain<br />

évoqué un déficit de 1,8 million


Les médias ne peuvent remplir leur mandat d’information<br />

que grâce à l’ATS, qui fournit des nouvelles fiables<br />

19<br />

Où file <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> ?<br />

(En trois <strong>temps</strong>)<br />

On <strong>nous</strong> enlève <strong>notre</strong> travail<br />

Les magnats de la branche des médias<br />

prononcent des licenciements collectifs<br />

ou ferment des entreprises entières<br />

: le conseil d’administration de<br />

l’ATS veut mettre un quart de la rédaction<br />

à la rue et le groupe Ringier fermera<br />

son imprimerie d’Adligenswil à la<br />

fin de l’année.<br />

Défendre son travail est chronophage<br />

Les collègues de la rédaction de l’ATS<br />

en savent quelque chose. Depuis plus<br />

de deux mois, ils se battent contre les<br />

décisions dévastatrices de la direction<br />

de l’entreprise. Ils se sont mis en grève<br />

le 30 janvier et, au bout de quatre<br />

jours, le conseil d’administration a été<br />

contraint de s’asseoir à la table des<br />

négociations. La grève est suspendue<br />

depuis, mais la lutte n’est pas finie.<br />

Le journalisme est chronophage<br />

Les médias ont besoin de <strong>temps</strong>, à<br />

l’instar de Republik. Ce nouveau <strong>magazine</strong><br />

en ligne propose quantité d’articles<br />

intéressants, et souvent longuement<br />

développés, qui offrent matière<br />

à réflexion. Mais les journaux, les médias<br />

en ligne et les chaînes de radio et<br />

TV ne peuvent remplir leur mandat<br />

qu’en interaction avec l’ATS, qui fournit<br />

aux autres médias des informations<br />

fiables et complètes en provenance<br />

de toutes les régions de Suisse.<br />

Stephanie Vonarburg, vice-présidente et responsable<br />

du secteur Presse et médias électroniques<br />

Pas de transparence<br />

sur la situation<br />

financière mais des<br />

licenciements :<br />

la grève s’imposait<br />

de francs, qui résultait des rabais accordés<br />

aux clients l’année dernière. Il<br />

a annoncé que cela impliquait la suppression<br />

d’un quart des emplois dans<br />

les deux ans à venir. Ensuite, tout s’est<br />

enchaîné très rapidement : en décembre,<br />

on apprenait que la « nouvelle<br />

» ATS devrait verser des dividendes<br />

aux actionnaires. Schwaab<br />

déclarait alors : « L’ATS n’est redevable<br />

qu’à ses actionnaires. »<br />

Changement de paradigme : jusqu’à<br />

présent, l’agence s’était définie<br />

comme une entreprise non axée sur<br />

les profits. Au lieu de dévoiler la véritable<br />

structure des coûts, comme l’exigeaient<br />

les employés dans une résolution<br />

du 8 décembre, Schwaab a fait<br />

envoyer les lettres de licenciement en<br />

janvier.<br />

Les journalistes concernés sont<br />

alors passés à l’action. Lors de plusieurs<br />

assemblées de la rédaction, le<br />

personnel s’est organisé. Il a formulé<br />

des revendications à l’intention de la<br />

direction de l’entreprise et a rendu<br />

publiques les méthodes utilisées.<br />

Pourtant, la direction et le conseil<br />

d’administration ont refusé le dialogue.<br />

Pire encore : comme si le citron<br />

n’avait pas déjà été suffisamment<br />

pressé, les grands groupes de presse<br />

(Tamedia et NZZ) ont réclamé le versement<br />

des réserves avant la fusion avec<br />

Keystone.<br />

Une grève retentissante<br />

Le 23 janvier, les membres de la rédaction<br />

ont décidé de débrayer pendant<br />

trois heures. Le 30 janvier, ils entraient<br />

finalement en grève. Ils ont obtenu un<br />

large soutien d’autres rédactions et<br />

des milieux politiques.<br />

Les responsables de la direction<br />

sont restés sourds à leurs revendications.<br />

Mais après quatre jours de grève<br />

– soutenue par les syndicats à Berne,<br />

Zurich et Lausanne –, le conseil d’administration<br />

a enfin daigné s’asseoir à<br />

la table de négociation.<br />

La grève est interrompue au<br />

moment où <strong>nous</strong> mettons sous presse<br />

ce <strong>magazine</strong>, mais elle n’est pas terminée.<br />

Les journalistes de l’ATS ont<br />

reçu de nombreux messages de solidarité<br />

et poursuivent leur lutte. Ils ont<br />

adressé des lettres ouvertes aux<br />

conseils d’administration, tenté de<br />

négocier de meilleures conditions et<br />

cherché à convaincre les politiciens de<br />

leur engagement pour le maintien de<br />

l’ATS dans le cadre de l’heure des<br />

questions au Palais fédéral, le 5 mars<br />

dernier. Le conflit se prolonge, et les<br />

plans de destruction des propriétaires<br />

de l’ATS se concrétisent. Alors que les<br />

employés tremblent pour l’avenir de<br />

leur agence et mettent tout en œuvre<br />

en vue d’un meilleur plan social pour<br />

les personnes licenciées, le conseil<br />

d’administration et la direction se<br />

murent dans le silence et campent sur<br />

leurs positions.<br />

Il est grand <strong>temps</strong> que l’ATS abandonne<br />

sa politique d’entreprise axée<br />

sur les profits. Une petite part desredevances,<br />

4 millions de francs,<br />

permettrait à l’ATS de souffler et de<br />

continuer à fournir ses services dans<br />

les trois langues nationales. Syndicom<br />

somme les milieux politiques de poser<br />

les jalons nécessaires avant qu’il ne<br />

soit trop tard.<br />

(Nina Scheu)<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/actuel/


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« La planification à la minute du <strong>temps</strong> de travail fait émerger<br />

de nouvelles problématiques telles que la précarité. » Matteo Antonini<br />

Le travail à la tâche,<br />

« nouvelle » norme de<br />

référence ?<br />

Au Moyen Age, ce n’est pas le <strong>temps</strong><br />

qui servait d’unité de mesure, mais<br />

l’action, le produit ou l’objet (travail à<br />

la tâche, etc ). Ce n’est que plus tard,<br />

avec les conquêtes sociales, que le travail<br />

à la tâche a été remplacé par le<br />

<strong>temps</strong> de travail, désormais défini<br />

comme norme de référence. Le travail<br />

à la tâche n’a toutefois jamais disparu<br />

du Code des obligations. <strong>No</strong>us assistons<br />

aujourd’hui à un retour en arrière,<br />

notamment avec l’ubérisation.<br />

Mais le plus préoccupant, c’est la pression<br />

de plus en plus forte sur cette<br />

norme par le biais de la productivité.<br />

L’augmentation des maladies professionnelles,<br />

reconnues ou non, en est<br />

une conséquence. A cette problématique<br />

s’ajoutent de nouvelles formes<br />

de travail imposées, comme le travail<br />

temporaire ou la sous-occupation. La<br />

planification « à la minute » du <strong>temps</strong><br />

de travail fait émerger de nouvelles<br />

problématiques telles que la précarité<br />

économique ou la conciliation entre<br />

vie professionnelle et vie privée. En<br />

tant que syndicat, <strong>nous</strong> devons affronter<br />

ces défis et apporter des réponses<br />

dans l’intérêt de nos membres. Donc,<br />

pour mieux appréhender les dimensions<br />

du phénomène, <strong>nous</strong> avons lancé<br />

une enquête auprès du personnel<br />

de distribution. Elle devrait <strong>nous</strong> permettre<br />

d’effectuer une analyse approfondie,<br />

et ainsi de définir nos revendications<br />

pour améliorer la situation.<br />

Matteo Antonini, responsable du secteur<br />

Logistique et membre du comité directeur<br />

Pour le secteur des<br />

télécommunications,<br />

négociations salariales<br />

fructueuses<br />

<strong>syndicom</strong> a obtenu des augmentations<br />

de 1,1 % en moyenne.<br />

La conjoncture est à la hausse. On parle à nouveau de renchérissement,<br />

alors que les primes d’assurance maladie<br />

explosent. Dans ce contexte, les syndicats de l’USS revendiquent<br />

des augmentations générales jusqu’à 1,5 %, ainsi<br />

que des montants uniformes. Pour le secteur des télécommunications<br />

ou technologies de l’information et de la communication<br />

(TIC), <strong>syndicom</strong> a rempli sa tâche en négociant,<br />

et obtenant des augmentations de 1,1 % en moyenne.<br />

Dans le détail, <strong>syndicom</strong> a convenu avec Swisscom<br />

d’une hausse de salaire de 1,1 % en 2018, pour les employé·e·s<br />

soumis à la CCT. Le montant de cette augmentation<br />

dépend de la performance individuelle et de la position<br />

dans l’échelle des salaires, avec une hausse d’au moins<br />

0,5 % par an pour la majorité du personnel.<br />

Chez Cablex, le résultat des négociations prévoit un relèvement<br />

de la masse salariale de 1,1 % en 2018. Dès le 1er avril,<br />

le salaire cible (objectifs atteints) des employé·e·s de Cablex<br />

est relevé de 960 francs/an. Cela correspond à une hausse<br />

qui peut atteindre 80 francs par mois. Le reste de l’augmentation<br />

salariale devrait être versé en avril 2019, avec la participation<br />

au résultat d’exploitation.<br />

UPC se trouvant dans une passe difficile, <strong>syndicom</strong> s’est<br />

limité à approuver un gel des salaires, à condition qu’UPC<br />

se déclare disposé à renoncer à des suppressions d’emplois.<br />

Par contre, Sunrise et <strong>syndicom</strong> se sont accordés sur<br />

une augmentation de 1 % des salaires, et cela après avoir<br />

également conclu la nouvelle CCT 2018-2021.<br />

Taper où ça fait mal<br />

Encore une loi au rabais : sans contrôles ni<br />

pénalités financières, pas d’égalité !<br />

En bonne forteresse du machisme, le Conseil des Etats a<br />

décidé au début du mois de renvoyer en commission un<br />

projet qui vise à imposer aux entreprises la transparence<br />

salariale. But du projet : combattre une inégalité persistante<br />

entre hommes et femmes. Malgré le droit à un salaire<br />

égal ancré dans la Constitution depuis trente-sept ans et la<br />

loi sur l’égalité, en vigueur depuis vingt-deux ans déjà, ces<br />

inégalités de rémunération sont toujours là.<br />

Le 8 mars, lors de la Journée internationale de la femme,<br />

il n’y avait donc pas grand-chose à fêter. Le même jour, le<br />

Gouvernement français a annoncé vouloir résorber d’ici à<br />

trois ans l’écart salarial de 9 % existant entre hommes et<br />

femmes, à travail équivalent. Ceci grâce à un simple...<br />

logiciel qui sera déployé dans les entreprises pour détecter<br />

les écarts de salaires injustifiés.<br />

Les entreprises auront trois ans pour éliminer ces différences<br />

de salaires. A partir de 2022 elles encourront des pénalités,<br />

jusqu’à 1 % de la masse salariale.<br />

Pourquoi serait-ce impensable en Suisse ? A l’instar de<br />

la taxe CO 2<br />

, la pénalité financière n’est pas une nouveauté.<br />

Elle ne résoudrait pas le fond du problème, mais son application<br />

serait la même pour tous...<br />

Traquer les inégalités restantes à l’aide d’un simple logiciel ? (©DR)<br />

goo.gl/jRnBRP<br />

uss.ch/actuel/


« Il faut savoir si <strong>nous</strong> voulons une Poste qui profite à tous ou<br />

une entreprise qui remplit les caisses fédérales » Daniel Münger<br />

21<br />

« Il est <strong>temps</strong> d’établir<br />

toute la vérité sur la Poste ! »<br />

Le président de <strong>syndicom</strong>, Daniel Münger, s’exprime sur l’affaire<br />

CarPostal, les juteux bénéfices et l’hypocrisie du Parlement.<br />

Alors que la police fédérale enquête<br />

et que les milieux politiques exigent<br />

le départ de la patronne de La Poste,<br />

Susanne Ruoff, <strong>syndicom</strong> se tient à<br />

l’écart. Daniel Münger, êtes-vous trop<br />

prisonnier du partenariat social ?<br />

<strong>No</strong>n, pas du tout ! Madame Ruoff n’est<br />

actuellement* pas <strong>notre</strong> problème le<br />

plus urgent. Ce débat sur sa personne<br />

vise à détourner l’attention de sujets<br />

beaucoup plus importants, comme<br />

l’avenir de La Poste et du service public.<br />

Il s’agit maintenant d’établir la<br />

vérité sur CarPostal et La Poste. Les<br />

pouvoirs publics ne doivent pas être<br />

dupés. Détourner des subventions est<br />

inadmissible.<br />

Le comportement de CarPostal SA ne<br />

semble pas différer de celui d’autres<br />

groupes : des astuces comptables<br />

ont-elles été utilisées pour cacher les<br />

bénéfices ?<br />

<strong>No</strong>us touchons là au cœur du problème.<br />

D’après ce que l’on sait, personne<br />

ne s’est enrichi chez CarPostal.<br />

Il s’agissait manifestement de tirer<br />

des avantages pour l’entreprise. Or<br />

cela révèle une contradiction fondamentale.<br />

D’un côté, La Poste doit fournir<br />

un vaste service public jusque dans<br />

les régions les plus reculées. Ce qui est<br />

juste, car c’est indispensable pour les<br />

clients, pour le pays et sa cohésion. De<br />

l’autre, La Poste doit dégager des bénéfices<br />

élevés pour son actionnaire,<br />

donc pour la Confédération. Il est raisonnable<br />

qu’un service public soit<br />

rentable. Mais doit-il aussi remplir les<br />

caisses de l’Etat et agir comme un<br />

groupe qui réduit les prestations,<br />

baisse les salaires, détériore les conditions<br />

de travail, externalise des parties<br />

d’entreprise pour se soustraire à la<br />

CCT et manipule les chiffres ? Je pense<br />

que ce n’est pas la bonne façon de procéder.<br />

Le responsable de l’Office fédéral<br />

des transports avoue avoir été choqué<br />

par la conception du profit chez<br />

CarPostal.<br />

Rappelons que cette même personne<br />

veut exclure les chauffeurs de passage<br />

de la protection salariale suisse, afin<br />

« Connaître la réalité des coûts » (© DR)<br />

de pouvoir baisser les salaires. Il se<br />

comporte comme les parlementaires<br />

qui feignent la surprise, alors qu’ils<br />

ont participé aux décisions concernant<br />

les objectifs de rendement.<br />

A vous entendre, on a presque<br />

l’impression que vous prenez la<br />

défense de la direction de La Poste ?<br />

Bien au contraire. <strong>No</strong>us combattons<br />

les fermetures d’offices de poste et les<br />

licenciements. <strong>No</strong>us dénonçons la dégradation<br />

des conditions de travail,<br />

les externalisations, etc. Quant à la<br />

direction de CarPostal, nos membres<br />

auraient beaucoup à raconter.<br />

Et aussi sur les salaires exorbitants de<br />

Madame Ruoff et des membres de la<br />

direction, sans oublier les bonus<br />

toujours plus élevés...<br />

Oui, aussi. La présence de ces managers<br />

à La Poste résulte de la même logique<br />

: il est absurde et fatal pour la<br />

Suisse qu’un service public aussi important<br />

soit géré comme un groupe<br />

axé sur la maximisation des profits. La<br />

responsabilité incombe au propriétaire.<br />

Donc à la Confédération.<br />

CarPostal est-il seul à avoir manipulé<br />

les chiffres ? Pouvez-vous encore<br />

croire au manque de rentabilité des<br />

offices postaux allégué par La Poste ?<br />

Pour être franc : depuis que La Poste<br />

utilise une nouvelle base de calcul<br />

pour établir les comptes des offices de<br />

poste, beaucoup affichent de moins<br />

bons résultats qu’avant. Cela fait réfléchir.<br />

<strong>No</strong>us devons connaître la vérité<br />

sur les coûts. <strong>No</strong>us voulons savoir<br />

combien coûte vraiment 1 kilomètre à<br />

CarPostal. Et quels sont les coûts des<br />

offices de poste.<br />

Ne risquez-vous pas de fournir ainsi<br />

des arguments aux chantres de la<br />

privatisation ?<br />

Il y aura toujours une entreprise privée<br />

pour proposer les mêmes prestations<br />

à moindre prix. Oui, mais via la<br />

sous-enchère salariale, avec de longs<br />

horaires de travail dangereux pour la<br />

santé et moins de sécurité pour les<br />

conducteurs et les passagers. Il suffit<br />

de regarder ce qui se passe dans le secteur<br />

de la logistique. Il y règne des méthodes<br />

parfois dignes du Far West. Il<br />

faut savoir ce que l’on veut. Voulons-<strong>nous</strong><br />

une Poste utile à la collectivité<br />

et un service public de qualité, ou<br />

voulons-<strong>nous</strong> 1 milliard de bénéfice ?<br />

Voulons-<strong>nous</strong> un bon réseau de transports<br />

publics, moins polluant et de<br />

bonnes conditions de travail, ou voulons-<strong>nous</strong><br />

le dumping salarial, des<br />

chômeurs et des paysages défigurés ?<br />

Le développement de la civilisation ne<br />

s’obtient pas gratuitement. Il faut en<br />

payer le prix. Il est grand <strong>temps</strong> d’avoir<br />

une réponse claire et une stratégie globale.<br />

Une stratégie globale pour CarPostal ?<br />

Oui, mais il faut aussi un concept pour<br />

les offices de poste et une stratégie<br />

globale pour La Poste. C’est une entreprise<br />

fantastique avec des employé·e·s<br />

performants, fiables et ponctuels. Il<br />

faut cesser de surexploiter ce bijou. Il<br />

faut en finir avec la distribution des<br />

colis chronométrée à la seconde et la<br />

suppression des pauses. Combattre la<br />

prolongation des horaires de travail, la<br />

pression, les réductions de salaire. Et<br />

définir une stratégie crédible pour la<br />

numérisation. Parfois, je m’imagine<br />

La Poste de demain. Une Poste qui<br />

mise sur un solide programme de formation.<br />

Une Poste moderne, axée sur<br />

les prestations pour la collectivité. Ce<br />

serait un véritable atout pour la Suisse.<br />

* L’interview a été réalisée le 26 février.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/actuel/article/mettre-fin-a-larecherche-du-profit-dans-le-service-public/


22 Politique<br />

Rétablir le service public<br />

en changeant de cap<br />

Au siècle dernier, le service<br />

public formait l’épine dorsale<br />

de la Suisse. Poste, chemins<br />

de fers, routes, télécommunications,<br />

mais aussi formation,<br />

recherche, information<br />

(ainsi qu’accès au Web et à<br />

l’eau) sont essentiels pour la<br />

cohésion nationale. Voilà<br />

pourquoi il faut s’opposer au<br />

démantèlement systématique<br />

du service public postal,<br />

comme l’explique Graziano<br />

Pestoni dans son dernier<br />

livre La privatisation de La<br />

Poste suisse. Vous pourrez<br />

lire ci­après des extraits de la<br />

préface écrite par Daniel<br />

Münger et de l’ouvrage de<br />

Pestoni, édité par <strong>syndicom</strong><br />

et la Fondation Pellegrini­Canevascini.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Photo : La Poste<br />

Le service public représente une<br />

forme de propriété commune,<br />

comme autrefois les biens communaux<br />

(common land). Le service<br />

public et les premières assurances<br />

sociales ont été inventés par les<br />

penseurs de la révolution bourgeoise.<br />

Ils étaient conscients du fait<br />

que la démocratie ne peut fonctionner<br />

que si tous les individus d’une<br />

société bénéficient d’une sécurité<br />

élémentaire et de l’accès aux<br />

services publics.<br />

Le pourcentage le plus riche de<br />

la population suisse n’a pas besoin<br />

d’écoles, d’hôpitaux publics, d’un<br />

réseau de transports dense, ni d’un<br />

office de poste à proximité. Les<br />

riches organisent leurs services<br />

privés. Mais la majorité écrasante<br />

des citoyens et citoyennes suisses<br />

dépend, pour sa survie, de l’existence<br />

de l’AVS, de l’AI et de l’assurance<br />

maladie, ainsi que d’un<br />

service public suffisamment<br />

déve loppé et efficace. Les syndicats<br />

et la social­démocratie ont imposé<br />

des progrès comme l’AVS, déjà<br />

reven diquée lors de la grève générale<br />

de 1918. Mais les prestations<br />

publiques et la sécurité sociale<br />

ne sont pas de simples lubies<br />

socialistes : elles sont la propriété<br />

Il faut éviter que la<br />

numérisation serve<br />

de levier à une<br />

nouvelle forme<br />

d’esclavage liée au<br />

travail à domicile.<br />

commune de toutes et tous, des<br />

« commons », comme on les appelle<br />

aujourd’hui. Elles sont le socle sur<br />

lequel repo sent <strong>notre</strong> modèle de<br />

société et la paix sociale dans <strong>notre</strong><br />

pays. Mais, comme l’explique<br />

Graziano Pestoni, cette base est<br />

systéma tiquement pilonnée depuis<br />

de nombreuses années.<br />

Les effets de la privatisation<br />

Jus qu’au milieu des années 90, les<br />

grandes entreprises de l’Etat, telles<br />

que les anciennes régies fédé rales<br />

(poste, télécommunications, CFF),<br />

étaient des piliers de la collectivité.<br />

Ces entreprises fédérales, mais<br />

aussi cantonales et communales,<br />

offraient des places de travail<br />

qualifiées, la sécurité de l’approvisionnement,<br />

la protection sociale,<br />

l’équité et l’égalité de traitement.<br />

Leur objectif était de mettre à<br />

disposition des marchandises ou<br />

des services : eau potable, formation,<br />

services postaux ou administratifs,<br />

transports publics.<br />

Bien évidemment pris en compte,<br />

l’aspect financier n’était toutefois<br />

pas prioritaire. Le service public<br />

était soumis au contrôle démocratique.<br />

<strong>No</strong>n seulement la responsabilité<br />

stratégique de ces entreprises<br />

était du ressort d’un organe législatif<br />

(Chambres fédérales, Conseil<br />

d’Etat ou Conseil communal), mais<br />

la responsabilité opérationnelle<br />

était aussi aux mains des pouvoirs<br />

publics, c’est­à­dire de l’organe<br />

exécutif correspondant. On pouvait<br />

à tout moment intervenir pour


Il faut réintroduire les anciennes régies fédérales qui étaient efficaces ainsi que les prestations<br />

supprimées dans les centres et les régions périphériques. Mais simultanément, il faut renouveler<br />

le service public et le transfomer en service public numérique. Cela ne se passera pas sans renforcer<br />

la protection des travailleurs, en développant les CCT et la sécurité au travail.<br />

23<br />

corriger le cap. Les citoyens pouvaient<br />

influencer les décisions qui<br />

les concernaient à travers<br />

leurs représentantes et représentants,<br />

ou au moyen de référendums<br />

pour exiger une destitution des<br />

fonctions. En revanche, les sociétés<br />

ano nymes, qui sont ensuite devenues<br />

à la mode, se soustraient à ce<br />

contrôle, car les conseils d’administration<br />

disposent seuls de toutes les<br />

compétences. La privatisation et la<br />

libéralisation ont transformé en<br />

marchandises les prestations de<br />

service et les conditions de travail.<br />

Un changement de cap s’impose<br />

de façon générale. Le service<br />

public doit être rétabli. Cela signifie<br />

qu’il faut réintroduire les ex­régies<br />

fédérales qui étaient efficaces.<br />

L’objectif de La Poste Suisse ne<br />

devrait plus consister à réaliser un<br />

profit maximal, mais à satisfaire les<br />

besoins des utilisateurs. A cet effet,<br />

les prestations supprimées ces<br />

der nières années devraient être<br />

réintroduites, non seulement dans<br />

les centres urbains mais aussi dans<br />

les régions périphériques. La Poste<br />

devrait redevenir un service de<br />

proximité pour les citoyennes et<br />

citoyens. Dans cette logique, il ne<br />

s’agit pas de combattre les nouvelles<br />

technologies, mais de compléter<br />

l’offre actuelle de prestations au<br />

lieu de la remplacer sans tenir<br />

compte des conséquences négatives.<br />

Accès et pouvoir d’accès<br />

Or la numérisation <strong>nous</strong> montre justement<br />

à quel point un bien commun<br />

largement développé est/serait<br />

aujourd’hui nécessaire. Sans service<br />

public, il n’y a pas d’avenir pour une<br />

numérisation sociale et progressiste.<br />

Tout commence par les<br />

réseaux : seule la mise en place<br />

d’une desserte sans discrimination,<br />

dans tout le pays, permet de garantir<br />

à tous l’accès aux nouvelles technologies<br />

de communication et aux<br />

nouveaux modèles de travail. Les<br />

fournisseurs privés ne sont pas en<br />

mesure de fournir cette offre, pour<br />

des raisons évidentes cent fois<br />

démontrées.<br />

Dans la transformation<br />

numérique en cours, l’accès est le<br />

mot­clé. Seul un accès libre et peu<br />

coûteux aux réseaux et aux services<br />

permettra de tenir les promesses de<br />

la digitalisation. Le big data en offre<br />

un parfait exemple. Ses applications<br />

Seul un accès<br />

libre aux réseaux<br />

permettra de tenir<br />

les promesses<br />

de la digitalisation.<br />

sont un instrument fondamental à<br />

l’ère numérique. Or si elles ne sont<br />

accessibles qu’aux grandes entreprises<br />

qui peuvent en payer le prix<br />

exorbitant, la concentration du<br />

pouvoir économique s’accélérera<br />

drastiquement. Sans accès à ces<br />

outils, des dizaines de milliers de<br />

PME devraient mettre la clé sous<br />

la porte. <strong>No</strong>us <strong>nous</strong> en rendons<br />

compte (et pas seulement ici) : le<br />

service public doit être développé et<br />

transformé en un service public<br />

numérique. Les pouvoirs publics<br />

doivent offrir ces instruments.<br />

Tout se joue sur l’accès et sur<br />

la souveraineté des données<br />

per sonnelles : l’accès aux services,<br />

sans devoir en payer le prix fort à<br />

des prestataires privés; l’accès aux<br />

offres de formation et d’information,<br />

et à bien d’autres choses.<br />

Pour éviter que la numérisation se<br />

trans forme en un puissant ins trument<br />

de discrimination et serve de<br />

levier à une nouvelle forme d’esclavage<br />

liée au travail à domicile, le<br />

service public doit être mas sivement<br />

renforcé. Il faut aussi développer les<br />

CCT et les dispositions légales de<br />

protection du travail, afin d’empêcher<br />

que les nouvelles formes de<br />

travail conduisent à une régression<br />

sociale catastrophique et à la<br />

déshumanisation.<br />

Que faire ?<br />

A l’ère de la libéralisation, la<br />

solution proposée par Pestoni<br />

semble peut­être utopique, mais les<br />

utopies servent à montrer le chemin<br />

à emprunter. Le livre se conclut par<br />

une citation du philosophe Zygmunt<br />

Bauman, récemment disparu :<br />

« L’avenir, c’est ce que <strong>nous</strong> en<br />

faisons. » Tout dépend de <strong>nous</strong>,<br />

rappelle Pestoni. Rétablir le service<br />

public, et pas seulement dans le<br />

domaine postal, implique de<br />

favoriser les intérêts collectifs, les<br />

droits des citoyens et la qualité de<br />

vie de la population plutôt que la<br />

logique du marché. C’est une tâche<br />

titanesque. Mais il serait faux de<br />

croire qu’elle est impossible. Dans<br />

d’autres pays, comme <strong>nous</strong> avons<br />

pu le voir, les protestations de la<br />

population ont obligé les gouvernements<br />

et les parlements à renationaliser<br />

certaines prestations privatisées<br />

auparavant. En Suisse, ce<br />

mouvement est certes encore fragile<br />

et hésitant, mais il semble prendre<br />

de l’ampleur. <strong>No</strong>s décisions d’aujourd’hui<br />

modèlent la société et le<br />

monde de demain.<br />

Trois scénarios pour l’avenir<br />

En conclusion, Graziano Pestoni<br />

distingue trois scénarios possibles.<br />

Le premier (statu quo) est<br />

le scénario noir, la voie néolibérale.<br />

La loi sur la poste et la politique des<br />

dirigeants de La Poste restent ici<br />

inchangées. Ce scénario signifierait<br />

d’autres fermetures d’offices de<br />

poste, le démantèlement du service<br />

de distribution, des hausses de prix,<br />

la vente d’actions de PostFinance à<br />

des privés et la détérioration des<br />

conditions de travail. Ce scénario<br />

mettrait fin à La Poste suisse.<br />

Le deuxième scénario (résistance)<br />

est celui qui se déroule<br />

aujour d’hui. Alors que le processus<br />

de destruction se poursuit, d’autres<br />

acteurs font la différence : population,<br />

communes, cantons, syndicats,<br />

forces progressistes. Ces forces<br />

de résistance sont parvenues à<br />

modifier certaines décisions et à<br />

empêcher ou retarder certaines<br />

détériorations. En d’autres termes,<br />

à limiter les dégâts. Ces mouvements<br />

de résistance ne suffisent<br />

toutefois pas à maintenir ou rétablir<br />

un véritable service public.<br />

Le dernier scénario (statu quo<br />

ante) pose la question fondamentale<br />

du retour de La Poste au service<br />

public, afin de garantir l’universalité,<br />

l’accessibilité, la continuité,<br />

l’efficacité, l’utilité sociale, le statut<br />

des travailleurs, la confidentialité.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/themes/campagnes/<br />

poste­digitalisation­demantelement/


24 Après le oui puissant au mandat de service<br />

public des médias, le combat pour la diversité<br />

de la presse se poursuit.<br />

La démocratie a besoin<br />

de médias indépendants<br />

Chers et chères délégué·e·s du congrès de <strong>syndicom</strong>, vous<br />

vous êtes prononcés avec force, déjà quatre mois avant le vote,<br />

contre la dangereuse initiative <strong>No</strong> Billag. Et pour un mandat de<br />

service public solide dans les médias. De nombreux membres<br />

de <strong>syndicom</strong> se sont aussi engagés lors de la campagne de<br />

votation. Et vous avez obtenu gain de cause le 4 mars dernier.<br />

<strong>No</strong>us vous en remercions de tout cœur !<br />

Il faut fêter ensemble cette victoire. Le 4 mars, les Suissesses<br />

et les Suisses ont dit : <strong>nous</strong> refusons la soupe de l’info<br />

de droite, <strong>nous</strong> ne voulons pas de commerce sur les mégahertz.<br />

<strong>No</strong>tre combat continue, pour renforcer le service public dans<br />

les médias et promouvoir de nouvelles mesures d’aide. Car le<br />

jour même du résultat des votations, les ennemis de la SSR<br />

lançaient de nouvelles attaques. <strong>No</strong>us les combattrons. Il est<br />

incompréhensible que la direction de la SSR annonce aussitôt<br />

de nouvelles mesures d’économie et de suppression d’emplois.<br />

Le personnel mérite mieux !<br />

Il faut renforcer la diversité de l’information dans les journaux,<br />

les médias en ligne, à la radio et à la télévision. Car<br />

Tamedia, NZZ, AZ Medien ou Somedia la détruisent en regroupant<br />

les rédactions et réduisant sans cesse le personnel.<br />

Google, Facebook & Cie et les plateformes des grands éditeurs<br />

pompent l’argent du marché publicitaire des médias pour<br />

alimenter les grands groupes et leurs propriétaires. Cet argent<br />

doit être réinvesti dans un journalisme de meilleure qualité et<br />

dans le personnel !<br />

L’accès à une offre d’information complète est un droit<br />

fondamental. Il ne peut être garanti que par un service public<br />

solide. La qualité et la diversité doivent reposer sur une base<br />

économique robuste. Par conséquent, la classe politique doit<br />

s’atteler à la question de l’imposition des bénéfices de Google,<br />

Facebook & Cie et des taxes sur les recettes publicitaires.<br />

Dans le cas de l’Agence télégraphique suisse (ATS), il n’y a<br />

plus une minute à perdre : les éditeurs, qui veulent supprimer<br />

un quart de la rédaction, compromettent les bases mêmes de<br />

l’information à la société. Les responsables politiques doivent<br />

intervenir. Accorder quelques millièmes de part des redevances<br />

à l’ATS, comme le propose le Conseil fédéral, l’aiderait à poursuivre<br />

sa mission. C’est une forme peu coûteuse d’aide, car la<br />

survie d’un grand nombre de médias de petite taille dépend des<br />

dépêches fournies par l’ATS.<br />

Stefanie Vonarburg et Roland Kreuzer


Droit au but !<br />

25<br />

Questions au service juridique de <strong>syndicom</strong><br />

Je travaille depuis peu à 60 %, à raison de trois jours fixes<br />

par semaine, à savoir huit heures le lundi, le mardi et le<br />

jeudi. Or, je viens d’apprendre que le prochain jour férié à<br />

venir, Vendredi saint, ne sera pas compensé parce que je ne<br />

travaille pas ce jour de la semaine. Je trouve cela injuste et<br />

ne comprends pas cette manière de faire. Est-ce légal ?<br />

De plus, j’aimerais savoir comment cela se passera pour<br />

les vacances. Seront-elles calculées en fonction de mon<br />

<strong>temps</strong> partiel ?<br />

Enfin, mon employeur insiste sur le fait que si je dois me<br />

rendre à un rendez-vous médical, je le fasse un jour où je<br />

ne travaille pas. Est-ce normal ?<br />

Merci de m’éclairer sur mes droits et meilleures salutations.<br />

Réponses<br />

Pour le travail à <strong>temps</strong> partiel, il y a<br />

deux méthodes de calcul des heures :<br />

1. Jours fixes : lorsqu’un jour férié<br />

tombe sur un jour normalement<br />

travaillé, le nombre d’heures généralement<br />

effectuées est pris en compte.<br />

Mais si le jour férié tombe sur un jour<br />

non travaillé, il n’y a aucune compensation.<br />

La jurisprudence ne considère<br />

pas cela comme inégalité de traitement<br />

par rapport au plein <strong>temps</strong> car<br />

la situation s’équilibre sur l’année,<br />

tous les jours fériés ne tombant pas<br />

sur le même jour de la semaine.<br />

2. Le nombre d’heures hebdomadaires<br />

est divisé par celui des jours de<br />

travail : à 60 %, tu dois donc effectuer<br />

4 h 50 / jour. Quand il y a un jour férié,<br />

c’est ce total qui est déterminant<br />

(comme tu travailles huit heures le<br />

lundi, seules 4 heures 50 seront<br />

prises en compte à Pâques p. ex.). Là<br />

encore, la jurisprudence ne considère<br />

pas qu’il y a inégalité de traitement.<br />

Ton employeur applique la première<br />

méthode, ce qui est tout à fait légal.<br />

A <strong>temps</strong> partiel ou à plein <strong>temps</strong>, le<br />

droit aux vacances est le même.<br />

Ce n’est pas parce que tu travailles<br />

à 60 % que tu ne pourras prendre que<br />

douze jours de vacances sur les<br />

quatre semaines annuelles prévues.<br />

Tu as donc bien droit à 20 jours<br />

effectifs de vacances par année.<br />

En vertu de l’art. 321a CO, l’employé<br />

a un devoir de diligence et de fidélité<br />

envers son employeur. Cela implique<br />

entre autres qu’il ou elle limite ses<br />

absences dans toute la mesure du<br />

possible. Mais si un employeur exige<br />

que son personnel à <strong>temps</strong> partiel ne<br />

prenne pas de rendez-vous médical<br />

pendant le <strong>temps</strong> de travail, il<br />

outre passe ses droits. En effet, on<br />

peut alors considérer qu’il y a<br />

inégalité de traitement par rapport<br />

aux employé·e·s à <strong>temps</strong> plein.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/service-des-membres/<br />

<strong>magazine</strong>/


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

Pour se défendre :<br />

se former et s’informer<br />

Lors de permanences syndicales ou<br />

d’inscriptions au chômage, <strong>nous</strong><br />

avons pu constater que trop de personnes<br />

méconnaissent leurs droits.<br />

Par exemple, le rôle et les limites<br />

des conventions collectives ne sont<br />

pas clairs pour tou·te·s. Il est parfois<br />

difficile de trouver les infos utiles<br />

dans un <strong>temps</strong> acceptable et de ne<br />

pas se laisser impressionner par le<br />

jargon juridique. Lors du séminaire<br />

des 4 et 5 juin, un avocat spécialiste<br />

du droit du travail traitera des sources<br />

(Code des obligations, loi sur le<br />

travail) et des rapports entre elles.<br />

Face à des discours politiques<br />

qui confinent trop souvent au mensonge<br />

et à une démagogie crasse, il<br />

est important d’avoir les clés pour<br />

décrypter le message, ainsi que des<br />

repères historiques. Voilà ce dont<br />

traitera le cours du 6 juin « Propagande<br />

politique – apprendre à déceler<br />

la manipulation ».<br />

Des CCT, fort bien. Mais comment<br />

les faire appliquer sur son lieu<br />

de travail ? Le 20 juin il sera question<br />

du rôle du syndicat et du partenariat<br />

social, ainsi que des limites<br />

dudit partenariat. Cas pratiques<br />

à l’appui, les participants apprendront<br />

à identifier les situations dans<br />

lesquelles il faut absolument faire<br />

appel à un syndicat.<br />

Inscription à ces trois cours :<br />

par my.<strong>syndicom</strong> ou sur le site de<br />

Movendo.<br />

Pour prendre un bol d’air on peut<br />

s’inscrire, sur le site d’Helias, à<br />

l’atelier « Fabricants d’images » qui<br />

aura lieu le 6 juillet. C’est l’occasion<br />

de se réapproprier les outils tels que<br />

crayons, colle ou ciseaux, et d’ envoyer<br />

valser le « virtuel » .<br />

movendo.ch et helias.ch<br />

Jardinons ensemble<br />

dans les villes<br />

Avec le retour des températures<br />

printanières, les amateurs de jardinage<br />

se remettent à bichonner leurs<br />

lopins de terre : dans un chariot à<br />

commissions échoué sur un trottoir,<br />

une vieille baignoire, des sacs de<br />

jute, des palettes CFF ou des friches.<br />

Le jardinage urbain (ou urban gardening<br />

en anglais), né dans les quartiers<br />

défavorisés de New York dans<br />

les années septante, s’est répandu à<br />

travers le monde jusque dans nos<br />

villes suisses. Il vise à promouvoir le<br />

développement durable, la production<br />

locale et la diversité biologique.<br />

Mais plus encore : pour le jardinier<br />

urbain, le jardin n’est pas un refuge<br />

privé, mais un laboratoire pour<br />

développer de nouvelles formes de<br />

vie citadine. De Saint-Gall à Genève,<br />

le jardin communautaire est un<br />

point de rencontre : entre voisins de<br />

différentes cultures, entre générations,<br />

entre divers milieux sociaux.<br />

Ceux qui souhaitent parler semences,<br />

philosopher ou refaire le<br />

monde tout en jardinant peuvent<br />

monter leur propre projet ou s’associer<br />

à un jardin communautaire<br />

près de chez eux.<br />

A Bâle, l’association Urban Agriculture<br />

a répertorié 50 initiatives –<br />

des jardins intergénérations aux<br />

projets de permaculture, en passant<br />

par les initiatives de protection<br />

des abeilles – et offre son soutien à<br />

la réalisation de projets individuels.<br />

A Zurich, le Merkurgarten offre bien<br />

plus qu’un espace communautaire à<br />

cultiver ; des concerts, des spectacles<br />

de théâtre, des expositions ou<br />

des lectures en plein air s’y déroulent<br />

aussi.<br />

A Genève et Lausanne, l’ONG<br />

Equiterre a notamment contribué<br />

à la création d’un jardin dans un<br />

centre d’accueil pour réfugiés.<br />

equiterre.ch, merkurgarten.ch et<br />

urbanagriculturebasel.ch<br />

© Fotolia<br />

La Poste doit être<br />

renationalisée<br />

« Ce fut le début d’un changement<br />

néfaste, le début de la fin d’une entreprise<br />

attachée jusqu’alors au développement<br />

économique et social,<br />

à la réduction des disparités ainsi<br />

qu’à l’égalité de traitement des habitants<br />

de <strong>notre</strong> pays, indépendamment<br />

de leur lieu de domicile. »<br />

Le début auquel se réfère Graziano<br />

Pestoni dans son excellent livre<br />

sur la privatisation de La Poste est<br />

l’année 1997. Cette année-là, La<br />

Poste Suisse cessa d’être un service<br />

public et devint une entreprise<br />

comme les autres. Ce fut le début de<br />

la fin. Pestoni explique les étapes de<br />

ce choix et ses conséquences. Les<br />

secteurs rentables (télécommunications<br />

ou remise de colis en milieu<br />

urbain) furent privatisés ou libéralisés.<br />

Les services déficitaires, tels<br />

que la distribution dans les régions<br />

périphériques, furent laissés à La<br />

Poste, à laquelle on imposa toutefois<br />

de réaliser des bénéfices. Cette<br />

décision fut prise de manière autonome<br />

par nos représentants politiques<br />

imprégnés du dogme néolibéral.<br />

Le livre explique comment <strong>notre</strong><br />

Poste s’est transformée en cette<br />

société anonyme antipathique<br />

d’aujourd’hui et pourquoi ces choix<br />

politiques se sont répercutés sur le<br />

service public et les conditions de<br />

travail. Aujourd’hui, pour remplir le<br />

mandat de réaliser des bénéfices, La<br />

Poste est devenue l’entreprise qui a<br />

maquillé les comptes de CarPostal<br />

au détriment de la collectivité, qui<br />

en détient pourtant toujours la<br />

propriété (voir scandale CarPostal).<br />

Ce livre arrive à point. Au<br />

moment où il faut réfléchir à un<br />

changement d’orientation. Un changement<br />

qui, selon l’auteur, peut être<br />

résumé en un mot : renationaliser.<br />

Graziano Pestoni: Privatisations. Editions<br />

d’en bas, à paraître en avril


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements Les syndicats sont en marche :<br />

contre la destruction de l’ATS par les actionnaires, contre la tentative de la<br />

droite de détruire la liberté d’expression en tirant la prise à la radio et à la télévision<br />

publiques, contre les discriminations envers les femmes.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4


1, 2, 3, 4 Impressions des diverses actions de lutte de l’ATS contre les licenciements collectifs (p. 18)<br />

5, 6, 7 « Action contre l’extinction des lumières », le 30 janvier, devant le Palais fédéral. La campagne contre <strong>No</strong> Billag a porté ses fruits :<br />

le 4 mars, le peuple a opposé un non cinglant à l’initiative. (© Florian Aicher)<br />

8, 9, 10 Journée internationale des femmes, le 8 mars, à Berne : les inégalités salariales persistantes étaient au centre des revendications.<br />

29<br />

6<br />

5<br />

7<br />

8<br />

9 10


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

Maria Giudicetti<br />

Le syndicat, c’est une grande famille<br />

Née en 1976, Marzia vit aujourd’hui<br />

dans le val Calanca. Elle fréquente<br />

l’Ecole cantonale de commerce et<br />

d’administration à Bellinzone. En 1996,<br />

à l’issue de sa formation, elle commence<br />

sa carrière auprès de la Société<br />

suisse des bura listes postaux (SBP).<br />

En 2002, elle intègre l’office de poste<br />

de Claro (2900 habitants), où elle<br />

travaille aujourd’hui comme consultante<br />

Clientèle au guichet. Menacé de<br />

fermeture, cet office figure sur la<br />

« liste noire » de La Poste. Cela a incité<br />

Marzia à rejoindre le groupe d’action<br />

RéseauPostal.<br />

Texte : Barbara Iori<br />

Photo : mise à disposition<br />

La transparence et la<br />

solidarité me tiennent<br />

à cœur<br />

Dans la famille, ma maman travaillait<br />

déjà à La Poste. Elle est encore<br />

affiliée au syndicat. Mon grand-père,<br />

Luigi Bologna, avait une sainte<br />

horreur de l’injustice et défendait<br />

les plus faibles : il fut le cofondateur<br />

du Parti socialiste de Roveredo et<br />

était membre de la Fédération des<br />

tra vailleurs de la métallurgie et de<br />

l’horlogerie (FTMH). Je cultive un<br />

esprit de solidarité qui me vient de<br />

lui.<br />

Lorsque j’ai commencé à travailler<br />

à l’office des remplacements, tous<br />

mes collègues étaient affiliés au<br />

syn dicat. Il était normal d’en faire<br />

partie. J’ai donc adhéré au Syndicat<br />

de la communication, devenu<br />

l’actuel <strong>syndicom</strong>. A l’office des<br />

remplacements, j’ai dû assurer<br />

diverses tâches : j’ai remplacé des<br />

responsables d’office, des collègues<br />

au guichet et parfois aussi du<br />

personnel de distribution.<br />

Ma vraie rencontre avec le<br />

syndicat remonte à 2005 lorsque j’ai<br />

fait la connaissance de Marco Forte,<br />

secrétaire régional de <strong>syndicom</strong>,<br />

à qui j’ai demandé de l’aide concernant<br />

le plan social en application<br />

suite aux mesures de réorganisation.<br />

A La Poste, j’ai souffert du manque<br />

de respect de valeurs qui me tiennent<br />

à cœur, telles que la transparence.<br />

La réorganisation a coïncidé avec un<br />

moment difficile de ma vie, lorsque<br />

j’ai perdu ma grand-mère qui m’avait<br />

élevée avec ma maman. Je me suis<br />

sentie faible. <strong>syndicom</strong> m’a soutenue<br />

sans me juger, de manière inconditionnelle.<br />

Le syndicat, c’est ça : tu ne<br />

te sens jamais seule. Au début de<br />

2017, la passion que je voue à mon<br />

travail m’a incitée à rejoindre le<br />

groupe d’action RéseauPostal, pour<br />

lutter contre la nouvelle vague<br />

de fermetures d’offices de poste.<br />

Ce groupe réunit des collègues de<br />

La Poste issus de toutes les régions<br />

du Tessin. <strong>No</strong>us y échangeons nos<br />

expériences et décidons ensemble<br />

comment résoudre les problèmes et<br />

agir. <strong>No</strong>us sommes tous affiliés au<br />

syndicat et tenons tous à <strong>notre</strong><br />

entreprise.<br />

Le stress au travail ? Oui, <strong>nous</strong><br />

connaissons. Quand <strong>nous</strong> avons trop<br />

de travail, <strong>nous</strong> <strong>nous</strong> entraidons.<br />

<strong>No</strong>us sommes une bonne équipe.<br />

Mais je suis bien consciente du fait<br />

que l’ambiance harmonieuse de<br />

Claro ne règne pas dans les autres<br />

offices de poste. Toutefois, le vrai<br />

stress, c’est l’incertitude face à<br />

l’ave nir, la peur de perdre son<br />

emploi. Dans ces moments-là, on est<br />

beaucoup plus vulnérable. La Poste<br />

devrait en avoir conscience. C’est<br />

pourquoi, le 6 mai dernier, j’ai<br />

par ti cipé avec ma maman à la<br />

mani festation de Bellinzone pour la<br />

défense du service postal. Et le<br />

27 janvier, <strong>nous</strong> n’avons pas manqué<br />

de manifester contre l’initiative<br />

<strong>No</strong> Billag, pour clamer haut et fort<br />

« Touche pas à mon service public ! »<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/actuel/article/un-signal-clairpour-le-service-public-dans-les-medias/


18<br />

Impressum<br />

Rédaction : Sylvie Fischer, Marie Chevalley,<br />

Giovanni Valerio, Marc Rezzonico, Oliver Fahrni<br />

Mots-croisés Syndicom mars 2018<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Illustrations, dessins de portrait : Katja Leudolph Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Images sans Mot © mystère : mises à : disposition<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

Mise en page, correction, imprimerie 1 2 : Stämpfli 3 AG, 4 de 5 membre. 6 <strong>No</strong>n-membres 7 8 : Fr. 9 50.– 10 (Suisse), 11<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

Fr. 70.– (étranger)<br />

I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

VI<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

6 4<br />

6 7 8 9 10 11<br />

9 10 11 12 13 14 15<br />

croisés X Syndicom mars 2018<br />

1<br />

3<br />

DÉFINITIONS<br />

5 2<br />

Mot mystère :<br />

de colonnes. IX. Coucou DÉFINITIONS noir.<br />

1 2 3 4 5 6 7 Partages 8 9 10 capitalistes. 11 Avant-dernière<br />

Horizontalement : I. Pondre au<br />

case. X. Cube de bois. kilomètre. Beaucoup. Réclame. II. Baptisée. Mit<br />

2 DÉFINITIONS<br />

3 4 5 6 7 8 9 10 11 Entre 12 Bosphore 13 14 et Kouriles. 15 à plat. III. Particule. Avant top. Après<br />

si. Bœuf. IV. Avant le Temps. Ouste !<br />

Patron égyptien. Gazette. V.<br />

Horizontalement : I. Pondre au Verticalement : 1. Pointeras. Première impression. 2. À Tas d'hommes.<br />

6 4<br />

kilomètre. Réclame. II. Baptisée. Mit pleines dents. 3. Bienveillance VI. Ancien cours de du Danube. Étrurie.<br />

VII. Temps qui passe. Demi-déesse<br />

15 à plat. III. Particule. Avant 7 top. Après Confucius. Refroidie. 4. Dans le vent.<br />

égyptienne. Entamera. VIII. Équipes<br />

si. Bœuf. IV. Avant le Temps. Ouste ! Cale. Actions. 5. Électeur. de Ouvre. colonnes. 6. IX. Coucou noir.<br />

Patron égyptien. Gazette. V. Proche. Claudique. 7. Partages Tirage. capitalistes. 8. Avant-dernière<br />

case. X. Cube de bois. Beaucoup.<br />

Première impression. Tas d'hommes. Masculin. Avec des flèches. Le<br />

Entre Bosphore et Kouriles.<br />

VI. Ancien cours du Danube. Étrurie.<br />

3<br />

VII. Temps qui passe. Demi-déesse<br />

égyptienne. Entamera. VIII. Équipes<br />

de colonnes. IX. Coucou noir.<br />

Partages capitalistes. Avant-dernière<br />

2<br />

case. X. Cube de bois. Beaucoup.<br />

Entre Bosphore et Kouriles.<br />

Verticalement : 1. Pointeras. 2. À<br />

pleines dents. 3. Bienveillance de<br />

Confucius. Refroidie. 4. Dans le vent.<br />

Annonce<br />

Cale. Actions. 5. Électeur. Ouvre. 6.<br />

Proche. Claudique. 7. Tirage. 8.<br />

Masculin. Avec des flèches. Le<br />

"machin". 9. Belle ampoule. Sorte de<br />

choucroute. 10. Da. Cornette. 11.<br />

Amon. Apportés. 12. Lettre<br />

irlandaise. Glaris. 13. Ne se croisent<br />

jamais. 14. Intérêt excessif. Papa de<br />

Tintin. 15. Minuscule.<br />

5 2<br />

Offre spéciale<br />

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des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

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7<br />

12. Lettre<br />

irlandaise. Glaris. 13. Ne se croisent<br />

jamais. 14. Intérêt excessif. Papa de<br />

Tintin. 15. Minuscule.<br />

7<br />

Verticalement : 1. Pointeras. 2. À<br />

pleines dents. 3. Bienveillance de<br />

Confucius. Refroidie. 4. Dans le vent.<br />

Cale. Actions. 5. Électeur. Ouvre. 6.<br />

Proche. Claudique. 7. Tirage. 8.<br />

Masculin. Avec des flèches. Le<br />

"machin". 9. Belle ampoule. Sorte de<br />

choucroute. 10. Da. Cornette. 11.<br />

Amon. Apportés. 12. Lettre<br />

irlandaise. Glaris. 13. Ne se croisent<br />

jamais. 14. Intérêt excessif. Papa de<br />

Tintin. 15. Minuscule.<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustrasse 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

DÉFINITIONS<br />

Le numéro 5 paraîtra le 25 mai 2018.<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

Horizontalement 18 avril 2018. : I. Pondre au<br />

kilomètre. Réclame. II. Baptisée. Mit<br />

à plat. III. Particule. Avant top. Après<br />

si. Bœuf. IV. Avant le Temps. Ouste !<br />

Patron égyptien. Gazette. V.<br />

Première impression. Tas d'hommes.<br />

VI. Ancien cours du Danube. Étrurie.<br />

VII. Temps qui passe. Demi-déesse<br />

égyptienne. Entamera. VIII. Équipes<br />

de colonnes. IX. Coucou noir.<br />

Partages capitalistes. Avant-dernière<br />

case. X. Cube de bois. Beaucoup.<br />

Entre Bosphore et Kouriles.<br />

Verticalement : 1. Pointeras. 2. À<br />

pleines dents. 3. Bienveillance de<br />

Confucius. Refroidie. 4. Dans le vent.<br />

Cale. Actions. 5. Électeur. Ouvre. 6.<br />

Proche. Claudique. 7. Tirage. 8.<br />

Masculin. Avec des flèches. Le<br />

"machin". 9. Belle ampoule. Sorte de<br />

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Amon. Apportés. 12. Lettre<br />

irlandaise. Glaris. 13. Ne se croisent<br />

jamais. 14. Intérêt excessif. Papa de<br />

Tintin. 15. Minuscule.<br />

Les mots croisés<br />

Le·la gagnant·e, dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra une<br />

carte cadeau d’une valeur de 40 francs,<br />

offerte par <strong>notre</strong> partenaire Coop. Prière<br />

d’envoyer votre solution (le mot-mystère<br />

seulement) jusqu’au 18 avril à<br />

Rédaction <strong>syndicom</strong> magazin, Monbijou<br />

strasse 33, case postale, 3001 Berne.<br />

Les gagnants du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

<strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> 3/2018 était<br />

« RÉSEAU ».<br />

Les gagnants sont Madame et Monsieur<br />

Clothilde et Claude-Bernard Saudan,<br />

de Saint-Pierre-de-Clages.<br />

Ils recevront un pack de froid de <strong>notre</strong><br />

partenaire CPT. Vives félicitations !<br />

Demandez votre carte AgipPLUS<br />

RABAIS : - 4,5 cts/litre d’essence SP et Diesel<br />

Taxe annuelle CHF 10.- offerte<br />

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Frais mensuels de facturation CHF 2.50 offerts<br />

Commandez votre demande de carte à <strong>notre</strong> secrétariat<br />

cts par litre<br />

+41 (0)58 817 18 18 - mail@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

31


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Mobile 27.2.2018<br />

La prochaine génération de communication<br />

mobile va débarquer en Suisse en 2018. En<br />

effet, en partenariat avec l’EPFL, Swisscom va<br />

lancer la 5G, qui pourra être jusqu’à 100 fois<br />

plus rapide que la 4G actuelle. Seul bémol, les<br />

smartphones qui disposent de cette technologie<br />

n’arriveront qu’en 2019.<br />

LINKEDIN 20.2.2018<br />

Le profil LinkedIn de <strong>syndicom</strong> a été<br />

mis à jour ! N’hésitez pas à <strong>nous</strong><br />

suivre. Vous y trouverez des<br />

nouvelles, des articles, des<br />

approfondissements ainsi que nos<br />

offres d’emploi. C’est aussi l’endroit<br />

idéal pour élargir votre réseau<br />

professionnel et connaître nos<br />

employé·e·s.<br />

Journée mondiale 28.2.2018<br />

Le saviez-vous ? Le 28 février a eu lieu la 8ejournée<br />

mondiale sans Facebook. Les 2 milliards d’utilisateurs ont<br />

été invités à se déconnecter pendant 24 heures.<br />

@Majina 2.3.2018<br />

Chaque vache dans une écurie suisse est mieux représentée<br />

dans #parlCH que les femmes qui travaillent,<br />

et qui attendent depuis 37 ans leur droit constitutionnel<br />

à l’égalité salariale :-(<br />

@<strong>syndicom</strong>_fr 15.3.2018<br />

<strong>syndicom</strong> a participé au Forum social<br />

mondial au Brésil où il a présenté son<br />

« Manifeste Travail 4.0 – le monde du<br />

travail numérique » #social #FSM2018<br />

e-nvironnement 2018<br />

Le coût écologique de l’envoi d’un mail<br />

est de 19 grammes de CO2 (= 5 grammes<br />

de pétrole = 24 Wh = 1 ampoule allumée<br />

pendant une heure). Pour une entreprise<br />

comme <strong>syndicom</strong>, cela fait env. 6 tonnes<br />

de CO2 par an. Réfléchissez avant<br />

d’envoyer un mail (et de l’imprimer).<br />

@SergiooFerrari 23.2.2018<br />

Le personnel de l’ATS veut négocier, mais la direction a<br />

rompu les négociations. La rédaction souhaite ouvrir une<br />

procédure de médiation. @<strong>syndicom</strong>_fr<br />

@SVonarburg 4.3.2018<br />

@mediaforti_fr 4.3.2018<br />

Le #<strong>No</strong>nanobillag représente un engagement clair pour le<br />

journalisme et des médias forts. Il est grand <strong>temps</strong> pour<br />

une réforme de la politique des médias. #mediaforti<br />

#SSR prolonge son contrat avec<br />

#ATS aux conditions actuelles<br />

jusqu’à la fin 2019. Les autres<br />

grands clients des médias doivent<br />

cesser leur pression destructrice<br />

sur les prix et s’engager avec l’ATS.<br />

Aussi dès 2020 ! @inside_sda<br />

FACEBOOK (1) Janvier 2018<br />

En janvier 2018, Facebook a modifié son algorithme pour<br />

le fil d’actualité. Les posts des amis et la famille ont<br />

maintenant la priorité sur ceux des entreprises, des<br />

marques et des médias. Donc, pour ne perdre aucune<br />

nouvelle de <strong>syndicom</strong>, abonnez-vous à <strong>notre</strong> page !<br />

FACEBOOK (2) Mars 2018<br />

« Pour améliorer l’expérience utilisateur<br />

», Facebook a commencé à<br />

proposer aux utilisateurs, via une<br />

notification, d’activer la reconnaissance<br />

faciale. Vous pouvez bloquer cette<br />

fonctionnalité dans « Paramètres -><br />

Reconnaissance faciale ».

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