Le Livre sur les quais 2018

R . D U M a S
JM JaC LoT
les rencontres
15
Sandrine Collette
PETiTBon
ian Manook
bUssi - Collette - manooK
Passeport pour le polar
— A l’époque de Code Lupin,
Michel Bussi vendait une dizaine
de livres à une séance de
signatures. L’écrivain était déjà
comblé d’être passé de l’autre
côté de la table. Douze ans plus
tard, il tutoie Guillaume Musso
et Marc Levy en tête du box-office
des meilleures ventes en
France. Mais pour l’auteur de
Nymphéas noirs, Maman a tort
ou Le temps est assassin, «ces
tirages millionnaires relèvent
du virtuel». N’en éprouve ni
orgueil, ni complexe.
Avec sa dernière parution en
librairie, Sang famille, Michel
Bussi corrige, densifie un polar
de jeunesse. De quoi y déceler
sa singularité. «Plutôt que de
régionalisme, j’ai souffert à mes
débuts de ne pas appartenir à
un genre marqué. Je n’écris ni
thriller pur, ni polar de terroir.
Je suis hybride, aux marges de
plusieurs systèmes.
Or les gens inclassables,
c’est très compliqué pour les
éditeurs.» Cela a bien changé.
Aujourd’hui, son seul nom
pose en invitation sur un rayon
de librairie. Du côté des références,
Michel Bussi chuchote
le double héritage de Sébastien
Japrisot (pour le style) et d’Harlan
Coben (pour l’efficacité).
«Evidemment, je suis loin d’y
arriver». A voir.
Éminent spécialiste de la géographie
électorale, ce conteur
inspiré excelle dans les quêtes
d’identité et les histoires de
filiation ancrées dans un décor
spécifique (La Normandie,
La Réunion, La Corse, la
jungle urbaine marseillaise).
Il s’impose surtout en maître
des faux-semblants et du twist
ending (retournement final
inattendu). Tout un art. Le
Michel Bussi
Normand partage une table
ronde avec deux autres romanciers
phare de la littérature de
genre. Dans Juste après la vague,
Sandrine Collette lance une
famille dans une fragile embarcation
sur l’océan déchaîné
alors que trois des enfants ont
été abandonnés sur un îlot que
la mer ronge. Il fallait choisir.
Après avoir nourri le commissaire
Yeruldelgger de ravioles de
moutons gras en Mongolie, Ian
Manook pose son nouvel héros,
un écrivain bourlingueur, au
Mato Grosso. Et c’est toujours
aussi bien. Vous avez compris,
ce «Passeport pour le polar»
vous fera voyager dans toutes les
nuances du noir. — B. C.
Sa | 16h30 | Casino, salle Belle
Époque