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IL ÉTAIT UNE FOIS…<br />
La nuit nous appartient<br />
JEUDI<br />
13<br />
DÉCEMBRE<br />
À 20 H<br />
IL Y A UN PEU PLUS DE DIX ANS SORTAIT CE THRILLER SOMBRE ET FIÉVREUX DE JAMES GRAY<br />
PORTÉ PAR LE DUO MARK WAHLBERG ET JOAQUIN PHOENIX. RETOUR SUR LA GENÈSE<br />
D’UN FILM EN FORME DE CHEMIN DE CROIX DANS UN BROOKLYN PLUVIEUX.<br />
PAR JACQUES PONT-NEUF<br />
Lorsque La nuit nous appartient<br />
sort en 2007, James Gray n’a<br />
pas tourné depuis sept ans.<br />
Depuis The Yards. <strong>Le</strong> cinéaste<br />
raconte dans le livre d’entretiens qui<br />
lui est consacré (Conversations avec<br />
James Gray, Synecdoche) : « The Yards<br />
a été un désastre financier, et Harvey<br />
Weinstein a fait en sorte que je n’aie<br />
plus de travail. » Ainsi va la vie pour<br />
les auteurs à Hollywood, jetés comme<br />
de vulgaires chaussettes à la moindre<br />
contrariété. Heureusement, la Warner<br />
a repêché le naufragé. Et James Gray<br />
est tombé sur une photo… Celle qui<br />
s’ache en une du New York Times le<br />
samedi 22 juillet 2000. On y voit des<br />
policiers en larmes à l’enterrement<br />
d’un des leurs. <strong>Le</strong> cinéaste, troublé,<br />
vient de trouver le thème de son<br />
prochain opus : un film policier qui<br />
ne serait pas centré sur l’enquête mais<br />
sur l’émotion. La lecture d’Henry IV de<br />
Shakespeare infuse son récit, centré<br />
autour de deux frères – l’un, policier<br />
(Mark Wahlberg), l’autre, gérant de<br />
discothèque (Joaquin Phoenix) – et<br />
dominé par une figure paternelle :<br />
le commandant de police Grusinsky<br />
(Robert Duvall). L’action se déroule<br />
dans le New York prégentrification et<br />
ultraviolent de la fin des années 80.<br />
Sous une pluie battante, la mort du<br />
père va rapprocher les deux frères<br />
ennemis. <strong><strong>Le</strong>s</strong> liens du sang, indéfectibles<br />
et puissants, sont au cœur de<br />
ce mélodrame déguisé en polar. <strong>Le</strong><br />
titre, poétique à souhait, paraphrase<br />
la devise qui apparaît sur les badges<br />
des hommes de la Street Crime Unit<br />
de New York : « We own the night ».<br />
Gray seul sur le trottoir<br />
C’est à la fin de l’année 2001 que<br />
James Gray commence à enquêter<br />
sur le terrain, passant plusieurs<br />
nuits collé aux basques d’une unité<br />
de police. Un premier scénario atterrit<br />
sur les bureaux de la Warner en 2002.<br />
<strong>Le</strong> temps de le développer et de se<br />
faire planter par un acteur, c’est<br />
bientôt le boss du studio qui se fait<br />
virer, laissant James Gray seul sur<br />
le trottoir. <strong>Le</strong> film sera finalement<br />
réalisé de façon indépendante, avec<br />
Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix<br />
en coproduction. Sur la Croisette, en<br />
2007, James Gray pense se trouver<br />
en territoire ami. <strong>Le</strong> public cinéphile<br />
lui réserve pourtant un accueil<br />
contrasté, avec siets en prime. Dix<br />
ans plus tard, La nuit nous appartient<br />
est devenu ce classique discret sur<br />
lequel personne ne trouve à redire,<br />
sinon que cette tragédie fiévreuse est<br />
belle comme une rue de Brooklyn au<br />
petit matin juste avant que la brume<br />
ne se disperse et emporte avec elle<br />
les fantômes de la nuit.<br />
<strong>Le</strong> jeudi 13 décembre à 20H, les salles <strong>Pathé</strong> et <strong>Gaumont</strong> vous invitent à une projection exceptionnelle<br />
en version restaurée de ce chef-d’œuvre du 7 e art. La séance sera précédée d’une présentation de<br />
Philippe Rouyer, journaliste de la revue Positif et chroniqueur de l’émission <strong>Le</strong> Cercle sur Canal+.<br />
LES CINÉMAS PATHÉ ET GAUMONT 27