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ÉVÉNEMENT<br />
ÉVÈNEMENT<br />
LAURENT<br />
LAFITTE :<br />
DOUBLURE IDÉALE<br />
POUR LES FÊTES, LE TRÈS ACTIF PENSIONNAIRE DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE<br />
PRÊTE MAGISTRALEMENT SA VOIX AU GRINCH. SA QUATRIÈME EXPÉRIENCE DE DOUBLAGE<br />
DE FILM D’ANIMATION. COMME UN RÊVE DE GOSSE DEVENU RÉALITÉ.<br />
PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY LASSELIN<br />
I N T E R V I E W<br />
Après Turbo, Astérix : <strong>Le</strong> domaine des<br />
Dieux et <strong>Le</strong> Petit Prince, c’est la quatrième<br />
fois avec <strong>Le</strong> Grinch que vous prêtez<br />
votre voix à un personnage animé.<br />
Est-ce un exercice qui vous attirait<br />
particulièrement ?<br />
Je crois avoir toujours rêvé en faire.<br />
Très tôt, gamin, j’ai cherché à savoir<br />
qui doublait les personnages de dessins<br />
animés que je regardais. À 10 ans, je<br />
découvre donc les noms de Micheline<br />
Dax, Roger Carel, Dominique Paturel…<br />
et je m’amuse à essayer de reconnaître<br />
leurs voix dans les multiples personnages<br />
qu’ils incarnent. Alors, me<br />
retrouver, adulte, à faire cet exercice<br />
représente pour moi un pur plaisir<br />
régressif et sincère.<br />
Qu’est-ce qui vous a séduit plus particulièrement<br />
dans le personnage du<br />
Grinch ?<br />
Je n’ai jamais lu le livre du Dr Seuss<br />
et j’ai donc connu <strong>Le</strong> Grinch grâce à<br />
la performance de Jim Carrey dans le<br />
film de Ron Howard. J’adore les personnages<br />
antipathiques qui font rire.<br />
Comme Gru dans Moi, moche et méchant.<br />
<strong>Le</strong> Grinch est en quelque sorte<br />
son cousin. L’exemple type du faux<br />
méchant qui met en place un stratagème<br />
dévastateur pour priver un village<br />
de Noël tout en permettant à ses<br />
habitants de prendre conscience de la<br />
réelle essence de cette fête. <strong>Le</strong> Grinch,<br />
finalement c’est un peu De Funès ! Et<br />
ce qui est formidable avec ce type de<br />
personnages, c’est d’essayer de créer<br />
l’empathie dans l’antipathie.<br />
Comment avez-vous concrètement<br />
construit sa voix ?<br />
<strong>Le</strong> processus de travail peut paraître<br />
un peu frustrant. Car on part de la voix<br />
déjà créée par un autre acteur dans la<br />
version originale. En l’occurrence ici<br />
Benedict Cumberbatch. On me fait<br />
donc écouter son travail. Mais il ne<br />
s’agit évidemment pas de faire une imitation<br />
sonore : le français et l’anglais<br />
sont deux langues trop différentes. <strong>Le</strong><br />
but est de retrouver la même énergie<br />
mais de se l’approprier avec une fantaisie<br />
différente. Pour cela, j’ai la liberté<br />
de réadapter quelques mots en<br />
français quand le dialogue a des allures<br />
de traduction automatique. En fait, je<br />
dois trouver un équilibre entre la fidélité<br />
indispensable à l’œuvre originale<br />
et l’amusement pur. Si je ne m’amuse<br />
pas, ça ne fonctionne pas. <strong><strong>Le</strong>s</strong> prises<br />
manquent de relief. Or, un film d’animation,<br />
c’est assez théâtral. Il faut y<br />
aller à fond, se lâcher.<br />
Vous fixez- vous des limites dans cet aspect<br />
cartoonesque de l’interprétation ?<br />
Je me laisse simplement guider par le<br />
travail de Benedict Cumberbatch : son<br />
dosage parfait entre machiavélisme et<br />
humour quasi enfantin. C’est d’ailleurs<br />
plus largement cet équilibre que j’adore<br />
dans les films d’animation d’Illumination<br />
ou de Pixar. Ce génie à parler aussi<br />
bien aux plus jeunes qu’aux adultes,<br />
avec une fluidité dingue.<br />
Quels étaient vos dessins animés de<br />
chevet, gamin ?<br />
J’adore Bernard et Bianca pour son aspect<br />
sombre mais aussi Peter Pan. Je<br />
pourrais aussi citer Dumbo ou Bambi<br />
mais j’avoue qu’ils me foutaient un peu<br />
le cafard ! (rires) Puis, plus tard, avec<br />
l’arrivée de l’i<strong>mag</strong>e de synthèse et la<br />
3D, les scénarios de Toy Story constituent<br />
pour moi des modèles du genre.<br />
Une qualité d’écriture inouïe qui transcende<br />
le genre de l’animation à la manière<br />
de ce qu’a pu faire Friedkin pour<br />
le cinéma d’horreur avec L’exorciste.<br />
Et vous aimeriez en écrire ou en réaliser<br />
un vous-même, un jour ?<br />
J’adorerai. Mais un film d’animation<br />
100% adulte. Il en existe assez peu<br />
car comme ces films coûtent chers à<br />
fabriquer, il paraît logique d’essayer de<br />
toucher le public le plus large possible<br />
et de ne pas rétrécir a priori la cible.<br />
Mais j’aimerais vraiment m’y essayer.<br />
Réussir l’équivalent d’un Ted ou d’un<br />
Deadpool. S’emparer d’un genre pour<br />
mieux le tordre et brouiller les pistes.<br />
LES CINÉMAS PATHÉ ET GAUMONT 7