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Martin Luther théologien

Présenter simplement la pensée riche et complexe du Réformateur, théologien fécond, tel est l’objet de cette introduction à la pensée de Martin Luther. Tout en exposant les grands thèmes philosophiques, théologiques et pastoraux qui traversent son œuvre, il s’agit de démêler cette pensée de celle de ses collègues théologiens et successeurs, notamment Philippe Mélanchthon. Sont abordés également les débats, en particulier avec les catholiques, qu’a suscités jusqu’à nos jours la pensée luthérienne ainsi que la lecture renouvelée de Luther, proposée récemment par différents spécialistes de sa théologie. Une occasion de redécouvrir cette grande figure non seulement du Protestantisme mais aussi de l’histoire de l’Occident.

Présenter simplement la pensée riche et complexe du Réformateur, théologien fécond, tel est l’objet de cette introduction à la pensée de Martin Luther. Tout en exposant les grands thèmes philosophiques, théologiques et pastoraux qui traversent son œuvre, il s’agit de démêler cette pensée de celle de ses collègues théologiens et successeurs, notamment Philippe Mélanchthon. Sont abordés également les débats, en particulier avec les catholiques, qu’a suscités jusqu’à nos jours la pensée luthérienne ainsi que la lecture renouvelée de Luther, proposée récemment par différents spécialistes de sa théologie.
Une occasion de redécouvrir cette grande figure non seulement du Protestantisme mais aussi de l’histoire de l’Occident.

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Introduction<br />

11<br />

également immense. Il traduit la Bible en langue allemande et<br />

contribue à l’unification des différents dialectes germaniques. Écrivain<br />

prolifique, il est l’auteur de centaines de commentaires, lettres,<br />

sermons, pamphlets et traités. Pour en mesurer l’ampleur, il suffit<br />

de jeter un coup d’œil sur la liste de ses publications : la Weimarer<br />

Ausgabe, l’édition allemande de référence de ses œuvres, compte à<br />

ce jour plus d’une centaine de volumes et des dizaines de milliers<br />

de pages dont seule une petite partie est traduite en français.<br />

Pour saisir en profondeur les enjeux de cette révolution, il faudrait<br />

commencer par un large détour et s’intéresser à ses précurseurs,<br />

le Lyonnais Pierre Valdès, l’Anglais John Wycliffe et le<br />

Tchèque Jan Hus. Du xiie au xve siècle, ces hommes labourèrent<br />

les consciences et préparèrent un terrain propice à la réception des<br />

idées du Réformateur allemand. Il faudrait également se pencher<br />

sur le cas exemplaire du mouvement Devotio moderna fondé par<br />

Gérard Groote au xive siècle à Deventer aux Pays-Bas. Un mouvement<br />

modeste, dont les idées se diffusent pourtant largement en<br />

Allemagne un siècle plus tard. De petites communautés se créent<br />

un peu partout, formées de clercs et de laïcs : les « Frères de la vie<br />

commune », comme ils se présentent eux-mêmes. Ils n’ont pour<br />

ambition ni de réformer l’Église ni de la contester, mais de s’adonner,<br />

à l’écart des pratiques religieuses de leur temps, à la lecture de<br />

la Bible, à la méditation et à la prière. <strong>Luther</strong> est en contact avec<br />

cette forme de piété pendant ses études à Magdebourg.<br />

Tous ces signes avant-coureurs de la Réforme protestante se caractérisent<br />

par une même aspiration : revenir aux sources d’une<br />

vie de foi communautaire, une vie spirituelle simple et pieuse,<br />

émancipée de la tutelle des autorités religieuses et de rites ecclésiaux<br />

trop nombreux.<br />

La situation géopolitique et culturelle de la fin de Moyen Âge<br />

présente également un terreau fertile aux idées réformatrices. Sur<br />

fond de rivalités entre princes locaux, la fragilité du Saint Empire<br />

romain germanique se manifeste par le morcellement de ce vaste<br />

territoire en petites unités promptes à saisir leur chance de s’émanciper<br />

de l’autorité impériale. L’humanisme naissant bouscule par<br />

ailleurs les codes philosophiques, pédagogiques, méthodologiques<br />

et provoque un éclatement des savoirs favorisé par l’apparition

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