1001Ebooks.com-Louise-Valmont-Mine-Again-_2018_

– Je vide ces étagères et tu t’occupes de celles-là, organise-t-elle en
m’indiquant les portes ouvertes d’un immense placard.
Dressée sur ses pointes des pieds, elle tend les bras vers les étagères du haut.
Au moment où je vais proposer de l’aider, son tee-shirt remonte sur son ventre.
Son jean tombe sur ses hanches et sa peau apparaît, couleur d’albâtre.
Un tatouage bleu, rose et violet s’y étale, courant de sa hanche vers le bas de
son ventre pour ressortir de l’autre côté. Je le suis des yeux, imaginant mes
doigts courir dessus. Fasciné, je l’observe en me disant que c’est aussi frais que
sexy. Comme un petit rayon de soleil sur son ventre.
Mais elle ne l’avait pas avant !
Sa pile de vêtements à bout de bras, elle se tourne vers moi et surprend mon
regard sur sa peau. Elle dépose lentement le paquet de fringues dans le carton à
ses pieds.
– J’ai eu un accident, dit-elle d’une voix neutre en se redressant.
À ces mots, ma gorge se serre. Debout, le visage pâle, son regard semble
soudain flotter dans le vide, impénétrable. Je voudrais pouvoir la prendre dans
mes bras.
– C’était la faute de personne. Il y avait du verglas et un poids lourd a perdu
le contrôle, continue-t-elle. Il a glissé… Et j’ai eu le ventre perforé par un
morceau de carrosserie.
Bouleversé par sa façon presque clinique de raconter ce terrible moment, je
l’écoute sans bouger d’un millimètre, les yeux rivés à son visage.
– On m’a opérée je ne sais combien de fois. Depuis j’ai une énorme cicatrice,
dit-elle en baissant les yeux vers son ventre. Au début je n’osais même plus me
regarder. Je trouvais ça laid, brutal, violent. Comme si cette partie de mon corps
ne m’appartenait plus et que j’étais coupée en deux. Je la refusais, je portais des
jeans taille haute, des culottes de grand-mère, des maillots une pièce… souritelle
tristement.
Je serre les dents, trop ému pour essayer de sourire avec elle.