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Il sculpte de ses mains de damné un ange<br />
dans la glace. Elle tend ses bras naïvement<br />
vers les flocons qui tombent. Elle danse. Sa<br />
main joue avec les étoiles. Soudain, l’Autre, ce<br />
faux-accord du Monde, surgit ! S’ensuit que le<br />
sang coule. Car avec les humains, le sang finit<br />
toujours par couler…<br />
Voilà l’une des scènes les plus poétiques qu’il<br />
m’a été donné de voir. Une scène si naïvement<br />
belle, qu’elle ne peut laisser indifférent le<br />
<strong>ciné</strong>phile que je suis. Par la même occasion,<br />
il s’avère qu’elle soit synthétique de l’univers<br />
Burtonnien : un instant de légèreté, de liberté<br />
totale, d’envol, que l’Autre, conçu chez le<br />
<strong>ciné</strong>aste comme représentatif de la force<br />
dominante du monde, vient rompre. Audelà<br />
d’être (j’ose le mot) un chef d’œuvre<br />
du 7ème Art, “Edward aux Mains d’Argent”<br />
est une porte d’entrée recommandable dans<br />
la filmographie du <strong>ciné</strong>aste. Elle possède en<br />
elle toutes les germes de ce que Tim Burton a<br />
développé avec ses films précédents et qu’il<br />
affinera ensuite jusqu’à atteindre la profondeur<br />
bouleversante de son “Big Fish” : le symbolisme<br />
de l’art gothique, la marginalité, la société de<br />
consommation, la fonction du conte à l’ère<br />
moderne, l’artiste et son rapport au monde etc.<br />
Qu’écrire sur ce film qui n’a pas déjà été écrit ?<br />
L’histoire est bien connue : celle d’un homme<br />
aux mains de ciseaux reclus dans un château