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syndicom magazine No.11

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 11 mai-juin 2019<br />

<strong>magazine</strong><br />

Toutes<br />

en lutte<br />

le 14 juin !


Annonce<br />

Graphisme : Agnes Weber<br />

FEMMES* EN GRÈVE<br />

14 JUIN 2019<br />

POUR PLUS DE TEMPS,<br />

PLUS D’ARGENT ET<br />

DU RESPECT !<br />

www.<strong>syndicom</strong>.ch /


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 Dossier : parité<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

17 L’égalité dans les TIC<br />

22 Sur l’action collective<br />

25 Questions sur le 14 juin<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 Pourquoi je ferai grève<br />

Combattre l’inégalité nous concerne tous!<br />

Nous le savons: les milieux économiques attendent<br />

de savoir combien de femmes se mobiliseront<br />

le 14 juin prochain, pour décider s’il est<br />

temps de se remettre en question, ou si l’on<br />

peut continuer comme on a toujours fait.<br />

C’est pourquoi nous devons, toutes et tous,<br />

massivement dire notre colère. Non, il n’est pas<br />

normal que des secteurs où de coquets salaires<br />

sont versés n’utilisent pas cet argent pour réduire<br />

les inégalités inexpliquées entre hommes<br />

et femmes. Il n’est pas normal que les femmes,<br />

aujourd’hui bien formées, soient surreprésentées<br />

parmi les bas salaires, au point de gagner<br />

dans le secteur privé 19,6 % de moins que les<br />

hommes. Sans parler de leurs doubles journées<br />

: il n’est pas normal que les mères accomplissent<br />

encore 53 heures de travail domestique<br />

par semaine, contre 29 heures pour les pères.<br />

Ces inégalités nous concernent tous, car<br />

l’argent qui manque dans les salaires des<br />

femmes, dans les pensions des retraitées de<br />

37 % inférieures, c’est toute la société qui en<br />

paie le prix. En devant verser des aides sociales.<br />

En devant renoncer aux contributions de ces<br />

citoyennes. En devant indemniser les victimes<br />

de violences, qui sont à 70 % des femmes.<br />

En tant que syndicat, il nous appartient de faire<br />

progresser l’égalité. Dans la société. Et en introduisant<br />

des exigences spécifiques dans les CCT,<br />

en réclamant qu’elles soient déclarées de force<br />

obligatoire. Pour qu’aucun secteur ne puisse<br />

plus s’y soustraire.<br />

4<br />

8<br />

22<br />

Sylvie Fischer, réd. en chef <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong>


4<br />

Une fine équipe<br />

« Des mesures efficaces ont été prises<br />

contre le travail gratuit. »<br />

Anita von Gunten (39 ans)<br />

Avant de rejoindre CarPostal en 2012,<br />

elle était camionneuse à l’ancien<br />

service de transport de la poste de<br />

Härkingen. Son tronçon principal reliait<br />

Spiez à Aeschiried. Cette habitante de<br />

l’Oberland bernois est membre de <strong>syndicom</strong><br />

depuis 2001. Elle est présidente<br />

de la CoPe et membre de la délégation<br />

de négociation « Travail gratuit ».<br />

Antoine Dussez (51 ans)<br />

Antoine Dussez a été camionneur.<br />

Devenu chauffeur de car postal, il<br />

transporte les habitants d’Arolla et<br />

des Haudères à Sion et, au retour, des<br />

touristes. Il est membre de <strong>syndicom</strong><br />

depuis près de 20 ans et préside aussi<br />

la CoPe. Il a fait partie de la délégation<br />

« Travail gratuit ».<br />

Patrick Pflumm (47 ans)<br />

Ce tessinois a d’abord été camionneur,<br />

puis chauffeur de CarPostal. Il conduit<br />

dans la région de Lugano. Partick<br />

Pflumm est membre de <strong>syndicom</strong> depuis<br />

sept ans. Membre de la délégation<br />

de négociation « Convention LDT »,<br />

il préside aussi la Commission du<br />

personnel (CoPe) de sa région.<br />

Texte : Basil Weingartner<br />

Photo : Alexander Egger<br />

Des améliorations nécessaires<br />

et urgentes.<br />

L’ambiance parmi les chauffeurs de<br />

CarPostal était souvent mauvaise,<br />

surtout en raison des conditions de<br />

travail. Nous, les employés, n’avions<br />

guère notre mot à dire dans la planification<br />

des services – même si la loi<br />

sur la durée du travail (LDT) le prévoit<br />

et bien que l’aménagement des<br />

horaires influence énormément<br />

notre vie privée. Le travail que nous<br />

devions accomplir gratuitement a<br />

causé beaucoup de mécontentement.<br />

Nous voulions un changement – c’est<br />

pourquoi nous nous sommes engagés.<br />

Sans le soutien du syndicat,<br />

nous n’aurions obtenu que peu de résultats.<br />

Il nous a appuyés et soutenus<br />

avec son savoir-faire.<br />

Malgré ce soutien, il ne s’est longtemps<br />

rien passé : la direction de<br />

CarPostal n’entrait pas en matière<br />

sur nos revendications. Nous, les<br />

commissions du personnel, revenions<br />

toujours les mains vides. Cela<br />

n’a pas été facile.<br />

Mais, au cours des six derniers<br />

mois, beaucoup de choses se sont<br />

améliorées. Nous avons fait pression<br />

– aussi dans les médias – avec<br />

une pétition signée par 1300 conducteurs.<br />

Dans de nombreux cantons,<br />

les chauffeurs ont refusé de signer<br />

les conventions LDT qui leur ont été<br />

soumises par les employeurs. Ces<br />

conventions, opaques et unilatérales,<br />

nous étaient défavorables. Après le<br />

scandale de CarPostal, la nouvelle<br />

direction a finalement écouté notre<br />

délégation de négociation formée de<br />

douze membres. Nous avons ainsi<br />

pu créer un climat de confiance.<br />

Nous nous sommes entendus sur<br />

des améliorations importantes.<br />

Des mesures efficaces ont été prises<br />

contre le travail gratuit. Les collègues<br />

engagés chez des entrepreneurs privés<br />

ont aussi pu faire entendre leurs<br />

revendications auprès de CarPostal.<br />

Il est très important que nous ayons<br />

mis en place une convention nationale<br />

tenant compte des dispositions<br />

de la LDT. Dès lors, tout le monde<br />

peut avoir son mot à dire dans la fixation<br />

et la répartition de services. La<br />

concrétisation du résultat des négociations<br />

est complexe et ne sera réalisée<br />

qu’avec le changement d’horaire<br />

de décembre. D’ici là les conducteurs(trices)<br />

obtiendront à titre de<br />

dédommagement six jours de repos<br />

supplémentaires ou un versement<br />

unique de 1000 francs.


Brèves<br />

Chauffeur reconnu comme employé d’Uberpop \ Au moins<br />

4007 francs dans la vente à Genève \ Plan social réclamé chez<br />

Presto \ La Confédération va introduire une rente-pont \ Non aux<br />

frais des comptes postaux \ Jura : 1,4 million remboursé \<br />

5<br />

Un chauffeur reconnu comme<br />

employé d’Uberpop à Lausanne<br />

Plus de chômeurs âgés dans<br />

les télécoms et à La Poste<br />

Agenda<br />

Le Tribunal des prud’hommes de Lausanne<br />

a reconnu qu’un chauffeur travaillant<br />

pour la société Uberpop était<br />

son employé. Il a estimé que la relation<br />

de travail entre Uber et ses chauffeurs<br />

est comparable au contrat de travail<br />

conclu entre les compagnies de taxi et<br />

leurs employés. <strong>syndicom</strong> salue cette<br />

décision importante. Uber doit revoir<br />

son modèle commercial, se plier à la loi<br />

et assumer sa responsabilité sociale.<br />

Salaires minimaux dans la<br />

vente, recours patronal rejeté<br />

Le Tribunal fédéral a rejeté le 7 mai le<br />

recours patronal contre l’augmentation<br />

des salaires du personnel de vente à<br />

Genève. Cette décision confirme le<br />

bien-fondé de l’indexation conduite par<br />

la Chambre des relations collectives de<br />

travail (CRCT), fixant désormais le seuil<br />

de la sous-enchère salariale dans le<br />

commerce de détail à 4007 francs pour<br />

le personnel sans formation ni expérience.<br />

Ce jugement confirme la nécessité<br />

d’un contrôle tripartite de ce<br />

secteur.<br />

Un plan social pour les<br />

porteurs(euses) de journaux<br />

Avec l’arrêt de la Zentralschweiz am<br />

Sonntag, le dernier journal régional du<br />

dimanche avec l’Ostschweiz am Sonntag<br />

dont l’arrêt a aussi été décidé par CH<br />

Media, 450 porteurs(euses) de journaux<br />

sont menacé(e)s de licenciement. Soutenu(e)s<br />

par <strong>syndicom</strong>, ils et elles exigent<br />

un plan social équitable et des solutions<br />

pour les cas de rigueur de la part<br />

de l’entreprise Presto Presse- Vertriebs<br />

SA à Emmenbrücke (LU). Presto est une<br />

filiale de La Poste.<br />

L’USS vient de sortir un intéressant<br />

dossier sur les travailleurs âgés. Il en<br />

résulte que les télécommunications,<br />

La Poste et la logistique, l’informatique<br />

et le secteur pharmaceutique ont<br />

connu une augmentation entre 2017 et<br />

2018 des chômeurs inscrits. L’USS préconise<br />

une protection contre le licenciement<br />

des employés de longue date<br />

âgés de plus de 50 ans dans le CO, une<br />

interdiction de discriminer et une<br />

rente-pont pour les personnes en fin<br />

de droits. La Confédération a annoncé<br />

qu’elle introduirait une telle mesure,<br />

avec d’autres aides de placement.<br />

L’USS regrette cependant que cette<br />

rente-pont ne s’applique pas dès 58<br />

ans.<br />

10 000 signatures contre les<br />

frais des comptes postaux !<br />

Le 29 mars dernier, <strong>syndicom</strong> a déposé<br />

une pétition à La Poste. 10 000 employés<br />

du Géant jaune et anciens postiers<br />

l’ont signée. Ils exigent que La<br />

Poste Suisse revienne sur sa décision<br />

de percevoir des frais pour les comptes<br />

postaux. Les employé(e)s, qui sont traditionnellement<br />

titulaires d’un compte<br />

salaire auprès de PostFinance, devront<br />

désormais payer des frais sur ces<br />

comptes et contribuer à assainir cet<br />

organisme financier. Ils jugent cette<br />

mesure injuste et le clament avec<br />

force. Toutefois, la direction de PostFinance<br />

a informé <strong>syndicom</strong> qu’elle n’entrera<br />

pas en matière. <strong>syndicom</strong> transmettra<br />

la revendication afin qu’elle soit<br />

traitée lors des prochaines négociations<br />

salariales.<br />

Victoire syndicale dans le Jura<br />

CarPostal et la Commission du personnel<br />

(CoPe) du Jura se sont entendus<br />

sur la question de la comptabilisation<br />

des pauses de son personnel, où des<br />

irrégularités avaient été constatées.<br />

Elles ont été corrigées avec effet rétroactif<br />

sur cinq ans. Près de 120 collaboratrices<br />

et collaborateurs sont<br />

concernés, pour une valeur globale<br />

d’environ 1,4 million de CHF. Les montants<br />

de toutes les indemnités ont été<br />

versés entre fin 2018 et février 2019.<br />

Juin<br />

1 et 2<br />

Cycle cinéma José Vieira<br />

Genève, Cinéma Spoutnik, samedi à<br />

20h30 et dimanche à 19h et 20h30.<br />

Un événement pour commémorer la<br />

révolution des œillets qui mit fin à une<br />

des plus vieilles dictatures fascistes<br />

en Europe.<br />

jusqu’au 30<br />

Swiss Press Photo 19<br />

World Press Photo 2019<br />

Zurich, Landesmuseum<br />

www.nationalmuseum.ch<br />

14<br />

Grève des femmes<br />

Un jour de mobilisation dans tout le<br />

pays, www.frauenstreik2019.ch, également<br />

sur le campus de l’UNIL et de<br />

l’EPFL, https://frauenstreik2019.<br />

ch/2019/04/26/le-14-juin-a-lunil-eta-lepfl/.<br />

22<br />

Assemblée des délégués<br />

<strong>syndicom</strong><br />

Berne, Stade de Suisse, 10h<br />

30<br />

Slow up Jura<br />

34 km de routes fermées à la circulation,<br />

découvrir Delémont et ses alentours,<br />

à la force du mollet !<br />

Septembre<br />

jusqu’au 30<br />

« Gare au désordre ! »<br />

Neuchâtel, bibliothèque publique et<br />

universitaire<br />

Haut-lieu de l’imprimerie, Neuchâtel<br />

tient dès le XVIe siècle un rôle de premier<br />

plan dans la propagation de la<br />

pensée de la Réforme, puis des idées<br />

des Lumières. Comment s’exerçait le<br />

contrôle ou la censure des écrits ?<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Milo Stössel<br />

employeurs<br />

né en 1979, il a étudié le droit à Saint-Gall. Il a repris en 2013,<br />

au décès de son père, la direction du groupe MS Direct, groupe<br />

actif dans la gestion de la clientèle et du E-commerce.<br />

1<br />

Pourquoi conclure une convention<br />

collective d’entreprise distincte pour<br />

cette part d’entreprise ?<br />

Une convention collective de travail<br />

introduit une certaine équité dans<br />

toute la branche et fixe des standards<br />

obligatoires valables pour toutes les<br />

entreprises. Celles-ci sont dès lors<br />

mises sur un pied d’égalité dans la<br />

branche des call centers. De plus,<br />

une convention collective de travail<br />

contribue à améliorer l’image de la<br />

branche auprès du public.<br />

2<br />

Quels sont les effets d’une CCT pour<br />

les employé(e)s dans un tel domaine<br />

d’activité ?<br />

Une convention collective de travail<br />

accroît la transparence du marché.<br />

Les employé(e)s sont protégés contre<br />

la sous-enchère salariale, obtiennent<br />

une sécurité juridique et bénéficient<br />

de règles contraignantes homogènes,<br />

valables pour toute la branche. Ils<br />

peuvent participer aux négociations<br />

menées régulièrement entre l’employeur<br />

et les représentants des employés<br />

pour y défendre leurs intérêts.<br />

3<br />

Peut-on aujourd’hui déjà prédire<br />

l’évolution des conditions de travail<br />

et des salaires ?<br />

La pression sur les prix ne cesse<br />

d’augmenter pour les employeurs.<br />

Les transformations technologiques<br />

la renforcent encore. Elle contraint<br />

les entreprises à livrer toujours plus<br />

rapidement, à des prix toujours plus<br />

bas et augmente d’année en année.<br />

Cela se répercutera sur les conditions<br />

de travail. Les conditions-cadres de la<br />

CCT sont donc aussi très importantes<br />

à cet égard.<br />

4<br />

5<br />

6<br />

Cette nouvelle convention collective<br />

de travail aura-t-elle un effet précurseur<br />

pour d’autres entreprises ?<br />

L’objectif de la convention collective<br />

de travail était d’obtenir la déclaration<br />

de force obligatoire générale, car<br />

c’est la seule façon de garantir que<br />

tous les employés de la branche bénéficient<br />

de conditions équitables et<br />

transparentes. Comme elle a été déclarée<br />

de force obligatoire, toutes les<br />

entreprises doivent désormais respecter<br />

ces conditions.<br />

Texte : Giorgio Pardini<br />

Photo : MS Direct<br />

Quels sont les défis auxquels la<br />

branche doit s’attendre ?<br />

Elle affronte la concurrence de<br />

l‘étranger. Il est toujours plus difficile<br />

de justifier l’exploitation d’un<br />

centre d’appel en Suisse. La décision<br />

découle du client et des consommateurs.<br />

S’ils n’attachent aucune importance<br />

au fait de parler à un agent d’un<br />

centre d’appel suisse plutôt qu’étranger,<br />

alors les emplois sont ici sérieusement<br />

menacés. Le législateur est<br />

appelé à préserver notre compétitivité<br />

dans un contexte international.<br />

Quels sont les effets de la numérisation<br />

sur les activités dans les centres<br />

de contact et d’appel ?<br />

La numérisation va modifier radicalement<br />

l’organisation des centres<br />

d’appel. Les systèmes d’assistance<br />

virtuelle, les chatbots et l’intelligence<br />

artificielle se chargeront du traitement<br />

de masse. Mais on aura toujours<br />

besoin d’agents. La demande de<br />

prestations de conseil va augmenter,<br />

c’est pourquoi les agents devront posséder<br />

des connaissances spécialisées<br />

dans des domaines spécifiques, ce<br />

qui sera plus intéressant.


L’invité<br />

Depuis mon élection au Conseil<br />

national en 2011, je m’engage de façon régulière<br />

pour l’égalité femmes-hommes et ai déposé une<br />

dizaine d’interventions pour lutter contre le harcèlement<br />

sexuel, de rue ou au travail. Jusqu’à<br />

présent, le Parlement et le Conseil fédéral refusent<br />

de prendre des mesures pour combattre<br />

ce phénomène. Il est pourtant de notre responsabilité<br />

à tou(te)s de nous engager contre les<br />

violences sexistes et le harcèlement.<br />

En novembre 2017, j’ai déposé une initiative parlementaire<br />

afin d’alléger le fardeau de la preuve<br />

pour les victimes de harcèlement sexuel dans le<br />

contexte professionnel. Cette modification de la<br />

Loi sur l’égalité est une nécessité vu le déséquilibre<br />

actuel. En effet, ce fardeau est aujourd’hui<br />

entièrement porté par la plaignante, dont la parole<br />

n’est que rarement considérée. Vu la difficulté<br />

à prouver les agissements dénoncés,<br />

82,8 % des plaintes n’aboutissent pas, selon une<br />

récente étude de l’Université de Genève pour le<br />

Bureau fédéral de l’égalité. Cela n’encourage pas<br />

à libérer la parole.<br />

Ma proposition, déjà en vigueur en Allemagne,<br />

aux Etats-Unis ou encore en France, exige un<br />

allègement du fardeau de la preuve. Ce principe<br />

existe déjà en Suisse pour certaines discriminations,<br />

par exemple en lien avec la rémunération.<br />

Concrètement, la plaignante doit rendre vraisemblable<br />

l’existence d’une discrimination en<br />

apportant des indices objectifs. Ensuite, c’est à<br />

l’employeur d’apporter la preuve du contraire,<br />

rendant la situation plus équilibrée.<br />

La Commission des affaires juridiques du<br />

Conseil national a sèchement refusé la proposition<br />

en début d’année et le débat s’annonce difficile<br />

à la prochaine session du Parlement. Alors<br />

qu’une femme sur trois est victime de harcèlement<br />

sexuel durant sa carrière professionnelle,<br />

il serait temps pour le monde politique de se réveiller<br />

et de prendre ce phénomène au sérieux.<br />

Combattre le harcèlement<br />

sexuel au travail<br />

Mathias Reynard est enseignant au<br />

Cycle d’Orientation de Savièse (VS) et<br />

titulaire d’un Master en Lettres de l’Université<br />

de Lausanne (français, histoire,<br />

philosophie). Après avoir été président<br />

des Jeunesses Socialistes du Valais romand<br />

de 2005 à 2009, puis rédacteur en<br />

chef du Peuple valaisan, journal du PS<br />

du Valais romand, il est élu député PS au<br />

Grand Conseil valaisan, puis accède au<br />

Conseil national en 2011, à juste 24 ans.<br />

Il préside l’Union syndicale valaisanne.<br />

7


Dossier<br />

Tolérer<br />

c’est miner<br />

société


Les secteurs où l’inégalité salariale inexpliquée règne<br />

Les pionnières de la vallée de Joux et leurs salaires en panne<br />

L’imprimerie et la réduction des salaires masculins<br />

Le mauvais bilan de la Suisse en comparaison internationale<br />

9<br />

l’inégalité<br />

toute la


10 Dossier parité<br />

Les inégalités inexpliquées augmentent<br />

encore. Toute la société doit s’y opposer.<br />

Entre 2010 et 2016, la part inexpliquée des différences<br />

salariales entre femmes et hommes<br />

s’est accrue, passant de 37,6 % à 42,9 % en<br />

moyenne. Elle est encore plus forte dans<br />

l’imprimerie, où elle atteint 65,6 %.<br />

Texte : Sylvie Fischer<br />

Photos : Tom Kawara<br />

C’est un exemple qui résume une absence de volonté que<br />

les choses changent. Chez les horlogères de la vallée de<br />

Joux, dans le canton de Vaud, d’où la grève des femmes de<br />

1991 est partie, Camille Golay, secrétaire syndicale Unia,<br />

est désabusée : « La CCT dit que chaque région horlogère<br />

a la possibilité de négocier les salaires minimaux. En<br />

1991, il était de 3500 francs. Aujourd’hui, il est de<br />

3670 francs. Le problème est resté entier et s’est même aggravé.<br />

» Alors que la région connaît une grande concentration<br />

de marques de haut de gamme, et que l’industrie horlogère<br />

a connu des hausses du salaire médian coquettes<br />

de 6,7 % entre 2010 et 2016, c’est dans les manufactures<br />

que l’on trouve les salaires les plus bas.<br />

En 2019, il y a toujours les ouvrières et les chefs d’atelier<br />

Chez les horlogères de la vallée, les ouvrières sont majoritairement<br />

des femmes et les chefs d’ateliers, quasiment<br />

tous des hommes. Une réalité qui ne fait que refléter l’état<br />

de la société suisse, où 71,8 % des postes rémunérés à plus<br />

de 8000 francs bruts sont occupés par des hommes, alors<br />

que 62 % des emplois payés moins de 4000 francs bruts<br />

sont laissés aux femmes, surreprésentées parmi les bas<br />

salaires. « On a fait une enquête l’an passé, on voyait que<br />

les femmes généralement étaient moins rémunérées que<br />

les hommes, on a créé un groupe de femmes de l’horlogerie<br />

pour rédiger un cahier de revendications. » Mais comment<br />

utiliser la loi sur l’égalité lorsque certaines entreprises<br />

interdisent dans le contrat de travail de parler de<br />

son salaire, ou menacent de licenciement celle qui le fera,<br />

dénonce la syndicaliste.<br />

Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que la<br />

part inexpliquée des inégalités salariales entre femmes et<br />

hommes dans le secteur privé, c’est-à-dire la part qui ne<br />

s’explique pas par des différences de formation ou de situation<br />

professionnelle, a progressé ces dernières années,<br />

passant de 37,6 % en 2010 à 42,9 % en 2016. Dans l’imprimerie<br />

et la reproduction, la différence salariale moyenne<br />

entre salaire féminin et masculin était de 1282 francs<br />

cette même année, dont 65,6 %, soit 842 francs, ne s’expliquait<br />

pas concrètement. Ce secteur connaît certes des difficultés<br />

économiques. Mais est-ce aux femmes d’en payer<br />

le prix ?<br />

Les différences restent inexpliquées même là où<br />

les salaires augmentent<br />

Comment expliquer que des secteurs ayant connu d’importantes<br />

hausses de salaires ces dernières années,<br />

comme les assurances (+13,7 % d’augmentation du salaire<br />

médian entre 2010 et 2016), l’industrie pharmaceutique<br />

(+10 %) ou les services financiers (+5,8 %), n’aient pas saisi<br />

l’occasion d’éradiquer ces différences choquantes ? En effet,<br />

dans l’industrie chimique et pharmaceutique, la différence<br />

salariale entre femmes et hommes représentait<br />

10,8 % en moyenne en 2016, soit 1140 francs, mais 56,9 %<br />

de cette différence, soit 649 francs, était toujours inexpliquée.<br />

Il en va de même pour les activités financières et<br />

d’assurance regroupées en un seul secteur, qui connaissaient<br />

cette année-là une différence de 33,3 % soit<br />

4243 francs entre les salaires des femmes et ceux des<br />

Les femmes journalistes gagnent 1 100 francs<br />

de moins par mois que les hommes<br />

Il incombe aux médias de dénoncer les injustices. Il est donc<br />

curieux de ne quasiment rien apprendre sur les injustices<br />

qui règnent dans les rédactions. Les femmes restent largement<br />

sous-représentées aux postes de direction des médias.<br />

Et elles gagnent beaucoup moins que leurs collègues<br />

masculins à tous les niveaux hiérarchiques.<br />

Selon une étude de la Haute école des sciences appliquées<br />

de Zurich (ZHAW) de juin 2016, les femmes journalistes<br />

gagnent en moyenne 700 francs de moins que leurs collègues<br />

masculins au début de leur carrière : les femmes<br />

membres de la rédaction reçoivent 4400 francs par mois pour<br />

un taux d’occupation à plein temps, les hommes touchent<br />

eux 5100 francs au cours des six premières années de leur<br />

activité journalistique. Tous deux se situent donc bien en<br />

dessous du salaire médian suisse de 6502 francs par mois.<br />

Promotion financièrement inintéressante<br />

Tous groupes hiérarchiques et d’âge confondus, la comparaison<br />

des salaires livre un résultat encore plus flagrant : avec<br />

5100 francs, les femmes gagnent 1100 francs de moins par<br />

mois que les hommes, dont le salaire de 6200 francs accuse<br />

encore un retard de 300 francs sur le salaire médian.<br />

Avec l’âge, la proportion d’hommes dans les rédactions<br />

augmente de manière exponentielle. Au début de leur carrière<br />

journalistique, les femmes y sont encore légèrement<br />

majoritaires (54 %), alors que les hommes dans des postes<br />

de direction (73 %) sont pour ainsi dire entre eux. Pour les<br />

rares femmes à ces postes, la promotion n’en vaut pas la<br />

peine, pas même financièrement. Selon les statistiques,<br />

elles gagnent toujours autant comme membres de la rédaction<br />

en chef qu’en tant que responsables de rubrique, soit<br />

en moyenne 7200 francs. En revanche, les rédacteurs en<br />

chef empochent en moyenne 8600 francs.<br />

Les femmes perçoivent également un quart de rente en<br />

moins parce qu’elles n’ont pas pu cotiser au deuxième pilier<br />

autant que leurs collègues masculins pendant leur vie active.<br />

La répartition des sujets dans les rédactions est également<br />

inégale : le sport, la politique et l’économie restent réservés<br />

aux hommes. Les femmes qui restent dans le journalisme<br />

en dépit d’une culture de communication masculine,<br />

de bas salaires et de mauvaises perspectives de carrière<br />

traitent surtout des sujets culturels, sociaux et éducatifs.<br />

Il va sans dire que les salaires sont bien inférieurs à la<br />

moyenne dans ces rubriques (y compris pour les hommes).<br />

Nina Scheu


hommes, dont 30,6 %, soit 1297 francs en moins, ne s’expliquait<br />

pas. Un résultat jugé « incompréhensible au vu de<br />

la pratique » par l’Association Suisse d’Assurances (ASA).<br />

Elle se base sur une étude interne de 2017 pour affirmer<br />

que les différences salariales non explicables entre<br />

hommes et femmes, dans le secteur de l’assurance, se situent<br />

en dessous du seuil de 5 % fixé par la Confédération.<br />

Ce paradoxe n’étonne pourtant pas Katja Branger, responsable<br />

des statistiques sur l’égalité entre femmes et<br />

hommes à l’Office fédéral de la statistique. « Il est possible<br />

que certains secteurs soient moins sensibles que d’autres<br />

à la réduction des inégalités salariales. Elles sont plus importantes<br />

dans certains secteurs à salaires élevés. »<br />

A noter, pour <strong>syndicom</strong>, la non négligeable différence<br />

salariale entre hommes et femmes dans les branches de<br />

l’information et de la communication (22 %, soit<br />

2197 francs, dont 800 francs (36,4 %) ne trouvaient pas de<br />

justification. En Suisse alémanique et au Tessin, la presse<br />

n’a plus de CCT depuis 15 ans.<br />

Les CCT, garantes de l’égalité de traitement<br />

Pour notre syndicat, une des façons de garantir l’égalité<br />

salariale entre femmes et hommes est de conclure davantage<br />

de CCT, puisque les normes salariales s’appliquent<br />

indistinctement aux deux sexes. Par exemple à La Poste, le<br />

système de rémunération repose sur les évaluations de<br />

fonctions et des fourchettes de salaire par région, ce qui<br />

est une base garantissant en principe l’égalité salariale.<br />

Ainsi, en 2008, La Poste connaissait des différences salariales<br />

de 8,4 % entre hommes et femmes, et 2,7 % de différences<br />

inexplicables, alors que le secteur public se situait<br />

à 16, 6 % de différences entre hommes et femmes, respectivement<br />

6,9 % de différences inexplicables cette année-là.<br />

La Poste a une nouvelle fois examiné le respect de l’égalité<br />

des salaires entre femmes et hommes en 2017 en s’appuyant<br />

sur l’instrument de contrôle de la Confédération<br />

(Logib) prévu à cet effet. Malheureusement, ce rapport n’a<br />

pas été publié, car il comprenait les salaires des cadres,<br />

mais non ceux des plus hautes formations, « ce qui fait que<br />

nous ne remplissions pas à 100 % les exigences de Logib »,<br />

explique Martin Camenisch, responsable de la gestion<br />

des collaborateurs à La Poste. Ces données ont été dans<br />

l’intervalle introduites, ce qui permet à la prochaine analyse,<br />

réalisée actuellement sur la base des salaires 2018,<br />

d’être effectuée conformément aux prescriptions de Logib.<br />

Certains secteurs<br />

sont<br />

très réticents<br />

à réduire ces<br />

disparités.


12<br />

Dossier<br />

Même si la part des femmes à des postes de direction<br />

a progressé à La Poste, passant de 20,2 % en 2008 à 23,5 %<br />

en 2016, et si la part de femmes dans les cadres supérieurs<br />

s’est haussée de 7,7 % en 2008 à 12,3 % en 2016, La Poste<br />

continue à compter plus d’hommes que de femmes à des<br />

fonctions de cadres, et les personnes à temps plein sont<br />

promues plus souvent que la moyenne. Tous les deux ans,<br />

une analyse de l’égalité salariale continuera à être effectuée.<br />

A noter qu’elle ne porte pas sur les temporaires, qui<br />

n’ont pas de contrat d’engagement avec La Poste.<br />

Swisscom : représentation au sein du management à<br />

améliorer<br />

Il en va de même chez Swisscom dont le système salarial<br />

prévu par la CCT vise à verser des salaires identiques aux<br />

personnes dont les fonctions sont similaires. L’entreprise<br />

vérifie si des écarts existent entre les salaires des hommes<br />

et des femmes au sein de chaque unité d’organisation et,<br />

si nécessaire, les corrige. Swisscom utilise l’outil d’autocontrôle<br />

de la Confédération pour l’égalité salariale (Logib)<br />

afin de détecter les différences entre hommes et<br />

femmes. Les enquêtes (la dernière l’a été en 2016) n’ont<br />

révélé que de faibles différences, nettement en deçà du<br />

seuil de tolérance de 5 %. Il n’en reste pas moins que de<br />

gros efforts restaient à faire pour représenter les femmes<br />

en 2018 dans le management intermédiaire (357 et 2644<br />

hommes), sans parler du top management (5 et 75<br />

hommes). Swisscom entend augmenter la proportion de<br />

femmes au sein du management à 20 % (11,7 % aujourd’hui,<br />

soit moins qu’en 2016 où elle s’élevait encore à<br />

12,3 %). Elle s’est affiliée à un programme facilitant le retour<br />

dans la vie active des femmes (voir lien ci-dessous).<br />

https://bit.ly/2UYKKE4<br />

Industrie graphique: un gros retard à rattraper<br />

Avec une différence salariale entre hommes et femmes atteignant<br />

16,4 % en 2016, l’industrie graphique a un gros retard à<br />

rattraper. Ce secteur en difficulté a en outre enregistré une<br />

baisse de ses salaires médians de 4,2 % entre 2010 et 2016.<br />

En 2010 dans l’imprimerie, le salaire mensuel brut se<br />

situait à 5164 fr. pour les femmes et à 6418 fr. pour les<br />

hommes sans fonction de cadres, soit une différence de<br />

19,5 %. Cette disparité a diminué, passant de 17,9 % en 2012 à<br />

14,4 % en 2014, pour s’établir à 14,8 % en 2016, avec des salaires<br />

mensuels bruts de 5120 francs pour les femmes et<br />

6011 pour les hommes. La réduction des inégalités s’est faite<br />

par une diminution sensible des salaires masculins, les<br />

femmes gagnant 44 francs de moins qu’en 2010 alors que les<br />

hommes gagnent 407 francs de moins. Cela peut s’expliquer<br />

par le renouvellement de personnel ou dans les cas de changement<br />

d’entreprise. La CCT n’étant pas de force obligatoire,<br />

des sociétés peuvent donc offrir des salaires inférieurs.<br />

En outre, les négociations salariales se font depuis toujours<br />

au niveau des entreprises et non au niveau national entre<br />

partenaires sociaux, les travailleurs ne récoltant que des<br />

miettes.<br />

Les différences salariales sont encore plus importantes pour<br />

les cadres supérieurs et moyens. Et là, ce sont les femmes<br />

seules qui ont fait les frais des réductions. Alors qu’elles gagnaient<br />

7111 fr. en 2010 contre 8763 fr. mensuels bruts pour<br />

les hommes, elles ne gagnent plus que 6931 fr. en 2016<br />

contre 9109 fr. pour les hommes. Pour l’ensemble des cadres,<br />

la différence s’est réduite de 22 % en 2010 à 16,4 % en 2016.<br />

C’est pourquoi les partenaires sociaux ont signé le 4 décembre<br />

dernier un engagement à promouvoir l’égalité salariale,<br />

prévoyant la promotion des logiciels d’autocontrôle<br />

Logib et Argib. Le but est qu’au moins 30 entreprises de viscom<br />

se soumettent à un tel examen d’ici fin 2021. Un rapport<br />

fera alors le bilan des mesures à prendre.


Dossier parité<br />

Discriminer une femme,<br />

c’est nuire à nous tous<br />

13<br />

L’égalité de traitement est une question de<br />

justice élémentaire. C’est pourquoi ce n’est<br />

pas une préoccupation féminine, mais un<br />

devoir central pour le syndicat.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Photos : Tom Kawara<br />

C’est illégal et contraire à la Constitution, aucun doute<br />

là-dessus. Mais si les femmes, en 2019, ne gagnent pas autant<br />

que leurs collègues masculins pour le même travail<br />

ou un travail égal, cela constitue une forme de violence<br />

sociale.<br />

Car aucune explication rationnelle ne peut justifier la<br />

discrimination récurrente des femmes à l’embauche. Abstraction<br />

faite du « rationalisme » absurde du capital qui<br />

consiste à verser globalement le moins de salaire possible<br />

pour le travail humain.<br />

Si un homme interprète la discrimination de sa collègue<br />

comme le signe que son propre travail est mieux reconnu,<br />

il ferait bien de se demander si son salaire indemnise<br />

vraiment son travail. N’a-t-il jamais entendu dire que<br />

le propriétaire et actionnaire, dans notre système économique,<br />

confisque une part de la valeur créée par les individus<br />

au travail ?<br />

L’employeur se contente en effet de payer le salaire imposé<br />

par les rapports de force entre le travail et le capital.<br />

En toute logique, il devrait reconnaître que si sa collègue<br />

est moins bien payée, c’est uniquement parce que la société<br />

tout comme lui-même tolèrent cette discrimination.<br />

Jusqu’au féminicide<br />

Les écarts de salaire découlent d’un rapport de domination<br />

et de violence qui va beaucoup plus loin. Ils traduisent<br />

un schéma qui caractérise les relations entre les sexes. Si<br />

les hommes consentent à ouvrir les yeux, et notamment<br />

les « nouveaux pères » qui ne rechignent pas à pousser parfois<br />

la poussette de bébé jusqu’à l’épicerie bio, ils se rendront<br />

compte que les femmes, en toute objectivité, sont<br />

plus nombreuses à devoir travailler à temps partiel et dans<br />

des emplois précaires. Ils réaliseront que le travail non rémunéré<br />

est accompli principalement par les femmes (un<br />

volume de travail équivalant globalement au PIB). Ils verront<br />

que les possibilités de conciliation entre la vie professionnelle<br />

et familiale sont peu développées, tout comme<br />

les chances d’évolution de carrière. Sans parler des violences<br />

domestiques, plus souvent perpétrées par des<br />

hommes et qui vont parfois jusqu’au féminicide.<br />

La grève des femmes du 14 juin concerne aussi ces<br />

questions.<br />

Les discriminations, la répartition des rôles et la reproduction<br />

forment un champ de tensions en perpétuelle<br />

évolution. Ce qui semble a priori appartenir à la sphère<br />

privée découle en réalité du domaine public. Même les<br />

formes en apparence éternelles de l’amour et de la famille<br />

s’adaptent au système économique de l’époque : la famille<br />

nucléaire moderne ne s’est imposée qu’avec l’émergence<br />

de la société industrielle. Aujourd’hui, cette forme d’organisation<br />

familiale recule – augmentation des familles monoparentales,<br />

des familles patchwork, etc. – avec la fin des<br />

carrières à vie en entreprise, des emplois relativement<br />

sûrs et de la sécurité sociale dans la société postindustrielle.<br />

L’objectif n’est pas d’instaurer un égalitarisme sectaire.<br />

Car les différences, source de créativité et de mouvement,<br />

constituent le sel de l’existence. Pour autant, elles<br />

ne doivent pas légitimer des inégalités béantes entre des<br />

groupes ou des individus. Car les inégalités d’accès au savoir<br />

et à la formation, à la nourriture, aux soins et aux services<br />

publics, les inégalités au niveau des salaires, de la<br />

couverture sociale, de l’intégrité physique, empêchent de<br />

construire une vie autonome. Elles nuisent aussi à la cohésion<br />

sociale.<br />

La Suisse se classe<br />

au 20e rang en matière<br />

de parité.


14<br />

Dossier parité<br />

Il faudra attendre<br />

108 ans avant que<br />

la parité globale<br />

soit réalisée.<br />

Par conséquent, les sociétés inégalitaires sont davantage<br />

confrontées à la pauvreté, la criminalité, la maladie et plus<br />

psychotiques que les sociétés égalitaires. L’espérance de<br />

vie aux Etats-Unis, un pays particulièrement inégalitaire,<br />

est bien inférieure au Japon, qui est plus égalitaire.<br />

Certains néolibéraux prétendent que l’inégalité crée<br />

en soi un dynamisme économique, parce que les catégories<br />

défavorisées redoublent alors d’efforts. Mais cette affirmation<br />

est aussi démentie par la réalité. Tous les indicateurs<br />

le prouvent, notamment le nombre de brevets<br />

déposés : les pays qui s’efforcent d’établir une sécurité sociale,<br />

une fiscalité équitable et l’égalité salariale, sont aussi<br />

plus dynamiques sur le plan économique.<br />

La question sociale est de retour<br />

En tant que syndicalistes, cela ne nous surprend pas. Nous<br />

luttons depuis 200 ans pour la justice et la solidarité parce<br />

que nous savons à quel point le bonheur individuel est<br />

étroitement lié à la justice et à la prospérité publique.<br />

C’est plus vrai que jamais. Une étude actuelle de l’OCDE<br />

démontre que les salaires de 60 % de la population des<br />

pays capitalistes régressent depuis une trentaine d’années.<br />

Et que les chances offertes sont réparties de manière<br />

nettement plus inégale. La question sociale est aujourd’hui<br />

fondamentale, associée au problème écologique,<br />

qui touche en premier lieu les personnes défavorisées.<br />

C’est pourquoi les syndicats sont déterminants, car<br />

ils constituent la principale force sociale dûment organisée.<br />

Gardons à l’esprit qu’il n’existe pas de hiérarchie entre<br />

les inégalités. Chaque fois qu’une part de la société est<br />

discriminée, tout le monde s’en ressent. C’est particulièrement<br />

vrai lorsque cette discrimination frappe la moitié<br />

de la société.<br />

Par conséquent, la question de l’égalité ne concerne<br />

pas uniquement les femmes.<br />

Selon la banque mondiale, seuls six pays au monde (la<br />

Suède, la Belgique, le Danemark, la France, la Lettonie et<br />

le Luxembourg) ont introduit une égalité totale des<br />

femmes devant la loi. La Suisse n’en fait pas partie.<br />

De manière générale, la Suisse obtient un mauvais bilan<br />

en termes d’égalité. Dans le dernier rapport du forum<br />

économique mondial sur la parité dans le monde (« Global<br />

Gender Gap Report 2018 »), la Suisse se classe au 20e rang,<br />

loin derrière les pays scandinaves ou même le Rwanda.<br />

Dans le domaine « santé et survie », notre pays n’apparaît<br />

qu’à la 108e place. Pour ce qui est des chances économiques,<br />

le WEF nous place en 34e position, alors que<br />

concernant les écarts au niveau de la formation, nous<br />

n’obtenons qu’un triste 80e rang. Autant dire un désastre.<br />

L’égalité ne progresse que lentement dans le monde.<br />

A cette allure rampante, le WEF estime que la parité globale<br />

sera réalisée dans… 108 ans. En Europe occidentale,<br />

dans 61 ans et aux USA, dans 165 ans.<br />

Les pays du Nord comme l’Islande, la Norvège, la Suède<br />

et la Finlande sont en tête dans quasiment toutes les<br />

études et statistiques sur l’égalité (ONU, UE, WEF et autres<br />

organisations privées). La Suède, qui se vante de posséder<br />

« le premier gouvernement féministe au monde », a inauguré<br />

l’an passé à Göteborg un office pour l’égalité des<br />

femmes.<br />

Tournons notre regard vers le nord, cela en vaut la<br />

peine : la moitié des ministres du Gouvernement suédois<br />

sont des femmes et elles forment aussi 44 % du Parlement.<br />

Dans l’économie, quatre postes à responsabilité sur dix<br />

sont occupés par des femmes. Le temps partiel y est beaucoup<br />

plus courant et pas seulement pour les femmes. Les<br />

parents bénéficient de 480 jours de congé parental. Neuf<br />

hommes sur dix l’utilisent. A quand une « course d’école »<br />

du Conseil fédéral à Stockholm ?<br />

Global Gender Gap Report<br />

https://bit.ly/2VCfvAi<br />

Photos<br />

Le photographe zurichois Tom Kawara a illustré notre dossier<br />

sur l’égalité avec des images prises lors du 1er mai sur les<br />

bords de la Limmat. La photo ouvrant notre enquête (pages<br />

8-9) et celle de la page 11 tout comme la petite image reproduite<br />

à côté du sommaire ont été réalisées durant cette manifestation.<br />

La photo de couverture a aussi été prise à cette<br />

occasion.<br />

Né à Liestal en 1963, Tom Kawara a grandi en Suisse et au<br />

Japon. Il a fait sa maturité à Davos puis, en 1987, un diplôme<br />

de l’Ecole polytechnique de Zurich en biologie comportementale.<br />

Depuis lors, il travaille principalement comme photographe<br />

libre, depuis près de 30 ans pour le Tages-Anzeiger.<br />

Parallèlement il s’intéresse davantage à des projets au long<br />

cours. Il travaille actuellement à un livre sur Sternenberg. Il<br />

est bien connu des lecteurs de <strong>syndicom</strong> <strong>magazine</strong>, auquel il<br />

collabore régulièrement.


15<br />

La Suisse en retard sur ses voisins<br />

Le rang de la Suisse dans le classement du Forum Economique<br />

Mondial. Le chiffre indexé est le résultat de plusieurs facteurs.<br />

1,0 indiquerait une parité parfaite.<br />

Disparités criantes<br />

Répartition des salaires selon les classes de salaires et le sexe.<br />

Salaire mensuel net en francs. Secteur privé et secteur public<br />

ensemble, en %, 2016.<br />

25%<br />

Hommes<br />

Femmes<br />

20%<br />

15 %<br />

10 %<br />

2.<br />

Norvège<br />

1. 3.<br />

Suède<br />

Islande<br />

5%<br />

0%<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20<br />

Finlande : 0,821<br />

Suisse : 0,755<br />

0-1000<br />

1001-2000<br />

2001-3000<br />

3001-4000<br />

4001-5000<br />

5001-6000<br />

6001-7000<br />

7001-8000<br />

8001-9000<br />

9001-10000<br />

10001-11000<br />

11001-12000<br />

12001-13000<br />

Suède : 0,822 Royaume-Uni : 0,774<br />

Source : Enquête sur la structure des salaires (2016), OFS 2018<br />

Norvège : 0,835<br />

Allemagne : 0,776<br />

Islande : 0,858<br />

France : 0,779<br />

Source : Global Gender Gap Index, WEF 2018, Top 10 of Global Gender Gap Index, Western Europe<br />

Activité professionnelle 2018<br />

Différences salariales femmes et hommes<br />

selon la branche<br />

Dont la part inexpliquée : zone hachurée. En CHF.<br />

Total secteur privé<br />

657<br />

Commerce de détail<br />

702 1074<br />

1532<br />

Activités financières et assurances<br />

Information, Communication<br />

Hébergement, Restauration<br />

327 407<br />

Industries alimentaires<br />

856 1251<br />

2197<br />

4243<br />

41%<br />

41% des femmes actives<br />

travaillent à temps plein<br />

(90% à 100 %),<br />

contre 82 % des hommes. A l′inverse, les hommes<br />

sont seulement 7 % à occuper un poste à un taux<br />

inférieur à 50 % tandis que cette part est de 24 %<br />

chez les femmes.<br />

Hommes<br />

Plein temps<br />

Femmes<br />

Temps partiel 1 50–80%<br />

11%<br />

35%<br />

Temps partiel 2 (moins de 50 %)<br />

7%<br />

24 %<br />

41%<br />

Source : OFS, Enquête suisse sur la population active (ESPA)<br />

82%<br />

Imprimerie, Reproduction<br />

1282<br />

Industrie du textile<br />

Industrie chimique, Pharma<br />

649 1140<br />

Machines, Equipement<br />

Source : Secteur privé, Suisse 2016, Enquête suisse sur la structure des salaires;<br />

Calculs : Département d’économie quantitative, Université de Fribourg, Büro BASS, Berne.<br />

Source : OFS<br />

1503<br />

1834<br />

53h<br />

En moyenne, les mères<br />

accomplissent 53 heures de<br />

travail domestique et<br />

familial par semaine contre<br />

29 heures pour les pères.<br />

Loin de la parité<br />

La part inexpliquée de l’écart salarial entre femmes<br />

et hommes augmente dans le secteur privé<br />

70%<br />

60%<br />

50%<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

10 %<br />

62,4%<br />

37,6%<br />

59,1%<br />

40,9%<br />

60,9%<br />

39,1%<br />

57,1%<br />

42,9%<br />

2010 2012 2014 2016<br />

Part expliquée par des<br />

facteurs explicables<br />

Part sans facteurs<br />

explicables<br />

Sources : Enquête suisse sur la structure des salaires ;<br />

Calculs : Département d’économie quantitative, Université de Fribourg, Büro BASS, Berne


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Toutes à la grève des<br />

femmes le 14 juin !<br />

La grève des femmes du 14 juin aura<br />

lieu dans deux semaines environ. Faisons<br />

en sorte que cette date ait le<br />

même retentissement qu’il y a 28 ans,<br />

lorsqu’un demi-million de femmes<br />

ont fait la grève. Exigeons enfin ce à<br />

quoi les femmes ont droit depuis longtemps<br />

! Participons en grand nombre<br />

à la grève des femmes de 2019 ! Au travail,<br />

dans la rue !<br />

Rejoins-nous ! Tu peux donner le<br />

ton dans ton entreprise. As-tu une idée<br />

géniale et quelques collègues qui se<br />

joindraient à vous ? As-tu encore besoin<br />

d’idées pour une action ? Souhaites-tu<br />

participer à un événement dans ta région<br />

? Alors écris-nous un courriel à<br />

gleichstellung@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Tu peux commander du matériel<br />

de grève (foulards, badges, drapeaux<br />

et tracts) à l’adresse : www.<strong>syndicom</strong>.<br />

ch/frauenstreik.<br />

Prends une photo de toi avec le foulard<br />

et télécharge-la en indiquant la raison<br />

pour laquelle tu fais la grève sur<br />

Facebook, Twitter et Instagram, sous le<br />

hashtag #<strong>syndicom</strong>_femmesengrève19.<br />

Au plaisir de te voir le 14 juin !<br />

Patrizia Mordini,<br />

membre du comité directeur<br />

Faisons en sorte que cette date marque les esprits ! (© Demir Sönmez)<br />

https://bit.ly/2UeZ6AR<br />

Plus de temps.<br />

Pour tout le monde.<br />

La Suisse est le pays du travail à temps<br />

partiel. Ça a l’air a priori génial. Mais<br />

un taux d’occupation réduit entraîne<br />

des effets négatifs, tels que des droits<br />

limités aux rentes de l’AVS, de la caisse<br />

de pension, de l’assurance-invalidité<br />

et de l’assurance-chômage.<br />

De plus, les temps partiels restreignent<br />

les perspectives de carrière et la<br />

possibilité d’accéder à des postes de<br />

direction ou de décision, d’où un<br />

moindre pouvoir d’achat et droit aux<br />

assurances sociales.<br />

Parmi les salarié(e)s à temps partiel,<br />

on compte nettement plus de<br />

femmes que d’hommes, essentiellement<br />

pour des raisons familiales.<br />

L’éducation, les tâches ménagères et<br />

les soins incombent aux femmes en<br />

priorité, ce qui cimente ainsi des modèles<br />

obsolètes d’attribution des<br />

rôles. Pourtant, les hommes veulent<br />

eux aussi s’engager pour leur famille.<br />

C’est pourquoi une redéfinition des<br />

conditions de travail s’impose. L’ancien<br />

modèle masculin du travail à<br />

plein temps doit être remplacé.<br />

Tous profiteraient d’une réduction<br />

de la durée ordinaire du travail pour le<br />

même salaire. Elle permettrait de rejeter<br />

les anciens stéréotypes si elle s’accompagne<br />

d’une sensibilisation de la<br />

population. D’autant qu’une telle réduction<br />

s’impose compte tenu de<br />

l’augmentation de la productivité du<br />

travail au cours des dernières années.<br />

Miriam Berger, secrétaire spécialisée<br />

du secteur TIC


« Dans la branche TIC également, les femmes occupent<br />

des postes plutôt moins élevés et moins bien payés. » Miriam Berger<br />

17<br />

Une enquête montre qu’il faut<br />

plus d’égalité dans la branche TIC<br />

399 travailleurs(euses) de la branche des technologies de l’information<br />

et de la communication (TIC), parmi lesquels 79 % de<br />

femmes et 21 % d’hommes, réclament des changements.<br />

La branche TIC est une branche essentiellement<br />

masculine : les femmes y<br />

sont fortement sous-représentées<br />

(23 % seulement). Alors que les salaires<br />

et les conditions de travail sont<br />

souvent mauvaises dans les branches<br />

dites féminines, on rencontre une situation<br />

inverse dans les branches<br />

masculines.<br />

Une branche essentiellement<br />

masculine<br />

Le secteur des TIC confirme cette tendance<br />

: les salaires y sont par exemple<br />

nettement plus élevés que dans<br />

d’autres branches. Mais quelles sont<br />

les conditions vécues au sein de la<br />

branche, et y a-t-il des différences<br />

entre les différents groupes d’employé(e)s<br />

?<br />

Pour le savoir et en vue de la grève<br />

des femmes du 14 juin, nous avons<br />

mené en mars un sondage par voie<br />

électronique dans le secteur TIC. Nous<br />

nous sommes intéressés aux sujets<br />

suivants : la conciliation entre famille<br />

et profession, la répartition du travail<br />

à temps partiel, les femmes aux postes<br />

de direction et de responsabilité,<br />

l’égalité salariale, le harcèlement et la<br />

discrimination.<br />

Pour les femmes, tout est encore<br />

loin d’être réglé dans la branche TIC.<br />

En effet, plus de deux tiers des sondé-<br />

(e)s peinent à concilier famille et carrière<br />

sans désavantages. Par ailleurs,<br />

les femmes sont plus nombreuses à<br />

travailler à temps partiel. On peut aussi<br />

constater cette différence liée au<br />

sexe parmi les participant(e)s au sondage.<br />

Elle s’explique parce que les<br />

femmes réduisent souvent leur taux<br />

d’occupation afin de se consacrer au<br />

travail d’assistance et de soins, ainsi<br />

qu’aux tâches ménagères.<br />

L’inégalité salariale choque<br />

En comparant les pourcentages de réponses<br />

à la question sur la conciliation<br />

de la vie privée et professionnelle<br />

avec ceux obtenus s’agissant de l’égalité<br />

salariale, on constate que la réponse<br />

à cette dernière question est<br />

des plus claire. Alors que 69 % des personnes<br />

interrogées relèvent des difficultés<br />

à concilier vie professionnelle<br />

et familiale, l’inégalité salariale<br />

choque encore davantage. 82 % des<br />

sondé(e)s trouvent dérangeant, voire<br />

très dérangeant que les femmes<br />

gagnent environ un cinquième de<br />

moins que les hommes tous secteurs<br />

confondus.<br />

Plus de 60 % des sondé(e)s harcelé(e)s<br />

En ce qui concerne le harcèlement, les<br />

résultats sont effrayants : plus de 60 %<br />

des personnes interrogées ont déjà été<br />

victimes de harcèlement sexuel. De<br />

bonnes ambiance de travail et culture<br />

d’entreprise seraient d’autant plus<br />

importantes pour le groupe déjà<br />

sous-représenté. Le manque de<br />

femmes au sein des structures de direction<br />

et la discrimination dans les<br />

relations de pouvoir peuvent être particulièrement<br />

préjudiciables et constituer<br />

aussi un facteur de harcèlement<br />

sexuel. Si le harcèlement sexuel est<br />

pratiqué par des supérieurs hiérarchiques,<br />

des désavantages supplémentaires<br />

peuvent en résulter pour les<br />

victimes dans leur travail quotidien.<br />

Plafond de verre dans l’entreprise<br />

Parallèlement, il convient d’évoquer le<br />

phénomène du plafond de verre (limitation<br />

de l’accès des femmes aux<br />

postes à responsabilités), qui peut<br />

aussi aggraver l’inégalité salariale et<br />

renforcer les stéréotypes. Pas moins<br />

de 55 % des personnes interrogées perçoivent<br />

aussi l’effet du plafond de<br />

verre au sein de leur entreprise, et la<br />

majorité d’entre elles s’en inquiètent.<br />

Si on ne trouve pas, aux postes de direction,<br />

une proportion de femmes<br />

égale à celle des employés de la<br />

branche, c’est que les choses ne<br />

tournent pas rond.<br />

Aussi dans la branche TIC, les<br />

femmes ont tendance à occuper des<br />

postes hiérarchiquement moins élevés<br />

et donc moins bien rémunérés. Les<br />

préoccupations des femmes sont clairement<br />

ressorties de l’enquête. Dès<br />

lors, il est d’autant plus important que<br />

les femmes et les partisans de l’égalité<br />

participent à la grève des femmes le<br />

14 juin afin de donner à ces préoccupations<br />

encore plus de poids. Car<br />

l’égalité des sexes et la révision des<br />

modèles sociaux traditionnels profitent<br />

en fin de compte à tout le monde.<br />

Miriam Berger, secrétaire spécialisée<br />

au secteur TIC<br />

https://bit.ly/2Ppd3dD<br />

Extrait du sondage sur l’égalité dans la branche TIC<br />

L’écart de rémunération entre hommes et femmes atteint<br />

20 %. Trouves-tu cela choquant ?<br />

« Parvenir à concilier famille et profession n’est pas du tout<br />

facile. » Es-tu d’accord avec cette affirmation ?<br />

11317654z 36331786z<br />

Oui 82 % Oui 69 %<br />

Pas du tout 11 %<br />

Pas beaucoup 3%<br />

Un peu 17 %<br />

Beaucoup 65%<br />

Pas de réponse 4 %<br />

Entièrement d’accord 36%<br />

Plutôt d’accord 33 %<br />

Plutôt pas d’accord 17 %<br />

Pas du tout d’accord 8 %<br />

Pas de réponse 6 %


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Il faut juguler cette tendance à la flexibilisation par des<br />

règles encore plus contraignantes dans la future CCT. »<br />

Matthias Loosli<br />

Des facteurs surchargés<br />

aussi dans le<br />

canton de Vaud<br />

Première rencontre entre<br />

<strong>syndicom</strong> et PostMail<br />

Le 14 février, <strong>syndicom</strong> déposait un<br />

mandat avec plus de 300 signatures<br />

auprès de la direction générale de<br />

PostMail à Neuchâtel. Il exigeait l’ouverture<br />

immédiate de négociations<br />

sur les conditions de travail des facteurs(trices)<br />

dans l’Arc jurassien.<br />

Car elles sont devenues inacceptables<br />

: ces travailleurs accomplissent<br />

des heures supplémentaires presque<br />

La pétition dans l’arc jurassien a porté ses fruits.<br />

(© <strong>syndicom</strong>)<br />

illimitées et travaillent dans des conditions<br />

qui mettent leur santé en danger.<br />

Un sondage réalisé par <strong>syndicom</strong><br />

en 2018 auprès d’environ un millier de<br />

facteurs l’a confirmé. 94 % des participants<br />

ont fait état d’un solde d’heures<br />

supplémentaires à la fin de 2017. Le<br />

problème se pose donc dans toute la<br />

Suisse. La raison réside dans le<br />

manque de personnel.<br />

Première rencontre<br />

La pétition dans l’Arc jurassien a porté<br />

ses fruits : une première rencontre<br />

s’est déroulée entre <strong>syndicom</strong> et Post-<br />

Mail en mars. PostMail a promis de<br />

traiter les faits à la prochaine réunion.<br />

Des solutions devront alors être recherchées<br />

sur cette base.<br />

<strong>syndicom</strong> collecte déjà des signatures<br />

avec les mêmes revendications<br />

dans d’autres régions de Suisse romande<br />

(régions de distribution Renens,<br />

Yverdon ou La Côte).<br />

Matthias Loosli<br />

Pas de travail sur appel<br />

chez PostLogistics !<br />

Les employeurs tentent de transférer le risque de l’entreprise<br />

sur les employé(e)s. Un exemple chez La Poste.<br />

Mi-avril, les médias alémaniques ont<br />

révélé un contestable projet de Post-<br />

Logistics. Les employé(e)s de la base<br />

de distribution de Mägenwil (AG) ne<br />

devaient être informés que quelques<br />

heures à l’avance du début du travail<br />

pour la livraison du soir. Les employés<br />

auraient dû consulter chaque jour une<br />

application à midi pour s’informer de<br />

l’heure à laquelle ils devaient venir travailler<br />

l’après-midi. Ils pouvaient alors<br />

être sollicités à 14 h 30, mais aussi à<br />

16 h 30 : un cas classique de travail sur<br />

appel. L’introduction de ce système<br />

est inadmissible et incompatible avecles<br />

dispositions actuelles de la<br />

convention collective de travail (CCT).<br />

Annoncé 14 jours à l’avance<br />

La CCT stipule clairement que les<br />

plans d’affectation doivent être annoncés<br />

14 jours à l’avance. Le nouveau<br />

patron de La Poste, Roberto Cirillo, a<br />

dû stopper le projet. Depuis des années,<br />

La Poste cherche à augmenter la<br />

flexibilité de ses employés. Par différents<br />

modèles de travail sur appel :<br />

dans le cas des services de réserve chez<br />

CarPostal, du début flexible du travail<br />

chez PostLogistics décrit ci-dessus, ou<br />

de modifications à court terme des<br />

plans d’affectation chez PostMail.<br />

Une incertitude qui nuit à la santé<br />

Une enquête réalisée en 2018 par <strong>syndicom</strong><br />

auprès des facteurs(trices) de<br />

PostMail le confirme : l’incertitude en<br />

termes de planification augmente.<br />

Une personne sur quatre a déclaré<br />

qu’elle ne recevait les plans d’affectation<br />

qu’une semaine à l’avance, voire<br />

durant la semaine de travail. Un problème<br />

pour les personnes qui ont des<br />

responsabilités familiales. Les employé(e)s<br />

à temps partiel peinent à<br />

trouver un second emploi pour atteindre<br />

le taux d’occupation souhaité.<br />

En fin de compte, l’incertitude liée à la<br />

planification entraîne un stress négatif<br />

qui nuit à la santé.<br />

Règles plus contraignantes<br />

La pression concurrentielle est si forte<br />

dans la branche de la logistique que<br />

les employeurs tentent de reporter le<br />

risque d’entreprise sur les employé(e)s<br />

en introduisant des horaires<br />

de travail flexibles. Les syndicats<br />

doivent stopper cette évolution unilatérale.<br />

En ce qui concerne La Poste et<br />

ses sous-traitants, <strong>syndicom</strong> s’efforcera<br />

de juguler cette tendance par des<br />

règles encore plus contraignantes lors<br />

des négociations sur la nouvelle<br />

convention collective de travail.<br />

Matthias Loosli<br />

La CCT exige d’annoncer les plans d’affectation 14 jours à l’avance. (© La Poste)<br />

Au sujet de Roberto Cirillo :<br />

https://bit.ly/2KViani


« Nous exigeons plus de temps et d’argent pour le travail de soins. »<br />

Patrizia Mordini<br />

19<br />

Exposition et exigences de <strong>syndicom</strong><br />

pour la grève des femmes<br />

Une expo itinérante partira de La Poste Suisse à Berne.<br />

Le 14 juin, les employé(e)s porteront le foulard et le badge au<br />

guichet.<br />

Nous préparons la grève des femmes,<br />

le 14 juin prochain. Le 8 mars, le coup<br />

d’envoi a été donné lors de la Journée<br />

internationale de la femme. A Berne,<br />

une diffusion cinématographique sur<br />

la grève des femmes de 1991 et un<br />

défilé sur la Terrasse fédérale qui a<br />

rassemblé quelque 200 femmes ont<br />

été organisées. Le 10 mars, plus de<br />

500 femmes se sont réunies au Volkshaus<br />

de Bienne pour le lancement<br />

national de tous les comités régionaux<br />

de la grève des femmes et des différentes<br />

organisations. Ce jour-là, un<br />

manifeste commun a été adopté (voir<br />

www.frauenstreik2019.ch).<br />

Les revendications de <strong>syndicom</strong><br />

<strong>syndicom</strong> a formulé ses propres revendications<br />

en s’inspirant du slogan de<br />

l’USS sur la grève des femmes « Plus de<br />

salaire, de temps et de respect ! ». Nous<br />

exigeons l’égalité salariale, pour que<br />

toutes les femmes reçoivent le salaire<br />

auquel elles ont droit. Nous exigeons<br />

plus de temps et d’argent pour le travail<br />

de soins. Les femmes travaillant le<br />

plus souvent à temps partiel, nous exigeons<br />

de bonnes perspectives de carrière.<br />

Chacun(e) doit pouvoir concilier<br />

vie professionnelle et vie familiale.<br />

Nous exigeons le respect et ne tolérons<br />

ni le harcèlement sexuel, ni le mobbing<br />

au boulot.<br />

Expo et actions spécifiques<br />

L’exposition « Meilensteine der Gleichstellung<br />

und aktuelle Forderungen »<br />

(Jalons de l’égalité et revendications<br />

actuelles) sera mise sur pied à La Poste<br />

Suisse à Berne. Une semaine avant le<br />

14 juin, elle sera inaugurée dans le hall<br />

de la centrale de La Poste au Wankdorf.<br />

Elle se déplacera ensuite comme exposition<br />

itinérante. Le 14 juin, les employé(e)s<br />

de La Poste pourront porter<br />

le nouveau foulard de <strong>syndicom</strong> et le<br />

badge au guichet aussi, avec leur uniforme.<br />

Dans le secteur TIC, une enquête<br />

sur l’égalité a été menée afin de répondre<br />

aux préoccupations des<br />

femmes (voir p. 17). Dans le secteur<br />

médias, un manifeste de l’égalité à<br />

l’intention des professionnels des médias<br />

et des activités sont en cours de<br />

préparation, notamment dans les librairies.<br />

Sélection d’événements régionaux<br />

Les manifestations régionales organisées<br />

par les comités le 14 juin peuvent<br />

être consultées ici : www.frauenstreik2019.ch.<br />

Berne : à partir de midi,<br />

réunion sur la place Fédérale, puis à<br />

17 h 00, départ du défilé depuis cette<br />

même place (stands, concerts, etc.).<br />

Zurich : à partir de midi, sur la Helvetiaplatz,<br />

puis à 17 h 00, manifestation<br />

(Landesmuseum – Helvetiaplatz,<br />

stands, concerts). Neuchâtel : soirée<br />

repas collectif et musique. Lausanne :<br />

18 h 00, grande manifestation place<br />

St-François. Bâle : Theaterplatz réservée,<br />

la fontaine « Brunnen zur faulen<br />

Magd » sera chauffée pour s’y baigner.<br />

Berthoud : 17 h 00, détails suivront.<br />

D’autres manifestations sont prévues<br />

à Aarau, Fribourg, Schwyz, Appenzell<br />

Rhodes-Intérieures et Extérieures ainsi<br />

qu’au Tessin.<br />

Patrizia Mordini<br />

Programme du 14 juin 2019 à<br />

l’exemple de Berne (Poste de<br />

Wankdorf)<br />

11 h 00<br />

« Pause de protestation » dans toute<br />

la Suisse avec tes collègues (rencontre<br />

à la cafétéria, faire du bruit,<br />

distribution de tracts, port du foulard<br />

et du badge)<br />

Midi<br />

Collation dans l’entreprise<br />

15 h 30<br />

Activité dans l’entreprise : visite de<br />

l’exposition « Meilensteine der<br />

Gleichstellung und aktuelle<br />

Forderungen »<br />

16 h 45<br />

Rencontre et action organisée<br />

régionalement : célébration avec<br />

défilé sur la place Fédérale<br />

Guide de rédaction<br />

pour des médias non<br />

sexistes<br />

Stephanie Vonarburg, responsable du secteur<br />

Presse et médias électroniques et membre du CD<br />

Lorsque les journalistes observent, décrivent<br />

et interrogent intensément la<br />

politique et l’économie pour révéler<br />

des irrégularités, leur travail permet<br />

d’exercer un contrôle sur les tout-puissants<br />

de ce monde.<br />

Malheureusement, ces médias ont<br />

eux-mêmes tendance à reproduire, à<br />

consolider et donc à maintenir des<br />

structures de pouvoir masculines. Parfois<br />

à grand renfort de coups médiatiques<br />

et sans veiller à protéger les<br />

droits de la personnalité. Cette situation<br />

se produit fréquemment : lorsqu’il<br />

s’agit de donner des informations<br />

sur des candidat(e)s avant les<br />

élections, les femmes sont toujours lésées.<br />

Elles obtiennent moins de place<br />

et d’attention, tout comme lorsque les<br />

médias parlent de science, de culture<br />

ou de sport. Cette sous-représentation<br />

des femmes renforce les structures du<br />

pouvoir en place. Il est encore plus difficile<br />

de combattre cette discrimination<br />

lorsque les femmes sont représentées<br />

de manière stéréotypée<br />

comme des personnes du sexe faible<br />

livrées à leurs sentiments. Les hommes<br />

souffrent aussi de tels clichés qui les<br />

cantonnent dans des rôles traditionnels<br />

binaires. La société doit les dépasser.<br />

Notre guide de rédaction non<br />

sexiste donne des conseils pratiques<br />

pour sortir du piège injuste de la discrimination<br />

(voir lien). La grève des<br />

femmes s’étend désormais aussi aux<br />

médias.<br />

Stephanie Vonarburg<br />

https://bit.ly/2VS52At


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Je ne veux plus vivre dans une société qui traite<br />

les femmes et les hommes de façon inégale. » Dominik Fitze<br />

Comment les hommes peuvent<br />

soutenir la grève des femmes<br />

Des groupes masculins organisent des actions, par ex. pour<br />

garder les enfants de celles qui manifesteront ce jour-là.<br />

En tant que jeune syndicaliste, on me<br />

demande souvent si je soutiens cette<br />

grève des femmes. Je réponds toujours<br />

franchement oui. En tant que (jeune)<br />

homme, je ne veux plus vivre dans une<br />

société qui traite les femmes et les<br />

hommes de façon inégale. Les<br />

hommes en souffrent aussi.<br />

Une mentalité des années 1950<br />

Pour de nombreuses questions relatives<br />

à l’égalité, la Suisse en est restée<br />

aux années 1950. Les femmes gagnent<br />

moins, les pères n’ont qu’un ou deux<br />

jours de congé à la naissance de leur<br />

enfant tandis que les mères restent à<br />

la maison un certain temps. Il y a bien<br />

eu quelques progrès : certaines<br />

conventions collectives de travail accordent<br />

deux ou quatre semaines de<br />

congé de paternité et des mesures<br />

commencent à être instaurées pour<br />

lutter contre l’inégalité salariale.<br />

Beaucoup de couples tentent d’élever<br />

leurs enfants égalitairement, mais<br />

ils se rendent compte que ce n’est pas<br />

facile : si l’enfant tombe malade, le<br />

père reste rarement à la maison (le patron<br />

n’apprécierait pas). Les femmes<br />

réduisent leur taux d’occupation, tandis<br />

que les hommes qui travaillent à<br />

90 % s’en félicitent comme s’ils avaient<br />

renoncé à un siège au Conseil fédéral<br />

en faveur d’une femme. Comme<br />

l’homme gagne tout simplement plus,<br />

l’éducation des enfants est laissée aux<br />

femmes. Et de toute façon, on a toujours<br />

fait ainsi.<br />

Notre société nous confine dans<br />

les rôles de mères de famille et<br />

d’hommes pourvoyeurs de son entretien.<br />

Il faut que les choses changent !<br />

Une fois que j’aurai des enfants, je ne<br />

veux pas être forcé d’assumer le rôle<br />

de principal soutien financier de ma<br />

famille. Il est inacceptable que les<br />

femmes gagnent moins pour le même<br />

travail. C’est pourquoi <strong>syndicom</strong> soutient<br />

la grève des femmes, lutte pour<br />

des CCT progressistes et a déjà donné<br />

la possibilité à des employés masculins<br />

de réduire leur temps de travail<br />

pour garder leurs enfants.<br />

Je soutiens la grève des femmes<br />

comme je le peux. En tant qu’hommes,<br />

nous ne devons pas l’oublier : le<br />

14 juin, il ne s’agit pas de nous, mais<br />

des femmes et de leurs revendications.<br />

Si elles sont concrétisées, c’est la société<br />

dans son ensemble qui en bénéficiera<br />

– y compris nous, les hommes.<br />

Comment soutenir la grève des<br />

femmes ? Nous pouvons nous montrer<br />

solidaires et y croire, en cessant de<br />

mettre en doute leurs revendications.<br />

Nous pouvons également nous rendre<br />

utiles là où on a besoin de nous. Les<br />

pères pourraient s’occuper des enfants<br />

le 14 juin ou nous pourrions inviter<br />

des camarades de nos enfants ce<br />

jour-là pour permettre à leurs mères<br />

de participer à la grève. Nous pourrons<br />

aussi mener des actions. Des groupes<br />

d’hommes solidaires existent déjà à<br />

plusieurs endroits. Dans le canton de<br />

Vaud, tu peux obtenir des renseignements<br />

auprès de gygax@ssp-vpod.ch,<br />

en Valais auprès de grevefemmesvalais@gmail.com<br />

et à Fribourg auprès<br />

de grevefemmesfribourg@gmail.com.<br />

Pour toute question et concernant les<br />

autres régions, merci de t’adresser à<br />

gleichstellung@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Dominik Fitze<br />

Notre bannière pour la grève des femmes au secrétariat central de <strong>syndicom</strong> à Berne. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

https://frauenstreik2019.ch/wp-content/<br />

uploads/2019/04/hommesolidaires.pdf<br />

Salt coupe les salaires :<br />

qui n’accepte pas est<br />

licencié(e)<br />

Auparavant, la pression sur le personnel<br />

de vente dans les Salt Shops était<br />

déjà grande. A côté du salaire fixe, il<br />

avait une part variable, dépendant du<br />

volume de ventes. Cela permettait aux<br />

employés des Shops qui marchaient<br />

bien de gagner 4600 francs. Mais<br />

c’était déjà trop pour Salt qui leur a<br />

présenté, peu avant Pâques, de nouveaux<br />

contrats à signer.<br />

Celui ou celle qui refusait était<br />

menacé de licenciement. C’est ce<br />

qu’annonçait Salt dans une lettre où<br />

l’entreprise présentait des congésmodifications<br />

aux employé(e)s. A<br />

l’avenir, ils recevraient une part fixe<br />

plus importante s’élevant à 4000<br />

francs, mais la part variable est ainsi<br />

calculée que les collaborateurs s’attendent<br />

à des pertes significatives. De<br />

plus, les objectifs ne peuvent plus être<br />

atteints par équipes : c’est chacun<br />

pour soi. Cela a favorisé un climat de<br />

suspicion. Lorsque ce n’est plus la<br />

prestation de l’équipe qui compte, la<br />

pression sur chacun augmente et l’on<br />

dresse les gens les uns contre les<br />

autres.<br />

Ce qui a choqué est la manière :<br />

menace de licenciement, puis un<br />

congé-modification mal fixé puisque<br />

le délai de congé était au 31 juillet<br />

2018. Enfin Salt tente d’introduire<br />

immédiatement les nouvelles dispositions<br />

qui ne devaient l’être qu’après<br />

l’écoulement du délai de congé. <strong>syndicom</strong><br />

est en contact avec les employés<br />

et décidera de la suite à donner. La<br />

nécessité d’avoir une CCT chez Salt se<br />

révèle évidente.<br />

Christian Capacoel


« L’objectif de La Poste ne doit pas être seulement de réaliser<br />

des bénéfices, mais aussi d’offrir un service aux usagers. » Graziano Pestoni<br />

21<br />

Moratoire à La Poste, une<br />

nouvelle offensive tessinoise<br />

« Stopper le déclin des services postaux, les pertes d’emplois et<br />

la détérioration des conditions de travail ! » Le personnel de<br />

RetePostale Ticino demande à Simonetta Sommaruga de suspendre<br />

la fermeture des bureaux de poste.<br />

Réorganisations, demandes de flexibilité<br />

toujours plus grande, incertitudes<br />

sur l’avenir. Le personnel de<br />

PostNetwork continue de travailler<br />

dans des conditions stressantes.<br />

Comme une épée de Damoclès, le<br />

risque de perdre son emploi pèse sur<br />

les travailleurs. Vu la situation économique<br />

au Tessin, cela signifie le chômage<br />

et peut-être l’aide sociale.<br />

Bien que seulement 15 des 48 bureaux<br />

de poste prévus pour 2020 aient<br />

été fermés à ce jour, 33 autres sont menacés<br />

de fermeture d’ici l’année prochaine.<br />

La Poste Suisse et ses coups bas<br />

Jusqu’à présent, l’hémorragie des bureaux<br />

de poste au Tessin a été en partie<br />

stoppée par les pétitions des citoyens<br />

montrant leur attachement au service<br />

postal, et par la volonté des communes<br />

qui se sont opposées à la fermeture.<br />

Mais cette résistance ne suffit pas. « La<br />

Poste Suisse est déloyale », ont déclaré<br />

les mêmes employés de RetePostale<br />

lors de l’assemblée en avril dernier. La<br />

stratégie de l’entreprise est d’affaiblir<br />

les bureaux de poste. Le personnel est<br />

incité à pousser les clients vers les services<br />

en ligne. De nombreux produits<br />

ne sont plus vendus au comptoir. Les<br />

citoyens sont ainsi découragés de se<br />

rendre dans les bureaux de poste.<br />

Moratoire immédiat<br />

Il est temps de passer à l’offensive. Les<br />

représentants de RetePostale au Tessin<br />

ont donc appelé la nouvelle directrice<br />

du DETEC, Simonetta Sommaruga,<br />

à imposer un moratoire immédiat<br />

sur toutes les décisions visant à réduire<br />

les services postaux et à entraîner<br />

des pertes d’emplois et une détérioration<br />

des conditions de travail. Ils<br />

espèrent trouver en Simonetta Sommaruga<br />

une interlocutrice attentive<br />

aux problèmes des travailleurs et aux<br />

besoins des citoyens.<br />

Le rôle de la politique<br />

Face aux changements de la numérisation,<br />

la politique doit intervenir. Et redéfinir<br />

le concept de service public<br />

dans les domaines de la santé, de<br />

l’énergie, de l’information, de l’éducation<br />

et des télécommunications.<br />

A la mi-mai, une réunion a eu lieu<br />

entre une délégation tessinoise de<br />

l’USS (y compris <strong>syndicom</strong>) et le nouveau<br />

président de l’USS, Pierre-Yves<br />

Maillard, pour discuter des problèmes<br />

du service public. Objectifs : suspendre<br />

la fermeture des bureaux de<br />

poste et lancer un référendum sur la<br />

restauration des régies fédérales,<br />

comme le dit Graziano Pestoni, président<br />

de l’USS Ticino e Moesa, auteur<br />

d’études sur la privatisation des entreprises<br />

publiques. A la suite de la demande<br />

de moratoire de RetePostale au<br />

Tessin, La Poste à Berne a proposé une<br />

rencontre avec les collaborateurs et<br />

<strong>syndicom</strong> qui se tiendra le 13 juin.<br />

Giovanni Valerio<br />

https://bit.ly/2H9ZEnv<br />

Lors du 1er mai à Locarno, <strong>syndicom</strong> a manifesté<br />

contre le démantèlement des offices de poste.<br />

(© Giovanni Valerio)<br />

<strong>syndicom</strong> soutient la<br />

non-discrimination des<br />

trans au travail<br />

<strong>syndicom</strong> soutient « trans welcome »,<br />

le portail web pour les personnes<br />

trans. Elles sont les bienvenues dans<br />

notre syndicat. Nous misons sur la diversité<br />

et la vivons, étant convaincus<br />

que l’inclusion de personnes différentes<br />

apporte une valeur ajoutée.<br />

Le terme « trans » est utilisé pour<br />

une personne dont l’identité de genre<br />

ne correspond pas au sexe qui lui a été<br />

attribué à la naissance. Les termes qui<br />

sont également utilisés sont « transgenre<br />

», « transidentité » ou le terme<br />

plus ancien de « transsexualité »<br />

Ces personnes vivent très différemment<br />

l’identité de sexe ressentie,<br />

qu’ils aient l’air d’un homme ou d’une<br />

femme, qu’ils aient été opérés ou non.<br />

Elles ne se limitent pas aux personnes<br />

qui subissent une intervention chirurgicale<br />

de changement de sexe.<br />

Le portail en ligne « trans welcome<br />

» leur fournit des informations et<br />

des services utiles dans leur quotidien<br />

professionnel, crée une prise de<br />

conscience pour un environnement<br />

de travail non discriminant et réunit<br />

les conditions pour un processus réussi<br />

de coming out.<br />

Le Bureau fédéral de l’égalité soutient<br />

ce projet de Transgender Network<br />

Switzerland (TGNS) au moyen des<br />

aides financières prévues par la loi sur<br />

l’égalité.<br />

Les personnes concernées sont invitées<br />

à nous contacter à gleichstellung@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

<strong>syndicom</strong> est également<br />

représenté au sein de la<br />

Commission LGBT de l’USS.<br />

Patrizia Mordini<br />

www.transwelcome.ch/fr/


22 Politique<br />

Transformations<br />

du travail et nécessité<br />

d’une action collective<br />

La tendance à régler les tensions<br />

et conflits liés au travail<br />

par des compromis et<br />

arrangements individuels<br />

doit être combattue par des<br />

acteurs collectifs, prêts à<br />

œuvrer au service de tous.<br />

La grève des femmes est un<br />

exemple à suivre à cet égard.<br />

Texte : Jean-Michel Bonvin<br />

Jean-Michel Bonvin est spécialiste en politiques<br />

sociales et de l’emploi et enseigne à l’Université<br />

de Genève. Ce texte est une adaptation de la<br />

conférence qu’il a tenue dans le cadre du 40e<br />

anniversaire du Collège du Travail, qui s’engage<br />

pour préserver la mémoire du monde du travail,<br />

contribuer à son histoire et réfléchir aux défis<br />

auxquels les salarié(e)s sont aujourd’hui<br />

confronté(e)s.<br />

L’épanouissement au travail et par<br />

le travail repose sur la prise en<br />

compte de trois dimensions complémentaires.<br />

Travail qui nourrit, utile et négocié<br />

Tout d’abord, une dimension instrumentale<br />

où le travail donne les<br />

moyens d’existence indispensables<br />

pour mener une vie digne ; le travail<br />

est ici valorisé sous l’angle du salaire<br />

qui permet de s’épanouir en<br />

dehors du travail. Ensuite, une dimension<br />

expressive où ce qui importe<br />

est de faire un travail intéressant<br />

dont l’utilité soit reconnue<br />

socialement ; la qualité du travail est<br />

alors essentielle et fonde la fierté légitime<br />

du travailleur par rapport au<br />

résultat de son travail. Enfin, une dimension<br />

politique qui comprend la<br />

négociation collective des conditions<br />

de travail et implique la possibilité<br />

de débattre sur les formes de<br />

travail, leur équité, leur efficience,<br />

etc. en vue d’aboutir à des règles<br />

communes et acceptées par toutes<br />

et tous, plutôt qu’imposées unilatéralement<br />

par l’employeur. Les transformations<br />

actuelles du travail<br />

posent des défis en lien avec chacune<br />

de ces trois dimensions.<br />

Risque économique transféré aux<br />

salarié(e)s<br />

Le contexte de globalisation économique<br />

et financière entraîne une<br />

mise en concurrence accrue des entreprises,<br />

qui flexibilise la relation<br />

de travail et incite les entreprises à<br />

transférer le risque économique aux<br />

salarié(e)s. Il s’agit, par exemple,<br />

d’ajuster les effectifs de l’entreprise<br />

en fonction de ses possibilités économiques,<br />

ce qui peut conduire à<br />

des licenciements, ou d’engager du<br />

personnel temporaire dont on peut<br />

plus facilement se séparer. L’exigence<br />

de flexibilité peut aussi se manifester<br />

sur le plan salarial, avec des<br />

appels à la modération salariale en<br />

vue de préserver les emplois ou une<br />

plus grande individualisation des<br />

salaires en fonction du mérite. De la<br />

Les femmes peu<br />

qualifiées<br />

particulièrement<br />

fragilisées<br />

sorte, on laisse place à une prise en<br />

compte accrue de la performance<br />

individuelle. L’accès à l’emploi est<br />

rendu plus difficile d’une part, la sécurité<br />

de l’emploi et des salaires est<br />

fragilisée d’autre part.<br />

Ces circonstances n’affectent<br />

toutefois pas tous les salarié(e)s au<br />

même degré : le risque existe en effet<br />

d’une dualisation du marché du<br />

travail, où les plus qualifié(e)s s’en<br />

sortent mieux car leurs compétences<br />

sont plus difficilement remplaçables,<br />

tandis que les peu qualifié(e)s<br />

peuvent plus aisément être<br />

substitué(e)s par une main-d’œuvre<br />

moins coûteuse ou par des machines<br />

automatisées. Le contexte actuel<br />

ne favorise par ailleurs pas la réduction<br />

des inégalités, comme<br />

l’illustre la persistance des écarts<br />

salariaux entre femmes et hommes<br />

en Suisse. La situation des femmes<br />

peu qualifiées apparaît ainsi particulièrement<br />

fragilisée.<br />

La dérive de la participation des<br />

employés<br />

Le contexte actuel du travail tend à<br />

exacerber la volonté de faire participer<br />

et d’impliquer les salarié(e)s<br />

plutôt que de les considérer comme<br />

de simples exécutant(e)s. Ces évolutions<br />

qui vont dans le sens d’un management<br />

plus participatif<br />

semblent favorables à une meilleure<br />

prise en compte de la dimension expressive<br />

du travail. Elles ne<br />

concernent toutefois pas l’ensemble<br />

des salarié(e)s dans la mesure où la<br />

vision taylorienne du salarié comme<br />

exécutant n’a de loin pas disparu. Il<br />

convient de signaler deux dérives<br />

possibles : tout d’abord, la partici-


23<br />

pation porte souvent sur les moyens<br />

d’améliorer la performance plus<br />

que sur le sens du travail, les salarié(e)s<br />

peuvent alors être incité(e)s à<br />

se consacrer corps et âme à un travail<br />

qui n’a pas de sens pour eux.<br />

Dans un tel cas, le souci de la performance<br />

prend le dessus.<br />

Ensuite, la demande de participation<br />

peut déboucher sur des<br />

formes d’intensification du travail<br />

et des attentes de disponibilité accrue.<br />

La digitalisation du travail, qui<br />

rend les frontières entre le travail et<br />

le non-travail plus poreuses (on peut<br />

en effet transporter son travail avec<br />

soi et travailler tout le temps), renforce<br />

le risque d’hypersollicitation<br />

et la difficulté de concilier travail et<br />

autres activités. Dans un tel cadre,<br />

les femmes sont souvent pénalisées,<br />

dans la mesure où les activités hors<br />

travail leur incombent plus souvent,<br />

ce qui peut les placer devant deux alternatives<br />

également insatisfaisantes<br />

: soit ne pas participer aux activités<br />

professionnelles au degré<br />

attendu et donc sacrifier leurs ambitions<br />

professionnelles, soit se soumettre<br />

aux contraintes d’une double<br />

L’hypersollicitation<br />

induite par la<br />

digitalisation pénalise<br />

les femmes<br />

journée de travail. L’enjeu est donc<br />

double et porte sur le sens du travail<br />

et la possibilité de délimiter ses<br />

frontières pour laisser du temps et<br />

de l’espace à d’autres activités.<br />

On flexibilise le travail par des<br />

arrangements individuels<br />

L’individualisation accrue des relations<br />

de travail se traduit de deux<br />

manières : d’une part, on a tendance<br />

à régler les tensions et conflits liés<br />

au travail par des compromis et arrangements<br />

individuels plutôt que<br />

par la négociation collective, ce qui<br />

correspond au souci de flexibiliser<br />

la relation de travail mais entraîne<br />

aussi une dépolitisation du travail.<br />

D’autre part, la participation sollicitée<br />

de la part des salarié(e)s est souvent<br />

envisagée sous l’angle de l’implication<br />

et de la motivation plutôt<br />

que celui d’une gestion collective<br />

des conditions de travail et d’emploi.<br />

La participation est ainsi clairement<br />

délimitée et les questions<br />

liées par exemple aux stratégies des<br />

ressources humaines, à la gestion<br />

des compétences, etc. restent des<br />

prérogatives des employeurs.<br />

La grève des femmes, un exemple à<br />

suivre<br />

Oeuvrer au service<br />

de tous, et pas<br />

seulement pour<br />

les habiles<br />

négociateurs<br />

L’enjeu consiste ici à former (ou<br />

renforcer) un acteur collectif qui<br />

soit susceptible d’incarner la dimension<br />

politique du travail dans<br />

un cadre où les relations professionnelles<br />

sont de plus en plus individualisées.<br />

Cet enjeu est fondamental,<br />

dans la mesure où cet acteur<br />

collectif doit aussi prendre en<br />

charge les dimensions instrumentales<br />

et expressives du travail pour<br />

en faire des dimensions au service<br />

de toutes et tous et pas simplement<br />

de ceux qui sont mieux aptes à négocier<br />

des compromis ou arrangements<br />

individuels. La grève des<br />

femmes est un exemple à suivre à<br />

cet égard.<br />

Pas de marchandage<br />

Au final, les transformations actuelles<br />

posent des défis pour chacune<br />

des dimensions du travail. Sur<br />

le plan instrumental, l’accès à l’emploi<br />

et la sécurité de l’emploi et des<br />

salaires se présentent comme les<br />

enjeux principaux. Sur le plan expressif,<br />

le sens du travail et la capacité<br />

de délimiter ses frontières seront<br />

cruciaux pour l’avenir de la<br />

relation de travail. Sur le plan politique,<br />

la faculté de former un acteur<br />

collectif susceptible de prendre en<br />

charge la négociation des enjeux<br />

liés au travail, c’est-à-dire de faire<br />

du travail un enjeu politique, est décisive.<br />

Il est essentiel que ces trois<br />

dimensions du travail soient envisagées<br />

simultanément et ne donnent<br />

pas lieu à un marchandage où la<br />

prise en compte d’une dimension se<br />

ferait aux dépens des deux autres.<br />

Des participantes manifestent à la journée de préparation de la grève à Bienne, le 10 mars 2019.<br />

https://www.collegedutravail.ch/


24<br />

Le long chemin menant<br />

à la grève des femmes<br />

En 1991, les salaires destinés<br />

aux femmes par la CCT du<br />

secteur du livre étaient beaucoup<br />

moins élevés que ceux<br />

des hommes. Les femmes<br />

ont dû gagner un procès<br />

contre leur propre syndicat<br />

pour faire valoir leurs droits.<br />

Texte : Patrizia Mordini<br />

Photo : Adrian Flükiger<br />

Le 14 juin 1991, un demi-million de<br />

femmes de toute la Suisse ont participé<br />

à la grève des femmes. La devise<br />

de la grève était « Femmes bras<br />

croisés, le pays perd pied ». L’Union<br />

syndicale suisse avait appelé à la<br />

grève pour protester contre l’application<br />

timide de l’article constitutionnel<br />

de 1981 sur l’égalité et les<br />

inégalités persistantes dans de<br />

nombreux domaines de la société,<br />

de l’économie et de la politique.<br />

Christiane Brunner a été l’une des<br />

figures de proue de ce mouvement.<br />

L’une de ses principales revendications<br />

était l’égalité salariale. Les travailleuses<br />

de l’horlogerie de la vallée<br />

de Joux étaient à l’origine de cette<br />

initiative.<br />

Revendications au directeur général<br />

de La Poste, Jean-Noël Rey<br />

Le 14 juin 1991, le groupe de travail<br />

des femmes de l’Union PTT dressait<br />

un catalogue de revendications lors<br />

de sa réunion de formation à Berne,<br />

à laquelle assistaient 270 participantes.<br />

Le catalogue comprenait notamment<br />

des mesures visant à permettre<br />

aux femmes d’accéder à des<br />

postes plus élevés dans des carrières,<br />

tout comme le travail à temps<br />

partiel, des modèles d’horaires de<br />

travail pour concilier famille et profession,<br />

des offres de crèches et<br />

l’exigence de pouvoir se réinsérer<br />

dans la vie active. De plus, les effets<br />

des nouvelles technologies et des<br />

restructurations sur le personnel féminin<br />

devaient être spécialement<br />

examinés. Une délégation de douze<br />

La délégation de l’Union PTT reçue par Jean-Noël Rey.<br />

collègues présentait le catalogue de<br />

revendications au directeur général<br />

de l’époque, Jean-Noël Rey.<br />

Recours des femmes du SLP<br />

Un autre événement historique important<br />

de 1991 est lié à notre prédécesseur,<br />

le syndicat du livre et du<br />

papier (SLP). Une nouvelle convention<br />

collective de travail pour l’industrie<br />

de la reliure avait été négociée<br />

entre le SLP et le patronat,<br />

représenté par l’Association suisse<br />

des relieurs de livres. En ce qui<br />

concerne les salaires, une clause<br />

prévoyait des salaires inférieurs<br />

pour les femmes, plus précisément<br />

CHF 2 250 bruts pour les travailleuses<br />

non qualifiées de l’industrie<br />

de la reliure et CHF 2 684 bruts pour<br />

les hommes du même niveau de<br />

qualification. Par conséquent, les<br />

femmes du SLP ont intenté une action<br />

en justice contre leur propre<br />

syndicat, au motif que cette inégalité<br />

salariale violait l’article constitutionnel.<br />

Le SLP n’a donc pas pu signer<br />

la dernière convention valable<br />

pour les années 1991-1995. Le procès<br />

eut lieu en février 1994 et les<br />

femmes obtinrent gain de cause. La<br />

grande solidarité des femmes et la<br />

pression de l’extérieur ont été déterminantes<br />

pour ce succès. Erika<br />

Trepp a joué un rôle important dans<br />

ce combat. Le Groupe d’Intérêts<br />

Femmes lui a rendu hommage et a<br />

organisé un événement avec elle à<br />

Zurich le 29 avril dernier.<br />

Répercussion de la grève des<br />

femmes de 1991<br />

La grève des femmes de 1991 a eu<br />

un impact énorme sur l’égalité,<br />

même lent. Quelques exemples : en<br />

1995, l’Assemblée fédérale a adopté<br />

la loi sur l’égalité, qui précisait l’application<br />

de l’article constitutionnel<br />

et interdisait le harcèlement sexuel<br />

sur le lieu de travail. Une énorme<br />

avancée pour l’époque. En 2004,<br />

après trois tentatives, le projet de loi<br />

pour une assurance maternité a été<br />

adopté à la majorité populaire, réalisant<br />

ainsi une exigence constitutionnelle<br />

de 1945. En outre, des bureaux<br />

de promotion de l’égalité ont<br />

été créés et davantage de femmes<br />

ont été élues à des fonctions politiques.<br />

Le 3 mars 1993, la non-élection<br />

au Palais fédéral de la candidate<br />

officielle du PS, Christiane<br />

Brunner, a provoqué l’indignation<br />

de milliers de femmes sur la place<br />

Fédérale, ce qui est entré dans l’histoire<br />

sous le nom d’ « effet Brunner<br />

». Le vaste mouvement de protestation<br />

qui s’est développé dans<br />

les jours qui ont suivi a aussi été favorisé<br />

par les réseaux qui s’étaient<br />

formés pendant l’organisation de la<br />

grève des femmes. La stratégie bourgeoise<br />

visant à empêcher une<br />

conseillère fédérale du PS n’a pas<br />

fonctionné : une semaine plus tard,<br />

Ruth Dreifuss était élue.


<strong>syndicom</strong> à tes côtés pour la grève des femmes !<br />

25<br />

Plus la grève des femmes prendra de l’ampleur, plus elle gagnera en force et plus la sécurité sera<br />

grande. Les syndicats soutiennent les femmes en grève. Toute personne qui planifie des actions<br />

ou qui souhaite faire grève sur son lieu de travail doit donc s’adresser au syndicat concerné.<br />

Voici trois réponses à trois questions qui reviennent régulièrement.<br />

La grève des femmes est-elle une grève<br />

classique ?<br />

Une majorité de collègues est décidée<br />

à entrer en grève le 14 juin.<br />

Comment nous protéger ?<br />

Nous sommes un petit groupe de gens<br />

prêts à faire la grève.<br />

Comment pouvons-nous participer à<br />

la grève tout en nous protégeant ?<br />

La réponse de <strong>syndicom</strong> et de l’USS :<br />

il s’agit d’une grève sui generis (de son propre genre). Les<br />

participant(e)s présentent des revendications qui<br />

concernent tant le travail rémunéré que le travail domestique<br />

et non rémunéré. La journée de grève et d’action<br />

s’adresse à la société, à la classe politique et aux autorités,<br />

ainsi qu’aux employeurs.<br />

L’égalité est inscrite dans la Constitution fédérale depuis<br />

1981, mais n’a pas été mise en œuvre. C’est pourquoi une<br />

grève des femmes largement suivie a déjà eu lieu en 1991.<br />

Depuis 1996, la Suisse dispose d’une loi sur l’égalité qui<br />

institue l’égalité entre les femmes et les hommes dans le<br />

monde du travail. Néanmoins, les inégalités persistent<br />

dans la vie professionnelle et aucune mesure politique<br />

efficace n’est prise, même si les femmes ont tout tenté.<br />

Les femmes en ont assez et font entendre leur voix en<br />

faisant grève. L’USS déclare donc que la grève des femmes<br />

de 2019 est légitime.<br />

La grève des femmes avec ses revendications sociales,<br />

sociétales et de droit du travail est à la fois un rassemblement<br />

politique, garanti par la Constitution fédérale, et un<br />

conflit du travail. Toutefois, la participation à une manifestation<br />

politique ne justifie pas en soi un arrêt de travail.<br />

Pour que la participation à une grève des femmes<br />

justifie un arrêt de travail, certaines conditions doivent<br />

être remplies. En particulier, des revendications visant à<br />

améliorer les conditions de travail doivent être adressées<br />

à l’employeur ou à l’organisation patronale et des négociations<br />

doivent être engagées à cette fin. En outre, le<br />

syndicat concerné doit supporter le coût de la grève et ne<br />

pas rompre la paix du travail. Tout cela doit être préparé<br />

et évalué. <strong>syndicom</strong> t’y aidera.<br />

Discutez de la participation avec votre employeur. Si l’employeur<br />

ne vous dispense pas de travailler, prenez contact<br />

avec <strong>syndicom</strong>. <strong>syndicom</strong> éclaircira si les conditions<br />

d’une grève légale sont remplies et vous appuiera dans<br />

votre démarche. Mais évitez absolument des grèves sauvages,<br />

c’est-à-dire des arrêts de travail sans un soutien<br />

syndical. Des sanctions relevant du droit du travail pourraient<br />

en résulter. Annonce-toi auprès de ton secrétaire<br />

régional. Nous te fournirons idées et savoir-faire.


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

L’OIT, un levier pour faire<br />

progresser les droits sociaux<br />

L’Organisation internationale du<br />

Travail (OIT), dont le siège se trouve<br />

à Genève, fête ses 100 ans. Cette organisation<br />

reste le seul organisme<br />

tripartite du système onusien, c’està-dire<br />

que les travailleurs et les<br />

travailleuses y ont une voix à part<br />

entière, aux côtés des Etats et des<br />

employeurs. Pour Bernard Thibault<br />

dans son ouvrage La troisième guerre<br />

mondiale est sociale, paru en 2016,<br />

l’OIT peut et doit redevenir un réel<br />

levier pour faire progresser les<br />

droits sociaux partout dans le<br />

monde. Et l’auteur sait de quoi il<br />

parle. En effet, ancien secrétaire général<br />

de la Confédération générale<br />

du travail, il siège aujourd’hui au<br />

Conseil d’administration de l’OIT.<br />

Le 25 juin prochain, Movendo et<br />

l’USS organisent une journée<br />

d’étude à Berne sur l’OIT, son histoire,<br />

ses succès et ses perspectives.<br />

Parmi les intervenant(e)s, Anna<br />

Biondi, vice-directrice de l’OIT/AC-<br />

TRAV, Eva Maria Belser, professeure<br />

de droit constitutionnel à l’Université<br />

de Fribourg, Bernard Thibault et<br />

de nombreux syndicalistes et personnes<br />

engagées dans la société<br />

civile. Les représentants du Gouvernement<br />

et des Employeurs à l’OIT<br />

seront également présents pour un<br />

podium de discussion avec le délégué<br />

des travailleurs Luca Cirigliano<br />

de l’USS.<br />

Un programme riche pour en apprendre<br />

davantage sur l’OIT, mais<br />

également pour esquisser des pistes<br />

concrètes pour l’avenir. L’OIT fut<br />

fondée en 1919, sous l’égide du Traité<br />

de Versailles qui mettait fin à la<br />

Première Guerre mondiale. En 1919<br />

prévalait déjà l’idée de l’interdépendance<br />

des nations. En 2019, le progrès<br />

social est indissociable de l’internationalisme.<br />

L’histoire ici nous<br />

sert de belle boussole.<br />

Valérie Boillat/Movendo<br />

Inscriptions sur www.movendo.ch<br />

Les diverses batailles<br />

d’un syndicaliste au cinéma<br />

Dans Nos Batailles, Guillaume Senez<br />

raconte une histoire insolite qui ressemble<br />

à Keepers, la première œuvre<br />

du cinéaste belge. Un jeune homme<br />

y devient soudain père.<br />

Cette fois-ci, nous accompagnons<br />

Olivier, qui se retrouve soudain père<br />

célibataire quand sa femme quitte<br />

le domicile du jour au lendemain.<br />

Nous n’en connaissons pas exactement<br />

les raisons. Mais nous soupçonnons<br />

qu’elle voulait plus. Certainement<br />

plus d’attention. Peut-être<br />

plus de succès et plus d’argent. Olivier,<br />

interprété de façon convaincante<br />

par Romain Duris (L’Auberge<br />

espagnole), ne remarque rien avant<br />

qu’il ne soit trop tard. Il est trop absorbé<br />

par son travail au sein de son<br />

entreprise, où il combat les licenciements<br />

et les injustices comme représentant<br />

du personnel. La bataille<br />

d’Olivier nous est racontée avec<br />

calme, sans pathos et tout en<br />

nuances. Nous ressentons une<br />

proximité avec les personnages qui<br />

se démènent et sont tiraillés par<br />

leurs sentiments. Le prix à payer est<br />

la partialité du récit. Le sombre<br />

drame du quotidien n’est que brièvement<br />

interrompu par la visite de<br />

la jeune sœur d’Olivier.<br />

Ce discours unilatéral se révèle<br />

également dans la représentation<br />

du travail syndical. Elle contribue à<br />

ce que la vie d’Olivier s’effondre<br />

sans qu’il puisse changer quoi que<br />

ce soit dans son quotidien. Et quand<br />

il célèbre un petit succès, il est ridiculisé.<br />

Nous savons que la vie (syndicale)<br />

ne se résume pas à des tons<br />

gris. Elle peut aussi être aussi colorée.<br />

Il n’y a pas de fin heureuse dans<br />

le film. Mais il promet au moins une<br />

lueur d’espoir pour Olivier et ses<br />

deux enfants.<br />

Christian Capacoel<br />

Plus d’informations sur le film :<br />

www.movies.ch/fr/film/nosbatailles/<br />

© Cinework4<br />

Dessins de Pressoir<br />

en hommage à André Paul<br />

Le dessinateur de presse Paul-André<br />

Perret, qui signait André Paul, sera<br />

l’hôte de la Maison du Dessin de<br />

Presse, à Morges (VD), du 1 er juin au<br />

27 octobre 2019. Ce sera l’occasion,<br />

lors du vernissage le premier jour de<br />

l’exposition, de fêter aussi les dix<br />

ans de ce lieu d’exposition qui fait<br />

la part belle aux caricaturistes et<br />

grands talents du crayon de Suisse<br />

romande et d’ailleurs.<br />

Né au Locle, le Neuchâtelois<br />

André Paul aurait eu 100 ans cette<br />

année. Il est décédé juste avant, en<br />

2018. Ayant tout d’abord travaillé<br />

comme graphiste, il avait été formé<br />

à l’Ecole d’arts industriels de Bienne,<br />

puis à l’Ecole nationale supérieure<br />

d’arts décoratifs de Paris. Il s’installe<br />

comme graphiste indépendant<br />

après la guerre à Bienne et illustre<br />

des catalogues de grands magasins<br />

ou la publicité d’Omega. C’est depuis<br />

son installation à Lausanne dès<br />

1948 qu’il s’essaie au dessin de<br />

presse, d’abord à L’Illustré, puis au<br />

journal satirique Le bonJour de Jack<br />

Rollan.<br />

C’est surtout en tant que dessinateur<br />

de La Tribune de Lausanne, devenue<br />

Le Matin, qu’André Paul s’est<br />

fait connaître de 1958 aux années<br />

2000. Cette longévité en a fait un<br />

peu le père des dessinateurs romands.<br />

Ses personnages tout en<br />

rondeurs paraissaient chaque dimanche<br />

dans le journal. Mais on<br />

sait moins qu’il s’était aussi fait<br />

connaître comme illustrateur des<br />

San-Antonio, donnant ainsi un visage<br />

grassouillet à Bérurier.<br />

Son dessin sans paroles, reconnaissable<br />

au premier coup d’œil, au trait<br />

précis et presque sans retouches,<br />

s’associe bien au terroir vaudois,<br />

aux vignes, pressoirs et pintes.<br />

Une centaine de dessins originaux<br />

seront exposés.<br />

http://mddp.ch/2019/05/06/<br />

dessins-de-pressoir/<br />

© MDP


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements A l’occasion du 1er mai 2019,<br />

<strong>syndicom</strong> était avec les manifestants à Genève, Zurich, Locarno, Thoune,<br />

Lausanne, Bienne et Bâle pour relayer l’appel à la Grève des femmes le<br />

14 juin prochain. Pour concrétiser enfin l’égalité figurant depuis 1981 dans<br />

la Constitution !<br />

1<br />

3<br />

2<br />

4 5


1, 2. A Genève, le cortège réclamant plus d’égalité, de justice sociale,<br />

de mesures pour le climat a réuni 2500 personnes, dont de nombreux<br />

membres de <strong>syndicom</strong>. (© Demir Sönmez)<br />

3. A Zurich, la plus grande manifestation du pays a réuni près de<br />

16 000 personnes. (© Nina Scheu)<br />

4. Sur la piazza grande à Locarno, les femmes ont chanté pour réclamer<br />

justice ! (© Giovanni Valerio)<br />

5. A Thoune, le climat et les attentes des jeunes étaient au centre des<br />

discussions. (© Fabrizio D’Orazio)<br />

6. A Zurich, les libraires ont aussi demandé de meilleurs salaires et<br />

horaires de travail. (© Dominik Dietrich)<br />

7, 8. A Lausanne, l’égalité était demandée par toutes les générations.<br />

(© Sylvie Fischer)<br />

9. A Bienne, la fête était organisée sur le thème « Egalité salariale.<br />

Point barre ! » (© Stefanie Fürst)<br />

10. A Bâle, un patchwork annonce la grève des femmes. (© Frantisek Matous)<br />

29<br />

6<br />

7<br />

9<br />

8<br />

10


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

Féministe depuis l’enfance<br />

Après dix ans à la rédaction de Cooperazione,<br />

Isabella Visetti, née en 1968,<br />

travaille comme journaliste pour la RSI<br />

depuis 2013, où elle conduit actuellement<br />

l’émission « La consulenza » et le<br />

cours de dialecte radiophonique « Dialett<br />

in sacocia » dans le rôle de l’élève<br />

« gnüca » de Rete Uno. Elle est membre<br />

du syndicat depuis 20 ans, a trois enfants<br />

et siège au comité de la Fédération<br />

des associations féminines tessinoises<br />

(FAFTPlus).<br />

Texte : Valeria Camia<br />

Photo : Flavia Leuenberger Ceppi<br />

La journaliste Isabella<br />

Visetti a toujours<br />

combattu les inégalités<br />

hommes/femmes.<br />

J’ai toujours été sensible aux questions<br />

de genre. Bien avant de rejoindre<br />

la Commission des femmes à<br />

Berne, d’adhérer au syndicat Comedia<br />

et de m’engager pour les droits<br />

des femmes à la fin des années 1990.<br />

Je dirais que la rencontre avec des<br />

féministes « radicales » en Suisse alémanique<br />

et avec Barbara Bassi (alors<br />

secrétaire du syndicat Comedia/<strong>syndicom</strong>)<br />

a été fondamentale pour<br />

identifier le malaise que j’ai vécu et<br />

qui ne m’a plus jamais quittée.<br />

J’avais 9 ans. Je venais trouver ma<br />

grand-mère à Lugano et j’allais avec<br />

elle à la messe où j’ai vu des fillettes<br />

être enfants de chœur. C’était impensable<br />

dans les églises de la Valsolda,<br />

où j’habitais. Il me semble que<br />

c’était hier que le curé de ma paroisse<br />

a convoqué mes parents pour<br />

me dissuader de cette idée révolutionnaire,<br />

être une enfant de chœur.<br />

C’est à ce moment-là que ma lutte<br />

pour l’égalité entre les hommes et les<br />

femmes a commencé.<br />

Plus tard, mon combat a porté sur<br />

l’égalité salariale, l’équilibre famille/<br />

travail, les droits des mères qui travaillent<br />

et le travail à temps partiel<br />

uniquement pour les femmes. « Comment<br />

vas-tu t’organiser entre ton métier<br />

et la prise en charge de ton enfant<br />

? » J’ai eu la chance de vivre à<br />

Berne et à Bâle, où j’ai travaillé pour<br />

l’hebdomadaire Cooperazione. J’ai<br />

déménagé en Suisse quand mon fils<br />

aîné avait un peu plus d’un an : j’ai<br />

trouvé un climat moins stéréotypé en<br />

matière de parentalité, peut-être à<br />

cause d’un modèle familial moins<br />

patriarcal.<br />

Je respecte le féminisme âpre et<br />

critiquant l’action masculine, mais<br />

je crois en un féminisme plus intégratif<br />

(sans que cela n’aboutisse à<br />

des positions plus « soft » sur les<br />

droits et l’égalité). Etre féministe,<br />

c’est forcément déranger, car dénoncer<br />

la faible présence des femmes au<br />

pouvoir politique ou dans les médias,<br />

c’est heurter le monde masculin.<br />

Mais le féminisme dont je suis<br />

porte-parole s’adresse à la société<br />

dans son ensemble et veut rendre<br />

tout le monde plus heureux.<br />

Je suis féministe parce que l’égalité<br />

des chances est un droit fondamental,<br />

mais aussi parce qu’elle<br />

offre un avantage à la société tout entière<br />

: voulons-nous vraiment renoncer<br />

aux compétences, aux talents,<br />

aux ressources, au point de vue des<br />

femmes?<br />

Je suis fière du travail accompli<br />

par la FAFTPlus et des résultats obtenus<br />

par la campagne #iovotodonna<br />

lors des dernières élections cantonales,<br />

dont le succès ne se mesure<br />

pas seulement en nombre de sièges.<br />

La sensibilisation à l’égalité entre les<br />

sexes comme indice de la santé<br />

d’une démocratie est un défi important<br />

et non encore achevé.<br />

http://faftplus.ch/


Impressum<br />

Rédaction : Sylvie Fischer, Oliver Fahrni, Giovanni<br />

Valerio, Marie Chevalley<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser<br />

Illustrations, dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Images sans © : mises à disposition<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. Non-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

Fr. 70.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Le numéro 12 paraîtra le 30.8.2019.<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 22.7.2019.<br />

31<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

I<br />

II<br />

3<br />

III<br />

5<br />

IV<br />

V<br />

VI<br />

7 2<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

6 4<br />

1<br />

S<br />

S<br />

Mot mystère :<br />

DÉFINITIONS<br />

1 2 3 4 5 6 7<br />

Horizontalement : I. Plus de la moitié.<br />

II. Premier Japonais. Rude. Coups<br />

gagnants. III. Attaches. Dans les mers<br />

ou dans le réseau. IV. Deux parmi les<br />

gladiateurs. Gomme pour la ligne<br />

blanche. Vieille clé. Go home ! V.<br />

Préparent le 14 juin. Sienne. VI. Entre<br />

la 1 ère et la 11 e . Voiture de Templar. VII.<br />

Stupéfia. Option. Aiguisé. VIII. Famille<br />

sans mère. Déchaîner. IX. Île verte.<br />

Bingo. Première dame. X. Petit revenu<br />

français. Posée. Gonflés.<br />

Verticalement : 1. Liberté d'expression.<br />

2. Vocifère. Bleu, brun ou vert. 3. Pour<br />

le plaisir. Dénigrera. 4. Ni elle, ni lui. 5.<br />

Pas de problème. Emballe le sushi. 6.<br />

Repère sur la toile. Gym statique. 7.<br />

D'amour ou de froid. Roulés. 8.<br />

Ligature du curriculum vitae. Saisons<br />

de Cérès. Poêlé. 9. Grands gamins. 10.<br />

A la télé en Italie ou au Maghreb.<br />

Réfléchi. Eisenhower. 11. Presque<br />

blanc. On en connaît la reine. 12. Petits<br />

trous. Désigne. 13. Situé au Levant.<br />

Des femmes ou des salades peuvent<br />

l'être. 14. Obtenu. 14 juin 2019. 15.<br />

Mug. Périodes.<br />

Les mots croisés<br />

Le·la gagnant·e, dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra un<br />

carte cadeau Coop offerte par notre<br />

partenaire Coop. Prière d’envoyer votre<br />

solution (le mot-mystère seulement)<br />

jusqu’au 22 juillet 2019 à<br />

Rédaction <strong>syndicom</strong>,<br />

Monbijoustrasse 33,<br />

case postale, 3001 Berne.<br />

Le gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

<strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> 10/2019 était<br />

« revenu ».<br />

Le gagnant est Monsieur Gilbert Grin de<br />

Vucherens (VD).<br />

Il recevra une Hotelcard de notre<br />

partenaire Hotelcard.<br />

Chaleureuses félicitations !<br />

Annonce<br />

« Je veux une<br />

vie meilleure. »<br />

Votre don aide à sortir<br />

de la pauvreté<br />

Agir, tout simplement<br />

Aider maintenant par un don de 10 francs par SMS : « PAUVRETE 10 » au 227


32<br />

Mes raisons de<br />

m’engager<br />

Pourquoi je ferai grève le 14 juin<br />

Gloria Casas, 34 ans,<br />

assistante à l’université<br />

« Je ferai grève car les femmes<br />

travaillent le double des hommes<br />

mais gagnent la moitié, subissent<br />

des violences machistes au travail,<br />

à la maison et dans l’espace public.<br />

On veut que cela change, pour<br />

obtenir une égalité réelle. »<br />

Annick, 62 ans,<br />

infirmière pédiatrique<br />

« Je veux lutter pour l’égalité, pour<br />

les jeunes et les petites filles, rien<br />

n’est acquis, et en solidarité avec<br />

les femmes du monde entier. »<br />

Talissa Rodriguez, 31 ans,<br />

travailleuse sociale<br />

« Pour la reconnaissance du<br />

travail invisible et non rémunéré<br />

que prennent en charge les<br />

femmes et qui est un travail<br />

monstre. »<br />

Maude Rampazzo, 35 ans,<br />

assistante de proximité<br />

« Pour abolir le privilège des<br />

hommes blancs<br />

cinquantenaires, en<br />

général. »<br />

Regina Frei, 24 ans, libraire<br />

« La grève des femmes représente<br />

pour moi la chance, en<br />

tant que travailleuse d’un secteur<br />

à bas salaires, d’attirer<br />

l’attention sur cette situation<br />

et de me solidariser aussi avec<br />

d’autres femmes. »<br />

Elisa Turtschi, 30 ans,<br />

conseillère juridique<br />

« Je ferai grève pour les<br />

mêmes raisons que ma<br />

mère en 1991, car rien n’a<br />

changé. »<br />

Schira Netser, 36 ans,<br />

libraire<br />

« Je trouve incroyablement encourageant<br />

de pouvoir s’engager solidairement<br />

avec d’autres femmes<br />

pour de bonnes conditions de travail<br />

et pour l’égalité entre hommes<br />

et femmes. »<br />

Brigitte Hürlimann,<br />

56 ans, journaliste<br />

« Je manifesterai le 14 juin<br />

pour rendre les femmes visibles<br />

et pour qu’on les entende.<br />

Afin de montrer que<br />

l’égalité n’est encore de loin<br />

pas réalisée. Malheureusement.<br />

»<br />

Denise Geraci, 50 ans,<br />

employée à La Poste.<br />

« Je manifesterai le 14 juin<br />

car je veux que les femmes<br />

soient présentes là où sont<br />

prises les décisions importantes<br />

pour notre société. »<br />

Maria Luisa Gardoni, consultante<br />

clients PostShop, 48 ans<br />

« Je participe à la grève des femmes<br />

parce qu’encore aujourd’hui, quand une<br />

femme prend la parole, cela n’a pas le<br />

même poids que lorsque c’est un homme<br />

qui s’exprime. En outre, nous devons être<br />

la voix et le visage de ces femmes qui par<br />

le monde ne peuvent s’exprimer librement<br />

et sont persécutées en raison de<br />

leur sexe. »

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