Production Maintenance n°53

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Portrait
Un guide de bonnes
pratiques pour mieux
préparer l’avenir
À l’occasion d’un apprentissage d’un an chez
Messier-Bugatti-Dowty, Hiba Tahboul, une jeune
étudiante en management de la qualité, a mis
en place un guide de bonnes pratiques dans le but
de pérenniser les savoir-faire. Plus qu’une simple
mission, ce guide est devenu un outil à part entière
et utilisé au quotidien.
« Capitaliser sur les bonnes pratiques pour ne pas
hypothéquer l’avenir », telle était la problématique
de Hiba Tahboul, étudiante de Licence pleinement
immergée au sein d’une équipe de techniciens
méthode, dans le site de production de Messier-Bugatti-Dowty
situé à Molsheim (Bas-Rhin). De
septembre 2014 à septembre 2015, cette jeune
étudiante aujourd’hui âgée de 23 ans a mis au point
un guide de bonnes pratiques, un outil récompensé
lors de la remise des prix des Étudiants Qualité
Performance (dans la catégorie Licence et toutes
catégories confondues) en début d’année à Paris.
L’idée du projet était la suivante : réduire les
risques de non-conformité et l’hétérogénéité des
pratiques au sein de l’équipe. Mais dans le cas
présent, la profusion de documents existants et
de littérature technique souffrait d’une mise à
jour fastidieuse et beaucoup de connaissances (ou
savoir-faire) n’étaient pas formalisées. Au sein de la
division MRO de Messier-Bugatti-Dowty, plusieurs
unités opérationnelles coexistent : l’aviation civile,
l’unité militaire et les pièces de rechange. C’est
dans cette dernière unité qu’a évolué la jeune
étudiante strasbourgeoise ; celle-ci concerne les
pièces du groupe n’étant plus produites en série.
« Comme beaucoup d’entreprises, Messier-Bugatti a
ouvert de nombreux postes d’apprentis dans l’optique
de bénéficier du système d’apprentissage et de former
des jeunes », précise Hiba Tahboul.
Ses missions étaient diverses et consistaient, au sein
du service Qualité, à rechercher les points de traçabilité
tout en sécurisant les flux, à faire de l’assurance
qualité vis-à-vis des fournisseurs et à mener
Hiba Tahboul
Étudiante en Licence
Pro « Management
des entreprises
par la qualité »
au moment de la mise
en place du guide,
aujourd’hui chargée
de la qualité
dans une entreprise
de logistique
des actions d’amélioration au sein de cette unité de
cinquante personnes. Une dernière mission qui va
la conduire à créer un guide des bonnes pratiques
afin de conserver la mémoire de l’équipe dont une
partie va partir à la retraite prochainement.
S’APPUYER SUR LE KNOWLEDGE
MANAGEMENT
« De nombreux membres du personnel arrivés dans
les années 1980 s’apprêtent à quitter l’entreprise alors
même que, tout au long de leur carrière, ils sont
montés en compétence et possèdent un savoir-faire
irremplaçable », souligne Hiba Tahboul. Outre le
départ des savoirs, il manquait à ce site de production
de pièces complexes de très petites séries
(trois à dix unités tout au plus) une uniformisation
des savoirs et des connaissances : « il existait
un écart de niveau de compétences très important entre
certains techniciens, dû au décalage d’expérience et à
la grande variété de pièces et d’opérations à effectuer
», concède l’étudiante.
S’appuyant sur les principes du knowledge management,
un outil de pilotage a ainsi vu le jour sous
forme d’un tableau qui rend compte en temps réel
et de manière très visuelle des événements rencontrés,
de leurs causes, des moyens de les résoudre et
des points d’amélioration imaginés à quoi s’ajoute
un espace collaboratif où l’on retrouve en format
numérique, les informations échangées devant le
tableau. Ce système a permis aux équipes de s’investir
pleinement dans le projet et de concevoir ce
guide des bonnes pratiques, mémoire vivante des
savoir-faire des collaborateurs. Dans un contexte
de départ massif à la retraite, cette approche du
management par la qualité se présente comme un
véritable enjeu stratégique.
UNE BELLE EXPÉRIENCE
Hiba Tahboul avait beau ne pas avoir un profil
technique, la jeune étudiante est parvenue à
imposer ses idées et sa vision dans un service
majoritairement composé d’homme. « Tous ne
s’attendaient pas à me voir débarquer mais tout
s’est bien passé malgré mon peu de connaissances
techniques », se souvient Hiba, qui a ensuite dû
convaincre les salariés de prendre de leur temps
pour travailler sur le projet en réfléchissant
ensemble aux pistes d’amélioration, l’aider à avancer,
lui expliquer techniquement leurs métiers et
leurs tâches, remplir et mettre à jour les fiches
qui constitueront plus tard le guide de bonnes
10 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°53 • Mai-Juin 2016