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Anne Kellens Aurore Chapuis Brian D. Cohen Bob De Groof Pablo Flaiszman LUCE Colette Cleeren Claire Hilgers Takako Hirano Amir Shabanipour Céline Excoffon Hello Dada Galerie Épreuve d’Artiste
Anne Kellens
Aurore Chapuis
Brian D. Cohen
Bob De Groof
Pablo Flaiszman
LUCE
Colette Cleeren
Claire Hilgers
Takako Hirano
Amir Shabanipour
Céline Excoffon
Hello Dada
Galerie Épreuve d’Artiste
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L’ombre du Japon a toujours
plané sur mon travail.
Enfant, je recopiais pendant les vacances les
reproductions d’estampes découvertes dans la
bibliothèque de mon grand-père. Adolescente,
je retrouvai l’influence de ces mêmes estampes
dans une exposition sur les peintres Nabis qui
décida l’achat de ma première boîte de peinture.
Depuis, le Japon s’invite régulièrement dans ma
pratique, comme un fil jamais rompu, se mêlant
souvent aux autres influences. La littérature et
le cinéma japonais sont venus au fil du temps
enrichir un corpus imaginaire. Des maiko et
geishas peintes sur des morceaux de bois, des
collages de papier origami, la fascination pour
les tissus et les trames de motifs des kimonos…
Mais c’est sans doute la découverte de la
taille-douce qui a accéléré la production
de ce que j’appelle mes japonaiseries.
Comme si cette pratique me permettait de
justifier une filiation dans ces influences
croisées entre le Japon et l’Occident.
Je suis fascinée par ce va-et-vient permanent :
du japonisme sur les impressionnistes, de
l’influence de l’art moderne français sur les
artistes japonais au début du XX e siècle,
Japonaiseries…
puis de nouveau l’influence des mangas
sur l’art contemporain, avec une modernité
qui se renouvelle sans cesse, se nourrissant
de ces échanges incessants.
Les yeux de mes pin-up se brident, mes rondes
rouquines deviennent de longues brunes, elles
s’habillent – ou se déshabillent – de kimonos.
Les frêles demoiselles croisent des yōkai
(fantômes) le temps d’une valse ou d’un baiser,
elles rendent hommage à Utamaro, Hokusai,
Kuniyoshi…
Mais si certains codes graphiques de
l’ukiyo-e sont respectés, j’utilise non pas
la xylographie mais d’autres techniques :
pointe sèche, eau-forte, aquatinte,
chine-collé, tampons, monotype…
Les influences nippones se mêlent au graphisme
BD, à l’histoire de l’art européen, et les titres
jouent de cette mixité. Ces titres amuseraient
sans doute les Japonais par leur maladresse,
puisque je vais les chercher en transcription
phonétique sur Google Traduction. J’assume
ainsi jusqu’au bout la fusion entre ma culture
occidentale et l’imaginaire fécond apporté
par un pays dont je n’ai jamais foulé le sol.
Céline Excoffon
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