Le Livre V des Guerres Civiles d'Appien d'Alexandrie
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<strong>Le</strong> <strong>Livre</strong> V <strong>des</strong> <strong>Guerres</strong> <strong>Civiles</strong><br />
était imposé à celles-ci ; outre ces îles, il recevrait aussi le Péloponnèse ; enfin, en son<br />
absence, il exercerait le consulat par l’intermédiaire d’un ami personnel de son choix, et<br />
il serait inscrit parmi les prêtres titulaires du sacerdoce majeur. 306 Tel était le<br />
compromis trouvé avec Pompée. Pour le reste, tous les nobles encore bannis<br />
reviendraient d’exil, excepté ceux qui pour le meurtre de Gaius César avaient été<br />
condamnés par un vote et un jugement ; quant aux propriétés particulières, tous ceux qui<br />
n’avaient fui que par crainte et auxquels on avait enlevé leurs biens de force en<br />
récupèreraient l’intégralité, à l’exception du mobilier, et les proscrits, un quart ; 307<br />
enfin, parmi ceux qui avaient fait campagne avec Pompée, les esclaves seraient<br />
affranchis et les hommes libres, à la fin de leur service, recevraient les mêmes privilèges<br />
que les soldats ayant fait campagne avec César et Antoine.<br />
LXXIII. 308 Telles furent les conditions de l’accord qu’ils conclurent. Ils le rédigèrent,<br />
le scellèrent et l’envoyèrent à Rome pour le laisser à la garde <strong>des</strong> vierges sacrées.<br />
Aussitôt après, ils se reçurent mutuellement à leur table, dans l’ordre fixé par tirage au<br />
sort : le premier fut Pompée, qui les reçut sur un navire à six rangs de rames, mouillant<br />
près du môle 113 ; les jours suivants, ce furent Antoine et César qui reçurent Pompée sous<br />
<strong>des</strong> tentes qu’eux-mêmes avaient fait dresser sur le môle, prétextant que tout le monde<br />
pourrait festoyer sur le rivage, mais voulant vraisemblablement assurer leur sécurité<br />
sans éveiller les soupçons. 309 Car même dans ces circonstances, ils ne négligeaient<br />
aucune précaution : leurs navires mouillaient à proximité, leurs gar<strong>des</strong> étaient postés<br />
alentour et les gens qui s’occupaient du repas proprement dit étaient ceints de poignards<br />
cachés sous leurs vêtements. 310 On raconte que, pendant que les triumvirs<br />
festoyaient sur le navire, Ménodore envoya à Pompée un message, dans lequel il<br />
l’incitait à les attaquer, pour venger le forfait commis contre son père et contre son<br />
frère, et pour reprendre le pouvoir paternel par un moyen <strong>des</strong> plus expéditifs (car lui-<br />
même, se trouvant à bord de ses navires, veillerait à ce que personne ne s’enfuît). 311<br />
Pompée aurait répondu, comme il convenait à sa famille et à la nécessité du moment :<br />
« Si seulement Ménodore pouvait accomplir cela sans moi ! Car le parjure sied à un<br />
Ménodore, pas à un Pompée. » 312 Lors de ce repas, ils fiancèrent la fille de Pompée,<br />
qui était donc la petite-fille de Libon, à Marcellus, beau-fils d’Antoine et neveu de<br />
César. 313 <strong>Le</strong> lendemain, ils désignèrent <strong>des</strong> consuls pour quatre ans : Antoine et Libon<br />
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