VH-365

Alors le premier confinement, ça était le
bagne ! Dur. Heureusement, le maton (c’est
comme ça qu’on appelle le président avec
les copains), il nous a laissé sortir pour
les beaux jours. On s’est requinqué : on
s’est humecté le gosier. On a rechargé :
on a étranglé le perroquet. Puis, on nous
a, à nouveau, privé de la petite sœur… Ce
n’était qu’un break. Nous, on aime pas les
break ! On aime les trucs qui durent. Les
habitudes ! On aime se faire bousculer par
le taulier parce qu’il veut fermer.
Si ça continue on va crever ! Sortez-nous
de chez nous : ouvrez nos refuges qu’on
refasse le plein, qu’on s’étale à nouveau sur
nos comptoirs. Que les tournées générales
coulent à flot et qu’on en profite de nouveau,
quitte à se noyer dans le caniveau…
Sinon…, s’il faut encore attendre. On a
bien une petite proposition à vous faire…
A tous ceux qui font des apéro clandestins :
pensez à nous ! Pour faire plus authentique,
invitez un pilier de bar agréé à vos soirées
de résistants. On vous aidera à trouver des
sujets de conversation : on a toujours un
truc à dégueuler et on n’est pas difficile.
La villageoise et les cahouètes, ça nous
va très bien ! Seul truc, pour nous faire
venir, équipez-vous d’un comptoir, en bois,
en cuivre ou en aggloméré, peu importe ça
fera l’affaire.
Allez, chauffe Marcel ! « Bu-vons à la
san-té, des amis et des rires que je vais
retrouver, qui vont me revenir (…) Ami,
rempli mon verre ! Encore un et je va,
encore un et je vais… »
/par John Spread
p13 p13