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Pulsations Avril 2021

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<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Mieux-vivre<br />

Surfer sur<br />

les vagues<br />

du Covid-19<br />

Junior<br />

Le sucre<br />

DOSSIER<br />

Partenariat<br />

Le savoir<br />

des patient.es


URGENCES TROIS-CHÊNE,<br />

UN ACCUEIL RAPIDE ET<br />

EXCLUSIF AUX PERSONNES<br />

DE 75 ANS ET PLUS<br />

Pour les urgences non vitales et non chirurgicales<br />

Ouvert tous les jours de 8h à 19h<br />

Hôpital des Trois-Chêne<br />

Chemin du Pont-Bochet 3<br />

1226 Thônex<br />

Accueil d’urgence :<br />

022 305 60 60


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Sommaire<br />

Actualité<br />

04<br />

Rencontrer les jeunes<br />

en rupture<br />

06<br />

Nouvelle unité<br />

de réadaptation<br />

en cardiologie<br />

08<br />

Un robot pour les<br />

prothèses du genou<br />

22<br />

L’organe<br />

La vésicule biliaire<br />

24<br />

Le portrait<br />

Sandra Merkli :<br />

« Œuvrer pour<br />

décloisonner<br />

l’hôpital »<br />

32<br />

Reportage<br />

La voirie<br />

des HUG<br />

36<br />

Prise en charge<br />

L’interruption<br />

de grossesse<br />

médicamenteuse<br />

à domicile<br />

38<br />

L’invitée<br />

Dre Aglaé Tardin,<br />

médecin cantonale<br />

40<br />

Junior<br />

« Je suis un<br />

bec à sucre »<br />

10<br />

22<br />

24<br />

32<br />

09<br />

Maison<br />

de l’enfant<br />

et de l’adolescent<br />

10<br />

Réalité virtuelle<br />

contre la douleur<br />

12<br />

Rencontre<br />

Pr Jean-Luc Reny, au<br />

cœur de la médecine<br />

interne générale<br />

26<br />

Traitement<br />

Les plaies complexes<br />

28<br />

Témoignage<br />

Francis Grandi :<br />

« Ce n’est pas facile<br />

de voir ma femme<br />

régresser ainsi »<br />

30<br />

L’infographie<br />

Les médicaments<br />

14<br />

DOSSIER<br />

PARTENARIAT<br />

Le savoir des<br />

patient∙es<br />

42<br />

Mieux-vivre<br />

Garder le moral<br />

malgré la pandémie<br />

44<br />

Brèves<br />

Agenda<br />

48<br />

Livres & Web<br />

Pour en savoir plus<br />

IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael<br />

Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Frédérique Tissandier Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski,<br />

Giuseppe Costa Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug.ch/<br />

pulsations-magazine. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 39’500 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696 — La reproduction totale<br />

ou partielle des articles contenus dans <strong>Pulsations</strong> est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source.<br />

Crédits couverture: istockphoto, Science Photo Library, Carolina Pimenta Crédits sommaire : istockphoto, Fred Merz | Lundi 13, Nicolas Righetti | Lundi 13<br />

1


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10CAsNsjY0MDCx0LUwMzIwNwUArE8ndg8AAAA=<br />

PROCHAINES ÉDITIONS <strong>2021</strong><br />

MODULES NUTRITION ARTIFICIELLE<br />

ÉVALUATION CLINIQUE ENFANT &<br />

ADOLESCENT & FAMILLE<br />

ÉVALUATION CLINIQUE PERSONNE ÂGÉE<br />

ÉVALUATION CLINIQUE SANTÉ MENTALE<br />

RÉSEAUX & PARTENARIAT<br />

OUTILS ET CONNAISSANCES POUR L’USAGE<br />

DES SAVOIRS SCIENTIFIQUES<br />

CONDUITE DE PROJETS<br />

MALTRAITANCE ENVERS LA PERSONNE ÂGÉE<br />

CAS<br />

DAS<br />

COORDINATION DES SOINS ET TRAVAIL EN RÉSEAU<br />

PROMOTION DE LA SANTÉ ET PRÉVENTION<br />

DANS LA COMMUNAUTÉ<br />

SANTÉ DES POPULATIONS VIEILLISSANTES<br />

Liste complète des formations et renseignements : www.ecolelasource.ch<br />

505 529<br />

www.ecolelasource.ch


<strong>Pulsations</strong><br />

Patient·e,<br />

un nouveau<br />

métier ?<br />

« Cherche patient∙e<br />

expérimenté∙e pour<br />

poste à 50% au sein<br />

de l’hôpital. Durée<br />

du contrat : 2,5 ans ».<br />

Annonce bidon ? Non,<br />

mais sans aucun doute<br />

une première. Un<br />

program me clé du<br />

nouveau plan stratégique<br />

des HUG sera co-dirigé<br />

par un∙e patient∙e et<br />

un∙e professionnel∙le<br />

de la santé. Un casting<br />

de rêve pour mener des<br />

projets qui visent à mieux<br />

intégrer les proches, les<br />

malades et les bénévoles<br />

pour améliorer la qualité des soins.<br />

Suzy Soumaille<br />

Rédactrice en chef<br />

« Le patient a le vécu,<br />

les soignants possèdent<br />

les connaissances.<br />

Pour avancer,<br />

il faut mettre les deux<br />

ensemble », peut-on<br />

lire dans le dossier de<br />

cette édition (lire en<br />

page 14). Fondée sur<br />

la reconnaissance de<br />

la complémentarité<br />

des savoirs, cette<br />

approche collaborative<br />

est aujourd’hui encouragée<br />

dans tous les<br />

domaines médicaux,<br />

mais pas seulement.<br />

Grâce à la création<br />

d’une plateforme de<br />

recrutement, plusieurs<br />

centaines de patient∙es<br />

et proches aidant∙es<br />

participent déjà à des<br />

projets touchant aussi<br />

bien les prises en<br />

charge et la recherche<br />

clinique que l’organisation<br />

de l’hôpital et la gouvernance.<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

E d i t o r i a l<br />

Ce binôme inédit est le fruit d’un<br />

changement de culture insufflé<br />

depuis six ans dans le cadre du projet<br />

« Patients partenaires ». Modèle<br />

traditionnel à sens unique, le paternalisme<br />

médical recule toujours plus<br />

au profit d’un authentique partenariat<br />

avec les usagers des soins.<br />

Se former au partenariat est l’autre<br />

idée phare pour diffuser largement ce<br />

nouveau mode relationnel dans tout<br />

le réseau de santé et auprès du grand<br />

public. L’enseignement est bien sûr<br />

dispensé par des patient·es et des<br />

professionnel·les. On ne change pas<br />

une équipe qui gagne. <br />

3


<strong>Pulsations</strong><br />

Sortir des murs<br />

pour rencontrer<br />

les jeunes<br />

en rupture<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

A c t u a l i t é<br />

Par Esther Rich Photo Fred Merz | lundi13<br />

L‘Équipe mobile du jeune<br />

adulte offre une prise<br />

en soins précoce. Elle se<br />

déplace à domicile, dans<br />

un café, dans un parc…<br />

là où elle peut établir un<br />

contact avec la personne.<br />

Pour les jeunes souffrant d’un<br />

trouble psychique grave<br />

(comme la psychose, un trouble<br />

de l’humeur ou un trouble<br />

de personnalité), il n’est pas<br />

évident de se rendre dans un cabinet<br />

médical ou à l’hôpital. La peur de sortir<br />

de chez soi, le sentiment d’être stigmatisé∙e<br />

en poussant la porte d’une unité psychiatrique<br />

ou simplement le déni de la situation<br />

sont autant de barrières qui laissent ces<br />

personnes fragiles sur le carreau, sans<br />

aucune prise en soins.<br />

L’Unité de psychiatrie du jeune adulte<br />

– destinée aux 18-25 ans – a donc mis<br />

en place une petite équipe mobile,<br />

constituée de deux infirmier∙ères, qui<br />

se déplace à domicile, dans un café,<br />

dans un parc… là où elle peut établir<br />

un contact avec la personne. « Plus<br />

la détection et l’intervention pour les<br />

troubles psychiatriques sont précoces,<br />

mieux c’est. Plus on laisse les troubles<br />

se développer dans le temps, moins bon<br />

sera le pronostic. L’équipe mobile permet<br />

d’aller à la rencontre de ces jeunes qui<br />

ne viennent pas ou plus consulter »,<br />

explique le Dr Logos Curtis, responsable<br />

de l’Unité de psychiatrie du jeune adulte.<br />

Garder le contact<br />

L’idée de se déplacer hors de l’hôpital<br />

est en particulier venue d’un besoin<br />

d’assurer une transition entre la fin d’une<br />

hospitalisation et le retour à domicile des<br />

patient.es. C’est ainsi qu’est né le concept<br />

de case management de transition. « Les<br />

personnes hospitalisées pour une crise<br />

grave sont vues par l’un des infirmiers<br />

de l’équipe mobile avant leur retour dans<br />

la communauté. Une fois sorties, l’infirmier<br />

reprend contact avec elles et les voit<br />

à l'extérieur », ajoute le Dr Curtis.<br />

Par ailleurs, l’équipe mobile du jeune<br />

adulte a aussi été développée pour aller<br />

à la rencontre de celles et ceux qui ne<br />

sont pas suivi∙es. Elle se mobilise suite<br />

à une demande de toute personne (proche,<br />

enseignant.e) qui se manifeste pour venir<br />

en aide à un.e jeune en rupture. « Dans<br />

un premier temps, nous ne cherchons pas<br />

à apporter des soins, mais à évaluer le<br />

problème que rencontre le jeune dans<br />

son quotidien. Cela peut être un problème<br />

financier pour lequel il doit demander<br />

de l’aide, une recherche d’emploi ou de<br />

4


Actualité<br />

formation, etc. Petit à petit, nous<br />

allons traiter les symptômes qui freinent<br />

les objectifs du patient », détaille<br />

Audrey Metral, infirmière spécialisée<br />

de l'équipe mobile.<br />

Rencontrer ces personnes à leur domicile<br />

ou dans leur environnement permet à<br />

l’infirmier.ère de mieux évaluer leurs<br />

besoins et de les orienter vers les membres<br />

du réseau de santé. « Aider le jeune à se<br />

raccrocher à un projet fait toute la différence.<br />

Notre mobilité et notre flexibilité<br />

nous ouvrent clairement des portes. Nous<br />

employons aussi un langage qui sort du<br />

jargon psychiatrique habituel et qui parle<br />

davantage aux jeunes que nous aidons »,<br />

relève Ioannis Papoutsos, infirmier spécialisé,<br />

faisant lui aussi partie de l'équipe.<br />

L’équipe mobile du jeune adulte suit – depuis<br />

sa création en 2019 – une cinquantaine de<br />

jeunes. Son but est de réussir petit à petit à<br />

les faire intégrer une structure de soins plus<br />

conventionnelle pour un suivi durable. <br />

Théo* : « L’infirmière de l’équipe<br />

mobile a été comme une main<br />

rassurante sur mon épaule »<br />

Les proches de Théo*, la vingtaine, se sont rendu<br />

compte que quelque chose n’allait pas durant<br />

l’été 2019 : « Je consommais du cannabis tous<br />

les jours et je vivais en accéléré. Mon état maniaque<br />

m’empêchait de dormir. Étant engagé<br />

sur plusieurs projets avec des délais assez serrés,<br />

j’ai profité de mes insomnies pour avancer. Je<br />

suis toutefois devenu très irritable. Mes parents<br />

se sont inquiétés et moi aussi. J’ai demandé à<br />

être hospitalisé. » Le jeune homme passe ainsi<br />

deux mois à l’Unité de psychiatrie du jeune<br />

adulte. Le diagnostic de trouble bipolaire est<br />

posé. « Pendant mon séjour hospitalier, j’avais<br />

un médecin et un infirmier référents. En sortant,<br />

grâce à Audrey Metral de l’équipe mobile, j’ai<br />

pu continuer à avoir une personne référente.<br />

Elle a été comme une main rassurante sur mon<br />

épaule. Elle a joué un rôle important pour que<br />

ma transition entre l’hôpital et le cabinet privé<br />

où je suis actuellement suivi se passe au mieux. »<br />

* Prénom d’emprunt.<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

5


<strong>Pulsations</strong><br />

Une parenthèse<br />

pour soi<br />

et son cœur<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

A c t u a l i t é<br />

Par Laetitia Grimaldi Illustration Bogsch & Bacco<br />

Inaugurée en novembre<br />

dernier, l’Unité de réadaptation<br />

stationnaire en cardiologie<br />

de l’Hôpital Beau-Séjour propose<br />

une prise en charge globale après<br />

un incident cardiaque sévère.<br />

6


Actualité<br />

Pour l’heure, ce<br />

ne sont que six<br />

à huit lits, mais<br />

l’ambition est<br />

grande pour<br />

cette structure inédite<br />

dans le canton de Genève.<br />

Fruit d’une collaboration<br />

entre les Services de<br />

médecine interne et de<br />

réadaptation, cardiologie et<br />

chirurgie cardiovasculaire,<br />

l’Unité de réadaptation<br />

stationnaire en cardiologie<br />

de l’Hôpital Beau-Séjour<br />

est destinée aux patient·es<br />

sortant d’une atteinte<br />

cardiaque majeure – infarctus<br />

du myocarde, chirurgie<br />

cardiaque ou encore hospitalisation<br />

pour insuffisance<br />

cardiaque. L’idée : offrir,<br />

durant trois à quatre semaines,<br />

une prise en charge<br />

à 360°, individualisée,<br />

associant soins médicaux,<br />

activité physique adaptée,<br />

aide à l’arrêt du tabac,<br />

ateliers de diététique et<br />

de gestion du stress<br />

(hypnose par exemple).<br />

Les conditions clés ? « Une<br />

maladie cardiaque stabilisée<br />

et une grande motivation<br />

à repenser son hygiène de<br />

vie », indique la Dre Elena<br />

Tessitore, cheffe de clinique<br />

au Service de cardiologie<br />

et cardiologue de référence<br />

au sein de cette unité. Et<br />

pour cause : « Un incident<br />

cardiaque peut être le<br />

fruit d’une prédisposition<br />

génétique, c’est certain.<br />

Mais le plus souvent, il<br />

résulte d’un contexte de vie<br />

qui use inlassablement le<br />

cœur (hypertension artérielle,<br />

stress, excès de poids,<br />

tabagisme, diabète, hypercholestérolémie<br />

ou encore<br />

sédentarité) », souligne la<br />

spécialiste. Avant d’ajouter :<br />

« Après une alerte cardiaque,<br />

la tentation est<br />

grande de reprendre sa<br />

vie sans rien changer. »<br />

Malheureusement, notre<br />

cœur ne voit pas les choses<br />

ainsi. « On sait que le taux<br />

de récidive est élevé si<br />

les facteurs de risque<br />

cardiovasculaire ne sont<br />

pas pris en main et corrigés.<br />

La réadaptation cardiaque<br />

répond à ce besoin, et c’est<br />

ce qui a motivé ce vaste<br />

projet, tous les patients<br />

ne pouvant suivre facilement<br />

un programme<br />

ambulatoire », indique<br />

la Dre Eliana Hanna,<br />

médecin adjointe au<br />

Service de médecine<br />

interne et de réadaptation.<br />

Changer de vie prend<br />

du temps<br />

Programme clé, la réhabilitation<br />

cardiaque se dessine<br />

en trois phases. La première<br />

(phase I) est la mobilisation<br />

précoce. Proposée aux<br />

soins aigus, elle permet<br />

de remobiliser progressivement<br />

l’organisme. La<br />

deuxième (phase II) est le<br />

cœur de la réadaptation<br />

cardiaque. Conseillée sur<br />

quatre à six semaines pour<br />

repenser l’hygiène de vie<br />

et adapter au mieux les<br />

efforts physiques, elle se<br />

décline en version « ambulatoire<br />

» ou « stationnaire ».<br />

Quant à la troisième (phase<br />

III), la réhabilitation dite<br />

« au long cours », elle<br />

ambitionne de consolider<br />

les efforts, notamment en<br />

termes d’activité physique.<br />

Si le tableau semble parfaitement<br />

codifié, la réalité<br />

s’en éloigne : « En Suisse,<br />

il est estimé que seuls 50%<br />

des patients participent<br />

à la phase II et, selon une<br />

étude menée aux HUG,<br />

moins de 5% de ces personnes<br />

poursuivent ensuite<br />

la phase III. Or, on sait<br />

qu’après un infarctus du<br />

myocarde, la réadaptation<br />

cardiaque permet de réduire<br />

la mortalité cardiovasculaire<br />

de 25% à 5 ans et les<br />

bénéfices se prolongent<br />

dans le temps. Mais il faut<br />

s’y astreindre et changer<br />

de vie prend du temps »,<br />

relaye la Dre Tessitore.<br />

C’est ce qui a motivé la<br />

création de cette nouvelle<br />

unité. « À terme, nous<br />

espérons l’ouverture de<br />

24 à 25 lits, ce qui nous<br />

permettra d’accueillir<br />

250 patients en moyenne<br />

chaque année », se réjouit<br />

la Dre Hanna. <br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

7


<strong>Pulsations</strong><br />

Un robot améliore<br />

la pose des prothèses<br />

du genou<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

A c t u a l i t é<br />

Par Elisabeth Gordon<br />

Les HUG sont le premier hôpital<br />

suisse à disposer d’une machine<br />

de ce type. Pour les patient·es :<br />

diminution des douleurs et<br />

récupération plus rapide.<br />

Chaque année,<br />

environ 240<br />

prothèses du<br />

genou sont<br />

implantées<br />

aux HUG. Une intervention<br />

courante qui donne<br />

d’ailleurs d’excellents<br />

résultats. « Plus de 85%<br />

des personnes portant<br />

un implant sont satisfaites.<br />

Toutefois, environ 20%<br />

d’entre elles gardent<br />

des douleurs », constate<br />

le Pr Didier Hannouche,<br />

médecin-chef du Service de<br />

chirurgie orthopédique et<br />

traumatologie de l’appareil<br />

moteur. Depuis septembre<br />

dernier, l’équipe chirurgicale<br />

orthopédique dispose d’un<br />

nouveau robot, dénommé<br />

ROSA ® Knee System, qui<br />

permet d’améliorer encore<br />

la technique.<br />

Que les patient·es qui<br />

craindraient d’être opéré·es<br />

par une machine se rassurent,<br />

« le robot ne fait<br />

que nous assister, précise<br />

le médecin-chef, c’est nous<br />

qui restons les maîtres<br />

de l’opération ».<br />

Moins de douleurs<br />

Mais les chirurgiens et<br />

chirurgiennes peuvent<br />

désormais compter sur<br />

cette aide pour les épauler.<br />

D’abord, au moment de<br />

planifier leur intervention.<br />

Le robot leur fournit une<br />

image du genou en 3D, leur<br />

indique comment réaliser<br />

les coupes des os « avec une<br />

précision de 0,5 millimètre »,<br />

puis les guide, « ce qui<br />

permet de positionner au<br />

mieux la prothèse dans<br />

les trois plans de l’espace.<br />

Pendant l’opération, il<br />

permet aussi de vérifier et<br />

de valider chaque étape ».<br />

Manipulé par des spécialistes<br />

bien formés à cet<br />

effet, « le robot améliore<br />

donc la pose de l’implant.<br />

Il pourrait ainsi mieux<br />

épargner les tissus sains<br />

autour de la prothèse et<br />

assurer un meilleur équilibrage<br />

des ligaments ; mais<br />

ce dernier point reste à<br />

vérifier », poursuit le Pr<br />

Hannouche.<br />

Si les médecins « semblent<br />

y trouver des avantages »,<br />

précise le professeur, dont<br />

le service évalue la toute<br />

nouvelle machine, les<br />

patient·es devraient aussi<br />

en tirer bénéfice. Selon<br />

une étude britannique<br />

portant sur un système<br />

similaire, les douleurs<br />

sont réduites, les séjours<br />

à l’hôpital raccourcis et<br />

la récupération plus<br />

rapide. Avec ce robot, « la<br />

chirurgie orthopédique entre<br />

dans une nouvelle ère »,<br />

conclut le Pr Hannouche. <br />

Crédit : Science Photo Library<br />

8


<strong>Pulsations</strong><br />

Un lieu unique pour<br />

les adolescents<br />

Le grand projet de la<br />

Maison de l’enfant et de<br />

l’adolescent (MEA) est<br />

pensé pour les jeunes.<br />

Il se fonde sur une<br />

approche globale avec<br />

des passerelles entre le<br />

monde médical, la vie<br />

sociale et le milieu culturel.<br />

un projet unique en<br />

son genre en Europe,<br />

né d’une réflexion sur le<br />

parcours de soins et sur<br />

C’est<br />

la nécessité d’intégrer la<br />

pédopsychiatrie dans la cité. Située entre la<br />

Maternité et l’Hôpital des enfants, la MEA<br />

rassemblera le Service de pédopsychiatrie<br />

et celui de la médecine somatique pour les<br />

adolescents. « C’est une opportunité de<br />

réunir les soins sous un seul et même toit,<br />

en permettant des parcours de soins plus<br />

fluides pour les jeunes avec une psychopathologie,<br />

à partir de la période prénatale et<br />

jusqu’à 18 ans », confie la Pre Nadia Micali,<br />

médecin-cheffe du Service de psychiatrie<br />

de l’enfant et de l’adolescent.<br />

médiation, des salles de spectacle, un<br />

studio radio, un hall d’exposition, une<br />

cuisine, etc. La médiation et la culture<br />

peuvent être très utiles dans la prise en<br />

charge des patients avec une pathologie<br />

psychiatrique », ajoute Nadia Micali.<br />

« Maison » de l’enfant et de l’adolescent :<br />

le terme n’a pas été choisi au hasard.<br />

« Il ne s’agit pas d’un “ hôpital ” mais d’un<br />

lieu, ouvert sur la ville, où les jeunes<br />

seront accueillis et non stigmatisés »,<br />

souligne la Pre Posfay-Barbe. Un espace<br />

dédié à l’enseignement et à la recherche<br />

sera également intégré au projet.<br />

La première pierre déjà posée<br />

À l’occasion de la pose de la première<br />

pierre, le 28 septembre dernier sur<br />

l’ancien site de médecine dentaire, de<br />

jeunes patient·es ont pu enterrer, dans<br />

un geste symbolique, des objets de leur<br />

époque enfermés dans une « capsule<br />

temporelle ». Le futur bâtiment, d’une<br />

surface de 12’600 m 2 répartis sur six<br />

étages, devrait ouvrir ses portes à l’été<br />

2023. Il sera le fruit du bureau genevois<br />

CLR architectes, associé à l’architectepaysagiste<br />

Pascal Heyraud, lauréats<br />

d’un concours lancé en 2016. <br />

Par Clémentine Fitaire<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

A c t u a l i t é<br />

Crédit : istockphoto<br />

Les jeunes au cœur de la cité<br />

« L’idée novatrice est d’utiliser différents<br />

moyens pour aider l’enfant et l’adolescent<br />

dans leur guérison », explique la Pre Klara<br />

Posfay-Barbe, médecin-cheffe du Service de<br />

pédiatrie générale. Une partie du bâtiment,<br />

ouverte à tous, sera consacrée aux rendezvous<br />

culturels et sportifs. « Le lieu permettra<br />

une approche plus globale, avec un espace de<br />

Un partenariat public-privé<br />

Le budget de construction de la<br />

Maison de l’enfant et de l’adolescent<br />

(MEA), estimé à 82 millions de<br />

francs, est financé à la fois par des<br />

partenaires privés, par la Fondation<br />

Children Action, par une fondation<br />

privée genevoise, ainsi que par des<br />

donateurs·trices.<br />

9


<strong>Pulsations</strong><br />

La réalité virtuelle<br />

contre la douleur<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

A c t u a l i t é<br />

Par Clémentine Fitaire<br />

Aider un enfant à surmonter<br />

douleur et anxiété lors d’un<br />

soin est une des préoccupations<br />

majeures des soignant·es,<br />

mais aussi des parents. V-Relief,<br />

un programme pilote utilisant<br />

la réalité virtuelle, est actuellement<br />

testé aux HUG.<br />

«Le temps est passé<br />

très vite et je n’ai<br />

presque pas senti<br />

quand on m’a mis<br />

un spaghetti dans<br />

le nez !» Ce qui a fait oublier sa douleur<br />

à Rose, 11 ans, l’espace de quelques instants<br />

lors d’une nasofibroscopie et d’une prise<br />

de sang, c’est un mécanisme bien connu<br />

du corps médical : le détournement de<br />

l’attention. « L’immersion dans la réalité<br />

virtuelle rend l’expérience moins traumatisante.<br />

Elle est un outil comme d’autres,<br />

tels que l’hypnose, qui peut permettre<br />

de limiter le recours aux sédatifs », explique<br />

le Dr Cyril Sahyoun, médecin adjoint au<br />

Service d’accueil et d’urgences pédiatriques<br />

(SAUP) et spécialiste en sédation et analgésie<br />

procédurales, qui a introduit l’outil dans<br />

son service en juin 2020.<br />

Une fois le casque placé devant ses yeux,<br />

l’enfant est immergé dans un scénario<br />

conçu spécialement pour ce contexte de<br />

soin. Il a été imaginé en collaboration<br />

avec David Rudrauf et Corrado Corradi<br />

Dell’Acqua, du laboratoire de modélisation<br />

multimodale de l’émotion et du ressenti et<br />

du laboratoire pour la théorie de la douleur<br />

de l’Université de Genève et le Campus<br />

Biotech. La narration a lieu en deux étapes.<br />

L’enfant entre d’abord dans une phase de<br />

familiarisation avec son environnement,<br />

puis dans une phase de relaxation incluant<br />

des exercices de respiration. Enfin, il est<br />

invité à participer à des jeux qui permettront<br />

d’activer son esprit pendant le soin.<br />

L’innovation de ce dispositif, par rapport<br />

aux systèmes existants, c’est la possibilité<br />

pour le ou la soignant·e de choisir le<br />

moment adéquat pour augmenter la<br />

stimulation audiovisuelle. « On voudrait<br />

contrôler ces outils afin de maximiser le<br />

stimulus au summum de la douleur. Le<br />

cerveau se concentre ainsi sur ce qu’il voit et<br />

entend, plutôt que sur la sensation douloureuse<br />

ou l’anxiété », détaille le Dr Sahyoun.<br />

À terme, plusieurs programmes seront<br />

développés afin que chaque enfant puisse<br />

voyager dans l’univers qui lui plaît le plus.<br />

Des techniques d’hypnose<br />

intégrées au jeu<br />

Pour mettre au point les différents scénarios<br />

proposés et répondre aux particularités<br />

du contexte, le programme VRelief intègre<br />

des principes d’hypnose, une technique<br />

qui peut se révéler utile chez les plus<br />

jeunes pour les aider à gérer la douleur.<br />

« Les enfants ont moins de barrières liées<br />

à l’anxiété que les adultes et parviennent<br />

à lâcher prise plus facilement. La réalité<br />

Crédit : Yvain Tisserand et Équipe VRelief/MMEF Lab - UNIGE/ SAUP-DFEA-HUG<br />

10


Actualité<br />

virtuelle permet de reprendre le contrôle<br />

sur soi, c’est un bel apprentissage de<br />

mise en confiance personnelle », constate<br />

Stéphanie Mermet, infirmière au SAUP<br />

et praticienne en hypnose, qui a rejoint<br />

le projet à son début.<br />

Certains enfants, particulièrement anxieux,<br />

seront moins réceptifs que d’autres et auront<br />

plus de difficultés à lever leur vigilance.<br />

La place de l’humain et de la parole est alors<br />

très importante, en complément de la technologie.<br />

« Il faut être attentif aux réactions<br />

du jeune patient, observer comment il se<br />

comporte et appréhende le moment. Avant<br />

de lui mettre le casque, on lui explique, on<br />

le rassure. Après le soin, on lui fait exprimer<br />

son ressenti », ajoute Stéphanie Mermet.<br />

Bientôt tous casqués ?<br />

Pour Cyril Sahyoun, le rêve serait qu’en<br />

complément à d’autres modalités, telles<br />

que l’hypnose, « la réalité virtuelle soit<br />

disponible pour tout enfant qui pourrait en<br />

bénéficier, afin de rendre son soin moins<br />

douloureux et moins anxiogène ». Pour<br />

l’instant, le projet pilote ne concerne que<br />

le Service d’accueil et des urgences pédiatriques,<br />

mais l’outil est souvent emprunté<br />

pour être utilisé dans les autres unités et<br />

pourrait, à terme, être adapté pour d’autres<br />

services de pédiatrie. Et, « pourquoi pas,<br />

pour tous les pédiatres de ville », conclut<br />

le médecin. <br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Hackathon<br />

et financement<br />

Mis au point en collaboration<br />

avec l’Université de Genève, le<br />

projet VRelief est soutenu par la<br />

Fondation privée des HUG qui a<br />

alloué un financement pour son<br />

développement. Ce projet avait<br />

d’ailleurs remporté le prix « Coup<br />

de cœur » du hackathon 2019<br />

organisé au Centre de l’innovation<br />

des HUG, qui rassemble, catalyse<br />

et récompense des recherches de<br />

solutions innovantes en lien avec<br />

les problématiques de santé.<br />

11


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

R e n c o n t r e<br />

Par Clémentine Fitaire Photo Nicolas Righetti | lundi13<br />

« Le SMIG<br />

est la colonne<br />

vertébrale<br />

de l’hôpital »<br />

Le navire hospitalier<br />

vit une période plus que<br />

mouvementée depuis<br />

mars 2020. Le Service de<br />

médecine interne générale<br />

(SMIG), en particulier,<br />

s’est retrouvé au cœur<br />

d’une tempête inédite.<br />

Mais quelles sont ses<br />

activités? Rencontre<br />

avec le Pr Jean-Luc Reny,<br />

à la barre du service<br />

depuis 2018.<br />

12


Rencontre<br />

<strong>Pulsations</strong> La pandémie<br />

a particulièrement<br />

impacté votre Service<br />

de médecine interne<br />

générale. Comment<br />

avez-vous traversé<br />

cette situation ?<br />

Pr Jean-Luc Reny Lors de la<br />

première vague, nous avons<br />

improvisé en temps réel<br />

– mais avec le maximum<br />

d’anticipation – face à<br />

l’afflux important de patients.<br />

Pour la deuxième<br />

vague, nous avions préparé<br />

certaines hypothèses…<br />

qui ont très rapidement<br />

été dépassées. En plus des<br />

20-30 patients « hors Covid »<br />

que nous avons par jour en<br />

moyenne, notre service a<br />

absorbé jusqu’à plus de 50<br />

nouvelles entrées « Covid »<br />

supplémentaires quotidiennes,<br />

triplant ainsi la<br />

fréquentation. Ça a été très<br />

difficile et nous pouvons<br />

être fiers des résultats et<br />

de la collaboration avec<br />

les services partenaires au<br />

sein des HUG. Aujourd’hui,<br />

nous ne sommes pas encore<br />

revenus à notre activité<br />

habituelle, il reste des<br />

patients Covid, mais aussi<br />

post-Covid.<br />

Comment vous<br />

êtes-vous organisés<br />

dans l’urgence ?<br />

Cela s’est traduit par des<br />

ouvertures d’unités – parfois<br />

deux par jour – de 18 à 26 lits,<br />

avec un personnel compétent<br />

qu’il a fallu trouver. Nous<br />

avions prévu des ressources<br />

humaines durant l’été, tant au<br />

niveau médical que soignant.<br />

Nous avons également fait<br />

appel à d’autres services de<br />

notre département, à d’autres<br />

départements et à des collègues<br />

extérieurs aux HUG.<br />

Cela a permis notamment<br />

de maintenir des patients<br />

en soins intermédiaires,<br />

en évitant de surcharger<br />

les soins intensifs.<br />

Comment fonctionne<br />

votre service<br />

habituellement ?<br />

Le SMIG est la colonne<br />

vertébrale de l’hôpital.<br />

C’est un service de médecine<br />

interne qui travaille<br />

avec toutes les spécialités,<br />

comme les maladies infectieuses,<br />

la cardiologie,<br />

l’immunologie, la pneumologie,<br />

la néphrologie… Pour<br />

des soins médicaux aigus,<br />

nous avons un fonctionnement<br />

très matriciel entre<br />

la médecine interne et les<br />

différentes spécialités de<br />

médecine. Nous apportons<br />

ainsi le meilleur des deux<br />

compétences au chevet<br />

des patientes et patients.<br />

Il existe des unités angiologie-MIG,<br />

pneumologie-<br />

MIG, cardiologie-MIG, etc.<br />

Ce service est moins<br />

souvent mis en lumière<br />

que d’autres spécialités…<br />

Pourquoi ?<br />

D’un point de vue technologique,<br />

nous ne sommes pas<br />

dans une médecine hautement<br />

spécialisée. Ce qui<br />

intéresse le grand public,<br />

les médias, c’est justement<br />

ce qui est à la pointe de<br />

la technicité. Chez nous,<br />

elle est remplacée par des<br />

connaissances transversales<br />

assez larges qui nous permettent<br />

d’assurer une prise<br />

en charge globale du patient<br />

intégrant la décision partagée.<br />

L’autre force de la<br />

médecine interne est de<br />

s’appuyer sur une approche<br />

diagnostique qui a du sens,<br />

en basant notre pratique sur<br />

les faits, les preuves, et une<br />

utilisation rationnelle des<br />

tests à disposition.<br />

Celle qu’on appelle la<br />

« médecine du futur »<br />

doit-elle aussi avoir sa<br />

place dans votre service ?<br />

Totalement. Nous travaillons<br />

beaucoup sur cette notion<br />

de « Smarter Medicine »,<br />

la personnalisation des<br />

traitements, la relation<br />

avec le patient pour une<br />

décision partagée et surtout<br />

le « Smarter Testing », qui<br />

consiste à faire des examens<br />

quand ils apportent vraiment<br />

quelque chose à la<br />

prise en charge. Des progrès<br />

restent à faire, certes, mais<br />

l’innovation peut aussi avoir<br />

sa place dans notre service.<br />

Nous sommes par exemple<br />

en train de mettre en place<br />

l’utilisation de l’ultrason au<br />

lit du patient, en remplacement<br />

du stéthoscope, pour<br />

évaluer certaines infections<br />

pulmonaires ou des anomalies<br />

cardiaques simples.<br />

La recherche est<br />

également l’une de<br />

vos forces…<br />

Oui, nous travaillons autour<br />

de trois grands axes : les<br />

maladies fréquentes (insuffisance<br />

cardiaque, pneumonie,<br />

médicaments contre la<br />

thrombose, etc.), les maladies<br />

rares et l’éducation en<br />

lien avec l’« evidence-based<br />

medicine », la médecine<br />

basée sur les preuves. Nous<br />

avons mis au point, avec un<br />

partenariat large, une plateforme<br />

de recommandations<br />

pour le Covid-19, reconnue et<br />

utilisée internationalement,<br />

dont le but est la synthèse et<br />

la dissémination de résultats<br />

obtenus en recherche<br />

clinique et à travers des<br />

consensus d’experts. <br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

13


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

D o s s i e r<br />

Par André Koller et Giuseppe Costa Photo Nicolas Schopfer<br />

La médecine<br />

pour et avec<br />

les patient∙es<br />

En 2015, les HUG ont lancé<br />

un vaste projet stratégique<br />

pour impliquer davantage<br />

les patient·es et les proches<br />

dans les soins. Six ans plus tard,<br />

plusieurs centaines de nonsoignant·es<br />

participent à des<br />

programmes dans des domaines<br />

aussi variés que les prises en<br />

charge, la recherche médicale,<br />

l’événementiel et même<br />

l’organisation de l’hôpital.<br />

Pr Thomas AGORITSAS,<br />

médecin adjoint agrégé,<br />

enseigne le partenariat<br />

patient à la Faculté<br />

de médecine.<br />

Photo : Louis Brisset<br />

14


Dossier<br />

Partenariat<br />

Photo : François Schaer/phovea<br />

C<br />

ertaines révolutions s’instaurent<br />

avec fracas. D’autres se<br />

diffusent discrètement. C’est le<br />

cas du partenariat patient·e*.<br />

Pourtant, il transforme en<br />

profondeur les pratiques<br />

médicales et peut-être bientôt l’organisation<br />

des soins. Comment ? En reconnaissant que<br />

le savoir issu du vécu de la maladie – qualifié<br />

d’expérientiel – est équivalent à celui<br />

des professionnel·les de santé. Cette reconnaissance<br />

change la posture des soigné·es,<br />

comme celle des soignant·es et de l’hôpital :<br />

patient·es et proches deviennent acteurs et<br />

actrices non seulement au niveau des soins,<br />

mais du système de santé en général.<br />

Reste que les études scientifiques démontrant<br />

les bénéfices du partenariat ne sont<br />

pas encore nombreuses. « On sait qu’il<br />

génère davantage de satisfaction et moins<br />

de regrets. Globalement, il produit une<br />

meilleure qualité des soins. Mais ce n’est<br />

pas une recette de cuisine.<br />

« On sait que<br />

le partenariat<br />

génère davantage<br />

de satisfaction et<br />

moins de regrets.<br />

Globalement,<br />

il produit une<br />

meilleure qualité<br />

des soins »<br />

Pr Thomas AGORITSAS<br />

Sa réussite dépend des situations, des<br />

professionnels et des patients qui le<br />

pratiquent », argumente le Pr Thomas<br />

Agoritsas, médecin adjoint agrégé, qui<br />

enseigne le partenariat patient à la Faculté<br />

de médecine.<br />

Les HUG, pourtant, n’ont pas hésité.<br />

Selon la recommandation de l’Organisation<br />

mondiale de la santé, le projet « Patients<br />

partenaires » est devenu un axe majeur de<br />

leur plan stratégique 2015-2020. « J’avais<br />

pris conscience du problème en 2010<br />

lorsque je travaillais sur une étude intitulée<br />

“Main dans la main”. Nous demandions aux<br />

patients de rappeler aux soignants de se<br />

désinfecter les mains. Croyez-le ou non,<br />

pas un seul, jamais, n’a osé le faire », raconte<br />

la cheffe du projet, Sylvie Touveneau.<br />

Mais pourquoi ? Il faut en chercher les<br />

raisons dans un mode relationnel à sens<br />

unique, le modèle paternaliste hérité des<br />

19 e et 20 e siècles, où le corps médical est<br />

vu comme seul détenteur du savoir. Une<br />

asymétrie historique qui structure encore<br />

l’organisation des systèmes de santé.<br />

Années sida<br />

Une prise de conscience a lieu dans les<br />

années 80, surtout en Amérique du Nord,<br />

avec l’épidémie du sida. Des patient·es<br />

regroupé·es en association, insatisfait·es<br />

de leur implication dans les soins, revendiquent<br />

un accès facilité aux traitements et<br />

une collaboration active dans la recherche.<br />

En parallèle, dans le domaine des maladies<br />

chroniques, des médecins explorent l’éducation<br />

thérapeutique (lire en page 20). « Sous<br />

la pression de ces divers mouvements, le<br />

modèle paternaliste a migré d’abord vers<br />

les soins centrés SUR le patient. Puis, très<br />

récemment, vers un authentique partenariat<br />

avec la reconnaissance réciproque des<br />

savoirs », rappelle Sylvie Touveneau.<br />

* Le partenariat concerne aussi les proches. Pour alléger le texte,<br />

ils·elles ne sont pas systématiquement mentionné·es.<br />

Sylvie TOUVENEAU,<br />

cheffe du projet<br />

« Patients partenaires »<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

15


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

« Le patient a le vécu, les professionnels<br />

possèdent les connaissances. Pour avancer,<br />

il faut mettre les deux ensemble », martèle<br />

Kabeza Kalumiya, patiente investie dans<br />

le projet « Patients partenaires ». « Avant<br />

mon implication dans ce projet, j’avais<br />

peur de déranger les médecins. Puis j’ai<br />

découvert qu’au contraire, exprimer mon<br />

ressenti m’aide moi-même et guide les<br />

professionnels dans ma prise en charge. »<br />

Décision médicale partagée<br />

« Cette idée de découverte est importante,<br />

rebondit le Pr Thomas Agoritsas. Nous<br />

l’observons aussi chez les professionnels.<br />

C’est en pratiquant cette démarche qu’on<br />

en découvre le potentiel. » Et de poursuivre :<br />

« Prenez la décision médicale. Historiquement,<br />

elle est prise par le médecin. Or, on<br />

sait que le choix thérapeutique le plus<br />

raisonnable n’est pas fondé uniquement sur<br />

le savoir scientifique. Pour être optimale,<br />

une décision doit faire sens pour le patient.<br />

Son concours est donc indispensable. »<br />

Selon une récente enquête européenne<br />

réalisée parmi 8’000 patient·es, 70 à 90% des<br />

personnes interrogées aspirent à davantage<br />

d’implication dans les décisions médicales.<br />

Contre environ 50% dans les années 2000.<br />

Et plus de la moitié se dit insuffisamment<br />

informée pour pouvoir s’impliquer dans les<br />

soins. « Ce dernier point est très important.<br />

Ma collaboration avec les HUG m’a donné<br />

une nouvelle légitimité », souligne Inès<br />

Serre, proche aidante partenaire. « Avec<br />

mon médecin, les infirmières ou la direction<br />

de l’EMS où mon père a vécu, les regards<br />

changeaient dès que je me présentais<br />

comme partenaire des HUG. Cela m’a<br />

ouvert des portes. Il devenait plus facile<br />

de prendre part aux décisions médicales. »<br />

Faire AVEC les patient·es<br />

« Le partenariat, c’est la médecine AVEC et<br />

non POUR les patients. Mais accepter les<br />

idées des autres, c’est un sacré challenge »,<br />

résume Sylvie Touveneau. Pour lancer le<br />

projet, elle collabore d’abord avec des professionnel·les<br />

déjà engagé·es, notamment<br />

au Service d’éducation thérapeutique, en<br />

santé mentale et en pédiatrie, et avec des<br />

patient·es. Puis, avec son équipe, elle met<br />

sur pied une plateforme pour la promotion<br />

du partenariat et le recrutement de patient·es<br />

et de proches qui souhaitent s’impliquer<br />

dans des projets institutionnels.<br />

« Nous avons également donné un cadre et<br />

des règles de fonctionnement. Et, surtout,<br />

nous proposons un accompagnement individualisé<br />

chaque fois qu’un service ou une<br />

unité souhaite établir un partenariat. »<br />

Ce travail porte ses fruits. Le partenariat<br />

est entré dans les mœurs de l’Hôpital.<br />

En octobre 2020, la plateforme comptait<br />

quelque 600 patient·es et proches recruté·es,<br />

170 créations de partenariats et 950 implications<br />

de non-soignant·es dans divers<br />

projets institutionnels. Et pour la première<br />

fois, un.e patient.e co-dirige un programme<br />

du nouveau plan stratégique des HUG (lire<br />

en page 21). A.K.<br />

« Le patient<br />

a le vécu, les<br />

professionnels<br />

possèdent les<br />

connaissances.<br />

Pour avancer,<br />

il faut mettre<br />

les deux<br />

ensemble »<br />

Kabeza KALUMIYA, patiente investie dans<br />

le projet « Patients partenaires »<br />

16


Dossier<br />

« Il y a une<br />

reconnaissance<br />

mutuelle des<br />

savoirs et<br />

un objectif<br />

commun<br />

de créer un<br />

partenariat »<br />

Sandrine JONNIAUX,<br />

infirmière spécialiste<br />

clinique en soins<br />

de réadaptation<br />

et coordinatrice<br />

de la journée CVC<br />

Promouvoir la<br />

santé ensemble<br />

Une équipe composée de patient·es<br />

partenaires et de professionnel·les<br />

conçoit et anime la journée « Cœur,<br />

vaisseaux, cerveau ».<br />

La 3 e Journée « Cœur, Vaisseaux, Cerveau »<br />

(CVC), soutenue par la Fondation privée des<br />

HUG, s’est tenue fin octobre… sous une forme<br />

revisitée, en raison du Covid-19, mais avec des<br />

objectifs identiques. « Nous avons remplacé les<br />

stands d’information par des ateliers éducatifs<br />

à distance. Le but demeure la prévention des<br />

maladies cardiovasculaires et la promotion de<br />

la santé », résume Sandrine Jonniaux, infirmière<br />

spécialiste clinique en soins de réadaptation et<br />

coordinatrice de la journée CVC.<br />

Surtout, depuis le lancement de cette journée<br />

en 2018, tout se réalise avec un groupe de<br />

patient·es partenaires : de la conception<br />

à l’animation en passant par le choix des<br />

thématiques ou la formation des personnes<br />

impliquées. Ainsi, cette année, deux professionnel·les<br />

et un·e patient·e ont pensé<br />

et co-animé chaque atelier, pour un total de<br />

trente personnes impliquées. « D’un côté, il<br />

y a le savoir-faire, de l’autre, le vécu, mais nous<br />

ne faisons qu’un », note Pierre Sutter, qui a<br />

bénéficié d’un triple pontage coronarien en<br />

2014. Depuis 2017, il s’investit comme patient<br />

partenaire : « Je veux montrer ma reconnaissance<br />

aux soignants, partager mon expérience pour<br />

rassurer les personnes et faire en sorte qu’elles<br />

évitent un infarctus. »<br />

Partenariat<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

En travaillant ensemble, c’est le regard des<br />

un·es et des autres qui change. « Le professionnel<br />

se met au niveau de la personne soignée<br />

et celle-ci élargit sa vision du monde médical.<br />

Il y a une reconnaissance mutuelle des savoirs<br />

et un objectif commun de créer un partenariat »,<br />

relève Sandrine Jonniaux. Et Pierre Sutter<br />

d’insister sur un dernier point : « En tant que<br />

patient, il faut poser des questions afin de créer<br />

un partenariat avec les professionnels qui soit<br />

bénéfique aux soins. » G.C.<br />

« D’un côté,<br />

il y a le savoirfaire,<br />

de<br />

l’autre, le vécu,<br />

mais nous ne<br />

faisons qu’un »<br />

Pierre SUTTER,<br />

patient partenaire<br />

17


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Enrick MONACHON,<br />

coordinateur de<br />

projet au Centre<br />

de formation<br />

Se former au partenariat<br />

Le partenariat dans les<br />

soins est un changement<br />

de culture. Pour exister,<br />

ce nouveau mode<br />

relationnel doit se<br />

diffuser non seulement<br />

dans tout le réseau de<br />

santé mais également<br />

auprès du grand public.<br />

Un objectif fort du projet<br />

« Patients partenaires » a été<br />

la co-construction avec des<br />

patient·es, la Faculté de médecine,<br />

le Centre interprofessionnel<br />

de simulation (CIS) et la Haute<br />

école de santé (HES-SO), d’une<br />

information et d’une formation<br />

en ligne 1 élaborées avec le soutien<br />

de la Fondation privée des<br />

HUG. Ces dernières s’adressent<br />

à un large public : patient·es,<br />

proches, étudiant·es et professionnel·les<br />

de santé.<br />

La formation, intitulée « pour<br />

le partenariat dans les soins<br />

et les services », est dispensée<br />

par des patient·es et des professionel·les.<br />

Son contenu est<br />

issu des rencontres baptisées<br />

« Regards croisés », organisées<br />

dans le cadre du projet<br />

« Patients partenaires ».<br />

Stefaan RAË, patient<br />

formateur, enseignant<br />

retraité, qui a<br />

contribué à l’élaboration<br />

de la formation<br />

Ces cours comprennent une<br />

partie théorique et une partie<br />

pratique. Dans la première, les<br />

participant·es identifient leurs<br />

compétences en partenariat et<br />

promeuvent la reconnaissance<br />

réciproque des savoirs. La seconde<br />

consiste à les traduire en<br />

actions. « Elles peuvent être très<br />

simples. Pour les patients, c’est<br />

oser poser plus de questions ou<br />

demander des alternatives thérapeutiques.<br />

Les professionnels,<br />

eux, peuvent s’interroger sur<br />

l’implication des patients dans<br />

certaines pratiques et ouvrir, par<br />

exemple, un espace de dialogue<br />

pendant une visite médicale »,<br />

illustre Enrick Monachon,<br />

coordinateur de projet au<br />

Centre de formation.<br />

« Nous sommes<br />

des facilitateurs »<br />

« Nous ne nous présentons pas<br />

comme détenteurs d’un savoir »,<br />

précise Stefaan Raë, patient<br />

formateur, enseignant retraité,<br />

qui a contribué à l’élaboration<br />

de la formation. « Les patients,<br />

comme les proches partenaires,<br />

nous sommes des facilitateurs.<br />

Notre retour éclaire les pratiques<br />

et favorise le partenariat. Induire<br />

une réflexion de ce type est déjà<br />

un excellent début. »<br />

Cette formation vise bien entendu<br />

les soignant·es. Mais également<br />

les huissiers, le personnel<br />

administratif ou encore celui de<br />

la pharmacie. Et les ambitions du<br />

projet « Patients partenaires » ne<br />

s’arrêtent pas là. L’expérience<br />

acquise doit servir à construire,<br />

dès cette année, un enseignement<br />

pour les patient·es et proches qui<br />

souhaitent pousser plus loin leur<br />

implication dans le système de<br />

santé. « L’enseignement universitaire,<br />

la recherche médicale et<br />

même les aspects organisationnels<br />

de l’Hôpital peuvent intégrer<br />

le partenariat, appuie Enrick<br />

Monachon. À ce niveau, l’objectif<br />

des futures formations est<br />

d’outiller patients et professionnels<br />

pour qu’ils collaborent de<br />

manière optimale. »<br />

« Tout cela peut paraître<br />

ambitieux, ajoute Stefaan Raë.<br />

Mais c’est au contraire un<br />

enseignement très accessible.<br />

Le partenariat est un savoir<br />

évolutif. Chacun et chacune<br />

d’entre nous peut y trouver<br />

sa vraie place. » A.K.<br />

1<br />

Informations et inscription à la formation<br />

en ligne : www.hug.ch/patients-partenaires<br />

18


Dossier<br />

Intégrer les<br />

proches aidant·es<br />

Partenariat<br />

Dans un projet de soins, leur<br />

implication doit être reconnue.<br />

« Les proches<br />

sont une<br />

ressource<br />

essentielle<br />

pour l'équipe<br />

soignante.<br />

Nous cherchons<br />

à les inclure<br />

dans les soins »<br />

Virginie TITELEIN,<br />

infirmière responsable<br />

d’unité<br />

Comment impliquer un·e proche aidant·e<br />

lors d'une hospitalisation ? Le Centre de<br />

l’innovation des HUG, avec le soutien de<br />

la Fondation privée des HUG, apporte une<br />

réponse. Elle se nomme Harmonie et sera<br />

disponible d'ici cet été. « Cette application a<br />

pour objectif de faire le lien entre les proches,<br />

les patients et les équipes médico-soignantes.<br />

C’est le miroir de Concerto, l’application pour<br />

les patients », résume Catherine Zimmermann,<br />

cheffe de projet Harmonie. Parmi les<br />

fonction nalités, la visualisation de l'agenda<br />

de la personne hospitalisée, le partage de<br />

questions ou encore la visioconférence. Cette<br />

dernière est largement utilisée depuis la crise<br />

du Covid-19. Avec la restriction des visites,<br />

les tablettes à disposition dans les services<br />

ont permis à des patients et des patientes<br />

isolé·es de voir leurs proches.<br />

À l’Hôpital Beau-Séjour, Virginie Titelein,<br />

infirmière responsable d’unité, vit au<br />

quotidien l’importance d’intégrer les proches<br />

aidant·es. « Ils sont une ressource essentielle<br />

pour l’équipe soignante. Ils ont besoin<br />

d'informations. Nous cherchons à les inclure<br />

dans les soins, par exemple en montrant<br />

comment faire une toilette lorsque la<br />

personne est hémiplégique ou comment<br />

lui donner à manger si elle a des troubles<br />

de la déglutition. Des acquis sécurisants<br />

pour le retour au domicile du proche »,<br />

explique-t-elle.<br />

Et Carole Sémon, qui a accompagné ses<br />

parents lors de plusieurs hospitalisations,<br />

de confirmer : « Nous avons besoin d'être<br />

pris en compte pour que le partenariat se<br />

mette en place. Il faut qu'on puisse poser<br />

des questions. Lors de la pose d’un<br />

pacemaker à ma mère, on m'a montré<br />

les réglages et donné des explications,<br />

j'ai particulièrement apprécié ce moment. »<br />

Rappelons que, depuis mars 2020, les<br />

HUG et la Direction générale de la santé<br />

ont signé une charte de la personne proche<br />

aidante. Elle reconnaît le statut de cette<br />

dernière, lui donne un cadre à son action,<br />

la soutient dans son rôle et répond à<br />

ses besoins. G.C.<br />

« Nous avons<br />

besoin d'être<br />

pris en compte<br />

pour que le<br />

partenariat se<br />

mette en place.<br />

Il faut qu'on<br />

puisse poser<br />

des questions »<br />

Carole SÉMON, proche aidante<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

19


<strong>Pulsations</strong><br />

Tourane CORBIÈRES,<br />

patiente partenaire<br />

Christine FORTIS,<br />

patiente partenaire<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

La recherche<br />

médicale s’ouvre<br />

au public<br />

Davantage de transparence et<br />

de partenariat dans ce domaine.<br />

Pour la Dre Nadia Elia, médecin adjointe agrégée<br />

à l’Unité d’investigations anesthésiologiques, il<br />

est temps d’ouvrir la recherche au grand public :<br />

« Priorisation des sujets d’études, élaboration<br />

des protocoles, publication des résultats,<br />

protection des données… tout cela reste assez<br />

opaque pour les non-professionnels. Or, c’est<br />

financé en grande partie par des fonds publics.<br />

La transparence et le partenariat patient dans<br />

la recherche vont devenir la norme. »<br />

Dans le cadre du projet « Patients partenaires »,<br />

un groupe de travail planche sur la création d’un<br />

site d’information destiné aux professionnel·les et<br />

au grand public. « Nous y trouverons des conseils<br />

méthodologiques ainsi que les résultats des<br />

études menées aux HUG », explique la Dre Elia.<br />

Meilleure adhésion<br />

Tourane Corbière, patiente partenaire, participe<br />

à ces travaux : « D’abord, nous avons disséqué<br />

les étapes d’une recherche. Nous réfléchissons<br />

maintenant à la meilleure manière d’intégrer des<br />

patients dans chacune d’entre elles. Par le passé,<br />

j’ai collaboré avec des chercheurs du privé. J’ai<br />

constaté que les études élaborées avec des<br />

patients sont mieux présentées et l’adhésion<br />

des participants, meilleure. »<br />

Reste que les études incluant des patient·es<br />

partenaires sont encore marginales aux HUG.<br />

Cette démarche ne constitue pas un critère<br />

de validation pour la Commission cantonale<br />

d’éthique de la recherche. Cela pourrait changer.<br />

« Pour obtenir un financement du Fonds national<br />

suisse de la recherche scientifique, les chercheurs<br />

doivent désormais intégrer des patients dans leur<br />

projet. Ou démontrer que ce n’est pas possible.<br />

Et la plateforme informatique, financée par la<br />

Fondation privée des HUG et disponible en <strong>2021</strong>,<br />

contribuera elle aussi à promouvoir le partenariat<br />

dans la recherche », conclut la Dre Elia. A.K.<br />

L’éducation<br />

thérapeutique,<br />

pionnière<br />

du partenariat<br />

Les spécialistes des maladies chroniques ont<br />

réfléchi plus tôt que les autres à l’implication<br />

des patient·es dans les soins. En 1975 déjà,<br />

le Pr Jean-Philippe Assal introduit aux HUG<br />

l’éducation thérapeutique, une démarche<br />

qui vise à renforcer les compétences de la<br />

personne malade. « Mais nous devions faire<br />

un pas supplémentaire : travailler avec les<br />

patients et plus uniquement pour eux. La<br />

reconnaissance mutuelle des savoirs des<br />

patients et des professionnels de santé<br />

est la clé du partenariat, et elle renouvelle<br />

l’éducation thérapeutique », remarque<br />

Aline Lasserre Moutet, pédagogue à l’Unité<br />

d’éducation thérapeutique du patient (UETP).<br />

Cette étape est en passe d’être franchie.<br />

En 2019, la Dre Florence Somers, cheffe de<br />

clinique à l’UETP, a intégré Christine Fortis,<br />

patiente partenaire, dans une réflexion sur<br />

le programme de préparation au by-pass<br />

gastrique. « L’objectif est d’améliorer les<br />

résultats à long terme de cette opération.<br />

Mais en incluant Christine à un stade aussi<br />

précoce, nous voulions aussi montrer<br />

aux équipes que le savoir patient est<br />

complémentaire au nôtre », dit-elle.<br />

« Certains ne voyaient pas ce que ma<br />

présence apportait au groupe de travail,<br />

se souvient Christine Fortis. Mais au final,<br />

cela a abouti à une plus forte intégration<br />

des patients dans le processus. Je vais ainsi<br />

former deux patients dont la mission sera<br />

d’observer une séance de préparation au<br />

by-pass pour guider ensuite les réflexions<br />

du groupe. » Une expérience qui démontre<br />

une fois encore que le partenariat convainc<br />

souvent par la pratique. A.K.<br />

Dre Nadia ELIA,<br />

médecin adjointe agrégée<br />

à l’Unité d’investigations<br />

anesthésiologiques<br />

Dre Florence SOMERS,<br />

cheffe de clinique<br />

à l’UETP<br />

20


Dossier<br />

Penser l’hôpital<br />

de demain avec<br />

les patient·es<br />

Partenariat<br />

Un des sept programmes du<br />

nouveau plan stratégique, fruit<br />

d'une large consultation, est<br />

co-dirigé par un.e patient.e.<br />

Photo : Louis Brisset<br />

« Vision 20+5<br />

est un nouveau<br />

plan stra té gique<br />

conçu avec<br />

les patients et<br />

pas unique ment<br />

pour les<br />

patients »<br />

Sébastien SAVORNIN,<br />

chargé de mission à la<br />

Direction générale et<br />

membre de l’équipe projet<br />

Vision 20+5. Tel est le nom du nouveau plan<br />

stratégique des HUG. Il a démarré en mai<br />

<strong>2021</strong> et guidera les actions des cinq prochaines<br />

années. Un mot résume son élaboration<br />

: participatif. Consultation citoyenne aux<br />

Automnales 2019, avis des collaborateurs et<br />

collaboratrices, des patient·es partenaires et<br />

proches aidant·es, recueillis lors de goûters<br />

itinérants et de nombreux groupes de discussion.<br />

Toutes les opinions ont été prises en<br />

compte. « C’est la véritable force de ce plan<br />

stratégique. Impliquer le plus largement<br />

possible tous les acteurs, spécialement les<br />

patients partenaires », souligne Sébastien<br />

Savornin, chargé de mission à la Direction<br />

générale et membre de l’équipe projet.<br />

L’équipe projet a confronté les idées reçues<br />

à un groupe d’accompagnement, incluant<br />

notamment deux patients très investis. « Leur<br />

simple présence change notre posture. Il y<br />

a davantage d’écoute et nous recentrons<br />

nos discussions autour du patient. Leur<br />

expérience nous confronte à nos idées,<br />

nos certitudes. Au final, nous avons défini<br />

ensemble les grands axes et les ambitions<br />

prioritaires pour l’hôpital de demain. C’est<br />

un nouveau plan stratégique conçu avec<br />

les patients et pas uniquement pour les<br />

patients », relève Sébastien Savornin.<br />

« J’ai ressenti la volonté de nous inclure, avec<br />

écoute, reconnaissance et respect. Le savoir du<br />

patient est considéré au même titre que celui<br />

des professionnels. Notre apport est la connaissance<br />

de la maladie, la pratique des HUG en<br />

tant que patient et citoyen. De cette collaboration<br />

naît une intelligence collective », complète<br />

Marc Houvet, l’un des patients impliqués dans<br />

l’élaboration du plan stratégique. Cette intégration<br />

a franchi encore un pas supplémentaire.<br />

Pour la première fois, un.e patient.e contribue à<br />

la réalisation du plan stratégique en co-dirigeant<br />

le programme intitulé « + de collaboration pour<br />

la prise en charge des patient.es. » Comme<br />

son nom l'indique, ce projet vise à intégrer les<br />

proches aidants, les patient.es et les bénévoles<br />

dans les prises en soins. G.C.<br />

« Notre apport<br />

est la connaissance<br />

de<br />

la maladie,<br />

la pratique des<br />

HUG en tant<br />

que patient<br />

et citoyen. De<br />

cette collaboration<br />

naît une<br />

intelligence<br />

collective »<br />

Marc HOUVET,<br />

patient impliqué<br />

dans l’élaboration<br />

du plan stratégique<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

21


<strong>Pulsations</strong><br />

LA<br />

VÉSICULE<br />

BILIAIRE<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

L ’ o r g a n e<br />

Par Geneviève Ruiz<br />

Ce réservoir de bile<br />

participe au fonctionnement<br />

du système<br />

digestif. Si cette<br />

substance, produite<br />

par le foie, est indispensable<br />

au corps<br />

humain, la vésicule<br />

peut toutefois être<br />

enlevée en cas de<br />

complications liées<br />

à des calculs ou<br />

à un cancer.<br />

Expert<br />

Pr Christian Toso,<br />

médecin-chef du Service de<br />

chirurgie viscérale des HUG<br />

50 ml<br />

Quantité de bile<br />

pouvant être<br />

stockée dans la<br />

vésicule biliaire.<br />

10 cm<br />

Longueur approximative<br />

de la vésicule<br />

biliaire, pour environ<br />

3 cm de large.<br />

22


L’organe<br />

Le réservoir de la bile<br />

La vésicule biliaire consiste en une<br />

sorte de petit sac en forme de poire.<br />

Elle est située dans l’abdomen, accolée<br />

au foie. Ce dernier produit de 500<br />

à 1000 ml de bile par jour, liquide qui<br />

participe à la digestion des aliments.<br />

Entre les repas, la bile est stockée<br />

dans la vésicule biliaire. Lorsqu’on<br />

mange, l’intestin produit une hormone<br />

qui contracte le muscle de la<br />

vésicule biliaire. La bile est alors<br />

expulsée à travers les voies biliaires<br />

pour arriver dans l’intestin grêle.<br />

Une ablation possible<br />

La vésicule biliaire n’est pas un organe<br />

vital et son ablation est possible<br />

sans conséquences majeures. Après<br />

l’opération, les voies biliaires s’élargissent<br />

pour stocker la bile entre les<br />

repas, remplaçant ainsi la fonction de<br />

la vésicule biliaire.<br />

Des infections<br />

qui peuvent être graves<br />

La plupart des individus<br />

qui ont des calculs biliaires<br />

l’ignorent car ils sont<br />

asymptomatiques et cela<br />

ne nécessite aucune prise<br />

en charge. Des problèmes<br />

peuvent survenir lorsque<br />

les calculs irritent les parois<br />

de la vésicule biliaire et<br />

conduisent à des douleurs<br />

chroniques. Parfois, les<br />

calculs bloquent la sortie<br />

de la bile de la vésicule<br />

et mènent à une infection<br />

aiguë appelée cholécystite.<br />

D’autres fois, les calculs<br />

sortent dans le canal biliaire,<br />

où ils peuvent conduire<br />

à son infection, appelée<br />

cholangite. Ces complications<br />

doivent être traitées<br />

par une ablation de la vésicule<br />

biliaire.<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Crédit : Science Photo Library<br />

40%<br />

Le pourcentage<br />

de femmes de plus<br />

de 60 ans qui ont<br />

des calculs biliaires<br />

(20% chez les hommes<br />

du même âge).<br />

97%<br />

Le pourcentage<br />

d’eau contenue dans<br />

la bile. Le reste est<br />

composé de sels<br />

biliaires, de calcium<br />

et de cholestérol.<br />

La formation de calculs<br />

La formation de calculs biliaires,<br />

que l’on peut comparer à des petits<br />

cailloux, est l’un des principaux problèmes<br />

liés à la vésicule biliaire. Les<br />

calculs sont composés d’une proportion<br />

variable de cholestérol, de sels<br />

biliaires et de calcium. La probabilité<br />

d’en développer augmente avec l’âge.<br />

Mais d’autres facteurs comme l’obésité,<br />

le diabète, les maladies du foie ou<br />

encore des prédispositions génétiques<br />

favorisent les calculs. La grossesse<br />

et la prise de pilules contraceptives<br />

jouent également un rôle, raison pour<br />

laquelle les femmes sont davantage<br />

touchées que les hommes.<br />

Un cancer peu commun<br />

Le cancer de la vésicule<br />

biliaire est peu fréquent en<br />

Suisse. Il affecte plus souvent<br />

les femmes (55 %) que les<br />

hommes (45 %). Deux tiers<br />

des patient·es ont au moins<br />

70 ans au moment du diagnostic.<br />

Le principal problème<br />

de ce cancer est que<br />

sa détection arrive la plupart<br />

du temps à un stade avancé,<br />

car il ne provoque pas de<br />

symptômes spécifiques<br />

avant que la tumeur ne<br />

bloque la bile. Les cellules<br />

cancéreuses ont alors souvent<br />

eu le temps de migrer<br />

dans les organes avoisinants,<br />

comme le foie, le pancréas<br />

ou l’intestin.<br />

23


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Le portrait<br />

Par Elodie Lavigne Photo François Wavre | lundi13<br />

« Œuvrer pour<br />

décloisonner<br />

l’hôpital »<br />

Avant de devenir directrice des<br />

soins aux HUG, Sandra Merkli<br />

a gravi peu à peu les échelons de<br />

l’institution. Après 35 ans de maison,<br />

elle continue de servir l’hôpital<br />

public avec le même enthousiasme<br />

et la même détermination.<br />

24


Le portrait<br />

les Genevois ont<br />

une histoire avec les<br />

Hôpitaux universitaires<br />

de Genève, l’hôpital<br />

«Tous<br />

fait partie de la Cité »,<br />

déclare Sandra Merkli, directrice des<br />

soins et membre du Comité de direction.<br />

Sa propre histoire avec les HUG commence<br />

il y a 35 ans. Son diplôme d’infirmière<br />

en poche, cette Genevoise pure sucre<br />

qui a grandi à Meyrin-Village, entre à<br />

l’Hôpital cantonal – comme on l’appelait<br />

alors – pensant y rester un ou deux ans,<br />

le temps de s’enrichir d’une expérience en<br />

milieu hospitalier. Alors qu’elle se projetait<br />

dans les soins à domicile, c’est très vite<br />

une révélation : au sein du Service de<br />

chirurgie thoracique, elle découvre le<br />

bloc opératoire et le métier d’infirmière<br />

anesthésiste, puis se lance dans cette<br />

spécialisation. « Durant ma formation,<br />

j’ai eu la possibilité de passer par toutes<br />

les spécialités chirurgicales. J’ai découvert<br />

des missions très différentes et côtoyé<br />

des profils professionnels très variés »,<br />

se réjouit-elle.<br />

Très vite, prendre des responsabilités<br />

l’attire. « Petite fille, j’étais de celles qui<br />

savent ce qu’elles veulent », confie-t-elle.<br />

Elle saisit une première opportunité<br />

et devient responsable d’équipe dans<br />

le Service d’anesthésie, puis adjointe de<br />

la responsable des soins du Département<br />

de chirurgie. À force de travail et de<br />

conviction, elle gravit peu à peu les<br />

échelons de l’institution : « On m’a<br />

donné ma chance, on m’a formée et<br />

on m’a permis d’évoluer », dit-elle<br />

avec beaucoup de reconnaissance.<br />

Rassembler<br />

Pourtant, rien ne la prédestinait à un<br />

avenir dans le milieu médical. Sa mère était<br />

secrétaire dans une banque et son père<br />

employé dans les assurances. Le choix de<br />

sa profession est-il lié à son hospitalisation<br />

à l’âge de 4 ans, après être tombée d’une<br />

fenêtre du 4 e étage ? Peut-être. De sa<br />

« magnifique jeunesse », elle garde l’esprit<br />

de famille et un sens des responsabilités.<br />

Ainsi qu’une éducation moderne : « Mon<br />

père m’a toujours dit qu’il fallait avoir un<br />

métier pour pouvoir être indépendante. »<br />

1961<br />

Naissance<br />

à Genève.<br />

1984<br />

Obtient<br />

son diplôme<br />

d’infirmière.<br />

1985<br />

Arrivée<br />

aux HUG.<br />

2017<br />

Nommée<br />

directrice<br />

des soins.<br />

Elle grandit avec la notion de partage et<br />

d’échange, des qualités qu’elle revendique :<br />

« Seule dans mon bureau, je ne ferais pas<br />

grand-chose. Chacun peut amener une<br />

bonne idée. » L’ancienne infirmière sait<br />

travailler en équipe. La création du Service<br />

des soins intensifs adultes tout comme<br />

l’intégration de la clinique Joli-Mont<br />

sont, à cet égard, un souvenir fort :<br />

« Il a fallu identifier les valeurs communes,<br />

les besoins de chacun, réconcilier<br />

des cultures, gérer le changement. »<br />

Fédérer, mettre ensemble… Un art dans<br />

lequel elle excelle, également dans sa vie<br />

privée. Sandra Merkli suit depuis plus de<br />

dix ans des cours d’ikebana, un art floral<br />

japonais. Elle aime la nature et jardiner :<br />

« Lorsque je coupe, je taille, je plante,<br />

je ne pense à rien ! » Résister au stress<br />

est inné chez elle, mais elle a aussi la<br />

chance de bien connaître ses limites.<br />

« Je fais beaucoup d’heures de travail,<br />

mais durant le week-end et les vacances,<br />

je déconnecte. » Un équilibre nécessaire<br />

quand on est confrontée à la souffrance,<br />

à la tristesse, à la mort, inhérentes au<br />

milieu hospitalier. Malgré sa fonction<br />

dirigeante, Sandra Merkli ne perd pas de<br />

vue les patient·es. Elle est d’ailleurs la<br />

mandante du projet « Patients partenaires »<br />

(lire dossier en pages 14 et suivantes).<br />

Même si elle n’est plus à leur chevet,<br />

les patient·es sont sa raison d’être :<br />

« Je côtoie les professionnels qui sont<br />

en contact avec eux, ils me permettent<br />

de garder le sens de mes actions. »<br />

Très attachée à la mission d’hôpital<br />

public des HUG, elle aime que<br />

ses idées prennent forme : « J’éprouve<br />

de la satisfaction lorsque j’ai aidé<br />

des collègues à réaliser leurs projets. »<br />

Donner la possibilité aux autres de<br />

donner le meilleur d’eux-mêmes, repérer<br />

les nouveaux talents, assurer la relève,<br />

voilà à quoi s’attelle – entre autres –<br />

la directrice des soins. Œuvrer pour<br />

décloisonner l’hôpital et faciliter son<br />

intégration dans le réseau de soins<br />

est un autre défi de taille qui l’anime.<br />

« Y participer et réussir, ce serait un<br />

joli bilan », conclut-elle. <br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

25


<strong>Pulsations</strong><br />

Soigner les plaies<br />

complexes<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

T r a i t e m e n t<br />

Par Elisabeth Gordon Illustration Bogsch & Bacco<br />

Requérant la collaboration<br />

de divers spécialistes, les<br />

plaies dites complexes<br />

nécessitent une prise en<br />

charge qui ne l’est pas moins.<br />

L’Unité d’orthopédie septique<br />

dispose d’une consultation<br />

multidisciplinaire pouvant<br />

accueillir et traiter les<br />

patient·es concerné·es.<br />

Certaines plaies « nécessitent<br />

des mois, voire des années<br />

de traitement, avant de<br />

pouvoir cicatriser », précise<br />

le Dr Domizio Suva, médecin<br />

adjoint agrégé responsable de l’Unité<br />

d’orthopédie septique. Qualifiées de « complexes<br />

», elles peuvent prendre des allures<br />

très différentes. Toutefois, « la complexité<br />

provient autant de la nature de la plaie que<br />

du contexte social et médical des patients »,<br />

souligne le médecin. La prise en charge est<br />

en effet plus difficile « chez des personnes<br />

qui vivent dans des conditions précaires et<br />

qui ont du mal à adhérer à leur traitement ».<br />

Ou encore chez celles « qui souffrent de<br />

diabète, d’infections ou qui ont un système<br />

immunitaire affaibli ». Les soins doivent<br />

donc être adaptés à la situation de chacun·e.<br />

Multiples opérations<br />

Lorsque la plaie est « propre », il faut d’abord<br />

identifier les facteurs qui l’ont provoquée<br />

avant de la traiter. « Une majorité de plaies<br />

survient aux membres inférieurs et aux<br />

pieds. Il faut donc chercher à savoir si le<br />

problème vient par exemple de chaussures<br />

mal adaptées ou d’une insuffisance vasculaire<br />

», explique le Dr Suva.<br />

Si la plaie est infectée et qu’elle évolue<br />

en abcès, il faut hospitaliser la personne<br />

en urgence pendant plusieurs semaines<br />

pour stopper l’infection. Dans ce cas, le<br />

traitement est lourd et long. « Le malade<br />

est opéré à de multiples reprises. Il faut en<br />

effet nettoyer la plaie, notamment pour ôter<br />

les tissus dévitalisés qui ne reçoivent pas<br />

d’antibiotiques par la circulation sanguine<br />

et qui constituent donc des réservoirs pour<br />

les bactéries. » Une chirurgie plastique est<br />

aussi parfois nécessaire quand il n’y a pas<br />

suffisamment de tissu pour refermer la<br />

plaie. Enfin, on a recours à la médecine<br />

hyperbare (lire en page 27) « chaque fois<br />

que cela est possible ».<br />

C’est dire que lorsqu’une plaie est complexe,<br />

son traitement l’est tout autant,<br />

ce qui implique « une prise en charge<br />

multidisciplinaire dans un centre spécialisé<br />

», souligne le chirurgien.<br />

Stratégie de pansements<br />

Le travail en équipe inclut aussi des<br />

infirmiers et infirmières spécialistes<br />

cliniques en soins de plaies et cicatrisation,<br />

comme Anne-Laure Blanchard Courtois,<br />

qui intervient de façon transversale selon<br />

les besoins des équipes. « Nous définissons<br />

une stratégie de pansements en fonction<br />

de la nature de la plaie, en tenant compte<br />

de la personne dans sa globalité et de<br />

l’objectif à atteindre. »<br />

Le traitement est lourd. « Pour la moitié<br />

des patients, le moment le plus pénible est<br />

le changement de pansement. En outre, à<br />

la douleur physique s’ajoute une atteinte<br />

à l’image corporelle », constate l’infirmière.<br />

26


Traitement<br />

L’oxygène accélère<br />

la cicatrisation<br />

L’oxygénothérapie hyperbare<br />

complète le traitement des plaies<br />

complexes. Cette technique<br />

consiste à faire inhaler aux<br />

patient·es de l’oxygène à très<br />

haute dose, en les plaçant dans<br />

un caisson dont la pression<br />

intérieure est supérieure à la<br />

pression atmosphérique. « En une<br />

séance, la quantité d’oxygène<br />

circulant dans le sang est multipliée<br />

en moyenne par vingt », explique<br />

Rodrigue Pignel, médecin adjoint<br />

responsable de l’Unité subaquatique<br />

et hyperbare des HUG.<br />

Cette thérapie facilite la cicatrisation<br />

: « Une personne diabétique<br />

qui avait des plaies depuis plusieurs<br />

mois, voire plusieurs années, peut<br />

les voir se refermer en un mois et<br />

demi à deux mois. » À condition,<br />

souligne le médecin, « qu’elle<br />

vienne se faire traiter dès le début<br />

de la plaie. »<br />

Avec leur « double chambre<br />

hyperbare permettant d’effectuer<br />

deux traitements différents dans<br />

chaque compartiment », poursuit<br />

le spécialiste, les HUG sont le seul<br />

établissement public en Suisse<br />

à disposer des équipements<br />

nécessaires à la pratique de<br />

la médecine hyperbare.<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

D’une façon générale, le traitement est<br />

« très contraignant, car il oblige à venir<br />

régulièrement à l’hôpital, ce qui a un impact<br />

important sur la qualité de vie. C’est pour<br />

cette raison que nous collaborons avec<br />

les infirmiers et infirmières à domicile et<br />

l’IMAD, afin de préserver au maximum<br />

l’autonomie et la qualité de vie des gens »,<br />

remarque le Dr Suva. <br />

Pôle d’expertise<br />

L’Unité de chirurgie orthoseptique<br />

est un pôle d’expertise à Genève<br />

et en Suisse romande. Elle reçoit<br />

des patient·es fragiles vivant<br />

des situations complexes qui<br />

présentent des problèmes de<br />

plaies, d’infections orthopédiques<br />

aiguës et d’affections ostéoarticulaires.<br />

Elle a fait peau neuve<br />

en agrandissant sa capacité et la<br />

qualité de l’accueil.<br />

27


<strong>Pulsations</strong><br />

« Ce n’est pas facile<br />

de voir ma femme<br />

régresser ainsi »<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

T é m o i g n a g e<br />

Par Esther Rich Photo Nicolas Schopfer<br />

Pendant plus<br />

de six ans,<br />

Francis Grandi<br />

est parvenu<br />

à épauler sa<br />

femme, souffrant<br />

de la maladie<br />

d’Alzheimer*,<br />

grâce à un suivi<br />

personnalisé.<br />

* La maladie d’Alzheimer est la plus fréquente<br />

des maladies dégénératives liées à l’âge. Elle résulte<br />

probablement de l’accumulation de substances<br />

toxiques (protéines Tau et plaques amyloïdes) dans<br />

certaines zones du cerveau, entraînant la mort<br />

progressive des neurones. Les symptômes sont des<br />

troubles de la mémoire à court terme, des troubles<br />

du langage, des difficultés d’orientation, des sautes<br />

d’humeur, etc., qui s’accentuent au fil du temps.<br />

28


Témoignage<br />

Francis et Michelle<br />

Grandi ont plus<br />

de cinquante-cinq<br />

ans de mariage<br />

et une fille adulte<br />

soutenante. Le couple a ainsi<br />

passé presque toute sa vie<br />

ensemble. « Ma femme est<br />

entrée en EMS en avril 2019.<br />

Ce fut une décision très<br />

difficile à prendre, mais<br />

j’étais conscient que la<br />

charge d’aidant deviendrait<br />

de plus en plus lourde. Je ne<br />

pouvais plus sortir de chez<br />

moi et la laisser seule, de<br />

peur qu’elle ne fasse une<br />

bêtise. Un jour, j’ai constaté<br />

qu’elle avait allumé les<br />

quatre plaques de la cuisinière.<br />

Heureusement que<br />

j’avais pensé à la débrancher<br />

avant de partir. »<br />

Quelques oublis<br />

après une opération<br />

Les premiers signes<br />

des troubles cognitifs de<br />

Michelle Grandi sont apparus<br />

en 2012, à la suite d’une<br />

opération de la hanche.<br />

« Ma fille et moi pensions<br />

que ses légères pertes de<br />

mémoire étaient une des<br />

conséquences de la narcose,<br />

mais petit à petit, elles se<br />

sont intensifiées. En 2014,<br />

elle a commencé à oublier<br />

où elle avait mis certaines<br />

choses, à ne plus se souvenir<br />

des discussions. Ces<br />

affections mnésiques sont<br />

devenues de plus en plus<br />

importantes et le diagnostic<br />

de la maladie d’Alzheimer<br />

a été confirmé. »<br />

Michelle et Francis Grandi<br />

commencent alors à consulter<br />

le Centre de la mémoire.<br />

L’octogénaire rencontre de<br />

son côté Lara Fazio, neuropsychologue<br />

et responsable<br />

du programme de soutien<br />

aux familles de patients<br />

atteints de troubles cognitifs.<br />

Un suivi régulier est<br />

alors mis en place pour<br />

aider Francis Grandi à<br />

traverser cette nouvelle<br />

étape de sa vie. « Cela me<br />

fait beaucoup de bien de<br />

pouvoir parler à quelqu’un<br />

qui a suivi l’évolution de<br />

cette situation depuis ses<br />

débuts. À plusieurs reprises,<br />

tellement épuisé, j’ai eu<br />

peur de craquer malgré<br />

l’aide de notre fille. Ce n’est<br />

pas facile de voir ma femme,<br />

que je connais depuis plus<br />

de soixante ans, régresser<br />

ainsi. S’occuper d’elle s’apparente<br />

à s’occuper d’un<br />

enfant, à la différence que<br />

l’enfant évolue de mois en<br />

mois et la charge s’allège<br />

pour les parents. Dans<br />

le cas d’Alzheimer, c’est<br />

l’inverse qui se produit. »<br />

Le fait de pouvoir parler<br />

régulièrement à une personne<br />

qui connaît la maladie,<br />

de pouvoir se confier,<br />

a été salvateur pour Monsieur<br />

Grandi.<br />

Accès de violence<br />

Celui-ci se souvient en<br />

effet d’épisodes traumatisants<br />

lorsque son épouse<br />

est devenue violente et qu’il<br />

a dû faire appel au 144.<br />

Ou lorsqu’elle devait se<br />

rendre chez son médecin<br />

et qu’elle n’est jamais arrivée<br />

à destination : « Je l’ai<br />

cherchée toute l’après-midi<br />

et elle est finalement parvenue<br />

à rentrer à la maison<br />

par ses propres moyens.<br />

Mais à partir de ce jour-là,<br />

je ne l’ai plus laissée seule. »<br />

Plus le temps passait, plus le<br />

risque d’épuisement guettait<br />

Monsieur Grandi.<br />

Lorsqu’elle vivait encore<br />

dans leur appartement,<br />

Michelle Grandi avait de<br />

plus en plus de peine à<br />

trouver le sommeil, perturbant<br />

de ce fait celui de son<br />

mari, en permanence sur<br />

le qui-vive.<br />

Aujourd’hui, bien que<br />

son épouse réside en EMS,<br />

l’octogénaire continue de<br />

consulter Lara Fazio régulièrement.<br />

Et il rend visite<br />

à sa femme plusieurs fois<br />

par semaine : « Si elle reconnaît<br />

mon visage, je ne<br />

suis pas certain qu’elle ait<br />

conscience que je suis son<br />

mari. Son aphasie rend nos<br />

échanges pratiquement<br />

incompréhensibles, mais<br />

lorsqu’un sourire apparaît<br />

sur son visage, cela me met<br />

du baume au cœur. » <br />

Savoir +<br />

www.hug.ch/centre-memoire<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

29


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

L ’ i n f o g r a p h i e<br />

Par Laetitia Grimaldi Illustration Muti | Folioart<br />

6<br />

Le nombre moyen<br />

de médicaments<br />

pris chaque jour par<br />

les plus de 65 ans<br />

Les médicaments<br />

Notre santé peut en dépendre, mais aussi en pâtir. Les médicaments<br />

sont à l’origine d’effets multiples, certains prévisibles, d’autres<br />

moins, en lien avec notre métabolisme. La clé ? Rester vigilant·e,<br />

car jusqu’à 50 % des effets secondaires seraient évitables.<br />

Ce qui se passe<br />

dans le corps<br />

Chaque remède possède sa propre<br />

signature dans le corps. On appelle<br />

« cinétique » la vie d’un médicament dans<br />

l’organisme : comment il est absorbé,<br />

transporté/distribué au bon endroit,<br />

transformé, puis éliminé. 1<br />

Experte : Pre Caroline Samer, médecin adjointe agrégée, responsable<br />

de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapie personnalisée des HUG<br />

L’exemple de la codéine<br />

Ses particularités :<br />

• Antidouleur de type opioïde contre les<br />

douleurs modérées à sévères<br />

• Transformée en morphine (son principe<br />

actif) par l’organisme<br />

• Interdite chez les moins de 12 ans<br />

• Efficacité et potentielle toxicité<br />

influencées par nos gènes<br />

2<br />

1<br />

Absorption<br />

La codéine est prise par la bouche, injectée<br />

ou administrée par voie rectale.<br />

3<br />

4<br />

4<br />

La prise de quatre<br />

médicaments triple<br />

le risque d’effets<br />

secondaires<br />

2<br />

Distribution<br />

Le médicament est transporté dans le sang<br />

pour être distribué vers les organes et les<br />

tissus (diffusion).<br />

3<br />

Métabolisme<br />

Dans des proportions propres à chacun·e,<br />

le foie transforme la codéine en morphine,<br />

grâce à des enzymes. Les paramètres en jeu :<br />

Les gènes : en Suisse, cette transformation<br />

est accélérée chez 5 % des individus,<br />

mais absente chez 10 % d’entre eux.<br />

Conséquences : un risque de surdosage<br />

pour les premiers, une totale inefficacité<br />

du traitement pour les seconds. Cette différence<br />

agit aussi sur les effets secondaires.<br />

L’environnement : l’activité des enzymes<br />

du foie est influencée par de nombreux<br />

médicaments, aliments et plantes (phytothérapie<br />

notamment).<br />

4<br />

Elimination<br />

Elle s’effectue par les reins, mais aussi par la<br />

transpiration, l’air expiré, la bile ou encore la<br />

salive. Diverses molécules peuvent modifier<br />

le processus.<br />

30


L’infographie<br />

Les principaux + et – de la prise selon la forme pharmaceutique<br />

(comprimé, sirop, suppositoire, etc.)<br />

Bouche<br />

Voies respiratoires<br />

Système veineux<br />

Comprimé sous la<br />

langue (« sublingual »)<br />

+ Effet rapide<br />

– La bouche doit être<br />

suffisamment humide<br />

Comprimé / Sirop<br />

+ Simplicité de la prise<br />

– Absorption potentiellement<br />

influencée par les<br />

repas<br />

Comprimé « retard »<br />

+ Effet prolongé limitant<br />

le nombre de prises<br />

– Ne doit pas être coupé<br />

ou écrasé<br />

Spray nasal/buccal<br />

+ Principe actif administré localement<br />

vers la cible et effet rapide<br />

– Technique à respecter<br />

Peau<br />

Patch<br />

+ Effet prolongé<br />

– Nécessité de protection occasionnelle<br />

(douche, etc.), adhésivité parfois gênée<br />

par la transpiration ou la pilosité<br />

Crème<br />

+ Action locale<br />

– Effets systémiques * possibles et quantité<br />

de principe actif appliquée peu précise<br />

Médicament injectable<br />

dans le sang<br />

+ Effet rapide et substance<br />

atteignant à 100%<br />

la circulation sanguine<br />

– Nécessité d’une<br />

injection (douleur, risque<br />

infectieux, peu adapté à<br />

un traitement à domicile)<br />

Voie rectale<br />

Suppositoire<br />

+ Résorption rapide<br />

et action durable<br />

– Réflexe de vidange rectale<br />

Effets indésirables Situations à risque<br />

La pharmacogénomique<br />

En Suisse, seuls 5% des effets secondaires<br />

sont rapportés. Conséquence : des données<br />

précieuses manquent pour optimiser les<br />

recherches sur les effets secondaires<br />

(pharmacovigilance).<br />

Que signaler ? Tout effet notable mentionné<br />

ou non sur la notice du médicament.<br />

Qui contacter ? Pour les HUG, le Service<br />

de pharmacologie et toxicologie cliniques :<br />

022 372 99 32<br />

Parmi les facteurs susceptibles d’influencer l’effet<br />

d’un médicament et ses effets secondaires :<br />

• Prise conjointe d’autres médicaments<br />

• Exposition au soleil<br />

• Jus de fruits (pamplemousse, orange de<br />

Séville, etc.)<br />

• Phytothérapie (millepertuis, etc.)<br />

• Aliments (chou, brocolis, réglisse, etc.)<br />

• Alcool, tabac.<br />

De plus en plus, la médecine personnalisée<br />

s’applique à la prescription des médicaments.<br />

Principe : tenir compte du profil génétique de la<br />

personne pour choisir et adapter son traitement.<br />

Méthode : test pharmacogénétique (prise de sang).<br />

Remboursement par l’assurance maladie : oui,<br />

au cas par cas, depuis 2017.<br />

Ampleur : plus de 150 médicaments déjà concernés<br />

par ces prescriptions hautement individualisées.<br />

* Affectant l’ensemble du corps<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

31


<strong>Pulsations</strong><br />

Voirie géante pour<br />

un recyclage XXL<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

R e p o r t a g e<br />

Par Aude Raimondi Photos Nicolas Righetti | lundi13<br />

Roue de vélo, morceaux<br />

d’isolation, médicaments,<br />

aiguilles, déchets sensibles…<br />

La voirie des HUG<br />

regorge d’objets en tous<br />

genres. Ses employés,<br />

souvent dans l’ombre,<br />

effectuent un travail essentiel<br />

pour la sauvegarde<br />

de la planète.<br />

Six mille tonnes de déchets.<br />

Chaque année, les HUG produisent<br />

à eux seuls une quantité<br />

de détritus comparable à celle<br />

de la ville de Plan-les-Ouates. Et<br />

comme dans toute ville qui se respecte, un<br />

service de voirie met un point d’honneur<br />

à les trier afin d’en recycler un maximum.<br />

Dans les sous-sols du bâtiment principal<br />

du centre hospitalier, quatorze employés<br />

s’activent dans un ballet incessant. Leur<br />

mission : récupérer les poubelles aux quatre<br />

coins du site et les rapatrier au Service de<br />

voirie pour procéder à un tri méticuleux.<br />

« Ici nous ne parlons pas de poubelles.<br />

Tout ce que nous manipulons est considéré<br />

comme de la matière que l’on peut valoriser »,<br />

corrige Olivier Raedisch. À la tête du secteur<br />

depuis 2014, l’homme ne cache pas sa fierté<br />

lorsqu’il évoque le taux de recyclage de la<br />

voirie des HUG, qui s’élève désormais à 52%.<br />

C’est mieux que le canton de Genève, qui<br />

n’atteint pas encore les 50%. Pour parvenir<br />

à ce résultat, quelques principes sont nécessaires<br />

: « Chaque collaborateur doit trouver<br />

un sens à son travail, explique Olivier<br />

Raedisch. Ici, chacun sait donc comment la<br />

matière pourra être recyclée et réutilisée<br />

grâce au tri effectué. »<br />

Chacun·e doit faire sa part<br />

Une organisation sans faille est également<br />

indispensable. Le point de départ de la<br />

chaîne de recyclage se trouve dans les<br />

différents services de l’hôpital. Les patient·es<br />

et soignant·es font partie intégrante du<br />

processus. Plus on respecte les consignes<br />

en triant les déchets dans les poubelles<br />

dédiées, plus la valorisation de la matière<br />

pourra être effectuée ensuite. Pour rendre<br />

tout ceci plus intuitif, les filières de tri sont<br />

séparées selon trois couleurs.<br />

D’abord les sacs noirs, qui contiennent<br />

des ordures ménagères. Pour des questions<br />

d’hygiène, ces derniers sont directement<br />

acheminés à l’incinération, sans être<br />

ouverts. Les sacs transparents, en revanche,<br />

sont sans doute ceux qui donnent le plus<br />

de travail aux employés de la voirie. Ils<br />

renferment tous les déchets recyclables, du<br />

PET au papier en passant par les capsules<br />

de café. Une fois arrivés au centre de tri, ces<br />

sacs sont examinés afin de déterminer s’ils<br />

contiennent des objets non conformes. Emilio<br />

Musio, employé à la voirie depuis quinze ans,<br />

se penche pour récupérer une peluche au<br />

milieu du papier. « On trouve souvent tout et<br />

n’importe quoi dans ces sacs », soupire-t-il.<br />

32


Reportage<br />

Les boîtes jaunes<br />

renferment<br />

les déchets<br />

liés aux activités<br />

de soins,<br />

c’est-à-dire<br />

des pansements,<br />

des matériaux<br />

souillés ou<br />

encore des<br />

aiguilles. Pour<br />

éviter tout risque<br />

infectieux, elles<br />

doivent être<br />

manipulées avec<br />

précaution et<br />

éliminées sans<br />

être ouvertes.<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

33


<strong>Pulsations</strong><br />

Si un taux de radioactivité trop élevé est<br />

détecté dans l’un des sacs, il sera placé<br />

dans une sorte de bunker, le temps que<br />

ses valeurs redeviennent normales.<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Chaque collaborateur<br />

sait<br />

comment la<br />

matière pourra<br />

être recyclée<br />

et réutilisée<br />

grâce au tri<br />

effectué.<br />

Des déchets parfois dangereux<br />

Au fond à gauche, l’un de ses collègues,<br />

Ricardo Monney, empile avec précaution<br />

des boîtes jaunes. Celles-ci renferment<br />

les déchets liés aux activités de soins,<br />

c’est-à-dire des pansements, des matériaux<br />

souillés ou encore des aiguilles. Pour éviter<br />

tout risque infectieux, ces boîtes doivent<br />

être manipulées avec précaution et éliminées<br />

sans être ouvertes. « C’est un métier qui<br />

demande d’être minutieux et consciencieux<br />

», souligne l’employé. Si ces déchets<br />

atterrissent au mauvais endroit, les conséquences<br />

peuvent être graves. Pour éviter de<br />

se piquer avec une aiguille jetée par erreur<br />

dans une poubelle, le personnel de la voirie<br />

porte des gants de protection. La vigilance<br />

est donc de mise.<br />

Derrière la pile de boîtes jaunes, un petit<br />

tracteur tirant plusieurs sacs s’engouffre<br />

dans les sous-sols de la voirie. Comme<br />

chaque véhicule qui pénètre ici, il passe<br />

devant un détecteur de radioactivité. Suite<br />

à un examen ou à un traitement (scintigraphie<br />

osseuse, radiothérapie), une petite<br />

quantité de molécules radioactives, éliminées<br />

par les urines, peuvent se retrouver<br />

dans les draps. « Nous sommes dans un<br />

hôpital. Il ne faut pas oublier que nous<br />

transportons des matériaux potentiellement<br />

dangereux », rappelle Olivier Raedisch.<br />

Comme dans tout établissement médical,<br />

les HUG doivent aussi gérer une question<br />

sensible : l’élimination des déchets pathologiques.<br />

Il s’agit de tissus humains,<br />

généralement issus des blocs opératoires.<br />

Après analyses, ce sont les membres<br />

de la voirie qui les récupèrent pour les<br />

envoyer à l’incinération. « Lors de ces<br />

tâches particulières, je n’ai jamais dû<br />

demander à un employé de faire attention.<br />

C’est automatique. Chacun a une grande<br />

conscience de ce qu’il transporte et le<br />

fait d’une manière extrêmement respectueuse<br />

», souligne Olivier Raedisch. <br />

La voirie des HUG<br />

en chiffres<br />

incinérés<br />

recyclés<br />

4’150 tonnes<br />

de déchets<br />

urbains/industriels<br />

379 tonnes<br />

de déchets<br />

de chantiers<br />

600 tonnes<br />

de déchets<br />

spéciaux<br />

34


JULIETTE VOUS<br />

REMERCIE<br />

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<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

P r i s e e n c h a r g e<br />

Par Élodie Lavigne<br />

L’interruption<br />

de grossesse<br />

médicamenteuse<br />

à domicile<br />

Grâce à un protocole<br />

bien établi associé à une<br />

surveillance médicale<br />

étroite, les patientes des<br />

HUG ayant choisi d’interrompre<br />

leur grossesse<br />

peuvent le faire à domicile.<br />

Une pratique médicale<br />

en augmentation depuis<br />

plusieurs années.<br />

36


Prise en charge<br />

Crédit : istockphoto/Maria Ponomariova<br />

Une interruption volontaire de<br />

grossesse (IVG) n’est pas une<br />

décision facile. Les femmes qui<br />

ont fait le choix d’une IVG<br />

médicamenteuse à domicile,<br />

plutôt qu’à l’hôpital, ont l’avantage de<br />

pouvoir maîtriser le processus de bout en<br />

bout, d’en être actrices, ce qui renforce leur<br />

sentiment d’autodétermination. « La majorité<br />

rapporte une plus grande satisfaction »,<br />

relate la Dre Michal Yaron, médecin adjointe<br />

agrégée, responsable des consultations<br />

ambulatoires de gynécologie. Le fait<br />

d’être dans un contexte moins médicalisé<br />

y est pour beaucoup : « Elles se sentent<br />

davantage en sécurité, moins seules et à<br />

l’abri des jugements », poursuit Renata<br />

Maure Gerritsma, infirmière aux consultations<br />

ambulatoires de gynécologie.<br />

En 2020, plus de 120 patientes ont eu recours<br />

à cette approche. Une pratique toujours plus<br />

demandée. La sélection des patientes qui en<br />

bénéficient se décide néanmoins au cas par<br />

cas, car « la moindre complication pourrait<br />

y mettre fin », déclare la Dre Michal Yaron.<br />

Cette solution n’est proposée qu’aux patientes<br />

remplissant des critères précis : être<br />

majeure, parler le français ou l’anglais pour<br />

bien comprendre les consignes, habiter à<br />

moins d’une heure de l’hôpital, avoir du<br />

soutien à la maison (conjoint ou proche)<br />

et, enfin, ne pas présenter de maladies<br />

susceptibles d’entraîner des complications.<br />

« Lorsque le terrain psychologique ou somatique<br />

est sensible, mieux vaut y renoncer »,<br />

prévient la Dre Yaron. De même « si la<br />

patiente a trop peur des saignements et des<br />

douleurs et qu’elle ne se sent pas capable<br />

d’y faire face », complète Renata Maure<br />

Gerritsma. Dans ce cas, l’IVG médicamenteuse<br />

peut avoir lieu à l’hôpital.<br />

Le premier rendez-vous<br />

Toute demande d’interruption de grossesse<br />

débute par une consultation avec une infirmière<br />

en orthogénie (planification et contrôle<br />

des naissances), puis avec un médecin. On y<br />

aborde les raisons qui amènent la personne à<br />

avorter : « En cas d’ambivalence ou de fragilité,<br />

nous référons les patientes à l’Unité de<br />

santé sexuelle et Planning familial pour un<br />

soutien ou un temps de réflexion », indique<br />

Renata Maure Gerritsma. Lors de l’entretien,<br />

les différentes options existantes sont<br />

évoquées. La voie médicamenteuse est<br />

possible jusqu’à 9 semaines de grossesse.<br />

La préférence de la patiente est bien sûr<br />

prise en compte. L’examen médical comprend,<br />

en plus de l’anamnèse, la mesure<br />

du taux de bHCG (hormone de la grossesse),<br />

un contrôle sanguin (dépistage des IST, etc.),<br />

ainsi qu’un ultrason pour dater la grossesse.<br />

Il est aussi question à ce moment-là de<br />

contraception, pour prévenir une nouvelle<br />

grossesse non désirée.<br />

Un suivi étroit<br />

Si une femme, en accord avec le ou la médecin,<br />

opte pour l’IVG médicale à domicile,<br />

la marche à suivre lui est alors expliquée :<br />

prise de médicaments, éventuels effets secondaires,<br />

gestion de la douleur, signaux d’alerte,<br />

etc. Un rendez-vous est fixé à l’hôpital pour<br />

la prise des premiers médicaments. La patiente<br />

reçoit à cette occasion les informations<br />

(orales et écrites) nécessaires. La seconde<br />

prise de médicaments se fait deux jours plus<br />

tard, à la maison, où a lieu l’expulsion. À tout<br />

moment, en cas de questions ou d’inquiétude,<br />

elle peut contacter le Centre d’orthogénie et<br />

de contraception ou les urgences à la Maternité.<br />

Pour s’assurer du résultat de l’IVG, la<br />

patiente renseigne sur une feuille de route<br />

ses symptômes (saignements, douleur).<br />

Trois semaines plus tard, un rendez-vous<br />

de contrôle, par téléphone ou à l’hôpital,<br />

est effectué pour évaluer, avec l’infirmière,<br />

la réussite de l’intervention à travers un<br />

questionnaire et un test de grossesse.<br />

« Pour mieux accompagner la patiente,<br />

nous lui demandons comment elle se sent<br />

émotionnellement et si elle a besoin d’un<br />

soutien psychologique », souligne Renata<br />

Maure Gerritsma. S’il y a un doute, une<br />

consultation est organisée dans les plus<br />

brefs délais avec le médecin du Centre<br />

d’ortho génie et de contraception.<br />

Enfin, il s’avère que les femmes concernées<br />

affichent une bonne adhésion au contrôle<br />

médical et à la contraception. En plus d’être<br />

efficace (à 95 %), cette pratique est moins<br />

coûteuse. Pour cette raison aussi, elle pourrait<br />

à l’avenir gagner en importance. <br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

37


<strong>Pulsations</strong><br />

« Sans l’adhésion<br />

de la population, on ne<br />

gagnera pas face au virus »<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

L ’ i n v i t é e<br />

Par Laetitia Grimaldi Photo Nicolas Righetti | lundi 13<br />

Médecin formée en<br />

médecine communautaire,<br />

santé publique, médecine<br />

tropicale et protection de<br />

l’enfance, la Dre Aglaé Tardin<br />

a succédé en 2020, à 48 ans,<br />

à Jacques-André Romand au<br />

poste de médecin cantonale<br />

de Genève. Rencontre.<br />

<strong>Pulsations</strong> Nommée en janvier 2020 au<br />

poste de médecin cantonale, vous deviez<br />

prendre vos fonctions le 1 er mai, mais<br />

l’actualité sanitaire liée au Covid-19<br />

en a décidé autrement…<br />

Dre Aglaé Tardin En effet, le 28 février 2020, le<br />

téléphone sonnait pour m’annoncer que je<br />

venais en renfort dès le 1er mars, soit deux<br />

mois avant la date prévue. Le démarrage<br />

s’est fait sur les chapeaux de roues. Mon<br />

prédécesseur – Jacques-André Romand –<br />

a lui-même annulé ses vacances et décalé<br />

son départ à la retraite de deux mois. Au<br />

plus fort de la première vague, être à deux<br />

sur ce poste n’était vraiment pas de trop.<br />

Il n’est en effet pas banal d’endosser<br />

de telles fonctions en pleine pandémie,<br />

comment avez-vous vécu ces premiers<br />

temps ?<br />

Je suis arrivée dans un climat d’incertitude<br />

et d’urgence qui était en réalité le lot de<br />

toutes et tous. Bien sûr, la charge de travail<br />

a été immédiatement immense, la nécessité<br />

de prendre des décisions, impérieuse. Mais<br />

il y a également eu des points positifs,<br />

comme le fait de collaborer dès le départ<br />

avec tout un réseau que j’aurais sans doute<br />

mis plusieurs mois à rencontrer dans son<br />

ensemble. Par ailleurs, un lien de confiance<br />

a pu s’instaurer tout de suite avec les<br />

équipes en place, mais également avec les<br />

acteurs de terrain et les instances politiques.<br />

A l’heure où une troisième vague fait<br />

trembler de nombreux pays, quel enjeu<br />

vous semble prioritaire ?<br />

Une certitude demeure : sans l’adhésion de<br />

la population, nous ne gagnerons pas face<br />

au virus. Malgré l’arrivée de vaccins, nous<br />

savons que la crise sanitaire va durer au<br />

moins deux ans. Notre mission est d’orienter<br />

les stratégies et décider des mesures les<br />

plus justes et adéquates possibles en fonction<br />

de l’état des connaissances à un instant<br />

« t ». En effet, il ne s’agit pas de tenir une<br />

ligne stricte et rigide, mais bel et bien de<br />

nous adapter en permanence pour faire face<br />

au mieux à cette épidémie mouvante et<br />

infiniment complexe.<br />

Autant de mesures évoluant mais<br />

susceptibles également de faire<br />

le nid de messages complotistes,<br />

émanant de groupes « anti-masques »<br />

ou « anti-vaccins »…<br />

Dans une telle situation, ces mouvements<br />

sont inévitables. Je peux comprendre les<br />

interrogations, les résistances. Mais il y a<br />

des chiffres indéniables, comme le nombre<br />

d’hospitalisations ou de personnes en réanimation.<br />

Et l’interprétation que l’on peut en<br />

faire. Quand celle-ci est clairement erronée,<br />

la démentir est aisé. Quand elle est déformée,<br />

c’est plus compliqué. Nous devons<br />

intégrer tout cela, en restant sur notre<br />

38


L’invitée<br />

objectif global de santé publique. Et favoriser<br />

le dialogue bidirectionnel avec la<br />

population, pour pouvoir répondre aux<br />

questions, aux doutes, en temps réel selon<br />

les connaissances à disposition. J’ajouterai<br />

que face aux dissensions, il nous faut garder<br />

en tête notre point commun à tous : au-delà<br />

des mesures de protection mises en place,<br />

c’est surtout du virus dont nous avons tous<br />

marre... Et ce n’est qu’ensemble que nous<br />

pouvons l’affronter.<br />

Comment, dans un tel climat d’urgence,<br />

s’assurer de l’avancée des autres dossiers<br />

incombant à votre service ?<br />

Grâce aux équipes en place qui ont l’expérience<br />

et la mobilisation requises. Car<br />

même si depuis des mois, nous pensons,<br />

dormons, mangeons « Covid », il est certain<br />

que d’autres priorités subsistent, comme<br />

les actions de prévention et de promotion<br />

inhérentes aux axes définis par le plan<br />

cantonal, le renouvellement des contrats de<br />

prestations avec les partenaires du milieu<br />

associatif ou encore la mise en place du<br />

tout nouveau secteur « Maladies transmissibles<br />

». Pour affronter la crise sanitaire,<br />

nous avons procédé à de nombreux engagements,<br />

passant de l’équivalent de 40 postes<br />

à temps plein à près de 350.<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Vous avez exercé la médecine communautaire<br />

au Mexique, au Sénégal, dans<br />

le milieu associatif, avant de rejoindre<br />

le Service de santé de l’enfance et de la<br />

jeunesse, puis d’endosser la fonction de<br />

médecin cantonale. Quelle force tirezvous<br />

de ce parcours ?<br />

Je garde en tête les valeurs auxquelles je<br />

crois profondément et qui m’ont guidée<br />

jusque-là : l’accès aux soins pour tous, ainsi<br />

que les principes d’éthique et d’équité. Quant<br />

à la crise qui nous occupe aujourd’hui, elle<br />

constitue un défi dont l’ampleur me marquera<br />

assurément très longtemps... <br />

39


<strong>Pulsations</strong><br />

><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

J u n i o r<br />

Par Elodie Lavigne Illustrations PanpanCucul<br />

Bonbons, sucettes, friandises, biscuits<br />

et gâteaux font la joie des enfants,<br />

et parfois celle des plus grands.<br />

Notre corps a besoin de sucre pour<br />

bien fonctionner, mais en manger<br />

trop n'est pas bon pour la santé.<br />

Voici pourquoi.<br />

Une source d'énergie<br />

Le sucre est la source<br />

d’énergie la plus importante<br />

pour notre corps et<br />

notre cerveau. Cela représente<br />

près de la moitié des<br />

apports en énergie dont<br />

nous avons besoin pour<br />

fonctionner chaque jour.<br />

C’est notre carburant,<br />

comme l’essence l’est pour<br />

la voiture. Mais qui dit<br />

énergie, dit excitation.<br />

Trop de sucre et on devient<br />

une pile électrique !<br />

Plus j'en mange,<br />

plus j'en ai envie...<br />

Expert<br />

Pr Zoltan Pataky, médecin<br />

adjoint agrégé à l’Unité<br />

d’éducation thérapeutique<br />

du patient et responsable de<br />

la consultation de l’obésité<br />

aux HUG<br />

Lorsqu’on consomme des aliments<br />

sucrés, on se sent bien, rassuré•e,<br />

apaisé•e. Pourquoi ? Parce que cela<br />

active le circuit de la récompense<br />

dans notre cerveau. Mais cette sensation<br />

est de courte durée ! Notre<br />

cerveau nous en demande toujours<br />

plus pour se sentir bien. C’est un<br />

engrenage. Plus notre corps a du<br />

sucre à disposition, plus il en a envie.<br />

La science a montré que le sucre<br />

peut provoquer une addiction,<br />

comme l’alcool ou les drogues, c’est<br />

pourquoi il ne faut pas en abuser.<br />

40


Junior<br />

Le bon et le mauvais sucre<br />

Le bon sucre est celui que l’on trouve<br />

dans les fruits (fructose) ou le lait<br />

(lactose). On le dit > car lorsqu’on<br />

mange une pomme, on absorbe en même<br />

temps des vitamines, des minéraux et<br />

des fibres, ce qui freine l’absorption de<br />

sucre par le corps. Dans les friandises,<br />

les sodas et autres boissons sucrées<br />

(limonades, thé froid et jus de fruits<br />

industriels, eaux aromatisées, etc.) en<br />

revanche, il n’y a pas ces nutriments<br />

indispensables à la santé, si bien que le<br />

taux de sucre dans le sang s’élève rapidement<br />

quand on en consomme. On se<br />

croit rassasié, mais peu de temps après,<br />

on a de nouveau faim et notre corps en<br />

redemande. De plus, avec les boissons<br />

sucrées, on avale beaucoup de sucres<br />

sans s’en apercevoir.<br />

Trop, c'est trop<br />

A long terme, manger trop sucré peut avoir des<br />

conséquences graves pour la santé. L’excès de<br />

sucre fait peu à peu prendre du poids car notre<br />

foie transforme l’excès de sucre en ><br />

graisse. C’est la porte ouverte aux kilos superflus.<br />

Le surpoids et l’obésité sont dangereux car<br />

ils entraînent d’autres maladies, comme les<br />

troubles cardiovasculaires (maladies du coeur)<br />

ou le diabète de type 2 (diabète sucré), par<br />

exemple. On sait aussi que le risque de cancer<br />

augmente.<br />

Attention aux caries<br />

Notre bouche est peuplée de bactéries qui adorent<br />

le sucre... Lorsqu’on mange ou boit des aliments<br />

sucrés régulièrement, elles se multiplient et attaquent<br />

nos dents. Pour éviter les caries, il est<br />

important de bien se brosser les dents après<br />

chaque repas ou collation, afin d’éliminer le<br />

sucre. Si ce n’est pas possible, rince-toi au moins<br />

la bouche avec de l’eau. Et fais en sorte d’éviter<br />

les grignotages !<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Le saviez-vous ?<br />

1 litre de soda contient<br />

100 grammes de sucre<br />

ajouté (le mauvais<br />

sucre) et une canette<br />

en contient environ<br />

30 grammes ! Or, on ne<br />

devrait pas consommer<br />

plus de 50 grammes de<br />

sucre ajouté par jour.<br />

En partenariat avec<br />

41


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

M i e u x - v i v r e<br />

Par Élodie Lavigne<br />

Surfer sur<br />

les vagues<br />

du Covid-19<br />

Le coronavirus continue<br />

d’inquiéter, nous oblige<br />

à changer nos habitudes,<br />

à remettre à plus tard<br />

certains projets, quand<br />

il ne nous confronte pas<br />

directement à la maladie<br />

et à la mort. Les plus<br />

jeunes sont particulièrement<br />

concernés. Les<br />

conseils de deux spécialistes<br />

pour garder le<br />

moral dans ce contexte.<br />

«Nom d’un petit<br />

pangolin, je ne<br />

sais pas ce qui me<br />

retient d’envoyer<br />

sur Vénus ce<br />

satané virus ! », s’exclame Aldebert dans<br />

« Corona Minus », chanson à destination du<br />

jeune public. À tout âge, la lassitude envers<br />

le Covid-19 et les mesures pour s’en protéger<br />

est profonde, confirme la Dre Lamyae<br />

Benzakour, médecin adjointe en charge de<br />

la psychiatrie de liaison aux HUG : « Des<br />

études montrent, dans la population générale,<br />

une augmentation des troubles du<br />

sommeil, de l’anxiété, des dépressions et des<br />

troubles de stress post-traumatique. » Après<br />

la première vague, on a observé, chez les<br />

jeunes, « une baisse de la motivation, une<br />

perte de sens, des difficultés à retourner à<br />

l’école, des troubles dépressifs importants<br />

avec plus de tentatives de suicide, mais<br />

aussi des crises familiales majeures avec des<br />

séparations parentales », ajoute la Dre Anne<br />

Edan, médecin adjointe responsable de<br />

l’Unité de crise Malatavie. L’impact psychologique<br />

de la pandémie et des restrictions<br />

qui l’accompagnent est fort, mais dépend<br />

beaucoup de la situation personnelle et des<br />

ressources de l’individu.<br />

42


Mieux-vivre<br />

Ne pas minimiser<br />

Comment faire pour traverser au mieux les<br />

vagues successives ? D’abord, ne pas minimiser.<br />

Insécurité, solitude, angoisse, colère…<br />

Qu’est-ce que la pandémie provoque en<br />

nous ? Prenons conscience de nos émotions<br />

et soyons bienveillants avec nous-mêmes<br />

et avec les autres. « Il est illusoire de penser<br />

que nous vivons les événements de la même<br />

manière que ceux qui nous entourent »,<br />

relève la Dre Benzakour. Certain·es sont<br />

exaspéré·es par les mesures, d’autres sont<br />

très inquiet·ètes à l’idée de tomber malade<br />

ou de contaminer leurs proches. Être dans<br />

le jugement ne fait qu’alimenter les tensions.<br />

Au travail, en famille ou entre ami·es, la<br />

psychiatre conseille d’exprimer ses besoins<br />

et de veiller à sa propre protection, sans se<br />

mettre dans des situations sources de stress.<br />

« Faire comme si le Covid n’existait pas,<br />

alors qu’il bouleverse tout, est certainement<br />

l’écueil le plus fort à éviter », note la Dre<br />

Edan, qui préconise des pauses de réflexion<br />

en famille. « Parler de son ressenti, ajoutet-elle,<br />

permet une résonance émotionnelle<br />

chez l’autre. »<br />

Une attention et une écoute particulières<br />

sont très protectrices pour les plus jeunes,<br />

qui perçoivent ainsi le soutien de leurs<br />

parents. Verbaliser est un bon moyen de<br />

susciter le dialogue : « Tu t’énerves souvent…<br />

» Il s’agit de tenir compte du vécu<br />

propre de chacun, sans a priori et sans<br />

projeter sa vision d’adulte sur l’enfant.<br />

Reconnaître les difficultés passe aussi par<br />

l’acceptation de nos fragilités et des éventuels<br />

débordements qui peuvent survenir<br />

dans un quotidien rythmé par l’angoisse<br />

et l’incertitude. Revenir sur les moments<br />

de tension, en instaurant par exemple des<br />

conseils de famille, peut être bénéfique.<br />

Faire preuve de créativité<br />

Et puisque le retour à une certaine normalité<br />

n’est pas pour demain, faisons preuve de<br />

créativité : « Évitons de vivre en apnée et<br />

adaptons notre vie. Retrouver du contrôle<br />

dans la situation est primordial », souligne<br />

la Dre Benzakour. Prévoir des moments de<br />

détente et de respiration en cherchant des<br />

compromis dans la situation actuelle. Puiser<br />

dans ses ressources et se tourner vers ce qui<br />

nous fait du bien (lecture, musique, expressions<br />

artistiques, cuisine, balades, activité<br />

sportive à l’extérieur, etc.), aussi. Mis à mal<br />

par la pandémie, le lien social reste une<br />

source importante de réconfort, quelle<br />

que soit la génération. Il s’agit de trouver<br />

des alternatives pour ne pas tomber dans<br />

l’iso lement. Et de respecter l’intimité de<br />

chacun, en particulier des ados qui manquent,<br />

du fait de la pandémie, d’échappatoires<br />

nécessaires. Internet et les réseaux<br />

sociaux, souvent critiqués, leur permettent<br />

de rester en lien avec leurs pairs. Et la Dre<br />

Edan de préciser : « C’est un soutien fort,<br />

pour autant qu’on en fasse un usage raisonnable<br />

et qu’on diversifie les activités. »<br />

Enfin, rappelons-nous que cette crise finira<br />

par passer et qu’elle pourrait avoir des<br />

bénéfices inattendus. « C’est la vertu de la<br />

limite, qui ouvre sur de nouvelles perspectives<br />

», conclut la Dre Edan. <br />

Quand la douleur<br />

persiste<br />

Si, malgré ces conseils,<br />

la souffrance est trop grande,<br />

faites appel à un·e spécialiste<br />

en santé mentale.<br />

www.hug.ch/coronavirus/<br />

soutien-psychologique<br />

Retrouvez d’autres conseils<br />

(en vidéo)<br />

http://hug.plus/soutien-covid<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

43


<strong>Pulsations</strong><br />

@choum -– à vos<br />

symptômes !<br />

@choum est un outil développé<br />

dans le cadre d’une étude sur la<br />

surveillance de la pandémie de<br />

Covid-19. Son but ? Détecter de<br />

façon précoce les flambées de<br />

cas (clusters). Vous souhaitez<br />

participer à l’étude ? Signalez<br />

vos symptômes compatibles<br />

avec une infection au coronavirus<br />

SARS-CoV-2 via le bouton<br />

Est-ce<br />

une allergie<br />

alimentaire ?<br />

Vous ou votre enfant avez<br />

déjà présenté une réaction<br />

allergique dans l’heure qui a<br />

suivi la consommation d’un<br />

aliment ? L’Unité d’allergologie<br />

pédiatrique des HUG et le<br />

Service de la consommation<br />

et des affaires vétérinaires<br />

(SCAV) du canton de Genève<br />

recherchent des volontaires<br />

pour la participation à une<br />

Neuropédiatrie<br />

distinguée<br />

Le Dr Christian Korff,<br />

médecin adjoint agrégé<br />

et responsable de l’Unité<br />

de neuropédiatrie des HUG,<br />

a été nommé président de<br />

la Société européenne de<br />

neurologie pédiatrique<br />

(SENP). Un honneur pour<br />

ce pédiatre et neuropédiatre<br />

FMH formé à Genève, également<br />

chargé de cours à la<br />

Faculté de médecine de<br />

l’Université de Genève.<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

B r è v e s<br />

Par Giuseppe Costa<br />

@choum de l’application<br />

CoronApp-HUG. Elle vous<br />

indique ensuite si votre lieu de<br />

domicile ou de travail se trouve<br />

dans une zone de cluster.<br />

L’étude est développée par des<br />

chercheurs du Service de<br />

médecine de premier recours<br />

des HUG, de l’Université de<br />

Genève et de l’École polytechnique<br />

fédérale de Lausanne, en<br />

collaboration avec l’Université<br />

de Paris. Téléchargement<br />

de l’application gratuite et<br />

sécurisée CoronApp-HUG sur<br />

hug.plus/atchoum<br />

étude. Elle vise à répertorier,<br />

sur l’année <strong>2021</strong>, les réactions<br />

d’allergies alimentaires et<br />

identifier leurs facteurs déclenchants.<br />

Cette étude permettra<br />

de savoir à quels aliments les<br />

Genevois∙es (enfants et adultes)<br />

réagissent et à partir de<br />

quelle quantité consommée.<br />

Une allergie alimentaire survient<br />

dans l’heure qui suit<br />

l’ingestion de l’aliment et se<br />

manifeste par un ou plusieurs<br />

symptômes (urticaire, picotements<br />

dans la bouche, gonflement,<br />

etc.).<br />

Toutes les infos sur<br />

http://hug.plus/aage21<br />

Créée en 1971, la SENP est<br />

la société savante dédiée à<br />

la discipline de la neurologie<br />

pédiatrique la plus ancienne<br />

dans le monde. Elle regroupe<br />

quelque 150 membres.<br />

Durant les trois années à la<br />

tête de la SENP, Christian<br />

Korff aura à cœur de poursuivre<br />

le travail accompli<br />

par ses prédécesseurs. Par<br />

ailleurs, ce dernier dirige<br />

plusieurs projets de recherche<br />

dans le domaine de<br />

l’épileptologie pédiatrique<br />

et collabore activement à<br />

d’autres travaux sur ce<br />

même sujet, tant sur le plan<br />

national qu’international.<br />

Crédits : DR, shutterstock, HUG<br />

44


Brèves<br />

Combattre<br />

la sclérose<br />

en plaques<br />

Nouvelle avancée dans les recherches<br />

en lien avec la sclérose<br />

en plaques. Des chercheurs des<br />

universités de Genève, de<br />

Munich et de l’Institut technique<br />

de Munich ont découvert, chez<br />

des souris, que la destruction<br />

des synapses de la matière grise<br />

réduisait l’activité des neurones<br />

dans le cortex cérébral et<br />

constituait un facteur majeur<br />

de progression de la sclérose<br />

en plaques. Ce mécanisme est<br />

Qualité à<br />

l’honneur<br />

Le Pr Pierre Chopard, médecinchef<br />

du Service qualité des soins<br />

des HUG et professeur associé<br />

à l’Université de Genève, a été<br />

nommé président de la nouvelle<br />

Commission fédérale de la qualité<br />

(CFQ), chargée de conseiller<br />

le Conseil fédéral en matière de<br />

qualité des soins et de sécurité<br />

des patients et patientes.<br />

Label cantonal<br />

pour les HUG<br />

Pour leur engagement en<br />

faveur de l’emploi, les HUG<br />

ont reçu, cette année encore,<br />

le label 1 + pour tous. Cette<br />

distinction cantonale récompense<br />

les entreprises qui<br />

engagent, en contrat à durée<br />

indéterminée, des personnes<br />

sans emploi résidant dans le<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

Crédits : Unige, HUG, DR<br />

potentiellement réversible,<br />

notamment au travers de<br />

l’inhibition ciblée de certaines<br />

cellules immunitaires. Ces<br />

résultats, publiés dans la revue<br />

Nature Neuroscience, offrent<br />

une approche intéressante pour<br />

de nouvelles thérapies. La<br />

sclérose en plaques, maladie<br />

inflammatoire chronique du<br />

système nerveux central, touche<br />

une personne sur mille. En détruisant<br />

des cellules nerveuses<br />

dans le cerveau, elle engendre<br />

des troubles d’une intensité<br />

variable pouvant toucher la<br />

vision, la communication et les<br />

fonctions locomotrices.<br />

Pour en savoir plus : https://<br />

www.hug.ch/actualite/combattre-sclerose-plaques-etudeoffre-approche<br />

Avec l’entrée en vigueur le<br />

1 er avril <strong>2021</strong> de modifications<br />

législatives qui prévoient des<br />

mesures d’amélioration contraignantes<br />

dans le domaine de la<br />

qualité, cette commission est<br />

appelée à jouer un rôle important.<br />

La CFQ sera chargée de<br />

mettre en œuvre, avec les<br />

différents acteurs de la santé,<br />

les objectifs fixés par le Conseil<br />

fédéral tous les quatre ans. Elle<br />

devra élaborer des indicateurs<br />

de qualité, mener des programmes<br />

nationaux de promotion<br />

de la qualité et veiller à ce que<br />

la sécurité des patients et<br />

patientes soit encouragée.<br />

canton de Genève. Afin de<br />

favoriser ce recrutement,<br />

les HUG collaborent étroitement<br />

avec l’Office cantonal<br />

de l’emploi (OCE). Ce label<br />

hisse les HUG au rang des<br />

sociétés socialement et économiquement<br />

responsables.<br />

Tous les postes à pourvoir<br />

actuellement sont par<br />

ailleurs disponibles sur<br />

le site https://careers.<br />

smartrecruiters.com/HUG<br />

45


Soins<br />

à domicile<br />

Depuis 35 ans en Suisse et plus de 20 ans dans<br />

le canton de Genève. Nous proposons une<br />

gamme complète de prestations permettant le<br />

maintien à domicile :<br />

• Soins de base • Soins Infirmiers<br />

• Assistance • Aide au ménage<br />

• Veille de nuit • 24h/24, 7j/7<br />

Notre équipe collabore étroitement avec les<br />

familles et les proches aidants de nos client(e)s,<br />

afin que ceux-ci puissent vivre le plus longtemps<br />

possible dans le confort de leur foyer.<br />

Service reconnu<br />

par toutes les<br />

caisses-maladie<br />

Pour cela, nous veillons à toujours affecter,<br />

aux horaires convenus, le même personnel à<br />

nos client(e)s.<br />

Appelez-nous et convenons ensemble d’un<br />

entretien-conseil sans engagement :<br />

Filiale Genève, 022 340 40 95<br />

www.spitexvillecampagne.ch<br />

528<br />

INFOKIDS<br />

l’application<br />

des urgences<br />

pédiatriques<br />

+ Donne des<br />

conseils médicaux<br />

+ Informe quand<br />

consulter un pédiatre<br />

ou les urgences<br />

+ Renseigne sur<br />

l’affluence aux<br />

urgences<br />

Téléchargez<br />

gratuitement<br />

infokids.ch


<strong>Pulsations</strong><br />

AVRIL<br />

Jusqu’au 30/04<br />

La peur<br />

Exposition<br />

7h30 à 19h, lundi à vendredi<br />

Salle d’exposition<br />

Uni Carl Vogt<br />

66, bd Carl-Vogt<br />

Entrée libre<br />

La peur est une émotion<br />

individuelle produite dans le<br />

corps face à un danger réel<br />

ou imaginaire: la peur lors<br />

d’un accident, la peur du noir<br />

ou du loup. Dans l’histoire,<br />

elle est aussi un sentiment<br />

collectif qui peut s’emparer<br />

de toute une société et<br />

l’obliger à réagir. Des jeunes<br />

de 8 à 19 ans du canton de<br />

Genève se sont emparé∙es<br />

du sujet et lui ont donné<br />

corps au travers d’objets<br />

individuels ou collectifs,<br />

en utilisant des techniques<br />

aussi variées que la couture,<br />

le dessin, le graphisme,<br />

la peinture, le collage ou<br />

le papier mâché.<br />

https://www.unige.ch/-/peur<br />

À côté du Centre Nicolas Bouvier<br />

2, ch. Petit-Bel-Air<br />

1226 Thônex<br />

Marie-Eve Brunner, Pascal<br />

Benoit et Alice Izzo sont trois<br />

artistes réunis à l’occasion<br />

d’une exposition collective<br />

dans le domaine de Belle-<br />

Idée. Trois techniques différentes<br />

sont représentées : le<br />

collage, la photographie et<br />

l’illustration. Cette exposition<br />

en plein air, dans le parc de<br />

Belle-Idée, est accessible au<br />

public jusqu’au 31 août <strong>2021</strong>.<br />

www.arthug.ch/exposition/<br />

p-benoit-m-e-brunner-izzo<br />

Jusqu’au 31/12<br />

Alliances<br />

Maëlle Cornut<br />

Entrée du domaine de Belle-Idée<br />

2, ch. du Petit-Bel-Air<br />

Arrêt de bus de l’Hôpital des<br />

Trois-Chêne<br />

3, ch. du Pont-Bochet<br />

1226 Thônex<br />

près ou de loin, ces formes<br />

colorées s’inspirent des<br />

fameuses planches à l’encre<br />

élaborées par le Dr Hermann<br />

Rorschach en 1921. Cette<br />

exposition en plein air, dans<br />

le domaine de Belle-Idée, est<br />

accessible au public jusqu’au<br />

31 décembre <strong>2021</strong>.<br />

www.arthug.ch/exposition/<br />

alliances<br />

14/06<br />

JUIN<br />

Don du sang<br />

Journée mondiale<br />

7h30 à 15h<br />

Centre de transfusion sanguine<br />

Rue Gabrielle-Perret-Gentil 6<br />

Donner son sang, c’est<br />

sauver des vies. À l’occasion<br />

de la Journée mondiale des<br />

donneurs de sang, donnez le<br />

vôtre au Centre de transfusion<br />

sanguine. La transfusion<br />

sanguine est vitale dans les<br />

cas de leucémies, de transplantations,<br />

d’hémorragies<br />

importantes lors d’un accident,<br />

d’une opération ou<br />

d’un accouchement.<br />

Par Giuseppe Costa<br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

A g e n d a<br />

Crédits : Maëlle Cornut<br />

Jusqu’au 31/08<br />

Exposition<br />

collective<br />

Marie-Eve Brunner,<br />

Pascal Benoit, Alice Izzo<br />

Domaine de Belle-Idée<br />

Maëlle Cornut, artiste<br />

formée à la Haute école d’art<br />

et de design de Genève<br />

(HEAD), a imaginé pour les<br />

HUG la série Alliances. Elle<br />

se compose de neuf images,<br />

chacune dotée d’une couleur<br />

différente. À appréhender de<br />

Coronavirus<br />

Selon l’évolution de<br />

l’épidémie du coronavirus<br />

(Covid-19), des événements<br />

peuvent être annulés.<br />

Retrouver les informations<br />

à jour sur www.hug-ge.ch<br />

47


<strong>Pulsations</strong><br />

<strong>Avril</strong> - Juin <strong>2021</strong><br />

L i v r e s & W e b<br />

En collaboration avec la Bibliothèque de l’Unige, site CMU<br />

Pour<br />

en savoir<br />

plus sur…<br />

Proches aidants et<br />

maladie d’Alzheimer<br />

À l’écoute des proches<br />

aidants<br />

Du répit à la rêverie :<br />

approche psychique des<br />

émotions des accompagnant∙es<br />

et des soignant∙es<br />

Hélène Viennet<br />

Seli Arslan, 2020<br />

L’équilibre familial est toujours<br />

perturbé face à la maladie ou à<br />

la démence. De nombreuses situations,<br />

des paroles d’aidant∙es<br />

et de soignant∙es, qui peuvent<br />

être démuni∙es face aux<br />

difficultés psychiques<br />

de l’entourage des<br />

patient∙es, émaillent<br />

ce livre.<br />

La maladie d’Alzheimer :<br />

accompagnez votre proche<br />

au quotidien<br />

Coll. Guides pratiques<br />

de l’aidant<br />

Jacques Selmès<br />

John Libbey Eurotext, 2011<br />

Destiné aux familles et à tous<br />

ceux et celles qui accompagnent<br />

au quotidien une personne touchée<br />

par la maladie d’Alzheimer,<br />

ce guide est le fruit de<br />

plusieurs années de<br />

contact permanent<br />

auprès des malades<br />

et de leurs proches.<br />

CONTACT<br />

Tous les livres référencés sont disponibles<br />

à la Bibliothèque de l’Université,<br />

site CMU. Ils peuvent être consultés<br />

et/ou empruntés gratuitement.<br />

Bibliothèque de l’Université<br />

de Genève<br />

Centre médical universitaire<br />

Avenue de Champel 9<br />

1206 Genève<br />

Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h<br />

biblio-cmu@unige.ch<br />

022 379 51 00<br />

Pers. de contact : Annick Widmer<br />

www.unige.ch/biblio/patients/<br />

Je suis là : le guide<br />

indispensable pour tous<br />

ceux qui accompagnent<br />

un proche en souffrance<br />

Dre Stéphanie Marchand-Pansart<br />

Lafon, 2020<br />

Un livre utile et bienveillant,<br />

une approche nouvelle<br />

et innovante du rôle<br />

et de la place des<br />

aidant∙es auprès de<br />

ceux et celles qu’ils et<br />

elles accompagnent.<br />

Troubles psychiques<br />

Le mur : la maladie<br />

psychique dans la famille<br />

Ileana Winteregg<br />

Société des écrivains, 2017<br />

L’auteure livre un témoignage<br />

saisissant de son expérience de<br />

mère d’un fils souffrant de troubles<br />

bipolaires. Digne,<br />

sincère et émouvant,<br />

un ouvrage qui brise<br />

bien des silences et<br />

des non-dits.<br />

Le jour où ma fille<br />

est devenue folle<br />

Michael Greenberg,<br />

Pierre Guglielmina (trad.)<br />

Flammarion, 2010<br />

Implacable chronique de l’été<br />

durant lequel la fille de l’auteur,<br />

âgée de quinze ans, a connu<br />

sa première crise maniacodépressive,<br />

un événement qui<br />

a bouleversé sa vie et celle de<br />

toute la famille. Un récit<br />

surprenant, déchirant,<br />

tout sauf sentimental,<br />

d’un père qui tente<br />

désespérément de<br />

ramener sa fille à lui.<br />

Sucre<br />

Avec ou sans sucre ?<br />

90 clés pour comprendre<br />

le sucre<br />

Philippe Reiser<br />

Quae, 2015<br />

À travers l’histoire, la science<br />

et des anecdotes<br />

surprenantes, cet<br />

ouvrage nous propose<br />

de mieux connaître<br />

le sucre et les<br />

édulcorants.<br />

Réalité virtuelle<br />

dans les soins<br />

Se libérer des troubles<br />

anxieux par la réalité<br />

virtuelle<br />

Eric Malbos,<br />

Rodolphe Oppenheimer,<br />

Christophe Lançon<br />

Eyrolles, 2017<br />

Conçu par une équipe de<br />

spécialistes, illustré avec<br />

des cas réels, cet ouvrage<br />

est une synthèse<br />

de référence pour<br />

découvrir, comprendre<br />

et pratiquer cette<br />

thérapie.<br />

Médicaments<br />

Les médicaments<br />

en 100 questions<br />

François Chast<br />

Tallandier, 2016<br />

En 100 points clés, le Pr François<br />

Chast nous éclaire sur les modes<br />

d’action des médicaments<br />

et les risques. Il décrypte<br />

des phénomènes récents<br />

et distingue les vraies<br />

avancées des fausses.<br />

Pour prendre nos<br />

médicaments en toute<br />

connaissance de cause.<br />

Patient∙e<br />

partenaire<br />

Patient partenaire,<br />

patient expert :<br />

de l’accompagnement<br />

à l’autonomie<br />

Coll. Sciences et Santé<br />

Hugues Lefort, Thérèse Psiuk<br />

Vuibert, 2019<br />

L’intelligence collective autour<br />

des parcours de soins, de santé<br />

et de vie des patient∙es,<br />

autorise un raisonnement<br />

clinique d’un niveau supérieur,<br />

pour des ajustements efficients.<br />

Le·la patient∙e peut être ainsi<br />

reconnu∙e comme expert∙e.<br />

Ces enjeux sont<br />

majeurs pour les<br />

relations interpersonnelles<br />

et les<br />

systèmes de soins.<br />

48


GRÂCE À SES DONATEURS, LA FONDATION<br />

PRIVÉE DES HUG RÉALISE DES PROJETS<br />

INNOVANTS ET AMBITIEUX AVEC 3 OBJECTIFS<br />

AUGMENTER<br />

LE BIEN-ÊTRE<br />

DU PATIENT<br />

Exemple de projet réalisé : favoriser la réhabilitation cardiaque par l’exercice physique encadré par des professionnels.<br />

AMÉLIORER<br />

LA QUALITÉ<br />

DES SOINS<br />

Infokids<br />

Exemple de projet réalisé : création de l’application Infokids pour une assistance interactive lors d’urgences pédiatriques.<br />

FAVORISER<br />

LA RECHERCHE<br />

MÉDICALE<br />

Exemple de projet réalisé : soutenir la recherche en immunothérapie pour lutter contre les tumeurs cérébrales.<br />

L’EXCELLENCE MÉDICALE<br />

POUR VOUS, GRÂCE À VOUS.<br />

Pour faire un don :<br />

www.fondationhug.org<br />

IBAN CH75 0483 5094 3228 2100 0<br />

T +41 22 372 56 20<br />

Email : fondation.hug@hcuge.ch


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L’APPLICATION<br />

POUR LES PATIENTS<br />

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Devenez acteur<br />

de votre prise<br />

en charge<br />

Consultez l’agenda de<br />

vos soins<br />

Choisissez vos repas<br />

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