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PAYSAGES 2021

PAYSAGES est la revue annuelle de l'Association des architectes paysagistes du Québec. Cette 16e édition de la revue PAYSAGES est l’occasion de démontrer le rôle capital que jouent les architectes paysagistes dans l’atteinte et le maintien de la santé publique. Les collaborateurs de cette édition ont été invités à examiner et à mettre en lumière les façons dont la pratique de l’architecture de paysage contribue à la santé physique, protège la santé mentale et permet de créer des liens sociaux forts et égalitaires, trois piliers de la santé publique. Afin d’optimiser la portée de leurs propos, nous avons invité cette année le cardiologue François Reeves à porter un regard complémentaire sur les textes de la revue. En effet, en plus de signer le texte d’ouverture, le Dr Reeves commente et annote chacun des articles. Résultat : une édition 2021 dynamique sur laquelle nos professionnels peuvent s’appuyer et qui témoigne pleinement de la pertinence de leurs actions.

PAYSAGES est la revue annuelle de l'Association des architectes paysagistes du Québec.
Cette 16e édition de la revue PAYSAGES est l’occasion de démontrer le rôle capital que jouent les architectes paysagistes dans l’atteinte et le maintien de la santé publique. Les collaborateurs de cette édition ont été invités à examiner et à mettre en lumière les façons dont la pratique de l’architecture de paysage contribue à la santé physique, protège la santé mentale et permet de créer des liens sociaux forts et égalitaires, trois piliers de la santé publique.
Afin d’optimiser la portée de leurs propos, nous avons invité cette année le cardiologue François Reeves à porter un regard complémentaire sur les textes de la revue. En effet, en plus de signer le texte d’ouverture, le Dr Reeves commente et annote chacun des articles. Résultat : une édition 2021 dynamique sur laquelle nos professionnels peuvent s’appuyer et qui témoigne pleinement de la pertinence de leurs actions.

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LA PENSÉE EST LA FINALITÉ DE L’OXYGÈNE<br />

La pensée humaine semble un aboutissement majeur de l’histoire<br />

de l’univers. Le cerveau est probablement la machine la plus complexe<br />

et performante qui ait jamais été créée.<br />

Notre boulot, en tant que cardiologues, est de protéger le cerveau<br />

en soignant le cœur, car le cerveau consomme l’oxygène comme<br />

un glouton. Ne pesant que 2 % du corps humain, il absorbe 20 % de<br />

l’oxygène convoyé par le cœur. Ça prend de l’air pour réfléchir !<br />

Plusieurs villes m’ont ainsi marqué, et il faut reconnaître que les<br />

villes où l’on aime marcher et déambuler sont 1) belles et 2) vertes,<br />

avec un urbanisme à échelle humaine, comme le préconisaient<br />

Jane Jacobs et Jan Gehl. Mes coups de cœur ? Genève, Vienne,<br />

Stockholm, Barcelone. Et Paris, où j’ai vécu un an; c’est ma préférée,<br />

mais elle manque d’arbres.<br />

À l’inverse de sa gloutonnerie, le cerveau est passablement douillet<br />

et très dépendant de cet oxygène dont il raffole. Cinq secondes<br />

de privation d’oxygène et c’est la perte de conscience; quelques<br />

minutes et c’est la mort cérébrale, d’où l’importance de l’oxygène<br />

dans notre essence même. De fait, nous savons que le corps humain<br />

est constitué à 65 % d’eau, mais plus encore, il est constitué à 65 %<br />

d’oxygène. Nous sommes des êtres d’oxygène !<br />

À la base, je suis un cardiologue d’intervention : métier passionnant<br />

que je décris dans Prévenir l’infarctus… ou y survivre (2007). Pour<br />

écrire ce premier livre de vulgarisation, je me suis mis à lire des<br />

trucs qu‘un cardiologue d’intervention ne lit pas habituellement : les<br />

études de santé publique. Estomaqué par les différences marquées<br />

d’une ville à l’autre au plan des maladies et de la mortalité, je me suis<br />

intéressé à la cardiologie environnementale, soit l’étude des facteurs<br />

environnementaux pouvant altérer la santé cardiovasculaire.<br />

Après analyse de milliers de publications en santé environnementale,<br />

on en vient à caractériser quatre facteurs environnementaux<br />

majeurs de risque cardiovasculaire, décrits dans Planète Cœur<br />

(2011) :<br />

1 Les nano-agresseurs aériens<br />

Il s’agit de la pollution atmosphérique générée principalement<br />

par les moteurs fossiles et le chauffage (essence, diésel, mazout,<br />

gaz). C’est le premier tueur de la planète avec 8 millions de décès.<br />

Au Canada, ce sont 15 000 décès et 114 milliards de dollars en<br />

soins de santé par année.<br />

2 Les nano-agresseurs alimentaires<br />

Ce sont les aliments hypertransformés par l’industrie avec des<br />

additifs nocifs tels gras trans, excès massif de sel, ajout de sucres<br />

industriels, perturbateurs neuroendocriniens, etc.<br />

3 La minéralisation du milieu<br />

C’est l’inverse du verdissement.<br />

4 La sédentarité<br />

Moins que l’équivalent de 10 000 pas par jour, influencé par le<br />

design urbain.<br />

Le verdissement urbain interpelle chacun de ces facteurs de risque.<br />

« C’est amusant de constater que plus il y a d’arbres et d’oiseaux, plus<br />

on trouve que c’est humain. » C’est ce que me disait Louis-Gilles<br />

Francoeur après une chronique sur le verdissement que nous<br />

avons tenue avec Dominique Poirier à la belle émission L’aprèsmidi<br />

porte conseil. Les arbres, les végétaux sont réconfortants.<br />

Du point de vue du cardiologue, l’arbre est fascinant. Et le mot clé<br />

est « oxygène ».<br />

?<br />

D’où vient l’oxygène, ce principe élémentaire de la vie et de<br />

la conscience ? Des géantes bleues et des géants verts.<br />

GÉANTES BLEUES<br />

Ma constellation préférée est Orion, très reconnaissable en<br />

hiver, particulièrement en février. Parmi ses étoiles principales,<br />

il y a Rigel et Bellatrix, nommées « Géantes bleues ».<br />

Les Géantes bleues sont énormes; elles font 20 fois la masse<br />

de notre Soleil et atteignent des chaleurs et pressions qui<br />

permettent de synthétiser de l’oxygène, d’où le bleu de ces<br />

étoiles, couleur de l’oxygène. Et voilà aussi pourquoi notre<br />

ciel est bleu.<br />

À la fin de leur vie, les étoiles bleues explosent en supernova<br />

et, tels des pissenlits interstellaires, disséminent l’oxygène<br />

dans l’univers, dans les poussières sidérales qui ont fini par<br />

constituer la Terre. Les Géantes bleues sont les génitrices de<br />

l’oxygène.<br />

GÉANTS VERTS<br />

À ses débuts, l’atmosphère de la Terre était une purée irrespirable<br />

constituée surtout de gaz carbonique (CO₂), de méthane<br />

et d’ammoniaque, assez semblable à Vénus aujourd’hui. On<br />

ne sait pas encore exactement comment est apparue la vie,<br />

mais une chose est sûre, les premiers êtres vivants connus<br />

étaient des algues.<br />

Ces premiers végétaux ont pavé la voie à tout l’essor du<br />

monde vivant par une opération répétée pendant des millions<br />

d’années : transformer le CO₂ en O₂. Pour aboutir à notre<br />

atmosphère, unique dans l’univers : 20 % d’oxygène, 79 %<br />

d’azote et 1 % de différents gaz, dont un peu de CO₂.<br />

Puis vint l’animal, dérivé du végétal, il y a environ 600 millions<br />

d’années. On a tendance à étudier séparément la zoologie et<br />

la botanique, mais l’étude de leurs interactions est sans fin et<br />

d’un immense intérêt.<br />

ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC<br />

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