PAYSAGES 2021

Lemay
↑ Promenade Samuel de Champlain, phase 4 / Passerelle
piétonne permettant aux usagers d’avoir accès aux berges
et l’appropriation des lieux sous-utilisés, deviennent des stratégies
incontournables. Néanmoins, outre le besoin en espace comme
tel, ce sont les vocations de ces espaces qui tendent à se diversifier
et se complexifier. Espaces de socialisation, infrastructures de
décarbonisation et de rétention d’eau, lieux identitaires et culturels
se combinent et se superposent.
Au cours des dernières années, nous avons vu apparaître un urbanisme
tactique apportant des solutions transitoires à des problèmes
complexes – de façon plus marquée encore à l’heure de la pandémie
– afin de répondre rapidement et avec flexibilité aux besoins de
distanciation sociale, notamment. Requalification d’espaces de stationnement,
piétonnisation de nombreuses rues, aménagement de
ruelles vertes, maintes solutions temporaires permettent de reverdir
le domaine public, d’offrir des espaces de rencontre, d’aménager un
lieu de production alimentaire ou de faire de l’exercice à l’extérieur.
Ces initiatives ponctuelles ou orchestrées traduisent bien cette
distillation des limites entre emprise de circulation, espace vert et
terrain vacant, entre rue, espace naturel de conservation, parc et
agora. Autant l’ampleur et la diversité des besoins et aspirations
à l’égard des espaces publics peuvent constituer une barrière lors
de la conception d’un espace devant répondre à une liste grandissante
d’objectifs et de critères, autant cette hybridation et cette
diversification des typologies peuvent être source de renouveau
et d’expérimentation.
Afin d’offrir une flexibilité attendue, au-delà de l’exploration transitoire,
la mise en réseau et la complémentarité des espaces s’imposent.
La connectivité des espaces offre l’opportunité de combiner
les potentiels des lieux aux vocations et caractères complémentaires.
LA MISE EN RÉSEAU DES ESPACES VERTS :
UNE SOLUTION À LA COMPLEXITÉ DE LA VILLE
La mise en réseau des espaces verts à l’échelle d’une ville a des
impacts considérables sur les enjeux environnementaux et la
connectivité des écosystèmes. Toutefois, sa contribution potentielle
à la santé de la ville et de ses résidents est tout aussi prédominante,
voire primordiale dans un contexte de pandémie. En effet, la
création d’une trame unifiante liant l’ensemble des divers espaces
publics permet de répondre à de nombreux enjeux puisqu’elle
superpose différentes échelles : le territoire, l’environnement, la
mobilité, ainsi que les besoins sanitaires, fonctionnels, sociaux,
culturels et économiques. Étant donné son amplitude, ce type de
projet soulève d’abord la question de la mobilité; son intérêt réside
dans la création de parcours piétons et cyclistes reliant les différents
pôles générateurs de déplacements, en passant des lieux d’activités
aux parcs et aux espaces verts. Cette mise en commun permet
également de tirer profit de la spécificité de chaque espace. Par
exemple, une friche située sous une emprise ferroviaire pourrait être
convertie en lieu d’apprentissage de la biodiversité et mise en lien
avec un espace ayant une autre fonction tout aussi nécessaire au
bien-être des usagers, tel un parc avec des équipements récréatifs
pour contribuer à l’activité physique des jeunes et des moins jeunes.
Les projets de mise en réseau sont
porteurs puisqu’ils offrent une vision
globale et intégratrice du paysage au
sein d’un territoire en misant sur la
complémentarité des espaces et la
diversité des expériences offertes,
tout en réconciliant l’usager avec son
besoin de proximité avec la nature.
DES EXEMPLES VOIENT LE JOUR
Les projets de mise en réseau ne sont pas une invention récente.
De nombreuses villes ont mis de l’avant des projets de corridors, de
ceintures ou de parcs linéaires verts et actifs. À titre d’exemple, on
peut citer la ceinture verte de Paris ou l’Atlanta Beltline. Au Québec,
plusieurs initiatives similaires ont vu le jour, notamment le réaménagement
des berges du canal de Lachine en un parc linéaire. Tout en
reliant les quartiers au canal, cette transformation a mis de l’avant
l’idée d’une infrastructure verte, d’une restauration des bassins Peel
et d’une mise en valeur du patrimoine bâti permettant de redonner
cet espace à la population et aux écosystèmes naturels. Ce projet a
également suscité, à terme, de nombreux investissements privés et a
transformé ce lieu en un corridor vert très prisé des résidents comme
des touristes. Plus récemment, le réaménagement de l’entrée de
l’autoroute Bonaventure constitue également un geste fort et structurant
pour reverdir ce secteur et rendre une place accueillante
ASSOCIATION DES ARCHITECTES PAYSAGISTES DU QUÉBEC
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