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Miles #39 - S'INSPIRER POUR SE REINVENTER

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INTERVIEW BENJAMIN LES<strong>SE</strong>NNES<br />

LE CÔTÉ OBSCUR<br />

Le pilote namurois s’est fait connaître du grand public en 2018, devenant le plus jeune participant au Championnat du<br />

monde des voitures de tourisme (WTCR). Depuis, il est passé en GT4, où il a terminé 3 e du Championnat d’Europe sur<br />

Mc Laren, avant d’être sacré champion de France sur BMW, et de participer, en octobre dernier, aux 24 heures de Spa<br />

GT3, au volant d’une « BMW Art Car » du team Boutsen Ginion Racing. À 21 ans, et ce malgré de très bons résultats, il se<br />

retrouve sans écurie et sans voiture.<br />

Boris Rodesch<br />

Nous lui avons passé un coup de fil dans les paddocks du circuit de<br />

Monza.<br />

Que fais-tu à Monza ?<br />

Je suis très proche du team belge Boutsen Ginion Racing, qui<br />

participe au Championnat d’Europe GT. Je suis ici pour coacher leurs<br />

pilotes amateurs, même si j’ai pris mon casque au cas où l’un des<br />

pilotes présente les symptômes du Covid-19.<br />

Comment as-tu découvert le sport automobile ?<br />

Mon grand-père et mon père étaient concessionnaires indépendants<br />

Mercedes. Je suis né dans les garages de bagnoles. Mon grand-père est<br />

aussi un ancien pilote, il a participé aux 24 heures de Spa.<br />

Si tu devais nous décrire brièvement ton parcours ?<br />

J’ai débuté le karting à l’âge de neuf ans. J’ai participé<br />

aux championnats régionaux, d’Europe et du monde. J’ai suivi<br />

l’enseignement classique jusqu’en quatrième secondaire, avant de<br />

devoir arrêter, car le karting m’occupait près de 200 jours par an.<br />

Lorsque je suis passé à la voiture de tourisme, je ne roulais plus que<br />

six week-ends par an. J’ai alors mis mon temps libre à profit pour<br />

reprendre des cours, et décrocher mon diplôme en gestion d’entreprise,<br />

déjà conscient qu’il valait mieux assurer ses arrières, car tout peut se<br />

retourner assez vite dans le monde du sport automobile.<br />

(NDLR: il sera sacré champion d’Europe en karting et champion TCR Benelux sur une<br />

Honda Civic, avec l’équipe Boutsen Ginion Racing.)<br />

Un mot sur le WTCR auquel tu as participé avec Honda ?<br />

J’étais champion en titre du TCR Benelux, quand Honda m’a engagé<br />

comme pilote de remplacement, en WTCR. Leur pilote titulaire, Tiago<br />

Monteiro, s’est blessé, et j’ai participé aux six premières courses de la saison<br />

en Europe, avec un bilan très positif de trois top 5. Malheureusement,<br />

pour les quatre dernières manches en Asie, ils ont privilégié un pilote<br />

chinois. L’année suivante, les négociations ont été loin avec Honda, je me<br />

suis rendu au Japon, où nous avons même évoqué mon salaire de pilote<br />

officiel à temps plein. Mais trois semaines avant la première course, ils ont<br />

choisi un pilote hongrois qui a débarqué avec un budget de 1,5 million<br />

d’euros pour boucler la saison. Ils ont vite fait le calcul. C’est le côté obscur<br />

du sport automobile, le talent est loin d’être suffisant.<br />

Que dirais-tu à ceux qui prétendent qu’il faut avoir beaucoup<br />

d’argent pour devenir pilote ?<br />

Ils ont raison. C’est impossible de se lancer sans argent, il faut avoir<br />

quelqu’un avec les reins solides derrière soi. Dans le sport auto, pour y<br />

arriver, il faut prouver, et pour prouver, il faut payer. À titre d’exemple,<br />

une saison en TCR Benelux coûte environ 125.000 euros. Je n’aurais<br />

jamais pu réunir une telle somme sans l’aide de mes parents et de mes<br />

sponsors. Tant que je ne serai pas engagé comme pilote professionnel<br />

GT3, je devrai me battre pour obtenir les budgets. La moitié de l’année<br />

se résume à trouver des solutions pour pouvoir rouler la saison suivante.<br />

Rencontrer des gens et faire du networking, c’est la partie la moins<br />

comique du job, mais je n’y échappe pas.<br />

On imagine que la crise sanitaire n’arrange rien?<br />

Presque tout l’argent dans le sport auto vient des constructeurs,<br />

pour lesquels ça reste une vitrine qui n’est pas vitale. C’est donc les<br />

premiers budgets qu’ils coupent. Ce n’est pas trop la fête pour les<br />

pilotes. Il y a de plus en plus de pilotes confirmés sans baquet, qui<br />

acceptent donc de rouler pour trois fois rien. Cela ne facilite pas la<br />

tâche des jeunes qui se retrouvent dans une situation délicate.<br />

Quel est ton objectif pour la saison à venir ?<br />

Suite à mes bons résultats en GT4 au volant d’une BMW M4, et à<br />

ma participation aux 24 heures de Spa sur une « BMW Art Car » M6<br />

GT3, signée par l’artiste Peter Halley — grâce au soutien de mon ami,<br />

Alain Noirhomme, avec qui nous avons initié le projet —, je suis resté<br />

dans le giron de BMW. J’essaie de grandir avec eux, même si je n’ai pas<br />

de programme défini. Entre la préparation des voitures et l’arrivée de<br />

la nouvelle GT3, je croise les doigts pour qu’ils me trouvent un volant.<br />

« LA MOITIÉ<br />

DE L’ANNÉE<br />

<strong>SE</strong> RÉSUME À<br />

TROUVER DES<br />

SOLUTIONS <strong>POUR</strong><br />

POUVOIR ROULER<br />

LA SAISON<br />

SUIVANTE. »<br />

50<br />

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