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syndicom magazine No.23

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 23 juin-juillet 2021<br />

<strong>magazine</strong><br />

Nouvelles<br />

carrières,<br />

un dilemme


Annonce<br />

Enfin la retraite … Et subitement<br />

46 000 francs en moins!<br />

Nombre d’entre nous attendent la retraite avec impatience. Mais en cessant<br />

notre activité, nous perdons aussi une part considérable de nos revenus annuels:<br />

en moyenne 46 000 francs en Suisse.<br />

«Vous avez la possibilité<br />

de réduire cette baisse de<br />

vos revenus.»<br />

Tôt ou tard, un déclic se produit<br />

chez les personnes exerçant une<br />

activité professionnelle: malgré<br />

leur carrière, elles réfléchissent<br />

davantage à leur retraite, période<br />

propice à la réalisation<br />

de leurs rêves et à de nouveaux<br />

objectifs. Mais cette liberté prometteuse<br />

a un prix. Faisons le<br />

test: à quel montant avez-vous<br />

droit de la part de l’AVS? Sur<br />

quelles prestations de la caisse<br />

de pension pouvez-vous tabler?<br />

Avez-vous investi dans votre<br />

prévoyance privée, par exemple<br />

dans le cadre du pilier 3a? Bénéficiez-vous<br />

d’un patrimoine ou<br />

d’un héritage? La situation générale<br />

se présente mal. En Suisse,<br />

d’après les chiffres des nouvelles<br />

rentes de l’Office fédéral de la statistique, chaque habitant doit joindre les deux bouts en se voyant en moyenne privé de<br />

la moitié de ce qu’il touchait, soit 46 000 francs. Difficile à croire? Toutes les explications ici: cler.ch/rente<br />

Pour éviter d’avoir à vous serrer davantage la ceinture, demandez-vous comment vous envisagez votre retraite et déterminez<br />

quels seront vos revenus et vos dépenses. Certaines d’entre elles disparaîtront, comme les trajets vers votre lieu<br />

de travail et les repas à l’extérieur, mais vous vous essaierez aussi à de nouveaux hobbies parfois onéreux. Souvent, les<br />

coûts liés au logement, aux assurances et au foyer restent les mêmes.<br />

Une perspective d’amélioration pour chaque situation<br />

Nous vous donnons une meilleure vue d’ensemble de vos finances lors de votre retraite, principalement en vous présentant<br />

des pistes de planification à long terme pour améliorer votre situation future. Peut-être serait-il même judicieux de<br />

prendre plus tôt votre retraite? Mettez votre temps à profit et élargissez le champ des possibles en vous entretenant avec<br />

nous au plus tôt!<br />

Comme membre de <strong>syndicom</strong>, profitez d›un rabais* unique de 25% sur le conseil<br />

fiscal, le conseil successoral ou la planification de la retraite.<br />

* Conditions, dispositions et offre complète sur www.cler.ch/<strong>syndicom</strong><br />

dfi_Bank Cler_2021.indd 1 12.05.2021 14:19:05


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 Les nouvelles carrières<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

22 L’effet Bessemer<br />

24 Loi COVID-19<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> & friends<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

La Suisse est-elle un îlot de bienheureux et<br />

bienheureuses ? On pourrait le penser lorsqu’on<br />

lit qu’en Italie, un tiers (!) des jeunes de moins<br />

de 24 ans ne trouvent pas de travail, alors qu’en<br />

Suisse, le SECO fait état d’un taux de chômage<br />

juvénile de seulement 3,3 %. La vérité est autre.<br />

Il n’y a pas d’îlots dans le capitalisme. Et les statistiques<br />

sont trompeuses. En Suisse, la force<br />

de frappe des syndicats et le droit populaire de<br />

référendum mettent toujours un frein à la rage<br />

destructrice néolibérale. Mais une analyse précise<br />

montre que le chômage juvénile dans notre<br />

pays est au même niveau qu’en Allemagne (6 %),<br />

si ce n’est plus élevé. Beaucoup de jeunes<br />

craignent de ne pas trouver un bon emploi, de<br />

manquer de sécurité sociale ou de se retrouver<br />

au bout du compte sans perspectives, voire<br />

sans retraite. Donc sans possibilité de<br />

construire leur existence. La faute à la crise du<br />

COVID-19 ? Pas seulement. Les entreprises<br />

tentent de transformer le monde du travail. Les<br />

formes de travail « atypiques » comme le travail<br />

de plateforme, les minijobs et le travail sur appel<br />

augmentent. Aux Etats-Unis, le travail lié à<br />

la gig economy représente déjà 30 % du travail<br />

global. L’Europe suit de près, et la Suisse aussi…<br />

Cela pose d’énormes problèmes pour la sécurité<br />

de l’emploi, les assurances sociales et la formation.<br />

Là réside l’un de nos plus grands défis. Il<br />

faut syndiquer les pseudo-indépendant-e-s de<br />

l’économie du gig et garantir leur sécurité<br />

contractuelle et sociale. <strong>syndicom</strong> y travaille.<br />

4<br />

16<br />

30<br />

Daniel Münger<br />

Président <strong>syndicom</strong>


4<br />

Une fine équipe<br />

« Nous avons étudié chaque point du plan<br />

social en détail, sans rien laisser passer »<br />

Alain Offner (52 ans)<br />

Actif au sein de la CoPe depuis plus de<br />

20 ans, il travaille chez media f en tant<br />

qu’imprimeur offset. Il fêtera ses 30 ans<br />

au sein de la structure fribourgeoise<br />

dans deux ans.<br />

Stefania Carriero (39 ans)<br />

Arrivée dans l’entreprise en 2013, elle<br />

travaille comme assistante commerciale<br />

et responsable des apprenti-e-s.<br />

Elle a rejoint la CoPe en 2019.<br />

Marie-Jo Jordan (51 ans)<br />

Présidente de la CoPe, qu’elle a intégrée<br />

en 2016, elle s’engage dans le milieu associatif<br />

et comme membre de <strong>syndicom</strong>.<br />

Polygraphe et responsable des apprenti-e-s.<br />

Depuis 31 ans chez media f.<br />

Alexandra Risse Dougoud (40 ans)<br />

Elle occupe la fonction hybride de<br />

polygraphe et coordinatrice digitale.<br />

Active au sein de la CoPe depuis 2020,<br />

elle est aussi membre de <strong>syndicom</strong>.<br />

Santo Caldara (55 ans)<br />

Il intègre l’entreprise en 1987. Membre<br />

de <strong>syndicom</strong> depuis, il est aujourd’hui<br />

responsable du service d’impression digitale<br />

et formateur pour les apprenti-e-s.<br />

Actif au sein de la CoPe depuis 2017.<br />

Texte : Robin Moret<br />

Image : media f<br />

« Notre majorité féminine<br />

a eu un impact<br />

très favorable »<br />

En tant que membres de la CoPe,<br />

notre rôle est de défendre les acquis<br />

sociaux de notre entreprise et nous<br />

mettons un point d’honneur à ce que<br />

ceux-ci ne soient pas uniquement cités<br />

pour faire bonne presse, mais<br />

aussi qu’ils soient appliqués ! Cette<br />

vocation a dicté notre travail lors des<br />

négociations du plan social. Dans ce<br />

processus, le soutien moral et les<br />

conseils de <strong>syndicom</strong> nous ont été<br />

très précieux, notamment au moment<br />

d’affronter diverses problématiques<br />

juridiques. Malgré l’absence<br />

de syndicats à la table des négociations,<br />

sur décision de notre direction,<br />

nous avons travaillé main dans<br />

la main.<br />

Un grand investissement de<br />

temps et d’énergie, en plus de nos<br />

emplois, nos familles et nos vies privées,<br />

a été déployé. Avec une majorité<br />

féminine dans un milieu masculin,<br />

nous étions conscient-e-s de la difficulté<br />

de la tâche, mais nous nous y<br />

sommes attelé-e-s avec toutes nos<br />

forces et une grande détermination.<br />

Notre avons le sentiment que notre<br />

travail a été apprécié par nos collègues.<br />

Malgré la situation sanitaire,<br />

nous avons pu organiser des assemblées<br />

du personnel pour expliquer le<br />

contenu du plan social. Tout le<br />

monde pouvait s’exprimer et ces<br />

échanges ont été importants. Un climat<br />

de confiance envers la commission<br />

s’est vraiment installé. Nous le<br />

constatons encore actuellement avec<br />

des collègues qui viennent spontanément<br />

nous poser des questions ou<br />

nous demander des conseils.<br />

Aujourd’hui, nous pensons avoir<br />

relevé le plus grand des défis en faisant<br />

en sorte que nos collègues licencié-e-s<br />

bénéficient des meilleures<br />

conditions de préretraites, de réorientation<br />

professionnelle et de<br />

soutien financier, mais le travail de<br />

la CoPe ne s’arrête pas pour autant.<br />

Nous mettons toute notre énergie<br />

dans l’accompagnement des collègues<br />

concerné-e-s. Et notre entreprise<br />

est en pleine restructuration.<br />

Nous allons être divisé-e-s en deux<br />

entités, il s’agira donc de reconstituer<br />

une commission avec la nouvelle<br />

entité en trouvant des collègues<br />

motivé-e-s à s’investir dans le travail<br />

crucial de la CoPe. Toujours avec, au<br />

centre de notre mission, la volonté<br />

de défendre les valeurs sociales qui<br />

nous sont chères.


Brèves<br />

Première étape pour la 13 e rente AVS \ Présidence du Conseil<br />

suisse de la presse \ <strong>syndicom</strong> rejoint l’alliance climatique \<br />

Campagne de vaccination \ Kit pour illustrateurs-rices \<br />

Bibliothèque ouvrière \ Contrôles sur le marché postal<br />

5<br />

Nous voterons sur la<br />

13 e rente AVS !<br />

Campagne de vaccination et<br />

temps de travail<br />

Agenda<br />

Le 28 mai, les syndicats de l’USS ont remis<br />

plus de 110 000 signatures à la<br />

Chancellerie fédérale. C’est donc clair :<br />

nous voterons sur une 13 e rente AVS.<br />

Nous avons dépassé les 100 000 signatures<br />

requises, alors même que les restrictions<br />

sanitaires ont considérablement<br />

compliqué la collecte des<br />

paraphes dans la rue. Cela montre à<br />

quel point la question est d’actualité.<br />

Nous devons augmenter les retraites au<br />

lieu de les réduire au détriment des<br />

femmes. Les arguments : <strong>syndicom</strong>.ch/<br />

eZdwh<br />

Le Conseil suisse de la presse<br />

a une nouvelle présidente<br />

Martina Fehr a été élue à la présidence<br />

du conseil de fondation du Conseil<br />

suisse de la presse. La directrice de<br />

l’école de journalisme MAZ, ancienne<br />

rédactrice en chef de Somedia, succède<br />

à Markus Spillmann. La nouvelle présidente<br />

a immédiatement rappelé<br />

« qu’une instance de recours éthique,<br />

professionnelle et indépendante est importante<br />

dans le système médiatique ».<br />

<strong>syndicom</strong> rejoint l’alliance<br />

climatique suisse<br />

Des actions collectives s’imposent pour<br />

enrayer le changement climatique. Raison<br />

pour laquelle <strong>syndicom</strong> a adhéré à<br />

l’alliance climatique, un réseau de plus<br />

de 100 institutions, ONG et organisations<br />

de la société civile. Ensemble,<br />

nous nous engageons à la réalisation<br />

des objectifs climatiques de l’Accord de<br />

Paris, en soutenant une politique climatique<br />

ambitieuse, juste et durable pour<br />

la Suisse.<br />

De nombreuses entreprises sont pointées<br />

du doigt pour demander à leurs<br />

employé-e-s de participer à la campagne<br />

de vaccination COVID-19 en dehors<br />

des heures de travail. <strong>syndicom</strong><br />

dénonce vigoureusement cette pratique<br />

et rappelle que les employeurs<br />

sont dans l’obligation de libérer les<br />

travailleurs-euses pour la vaccination,<br />

quelle que soit l’heure du rendez-vous<br />

obtenu. En situation d’urgence sanitaire,<br />

et donc d’un besoin d’intérêt<br />

public, nous plaidons aussi pour que la<br />

vaccination soit considérée comme<br />

temps de travail rémunéré.<br />

Kit de démarrage pour les<br />

illustratrices et illustrateurs<br />

Modèles d’offres, droit d’auteur, prévoyance<br />

professionnelle, calcul de devis,<br />

exemples de comptabilité, etc.<br />

Tous ces documents utiles figurent<br />

dans le kit de démarrage élaboré par le<br />

groupe d’illustrateurs-rices de <strong>syndicom</strong><br />

désormais disponible en français.<br />

Né de la volonté que chacun-e puisse<br />

être préparé face aux enjeux administratifs<br />

et financiers de son activité, le<br />

kit vous attend sur my.<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Bibliothèque ouvrière<br />

Inaugurée à Fleurier, dans le val de Travers,<br />

à l’occasion de la fête du travail,<br />

une nouvelle bibliothèque ouvrière célèbre<br />

les travailleures-euses. Vous y<br />

découvrirez de nombreux ouvrages,<br />

allant de la Révolution française aux<br />

guerres de libération, en passant par la<br />

riche histoire ouvrière de la région.<br />

Plus d’information : <strong>syndicom</strong>.ch/0xrYd<br />

Logistique – les lois valent<br />

pour toutes et tous<br />

En tant qu’autorité de surveillance du<br />

marché postal, la PostCom a décidé de<br />

renforcer les vérifications visant à ce<br />

que les entreprises de logistique s’acquittent<br />

de leur obligation de s’annoncer<br />

et du contrôle de leurs sous-traitants.<br />

Si <strong>syndicom</strong> salue cette étape,<br />

seule une CCT déclarée de force obligatoire<br />

dans la branche régulera le marché<br />

de façon durable. Nous y travaillons<br />

d’arrache-pied.<br />

Juin<br />

13<br />

Votation populaire<br />

Plusieurs objets seront soumis en<br />

votation le dimanche 13 juin. L’USS<br />

recommande de voter OUI à la loi<br />

COVID-19 (voir page 24), OUI à la loi sur<br />

le CO 2<br />

et NON à la loi sur les mesures<br />

policières de lutte contre le terrorisme.<br />

14<br />

Grève des femmes<br />

Journée de mobilisation dans toute la<br />

Suisse, au travail et dans la rue – dans<br />

le respect des consignes sanitaires –,<br />

pour plus de respect, de meilleurs salaires<br />

et de meilleures rentes pour les<br />

femmes. Plus d’infos sur : 14juin.ch<br />

Jusqu’au 27.6<br />

Quoi de neuf pussyhat ?<br />

Un état des lieux et une réflexion en<br />

matière de construction des rôles et<br />

des identités de chacun-e à découvrir<br />

au Musée Historique de Lausanne.<br />

Jusqu’au 14.11<br />

Des femmes au palais fédéral<br />

Le Musée d’Histoire de Berne et de<br />

l’Université de Berne retrace 50 ans de<br />

suffrage féminim en Suisse à travers<br />

l’histoire de douze politiciennes<br />

fédérales de la première heure.<br />

A découvrir jusqu’au 14 novembre.<br />

Novembre<br />

26-27.11<br />

Congrès <strong>syndicom</strong><br />

A vos agendas. Le congrès ordinaire de<br />

<strong>syndicom</strong> se tiendra du 26 au 27 novembre<br />

au Parkhotel & Westhalle de<br />

Langenthal. Inscription nécessaire sur<br />

ton profil de membre my.<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Délai de soumission des propositions :<br />

3 septembre 2021.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Simon Jacoby est rédacteur en chef et cofondateur du<br />

employeurs<br />

média civique Tsüri.ch. Misant sur un journalisme participatif<br />

au plus proche de sa communauté, le média zurichois a fêté<br />

ses six ans d’existence en début d’année.<br />

1<br />

Tsüri.ch est un nouveau type de média<br />

local. A quels besoins répond-il ?<br />

Les jeunes veulent être pris en<br />

compte par le <strong>magazine</strong> de leur ville.<br />

Ils veulent participer – en ligne ou via<br />

des assemblées – à des événements et<br />

des débats qui touchent à la vie urbaine.<br />

C’est ce que nous entendons<br />

proposer à travers un journalisme interactif,<br />

qui forme le socle du journalisme<br />

citoyen. Nous voulons aussi<br />

rendre les sujets politiques accessibles<br />

à un public jeune grâce à un<br />

journalisme constructif.<br />

2<br />

Qu’entend-on exactement par<br />

« journalisme citoyen » ?<br />

Avec cette forme très interactive de<br />

journalisme, au lieu de servir de<br />

longs discours à nos lecteurs, nous<br />

créons des formats numériques et<br />

analogiques qui leur permettent de<br />

s’impliquer directement. Nous nous<br />

concentrons principalement sur de<br />

grandes thématiques et proposons<br />

différents événements ouverts,<br />

comme des workshops, des jeux, des<br />

discussions ou des promenades urbaines.<br />

Les gens apprécient !<br />

3<br />

En tant qu’employeur, en quoi<br />

Tsüri.ch se différencie-t-il des autres<br />

médias ?<br />

Il existe chez nous une hiérarchie<br />

plate, de nombreuses possibilités de<br />

participation et une vision commune.<br />

Les personnes impliquées se reconnaissent<br />

dans le projet et la collaboration<br />

est amicale et ouverte. Il est<br />

frappant de constater à quel point<br />

cette démarche sociale peut susciter<br />

de l’engagement au sein de notre<br />

équipe. Malgré de bas salaires, nous<br />

créons ainsi un bon climat de travail.<br />

4<br />

Pourquoi Tsüri.ch n’a-t-il pas encore<br />

de CCT ?<br />

Comme les négociations avec l’ancienne<br />

association des éditeurs (Verband<br />

Schweizer Medien VSM)<br />

semblent piétiner, nous envisageons<br />

de négocier une CCT avec l’association<br />

« Verband Medien mit Zukunft ».<br />

Nous nous réjouissons des échanges<br />

à venir avec les syndicats. Aujourd’hui<br />

comme demain, il est important que<br />

l’être humain figure au centre. De<br />

bonnes conditions de travail sont essentielles.<br />

Elles offrent une sécurité<br />

et profitent à tout le monde.<br />

5<br />

Comment concilier l’avenir des<br />

médias avec des conditions de travail<br />

progressistes ?<br />

L’un ne va pas sans l’autre : le journalisme<br />

n’existe que grâce à des personnes<br />

passionnées et motivées. De<br />

bonnes conditions de travail ne sont<br />

pas juste un plus, elles sont indispensables.<br />

Nous devons stopper la fuite<br />

des cerveaux vers la branche de la<br />

communication. Faute de quoi, la situation<br />

des médias s’assombrira davantage.<br />

Le financement du journalisme<br />

sera à ce titre l’un des plus<br />

grands défis ces prochaines années.<br />

Mais nous sommes sur la bonne voie.<br />

6<br />

Quels sont les prochains objectifs de<br />

Tsüri.ch ?<br />

Notre communauté estime qu’il faut<br />

renforcer le pouvoir rédactionnel au<br />

sein de son <strong>magazine</strong> urbain. Nous<br />

nous apprêtons donc à lancer en juin<br />

une campagne pour trouver<br />

1000 nouveaux membres, en vue de<br />

créer un nouveau poste dédié uniquement<br />

aux thèmes climatiques. A l’avenir,<br />

Tsüri.ch ne veut pas se contenter<br />

de proposer des débats intéressants<br />

avec la communauté. Nous voulons<br />

mener ensemble les débats les plus<br />

importants de la ville.<br />

Texte : Idris Djelid<br />

Image : Tsüri.ch


L’invité<br />

Notre système social repose sur<br />

des rapports de travail traditionnels. Il fait une<br />

distinction claire entre employeurs et salarié-e-s.<br />

Ces derniers sont obligatoirement assuré-e-s<br />

contre le chômage depuis 1977. En revanche,<br />

les indépendant-e-s ne le sont pas, car le<br />

chômage est considéré comme un risque entrepreneurial.<br />

Ce système a de moins en moins sa<br />

place dans les parcours actuels de vie, où l’on<br />

trouve toujours plus de freelances, d’employé-e-s<br />

temporaires et d’indépendant-e-s<br />

partiel-lle-s. De nouvelles formes d’occupation,<br />

telles que les emplois de la gig economy et le<br />

« crowd work », conquièrent le monde du travail.<br />

C’est un défi pour l’assurance chômage, qui ne<br />

s’applique pas à ces modèles de travail. Les<br />

freelances sont en général traité-e-s comme<br />

des indépendant-e-s, qui n’ont pas d’assurance<br />

chômage. La précarité menace lorsque l’économie<br />

tourne mal et que les commandes<br />

manquent. La pandémie a clairement montré<br />

qu’il est nécessaire d’agir dans ce domaine.<br />

Plusieurs pays connaissent déjà de nouvelles<br />

formes d’assurance, qui fonctionnent cependant<br />

plutôt mal que bien. Le problème est appelé<br />

« sélection adverse »: les personnes incitées<br />

à s’assurer sur une base volontaire sont surtout<br />

celles qui font de mauvaises affaires et qui<br />

courent le risque de se retrouver sans mandats.<br />

Pour celles qui réussissent, par contre, l’assurance<br />

est synonyme de coûts supplémentaires<br />

alors qu’elles n’en profiteront jamais. Il est donc<br />

impossible d’en assurer ainsi le financement.<br />

Seuls les systèmes obligatoires s’avèrent performants.<br />

Et là aussi, il faut bien réfléchir à leur<br />

conception. Quelle baisse du chiffre d’affaires<br />

donne droit à une prestation, et combien de<br />

temps doit-elle être accordée ? Une équipe de<br />

recherche de la Haute école spécialisée du nordouest<br />

de la Suisse s’est attelée à l’élaboration<br />

d’une solution praticable pour <strong>syndicom</strong>.<br />

Assurance sociale<br />

pour les nouvelles<br />

formes de travail<br />

Mathias Binswanger est professeur en<br />

économie politique à la Haute école<br />

spécialisée du nord-ouest de la Suisse<br />

(FHNW) à Olten et il enseigne à l’Université<br />

de Saint-Gall. Il est l’auteur de « Die<br />

Tretmühlen des Glücks » (Les courses au<br />

bonheur). Paru en 2006, ce livre est devenu<br />

un bestseller en Suisse. Son dernier<br />

ouvrage, sorti en 2019, s’intitule<br />

« Der Wachstumszwang : Warum die<br />

Volkswirtschaft immer weiterwachsen<br />

muss, selbst wenn wir genug haben »<br />

(Les contraintes de la croissance :<br />

pourquoi l’économie doit continuer à<br />

croître, alors que nous avons assez).<br />

Selon le classement des économistes<br />

de la NZZ publié en 2020, Mathias<br />

Binswanger est l’un des trois économistes<br />

les plus influent-e-s de Suisse.<br />

7


10 Les carrières alternatives, quels enjeux ?<br />

13 Le droit de se former pour tracer sa propre carrière<br />

14 Les prochaines générations sur le marché du travail<br />

Dossier 9<br />

La fin<br />

du travail<br />

et son<br />

futur


10 Dossier<br />

Crise : l’attaque contre le travail<br />

Petits boulots, faux indépendant-e-s, travail<br />

sur appel : prétextant la crise, les patrons<br />

tentent d’imposer des formes précaires de<br />

travail. Que faire ?<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

La nouvelle a de quoi surprendre. Ces jours-ci, en pleine<br />

crise pandémique, alors que se multiplient les licenciements,<br />

le chômage partiel et les crédits d’urgence, un<br />

nombre particulièrement élevé d’entreprises sont créées.<br />

Et beaucoup de leurs fondateurs-rices ont moins de 30<br />

ans. Ces personnes nées après 1995, appelées la génération<br />

Z par les sociologues de comptoir, seraient très<br />

flexibles, bien réseautées et dotées d’un esprit d’entrepreneuriat<br />

– à la plus grande joie des commentateurs néolibéraux<br />

et des baveux-euses du marketing. Mais ils oublient<br />

une chose : les nouvelles entreprises sont presque<br />

toutes des marques individuelles. Ce sont des entreprises<br />

constituées d’une seule personne. Les fondateurs-rices<br />

agissent souvent par nécessité. Ils réagissent à un marché<br />

du travail qui leur ferme ses portes, avec 250 000 demandeurs<br />

d’emploi, une entrée dans la vie professionnelle<br />

plus difficile et un nombre croissant de profils d’emploi<br />

étroits et mal rémunérés dans des entreprises fortement<br />

hiérarchisées et axées sur le seul profit.<br />

Les personnes de moins de 30 ans n’ont rien connu<br />

d’autre que le capitalisme financier néolibéral. Le chacun<br />

pour soi, le travail qui n’est qu’une marchandise, pendant<br />

que la solidarité et le service public sont l’œuvre du diable.<br />

Ils ont grandi dans trois crises bouleversantes. En 2008,<br />

une crise financière et économique globale. Puis la catastrophe<br />

climatique. Et maintenant, la nouvelle crise économique<br />

et la pandémie. Les jeunes générations ne souhaitent<br />

pas s’installer dans des conditions de travail et de<br />

vie précaires, mais tentent de trouver leur propre voie<br />

dans une économie du moins-disant et une société aux<br />

liens faibles (voir page 14).<br />

Les longues carrières dans la même profession et entreprise<br />

(comme celles de leurs parents), où on a changé<br />

en 40 ans deux fois de côté de couloir et une fois d’étage,<br />

ont perdu leur attrait. Pas étonnant : elles sont devenues<br />

une fiction dans le capitalisme acéré. Les statistiques publiées<br />

par le SEFRI (Secrétariat d’État à la formation, à la<br />

recherche et à l’innovation) montrent que seule une minorité<br />

des trentenaires travaillent dans le métier initialement<br />

appris. Ils sont plus agiles, changent plus souvent de<br />

domaine d’activité, doivent faire face à des interruptions<br />

de carrière et des biographies professionnelles non<br />

conventionnelles. Cela a forcément des conséquences sur<br />

la formation professionnelle et pose le défi de la mise en<br />

place d’une offre de formation continue et de reconversion<br />

permanentes, telles que le second apprentissage, des<br />

offres inédites de passerelle et le droit à une formation<br />

gratuite tout au long de la vie (voir page 13).<br />

Il convient toutefois d’écarter d’emblée un malentendu<br />

: l’évolution des attitudes à l’égard du travail, de l’emploi<br />

et de la carrière ne sont pas un caprice des jeunes<br />

travailleurs et travailleuses. Cela concerne toutes les générations,<br />

comme le montrent les données de notre infographie.<br />

Et l’évolution des exigences professionnelles suit de<br />

près les changements brutaux du monde du travail. Durant<br />

la crise, le travail est pour les actionnaires, pour le capital,<br />

la masse avec laquelle ils peuvent jouer.<br />

La crise ? Pas pour tout le monde<br />

La double crise, qui secoue le monde depuis 15 mois, est<br />

implacable. Partant d’une crise économique globale en<br />

2018, elle a débouché au printemps 2020 sur la pandémie,<br />

avec ses confinements, ses ordonnances d’exception et<br />

ses couvre-feux ici et là en Europe. Sans compter le chômage<br />

partiel, le télétravail numérique et la peur omniprésente<br />

d’une mort possible par les seuls contacts humains.<br />

La crise ? Pas pour tous. Les 20 plus grandes entreprises<br />

du pays distribuent cette année des dividendes à<br />

hauteur de 40 milliards de francs. Plus quelques milliards<br />

de bonus. Les gagnant-e-s de la crise encaissent des<br />

sommes colossales. Si l’on ajoute aux dividendes les rachats<br />

d’actions des entreprises et les distributions de bénéfices<br />

des autres sociétés par actions, quelques milliers<br />

d’actionnaires et une poignée de fonds financiers s’enrichissent<br />

de plus de 100 milliards de francs. C’est plus que<br />

ce que la Confédération a mis à disposition via les programmes<br />

d’urgence pour surmonter la crise du COVID-19.<br />

Et ces entreprises ont presque toutes abondamment puisé<br />

dans les mannes des finances publiques. Nous assistons<br />

au plus grand pillage de l’histoire suisse.<br />

Cette crise est avant tout impitoyable pour les 150 000<br />

chômeurs-euses officiellement enregistré-e-s, les 400 000<br />

personnes au chômage partiel et pour des centaines de<br />

milliers d’autres en situation de sous-emploi – avant tout<br />

des indépendant-e-s et des femmes. Mais aussi pour les<br />

nombreux salarié-e-s évincé-e-s (femmes et personnes<br />

d’un certain âge) du marché de l’emploi ou qui n’y ont jamais<br />

trouvé leur place : le taux d’activité des 15-24 ans a<br />

brusquement chuté – et la tendance se poursuit. Certains<br />

ont cherché une nouvelle formation. Mais les statistiques<br />

ignorent ce que font beaucoup d’entre eux. Ils ont disparu<br />

du radar.<br />

Des projets de vie s’effondrent ou sont suspendus. Les<br />

plans restent lettre morte. L’autodétermination est un<br />

vain mot. La peur et la frustration rongent l’âme. La Suisse<br />

est au bord d’une crise de nerfs collective. Cette situation<br />

s’explique également par le fait que cette crise révèle les<br />

failles de l’ordre économique et social. L’inégalité croissante,<br />

la transformation numérique, les retraites en<br />

baisse, les attaques contre les rapports (de travail) contractuels<br />

sécurisés et la sécurité sociale, le décloisonnement<br />

du temps de travail, le désastre écologique et la concentration<br />

du capital ne sont pas nouveaux. Ce sont les lois du<br />

capitalisme néolibéral. Mais la double crise a accéléré et<br />

exacerbé à l’extrême ces processus.<br />

La gig economy<br />

est une forme<br />

de dumping<br />

social


Un principe économique implacable est ici à l’œuvre :<br />

toute crise du capitalisme, avec ou sans épidémie, entraîne<br />

une densification de l’économie. La dernière stratégie<br />

du capitalisme vise à organiser différemment le travail.<br />

Il y a 40 ans, cette réorganisation s’est traduite par<br />

une nouvelle répartition du travail à l’échelle internationale,<br />

via des délocalisations dans des pays à bas salaires.<br />

Mot-clé : la fabrique mondiale chinoise. Aujourd’hui, la<br />

stratégie vise à détacher les rapports de travail des conventions<br />

collectives, de la protection de l’emploi, des conditions<br />

d’acceptabilité locale et des lois nationales. La numérisation<br />

en fournit les instruments. Un exemple : le<br />

design de produits est de plus en plus souvent mis au<br />

concours sur le web. L’offre est attribuée à qui convient le<br />

mieux ou est le moins cher – peu importe que la personne<br />

se trouve au Groenland, à Milan ou au Tadjikistan.<br />

Le rêve du capital : le travail façon gig economy<br />

Les tendances les plus marquées à la dérégulation du travail<br />

sont déjà clairement perceptibles :<br />

– Des départements entiers d’entreprises sont externalisés<br />

vers des entreprises qui n’ont pas signé de convention<br />

collective. Exemples types : nettoyage, logistique,<br />

sécurité, comptabilité, finances, services à la clientèle.<br />

– Les modèles « atypiques » de travail ont le vent en poupe :<br />

temps partiel, travail sur appel, minijobs, stages. En<br />

Suisse, il n’existe que des statistiques lacunaires à ce<br />

sujet. Mais les chiffres étrangers sont alarmants.<br />

– Dans les mois à venir, de nombreuses entreprises basculeront<br />

complètement ou en partie vers le télétravail numérique.<br />

On peut voir où cela mène avec les entreprises<br />

du big data. Elles emploient des armées de « prolétaires<br />

du clic », qui sont si mal payés au clic qu’ils n’arrivent<br />

pas à un revenu correct même pour une journée de<br />

douze heures (on ne peut plus parler de salaire). Le télétravail<br />

exige d’importants efforts de réglementation et<br />

des révisions de CCT (infrastructure ; temps de travail ;<br />

limitation du « taylorisme numérique », donc de la surveillance<br />

électronique et du chronométrage du travail,<br />

etc.)<br />

Le plus grand défi pour des conditions de travail dignes<br />

concerne toutefois le travail de la gig economy, aussi<br />

appelé ubérisation. Cette forme de travail est le rêve turbo-féodal<br />

des actionnaires. Les gig workers sont des travailleurs-euses<br />

de plateforme pseudo-indépendant-e-s<br />

que l’on retrouve dans presque toutes les professions, et<br />

de plus en plus souvent même dans des emplois hautement<br />

qualifiés. Ils et elles travaillent pour de grands<br />

groupes ou via une entreprise de placement. Lors d’un<br />

congrès syndical à Chicago, un architecte paysagiste a raconté<br />

qu’il avait conçu un jardin d’hiver pour le propriétaire<br />

d’une villa, réparé une rupture de canalisation et<br />

conduit ensuite son fils au stade de foot – comme gig worker,<br />

pour quelques dollars.<br />

Cette forme de travail connaît une véritable explosion,<br />

souvent aussi avec des formes extrêmes d’auto-exploitation<br />

de celles et ceux qui exercent plusieurs activités sur<br />

appel. Du point de vue suisse, cela peut paraître exotique.<br />

Mais ça ne l’est pas : aux Etats-Unis, le travail lié à la gig<br />

economy représentait déjà il y a cinq ans 30 % du travail<br />

global fourni. Dans l’UE, il se limitait encore à moins de<br />

10 %. Quelques années plus tard, l’OCDE estime qu’il franchit<br />

le seuil des 30 % aussi dans l’UE. Il n’existe pas de<br />

chiffres fiables pour la Suisse et le SECO minimise le phénomène.<br />

Dumping social dans l’entreprise en solo<br />

Cela peut paraître étrange, mais le travail de la gig economy,<br />

qui est en fait une forme de dumping social, véhicule<br />

une idée romantique d’indépendance, de flexibilité,<br />

de SA individuelle, de self-made et de techno-modernité.<br />

La « génération Z », en particulier, serait encline à ces<br />

formes de travail, comme le montrent de nombreuses<br />

études. Mais il vaut la peine d’y regarder de plus près.<br />

Dans le baromètre des préoccupations des 18-25 ans,<br />

leur sécurité économique et sociale arrive souvent en tête,<br />

après l’écologie. La sécurité est le mot-clé. Il rappelle une<br />

vérité élémentaire : tout le discours sur le PIB, la concurrence<br />

et les rendements, la croissance nécessaire et les<br />

marchés autorégulateurs, etc. n’est rien d’autre que l’idéo-


12 Dossier<br />

logie des puissants. L’humain, dans sa substance anthropologique,<br />

ne survit qu’en société. Ce n’est que lorsqu’il a<br />

résolu collectivement le problème de son dénuement,<br />

c’est-à-dire de son insécurité sociale et économique, qu’il<br />

peut développer son libre arbitre, son individualité, la<br />

culture, la connaissance, une coexistence civilisée et la démocratie.<br />

Autrement dit, tout ce que les néolibéraux<br />

veulent détruire. Les conditions de cette sécurité sont des<br />

salaires justes, la garantie de l’emploi et des conditions de<br />

travail correctes. Mais aussi du temps libre, des assurances<br />

sociales étendues, le service public et la justice fiscale.<br />

En cette période de capitalisme acéré et de double<br />

crise, de systèmes sociaux mis à mal et de rentes en baisse,<br />

cela pose des défis majeurs. Avant tout aux syndicats.<br />

Les gigs ne sont pas un gag !<br />

Il s’agit tout d’abord de dompter les nouvelles formes de<br />

travail. Le travail n’est pas une marchandise comme le<br />

capitalisme tend à l’imposer. C’est bien plus : un lieu<br />

d’effort commun. Un lieu que l’on quitte le soir en disant<br />

à demain. Mais dans le monde salarié moderne, le travail<br />

a été vidé de son sens. Pire encore : un gig worker pseudo-indépendant<br />

qui se lance sur le marché n’est pas un<br />

entrepreneur – il reste un-e travailleur-euse. Et avec un<br />

statut très précaire.<br />

Mais il y a une bonne nouvelle : maîtriser le travail de<br />

la gig economy n’est pas sorcier. Des modèles intelligents<br />

existent déjà à cet effet. Le principe est simple : toute<br />

forme de travail effectué sur instruction déclenche automatiquement<br />

un contrat de travail, avec tout ce qu’il implique<br />

(même si les gig workers se définissent comme entreprise<br />

individuelle) : cotisations aux assurances sociales,<br />

Le travail n’est pas<br />

une marchandise<br />

comme le capitalisme<br />

tend à l’imposer<br />

déductions fiscales, assurance maladie et accident, droit<br />

à des vacances, etc. Dans certains pays, ces garanties<br />

existent déjà pour les employé-e-s d’Uber. Le simple fait<br />

que les deux parties soient obligées de se déclarer pourrait<br />

résoudre ce problème pour toute forme de travail de plateforme.<br />

En Suisse, ces problèmes sont en principe résolus<br />

dans le cadre du partenariat social, donc par le biais de<br />

conventions collectives que le gouvernement peut déclarer<br />

de force obligatoire. Mais Uber et Cie résistent toujours<br />

à l’idée d’être considérés comme des employeurs, en<br />

utilisant tous les moyens légaux et de communication à<br />

disposition. Ce faisant, ils refusent d’accepter leur responsabilité<br />

sociale et le partenariat social.<br />

Un groupe de membres de <strong>syndicom</strong> a déjà fait de<br />

vastes (et douloureuses) expériences avec une forme particulière<br />

du gig work, dans la zone d’ombre entre travail<br />

indépendant (freelances) et indépendance fictive : journalistes,<br />

photographes, graphistes, concepteurs-rices... Sur<br />

mandat du secteur Médias, la Haute école spécialisée du<br />

nord-ouest de la Suisse planche actuellement, sous la direction<br />

du professeur Mathias Binswanger, sur un modèle<br />

visant à garantir leur sécurité sociale (voir page 7). Affaire(s)<br />

à suivre.


Dossier<br />

Des adultes en reconversion<br />

13<br />

Alors que les trajectoires professionnelles au<br />

sein des entreprises se transforment et les<br />

carrières changent, de nouveaux modèles<br />

de formation continue sont à explorer. Entre<br />

aspirations et réalités économiques, tour<br />

d’horizon de quelques pistes en Suisse.<br />

Texte : Muriel Raemy<br />

On peut le dire, la formation continue en Suisse est complexe.<br />

Elle vient, dans une large mesure, combler les besoins<br />

de l’économie de marché, mais il est attendu qu’elle<br />

contribue également à maîtriser les défis économiques,<br />

sociaux, digitaux, culturels ou encore écologiques. Pour<br />

Caroline Meier, membre de la direction de la Fédération<br />

suisse pour la formation continue (FSEA), les différents<br />

échelons politiques ainsi que la diversité des prestataires<br />

publics ou privés rendent l’éducation tout au long de la vie<br />

encore plus difficile à cerner. « Nous faisons face à une révolution<br />

au niveau des contenus, des méthodes, voire de<br />

la définition même de la formation continue. »<br />

Depuis 2017, la Suisse dispose d’une loi sur la formation<br />

continue. Celle-ci fixe les conditions-cadres qui englobent<br />

les apprentissages après la scolarité obligatoire –<br />

que les cursus soient diplômants ou non formels. Elle<br />

n’est malheureusement pas très visionnaire et se<br />

concentre avant tout sur la distribution d’aides financières.<br />

Avec le programme « Simplement mieux !... au travail<br />

», par exemple, la Confédération encourage les entreprises<br />

à mettre sur pied les formations qui aideront, à<br />

partir des situations concrètes et pratiques vécues sur le<br />

lieu de travail, les employé(e)s à développer des savoirs<br />

immédiatement mobilisables au quotidien. Certains<br />

métiers organisent quant à eux leur propre formation<br />

continue, à l’instar du projet « MEM-Passerelle 4.0 », l’initiative<br />

de reconversion professionnelle de Swissmem,<br />

l’association faîtière des PME et des grandes entreprises<br />

de l’industrie suisse des machines, des équipements électriques<br />

et des métaux – obtenue lors des négociations<br />

pour le renouvellement de la convention collective de<br />

travail (CCT) de la branche.<br />

Cette sorte de formation continue reste toutefois fortement<br />

orientée, voire réduite, à des fins professionnelles,<br />

essentiellement axées sur les compétences techniques et<br />

l’exploitabilité directe. « Or aujourd’hui, les changements<br />

radicaux tels que la numérisation, la raréfaction des ressources<br />

naturelles ou le réchauffement climatique demandent<br />

d’autres compétences. De celles qui contribueront<br />

à résoudre les problèmes complexes des individus,<br />

dans les organisations, les communautés, les sociétés ou<br />

à l’échelle mondiale. »<br />

Vers de nouveaux modèles ?<br />

Sans parler des aspirations d’adultes de plus en plus nombreux<br />

à changer de parcours professionnels ou à se reconvertir.<br />

Si la loi précise que « la formation continue relève<br />

de la responsabilité individuelle », pour Caroline Meier<br />

c’est à l’Etat de fixer les conditions-cadres. « A la FSEA,<br />

nous militons pour une réflexion sur la prise en compte<br />

des situations individuelles dans la formation, pour un<br />

système qui valide les acquis du parcours professionnel et<br />

accorde à chacun et chacune d’aller chercher les compétences<br />

qui lui manquent. » Le canton de Vaud s’est prononcé<br />

en faveur de ce processus par validation des acquis<br />

(VAE). Son portail de certification pour adultes évalue et<br />

reconnaît les expériences professionnelles dans un domaine<br />

afin que les personnes puissent les faire reconnaître<br />

en vue d’obtenir tout ou partie d’un nouveau CFC.<br />

Reste la question cruciale du financement de ces formations<br />

et réorientations professionnelles. Pour <strong>syndicom</strong>,<br />

les droits à la formation et au perfectionnement<br />

doivent être inscrits dans les conventions collectives de<br />

travail (CCT), très concrètement sous forme de temps,<br />

d’offre et d’argent. Ce qui peut se révéler impossible pour<br />

certaines entreprises. Le canton de Genève a répondu partiellement<br />

au problème en introduisant un chèque annuel<br />

de formation, à hauteur de 750 francs suisses par an. Un<br />

montant suffisant ? Le modèle du futur viendra peut-être<br />

du privé. Le 42 Network offre un cursus de développeur<br />

100 % gratuit ! Admission selon les compétences et non les<br />

diplômes – une seconde chance pour tous et toutes ! – méthodes<br />

pédagogiques décentralisées, cadence personnalisée<br />

sur deux à cinq ans : est-ce là l’école du futur ? Ce modèle<br />

ne parle pas de la manière dont les étudiant-e-s<br />

subviennent à leurs besoins, et il n’est certainement pas<br />

si simple à répliquer dans toutes les branches. Mais le côté<br />

« à la carte » et professionnalisant pourrait bien bousculer<br />

les normes, rendant de plus en plus visible le besoin urgent<br />

d’un financement public solide. L’année de pandémie<br />

fait bouger les fronts : dans les discours tant économiques<br />

que sociaux, la sécurité de l’emploi prime<br />

désormais sur l’efficience économique. Aux syndicats et<br />

au patronat de lutter pour que se former devienne un<br />

droit.<br />

Site de la Fédération suisse pour la<br />

formation continue : alice.ch


14<br />

Dossier<br />

Le travail est mort,<br />

vive le travail !<br />

Le monde du travail se transforme, et avec lui,<br />

les exigences d’une nouvelle génération de<br />

travailleuses et travailleurs.<br />

Texte : Eva Hirschi<br />

« La génération Z travaille pour vivre – au lieu de vivre pour<br />

travailler. » C’est à cette conclusion qu’aboutissent Catherine<br />

Tanguy et Daniel Ollivier dans leur étude sur la génération<br />

Z. Il s’agit de la génération née après 1994, aujourd’hui<br />

âgée d’une vingtaine d’années. L’étude montre<br />

que ces jeunes accordent moins d’importance au travail<br />

que la génération précédente. Les besoins individuels et<br />

l’épanouissement de soi comptent davantage que la carrière,<br />

et les exigences envers l’emploi ont donc également<br />

changé : plus d’agilité, plus de liberté d’action, plus<br />

d’indépendance. Pas étonnant que les horaires de travail<br />

flexibles et les espaces de coworking soient en vogue.<br />

Au lieu de faire carrière dans la même entreprise, la génération<br />

Z considère un emploi comme une expérience<br />

souvent limitée à peu d’années, qui lui permet de se munir<br />

de nouveaux outils afin d’être bien armée pour affronter<br />

le prochain défi. L’égalité des droits occupe elle aussi une<br />

place importante. Les jeunes veulent être associés aux décisions<br />

et soutenus dans leur développement professionnel.<br />

L’éthique et la durabilité – aussi dans l’économie –<br />

gagnent en importance. De plus en plus de jeunes réalisent<br />

leurs propres idées grâce au crowdfunding et aux start-up<br />

pour contribuer à leur façon à un monde meilleur. Outre<br />

le travail indépendant, il en va ici aussi de la réalisation de<br />

soi.<br />

Crises et instabilités<br />

Il est intéressant de relever que l’équilibre entre travail et<br />

vie privée joue aussi un rôle essentiel. On assiste à une<br />

rupture avec la génération précédente, qui mélangeait encore<br />

travail et vie privée, et s’accommodait donc des frontières<br />

floues entre le travail et les loisirs. Comme nous<br />

sommes marqués par l’esprit de notre temps, il convient<br />

de faire un petit retour en arrière pour comprendre la génération<br />

d’aujourd’hui. Les baby-boomers (nés entre 1950<br />

et 1965) ont connu un contexte de renouveau après la Seconde<br />

Guerre mondiale. Ils sont nés en période de miracle<br />

économique. Ils avaient du plaisir à travailler et ont rapidement<br />

engrangé les succès. La génération X (née entre<br />

1966 et 1980) est plutôt considérée comme une jeunesse<br />

désenchantée. Le système la dérange, aussi en ce qui<br />

concerne le travail. La génération Y (née entre 1980 et le<br />

début des années 1990) connaît la concurrence, aspire à<br />

faire carrière, entretient une relation d’amour-haine avec<br />

le travail, qui est souvent au centre de sa vie.<br />

La génération Z (née dans le milieu des années 90<br />

jusque vers 2010) découvre par contre un monde en changement<br />

constant, secoué par de nombreux bouleversements.<br />

Trois crises destructrices l’ont marquée. La crise<br />

financière et économique mondiale de 2008. La catastrophe<br />

climatique avec l’accident de la centrale nucléaire<br />

de Fukushima en 2011. Et la nouvelle crise économique de<br />

2018. La jeune génération tente de trouver sa voie dans<br />

une économie très ébranlée par des crises et une société<br />

aux liens faibles. Elle ressent aussi les conséquences d’un<br />

monde de plus en plus numérique et globalisé – dans le<br />

sens positif et négatif du terme. Le Baromètre de la jeunesse<br />

2018 du Credit Suisse a montré que les « digital natives<br />

» s’inquiètent des conséquences de la numérisation<br />

et du changement corrélé du marché du travail. Ils sont<br />

également préoccupés par la prévoyance vieillesse.<br />

La pandémie défie les tendances<br />

La pandémie de coronavirus de 2020 vient compléter ce<br />

tableau sombre. Les conséquences sont déjà perceptibles<br />

: l’insécurité a augmenté. La pandémie a remis en<br />

cause ce qui allait encore de soi pour les anciennes générations.<br />

Les jeunes s’inquiètent de leur formation depuis<br />

que les écoles et les universités ont dû fermer à cause du<br />

virus. D’autres subissent directement les conséquences<br />

de la détérioration du marché du travail sur lequel ils débarquent.<br />

Le chômage juvénile en Suisse dépasse de 40 %<br />

le taux d’il y a un an. Chez les jeunes de 20 à 25 ans, il a<br />

même augmenté de 45 %. Au point que la situation actuelle<br />

inverse cette tendance à davantage d’indépendance<br />

et renforce le désir de renouer avec des rapports de travail<br />

salariés classiques ?<br />

Photos<br />

Pour cette nouvelle collaboration avec le photographe vaudois<br />

Thierry Porchet, nous avons choisi d’illustrer le dossier<br />

du <strong>magazine</strong> au travers de travailleurs et travailleuses qui<br />

ont fait le choix d’une forme de carrière non conventionnelle.<br />

Qu’ils soient le résultat d’une reconversion professionnelle<br />

ou de fonctions occupées simultanément, leurs différents<br />

métiers ne font qu’un le temps d’une image.<br />

Photographe autant par passion que par métier, Thierry<br />

Porchet est spécialisé dans le reportage, le portrait et la<br />

photographie institutionnelle. Profondément attaché à<br />

l’intelligible véhiculé par ses images, son travail appliqué<br />

se passe de longs discours.<br />

Pour en découvrir davantage sur son travail, rendez-vous sur<br />

image21.ch.


Les carrières de demain<br />

Alors que les aspirations en matière de carrières évoluent au<br />

même rythme que les statuts et formes de travail se développent<br />

avec la numérisation, l’émancipation professionnelle et<br />

la multiactivité gagnent du terrain parmi toutes les générations<br />

en Suisse.<br />

Et si je me mettais à mon compte ?<br />

29%<br />

Le pourcentage de la<br />

population active en Suisse<br />

en tant qu’employé-e qui<br />

considère développer une<br />

activité indépendante ou en<br />

freelance - en parallèle d’un<br />

emploi, de manière temporaire<br />

ou à plein temps - dans<br />

les douze prochains mois<br />

Source: Deloitte Research<br />

86%<br />

Des indépendant-e-s<br />

ou freelance en Suisse,<br />

à plein temps ou en<br />

parallèle d’un emploi<br />

en tant que salarié-e,<br />

considèrent augmenter<br />

cette activité (45%) ou<br />

au minimum la poursuivre<br />

(41%)<br />

La mobilité professionnelle accroît pour toutes et tous<br />

Durée moyenne passée, en années, dans l’entreprise actuelle.<br />

1994 2009 2019<br />

20<br />

19,2<br />

17,8<br />

16,3<br />

15<br />

11,8<br />

10,8<br />

10<br />

10,1<br />

5<br />

5,4 5,1 4,7<br />

0<br />

25–39 ans<br />

40–54 ans 55–64 ans<br />

Source: Enquête suisse sur la population active (ESPA)<br />

Les jeunes générations sont plus mobiles ...<br />

Estimation de la population active en Suisse, selon les classes d’âge,<br />

ayant changé d’activité en 2019 (licenciements et départs à la retraite<br />

exclus).<br />

… même si la pandémie a freiné leurs envies d’aller<br />

voir ailleurs<br />

Le pourcentage des millennials qui se dit prêt à changer d’entreprise<br />

dans les deux prochaines années.<br />

Changement d'entreprise<br />

Changement au sein de l'entreprise<br />

15–24 ans<br />

25–39 ans<br />

14,0%<br />

4,0%<br />

19,8%<br />

3,1%<br />

2019<br />

2020<br />

40–54 ans<br />

6,8%<br />

2,5%<br />

49% 31%<br />

55–64 ans<br />

2,8% 1,9%<br />

65+ ans<br />

1,2%<br />

1,4%<br />

Source: Enquête suisse sur la population active (ESPA) Source: The Deloitte Global Millennial Survey 2020<br />

Le cumul d’activités en constante progression en Suisse<br />

Personnes actives en Suisse occupées avec plus d’un emploi (sans les apprentis).<br />

1991<br />

4,11%<br />

2000<br />

5,89%<br />

2010<br />

7,25%<br />

2019<br />

8,14%<br />

Source: Enquête suisse sur la population active (ESPA)


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

17.44 CHF de l’heure, le prix indécent du labeur<br />

chez Epsilon SA, propriété de La Poste Suisse SA.<br />

Il y a deux ans, <strong>syndicom</strong> constatait<br />

des manquements majeurs dans le<br />

respect des conditions de travail et de<br />

salaires au sein de l’entreprise Epsilon<br />

SA, active dans la distribution de journaux<br />

et de publicités : salaire aux volumes,<br />

heures de travail et indemnités<br />

non payées et travail au noir. La Poste<br />

s’est alors engagée dans un processus<br />

de réforme, auquel <strong>syndicom</strong> a contribué,<br />

avec notamment l’introduction<br />

d’un salaire horaire.<br />

Le salaire proposé aujourd’hui,<br />

CHF 17.44 horaire (brut), est tout simplement<br />

inacceptable au sein d’une<br />

entreprise de la Confédération, qui<br />

emploie 600 personnes en Suisse romande,<br />

et bien sûr choquant pour tout<br />

travail en Suisse. Ce nouveau salaire<br />

horaire représente une perte allant de<br />

30 % à 50 % pour des travailleurs et travailleuses<br />

déjà parmi les plus précaires<br />

du marché du travail. L’entreprise<br />

prévoit également de supprimer<br />

l’assurance perte de gain maladie<br />

dont ils-elles bénéficient. Un très<br />

mauvais signal dans une situation de<br />

crise économique et sanitaire.<br />

Disparités cantonales<br />

Pour le même travail sur le canton de<br />

Genève, l’entreprise doit pourtant honorer<br />

le salaire minimum cantonal de<br />

CHF 23.– de l’heure. Un salaire minimum<br />

s’applique également à Neuchâtel<br />

et des votations sont prévues dans<br />

ce sens à Zurich et Bâle. En l’absence<br />

de dispositions similaires, La Poste<br />

est donc libre de placer le salaire le<br />

plus bas du marché ailleurs. Pour le<br />

secteur d’activité de la publicité, La<br />

Poste Suisse n’est en effet pas tenue de<br />

verser le salaire minimum, déjà trop<br />

bas, de CHF 18.27 établi par la Commission<br />

fédérale de La Poste.<br />

De telles conditions de travail, qui<br />

sont également constatées ailleurs en<br />

Suisse dans d’autres entreprises du<br />

secteur de la publicité appartenant à<br />

la Poste Suisse, ne permettent pas<br />

d’aspirer à une vie digne. Dans ce<br />

contexte et face au refus du géant<br />

jaune de revenir sur sa décision de<br />

baisse salariale, <strong>syndicom</strong> a décidé de<br />

se retirer des négociations relatives à<br />

cette consultation. « La Poste ne peut<br />

pas s’enorgueillir d’être un employeur<br />

social et proposer un salaire aussi bas<br />

dans ses entreprises », explique Virginie<br />

Zürcher, secrétaire régionale <strong>syndicom</strong>.<br />

Il est désormais nécessaire de<br />

se mobiliser !<br />

Dominique Gigon<br />

La première CCT de la branche, conclue chez Presto, doit être élargie aux autres acteurs du marché<br />

<br />

(© Keystone)<br />

Reportage de la RTS :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/Q6jYZ


« Personnes licenciées, ressources perdues, les reportages<br />

locaux et donc la diversité des médias sont réduits » Sheila Matti<br />

17<br />

Pas de demi-mesures !<br />

Assez des euphémismes de Tamedia et des réductions drastiques<br />

de personnel qui mettent à mal le journalisme. Les employé-e-s<br />

du Bund et de la Berner Zeitung s’adressent au grand<br />

public avec un manifeste après l’annonce d’un démantelement.<br />

Sheila Matti, rédactrice à la BZ et membre de la commission du personnel, co-organise la mobilisation<br />

contre les suppressions d’emploi annoncées. (© Raphael Moser)<br />

Début avril, Tamedia annonçait la<br />

suppression de quelque 20 postes<br />

équivalents plein temps au Bund et à la<br />

Berner Zeitung. Les deux journaux, encore<br />

indépendants l’un de l’autre dans<br />

les rubriques régionales, seront produits<br />

dès l’automne par une unique rédaction,<br />

fusionnée et réduite de manière<br />

drastique. Une personne sur<br />

trois est ainsi menacée de perdre son<br />

emploi.<br />

La situation est donc tendue dans<br />

les rédactions bernoises. « La plupart<br />

des employé-e-s sont démotivé-e-s, se<br />

plaignent d’insomnies et sont très<br />

préoccupé-e-s de leur avenir et de celui<br />

des journaux. Un grand nombre est<br />

toutefois prêts à lutter contre les suppressions<br />

d’emplois », résume Sheila<br />

Matti de la commission du personnel.<br />

Plus de 1000 signatures de soutien !<br />

Peu après l’annonce de Tamedia, les<br />

employé-e-s ont présenté leur point de<br />

vue dans le manifeste « Pas de demi-mesures<br />

! ». « La direction parle<br />

souvent d’opportunités et de synergies<br />

à saisir. Le manifeste vise à contrer<br />

cette représentation unilatérale », explique<br />

la représentante du personnel<br />

Sheila Matti. En fin de compte, la fusion<br />

des rédactions revient à faire des<br />

économies : « Des personnes sont licenciées,<br />

des ressources sont perdues,<br />

les reportages locaux et donc la diversité<br />

des médias sont réduits ».<br />

Sur le site internet www.keinehalbensachen.ch,<br />

plus de 1000 personnes<br />

ont d’ores et déjà témoigné leur solidarité<br />

avec les employé-e-s des rédactions,<br />

dont de nombreuses personnes<br />

influentes du monde politique, culturel<br />

et sportif. Elles envoient un signal<br />

fort à travers leurs témoignages et<br />

messages vidéo. Elles non plus ne<br />

veulent pas de demi-mesures, ni pour<br />

le journalisme régional, ni pour le<br />

plan social.<br />

La mobilisation se met en place<br />

Le 18 mai, le personnel a organisé<br />

sa première mobilisation publique.<br />

Lors d’une action de protestation devant<br />

le bâtiment de la rédaction à<br />

Berne, ils ont déployé une banderole<br />

et, dans un acte symbolique, ont découpé<br />

une maison en bois qui symbolise<br />

le modèle bernois. Ce modèle -<br />

deux quotidiens concurrents sous un<br />

même toit - existe à Berne depuis 2003<br />

et sera révolu avec la fusion complète<br />

des deux rédactions prévue pour octobre<br />

2021. En vue du processus de<br />

consultation à venir, d’autres actions<br />

publiques sont prévues.<br />

Lorenzo Bonati<br />

Le communiqué de presse de <strong>syndicom</strong> :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/Xy24w<br />

Il faut une conciliation<br />

chez Tamedia<br />

Stephanie Vonarburg, responsable du secteur<br />

Médias et membre du comité directeur<br />

Les objectifs d’économies de l’entreprise<br />

suisse de médias la plus rentable<br />

sont énormes : 70 millions de francs.<br />

Cette fois-ci, Tamedia a invité à des<br />

négociations sur un plan social avant<br />

les suppressions d’emplois. En Suisse<br />

alémanique, les discussions ont commencé<br />

déjà en septembre dernier.<br />

Plus de 17 cycles de négociation<br />

ont certes permis quelques rapprochements<br />

entre l’employeur et la représentation<br />

du personnel, dans laquelle<br />

<strong>syndicom</strong> est impliqué. Mais<br />

aucune entente n’a été trouvée, en particulier<br />

sur l’indemnité de départ et<br />

les compléments différentiels pour<br />

les plus de 50 ans, sur la durée de la<br />

rente transitoire pour les retraites anticipées<br />

et sur le montant de la prestation<br />

pour les employé-e-s externes qui<br />

travaillent sur une base régulière. En<br />

mars, rédactions et personnel technique<br />

ont été consultés lors de trois<br />

importantes assemblées en ligne. Plus<br />

de 80 % d’entre eux ont qualifié d’inacceptables<br />

les offres de la direction.<br />

Lors des deux tours de négociation<br />

qui ont suivi, la direction de l’entreprise<br />

n’a toutefois formulé aucune<br />

offre acceptable. Par conséquent, la<br />

représentation du personnel a décidé<br />

de saisir l’Office fédéral de conciliation.<br />

Le Conseil fédéral peut recourir à<br />

cet organisme pour arbitrer, au cas par<br />

cas, des conflits collectifs de travail.<br />

Entre-temps, des négociations ont<br />

également débuté en Suisse romande,<br />

sous l’égide de l’Office vaudois de<br />

conciliation. C’est avec le soutien de<br />

ces institutions que des solutions acceptables<br />

ont pu être trouvées après<br />

les grèves de 2018 à l’ATS et au Matin.


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Une CCT est un point clé de la démocratie, visant à rendre<br />

la société plus juste et lutter contre les injustices » Angelo Zanetti<br />

CP Poste – la campagne prend<br />

forme<br />

Organe-clé chargé d’administrer les précieux fonds de pensions<br />

qui lui sont confiés par les employé-e-s, le conseil de fondation<br />

de la caisse de pensions de La Poste sera réélu à la fin de l’été.<br />

Et chaque vote compte !<br />

La CP Poste agit sur les rentes des employé-e-s de La Poste (© Yoshiko Kusano)<br />

Fin septembre 2021, les employé-e-s<br />

postaux éliront le conseil de fondation<br />

de la caisse de pensions de La Poste<br />

(CP Poste). C’est une échéance très importante<br />

pour l’ensemble du personnel<br />

de La Poste. L’enjeu consiste ni<br />

plus ni moins au montant de leur<br />

rente de retraité-e. C’est pourquoi le<br />

secteur Logistique concentrera ses efforts<br />

au troisième trimestre sur cet<br />

événement.<br />

Le conseil de fondation est l’organe<br />

suprême de la caisse de pension<br />

de La Poste. Il gère les affaires et est<br />

responsable de la stratégie de gestion<br />

des fonds. Il prend donc des décisions<br />

cruciales, qui pèsent directement sur<br />

le montant des retraites. On touche là<br />

à l’essentiel, c’est-à-dire à des questions<br />

d’argent. D’énormes sommes<br />

sont en jeu : en 2019, la fortune de prévoyance<br />

de la CP Poste s’élevait à plus<br />

de 16 milliards de francs suisses.<br />

Votez pour la liste de <strong>syndicom</strong> !<br />

Le conseil de fondation de la CP est<br />

composé de manière paritaire. Autrement<br />

dit, il comprend cinq représentant-e-s<br />

de l’employeur et cinq représentant-e-s<br />

des employé-e-s. Ces<br />

personnes se répartissent donc cinq<br />

sièges lors des élections qui se déroulent<br />

tous les quatre ans. Et les prochaines<br />

élections auront lieu en automne.<br />

A ce jour, <strong>syndicom</strong> compte<br />

trois représentant-e-s au sein de cet organe<br />

(Andrea Spring, conseillère senior<br />

à la clientèle privée chez PostFinance<br />

SA à Berne, Daniela Wenger du<br />

Réseau postal et vente à Berne, ainsi<br />

que Matteo Antonini, responsable du<br />

secteur Logistique chez <strong>syndicom</strong>).<br />

Pour cette nouvelle élection, <strong>syndicom</strong><br />

planifie une campagne d’envergure<br />

avec l’objectif d’obtenir un maximum<br />

de siège !<br />

8000 appels téléphoniques au<br />

programme<br />

La pièce maîtresse de la campagne<br />

prendra la forme d’une action téléphonique.<br />

Dès que les enveloppes de<br />

vote arriveront, des bénévoles téléphoneront<br />

pendant une semaine à l’ensemble<br />

des membres de <strong>syndicom</strong> travaillant<br />

à La Poste. Nous voulons<br />

convaincre personnellement chacun<br />

et chacune de voter pour la liste de <strong>syndicom</strong>.<br />

C’est pourquoi nos secrétaires<br />

régionaux s’efforcent de prévoir des<br />

actions téléphoniques dans toutes les<br />

régions. Si tu souhaites nous soutenir,<br />

inscris-toi par e-mail auprès de logistik@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Bien sûr, nous serons<br />

également présents au sein de<br />

l’entreprise et sur les différents canaux<br />

numériques. Dans le prochain<br />

numéro du <strong>magazine</strong>, nous vous présenterons<br />

aussi les candidat-e-s de<br />

<strong>syndicom</strong> et tu trouveras bientôt des<br />

informations complémentaires sur<br />

notre site internet.<br />

D’ici là, convaincs d’ores et déjà tes<br />

collègues de voter. Car toutes celles et<br />

ceux qui travaillent à La Poste ont une<br />

voix – indépendamment de leur âge,<br />

de leur sexe ou de leur nationalité.<br />

Matthias Loosli<br />

Les représentant-e-s de <strong>syndicom</strong><br />

à la CP Poste : <strong>syndicom</strong>.ch/wJS36<br />

« Imprimé en Suisse,<br />

avec une CCT »<br />

Angelo Zanetti,<br />

Secrétaire central du secteur Médias<br />

La CCT de l’industrie graphique<br />

conclue en 2018 aurait dû être renouvelée<br />

cette année. En décembre 2020,<br />

<strong>syndicom</strong> et Syna signalaient à l’association<br />

patronale viscom la possibilité<br />

de la prolonger au lieu d’un renouvellement.<br />

En pleine seconde vague de la<br />

pandémie, d’autres secteurs avaient<br />

d’ailleurs déjà pris cette décision.<br />

Des négociations requièrent un<br />

grand engagement, du temps et de<br />

l’énergie. Si une sortie de crise sanitaire<br />

se profile, il n’en est rien pour<br />

l’économie. Raison pour laquelle la<br />

décision a été prise de prolonger la<br />

CCT actuelle et ses deux conventions<br />

sur la formation de base et la formation<br />

continue jusqu’au 31 décembre<br />

2022. Cela offre aux entreprises et aux<br />

employé-e-s la stabilité indispensable<br />

pour gérer et surmonter la crise. Et<br />

nous souhaitons que toutes et tous<br />

puissent s’en tirer à bon compte. Car<br />

si le secteur a affronté son lot de défis<br />

et changements, ce virus est un coup<br />

dur. Mais nous continuerons à imprimer,<br />

cela ne fait aucun doute.<br />

Rappelons alors qu’une CCT est un<br />

point clé de la démocratie, visant à<br />

rendre la société plus juste et lutter<br />

contre les injustices. Elle doit être soutenue<br />

et défendue avec la plus grande<br />

conviction. Pour réunir le plus grand<br />

nombre autour de ces enjeux sociaux,<br />

nous avons désormais besoin d’un slogan<br />

« Imprimé en Suisse, avec une<br />

CCT ! » sur nos produits imprimés.


« La stratégie Egalité 2030 du Conseil fédéral ne propose pas<br />

d’idées novatrices pour favoriser l’égalité » Patrizia Mordini<br />

19<br />

Les femmes font avancer les<br />

syndicats<br />

Plus d’une centaine de syndicats de toute l’Europe étaient<br />

réunis fin avril pour élaborer la stratégie d’UNI Europa Femmes<br />

jusqu’en 2025. Si le Conseil fédéral souhaite lui aussi aller de<br />

l’avant sur le terrain de l’égalité, son projet Egalité 2030 n’est<br />

qu’une déclaration d’intention timorée.<br />

Le 26 avril 2021, UNI Europa Femmes<br />

tenait sa 6 e conférence des femmes,<br />

un jour avant la conférence d’Uni Europa<br />

(voir page 23). Sous la devise « Les<br />

femmes font avancer les syndicats », la<br />

rencontre réunissait pas moins de<br />

118 syndicats de 33 pays, représentés<br />

par 167 déléguées et 98 observatrices.<br />

La responsable de l’égalité de <strong>syndicom</strong><br />

était également présente pour<br />

cette rencontre en ligne où ont été définies<br />

les priorités stratégiques pour<br />

les quatre prochaines années.<br />

Celles-ci reflètent l’inégalité persistante<br />

entre femmes et hommes<br />

dans le monde du travail. Bien que les<br />

femmes représentent près de 50 % de<br />

la population active, elles sont aujourd’hui<br />

victimes de discrimination<br />

professionnelle. De plus, la répartition<br />

inégale du travail non rémunéré<br />

(travail domestique) se fait toujours à<br />

leur détriment. Enfin, elles sont moins<br />

bien payées que les hommes pour le<br />

même travail et subissent différentes<br />

formes de violence et harcèlement à<br />

domicile et au travail.<br />

Trois priorités pour les femmes<br />

Nous avons défini trois axes stratégiques-clés<br />

: 1. Les violences et inégalités<br />

économiques, 2. Les inégalités en<br />

matière de santé, et 3. Les femmes et<br />

les nouvelles technologies. Le comité<br />

des femmes d’UNI Europa compte<br />

également développer des stratégies<br />

portant sur la protection des femmes<br />

après la crise du coronavirus. Il<br />

convient notamment de surveiller les<br />

conditions de travail et de veiller à ce<br />

que l’égalité figure au centre des négociations<br />

sur les conventions collectives<br />

de travail.<br />

Il reste beaucoup à faire en Suisse<br />

En Suisse, plus encore qu’ailleurs, le<br />

choix professionnel reste largement<br />

déterminé par le genre. Notre pays a<br />

été critiqué à ce sujet en 2009 par le<br />

comité de la convention de l’ONU. La<br />

sensibilisation débute tôt, à la maison,<br />

à l’école, via les médias. Dans la<br />

vie professionnelle, les syndicats<br />

jouent un rôle central. Ils exigent que<br />

les entreprises développent des stratégies<br />

visant à promouvoir la représentation<br />

des femmes – de manière générale<br />

et aux niveaux hiérarchiques<br />

supérieurs – et ancrent l’égalité dans<br />

les CCT, en surveillant leur mise en<br />

œuvre. Comme le fait <strong>syndicom</strong>.<br />

La stratégie Egalité 2030 du Conseil<br />

fédéral, dont la publication a pratiquement<br />

coïncidé avec l’adoption<br />

d’une stratégie progressiste par la<br />

conférence des femmes d’UNI Europa,<br />

est en revanche timide et même<br />

rétrograde. Non seulement le Conseil<br />

fédéral ne propose pas d’idées novatrices<br />

pour favoriser l’égalité dans le<br />

domaine du travail rémunéré et non<br />

rémunéré, mais il se permet également<br />

l’affront de proposer l’augmentation<br />

de l’âge de la retraite des<br />

femmes.<br />

Si nous voulons vraiment faire<br />

avancer l’égalité d’ici 2030 – et <strong>syndicom</strong><br />

salue à cet égard l’intention du<br />

Conseil fédéral – il est indispensable<br />

d’élaborer des mesures beaucoup plus<br />

contraignantes. A commencer par une<br />

politique familiale plus cohérente et<br />

des mesures ambitieuses en matière<br />

de prévoyance vieillesse et de lutte<br />

contre le harcèlement sexuel au travail.<br />

Faute de quoi, la stratégie 2030<br />

restera, une fois de plus, qu’une vague<br />

promesse. Alors que les syndicats ont<br />

des solutions d’avenir à proposer.<br />

Patrizia Mordini<br />

Lire le communiqué de presse :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/scztk<br />

La lutte contre les inégalités mobilisera partout en Suisse lors de la grève féministe le 14 juin (© M. Sommer)


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Il est nécessaire de garantir des conditions claires pour<br />

celles et ceux qui souhaitent revenir à La Poste » Matteo Antonini<br />

Swisscom – la réduction du<br />

temps de travail est en marche<br />

L’ensemble des collaboratrices et collaborateurs de Swisscom<br />

sont unanimes : tout le monde est prêt pour de nouveaux<br />

modèles de temps de travail.<br />

Dans le dernier numéro de notre <strong>magazine</strong>,<br />

nous avons débattu intensément<br />

de la question concernant la « réduction<br />

du temps de travail ». Sur ce<br />

même thème, <strong>syndicom</strong> a organisé<br />

avec ses membres des rencontres en<br />

ligne ouvertes à tous les employé-e-s<br />

de Swisscom au cours des derniers<br />

mois. Nous avons ensuite réalisé en<br />

mars un sondage au sein de l’entreprise,<br />

afin de concrétiser les résultats<br />

obtenus. Pas moins de 2000 employé-e-s<br />

ont participé au sondage.<br />

Chez Swisscom, la réduction<br />

du temps de travail se prépare<br />

dans une démarche<br />

collaborative.<br />

(© Keystone-ATS)<br />

Le travail hebdomadaire au cœur des<br />

préoccupations<br />

Le sondage avait pour objectif de découvrir<br />

quels thèmes préoccupent le<br />

plus les employé-e-s de Swisscom et<br />

comment ils envisagent de manière<br />

concrète une réduction de leurs horaires<br />

de travail. Il s’est avéré que la<br />

plupart des personnes interrogées<br />

souhaitent raccourcir leur temps de<br />

travail en accomplissant moins<br />

d’heures ou de jours de travail par semaine.<br />

Très peu d’importance est attribuée<br />

aux absences et congés payés,<br />

ainsi qu’aux congés sabbatiques avec<br />

des crédits de temps payés. Une<br />

grande importance est en revanche<br />

accordée à la possibilité de choisir le<br />

lieu de travail et de planifier les heures<br />

de travail de manière autonome.<br />

Un autre objectif du sondage<br />

consistait à identifier les différences<br />

entre les divers groupes d’âge et entre<br />

les employé-e-s avec et sans enfants.<br />

On a supposé que les souhaits varieraient<br />

fortement. Cependant, il s’est<br />

avéré qu’il n’y a pas de différences<br />

nettes. Le message des 2000 personnes<br />

interrogées – jeunes ou âgées –<br />

est clair ; ils et elles sont prêt-e-s !<br />

Une mise en œuvre complexe<br />

Le chemin pour y parvenir est semé<br />

d’embûches. A en croire les personnes<br />

interrogées, l’une des difficultés réside<br />

dans la charge importante de travail<br />

et le niveau de stress élevé. Sans<br />

compter la pression sur les coûts et les<br />

réductions d’effectifs en corrélation.<br />

Afin de discuter d’une possible<br />

mise en œuvre des requêtes, <strong>syndicom</strong><br />

organisera des workshops. Ces<br />

workshops en ligne sont ouverts à tous<br />

les employé-e-s de Swisscom, y compris<br />

aux personnes qui ne sont pas encore<br />

membres de <strong>syndicom</strong>. Pour<br />

toutes et tous, le principe suivant s’applique<br />

: 30 minutes du workshop<br />

peuvent être enregistrées comme<br />

temps de travail. Alors, n’attendez<br />

plus et inscrivez-vous dès à présent sur<br />

le site internet ci-dessous.<br />

Sharada Iser<br />

Résultats du sondage et inscriptions<br />

aux workshops : <strong>syndicom</strong>.ch/QOk8U<br />

Une grande désillusion<br />

Matteo Antonini, responsable du secteur<br />

Logistique et membre du comité directeur<br />

La vente de SecurePost a été une surprise<br />

pour les employé-e-s de cette société<br />

active dans le transport de valeurs.<br />

Avec le recul, certains signes<br />

avant-coureurs étaient sans doute perceptibles.<br />

Mais tout s’est passé sans<br />

que le personnel puisse s’orienter<br />

dans les longs mois qui ont précédé la<br />

vente à Loomis Suisse SA et sans que le<br />

syndicat ait été informé. Il est particulièrement<br />

décevant que la CCT en vigueur<br />

n’ait pas été prolongée comme<br />

demandé par le syndicat avant l’annonce<br />

de la vente.<br />

Cette décision de La Poste péjore<br />

les perspectives du personnel. Comme<br />

la CCT ne reste en vigueur que jusqu’au<br />

31 décembre 2021, les conditions de<br />

travail sont garanties pour moins d’un<br />

an. Et plus de la moitié des employé-e-s<br />

n’y est déjà plus assujettie depuis le 1 er<br />

janvier de cette année. Tout cela bien<br />

que de nombreux salarié-e-s aient accepté<br />

dans l’intérêt de l’entreprise une<br />

hausse du temps de travail, une réduction<br />

des vacances et un gel des salaires<br />

pendant plus d’une décennie. Autre<br />

déception : de nombreuses propositions<br />

avancées lors des consultations<br />

n’ont pas été prises en compte.<br />

Il est désormais nécessaire de penser<br />

à l’avenir et à la manière de garantir<br />

des conditions claires pour celles et<br />

ceux qui souhaitent revenir à La Poste.<br />

Un autre mandat fort des travailleurs<br />

et travailleuses sera d’établir un partenariat<br />

social avec Loomis Suisse SA.


« Les licenciements collectifs constituent une expérience<br />

douloureuse pour les survivant-e-s de l’entreprise » Giorgio Pardini<br />

21<br />

Que la lumière soit : la branche du<br />

fulfillment sous la loupe<br />

Le chiffre d’affaires du commerce en ligne s’élevait à quelque<br />

11,5 milliards de francs avant la pandémie et pourrait augmenter<br />

de 50 % avec la crise sanitaire. Au cœur de ce juteux marché,<br />

entre les clients et les entreprises de vente en ligne, se<br />

trouvent les employé-e-s de la branche du fulfillment.<br />

La branche du fulfillment s’est discrètement<br />

développée au fur et à mesure<br />

que le processus consécutif aux commandes<br />

en ligne s’en est détaché et<br />

que les activités d’exécution des commandes<br />

ont été confiées à des tiers.<br />

Aujourd’hui, rare sont celles et ceux<br />

qui sont conscient-e-s de l’existence<br />

de cette branche, encore moins de<br />

l’ampleur des tâches qu’elle prend en<br />

charge ; stockage des marchandises,<br />

gestion des paiements au traitement<br />

des retours et au service après-vente.<br />

Et la liste est encore longue. Chez le<br />

leader mondial de la vente en ligne<br />

Amazon, de nombreux commerçants-es<br />

commercialisant des produits<br />

sur la plateforme font également<br />

appel à ces services de « réalisation »<br />

(fulfillment) des commandes.<br />

montre clairement : au sein du secteur<br />

fulfillment, les conditions de travail et<br />

de salaire s’alignent souvent sur les<br />

normes minimales légales : salaires à<br />

l’embauche bas et durées hebdomadaires<br />

de travail de plus de 40 heures,<br />

avec parfois une grande charge physique.<br />

De plus, la branche fulfillment<br />

est encore très peu organisée au niveau<br />

syndical en Suisse. Il convient d’y<br />

remédier au plus vite.<br />

Une convention collective de travail<br />

appelée à faire école<br />

Le 1 er janvier 2020, un premier jalon<br />

important a pu être posé dans cette<br />

branche, avec l’entrée en vigueur de la<br />

première convention collective de travail,<br />

signée par <strong>syndicom</strong> et l’entreprise<br />

de fulfillment MS Direct en<br />

Suisse alémanique. Elle fixe un cadre<br />

contraignant pour les salaires et les<br />

conditions de travail. Et qu’en est-il du<br />

reste de la branche ? L’objectif de politique<br />

syndicale est d’améliorer les<br />

conditions de travail dans l’ensemble<br />

de la branche et de les ancrer dans le<br />

partenariat social. Afin que l’expansion<br />

de la productivité et du chiffre<br />

d’affaires ne se réalise pas au détriment<br />

de la sécurité matérielle et sociale<br />

du personnel.<br />

Lena Allenspach<br />

La CCT de MS Direct :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/4xZag<br />

Un constat sans appel<br />

Sur mandat de <strong>syndicom</strong>, la Haute<br />

école spécialisée du Nord-Ouest de la<br />

Suisse (FHNW) s’est intéressée de plus<br />

près à ce secteur. Quels sont les défis<br />

auxquels sont confrontés les salarié-e-s<br />

? Quelles conditions de travail<br />

s’appliquent dans les principales entreprises<br />

de la branche ? L’analyse le<br />

En pleine expansion, la branche fulfillment doit s’organiser au niveau syndical (© Jens Friedrich)<br />

La souffrance des<br />

rescapé-e-s<br />

Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC<br />

et membre du comité directeur<br />

De nouvelles technologies révolutionnent<br />

en permanence la branche<br />

ICT. En même temps, la concurrence<br />

et la pression sur les prix s’accélèrent.<br />

Les fusions et rachats d’entreprises<br />

renforcent la concentration de la<br />

branche à l’échelle mondiale. Autre<br />

stratégie dans la bataille concurrentielle<br />

acharnée : le « downsizing ». Les<br />

effectifs sont réduits pour abaisser les<br />

coûts. Depuis des années, <strong>syndicom</strong><br />

suit ces évolutions de près et s’efforce<br />

d’en comprendre les effets à travers<br />

des études et l’échange d’expériences.<br />

Ces enseignements sont intégrés<br />

dans notre politique CCT et les plans<br />

sociaux. Le sort des personnes licenciées<br />

figure toujours au centre des préoccupations<br />

lors de suppressions de<br />

personnel. Quant aux rescapé-e-s, ils<br />

tombent dans l’oubli. En 2005, une<br />

étude de Janine Foltyn démontrait les<br />

conséquences des réductions d’effectifs<br />

sur le personnel épargné. Elle a<br />

constaté que les licenciements collectifs<br />

constituent une expérience douloureuse<br />

pour les « survivant-e-s » de l’entreprise.<br />

La direction pense que ceux-ci<br />

s’estiment faire partie des chanceux.<br />

Or les personnes épargnées réagissent<br />

souvent de façon négative, avec de<br />

fortes répercussions sur la motivation<br />

et la productivité. En particulier lorsque<br />

les processus de démantèlement sont<br />

pilotés par la direction de manière unilatérale.<br />

Ici encore, impliquer les syndicats<br />

en aval est la meilleure solution.


22 Politique<br />

Effet Bessemer,<br />

effet boomerang<br />

A la mi-avril, les employé-e-s du centre de distribution d’Amazon<br />

à Bessemer, en Alabama, ont voté contre la création d’un<br />

syndicat. Pourtant, le résultat pourrait paradoxalement renforcer<br />

la détermination des travailleurs-euses et des syndicats du<br />

monde entier. C’est ce que croit Christy Hoffman, secrétaire<br />

générale d’UNI Global Union, la fédération internationale des<br />

syndicats du secteur des services. Dans cet entretien, elle explique<br />

comment les multinationales de la logistique utilisent<br />

les technologies du XXI e siècle pour imposer des régimes de<br />

production du XIX e siècle. Au détriment des travailleurs-euses.<br />

Texte : Federico Franchini<br />

Image : UNI Global Union<br />

Madame Hoffman, avec quels<br />

sentiments avez-vous accueilli les<br />

résultats en Alabama ?<br />

Ce n’était pas une défaite. Nous<br />

avons dit que, quel que soit le résultat<br />

de l’élection, les travailleurs-euses<br />

ont déjà gagné. Le<br />

contexte était particulièrement rude<br />

et difficile. Si on compte les voix qui<br />

ont été retirées illégalement par<br />

Amazon, on arrive à plus de mille<br />

personnes qui ont voté oui. C’est un<br />

résultat énorme !<br />

Vous parlez du « Bessemer effect » au<br />

positif. Qu’est-ce que cela signifie ?<br />

C’était la première élection syndicale<br />

dans un entrepôt d’Amazon aux<br />

USA. Ça ouvre la voie : d’autres élections<br />

peuvent suivre et nous pourrions<br />

les gagner. De plus, la campagne<br />

a attiré l’attention du monde<br />

entier, nourri nos espoirs et renforcé<br />

notre détermination. Elle a révélé<br />

les pratiques abusives de la société<br />

et uni le mouvement pour responsabiliser<br />

Amazon comme jamais auparavant.<br />

Les travailleurs-euses<br />

d’Amazon partout dans le monde<br />

ont été en mouvement au cours du<br />

mois dernier : on a assisté à des<br />

grèves et campagnes en Allemagne,<br />

en Italie, en France et au Royaume-<br />

Uni. Maintenant, Amazon décide<br />

d’augmenter les salaires. Est-ce une<br />

coïncidence ? Je ne le pense pas.<br />

L’augmentation des salaires est-elle<br />

suffisante ?<br />

Nous saluons toute augmentation<br />

de salaire bien méritée pour tous les<br />

travailleurs-euses d’Amazon, mais<br />

cela ne résout pas le fait que les travailleurs-euses<br />

veulent un siège à la<br />

table pour négocier sur le salaire, la<br />

santé et la sécurité, les objectifs de<br />

production et un meilleur avenir<br />

pour leurs familles. Il est temps<br />

pour Amazon d’apprendre que la<br />

négociation collective est un outil<br />

essentiel que les sociétés et les entreprises<br />

modernes utilisent pour<br />

rendre leurs activités plus responsables<br />

et plus démocratiques.<br />

Amazon a utilisé ses moyens<br />

illimités pour influencer les<br />

salarié-e-s. Mais que peuvent se<br />

reprocher les syndicats ?<br />

Vous ne pouvez pas blâmer la victime<br />

d’un système de relations de<br />

travail qui est archaïque et qui favorise<br />

les entreprises. En tant que syndicaliste<br />

américaine ayant travaillé<br />

de nombreuses années à l’international,<br />

j’ai appris combien il est difficile<br />

de faire comprendre à nos collègues<br />

européen-ne-s la brutalité<br />

des campagnes antisyndicales des<br />

entreprises américaines. Les menaces,<br />

les mensonges, la coercition<br />

et les tactiques de division fondées<br />

sur le profilage individuel sont monnaie<br />

courante. Les entreprises américaines<br />

dépensent des millions de<br />

dollars dans une industrie antisyn-<br />

« La campagne a<br />

attiré l’attention<br />

du monder entier<br />

et renforcé notre<br />

détermination »


L’émergence de monopoles numériques ne fait qu’intensifier les problèmes<br />

existants. Nous ne pouvons pas laisser une poignée d’entreprises exercer un<br />

contrôle sur le commerce, l’infrastructure de l’information et nos données.<br />

23<br />

« Amazon est un<br />

danger clair pour<br />

notre société et son<br />

pouvoir soulève<br />

de sérieuses<br />

questions »<br />

dicale qui regorge de spécialistes de<br />

la guerre psychologique, dont les actions<br />

se situent aux limites de la légalité.<br />

Amazon a utilisé ses ressources<br />

illimitées pour payer les<br />

plus impitoyables briseurs de syndicats,<br />

juste pour éviter de s’asseoir à<br />

la table des négociations avec les<br />

travailleurs-euses de Bessemer. Les<br />

tentatives d’Amazon de subvertir la<br />

démocratie sur le lieu de travail<br />

doivent être exposées au monde entier<br />

pour ce qu’elles sont : un retour<br />

punitif et féodal au XIX e siècle.<br />

Dans quelle mesure Amazon est-il<br />

un laboratoire pour tester de nouvelles<br />

méthodes de surveillance des<br />

travailleurs-euses qui pourraient<br />

également être utilisées par d’autres<br />

entreprises à l’avenir ?<br />

Ce n’est plus un laboratoire, mais<br />

déjà une triste réalité. Amazon représente<br />

un défi particulier en raison<br />

des technologies que l’entreprise<br />

est capable de développer pour<br />

tracer les travailleurs-euses et stimuler<br />

la productivité. Il s’agit d’outils<br />

du XXI e siècle conçus pour appliquer<br />

un régime de productivité<br />

brutal du XIX e siècle impactant la<br />

santé des travailleurs-euses. Il a été<br />

démontré que les régimes de surveillance<br />

et de gestion algorithmique<br />

d’Amazon ont des effets désastreux<br />

sur leurs corps. En plus, au<br />

cours de l’année écoulée, une série<br />

de fuites sur les opérations de sécurité<br />

d’Amazon a montré que l’entreprise<br />

s’engageait dans une campagne<br />

de surveillance mondiale<br />

contre les travailleurs-euses, leurs<br />

syndicats et d’autres groupes de la<br />

société civile.<br />

Pensez-vous que des entreprises<br />

spécialisées dans l’antisyndicalisme<br />

se développeront aussi en Europe ?<br />

Je ne pense pas car ce genre d’activité<br />

en Europe devrait être illégale.<br />

Mais je veux souligner que, avec ou<br />

sans consultants antisyndicaux, depuis<br />

25 ans, Amazon s’est montré<br />

virulemment antisyndical partout<br />

où il opère. En Europe aussi.<br />

Quelle est l’importance pour les<br />

travailleurs-euses européen-ne-s de<br />

la mobilisation syndicale aux USA ?<br />

Les travailleurs-euses d’Amazon en<br />

Europe savent qu’une main-d’œuvre<br />

organisée aux Etats-Unis changerait<br />

la donne. Et chaque pas dans cette<br />

direction est source d’espoir et<br />

d’inspiration. En effet, même si les<br />

travailleurs-euses hors des Etats-<br />

Unis font de leur mieux pour changer<br />

le modèle opérationnel et la<br />

culture de l’entreprise, la bataille<br />

sera toujours difficile tant que le<br />

modèle économique d’Amazon reposera<br />

sur le pouvoir illimité de la<br />

direction de fixer les règles.<br />

Amazon fournit de plus en plus de<br />

services à des tiers (dans le domaine<br />

de la gestion des commandes, mais<br />

pas seulement). Que signifie cette<br />

nouvelle tendance à fournir des services<br />

d’externalisation au-delà de la<br />

plateforme pour la structure économique<br />

et les industries concernées ?<br />

L’émergence de monopoles numériques<br />

ne fait qu’intensifier les problèmes<br />

existants. Nous ne pouvons<br />

pas laisser une poignée d’entreprises<br />

exercer un contrôle sur le<br />

commerce, l’infrastructure de l’information<br />

et nos données. Amazon<br />

est un danger clair et présent pour<br />

notre société. Son pouvoir soulève<br />

de sérieuses questions non seulement<br />

pour les travailleurs-euses,<br />

mais aussi pour les autres parties<br />

prenantes de la société. Je parle des<br />

PME, des libraires, des défenseurs<br />

des droits des consommateurs et de<br />

la vie privée, des fournisseurs et des<br />

détaillants en place.<br />

Cette dynamique est-t-elle<br />

inexorable ?<br />

Non. Nous voyons déjà des signes<br />

positifs. Dans l’Union européenne,<br />

les autorités de régulation ont déposé<br />

des plaintes antitrust contre<br />

Amazon, l’accusant d’utiliser son<br />

accès aux données des entreprises<br />

qui vendent des produits sur sa<br />

plateforme pour obtenir un avantage<br />

déloyal sur elles. Ces accusations<br />

sont graves et maintenant<br />

Amazon doit en répondre.<br />

Le commentaire de Christy Hoffman<br />

uniglobalunion.org/fr/node/41206<br />

Conférence<br />

Uni Europa<br />

Seules les conventions collectives<br />

permettent aux travailleurs d’avoir<br />

un véritable droit de regard sur leur<br />

entreprise. Et ainsi obtenir un salaire<br />

équitable et des conditions de<br />

travail décentes, la sécurité de l’emploi<br />

et des perspectives de carrière.<br />

C’est pourquoi la cinquième conférence<br />

d’UNI Europa, organisée fin<br />

avril, avait pour slogan « Avancer par<br />

la négociation collective ».<br />

Les conventions collectives représentent<br />

le fondement des sociétés<br />

démocratiques et du progrès social,<br />

comme cela a été réitéré dans<br />

les résolutions finales. Raison pour<br />

laquelle les syndicats européens<br />

continueront à se battre pour des<br />

conventions collectives. Les diverses<br />

réunions de la conférence,<br />

organisées en ligne en raison de la<br />

pandémie, avaient comme thème<br />

les salaires minimaux, la politique<br />

de l’Union européenne, les multinationales<br />

et, inévitablement, la crise<br />

du COVID-19.<br />

En ce qui concerne l’avenir des<br />

services, le responsable de la délégation<br />

de <strong>syndicom</strong>, Daniel Hügli,<br />

s’est exprimé comme suit : « C’est<br />

l’occasion pour nous de façonner le<br />

secteur des services et la transformation<br />

numérique dans l’intérêt<br />

des travailleuses et travailleurs.<br />

En particulier en ce qui concerne la<br />

question de savoir quels services<br />

nous voulons aujourd’hui et à l’avenir<br />

pour les personnes et l’économie<br />

(meilleur accès, plus large éventail<br />

de services). Comment ces<br />

services doivent-ils être fournis ?<br />

Et dans quelles conditions les travailleuses<br />

et travailleurs y contribuent-ils<br />

? Nos membres actifs dans<br />

ces branches peuvent façonner le<br />

monde du travail avec nous : les<br />

travailleuses et travailleurs veulent<br />

avoir une voix, plus d’autonomie<br />

dans leurs horaires de travail, une<br />

protection de la vie privée au travail<br />

et des droits en matière d’intelligence<br />

artificielle éthique. Les syndicats<br />

peuvent faire en sorte que<br />

toutes ces revendications soient<br />

remplies par le biais des conventions<br />

collectives. »<br />

Plus d’informations sur les thèmes<br />

de la conférence : unieuropaconference.org


24 Politique<br />

Loi COVID-19 – un paquet<br />

d’aides à protéger<br />

Le 13 juin, nous voterons sur<br />

le maintien des aides prévues<br />

par la loi COVID-19 qui visent<br />

à surmonter les conséquences<br />

économiques de la<br />

crise sanitaire. Presque tous<br />

les partis, ainsi que l’Union<br />

syndicale suisse et <strong>syndicom</strong><br />

soutiennent un oui clair.<br />

Texte : Eva Hirschi<br />

Image : Keystone-ATS<br />

Indemnité en cas de réduction de<br />

l’horaire de travail (RHT), allocation<br />

pour perte de gain, aide pour les cas<br />

de rigueur : afin d’atténuer les effets<br />

négatifs de la crise pandémique, le<br />

Conseil fédéral a fait usage du droit<br />

de nécessité pour décider de diverses<br />

mesures et formes d’aide.<br />

Ce droit étant limité à six mois, le<br />

Parlement a ensuite conçu une base<br />

légale. La loi COVID-19 déclarée<br />

urgente est alors entrée en vigueur à<br />

fin septembre 2020. Elle est désormais<br />

ménacée en raison d’un référendum<br />

lancé par l’association « Les<br />

Amies et Amis de la Constitution ».<br />

Les opposants à la loi arguent que<br />

les compétences du Conseil fédéral<br />

fondées sur le droit de nécessité<br />

pendant la pandémie ne devraient<br />

pas être légitimées et prolongées<br />

ultérieurement. Le comité référendaire<br />

ne conteste certes pas l’ensemble<br />

de la loi COVID-19 ; en particulier<br />

les aides d’urgence. « Mais si<br />

le peuple dit non aux urnes, la loi<br />

entière meurt », prévient Gabriela<br />

Medici, secrétaire centrale de<br />

l’Union syndicale suisse (USS).<br />

Et avec elle, les aides financières.<br />

Un outil pertinent<br />

Les effets de la loi déjà appliqués ne<br />

seraient certes pas annulés rétroactivement.<br />

Autrement dit, les restaurants<br />

n’auraient pas à rembourser<br />

l’argent qu’ils ont déjà reçu. Mais la<br />

loi devra être révoquée au plus tard<br />

un an après son entrée en vigueur,<br />

ce qui signifie que toutes les mesures<br />

d’aide expireront en septembre.<br />

« Il n’y aurait aucune possibilité<br />

de prolongation », déclare<br />

Gabriela Medici. Or il est important<br />

de pouvoir continuer à soutenir les<br />

personnes touchées par la pandémie<br />

aussi longtemps que nécessaire<br />

et ainsi préserver les emplois et assurer<br />

la survie des entreprises<br />

suisses. « Sur un plan purement<br />

théorique, le Parlement pourrait<br />

édicter d’autres lois comportant des<br />

mesures similaires. Mais des lacunes<br />

en résulteraient, car il faudrait<br />

d’abord adopter la nouvelle<br />

loi, puis attendre le délai référendaire<br />

ordinaire », ajoute-t-elle. De<br />

son côté, <strong>syndicom</strong> soutient lui aussi<br />

la loi COVID-19 : « Afin que les<br />

aides fonctionnent, elles doivent arriver<br />

rapidement », explique Michael<br />

Moser, secrétaire central secteur<br />

Médias chez <strong>syndicom</strong>. « Ça ne sert à<br />

rien d’obtenir un soutien s’il vient<br />

trop tard. » C’est pourquoi <strong>syndicom</strong><br />

a tout mis en œuvre pour simplifier<br />

l’inscription au chômage partiel.<br />

Mais ce n’est pas tout : avec<br />

d’autres organisations, <strong>syndicom</strong><br />

s’est engagé pour étendre le soutien<br />

financier. « Au début du confinement,<br />

des indemnités n’étaient pas<br />

prévues pour les indépendant-e-s »,<br />

déclare Michael Moser. Or ils-elles<br />

sont nombreux-euses, en particulier<br />

dans le secteur des arts et de la<br />

culture, mais aussi dans le sport et<br />

les médias. Grâce notamment à<br />

l’engagement de <strong>syndicom</strong>, ces indépendant-e-s<br />

ont pu obtenir des<br />

allocations pour perte de gain<br />

COVID-19 sous forme d’indemnités<br />

journalières. « Nous avons fait un<br />

gros travail d’explication, car l’aide<br />

ne s’adressait d’abord qu’aux acteurs<br />

culturels. Or la crise a touché<br />

non seulement l’artiste sur scène,<br />

mais aussi le photographe qui<br />

prend des photos d’un événement<br />

ou le graphiste qui crée une affiche<br />

», souligne Michael Moser.<br />

Au lieu de recommencer à zéro,<br />

Michael Moser et Gabriela Medici<br />

souhaitent plutôt des améliorations<br />

de la loi existante. « Déjà en hiver,<br />

nous avons obtenu au Parlement<br />

que l’indemnité RHT pour les bas<br />

revenus s’élève désormais à 100 %<br />

du salaire mensuel et pas seulement<br />

à 80 %, comme la loi le prévoit », indique<br />

Gabriele Medici. En outre,<br />

plusieurs organisations s’engagent<br />

actuellement pour que le chômage<br />

partiel soit étendu. « Un non aux<br />

urnes réduirait à néant ces possibilités<br />

», conclut Gabriela Medici.<br />

La position de l’USS en détail :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/ZLQrp


Droit au but !<br />

25<br />

Cher conseil juridique de <strong>syndicom</strong> :<br />

J’ai terminé mon apprentissage d’informaticien<br />

il y a trois ans et je travaille dans ce<br />

domaine depuis lors. Depuis six mois, j’ai<br />

des douleurs au dos et je souhaiterais<br />

considérer une reconversion professionnelle.<br />

Je serais bien sûr motivé à rester<br />

dans l’entreprise. Mon employeur est-il<br />

obligé de me proposer un autre emploi vu<br />

les raisons invoquées et financer toutes<br />

les formations nécessaires à ma reconversion<br />

?<br />

Si je pouvais répartir librement mon temps<br />

de travail, une reconversion professionnelle<br />

ne serait pas nécessaire. J’ai découvert<br />

qu’il existe sur les plateformes de<br />

crowdworking quantité de mandats que je<br />

pourrais exécuter comme informaticien<br />

indépendant. A qui m’adresser et comment<br />

procéder si je souhaite devenir indépendant<br />

et bénéficier d’un soutien financier ?<br />

Si mon revenu d’indépendant ne suffit pas<br />

et m’oblige par conséquent à exercer une<br />

ou deux activités annexes, faut-il que je<br />

paie également des cotisations sociales<br />

comme indépendant ?<br />

Réponse du service juridique :<br />

Non, l’employeur n’a aucune obligation légale de te proposer<br />

un autre emploi ni de financer une reconversion<br />

professionnelle. Tu as toutefois peut-être la possibilité de<br />

faire valoir un droit à la formation dans le cas où celui-ci<br />

est défini par la CCT ou le règlement de ton entreprise.<br />

Renseigne-toi auprès de ton employeur.<br />

L’assurance-invalidité peut accorder une aide en capital<br />

pour démarrer une activité indépendante, octroyée en<br />

règle générale sous forme de prêt remboursable avec intérêts.<br />

Tu dois t’annoncer à cet effet à l’AI et demander une<br />

aide en capital. Plusieurs conditions doivent être remplies.<br />

Avant tout, ton état de santé et l’activité exercée<br />

doivent permettre de réaliser un revenu plus important<br />

qu’une activité salariée. De plus, tu as besoin d’une attestation<br />

de la caisse de compensation de ton canton, qui<br />

confirme ton statut d’indépendant. Les exigences pour<br />

être reconnu en tant qu’indépendant sont très strictes. En<br />

parallèle, la caisse de chômage paie jusqu’à 90 indemnités<br />

journalières lorsqu’une personne démarre une activité<br />

indépendante. Ici aussi, les conditions d’octroi sont<br />

strictes et le statut d’indépendant doit être reconnu.<br />

Cela dépend du revenu que tu réalises en tant qu’indépendant.<br />

Si tu gagnes moins de 9600 francs par an, tu dois<br />

payer la cotisation minimale de 503 francs. En tant qu’indépendant,<br />

tu n’es pas couvert par l’assurance-chômage,<br />

ni par l’assurance-accidents obligatoire, ni par la caisse<br />

de pension. Selon ton activité annexe, tu risques là aussi<br />

de passer à travers les mailles du système de sécurité sociale<br />

si ton employeur ne paie pas de cotisations AVS ni de<br />

cotisations LPP, si tu n’es pas assuré contre une perte de<br />

salaire en cas de maladie ou d’accident, et si tu n’as pas<br />

droit à des indemnités de chômage. Avant de te mettre à<br />

ton compte ou de combiner plusieurs activités, il est important<br />

de t’informer de tes droits et de tes obligations<br />

auprès de ton syndicat.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/droitaubut


UN FILM DI<br />

PARTNER DI PROMOZIONE<br />

AVEC LA PARTICIPATION DE MARINA CAROBBIO, SIMONE CHAPUIS-BISCHOF, AMÉLIA CHRISTINAT, RUTH DREIFUSS, TAMARA FUNICIELLO, MARTHE GOSTELI, ELISABETH KOPP, GABRIELLE NANCHEN, PATRICIA SCHULZ, BRIGITTE STUDER<br />

IMAGE BASTIEN GENOUX, NICOLAS VEUTHEY SON STÉPHANE GOËL, DANIEL WYSS MONTAGE JANINE WAEBER MIXAGE JÉRÔME CUENDET GRAPHISME LEA LINK, KIM ANDENMATTEN POSTPRODUCTION NICOLAS VEUTHEY, DANIEL WYSS<br />

JOURNALISTE CAROLE PIRKER RÉALISATION STÉPHANE GOËL PRODUCTION CLIMAGE COPRODUCTION RTS, STEVEN ARTELS, FRÉDÉRIC PFYFFER, SRF, URS AUGSTBURGER, GABRIEL BLOCH STEINMANN, RSI, SILVANA BEZZOLA<br />

AVEC LA PARTICIPATION DE LA CINÉMATHÈQUE SUISSE AVEC LE SOUTIEN DE OFFICE FÉDÉRAL DE LA CULTURE (DFI), CINÉFOROM ET LA LOTERIE ROMANDE, SUCCÈS PASSAGE ANTENNE, SUCCÈS CINÉMA DISTRIBUTION FIRST HAND FILMS<br />

GRAFIK POSTER LEA LINK © 2020<br />

26<br />

Loisirs<br />

Suggestions<br />

DE<br />

LA<br />

© First Hand Films<br />

Formation continue à la carte<br />

Les deux instituts de formation des<br />

syndicats Movendo et Helias proposent<br />

en permanence un large<br />

éventail de cours. Ces formations<br />

vous permettront de vous développer<br />

personnellement ainsi que professionnellement,<br />

dans un monde<br />

du travail particulièrement évolutif.<br />

Vous pourrez librement y acquérir<br />

de nouvelles compétences en fonction<br />

de vos envies et projets.<br />

Une grande variété de cours est proposée,<br />

touchant autant à des outils<br />

informatiques qu’à vos talents<br />

d’orateur. Voici quelques exemples :<br />

– Les 14 et 15 juin, un cours « Parler<br />

en public : l’exposé » aura lieu à<br />

Chexbres, où vous apprendrez à<br />

préparer un exposé en veillant à sa<br />

structure, à être clair-e et imagé-e<br />

dans vos propos ainsi qu’à insuffler<br />

du rythme dans vos présentations.<br />

– Un cours sur « le cloud, la messagerie<br />

libre et les fonctions de communication<br />

et de stockage sur internet<br />

», proposé le 28 juin à<br />

Yverdon-les-Bains, vous emmènera<br />

au cœur des nouvelles technologies<br />

de communication et de collaboration<br />

en ligne.<br />

– Dans le cours « Mes vidéos sur les<br />

réseaux sociaux » le 6 octobre à Fribourg,<br />

vous pourrez vous familiariser<br />

avec la création de vidéos, du<br />

scénario jusqu’au montage.<br />

Jetez donc un coup d’œil au site web<br />

de nos centres de formation, il y a<br />

certainement un cours pour vous.<br />

En outre, nous vous rappelons que<br />

le coût du cours est remboursé pour<br />

les membres de <strong>syndicom</strong>, y compris<br />

les repas (un cours par an).<br />

Sharada Iser<br />

Consultez le catalogue des cours sur<br />

movendo.ch et helias.ch<br />

AU<br />

STÉPHANE GOËL<br />

EDIZIONE 2021<br />

CUISINE<br />

PARLEMENT<br />

Loin des cuisines<br />

CLIMAGE PRESENTI<br />

En 1928, à l’occasion de la première<br />

Exposition nationale suisse du travail<br />

féminin (SAFFA), les activistes<br />

défilent dans les rues de Berne avec<br />

un escargot géant pour symboliser<br />

la lenteur du traitement de leurs revendications.<br />

Le combat pour l’égalité<br />

a été - et est - difficile en Suisse.<br />

En 1848, la Constitution garantit<br />

l’égalité, mais il faut 50 autres votations<br />

et bien plus d’un siècle pour<br />

aboutir au droit de vote des femmes<br />

au niveau fédéral (en 1971) et finalement<br />

cantonal (en 1990 à Appenzell<br />

Rhodes-Intérieures). Le documentaire<br />

De la cuisine au Parlement,<br />

sorti pour la première fois en 2012,<br />

revient sur cette longue histoire du<br />

suffrage féminin en Suisse. Il ressort<br />

cette année dans une édition<br />

2021 à l’occasion des 50 ans du vote<br />

des femmes en Suisse. Cette nouvelle<br />

adaptation était nécessaire<br />

tant l’escargot a avancé ces dernières<br />

années suite notamment à la<br />

grande grève des femmes du 14 juin<br />

2019 et aux résultats des dernières<br />

élections fédérales.<br />

Dans ce film, le réalisateur Stéphane<br />

Goël aborde de nouveaux<br />

thèmes, tels que le droit d’avorter et<br />

l’assurance maternité. Il retrace<br />

aussi un siècle de luttes avec des<br />

riches images d’archives. Des protagonistes<br />

comme Elisabeth Kopp, la<br />

première conseillère fédérale, Marina<br />

Carobbio ou encore Tamara<br />

Funiciello décrivent leur combat<br />

pour la cause égalitaire. Elles nous<br />

rappellent que la lutte pour sortir<br />

des cuisines n’est pas encore terminée.<br />

Et elle n’est pas seulement politique,<br />

mais aussi culturelle et sociale.<br />

C’est un combat contre les<br />

stéréotypes de genre.<br />

Giovanni Valerio<br />

Les projections en Suisse romande :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/x25AZ<br />

Le secteur Logistique lance<br />

un nouveau podcast<br />

Les distributrices et distributeurs<br />

des entreprises privées de distribution<br />

telles que FedEx, DHL, Planzer,<br />

DPD, etc... sont constamment sur la<br />

route et doivent affronter des journées<br />

de travail éprouvantes. Pour les<br />

accompagner on the road et leur<br />

fournir des informations importantes<br />

sur leurs conditions de travail<br />

de manière divertissante, <strong>syndicom</strong><br />

leur propose un nouveau podcast.<br />

La série de podcasts prendra la<br />

forme d’un épisode proposé tous les<br />

deux mois. Pendant environ 20 minutes,<br />

la secrétaire régionale secteur<br />

Logistique Virginie Zürcher, et<br />

son collègue Jean-François Donzé,<br />

également secrétaire régional secteur<br />

Logistique, aborderont tour à<br />

tour des sujets tels que les heures<br />

supplémentaires, le poids des colis,<br />

les conventions collectives de travail<br />

(et ce en quoi elles consistent !) ou<br />

encore les avantages d’une affiliation<br />

syndicale. Toute proposition de<br />

sujet à intégrer dans un épisode<br />

peut volontiers être proposée à<br />

info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Ces épisodes permettront<br />

d’agrémenter les journées de travail<br />

des distributeurs et distributrices<br />

en partageant des informations importantes<br />

sur le monde du travail au<br />

sein de leur branche. Le premier enregistrement<br />

est à écouter dès à présent<br />

sur notre site internet en suivant<br />

le lien ci-dessous. Bonne<br />

écoute à toutes et tous !<br />

Sharada Iser<br />

Ecouter le podcast :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/audio<br />

© Chris Lynch / Unsplash


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements La fête du Travail mobilise aux quatre coins de la Suisse \ <strong>syndicom</strong> sur la scène<br />

de la 5 e Conférence UNI Europa \ Démantèlement chez Tamedia, pas de demimesures<br />

! \ Grève pour un futur social, durable et équitable<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4


1-4. Malgré la pluie et les mesures sanitaires, nous étions en route dans<br />

toute la Suisse pour la fête du Travail. Vive le 1 er Mai ! (© <strong>syndicom</strong>)<br />

5. Le 18 mai, nous avons soutenu les journalistes du Bund et de la Berner<br />

Zeitung dans leur action de protestation contre les suppressions<br />

d’emplois récemment annoncées. (© Christian Capacoel)<br />

6. <strong>syndicom</strong> était présent le 21 mai à la grève pour l’avenir pour une<br />

journée d’action placée sous le signe de la justice climatique, de la<br />

préservation du climat et de la transformation sociale. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

7. <strong>syndicom</strong> et les syndicats du secteur des services de toute<br />

l’Europe se sont réunis pour la 5 e Conférence – virtuelle –<br />

d’UNI Europa fin avril. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

8. L’événement était précédé de la Conférence des femmes UNI Europa<br />

durant laquelle la secrétaire générale s’est exprimée<br />

face à environ 350 femmes en arborant le foulard <strong>syndicom</strong> de la grève<br />

féministe de 2019. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

29<br />

5<br />

6<br />

7 8


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Le besoin d’être entendu était criant »<br />

Laetitia Wider est née le 4 mai 1979 à<br />

Genève. Après une formation en journalisme<br />

à Lyon, elle suit un stage RP au<br />

sein de la rédaction du <strong>magazine</strong> Bilan<br />

jusqu’à l’obtention du statut professionnel<br />

de la branche en 2007. Elle travaillera<br />

ensuite à la RTS pour le <strong>magazine</strong><br />

Nouvo, puis au téléjournal. Elle<br />

devient journaliste indépendante en<br />

2011, entame un voyage autour du<br />

monde en 2013, puis co-crée et cogère<br />

une guest-house au Panama en<br />

2017. Elle enseigne aussi le journalisme<br />

vidéo. Elle est membre de <strong>syndicom</strong><br />

depuis 2020.<br />

Texte : Robin Moret<br />

Image : Olivier Vogelsang<br />

« Des centaines de témoignages<br />

ont afflué »<br />

Cinq semaines. C’est le temps qui<br />

s’est écoulé avant que le Conseil fédéral<br />

ne fasse enfin mention des indépendant-e-s<br />

dans ses conférences<br />

de presse sur la crise sanitaire. Ce<br />

manque de reconnaissance est symptomatique<br />

de la méconnaissance de<br />

ce statut en Suisse. Après les premières<br />

annonces le 16 mars déjà,<br />

j’avais compris que nous n’allions<br />

pas être considéré-e-s au même titre<br />

que le reste des travailleurs-euses.<br />

Alors, j’ai créé le compte Instagram<br />

« Je suis indépendant.e » dans l’objectif<br />

de récolter des témoignages percutants.<br />

J’ai été vite dépassée : le<br />

compte a réuni plus de 1000 followers<br />

en moins de trois jours. Des<br />

centaines de témoignages ont afflué.<br />

Le besoin d’être entendu était criant.<br />

L’idée de faire entendre leurs voix<br />

dans un podcast a alors fait son chemin.<br />

J’ai créé un crowdfunding, et<br />

grâce au succès rencontré, j’ai lancé<br />

la première saison en mai 2020.<br />

Si leurs profils sont variés, les indépendant-e-s<br />

se retrouvent souvent<br />

dans ce goût partagé pour l’autonomie.<br />

Passionnés, ils travaillent généralement<br />

sans compter. Pour ma<br />

part, j’y suis venue un peu par hasard.<br />

J’avais décidé de quitter la RTS,<br />

où je travaillais comme journaliste,<br />

et des propositions de mandats me<br />

sont parvenues spontanément. J’y ai<br />

trouvé un formidable vent de liberté<br />

et la soudaine disparition des strates<br />

hiérarchiques que j’abhorre. Cela a<br />

suffi à me convaincre. Je n’aurais jamais<br />

imaginé, mais voilà déjà onze<br />

ans que je m’épanouis dans ce statut.<br />

Aujourd’hui, les indépendant-e-s<br />

ont été intégré-e-s aux mesures de<br />

soutien. Un soulagement, certes,<br />

mais la situation ne s’est pas améliorée<br />

pour toutes et tous. Certain-e-s<br />

n’ont toujours pas reçu toutes leurs<br />

aides. Cette latence est incompréhensible.<br />

D’autres sont pénalisé-e-s<br />

pour avoir lancé leur activité en 2019,<br />

le montant servant de référence au<br />

calcul des indemnités étant de fait<br />

très bas. Une musicienne de renom<br />

m’expliquait dans le podcast avoir<br />

reçu une aide journalière de 7 francs.<br />

C’est presque insultant. Il est désormais<br />

nécessaire de créer une assurance<br />

perte de gain abordable, avec<br />

un délai raisonnable, pour tous les<br />

indépendant-e-s. Nous sommes<br />

égaux face aux coups durs de la vie<br />

comme la maladie. Il n’est pas normal<br />

que nous devions les assumer<br />

différemment. Gérer les risques financiers<br />

de son entreprise, c’est une<br />

chose, tout le monde est en accord<br />

avec cela, mais il faut des réformes<br />

en matière de protection sociale !<br />

La deuxième saison du podcast a<br />

démarré en mars 2021. Les échos<br />

positifs m’encouragent. Mais mon<br />

travail n’est plus rémunéré, et je<br />

cherche le financement nécessaire à<br />

la poursuite de ce projet. J’aimerais<br />

proposer des épisodes plus pratiques,<br />

aborder des questions organisationnelles<br />

ou émotionnelles en<br />

lien avec le statut tout en continuant<br />

à offrir ces entretiens longs, l’ADN de<br />

ce projet audio. Car si ces parcours<br />

sont aussi inspirants, c’est pour<br />

l’élan qu’ils insufflent, ils encouragent<br />

à oser !<br />

Ecouter le podcast : bit.ly/3bisQXI<br />

Soutenir le projet : <strong>syndicom</strong>.ch/UmmZL


Mots-croisés Syndicom juin 2021<br />

Impressum<br />

Rédaction : Robin Moret, Giovanni Valerio<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustrasse 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Mot Images mystère sans : © : mises à disposition<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

de membre. Non-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

Le prochain numéro paraîtra le 13 août 2021.<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

Fr. 70.– (étranger)<br />

Délai rédactionnel : 14 juillet 2021<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

22 23<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

DÉFINITIONS<br />

Horizontalement : I. Peut être fatale. Castor.<br />

I<br />

II. Aurait dû être la première des 7. Solution.<br />

5<br />

III. Se danse à trois. Difficile. IV. Nasille. Pas<br />

II<br />

beaux. 65 ans, c'est toujours NON ! V. Dix<br />

10 1<br />

au carré. La grande casserole. Drogue<br />

III<br />

laxative. VI. Petite amoureuse de Pâris. 45.<br />

Tout à fait orthodoxe. VII. Féminin. Déesse<br />

IV<br />

du chaos. Tout. Réussi. VIII. Rosa.<br />

Occupation musclée. IX. Sine qua non.<br />

V<br />

Chiale. Sans tache. X. Fientes de cerf.<br />

6 4<br />

Embrassé.<br />

juin 2021<br />

VI<br />

Verticalement : 1. Oral. Psychédélique. 2.<br />

11<br />

5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 Avant 23 la tanneuse. 3. Souffle. Fuite. 4. Clé.<br />

VII<br />

5. Pas pourri. Auteure de la Déclaration des<br />

2 9<br />

droits de la femme et de la citoyenne. 6. Es.<br />

VIII<br />

DÉFINITIONS<br />

6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

Potable. 7. Moins que demain. Modes<br />

animales. 8. Initiation. Chimie amusante.<br />

Horizontalement : I. Peut être fatale. Castor.<br />

IX<br />

Filet. 9. De même rang. Aime les petits. 10.<br />

Mots-croisés 8 Syndicom juin II. Aurait dû être la première des 7. Solution.<br />

5 2021<br />

Léger. Après midi. Plus. 11. Rassemblons.<br />

III. Se danse à trois. Difficile. IV. Nasille. Pas<br />

X<br />

12. Héroïque. 13. Maritime. Lié. 14. C'est lui.<br />

beaux. 65 ans, c'est toujours NON ! V. Dix<br />

0 1<br />

7 3 Bloque Les mots la roue. croisés Au four ou dans la poire. 15.<br />

au carré. La grande casserole. Drogue<br />

Brames. Le·la gagnant·e, Mince.<br />

laxative. VI. Petite amoureuse de Pâris. 45.<br />

dont le nom paraîtra<br />

Mot mystère :<br />

Tout à fait orthodoxe. VII. Féminin. Déesse dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra un<br />

1 2 3 4 5 6 du chaos. 7 8 Tout. 9 Réussi. 10 11 VIII. 12 Rosa. 13 14 lingot 15 d’or, 16 offert 17 par 18 notre 19 partenaire 20 21 22 23<br />

13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

Occupation musclée. IX. Sine qua non. la banque Cler. Prière d’envoyer votre<br />

Chiale. Sans tache. X. Fientes de cerf.<br />

solution jusqu’au 3 juillet par e-mail à<br />

DÉFINITIONS<br />

Embrassé.<br />

DÉFINITIONS<br />

4 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

15<br />

admin@<strong>syndicom</strong>.ch ou par courrier à<br />

Horizontalement : I. Peut être fatale. Castor. Verticalement : 1. Oral. Psychédélique. 2. Rédaction Horizontalement <strong>syndicom</strong>, : I. Peut Monbijoustrasse<br />

être fatale. Castor.<br />

I<br />

11<br />

II. Aurait dû être la première des 7. Solution. Avant la tanneuse. 3. Souffle. Fuite. 4. Clé. II. Aurait dû être la première des 7. Solution.<br />

5<br />

5<br />

33, case postale, 3001 Berne.<br />

III. Se danse à trois. Difficile. IV. Nasille. Pas 5. Pas pourri. Auteure de la Déclaration des III. Se danse à trois. Difficile. IV. Nasille. Pas<br />

II 9<br />

beaux. 65 ans, c'est toujours NON ! V. Dix droits de la femme et de la citoyenne. 6. Es. beaux. 65 ans, c'est toujours NON ! V. Dix<br />

10 1<br />

au carré. La grande casserole. Drogue Potable. 7. Moins que demain. Modes<br />

La au gagnante carré. La du grande dernier casserole. mots croisés Drogue<br />

laxative. III VI. Petite amoureuse de Pâris. 45. animales. 8. Initiation. Chimie amusante. La laxative. solution VI. du Petite dernier amoureuse mots croisés de Pâris. 45.<br />

Tout à fait orthodoxe. VII. Féminin. Déesse Filet. 9. De même rang. Aime les petits. 10. était Tout « à LESS fait orthodoxe. IS MORE ». VII. Féminin. Déesse<br />

du IV chaos. Tout. Réussi. VIII. Rosa. Léger. Après midi. Plus. 11. Rassemblons. La<br />

du<br />

gagnante<br />

chaos.<br />

est<br />

Tout.<br />

Madame<br />

Réussi. VIII. Rosa.<br />

Occupation musclée. IX. Sine qua non. 12. Héroïque. 13. Maritime. Lié. 14. C'est lui. Occupation musclée. IX. Sine qua non.<br />

Claudine Anne Dougoud-Wicht<br />

Chiale. Sans 7 tache. X. Fientes de 3 cerf. Bloque la roue. Au four ou dans la poire. 15. Chiale. Sans tache. X. Fientes de cerf.<br />

V<br />

Embrassé.<br />

Brames. Mince.<br />

Elle Embrassé. recevra une Hotelcard.<br />

6 4<br />

Chaleureuses félicitations !<br />

VI<br />

Verticalement : 1. Oral. Psychédélique. 2.<br />

Verticalement : 1. Oral. Psychédélique. 2.<br />

11<br />

11<br />

Avant la tanneuse. 3. Souffle. Fuite. 4. Clé.<br />

Avant la tanneuse. 3. Souffle. Fuite. 4. Clé.<br />

VII<br />

5. Pas pourri. Auteure de la Déclaration des<br />

5. Pas pourri. Auteure de la Déclaration des<br />

2 9<br />

droits de la femme et de la citoyenne. 6. Es.<br />

droits de la femme et de la citoyenne. 6. Es.<br />

Potable. VIII 7. Moins que demain. Modes<br />

Potable. 7. Moins que demain. Modes<br />

animales. 8. Initiation. Chimie amusante.<br />

animales. 8. Initiation. Chimie amusante.<br />

Annonce Filet. IX 9. De même rang. Aime les petits. 10.<br />

Filet. 9. De même rang. Aime les petits. 10.<br />

Léger. Après midi. Plus.<br />

8<br />

11. Rassemblons.<br />

Léger. Après midi. Plus. 11. Rassemblons.<br />

12. Héroïque. X 13. Maritime. Lié. 14. C'est lui.<br />

12. Héroïque. 13. Maritime. Lié. 14. C'est lui.<br />

Bloque la roue. Au four ou dans la poire. 15.<br />

7 3 Bloque la roue. Au four ou dans la poire. 15.<br />

Brames. Mince.<br />

Brames. Mince.<br />

Pour le climat<br />

Oui à une politique climatique sociale!<br />

Grâce à la redistribution, chaque foyer tire parti de la taxe<br />

sur le CO2. Plus de 450 millions de francs serviront à<br />

subventionner les assainissements des bâtiments.<br />

Les propriétaires et les locataires en profiteront.<br />

Et des emplois seront créés.<br />

Votez maintenant!<br />

Loi CO 2<br />

13 juin 2021<br />

L’Union syndicale suisse<br />

USS et Travail.Suisse<br />

disent OUI.<br />

OUI dans l’intérêt des<br />

locataires et propriétaires,<br />

des consommatrices<br />

et consommateurs.<br />

Oui<br />

31


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Amnesty International Suisse19.5.2021<br />

Douze arguments contre la loi sur les mesures<br />

policières : amn.st/6182yDtFs. La<br />

nouvelle loi ne favorise pas la sécurité, au<br />

contraire, elle ouvre la porte à l’arbitraire.<br />

Votez NON le 13 juin !<br />

facebook.com/Amnesty.Suisse<br />

International Federation<br />

of Journalists 19.5.2021<br />

#SuisseDrapeau de la Suisse : suppressions<br />

d’emplois, fusion des rédactions et<br />

absence de plan social chez @Tamedia.<br />

Le personnel des quotidiens « Bund » et « BZ » menait<br />

une action de protestation hier à Berne. @efjeurope<br />

@<strong>syndicom</strong>_de #Solidarité #Journalistes<br />

twitter.com/ifjglobal<br />

Union syndicale suisse (USS)<br />

20.5.2021<br />

Pour de nombreux salarié(e)s, la<br />

crise du coronavirus a eu des effets<br />

délétères. Contre le chômage, la précarité<br />

et les inégalités croissantes,<br />

il n’y a pas 36 solutions :<br />

il faut de meilleurs salaires et des<br />

mesures efficaces en faveur du<br />

pouvoir d’achat.<br />

twitter.com/SyndicatUSS<br />

Union syndicale suisse (USS)11.5.2021<br />

Des salaires suisses pour tout travail en Suisse : ce principe<br />

doit continuer à s’appliquer ! Laisser tomber la protection des<br />

salaires, c’est risquer une augmentation du dumping salarial,<br />

au détriment de tous les salarié-e-s. Pourquoi nous refusons<br />

tout affaiblissement des mesures d’accompagnement ?<br />

C’est ce qu’explique une vidéo en moins d’une minute.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/OZAjT<br />

facebook.com/UnionSyndicaleSuisse<br />

Alliance climatique suisse14.5.2021<br />

« Si la loi CO2 devait échouer, nous aurons tous à assumer<br />

les effets de notre contribution à un laisser-aller<br />

aux conséquences dramatiques. » Le monde est en<br />

fièvre, il n’y a pas de temps à perdre. Il est impératif de<br />

voter oui à la #loiCO2.<br />

twitter.com/alliance_climat<br />

European Federation of Journalists<br />

18.5.2021<br />

« Le principal problème des plateformes<br />

numériques n’est pas la modération des<br />

contenus. Ce sont les algorithmes qui optimisent<br />

l’engagement au lieu d’optimiser la<br />

démocratie. » @fromTGA #SthlmMedia Freedom<br />

@SwedeninATOSCE @OSCE_RFoM.<br />

instagram.com/efjeurope<br />

UN Women19.5.2021<br />

Une répartition inégale des tâches ménagères renforce<br />

les attentes traditionnelles face au rôle des hommes et<br />

des femmes. Cela restreint le sentiment de faisabilité et<br />

l’épanouissement de nos enfants.<br />

twitter.com/un_women<br />

UNI Global Union<br />

13.5.2021<br />

Une nouvelle étude<br />

mondiale a examiné<br />

comment les syndicats<br />

évaluent l’impact de la numérisation<br />

dans les secteurs de la poste et<br />

de la logistique. Elle révèle que la digitalisation<br />

a entraîné une perte nette<br />

d’emplois, ainsi qu’une augmentation<br />

du travail précaire et de la surveillance<br />

au travail.<br />

facebook.com/UNIGlobalUnion<br />

UNI Europa18.5.2021<br />

Une nouvelle étude de la @CSI montre<br />

pourquoi il est si important que le<br />

#COVID19 soit reconnu comme une<br />

maladie professionnelle au niveau<br />

mondial. 98 % des travailleurs et travailleuses dans<br />

le monde ne reçoivent pas d’allocations de maladie<br />

ni un salaire de substitution ni les prestations<br />

sociales dont ils ont besoin. #Essential4Recovery<br />

Journal <strong>syndicom</strong>.ch/pPpXe<br />

twitter.com/uni_europa

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