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syndicom magazine No.24

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 24 août-septembre 2021<br />

<strong>magazine</strong><br />

Des rentes<br />

dignes,<br />

un chantier<br />

en cours


Rendez-vous : 13h30, Schützenmatte<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/18septembre


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invitée<br />

8 Dossier : Nos rentes<br />

sont attaquées<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

22 L’accord-cadre vu par<br />

les syndicats européens<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> social<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

Existe-t-il des garanties pour maintenir le pouvoir<br />

d’achat des rentes ? Le législateur s’était<br />

fixé pour objectif d’atteindre un revenu de 60 %<br />

du dernier salaire avec les rentes du 1 er et du<br />

2 e pilier réunies. Un mirage pour la plupart des<br />

catégories professionnelles. Ici, une grande<br />

désillusion attend les travailleurs-euses. Trop<br />

souvent, leur rente ne suffit pas. Cette réalité<br />

est encore plus accentuée chez les migrant-e-s<br />

et pour les personnes ayant de bas salaires ou<br />

des parcours professionnels non linéaires.<br />

Une première mesure consisterait à éliminer<br />

la notion de salaire coordonné du 2 e pilier et à<br />

cotiser à partir du premier franc, comme pour<br />

l’AVS. Nous avons défendu cette revendication<br />

aux conseils de fondation des caisses de<br />

pension où nous sommes élu-e-s. L’objectif est<br />

actuellement en partie réalisé, mais nous devons<br />

persévérer. <strong>syndicom</strong> se présente une fois<br />

de plus avec une liste de candidat-e-s compétent-e-s<br />

aux prochaines élections du conseil de<br />

fondation de la caisse de pensions de La Poste.<br />

Au sein de cet organe paritaire, notre opinion et<br />

vos besoins pèsent. Et nous voulons maintenir<br />

ce poids pendant la prochaine législature.<br />

A l’heure actuelle, d’autres intérêts, qui nous<br />

éloignent de l’objectif, prévalent dans la prévoyance<br />

professionnelle. Et lorsqu’il est affirmé<br />

que la sécurité est obtenue avec le 3 e pilier, il<br />

faut se rendre en toute honnêteté à l’évidence :<br />

ce pilier de la prévoyance individuelle reste une<br />

chimère pour un grand nombre de personnes.<br />

4<br />

8<br />

30<br />

Matteo Antonini,<br />

responsable du secteur Logistique


4<br />

Une fine équipe<br />

« Nous nous engageons pour les intérêts<br />

des employé-e-s de La Poste Suisse SA. »<br />

René Frey (nouveau – 1971)<br />

Conseiller à la clientèle chez<br />

PostFinance à Horgen. « Je veux une<br />

solution équitable pour les assuré-e-s<br />

de la CP Poste afin de maintenir notre<br />

niveau de vie habituel. »<br />

Matteo Antonini (sortant – 1980)<br />

Responsable du secteur Logistique<br />

<strong>syndicom</strong>. « Je souhaite contribuer au<br />

maintien d’une caisse de pension<br />

attrayante pour les employé-e-s. »<br />

Daniela Wenger (sortante – 1971)<br />

Spécialiste immobilier chez Poste CH<br />

Réseau SA à Olten. « Il est capital que<br />

quelqu’un s’engage avec détermination<br />

pour les intérêts des assuré-e-s. »<br />

Thomas Neuhaus (nouveau – 1963)<br />

Collaborateur de l’aide à la conduite<br />

aux services logistiques à Thoune. « Il<br />

est important d’avoir une représentation<br />

forte au conseil de fondation. »<br />

Reto Clavadetscher (nouveau – 1963)<br />

Responsable de la région de distribution<br />

courrier aux services logistiques à<br />

Bienne. « Je suis habitué à collaborer<br />

au sein de groupes de travail et m’engage<br />

volontiers de manière active. »<br />

Texte : Matthias Loosli<br />

Image : Alexander Egger<br />

« Il s’agit de beaucoup<br />

d’argent. Notre argent. »<br />

« Nous sommes la liste <strong>syndicom</strong>, ou<br />

la Liste 1. Cinq candidat-e-s de <strong>syndicom</strong><br />

à nous présenter pour les élections<br />

à l’organe suprême de la caisse<br />

de pensions Poste (CP Poste). Nous<br />

voulons siéger au conseil de fondation<br />

– l’organe de direction de l’institution<br />

de prévoyance de La Poste –,<br />

où sont administrés les avoirs de prévoyance<br />

du personnel.<br />

Des avoirs qui nous sont déduits<br />

chaque mois du salaire. Il s’agit de<br />

beaucoup d’argent. Notre argent.<br />

Les décisions prises au sein de cet<br />

organe influent directement sur le<br />

montant de nos rentes. Et nous voulons,<br />

nous devons, avoir voix au chapitre<br />

et participer aux décisions.<br />

Nous sommes cinq membres de<br />

<strong>syndicom</strong>. Quatre d’entre nous travaillent<br />

depuis de nombreuses années<br />

à La Poste. Ensemble, nous<br />

comptabilisons plus de 130 ans d’expérience<br />

à La Poste Suisse SA ! Nous<br />

avons été fonctionnaires de distribution,<br />

assistant-e-s au service des<br />

chèques postaux, ambulant-e-s, responsables<br />

d’offices de poste, collaborateurs-trices<br />

du service externe,<br />

employé-e-s Logistique, transporteurs-trices<br />

de colis, facteurs-trices et<br />

bien plus encore. Nous connaissons<br />

le moindre recoin de l’entreprise.<br />

Mais plus important encore, nous<br />

connaissons les soucis et les besoins<br />

du personnel de La Poste. Nous<br />

connaissons également ses préoccupations<br />

et souhaits. Et nous voulons<br />

nous engager de toutes nos forces,<br />

avec nos compétences et tactiques de<br />

négociation. Le cinquième d’entre<br />

nous, c’est notre syndicaliste suprême.<br />

Il travaille dans cette fonction<br />

à plein temps et s’engage jour<br />

après jour pour le bien-être de nous<br />

autres, les postiers et postières.<br />

Il nous complète ainsi parfaitement.<br />

Lorsque tu recevras fin septembre<br />

2021 le matériel de vote à domicile :<br />

élis-nous au conseil de fondation<br />

de la caisse de pensions Poste (CP<br />

Poste). Les cinq représentant-e-s de<br />

l’employeur s’engagent à assurer le<br />

rendement du groupe. Nous, sur la<br />

‹ liste <strong>syndicom</strong> ›, nous nous engageons<br />

pour les intérêts des employé-e-s<br />

de La Poste. Ce vote offre la<br />

possibilité de participer de manière<br />

active aux décisions concernant les<br />

rentes. Nous serions donc ravis que<br />

vous votiez sans modification pour la<br />

liste <strong>syndicom</strong>, c’est-à-dire pour<br />

nous. »


Brèves<br />

Négociations en cours chez CH Media \ Droits des jeunes<br />

travailleurs et travailleuses \ Nouvelle CCT chez Sunrise UPC \<br />

Privatisation de PostFinance \ Nouvelle présidence à la COFEM \<br />

L’argent ne travaille pas, toi oui ! \ Les APG COVID-19 prolongées<br />

5<br />

CH Media – une CCT exigée<br />

L’annonce selon laquelle CH Media Print<br />

AG quittera la CCT au 31 décembre 2021<br />

a été suivie d’une réunion avec la direction<br />

en janvier. Un sondage interne organisé<br />

par <strong>syndicom</strong> a montré que les<br />

employé-e-s souhaitent que CH Media<br />

revienne sur ses pas ou qu’elle négocie<br />

avec <strong>syndicom</strong> une CCT d’entreprise.<br />

Une deuxième réunion a eu lieu fin juin,<br />

et une autre suivra fin août. Des cliente-s<br />

du centre de presse ont d’ores et<br />

déjà écrit à l’entreprise pour soutenir<br />

les revendications des employé-e-s.<br />

Je défends mes droits !<br />

Que de choses nouvelles, lorsque l’on<br />

est en formation ou que l’on a son premier<br />

boulot ! On est très vite confronté à<br />

de nombreuses règles et questions ainsi<br />

qu’à beaucoup d’insécurité. Autant de<br />

raisons de connaître ses droits. La Jeunesse<br />

syndicale a donc conçu la brochure<br />

« Je défends mes droits ». On y<br />

trouve les réponses à diverses questions<br />

que se posent les apprenti-e-s,<br />

les jeunes travailleurs et travailleuses,<br />

ainsi que les jeunes sans emploi ou en<br />

année de transition. A commander dès à<br />

présent auprès de info@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Sunrise UPC, nouvelle CCT<br />

Après l’achèvement de la restructuration,<br />

Sunrise UPC a travaillé en étroite<br />

collaboration avec le syndicat pour harmoniser<br />

et faire évoluer les conditions<br />

de travail, permettant la mise au point<br />

d’une nouvelle CCT qui met l’accent sur<br />

la gestion du temps et l’autonomie dans<br />

le travail. Les employé-e-s obtiendront<br />

un nouveau contrat de travail à partir de<br />

mi-août 2021, qui entrera en vigueur au<br />

1 er janvier 2022. La masse salariale de<br />

base pour les années 2021-2022 augmentera<br />

dans, l’ensemble, de 1,8 %.<br />

Privatisation PostFinance<br />

Le Conseil fédéral a récemment présenté<br />

son message de révision partielle<br />

de la loi sur l’organisation de La<br />

Poste, proposant de privatiser complètement<br />

PostFinance. Le CF met en péril<br />

le service universel sur le marché postal<br />

et compromet l’accès avantageux<br />

aux prestations financières pour de<br />

larges pans de la population. <strong>syndicom</strong><br />

combattra avec fermeté ce projet, si<br />

nécessaire, par voie de référendum.<br />

COFEM – nouvelle présidente<br />

A partir du 1 er octobre, une nouvelle<br />

présidente fera son entrée à la Commission<br />

fédérale des médias (COFEM),<br />

la commission extraparlementaire indépendante<br />

qui formule des recommandations<br />

en matière de politique<br />

des médias. Anna Jobin est chercheuse<br />

associée au STSLab de l’Université de<br />

Lausanne et collaboratrice scientifique<br />

à l’Alexander von Humboldt Institut für<br />

Internet und Gesellschaft de Berlin. Elle<br />

s’occupe aussi de la numérisation et de<br />

l’éthique de l’intelligence artificielle,<br />

des expertises capitales en vue de relever<br />

les nouveaux défis de ce secteur.<br />

Initiative 99 %<br />

En Suisse, la richesse est créée par le<br />

travail, pas par les super-riches qui<br />

laissent leur capital fructifier sans travailler.<br />

C’est pourquoi l’initiative 99 %<br />

exige que les revenus du capital soient<br />

imposés 1,5 fois plus que les revenus<br />

des salaires. Les recettes supplémentaires<br />

seront utilisées pour réduire<br />

l’imposition des faibles et moyens revenus,<br />

avec davantage de subsides<br />

pour les primes d’assurance-maladie<br />

et un service public robuste. Soutiens<br />

l’initiative sur 99pourcent.ch !<br />

Prolongation APG COVID<br />

Le Conseil fédéral a décidé de prolonger<br />

la durée de validité des dispositions<br />

sur l’allocation pour perte de gain<br />

COVID-19 du 30 juin au 31 décembre<br />

2021. Le délai pour les demandes de<br />

prestations est désormais fixé au<br />

31 mars 2022. En outre, à partir du<br />

1 er juillet 2021, les montants des futures<br />

allocations pour perte de gain<br />

COVID-19 pourront être calculés sur la<br />

base du revenu de la taxation fiscale<br />

2019.<br />

Agenda<br />

Septembre<br />

18<br />

Pas touche à nos rentes<br />

Nous venons opposer de la résistance<br />

là où nos rentes sont décidées :<br />

nous irons à Berne le 18 septembre.<br />

Rejoins-nous à 13h30 au Schützenmatte<br />

pour une grande manifestation<br />

nationale contre l’attaque de nos<br />

rentes et contre toute discrimination<br />

supplémentaire des femmes. Plus<br />

d’infos sur <strong>syndicom</strong>.ch/18septembre<br />

Octobre<br />

1-9<br />

Action de campagne CP Poste<br />

Une campagne téléphonique d’envergure<br />

se déroulera du 1 er au 9 octobre<br />

2021 dans toutes les régions. L’objectif<br />

est simple : présenter et promouvoir la<br />

liste <strong>syndicom</strong> aux élections du conseil<br />

de fondation de la caisse de pensions<br />

de La Poste. Tu souhaites nous aider ?<br />

Annonce-toi à logistik@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Novembre<br />

12-13<br />

Congrès des femmes de l’USS<br />

Le 14 e Congrès des femmes de l’USS<br />

se tiendra sur la colline du Gurten,<br />

près de Berne. Lors des discussions en<br />

plénum et des groupes de travail, les<br />

congressistes discuteront des interactions<br />

entre activisme féministe et<br />

travail syndical ainsi que des synergies<br />

possibles. Les femmes qui souhaitent<br />

participer peuvent se renseigner auprès<br />

de gleichstellung@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

26-27<br />

Congrès <strong>syndicom</strong><br />

A vos agendas. Le congrès ordinaire de<br />

<strong>syndicom</strong> se tiendra du 26 au 27 novembre<br />

à Langenthal. Délai de soumission<br />

des propositions : 3 septembre<br />

2021. Plus d’informations sur<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/congres21<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Pierre-Alain Perren est responsable Exploitation secteur<br />

employeurs<br />

Ouest chez CarPostal. Il a activement participé aux<br />

négociations et à l’élaboration de la nouvelle CCT qui sera<br />

prochainement ratifiée par les organes compétents et<br />

entrera en vigueur au 1 er janvier 2022.<br />

1<br />

En tant que représentant de<br />

CarPostal, comment avez-vous abordé<br />

les négociations de la nouvelle CCT ?<br />

CarPostal souhaite rester attractif<br />

tant pour ses collaborateurs-trices<br />

que pour ses client-e-s. La nouvelle<br />

CCT est un élément important pour<br />

atteindre cet objectif. Les personnes<br />

qui se sont engagées dans les négociations<br />

en étaient conscientes, et<br />

savaient dès le début que seul le<br />

dialogue et l’ouverture à l’autre<br />

pouvaient nous conduire au succès.<br />

J’ai senti, de toutes parts, une réelle<br />

volonté de trouver des solutions.<br />

2<br />

Quelles sont les qualités requises à la<br />

table des négociations ?<br />

Dans une négociation de cette importance,<br />

chaque partie doit bien<br />

connaître ses préoccupations, définir<br />

ses priorités, formuler des demandes<br />

claires et les argumenter de manière<br />

compréhensible. Mais ceci ne suffit<br />

pas : il faut entendre la position des<br />

autres parties et être prêt à en tenir<br />

compte dans l’élaboration des solutions<br />

communes. Je pense d’ailleurs<br />

que <strong>syndicom</strong> a très bien assumé ses<br />

responsabilités et obtenu des avancées<br />

importantes pour ses membres.<br />

3<br />

Est-ce que vous encouragez vos<br />

collaborateurs-trices à rejoindre le<br />

syndicat et l’auriez-vous fait vousmême<br />

dans un autre contexte ?<br />

Je suis membre de diverses associations<br />

et groupements qui défendent<br />

ce qui est important à mes yeux.<br />

J’encourage toute personne à agir en<br />

pleine conscience pour défendre<br />

ses idées et ses convictions. En milieu<br />

professionnel, les structures syndicales<br />

peuvent être un moyen pour<br />

ceci, mais ils en existent d’autres,<br />

par exemple la commission du<br />

personnel.<br />

4<br />

Votre mémoire d’études en histoire<br />

portait d’ailleurs sur une thématique<br />

syndicale. D’où vient cet intérêt pour<br />

le rôle des partenaires sociaux ?<br />

Les syndicats sont des lieux<br />

d’échange et de dialogue. Des idées y<br />

naissent puis donnent vie à des actions<br />

concrètes sur le terrain. Cela influence<br />

la manière dont la population<br />

pense et réfléchit. Les syndicats<br />

jouent un rôle important dans l’évolution<br />

de notre société. Sans prendre<br />

position sur le bien-fondé ou la justesse<br />

de ces idées, je trouve ce processus<br />

très intéressant.<br />

5<br />

Vous évoluez dans un marché très<br />

concurrentiel. Est-ce qu’un partenariat<br />

social fort tel que vécu avec <strong>syndicom</strong><br />

est un atout ou un désavantage<br />

face à la concurrence ?<br />

Nos activités sont largement subventionnées<br />

par les cantons et la Confédération.<br />

Ces instances s’attendent à<br />

ce que CarPostal offre des conditions<br />

de travail respectueuses et modernes<br />

mais aussi financièrement acceptables.<br />

Pour atteindre un tel objectif,<br />

un partenariat social fort me semble<br />

indispensable.<br />

6<br />

Quels sont les défis auxquels Car-<br />

Postal doit s’attendre ces prochaines<br />

années ?<br />

CarPostal veut maintenir sa position<br />

sur le marché. De nombreuses lignes<br />

seront mises au concours ces prochaines<br />

années : si nous voulons les<br />

conserver, nous devons maîtriser nos<br />

coûts, devenir plus flexibles, et être<br />

un acteur dans la transition énergétique.<br />

Ces défis ne peuvent être gagnés<br />

que si chaque collaboratrice et<br />

chaque collaborateur y apporte sa<br />

contribution au quotidien.<br />

Texte : Robin Moret<br />

Image : Léonard Rossi


L’invitée<br />

En Suisse, nous sommes fier-ère-s de<br />

notre système des trois piliers. Un système qui<br />

nous permettrait de vivre de trois revenus équivalents<br />

à la retraite : la rente AVS, celle de la caisse<br />

de pension et notre 3 e pilier. Dans la vraie vie, ces<br />

trois piliers ne sont pas équivalents. Ils se transforment<br />

en pyramide, ou en cappuccino. L’AVS<br />

constitue la base. Un espresso fort, riche en<br />

arômes, qui donne de l’énergie. Mais attention à ce<br />

que l’AVS ne tourne pas au ristrette. Car elle est de<br />

plus en plus à la traîne par rapport à l’évolution des<br />

salaires et des prix.<br />

Le lait de la prévoyance professionnelle vient<br />

compléter l’espresso de l’AVS. Grâce à la rente de<br />

la caisse de pension, la tasse se remplit. Mais pas<br />

de la même manière pour tout le monde. Les<br />

femmes n’ont pas le droit à la même quantité de<br />

mousse de lait. Leurs rentes du 2 e pilier sont<br />

inférieures d’environ 60 % à celles des hommes.<br />

Les bas salaires, les emplois à temps partiel et les<br />

interruptions de carrière leur empêchent d’économiser<br />

pour une bonne rente. Le prix de l’égalité non<br />

réalisée dans la vie professionnelle.<br />

La politique est appelée à réformer la prévoyance<br />

vieillesse. Les partenaires sociaux sont<br />

eux aussi sollicités. La lutte contre l’inégalité salariale,<br />

la valorisation des professions typiquement<br />

féminines et la meilleure conciliation entre vie professionnelle<br />

et familiale contribuent à augmenter<br />

les rentes du 2 e pilier des femmes. Mais les partenaires<br />

sociaux peuvent aussi jouer un rôle important<br />

au sein des conseils de fondation des caisses<br />

de pension.<br />

Puis, certains préfèrent saupoudrer le cappuccino<br />

de cacao. En ce qui concerne la prévoyance privée<br />

- le 3 e pilier - il n’est toutefois pas question de<br />

préférence, mais de fortune. Plus d’un tiers des<br />

personnes actives n’ont pas de 3 e pilier. Et son<br />

montant dépend fortement des possibilités financières.<br />

Or la grande majorité des seniors vivent essentiellement<br />

de rentes et le 3 e pilier n’a que peu<br />

d’importance dans le financement de leur vie. Les<br />

rentes doivent donc être renforcées. Pour que tout<br />

le monde puisse savourer son cappuccino.<br />

Un cappuccino,<br />

s’il vous plaît !<br />

Doris Bianchi est directrice de la Caisse<br />

fédérale de pensions PUBLICA depuis le<br />

1 er novembre 2020. Auparavant, elle était<br />

la collaboratrice personnelle du conseiller<br />

fédéral Alain Berset et secrétaire dirigeante<br />

à l’Union syndicale suisse. En<br />

tant que juriste titulaire d’un doctorat,<br />

Doris Bianchi dispose d’excellentes<br />

connaissances dans le domaine du<br />

2 e pilier. Elle a présidé le conseil de fondation<br />

de la Fondation institution supplétive<br />

LPP et celui du Fonds de Garantie<br />

LPP. Elle habite à Berne et est mère de<br />

deux enfants.<br />

7


Dossier<br />

10 Cimenter l’AVS, le pilier central<br />

13 Le 2ème pilier à l’ère de la spéculation financière<br />

15 Infographie : Notre travail mérite de meilleures rentes<br />

Renforcer<br />

les fondations


9<br />

de la<br />

prévoyance


10 Dossier<br />

En Suisse, sans 13 e rente AVS,<br />

rien ne va plus<br />

Les banques et leurs partis attaquent l’AVS, et<br />

les caisses de pension rémunèrent de moins<br />

en moins. La pauvreté durant la vieillesse<br />

risque désormais de s’aggraver. Mais les syndicats<br />

contre-attaquent avec une initiative<br />

populaire et une réforme des rentes.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Image : Sandro Mahler<br />

La colère grandit. « Quelle absurdité de parler du démantèlement<br />

des rentes (pour les femmes) ! », a lancé Mattea<br />

Meyer, coprésidente du PS au Conseil national début juin.<br />

L’UDC et le PRD ont été mis en garde : « Vous franchissez<br />

la ligne rouge. » Le Conseil fédéral devrait écouter l’avertissement,<br />

car un conflit explosif se prépare. En Suisse, les<br />

femmes et les personnes à faible rémunération sont déjà<br />

victimes de discriminations dans la prévoyance vieillesse.<br />

Et désormais, les partis des banques et des riches vont encore<br />

plus loin : ils veulent relever l’âge de l’AVS pour les<br />

femmes et aggraver la situation de la moitié de la société<br />

avec la réforme « AVS21 ». Ils agissent sans nécessité, l’AVS<br />

est financièrement solide.<br />

Il en est hors de question, rétorque Patrizia Mordini,<br />

responsable de l’égalité au sein du comité directeur de<br />

<strong>syndicom</strong> : « Je suis très en colère. Aujourd’hui, les femmes<br />

perçoivent déjà un tiers de rente de moins que les hommes,<br />

ce qui les entraîne dans la pauvreté de la vieillesse, la dépendance<br />

vis-à-vis des hommes et de l’aide sociale. » Il y a<br />

deux ans, lors de la grève des femmes, un demi-million de<br />

personnes s’est mobilisé en faveur de l’égalité, de salaires<br />

et de rentes équitables. « Le nouveau démantèlement des<br />

rentes est un affront. Il bafoue nos droits », ajoute-t-elle.<br />

Quand la patience s’amenuise<br />

À la discrimination salariale s’ajoute une baisse supplémentaire<br />

des rentes : les femmes sont déjà à bout. Elles<br />

considèrent l’« AVS21 » comme une déclaration de guerre.<br />

Le référendum contre l’âge de la retraite à 65 ans est assuré.<br />

« Il est impensable de vivre encore 80 années avec des<br />

lacunes de rentes », ont constaté Patrizia Mordini, la présidente<br />

de l’Unia Vania Alleva, Gabriela Medici de l’USS,<br />

la présidente du SSP Katharina Prelicz-Huber et d’autres<br />

femmes syndiquées. Elles mobilisent une large alliance<br />

sociale (« Pas touche aux rentes des femmes ! »). Programme<br />

: « Résistance acharnée dans les urnes et dans la<br />

rue. » Patrizia Mordini : « Nous trouverons des moyens de<br />

nous faire respecter. Prenez-nous au sérieux ! »<br />

La lutte pour une vieillesse sûre et vivable après une vie<br />

de travail pourrait devenir une épreuve de force pour la<br />

Suisse, comme en 1947. La droite, les lobbies des entreprises<br />

et les banques traquent l’AVS avec haine et diffamation<br />

depuis que les syndicats ont imposé les assurances<br />

sociales lors de la votation populaire du 6 juillet 1947. Par<br />

la suite, les bourgeois n’ont pas osé réclamer ouvertement<br />

la suppression de l’AVS. Mais son démantèlement fait partie<br />

de leur programme.<br />

La dernière attaque est une provocation ciblée visant à<br />

anéantir le cœur même des assurances sociales suisses.<br />

Elle s’inscrit dans le projet de repousser l’âge de la retraite<br />

à au moins 69 ans, pour toutes et tous. Voire même encore<br />

plus tard. L’AVS serait alors effectivement morte. Le<br />

conflit va bien au-delà des rentes des femmes. Ce que les<br />

ennemis de l’AVS détestent, ce sont surtout ses qualités :<br />

elle est sûre, peu coûteuse, peu bureaucratique et efficace.<br />

Presque chaque franc de cotisation est converti en un<br />

franc de rente. Quelques chiffres : en 2020, l’AVS a encaissé<br />

47,1 milliards de francs et dépensé 46 milliards de<br />

francs en rentes et prestations matérielles. Le gain de<br />

presque 2 milliards de francs (rendements de capitaux inclus)<br />

alimente les réserves et le fonds AVS pour les futurs<br />

paiements des rentes. Les frais d’administration et de<br />

mise en œuvre étaient alors nettement inférieurs à un demi-pour<br />

cent, bien moins que le coût de gestion des<br />

caisses de pension.<br />

Mais l’AVS assume surtout un devoir d’équilibre social.<br />

Tout le monde paie sa cotisation salariale, peu importe<br />

la rémunération. À la fin de la vie active, la rente<br />

mensuelle est pourtant plafonnée à 2390 francs. Les millionnaires<br />

paient donc pour les rentes des autres. Un système<br />

équitable.<br />

Une prospérité par milliards et des rentes en baisse<br />

Le problème se situe ailleurs : les rentes AVS sont trop<br />

faibles. La moitié des personnes parties en retraite en<br />

2018 doivent se débrouiller avec moins de 1772 francs.<br />

Trop peu pour vivre - même si certain-e-s peuvent aussi<br />

compter sur une rente du 2ème pilier -, ne serait-ce qu’en<br />

raison des loyers exorbitants et des primes des caisses maladie.<br />

Un retraité sur onze et une retraitée sur neuf doivent<br />

désormais demander des prestations complémentaires.<br />

La majorité bourgeoise est, depuis le début, l’initiatrice<br />

de cette avarice. L’AVS n’était pas censée devenir une<br />

assurance vieillesse complète. Les dirigeant-e-s des<br />

banques et des compagnies d’assurance avaient en fait découvert<br />

une manne de plusieurs milliards : l’or des pensions.<br />

L’argent mis de côté pour la vieillesse est un business<br />

gigantesque. Des calculs ont montré que si l’on<br />

obligeait les gens à épargner pour leur vieillesse, les<br />

caisses de pension amasseraient d’énormes capitaux. Il<br />

fallait donc affamer l’AVS (et avec elle les retraité-e-s). La<br />

dernière augmentation substantielle des rentes AVS remonte<br />

à un demi-siècle, en 1972, avec la 8 e révision. Elle<br />

ne promettait rien de moins qu’un doublement de la<br />

rente. Un hasard ? Non. Le Conseil fédéral voulait ainsi<br />

neutraliser l’initiative populaire du Parti Suisse du Travail<br />

(PST) en faveur d’une pension populaire garantissant réellement<br />

le minimum vital. Des mois de débats houleux, divisant<br />

les syndicats et le PS, ont montré à quel point la pension<br />

populaire était en vogue.<br />

Pas de<br />

panique : l’AVS<br />

est et reste<br />

solide


Le 2 e pilier s’effondre<br />

Parallèlement à la 8 e révision de l’AVS, le Conseil fédéral a<br />

modifié la Constitution et a instauré le système à trois piliers.<br />

La combinaison de l’AVS et de la prévoyance professionnelle<br />

rendue obligatoire (2 e pilier) devait alors « permettre<br />

le maintien du niveau de vie habituel de manière<br />

appropriée .» C’est ce que stipule l’article 113 de la Constitution<br />

fédérale.<br />

On pourrait considérer que 80 % du revenu antérieur<br />

seraient nécessaires pour continuer à vivre convenablement.<br />

En réalité, beaucoup n’atteignent même pas les<br />

60 % fixés aujourd’hui. Car le 2 e pilier est un fiasco. Les<br />

rentes de la prévoyance professionnelle diminuent depuis<br />

des années, alors que les retenues sur les salaires ne<br />

cessent d’augmenter. Les rentes du 2ème pilier ont perdu<br />

8 % en moyenne depuis 2005 et cette tendance s’accélère.<br />

Celles et ceux qui ont un parcours professionnel non linéaire<br />

gagnent leur vie dans des rapports de travail atypiques<br />

(par le biais de plateformes notamment), travaillent<br />

volontairement ou non à temps partiel et sont<br />

totalement défavorisés par le 2 e pilier. Problème : ces<br />

formes de travail représentent de plus en plus la norme.<br />

Si l’AVS assure l’équilibre social, le 2 e pilier accentue la<br />

redistribution du bas vers le haut et exclut des groupes entiers<br />

de la population. Un tiers des femmes ne perçoit<br />

donc aucune rente du 2 e pilier. Et si, malgré tout, elles ont<br />

une caisse de pension, leurs rentes ne représentent en<br />

moyenne que la moitié de celles des hommes. Cela reflète<br />

la discrimination salariale persistante, le sous-emploi forcé<br />

et les carrières interrompues (p. ex. par l’inégale répartition<br />

du travail familial entre les hommes et les femmes).<br />

Des caisses de pension affaiblies et déloyales, une AVS qui<br />

ne suffit plus pour vivre, une seule solution : le renforcement<br />

de l’AVS.<br />

Une première étape : la 13 e rente AVS<br />

Les syndicats ont déjà franchi une première étape : leur<br />

initiative populaire « Mieux vivre à la retraite » réclame le<br />

versement d’une 13 e rente, comme le 13 e salaire que l’on<br />

peut toucher en activité. Une rente supplémentaire mettra<br />

fin au démantèlement, compensera la hausse du coût de<br />

la vie et corrigera en partie les lacunes des rentes des<br />

femmes. Elle sera surtout plus fiable que la rente des<br />

caisses de pension.<br />

Avec cette initiative, les syndicats expliquent ce qui est<br />

en jeu dans ce combat autour de l’AVS : la promesse de<br />

vieillir en sécurité après des décennies de travail salarié<br />

n’est pas une question de charité, mais fait partie du<br />

contrat social. La solidarité organisée nous sort du « fumier<br />

de la miséricorde » (Pestalozzi), du despotisme et de<br />

la dépendance. Elle nous rend plus libres. Cet élément essentiel<br />

disparaît généralement dans les discussions de<br />

marchands de tapis sur les assurances sociales et le service<br />

public. Quarante ans de propagande néolibérale incessante<br />

ont rendu les fondements de la paix sociale invisibles<br />

: dans les sociétés capitalistes, elle dépend des<br />

assurances sociales et d’une fonction publique forte. Si je<br />

n’ai pas de perspective de rente, si je suis laissé seul dans<br />

la maladie, le chômage et la misère, ou je si dois d’abord<br />

soudoyer un fonctionnaire pour obtenir un passeport, je<br />

n’aurai plus de raison pour aller voter, travailler dur ou<br />

respecter les lois.<br />

Néanmoins, même cette petite amélioration nécessaire<br />

qu’est la 13 e rente AVS sera violemment combattue<br />

par les partis de droite et les associations économiques.<br />

Comme toujours depuis 1947, ils-elles nous chanteront<br />

leur éternelle ritournelle : celle des coûts. C’est une vision<br />

alarmiste des choses. L’AVS, comme d’ailleurs l’ensemble<br />

des finances de l’État, a déjà été cent fois décriée à travers<br />

des scénarios apocalyptiques, y compris par le Conseil fédéral.<br />

La réalité les a démentis à maintes reprises. En revanche,<br />

si l’économie et le gouvernement fournissaient<br />

assez d’emplois, toute assurance sociale serait suffisamment<br />

financée.<br />

Le plan de la droite pour relever l’âge de l’AVS à 69 ans<br />

est donc malhonnête. Même les personnes de 50 ans ont<br />

du mal à trouver un emploi aujourd’hui. Les statistiques<br />

officielles du chômage masquent le sous-emploi qui sévit<br />

en Suisse. Beaucoup de celles et ceux qui veulent travailler<br />

sont laissés de côté. Un relèvement de l’âge de la retraite<br />

permettrait juste à l’économie de pousser les anciennes<br />

générations vers les caisses de chômage, puis vers l’aide<br />

sociale.


12 Dossier<br />

L’alarmisme ne fonctionne pas !<br />

La 13 e rente coûterait réellement 2,7 milliards de francs.<br />

Ce n’est qu’une partie des intérêts négatifs que la Banque<br />

nationale perçoit de celles et ceux qui y déposent leur<br />

argent. Ainsi, si l’on finançait l’amélioration de l’AVS par<br />

des cotisations salariales, un polymécanicien marié de 50<br />

ans débourserait 56 francs et aurait une rente mensuelle<br />

complète de plus. En revanche, il devrait payer 580 francs<br />

par mois s’il voulait toucher une 13 e rente par le biais du<br />

3 e pilier.<br />

L’économie n’est pas une comptabilité simple. Le prétendu<br />

conflit des générations reste une pure fiction : si<br />

nous renforçons l’AVS, les travailleurs-euses devront épargner<br />

moins pour leur vieillesse et auront plus de moyens<br />

pour vivre. Un pouvoir d’achat plus important stimule à<br />

son tour l’économie…<br />

Les baby-boomers sont le dernier stratagème des détracteurs<br />

de l’AVS, qui a en effet temporairement besoin<br />

de plus d’argent pour financer leur départ à la retraite imminent.<br />

La Confédération voit à nouveau tout en noir :<br />

Ueli Maurer & C o ont calculé que le pourcentage de cotisation<br />

salariale supplémentaire s’élèverait à 2,4 %. En revanche,<br />

un contrôle opéré par l’USS montre qu’il s’élèverait<br />

environ à 1,8 %, mais même ça ne sera pas nécessaire.<br />

Avec 0,5 % de cotisation salariale et 350 000 nouveaux<br />

équivalents plein temps, les baby-boomers sont également<br />

financés.<br />

Sans compter que les assurances sociales centrales<br />

pourraient aussi s’alimenter d’une tout autre manière,<br />

par exemple avec un régime fiscal plus équitable et sans<br />

échappatoires pour les riches et les entreprises, une taxe<br />

L’unique solution<br />

réside dans<br />

le renforcement<br />

de l’AVS<br />

sur les robots ou un micro-impôt très rentable sur les<br />

trans actions financières. Tous ces modèles rapporteraient<br />

des dizaines de milliards. L’enjeu n’est pas l’argent,<br />

mais la volonté politique. Il est intéressant de noter que<br />

les bourgeois réclament des plans d’épargne tout en supprimant<br />

le droit de timbre qui rapporte actuellement<br />

2,4 milliards à la caisse fédérale (voir page 24).<br />

Retraité-e à 85 ans<br />

Une proposition des Jeunes Libéraux-Radicaux témoigne<br />

de la brutalité du conflit autour de l’AVS. Ils veulent lier<br />

l’âge de l’AVS à l’espérance de vie, donc à la durée de vie<br />

restante hypothétique. Un vieil argument de droite pour<br />

relever l’âge de l’AVS pour les femmes à 74 ans, comme le<br />

suggère le journal de l’UDC Weltwoche. Curieuse idée. Les<br />

vendeuses pourraient ainsi partir en retraite à 50 ans, les<br />

ouvriers du bâtiment et les camionneurs à 35 ans, les travailleurs-euses<br />

forestiers-ères juste après leur apprentissage,<br />

mais les banquiers et autres cols blancs seulement à<br />

85 ans…<br />

Prévoyance : récapitulatif des réformes et initiatives en cours<br />

AVS 21, une réforme en dehors de la réalité<br />

Alors que les femmes touchent des rentes inférieures d’un<br />

tiers à celles des hommes, le Parlement a récemment adopté<br />

une réforme de l’AVS sur leur dos. Le relèvement de l’âge de<br />

la retraite des femmes à 65 ans, avec le démantèlement des<br />

rentes qui s’ensuit, ne saurait être accepté.<br />

De plus, les différentes mesures proposées pour la génération<br />

de transition sont un affront. Toute personne mérite<br />

une bonne rente après une vie de travail. Et on ne peut pas<br />

réformer l’AVS sans tenir compte des vrais problèmes. AVS<br />

21, qui impliquera des pertes annuelles sur les rentes jusqu’à<br />

1200 francs pour les femmes, sera donc combattue dans les<br />

urnes et dans la rue par <strong>syndicom</strong> et ses partenaires (p. 3).<br />

Initiative pour une 13 e rente AVS<br />

Les rentes de l’AVS ne permettent pas d’en vivre et elles<br />

ne cessent de perdre de la valeur, alors que celles du 2 e pilier<br />

baissent toujours plus rapidement. L’initiative pour une<br />

13 e rente AVS, déposée en mai 2021 par une vaste alliance<br />

constituée de syndicats, de partis politiques, d’associations<br />

et d’organisations de retraité-e-s ainsi que féminines, permet<br />

de renforcer le 1 er pilier tout en corrigeant le trop faible niveau<br />

des rentes des femmes. La votation populaire interviendra<br />

probablement courant 2022.<br />

Plus d’infos sur rentes-des-femmes.ch et avsx13.ch<br />

LPP 21, le compromis des partenaires sociaux<br />

Comme le montre notre article en page 13, le 2 e pilier est<br />

confronté à des défis fondamentaux, tandis que la loi actuelle<br />

ne reflète plus l’évolution de la société et du monde du travail.<br />

Il en résulte d’importantes lacunes de prévoyance, en<br />

particulier pour les personnes à faibles revenus et pour celles<br />

travaillant à temps partiel – donc surtout pour les femmes.<br />

Après d’intenses négociations, l’Union patronale suisse<br />

(UPS), Travail.Suisse et l’USS ont trouvé une solution : le compromis<br />

des partenaires sociaux (LPP 21). Avec le projet de<br />

réforme de la LPP 21, le taux de conversion sera abaissé, mais<br />

le niveau actuel des prestations sera globalement maintenu.<br />

Grâce à des mesures en matière de cotisations et de prestations,<br />

les assuré-e-s à bas salaires et les salarié-e-s à<br />

temps partiel, surtout les femmes, recevront à l’avenir une<br />

rente plus élevée. Cela est rendu possible par la combinaison<br />

de seulement deux bonifications de vieillesse, d’une déduction<br />

de coordination inférieure et d’un supplément de rente financé<br />

de manière solidaire, qui garantit en même temps le niveau<br />

de prestation précédent pour la génération de transition.<br />

Alors que la Commission de la sécurité sociale et de la<br />

santé publique du Conseil national formule actuellement ses<br />

recommandations, la réforme sera a priori débattue au Parlement<br />

lors de la session automnale dès le 13 septembre 2021.<br />

Plus d’informations sur uss.ch/actuel/lpp-21


Dossier<br />

Le problème à 1200 milliards des<br />

travailleuses et travailleurs<br />

13<br />

Paradoxe : la prévoyance professionnelle<br />

menace nos rentes. Mais pour transformer le<br />

2 e pilier, il faudra tout le pouvoir des syndicats.<br />

Et des membres déterminé-e-s dans les<br />

conseils de fondation des caisses de pension.<br />

Texte : Oliver Farhni<br />

C’est le jour où tous les signaux d’alerte sont passés au<br />

rouge. Le 13 mars 2020, les bourses s’effondraient à nouveau.<br />

L’indice Dow Jones avait déjà perdu 12,93 % lorsque<br />

les systèmes automatiques de sécurité ont stoppé les<br />

échanges. Le président français Emmanuel Macron a annoncé<br />

le soir-même que le système capitaliste serait sauvé<br />

cette fois encore, « quoi qu’il en coûte. » Depuis, les<br />

banques centrales ont inondé le monde de milliards de<br />

nouveaux fonds. L’économie, et nos rentes, vivent sous<br />

perfusion des pouvoirs publics.<br />

Le 13 mars a fait ressurgir des souvenirs de vies détruites,<br />

de faillites de caisses de pension et de redressements<br />

coûteux. Lors de la crise financière de 2008, les retraités<br />

américains ont perdu, à eux seuls, 2000 milliards<br />

de dollars. En Floride, une maison sur deux portait le panneau<br />

« À vendre ». Début 2009, les caisses de pension<br />

suisses ont signalé un énorme trou d’au moins 60 milliards<br />

de francs.<br />

Notre épargne vieillesse s’évapore dans les spéculations<br />

boursières à cause d’une fraude de grande envergure<br />

que les syndicats ont identifiée trop tard. Au lieu de faire<br />

de l’AVS une véritable pension populaire, ils ont, au début<br />

des années 1970, accepté le plan consistant à faire reposer<br />

la prévoyance vieillesse sur trois piliers : une AVS volontairement<br />

légère, une prévoyance professionnelle soi-disant<br />

paritaire et une épargne privée. Au centre se trouvait le 2 e<br />

pilier, rendu obligatoire dès 1985.<br />

Le modèle a séduit l’USS. Les caisses de pension, plus<br />

de 15 000, existaient depuis longtemps dans les entreprises,<br />

associations professionnelles et administrations<br />

publiques. L’épargne légale devait alors les renforcer et<br />

les réorganiser. La promesse : grâce aux actions et aux<br />

obligations achetées par les caisses de pension, les rentes<br />

bénéficieraient des accroissements de valeur de l’économie.<br />

Les syndicats pensaient également qu’ils obtiendraient<br />

plus de pouvoir au sein des conseils de fondation.<br />

L’idée ancienne de la social-démocratie suédoise, qui<br />

consiste à prendre le contrôle des entreprises, donc du capitalisme,<br />

par le biais des caisses de pension a même<br />

émergé dans certains esprits.<br />

C’était naïf. Le capital a vu des perspectives très différentes.<br />

Il avait commencé à déchaîner les marchés financiers,<br />

comme une première étape de la révolution néolibérale.<br />

Les cotisations salariales LPP devaient fournir aux<br />

banques et aux fonds un nouveau carburant pour leur capitalisme<br />

financier, une source abondante de capitaux<br />

frais. En effet, 1200 milliards de francs se sont amassés<br />

dans le 2 e pilier, un chiffre à douze zéros. Aujourd’hui, cet<br />

amas d’argent colossale constitue un problème existentiel<br />

pour notre sécurité sociale. En voici les trois principales<br />

raisons.<br />

Erreur système 1 : nos futures rentes sont devenues extrêmement<br />

incertaines, car elles sont désormais en tièrement<br />

livrées à la spéculation financière capitaliste. Cette<br />

spéculation s’est largement découplée du cours de l’économie<br />

réelle, devenant ainsi opaque. Les banques et les<br />

fonds lancent sans cesse des « produits financiers » à haut<br />

risque. Les récents milliards de pertes du Credit Suisse en<br />

témoignent. Actuellement, les caisses de pension vivent<br />

encore de la phase haussière des actions. Cependant, en<br />

pleine crise, cette hausse est soutenue uniquement par les<br />

mesures de sauvetage des banques centrales. Si elles limitent<br />

cette abondance de capitaux, les bourses, et ainsi<br />

les caisses de pension, sont menacées par un krach.


14<br />

Dossier<br />

Notre capital vieillesse<br />

s’évapore dans la<br />

spéculation boursière.<br />

Erreur système 2 : les caisses de pension contribuent<br />

elles-mêmes fortement à la spéculation, avec leurs 1200<br />

milliards d’euros. Puisque les anciens placements « sécurisés<br />

», comme les obligations de la Confédération, ne génèrent<br />

plus d’intérêts et de rendements, les caisses de<br />

pension investissent dans des placements à haut risque,<br />

des matières premières et l’immobilier, ce qui alimente la<br />

hausse des prix des loyers. Pour les membres des conseils<br />

de fondation, le 2 e pilier introduit un conflit d’intérêts systématique<br />

: contrairement à l’AVS, ils doivent, d’une part,<br />

générer des rendements élevés pour leurs versements de<br />

rentes et, d’autre part, mettre ainsi en danger le pouvoir<br />

d’achat et parfois même l’emploi des cotisants. C’est le<br />

cas lorsqu’une fondation achète des titres d’un fonds spéculatif<br />

qui pille ensuite la même société, comme le font<br />

habituellement ces fonds.<br />

Erreur système 3 : le 2 e pilier est inefficace et coûteux.<br />

Les actionnaires des banques et des compagnies d’assurances,<br />

ainsi que toute une armée d’intermédiaires, de<br />

conseillers, de fiduciaires et de courtiers s’en mettent<br />

plein les poches avec nos contributions LPP. Ils ont 1001<br />

astuces pour y parvenir. Le moniteur des caisses de pension<br />

2021 de Swisscanto, l’institution de prévoyance des<br />

banques cantonales, estime que ces intermédiaires financiers<br />

prélèvent en moyenne environ 350 francs par assuré<br />

et par an. C’est souvent même beaucoup plus, car cela ne<br />

concerne que les émoluments. Seul-le-s les assuré-e-s des<br />

caisses de pension publiques s’en sortent mieux. Le problème<br />

est connu, mais l’UDC et le PLR protègent ces pratiques<br />

de voleur : récemment, ils ont une nouvelle fois<br />

contrecarré la réglementation des droits de courtage au<br />

Conseil des États.<br />

Lors de la campagne de votation de 1972, le PS avait<br />

promis que le 2 e pilier génèrerait des rentes plus élevées<br />

que l’AVS avec des contributions plus faibles des salarié-e-s.<br />

C’est exactement le contraire qui s’est produit. Les<br />

travailleurs paient, selon leur âge, jusqu’à quatre fois plus<br />

que pour l’AVS, mais les rentes des caisses de pension ne<br />

cessent de diminuer depuis plus d’une décennie. Cette<br />

tendance s’accélère et rend la situation critique. Pour des<br />

raisons tactiques, presque personne n’exprime ce qui est<br />

en fait limpide pour tous les syndicalistes informés : nous<br />

devons sortir du 2 e pilier et veiller à ce que les sommes colossales<br />

épargnées renforcent l’AVS. Dans un système politique<br />

comme celui de la Suisse, c’est un projet de plusieurs<br />

décennies. Une lutte acharnée pour de nombreux<br />

compromis est en route (du moins tant qu’aucune initiative<br />

populaire n’engendre des conditions complètement<br />

nouvelles). Après tout, l’assemblée des délégués de l’USS<br />

du 28 mai a réclamé un « changement de cap radical ».<br />

La réforme « LPP21 » est un premier compromis. Les<br />

partenaires sociaux l’ont négociée, elle doit maintenant<br />

transiter par le Parlement. Les points-clés : le taux de<br />

conversion est abaissé. En contrepartie, des améliorations<br />

ont été apportées, notamment pour les employé-e-s<br />

à temps partiel et les femmes victimes de discrimination.<br />

Mais surtout, tous les nouveaux-elles retraité-e-s perçoivent<br />

un supplément fixe, indépendant du rendement<br />

de la caisse de pension. Un connaisseur en la matière déclare<br />

: « C’est donc en quelque sorte un petit morceau<br />

d’AVS qui est inséré dans le 2 e pilier. » D’autres idées sont<br />

désormais sur la table, comme le financement d’un fonds<br />

pour la transformation sociale et environnementale de la<br />

Suisse par le biais des caisses de pension. Ou le transfert<br />

d’une partie des 1200 milliards dans un fonds souverain…<br />

Pour le moment, la partie se joue dans les conseils de<br />

fondation. C’est un travail difficile pour les représentant-e-s<br />

élu-e-s des travailleurs-euses. Ils-elles devraient<br />

donc être protégé-e-s contre le licenciement dans les CCT<br />

et, le cas échéant, dans la loi. Les syndicats sont tenus de<br />

leur fournir une formation et un soutien intensifs. En effet,<br />

ils-elles doivent avoir du sang-froid d’exiger une transparence<br />

totale sur tous les investissements et les coûts,<br />

notamment auprès des banques, des compagnies d’assurances,<br />

des fonds géants comme « BlackRock » et des<br />

conseillers-ères en placements puissant-e-s. Ils-elles<br />

doivent porter un jugement critique sur ces placements,<br />

tant du point de vue de leur sécurité que de leurs conséquences<br />

sociales. Ils-elles doivent faire respecter leur<br />

droit de codécider, en particulier concernant les fusions<br />

et les changements de caisses de pension latents. Car le 2 e<br />

pilier n’est pas une partie de plaisir.<br />

Photos<br />

Comment illustrer l’attaque que subissent nos rentes ?<br />

Comment montrer la disproportion entre les trois piliers du<br />

système de retraite suisse ? Le défi de taille a été relevé par<br />

le photographe de Lugano Sandro Mahler. Inspiré par l’œuvre<br />

de l’artiste Mark Hogancamp (dont l’histoire a été racontée<br />

il y a quelques années dans le film « Bienvenue to Marwen »),<br />

il a représenté par des figurines humaines la mainmise du<br />

parlement bourgeois sur les rentes AVS. De même, il a<br />

illustré la spéculation sur le deuxième pilier par la roulette,<br />

dans un parcours qui ressemble au célèbre Monopoly.<br />

Après avoir obtenu son diplôme auprès de l’Istituto Europeo<br />

di Design de Milan, Sandro Mahler a fréquenté le Brooks<br />

Institute of Photography, avant d’ouvrir son propre studio<br />

de photographie à Lugano en 1994. Depuis 2001, il enseigne<br />

également la photographie au CSIA (Centro scolastico per le<br />

industrie artistiche) de Lugano.<br />

Membre de <strong>syndicom</strong>, Sandro Mahler collabore avec l’hebdomadaire<br />

Cooperazione et réalise des reportages pour des<br />

entreprises et des institutions. Plus d’infos sur fotomiller.ch


Notre travail mérite<br />

de meilleures rentes<br />

Quiconque a travaillé toute sa vie a droit à une bonne rente. Or, les rentes AVS<br />

sont trop basses et celles des caisses de pension s’effondrent. Pendant ce<br />

temps, les loyers et primes de l’assurance maladie augmentent. Il reste toujours<br />

moins d’argent pour vivre. Les femmes sont particulièrement touchées.<br />

Valeur des rentes: toujours moins pour vivre<br />

Évolution de l’AVS par rapport à l’augmentation des frais médicaux et<br />

des salaires.<br />

Primes de l’assurance maladie<br />

Évolution des salaires<br />

140 %<br />

120 %<br />

100 %<br />

80 %<br />

60 %<br />

40 %<br />

20 %<br />

0 %<br />

1996<br />

2000<br />

Source: OFS, OFSP, OFAS & Banque Migros<br />

2004<br />

Frais de séjour en EMS par habitant-e<br />

Rentes AVS<br />

2008<br />

2012<br />

Égalité en matière de rentes? Une utopie<br />

Montant des nouvelles rentes AVS et LPP par sexe, en francs par<br />

mois, 2019<br />

Hommes (de tous âges)<br />

Médiane AVS<br />

Médiane LPP<br />

Femmes (de tous âges)<br />

Médiane AVS<br />

Médiane LPP<br />

2016<br />

2019<br />

0 500 1000 1500 2000 2500<br />

Le budget (déficitaire) d’un-e retraité-e<br />

Rente AVS et LPP 2018 moyenne:<br />

3449<br />

Impôts: 266<br />

Loyer et frais accessoires (par pers.): 1035<br />

Primes de l’assurance maladie: 408<br />

Émoluments: 25<br />

dont revenu disponible: 1715<br />

Nourriture/boisson: 422<br />

Vêtements/chaussures: 59<br />

Dépenses de santé: 216<br />

Assurances: 268<br />

Équipement du logement, etc: 96<br />

Autres redevances des ménages: 85<br />

Téléphone/internet/poste: 89<br />

Ordinateur/appareils radio/téléviseurs,<br />

etc: 45<br />

Journaux/livres/abonnements: 42<br />

Moyens de transport: 172<br />

Soins du corps, etc: 65<br />

dont revenu disponible restant: 156<br />

Restaurants/hôtel: 133<br />

Loisirs/culture: 212<br />

Cadeaux/dons: 40<br />

Déficit: –229<br />

Source: Statistiques nouvelles rentes OFS Source: Statistiques nouvelles rentes OFS, HABE 2015–2017<br />

Comment fonctionne le 2e pilier?<br />

Cette rente issue de la prévoyance professionnelle dépend de plusieurs paramètres complexes. Tous sont régis par la loi (LPP).<br />

Constitution de l'avoir de vieillesse pendant l’activité professionnelle<br />

Consommation de l'avoir de vieillesse pendant la retraite<br />

À partir de 25 ans<br />

À partir de 64 ans (F), 65 ans (M)<br />

Cotisation d’épargne<br />

Le salaire annuel est obligatoirement<br />

assuré entre CHF 21 510 et<br />

CHF 86 040. Le montant minimum<br />

d’épargne, dont la moitié est<br />

versée par les employeurs et les<br />

salariés, augmente avec l’âge.<br />

Les caisses de pension peuvent<br />

fixer un taux de cotisation plus<br />

élevé ou assurer la partie sous<br />

et sur-obligatoire.<br />

Taux d’intérêt minimal LPP<br />

Défini par le Conseil Fédéral,<br />

ce taux d’intérêt sert à<br />

déterminer le pourcentage<br />

minimal d’intérêts qui doit être<br />

versé chaque année, par les<br />

caisses de pension, sur les<br />

avoirs de prévoyance des<br />

assuré-e-s. Il est aujourd’hui<br />

fixé à 1 %.<br />

Taux de conversion<br />

Pourcentage utilisé au<br />

moment de la retraite pour<br />

convertir l’avoir de vieillesse<br />

en rente de vieillesse annuelle.<br />

S’élève aujourd’hui à 6,8 %.<br />

Taux technique<br />

Taux d’intérêt projeté, auquel les<br />

avoirs de vieillesse seront<br />

rémunérés. Les caisses de<br />

pension, où les salarié-e-s sont<br />

également représenté-e-s (voir<br />

page 4 & 16), gèrent vos fonds<br />

avant et pendant la retraite.<br />

Source: CIEPP & OFAS


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

A qui confier la gestion de nos avoirs de vieillesse<br />

? A La Poste, cette réponse importante<br />

sera déterminée par les élections au conseil de<br />

fondation de la caisse de pensions qui se<br />

dérouleront en octobre.<br />

Une fois de plus, nous avons pu constater<br />

ce printemps qui donne le ton lorsqu’il<br />

en va du montant des rentes des<br />

employé-e-s de La Poste. C’est le<br />

conseil de fondation de la caisse de<br />

pension Poste. En raison de problèmes<br />

structurels (taux bas et fluctuations<br />

sur les marchés des capitaux),<br />

le conseil de fondation a ficelé<br />

un paquet de mesures qui influera directement<br />

sur le montant des rentes.<br />

Le taux d’intérêt technique sera ainsi<br />

abaissé à partir de 2022. Autre<br />

exemple : le taux de conversion pour<br />

les femmes sera aligné sur l’âge ordinaire<br />

de la retraite AVS. Les mesures<br />

adoptées ont toutes une incidence directe<br />

sur les coûts. Autrement dit,<br />

elles doivent être financées. Grâce à la<br />

forte représentation de <strong>syndicom</strong> au<br />

conseil de fondation, ce financement<br />

ne s’opère pas uniquement à charge<br />

des employé-e-s de La Poste (par le<br />

biais d’une augmentation future des<br />

cotisations). En tant qu’employeur, La<br />

Poste Suisse SA verse quant à elle 200<br />

millions de francs pour contre-financer<br />

ces mesures. Voilà une musique<br />

qui devrait plaire aux oreilles des employé-e-s<br />

de La Poste.<br />

Voter la liste <strong>syndicom</strong><br />

Ce type de décisions est pris par les<br />

conseils de fondation des caisses de<br />

pension. Le conseil de fondation de la<br />

CP Poste est composé de manière paritaire.<br />

Le personnel peut se répartir<br />

cinq sièges, tous les quatre ans. Ces<br />

élections auront lieu en octobre (voir<br />

les candidats de <strong>syndicom</strong> en page 4).<br />

Chaque employé-e de La Poste, de ses<br />

filiales et des EP peut voter (pour autant<br />

qu’une personne soit assurée<br />

dans la CP Poste, elle peut voter même<br />

si elle n’a pas le passeport suisse) ! <strong>syndicom</strong><br />

mettra toutes ses forces dans la<br />

campagne en faveur de ses candidat-e-s<br />

et chaque membre sera contacté<br />

personnellement par téléphone.<br />

Cette campagne téléphonique se déroulera<br />

du 1 er au 9 octobre 2021 dans<br />

ta région. Tu souhaites y contribuer ?<br />

Pour que le chef d’orchestre du conseil<br />

de fondation continue à jouer à l’avenir<br />

une mélodie agréable à tes oreilles,<br />

annonce-toi à logistik@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Comment voter pour les<br />

candidat-e-s de <strong>syndicom</strong> ?<br />

Etape 1 : glisser la Liste N° 01 « <strong>syndicom</strong><br />

» dans l’enveloppe électorale<br />

fournie puis la fermer<br />

Etape 2 : signer la carte de légitimation<br />

de vote<br />

Etape 3 : placer l’enveloppe de votation<br />

et la carte de légitimation dans<br />

l’enveloppe-réponse officielle. Elle<br />

doit parvenir à la CP Poste jusqu’au<br />

29 octobre 2021 au plus tard.<br />

En octobre, il se jouera un match crucial à La Poste pour les retraites des employé-e-s. (© Keystone-ATS)<br />

Plus d’infos sur :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/CPposte


Le monde<br />

du travail<br />

« Les résultats de l’enquête sont sans appel :<br />

le travail supplémentaire non payé est fréquent. » Urs Zbinden<br />

17<br />

Lorsque les heures supplémentaires<br />

deviennent la norme<br />

Dans la logistique, les heures supplémentaires sont monnaie<br />

courante, comme le montre un sondage de <strong>syndicom</strong> réalisé<br />

auprès des distributeurs-rices des prestataires postaux privés.<br />

Le dernier kilomètre du long voyage des colis revient aux employé-e-s les plus exploité-e-s. (© Keystone-ATS)<br />

Les journées de travail dans la logistique<br />

sont interminables. Dans la<br />

branche CEP & Mail (services de coursier,<br />

des envois exprès et des colis) en<br />

particulier, les distributeurs-rices des<br />

sous-traitants commencent à travailler<br />

tôt le matin et ne retournent que<br />

tard le soir à l’entrepôt. Des journées<br />

de travail de dix heures sont plutôt la<br />

règle que l’exception. Même si conformément<br />

à l’autorité de régulation, la<br />

semaine de travail compte 44 longues<br />

heures dans la branche des prestataires<br />

postaux, les heures supplémentaires<br />

s’enchaînent. Dans une économie<br />

globale, qui dépend de plus en<br />

plus des chaînes d’approvisionnement<br />

et donc de la logistique, on retrouve<br />

un peu partout le phénomène<br />

du travail supplémentaire non payé<br />

dans le « dernier kilomètre » (livraison<br />

de l’entrepôt au client). La pression de<br />

la concurrence est énorme et les coûts<br />

du « dernier kilomètre » ne peuvent<br />

être économisés que sur le dos du personnel.<br />

Les salaires génèrent la plupart<br />

des coûts, et il est encore difficile<br />

d’imaginer des innovations techniques<br />

dans un trafic dense. Les commandes<br />

sont donc confiées à des<br />

sous-traitants, qui recourent au travail<br />

supplémentaire non rémunéré pour<br />

éviter que le coût de la main-d’œuvre<br />

dépasse le prix de la prestation.<br />

Résultats du sondage sans appel<br />

Lors de visites dans les entrepôts de<br />

prestataires postaux privés tels que<br />

DPD ou DHL, la question des heures<br />

supplémentaires a souvent été abordée<br />

dans des discussions menées avec<br />

le personnel de distribution. <strong>syndicom</strong><br />

a voulu en savoir plus. Au printemps<br />

2021, il a réalisé un sondage sur<br />

les heures supplémentaires, afin de<br />

découvrir si les distributeurs-rices en<br />

accomplissent régulièrement et combien<br />

par jour. Les résultats de l’enquête<br />

sont sans appel : le travail supplémentaire<br />

non payé est fréquent.<br />

Deux tiers des sondé-e-s effectuent<br />

des heures supplémentaires sur une<br />

base régulière. 60 % d’entre eux en accumulent<br />

une à deux par jour, le reste<br />

encore plus. Pour la grande majorité, à<br />

savoir 76 %, elles ne sont pas rémunérées.<br />

Or la loi prévoit un droit au paiement<br />

des heures supplémentaires.<br />

Qui plus est avec un supplément de<br />

25 %. Quiconque souhaite exiger la rémunération<br />

de ses heures supplémentaires<br />

doit les documenter à l’aide<br />

d’une application gratuite (voir lien).<br />

<strong>syndicom</strong> est déjà parvenu à exiger<br />

avec succès le paiement d’heures supplémentaires,<br />

et nous soutenons nos<br />

membres à les faire valoir.<br />

Urs Zbinden<br />

Renseignez-vous sur <strong>syndicom</strong>.ch/fr/<br />

branches/logistique/cep-mail<br />

Le partenariat social<br />

devant le tribunal<br />

David Roth<br />

Secrétaire central secteur Logistique<br />

Et nous y étions. Un samedi ensoleillé<br />

de fin mai, dans l’auditoire du siège de<br />

La Poste à Berne. Les délégations de<br />

<strong>syndicom</strong> et transfair avec notre avocat,<br />

La Poste avec les siens. Et l’autorité<br />

de conciliation de cinq membres.<br />

Le partenariat social signifie que<br />

l’on prend au sérieux les arguments de<br />

la partie adverse. On tente de comprendre<br />

ses requêtes et de les concilier<br />

avec ses propres besoins. Cette démarche<br />

est souvent couronnée de succès,<br />

mais pas toujours. Qu’en est-il en<br />

cas de désaccord complet sur l’interprétation<br />

d’une convention ? Que se<br />

passe-t-il si on ne parvient pas à s’entendre<br />

sur l’augmentation salariale<br />

correcte ? En dernière instance, tant<br />

<strong>syndicom</strong> que La Poste peuvent saisir<br />

un arbitrage externe. A La Poste, cette<br />

situation s’est produite deux fois. Lors<br />

de l’application du plan social chez RéseauPostal<br />

et lors des négociations salariales<br />

pour les employé-e-s de La<br />

Poste, de PostFinance, de CarPostal et<br />

d’IMS. Les résultats sont connus. 0,5 %<br />

d’augmentation salariale et un relèvement<br />

des salaires minimaux – nous aurions<br />

espéré plus, La Poste moins. Le<br />

résultat chez RéseauPostal est beaucoup<br />

plus réjouissant : les mesures<br />

d’accompagnement demeurent en cas<br />

de suppression de postes, en plus du<br />

plan social déjà existant. Et l’offre de<br />

retraite anticipée est maintenue pour<br />

au moins deux années supplémentaires.<br />

Deux batailles, qui ont duré plus<br />

d’une demi-année, se terminent.


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Les grands éditeurs seraient bien avisés de renouveler le<br />

partenariat social. » Melina Schröter, secrétaire régionale secteur Médias<br />

70 millions d’économies et un<br />

dialogue social toujours malmené<br />

En août 2020, TX Group annonçait 70 millions d’économies dans<br />

ses médias payants. Dans la foulée, l’éditeur zurichois assurait<br />

vouloir engager un dialogue social avec ses rédactions et les<br />

partenaires sociaux. Des promesses sans réelle intention.<br />

Il y a un an, TX Group annonçait 70<br />

millions d’économies et la volonté immédiate<br />

d’entamer des discussions<br />

avec les partenaires sociaux et les rédactions<br />

afin de négocier un plan social<br />

cadre. Depuis, l’éditeur zurichois<br />

a entraîné les représentations du personnel<br />

dans un long processus de négociations<br />

d’une vingtaine de séances<br />

durant lesquelles chaque petite<br />

Les batailles contre la cupidité du<br />

groupe TX et son patron Pietro Supino<br />

se poursuivent (© Keystone-ATS)<br />

concession de la direction a été arrachée<br />

de haute lutte. Une fois la consultation<br />

ouverte avant les licenciements,<br />

les différentes représentations du personnel<br />

en Suisse, soutenues par <strong>syndicom</strong>,<br />

ont proposé des pistes sérieuses<br />

d’économies afin de diminuer le<br />

nombre de postes supprimés. Mais<br />

comme il y a trois ans lors de la fermeture<br />

du Matin, Tamedia a tout refusé<br />

sauf certains départs et réductions du<br />

temps de travail volontaires.<br />

En Suisse romande, où cinq équivalents<br />

plein-temps ont été supprimés,<br />

la représentation du personnel et<br />

la direction sont finalement arrivées à<br />

un accord concernant un plan social<br />

cadre de trois ans. Un gel des licenciements<br />

a aussi été promis. Mais ce plan<br />

social a davantage été obtenu grâce à<br />

la ténacité des représentants du personnel<br />

qu’à une volonté de dialogue<br />

social d’une entreprise qui persiste<br />

dans une politique d’austérité basée<br />

sur les fusions, les suppressions de<br />

titres et les licenciements.<br />

En Suisse alémanique, de nombreuses<br />

alternatives sérieuses aux licenciements<br />

ont aussi été proposées<br />

par la commission du personnel de<br />

Bund et Berner Zeitung, soutenue par<br />

<strong>syndicom</strong>. Tamedia n’a retenu que les<br />

réductions volontaires des taux de travail.<br />

Les rédactions ayant refusé à une<br />

très forte majorité les propositions de<br />

la direction sur le plan social, elles<br />

sont désormais devant l’Office fédéral<br />

de conciliation. Une situation d’autant<br />

plus révoltante que le licenciement<br />

collectif d’une douzaine de collaborateurs-trices<br />

des deux rédactions<br />

bernoises fusionnées au 1 er octobre a<br />

déjà commencé. Dans la lutte contre<br />

le référendum visant le train de mesures<br />

en faveur des médias, les grands<br />

éditeurs seraient bien avisés de renouveler<br />

le partenariat social.<br />

Melina Schröter<br />

Pour suivre le combat des deux rédactions<br />

bernoises : keinehalbenSachen.ch<br />

Oui au paquet d’aide<br />

aux médias et à un<br />

engagement plus fort<br />

des cantons<br />

Stephanie Vonarburg<br />

Responsable du secteur Médias<br />

En tant que syndicat des médias, nous<br />

trouvons important qu’un soutien financier<br />

parvienne non seulement aux<br />

médias imprimés, mais aussi enfin<br />

aux médias en ligne ainsi qu’aux domaines<br />

communs de la branche<br />

(conseil de presse, formation, agences<br />

de presse). Dans une société de l’information<br />

démocratique, un rôle important<br />

revient aux médias : ils rendent<br />

compte des processus pertinents, évaluent<br />

les faits, posent des questions<br />

critiques, sondent les coulisses de<br />

l’Etat et de l’économie. Les médias<br />

indépendants sont essentiels, surtout<br />

face à l’augmentation des fake news.<br />

De nombreux médias rencontrent<br />

toutefois des difficultés économiques,<br />

car les recettes publicitaires et celles<br />

générées par les abonnements diminuent.<br />

Cette situation a des conséquences<br />

négatives sur la diversité de<br />

l’information et des opinions, mais<br />

aussi sur les emplois et les conditions<br />

de travail dans la branche. C’est pourquoi<br />

nous nous engageons pour l’élargissement<br />

de l’aide aux médias et disons<br />

Non au référendum lancé par la<br />

droite. Les entreprises de médias sont<br />

quant à elles bien avisées de se montrer<br />

dignes du soutien public. Elles<br />

doivent investir dans le journalisme<br />

indépendant et dans des conditions<br />

de travail décentes au lieu de supprimer<br />

constamment des emplois.<br />

Les cantons doivent eux aussi soutenir<br />

le journalisme. Berne travaille à<br />

la création d’une base légale pour une<br />

nouvelle aide aux médias. Nous saluons<br />

cette initiative et exigeons des<br />

mesures directes. Car les communes<br />

et cantons subissent le retrait de nombreuses<br />

rédactions régionales et des<br />

coupes qui y sont effectuées. Il est<br />

temps de promouvoir le journalisme<br />

au niveau cantonal également !


« La précarité domine encore sur le marché des services de<br />

coursier, des envois exprès et des colis. » Lena Allenspach<br />

19<br />

Le devoir de diligence, une<br />

responsabilité souvent ignorée<br />

L’attribution de mandats à des sous-traitants va souvent de<br />

pair avec un contrôle limité des conditions de travail au sein de<br />

l’entreprise partenaire. Et donc d’éventuelles violations des<br />

obligations des CCT. Tour d’horizon sur la question du devoir de<br />

diligence en Suisse et dans les branches <strong>syndicom</strong>.<br />

En tant que syndicat, <strong>syndicom</strong> est<br />

spécialisé dans la négociation de<br />

conventions collectives de travail<br />

(CCT). Il veille à garantir les dispositions<br />

minimales de travail et à développer<br />

de meilleures conditions de<br />

travail. Ces dispositions ne sont toutefois<br />

efficaces que si les partenaires sociaux<br />

respectent également le devoir<br />

de diligence. C’est-à-dire si les dispositions<br />

ne s’appliquent pas uniquement<br />

à l’entreprise contractante, mais<br />

aussi à toute la chaîne d’approvisionnement.<br />

Afin de garantir les conditions<br />

de travail dans l’ensemble d’une<br />

branche, de soumettre toutes les entreprises<br />

au même cadre général –<br />

mais aussi d’identifier les violations<br />

aux lois, il faut des CCT déclarées de<br />

force obligatoire.<br />

Le devoir de diligence selon la LDét<br />

Selon le Secrétariat d’Etat à l’économie<br />

(SECO), le devoir de diligence se<br />

compose généralement de trois éléments,<br />

tels qu’ils sont réglés dans l’ordonnance<br />

sur les travailleurs détachés<br />

et applicables dans le secteur du grosœuvre<br />

et du second-œuvre : le premier<br />

élément – la présentation du respect<br />

des conditions de travail et de salaire<br />

– implique que l’entreprise contractante<br />

exige de son sous-traitant qu’il<br />

lui présente de manière concrète comment<br />

il respecte les conditions de travail<br />

et de salaires minimales. Le deuxième<br />

élément est posé des mesures<br />

contractuelles. L’entreprise contractante<br />

doit obtenir, dans un contrat<br />

d’entreprise, la garantie du sous-traitant<br />

que celui-ci soumette à son aval<br />

une éventuelle transmission de travaux<br />

à un deuxième et à un troisième<br />

sous-traitant. Enfin, des mesures organisationnelles<br />

s’imposent. Elles<br />

prévoient pour l’entreprise contractante<br />

qu’elle contrôle sur place le<br />

sous-traitant de manière à s’assurer<br />

qu’il respecte les conditions de travail.<br />

Les sous-traitants dans nos branches<br />

En particulier dans la branche Infrastructure<br />

de réseau, les sous-traitants<br />

assument de nombreuses tâches<br />

pour des mandataires. Même si les entreprises<br />

contractantes sont tenues de<br />

veiller dans le contrat au respect des<br />

lois suisses, cela est de facto difficilement<br />

contrôlable. Les conséquences<br />

possibles sont le travail au noir, l’absence<br />

de cotisations aux assurances<br />

sociales, le dumping salarial ou des<br />

violations massives de la loi sur le travail.<br />

La CCT déclarée de force obligatoire<br />

dans la branche permet d’y remédier.<br />

La commission paritaire peut<br />

ainsi effectuer des contrôles sur le lieu<br />

de travail et sanctionner les infractions,<br />

ainsi qu’intervenir auprès des<br />

entreprises contractantes.<br />

La branche Logistique concernée<br />

Un scénario similaire menace aussi<br />

de se produire à La Poste. Chez le<br />

géant jaune, un grand nombre de commandes<br />

sont confiées à des tiers. Bien<br />

que la CCT Poste pose une base solide<br />

pour de bonnes conditions de travail<br />

dans la logistique, la précarité domine<br />

encore sur le marché des services de<br />

coursier, des envois exprès et des colis.<br />

Dans la branche CEP & Mail également,<br />

seule une CCT forte peut protéger<br />

contre le dumping salarial. La<br />

Poste ainsi que les prestataires privés<br />

DHL, DPD et C ie doivent donc assumer<br />

à cet égard leur devoir de diligence lors<br />

de l’attribution de mandats à des tiers.<br />

Lena Allenspach<br />

Les dispositions du SECO :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fs2Sr<br />

À l’aide d’une CCT de force obligatoire, des contrôles peuvent être effectués comme ici dans la branche Infrastructure de réseau. (© Demir Sönmez)


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Le besoin de syndicalisation est tout aussi vif dans le<br />

secteur de la technologie que partout ailleurs. » Miriam Berger<br />

A quel salaire puis-je prétendre ?<br />

Contrairement à de nombreux pays, la Suisse ne connaît pas de<br />

salaire minimum national. Le calculateur de salaires de l’USS<br />

constitue un indicateur utile concernant les salaires usuels<br />

dans chaque branche.<br />

À Bâle, le salaire minimum de 23 CHF a été refusé par le peuple pour être fixé à 21 CHF. (© Keystone-ATS)<br />

Bâle-Ville est le premier canton suisse<br />

alémanique à avoir fixé en votation un<br />

salaire minimum légal de 21 francs, le<br />

13 juin dernier. Le peuple a rejeté une<br />

initiative issue de la gauche et des syndicats<br />

qui exigeait un salaire minimum<br />

de 23 francs, mais en effet accepté<br />

le contre-projet du gouvernement et<br />

du parlement. D’autres cantons appliquent<br />

également un salaire minimum.<br />

Neuchâtel en a été le précurseur<br />

en 2017, suivi du Jura, de Genève et du<br />

Tessin. Les salaires minimums varient<br />

de 19 à 23 francs de l’heure, hormis<br />

certaines exceptions. Actuellement,<br />

des initiatives communales pour un<br />

salaire minimum de 23 francs sont en<br />

cours dans les communes zurichoises<br />

de Kloten, Winterthour et Zurich. Et le<br />

sujet est discuté ailleurs en Suisse.<br />

Plus de transparence<br />

Les salaires minimums sont un élément<br />

important dans la lutte contre<br />

les bas salaires et la sous-enchère salariale,<br />

pour des rémunérations plus<br />

élevées et égales entre les hommes et<br />

les femmes. En Suisse, près de la moitié<br />

des salarié-e-s sont certes protégé-e-s<br />

par une convention collective de<br />

travail, mais seulement 1,7 million de<br />

personnes actives sur 5 millions bénéficient<br />

d’une CCT fixant des salaires<br />

minimums. Le salaire minimum offre<br />

un point de départ pour des salaires<br />

équitables. Mais comment savoir à<br />

quel salaire prétendre ? Le calculateur<br />

de salaires de l’Union syndicale suisse<br />

est un indicateur pratique qui définit<br />

le salaire habituel des employé-e-s<br />

dans une activité donnée en fonction<br />

des qualifications.<br />

Une base de données exhaustive<br />

Cet outil se base sur des données<br />

fiables relatives aux salaires locaux en<br />

usage dans les branches, et désormais<br />

aussi sur les données représentatives<br />

de l’enquête suisse sur la structure des<br />

salaires de 2018 réalisée par l’Office<br />

fédéral de la statistique, qui recense<br />

quelque 2 millions de salaires dans<br />

72 branches et 36 000 entreprises. On<br />

sélectionne le métier et la branche,<br />

puis on fournit des indications concernant<br />

l’emploi, notamment la formation<br />

ou le nombre d’années de pratique<br />

professionnelle. On obtient<br />

alors les salaires usuels adaptés au<br />

profil de l’emploi. Les utilisateurs<br />

sont aussi informés des CCT en vigueur.<br />

Cet instrument doit aider les<br />

salarié-e-s à calculer le salaire individuel<br />

qui leur revient et à préparer ainsi<br />

leurs revendications salariales.<br />

Eva Hirschi<br />

Calculer un salaire :<br />

salaire-uss.ch<br />

Représentation du<br />

personnel chez Google<br />

Miriam Berger<br />

Secrétaire centrale TIC<br />

Après 2019, les élections de la représentation<br />

du personnel (RP) de Google<br />

se tenaient pour la deuxième fois en<br />

juin dernier. Dans cette branche IT encore<br />

inexpérimentée, il est important<br />

que le personnel de Google puisse<br />

maintenir ses droits de participation.<br />

Il y a deux ans, Google Suisse s’était<br />

encore opposé à une RP, cherchant<br />

même à empêcher la tenue d’une assemblée<br />

de <strong>syndicom</strong> sur le thème de<br />

la participation. Les Zooglers (employé-e-s<br />

de Google à Zurich) ont toutefois<br />

résisté, et l’événement a pu<br />

prendre place pour obtenir de haute<br />

lutte leur RP.<br />

Le syndicat et la représentation du<br />

personnel ont des rôles différents. Ils<br />

se complètent dans leur interaction :<br />

d’un côté, il y a le travail quotidien des<br />

employé-e-s, et de l’autre, les années<br />

d’expérience et les connaissances du<br />

syndicat. L’interdépendance entre<br />

l’engagement sur le lieu de travail et le<br />

soutien indépendant apporté par le<br />

syndicat est la clé du succès. Le syndicat<br />

et la RP ne remportent des victoires<br />

que de cette façon-là.<br />

L’exemple de Google montre que le<br />

besoin de syndicalisation est tout aussi<br />

vif dans le secteur de la technologie<br />

que partout ailleurs. Dans le combat<br />

pour obtenir de meilleures conditions<br />

de travail, une RP constitue une première<br />

étape importante. Une autre<br />

consiste à faire vivre et à façonner de<br />

manière active les institutions gagnées.<br />

En ce sens, je félicite tous les<br />

membres de <strong>syndicom</strong> chez Google<br />

pour leur réélection.


« Des emplois sont en danger car une partie des domaines<br />

d’activité de La Poste n’existeront plus à l’avenir. » Matteo Antonini<br />

21<br />

Prendre son avenir en main<br />

<strong>syndicom</strong> et Transfair ont démarré avec La Poste le programme<br />

« Prêts pour le monde du travail ». Il donne la possibilité aux<br />

employé-e-s de s’informer sur leur situation professionnelle et<br />

de se préparer aux futurs défis du marché du travail.<br />

Le monde du travail est en mutation<br />

permanente. Et la numérisation accélère<br />

encore ce processus. De nouveaux<br />

profils professionnels émergent, alors<br />

que d’autres disparaissent, pendant<br />

que les carrières sont de moins en<br />

moins linéaires. Ces transformations<br />

offrent aux employé-e-s des opportunités<br />

– mais aussi des risques. Il n’en<br />

va pas autrement à La Poste. « Comme<br />

une partie des domaines d’activité<br />

n’existeront plus à l’avenir, certains<br />

emplois sont en danger », déclare Matteo<br />

Antonini, le responsable du secteur<br />

Logistique. Dans ce contexte, <strong>syndicom</strong><br />

a développé avec La Poste le<br />

programme « Prêts pour le monde du<br />

travail ». L’idée est que le personnel de<br />

La Poste examine à temps sa propre situation<br />

professionnelle et prenne en<br />

main son développement professionnel<br />

pour maintenir et renforcer son<br />

employabilité sur le marché du travail.<br />

« Il faut que tu y penses ! »<br />

Selon Matteo Antonini, de nombreux<br />

employé-e-s ne s’occupent pas<br />

assez de leur évolution professionnelle.<br />

« La majorité souhaite avant tout<br />

conserver son emploi actuel. » C’est<br />

pourquoi les changements sur le marché<br />

du travail sont source de stress<br />

pour de nombreux employé-e-s. « Nous<br />

avons réfléchi à comment les encourager<br />

à songer à leur développement<br />

professionnel sans stress ni crainte. »<br />

La solution : laisser aux collègues le<br />

rôle de dire « il faut que tu y penses ! ».<br />

250 ambassadeurs-rices du futur<br />

Dans un premier temps, des employé-e-s<br />

expérimentés des différentes<br />

équipes ont participé au programme<br />

« Prêts pour le monde du travail ». Au<br />

Centre de carrière de La Poste, ils ont<br />

analysé leur situation personnelle et<br />

sont devenus des expert-e-s. En tout,<br />

250 ambassadrices et ambassadeurs<br />

du futur sont actuellement à disposition<br />

pour répondre aux questions. Ils<br />

transmettent leurs expériences à leurs<br />

collègues et les incitent à se demander<br />

s’ils sont prêts pour leur avenir professionnel.<br />

Les offres du programme<br />

sont accessibles gratuitement aux<br />

participant-e-s.<br />

Un programme négocié avec la CCT<br />

Ce projet de partenariat social est<br />

né pendant les négociations sur la<br />

nouvelle CCT, qui est entrée en vigueur<br />

au début de l’année. <strong>syndicom</strong><br />

avait alors exigé non seulement des indemnités<br />

fixes en cas de licenciement,<br />

mais aussi des mesures visant à empêcher<br />

de manière proactive le recours à<br />

Sur les starting-blocks, pour être compétitif-ve sur<br />

le marché du travail du futur. (© La Poste Suisse)<br />

un plan social. L’initiative « Prêts pour<br />

le monde du travail » ne se limite toutefois<br />

pas à la seule prévention des<br />

crises. L’offre donne également aux<br />

participant-e-s la liberté de façonner<br />

leur propre avenir professionnel – afin<br />

que le changement devienne une opportunité.<br />

Basil Weingartner<br />

En savoir plus sur le programme :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/qbj1z<br />

Oui au mariage pour<br />

toutes et tous !<br />

Patrizia Mordini<br />

Responsable Egalité<br />

Le 26 septembre, nous voterons sur la<br />

révision de la loi en faveur du<br />

« mariage pour toutes et tous ». Les<br />

couples de même sexe pourront enfin<br />

obtenir les mêmes droits que les<br />

couples hétérosexuels. Aujourd’hui,<br />

des différences juridiques subsistent,<br />

bien que la Constitution stipule clairement<br />

qu’en Suisse, toute personne est<br />

égale devant la loi et que le droit au<br />

mariage est garanti. Les couples homosexuels<br />

pourront donc se marier,<br />

comme c’est déjà le cas depuis un certain<br />

temps dans d’autres pays. Seize<br />

Etats ont introduit en Europe le mariage<br />

pour toutes et tous, douze en dehors<br />

de l’Europe.<br />

Les autres droits concernent<br />

l’adoption, l’accès à la médecine reproductive<br />

et la naturalisation. Les<br />

couples lesbiens auront également accès<br />

au don de sperme. Les enfants élevés<br />

par des couples de même sexe et<br />

les familles arc-en-ciel sont aujourd’hui<br />

une réalité. La loi ne fait de<br />

tort à personne, mais permet enfin<br />

l’égalité des couples homosexuels.<br />

Les adversaires au projet ont lancé<br />

le référendum et mènent campagne<br />

contre le mariage pour toutes et tous<br />

avec de faux arguments. C’est pourquoi<br />

il est important de connaître les<br />

faits et de bien s’informer, par exemple<br />

sur le site mariage-oui.ch.<br />

L’Union syndicale suisse et <strong>syndicom</strong><br />

approuvent ces modifications de<br />

la loi absolument urgentes – enfin<br />

l’égalité !


22 Politique<br />

L’Union européenne :<br />

deux poids, deux mesures<br />

Alors que l’Union européenne se dote d’une directive pour protéger<br />

ses travailleurs et travailleuses à l’intérieur de ses frontières,<br />

elle veut que l’égalité de traitement ne s’applique toutefois<br />

pas à la main-d’œuvre détachée en Suisse. Cela a aussi été<br />

l’un des motifs qui ont conduit à la rupture des négociations<br />

sur l’accord-cadre Suisse-UE. Nous en avons discuté avec Luca<br />

Visentini, secrétaire général de la Confédération européenne<br />

des syndicats (CES).<br />

Texte : Federico Franchini<br />

Image : CES<br />

« On a fait chanter<br />

les syndicats pour<br />

que les mesures<br />

d’accompagnement<br />

soient<br />

abandonnées. »<br />

Du haut de votre « poste d’observation<br />

» européen, avez-vous été surpris<br />

de la rupture des négociations<br />

par la Suisse ?<br />

Je ne cache pas avoir été un peu surpris.<br />

Je ne pensais pas que la Suisse<br />

resterait si ferme dans sa position et<br />

romprait les négociations – la bonne<br />

décision selon moi.<br />

Une surprise positive, donc ?<br />

Oui. Un terme a été mis à des négociations<br />

mal embarquées. Du côté<br />

de l’UE, je n’ai jamais ressenti une<br />

réelle volonté d’entrer en matière<br />

sur certains points critiques, en particulier<br />

sur les conditions de travail<br />

et les mesures d’accompagnement.<br />

C’est pourquoi je craignais que le<br />

Gouvernement suisse accepte cette<br />

pression terrible de la part de l’UE.<br />

Quel rôle a joué le mouvement<br />

syndical suisse ?<br />

Il ne fait aucun doute que la décision<br />

du Conseil fédéral a aussi résulté<br />

de la position ferme des syndicats.<br />

Ils se sont mobilisés de façon<br />

exceptionnelle, également avec<br />

notre soutien, pour éviter des décisions<br />

qui auraient pu être très néfastes<br />

pour les travailleurs-euses.<br />

La CES a soutenu à plusieurs reprises<br />

la position intransigeante des<br />

syndicats suisses sur la question de<br />

la protection des salaires. Pourquoi<br />

cet appui des collègues helvétiques<br />

était-il important aux yeux du<br />

monde syndical européen ?<br />

Car nous estimons que les mesures<br />

actuelles d’accompagnement en<br />

Suisse sont très positives. Elles défendent<br />

les intérêts des travailleuses<br />

et travailleurs ainsi que les conditions<br />

en matière de travail et de salaires,<br />

et garantissent la protection<br />

sociale. Et plus important : elles réalisent<br />

l’égalité de traitement entre la<br />

main-d’œuvre suisse et les travailleurs-euses<br />

d’Europe qui viennent<br />

travailler en Suisse. Pour nous, la<br />

défense de ces mesures d’accompagnement<br />

a été une sorte de bataille<br />

symbolique. Nous avons ainsi pu réaffirmer<br />

qu’il faut, toujours et partout,<br />

l’égalité de traitement ainsi<br />

que des conditions équitables de<br />

travail et de protection sociale.<br />

Si la Suisse n’a certes pas brillé durant<br />

ces négociations (je pense notamment<br />

à Ignazio Cassis qui était<br />

prêt à mettre les mesures d’accompagnement<br />

sur la table des négociations),<br />

comment évaluez-vous le travail<br />

de l’Union européenne ?<br />

L’attitude contradictoire et schizophrène<br />

de l’UE nous a beaucoup fâchés.<br />

Nous n’avons pas été en mesure<br />

d’accepter cette manière de<br />

faire. L’UE a révisé en son sein la directive<br />

sur le détachement de travailleurs-euses,<br />

dont l’élément central<br />

consiste précisément à garantir<br />

l’égalité salariale et à éliminer le


« Nous espérons qu’après un peu de réflexion, il sera possible de revenir au plus<br />

vite avec diverses propositions à la table de la négociation et de relancer la<br />

négociation sur la base de prémices plus positives. Entre-temps, il est absolument<br />

indispensable de respecter les normes déjà en place. »<br />

23<br />

dumping et la concurrence déloyale<br />

au détriment de la main-d’œuvre détachée<br />

à l’intérieur de l’UE. L’Europe<br />

a donc appliqué le principe de<br />

l’égalité de traitement à l’interne.<br />

Dès lors, je trouve paradoxal que<br />

l’UE veuille ignorer ce principe dans<br />

le cadre de l’accord avec la Suisse.<br />

L’épouvantail du « plombier polonais<br />

» est-il encore agité au sein de<br />

l’UE ?<br />

La situation s’est certainement améliorée,<br />

notamment grâce à cette directive<br />

et aussi à la création de l’Autorité<br />

européenne du travail. Cet<br />

organisme contribue à surveiller et<br />

à sanctionner les violations. La<br />

concurrence déloyale entre travailleurs-euses<br />

a disparu. Mais cela ne<br />

signifie pas pour autant que tout est<br />

parfait : de nombreuses violations<br />

subsistent, surtout dans certains<br />

secteurs comme celui des transports.<br />

Et il reste à concrétiser l’égalité<br />

en matière de sécurité sociale.<br />

Comment expliquer l’attitude<br />

contradictoire de l’UE ?<br />

Ces contradictions sont dues au fait<br />

que la directive sur le détachement<br />

de travailleurs-euses et l’accord-cadre<br />

avec la Suisse ont été négociés<br />

par des entités différentes au<br />

sein de l’UE. Le Direction générale<br />

Emploi et affaires sociales, qui accorde<br />

une grande attention à la protection<br />

de leurs droits, a traité un<br />

dossier. De l’autre, le rôle de la Direction<br />

générale du commerce (DG<br />

Commerce) a été très négatif lors de<br />

la négociation de l’accord.<br />

Quel a été l’influence du patronat<br />

européen sur la DG Commerce ?<br />

Le monde entrepreneurial a joué un<br />

rôle à la fois très important et plutôt<br />

négatif. Les organisations patronales<br />

ont exercé de très fortes pressions.<br />

Elles n’ont jamais digéré la<br />

révision de la directive sur le détachement<br />

de travailleurs-euses<br />

« La contradiction<br />

et schizophrènie<br />

de l’UE nous ont<br />

fâchés. »<br />

qu’elles ont tenté de bloquer par<br />

tous les moyens. Par chance, elles<br />

n’y sont pas parvenues. Elles ont<br />

donc voulu se venger de leur défaite<br />

en pratiquant le dumping salarial et<br />

social au moins en Suisse. Par ailleurs,<br />

ces négociations se déroulent<br />

à huis clos, sans véritable processus<br />

de contrôle démocratique. Tout se<br />

passe au niveau des fonctionnaires.<br />

De ceux de la DG Commerce, dans le<br />

cas présent. Or ils sont sous l’influence<br />

des entrepreneurs et tentent<br />

donc de protéger avant tout les intérêts<br />

commerciaux des entreprises.<br />

La rupture des négociations de l’accord-cadre<br />

a cependant aussi empêché<br />

d’étendre certains droits qui auraient<br />

avantagé les travailleurs<br />

migrants (européens) en Suisse. Je<br />

pense à la citoyenneté européenne,<br />

un des points de la négociation<br />

combattu avec force par la droite.<br />

Les syndicats n’auraient-ils pas pu<br />

concéder quelques compromis ?<br />

Nous avons suivi les négociations de<br />

près. Et je peux affirmer que les syndicats<br />

suisses se sont montrés disposés<br />

à réduire au maximum la bureaucratie<br />

imposée aux entreprises<br />

dans le cadre des modalités des mesures<br />

d’accompagnement. Mais ils<br />

ont été confrontés à un chantage :<br />

en échange de belles mesures telles<br />

que la citoyenneté européenne, ils<br />

devaient lâcher les mesures d’accompagnement.<br />

Sans compter les<br />

mesures de rétorsion économiques<br />

déjà envisagées. Les syndicats sont<br />

restés très ouverts, mais ils étaient<br />

face à une contrepartie fermée, qui<br />

a employé le chantage.<br />

Comment le mouvement syndical<br />

peut-il contribuer à faire sortir de<br />

cette impasse l’Europe et la Suisse<br />

pour les rapprocher ?<br />

Nous restons en contact avec les collègues<br />

suisses et continuons à exercer<br />

une pression sur la Commission<br />

européenne pour qu’elle réévalue le<br />

dossier de manière plus ouverte et<br />

progressiste. Nous cherchons par<br />

exemple à faire pression sur la DG<br />

Emploi, afin qu’elle assume un rôle<br />

plus actif et plus pertinent dans<br />

cette discussion. Il convient de<br />

contrebalancer l’approche hyper<br />

néolibérale poursuivie par la DG<br />

Commerce.<br />

Communiqué de presse du Conseil fédéral :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/aObCz<br />

Pendant ce<br />

temps-là…<br />

« Accord historique. » « Résultat extraordinaire.<br />

» La Commission européenne<br />

n’a pas tari d’éloges en annonçant<br />

l’impôt minimal mondial.<br />

Au dernier G20 de Venise, les puissances<br />

mondiales ont décidé que<br />

les grandes entreprises paieront désormais<br />

un impôt d’au moins 15 %<br />

dans les pays où elles vendent leurs<br />

produits et services. Les géants numériques<br />

GAFAM ne pourront plus<br />

s’établir en Irlande ou au Luxembourg<br />

pour y bénéficier d’avantages<br />

fiscaux. Un coup dur porté au dumping<br />

fiscal ? Non, car cette imposition<br />

minimale ne s’applique qu’aux<br />

entreprises dont le chiffre d’affaires<br />

dépasse 20 milliards d’euros et la<br />

marge bénéficiaire est supérieure à<br />

10 %. Amazon pourrait par exemple<br />

être exclu. L’accord historique est<br />

en perte de vitesse, et sa mise en<br />

œuvre a été renvoyée à octobre.<br />

L’Union européenne n’a pas eu<br />

la force (ni le courage) d’augmenter<br />

le taux d’imposition minimum à au<br />

moins 25 %, comme l’exigeaient<br />

l’Oxfam et l’ICRICT (Commission<br />

indépendante pour la réforme de la<br />

fiscalité internationale des entreprises)<br />

de l’ONU. Et dire que jusque<br />

dans les années 80, presque la moitié<br />

du revenu des grandes entreprises<br />

américaines finissaient en<br />

impôts. Les politiques néolibérales,<br />

selon lesquelles la lutte contre la<br />

croissance des entreprises affaiblirait<br />

l’économie, ont fait le reste.<br />

L’écrivain et activiste Cory Doctorow<br />

explique : « Si l’on renonce à<br />

renforcer les dispositions antitrust,<br />

alors on ne peut pas être surpris que<br />

des monopoles se créent : c’est<br />

comme répandre du sucre sur le sol<br />

et s’étonner que les fourmis<br />

viennent s’y agglutiner. » Entretemps,<br />

les fourmis ont engraissé.<br />

Comme un récent rapport de ProPublica<br />

le montre, les personnes les<br />

plus riches du monde paient des impôts<br />

dérisoires (Jeff Bezos et Elon<br />

Musk respectivement à 1 % et 3 %).<br />

Les travailleurs-euses des pays du<br />

G7 déboursent 20 à 30 % et même<br />

40 %, si l’on ajoute les cotisations sociales<br />

à l’impôt sur le revenu. Bien<br />

plus que les 15 % des GAFAM.<br />

Giovanni Valerio<br />

Le rapport de ProPublica :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/ALhHp


24 Politique<br />

Halte à l’abolition du<br />

droit de timbre<br />

Malgré les votations populaires perdues, le<br />

conseiller fédéral Ueli Maurer tente à nouveau<br />

de réduire les impôts des fortuné-e-s et de la<br />

place financière. La dernière nouveauté est<br />

www.uss.ch/droitdetimbre<br />

SIGNEZ LE RÉFÉRENDUM MAINTENANT !<br />

Plusieurs centaines de millions de pertes fiscales :<br />

cet argent manquera pour les hôpitaux, les transports publics et<br />

la formation !<br />

Un nouveau privilège pour le secteur financier :<br />

le renforcement des inégalités se poursuit !<br />

Référendum droit de timbre<br />

Case postale 6<br />

9215 Schönenberg an der Thur (TG)<br />

Un cadeau qui ne profite qu’aux riches : rien pour les gens qui<br />

travaillent, alors que nous sortons tout juste d’une crise sans<br />

précédent !<br />

À LA SUPPRESSION DU<br />

DROIT DE TIMBRE<br />

NON<br />

la suppression du droit de timbre, une très<br />

ancienne revendication des banques et des<br />

compagnies d’assurance.<br />

Texte : Daniel Lampart, économiste en chef USS<br />

Jusqu’à aujourd’hui, toutes les tentatives de supprimer<br />

le droit de timbre avaient pu être repoussées face à l’ampleur<br />

des pertes fiscales estimées 2 à 3 milliards de<br />

francs. Le Parlement et Ueli Maurer s’appuient désormais<br />

sur une stratégie de dissimulation : ils ont segmenté<br />

cette suppression en plusieurs étapes, espérant<br />

qu’elles passeront ainsi inaperçues. L’USS a d’ores et<br />

déjà organisé un référendum contre la première.<br />

Cette première étape consiste à supprimer la taxe<br />

d’émission sur les actions ou les fonds propres, entraînant<br />

ainsi des pertes de 200 à 250 millions de francs.<br />

La deuxième prévoit l’abolition du droit de timbre de<br />

négociation sur les obligations et de l’impôt anticipé sur<br />

les intérêts des obligations. La Confédération évalue les<br />

coûts à 200 millions de francs. L’USS les estime à plus de<br />

500 millions. Puis, les autres droits de timbre de négociation,<br />

et celui sur les primes d’assurance, seront supprimés,<br />

coûtant 2 milliards de francs supplémentaires.<br />

Un programme pour les fortunés<br />

Ce programme de réduction fiscale ne profite qu’à la<br />

place financière, aux personnes fortunées et à hauts revenus.<br />

Les 50 000 contribuables les plus riches de Suisse<br />

possèdent environ les trois quarts de toutes les actions<br />

détenues par les ménages suisses. Les papiers-valeurs<br />

dont ils disposent sont plus importants que leur compte<br />

bancaire. C’est ce que révèlent des études sur l’impôt sur<br />

la fortune dans différents cantons. Le droit de timbre<br />

comble en partie l’absence d’impôt sur les gains en capital.<br />

S’il disparaît, les détenteurs de papiers-valeurs continueraient<br />

d’être privilégiés. Et si l’impôt anticipé sur les<br />

rendements obligataires est lui aussi supprimé, les investisseurs<br />

fortunés pourraient, grâce au secret bancaire,<br />

se soustraire à l’obligation fiscale.<br />

Les employés, en revanche, devraient toujours payer<br />

un impôt anticipé sur leurs comptes bancaires. La suppression<br />

du droit de timbre favorisera aussi le secteur<br />

financier. De nombreuses prestations fournies par les<br />

banques et les assurances ne sont pas soumises à la TVA.<br />

Le droit de timbre est une sorte d’impôt de substitution.<br />

Des pertes fiscales sous-estimées<br />

Comme pour les réformes fiscales précédentes, la Confédération<br />

sous-estime les pertes fiscales. En 2020, le droit<br />

de timbre a rapporté 2,42 milliards de francs. Ce revenu<br />

disparaîtrait, avec les pertes de l’impôt anticipé sur les<br />

obligations de plusieurs centaines de millions.<br />

A signer et renvoyer au<br />

plus vite!<br />

Dernier délai d’envoi:<br />

16 septembre 2021.<br />

RÉFÉRENDUM<br />

NON<br />

À LA SUP-<br />

PRESSION<br />

DU DROIT<br />

DE TIMBRE<br />

SIGNEZ LE RÉFÉRENDUM !<br />

La suppression de la taxe sur les émissions entraînerait<br />

aussi des pertes pour les cantons et les communes.<br />

Car elle permet aux entreprises de déclarer une faible<br />

valeur pour une partie des immobilisations corporelles<br />

lors de leur création. Elles peuvent ainsi réduire leur<br />

amortissement d’actifs et payer un peu plus d’impôt sur<br />

le bénéfice. Sans taxe d’émission, il devient plus intéressant<br />

pour les entreprises de surestimer la valeur des<br />

immobilisations corporelles, conduisant à des amortissements<br />

plus élevés et à des impôts sur le bénéfice plus<br />

faibles.<br />

Orgie de réductions<br />

Depuis le milieu des années 90, les impôts des hauts revenus<br />

et des personnes fortunées ont été réduits en plusieurs<br />

étapes. Les cantons ont largement baissé l’impôt<br />

sur le revenu. Et l’impôt sur la fortune des millionnaires<br />

a été divisé par deux dans de nombreux cantons. La 2 e réforme<br />

de l’imposition des entreprises a réduit les impôts<br />

sur le capital de 1,5 à 2,2 milliards de francs supplémentaires<br />

par an. Alors que la charge financière des personnes<br />

disposant d’un revenu normal a augmenté, principalement<br />

en raison de la hausse des primes des caisses<br />

maladie. Cette série de réductions doit stopper.<br />

Signez le référendum sur<br />

arnaque-non.ch


Droit au but !<br />

25<br />

Cher conseil juridique de <strong>syndicom</strong> :<br />

J’ai un nouvel emploi depuis le 1 er mars<br />

2021 et viens de recevoir mon nouveau<br />

certificat de pension de ma caisse actuelle.<br />

Elle affiche un découvert que je dois<br />

combler par des cotisations plus élevées.<br />

Puis-je m’y opposer ? En fin de compte, il<br />

s’agit de mon argent, et je dois payer les<br />

cotisations. En outre, la rente AVS ne suffit<br />

pas à couvrir les coûts de la vie. Et il est<br />

peu probable que cette situation change<br />

lors de la prochaine révision.<br />

Comment une caisse de pension peut-elle<br />

se retrouver dans une situation de découvert<br />

? N’y a-t-il pas des autorités de surveillance<br />

ou des prescriptions en place<br />

pour contrôler que la caisse n’investisse<br />

pas à mauvais escient le capital important<br />

dont elle dispose ?<br />

Je songe à me mettre à mon compte.<br />

Puis-je m’affilier à une caisse de pension à<br />

titre individuel, et comment dois-je m’y<br />

prendre ?<br />

Réponse du service juridique :<br />

En principe, non. Mais en cas de découvert, l’employeur<br />

n’a en général aucun intérêt à rester affilié à la caisse de<br />

pension, car il doit payer au moins la moitié des cotisations<br />

plus élevées. Si l’employeur décide de changer d’institution<br />

de prévoyance, il ne peut le faire qu’après entente<br />

avec son personnel ou avec une représentation des travailleurs<br />

(art. 11 al. 3bis de la loi sur la prévoyance professionnelle<br />

[LPP] et art. 10 de la loi sur la participation).<br />

En revanche, le choix de la caisse de pension incombe à<br />

l’employeur.<br />

Oui, il existe des autorités de surveillance cantonales et<br />

des dispositions légales qui régissent la manière dont les<br />

caisses de pension peuvent placer leur argent. L’accent<br />

est mis sur les stratégies d’investissement sûres. Seule<br />

une petite partie peut être investie dans des placements<br />

plus risqués. Les prescriptions ne s’appliquent toutefois<br />

qu’à la partie obligatoire, et non à la partie surobligatoire.<br />

Par ailleurs, les employé-e-s disposent d’un droit de participation<br />

en matière de stratégies de placement. Conformément<br />

à la LPP, les employé-e-s et l’employeur élisent<br />

un nombre égal de représentant-e-s à l’organe suprême de<br />

la caisse de pension. Il fixe notamment les objectifs et les<br />

principes de gestion de la fortune ainsi que la mise en<br />

œuvre et la surveillance du processus de placement.<br />

Oui, selon la branche dans laquelle tu travailles, tu peux<br />

t’affilier à une caisse de pension collective de ton association<br />

professionnelle. Ou tu peux t’assurer auprès de la<br />

Fondation institution supplétive. Il existe toutefois aussi<br />

des caisses de pension qui proposent des solutions de<br />

prévoyance conçues spécialement pour les indépendant-e-s<br />

(p. ex. la caisse de pension Freelance pour les<br />

membres de <strong>syndicom</strong>). Sinon, l’autorité cantonale de<br />

surveillance te renseigne sur les caisses de pension qui<br />

assurent les indépendant-e-s.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/droitaubut


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

© Swiss Press Photo, Luca Zanetti<br />

© Frantisek Matous<br />

Formation continue à la carte<br />

En septembre, les deux instituts de<br />

formation des syndicats Movendo et<br />

Helias offrent à nouveau une très<br />

grande variété de formations continues.<br />

Des intervenants internes et<br />

externes au syndicat, tous des spécialistes<br />

qualifiés et des formateurs<br />

d’adultes expérimentés, vous proposent<br />

des perfectionnements professionnels<br />

et personnels pour<br />

mieux faire face à un monde du travail<br />

particulièrement évolutif. Sont<br />

notamment proposés par Movendo<br />

les cours :<br />

– Affirmer sa présence en tant que<br />

femme, 9 et 10 septembre à<br />

Morges<br />

– La communication non verbale,<br />

13 et 14 septembre à Morges<br />

– Protéger ses données informatiques<br />

sur Internet, 15 septembre<br />

à Yverdon-les-Bains<br />

– Agir collectivement pour défendre<br />

et revendiquer ses droits, 16 et<br />

17 septembre à Chexbres<br />

– Comprendre le fonctionnement<br />

de la loi sur la prévoyance professionnelle,<br />

23 et 24 septembre à<br />

Sainte-Croix<br />

– Télétravail – Quels sont mes<br />

droits ?, 27 septembre à Morges<br />

Helias, qui offre des cours de perfectionnement<br />

spécifiques à la branche<br />

des médias, vous propose le cours<br />

suivant :<br />

– Mes vidéos sur les réseaux sociaux,<br />

6 octobre à Fribourg<br />

Jetez donc un coup d’œil au site web<br />

des deux instituts pour de plus<br />

amples renseignements sur les<br />

modalités d’inscription et consulter<br />

l’ensemble des cours proposés.<br />

Nous vous rappelons d’ailleurs<br />

qu’un cours par an est remboursé<br />

pour les membres de <strong>syndicom</strong>,<br />

y compris le repas.<br />

Robin Moret<br />

Podcast au féminin<br />

Dans le dernier numéro du <strong>magazine</strong>,<br />

nous avions le plaisir de vous<br />

présenter le tout nouveau podcast<br />

<strong>syndicom</strong>, dédié au secteur logistique.<br />

De nouveaux épisodes sont<br />

désormais disponibles et nous vous<br />

invitons à les découvrir sans plus<br />

attendre sur <strong>syndicom</strong>.ch/audio.<br />

Ce format de contenu audio numérique<br />

et thématique, qui prend le<br />

contrepied de l’immédiateté et des<br />

flux d’information en continu, est<br />

aujourd’hui en pleine expansion.<br />

Pendant le confinement, le phénomème<br />

s’est amplifié et la consommation<br />

globale de podcasts a très<br />

largement augmenté. Parmi les<br />

contenus qui rencontrent un franc<br />

succès, plusieurs podcasts passionants<br />

abordent des thématiques féministes.<br />

La liste est longue mais<br />

nous vous avons sélectionné trois<br />

podcasts réalisés par des femmes, à<br />

écouter en toute liberté sur son téléphone<br />

portable ou son ordinateur.<br />

– Les Couilles sur la table : lancé en<br />

2017 par Binge Audio, ce podcast<br />

au succès fulgurant vous propose<br />

un décryptage des masculinités<br />

contemporaines. Un jeudi sur<br />

deux.<br />

– Décharge : un podcast féministe<br />

suisse, immersif et engagé, créé<br />

par Sarah Gay-Balmaz, qui vous<br />

emmène à la rencontre de celles et<br />

ceux qui bousculent les normes.<br />

– Vénus s’épilait-elle la chatte ? : un<br />

voyage au cœur de l’histoire de<br />

l’art avec un regard féministe et<br />

inclusif sous la forme d’épisodes<br />

thématiques ou biographiques. À<br />

découvrir absolument.<br />

Vous retrouverez ces podcasts sur<br />

toutes les plateformes digitales<br />

(Spotify, Apple Music, Apple Podcast,<br />

YouTube, etc...). Bonne écoute !<br />

Robin Moret<br />

Swiss Press Awards – un livre<br />

et une exposition<br />

Fin avril, la Fondation Reinhardt<br />

von Graffenried, fondée dans le but<br />

de promouvoir le journalisme suisse<br />

et soutenir la photographie de<br />

presse dans les médias, remettait à<br />

nouveau ses Prix de la presse suisse<br />

à Berne. Crise du COVID, lits en<br />

soins intensifs, harcèlement sexuel,<br />

scandale environnemental et vie<br />

d’un homme politique – tels sont les<br />

thèmes des lauréat-e-s 2021 des traditionnels<br />

Swiss Press Awards.<br />

Célia Héron, Boris Busslinger et<br />

Sylvia Revello sont les journalistes<br />

suisses de l’année - ou les Swiss<br />

Press Journalists of the Year. Alors<br />

que Sarah Carp a remporté le prix de<br />

la Swiss Press Photographer de l’année<br />

pour son excellent travail à découvrir<br />

au travers du lien ci-dessous.<br />

La septième édition du catalogue du<br />

Swiss Press Award, avec le travail de<br />

l’ensemble des journalistes primés,<br />

et la 21 e édition de l’Annuaire photo<br />

de la presse suisse sont réunies pour<br />

la première fois dans un Swiss Press<br />

Yearbook 21, désormais disponible<br />

en librairie.<br />

En parallèle, l’exposition nationale<br />

itinérante Swiss Press Photo 21 sera<br />

inaugurée le 8 septembre 2021 au<br />

Kornhausforum de Berne et durera<br />

jusqu’au 10 octobre 2021. Swiss<br />

Press Photo 21 sera ensuite présentée<br />

au château de Prangins du<br />

12 novembre 2021 au 6 mars 2022,<br />

où seront également exposés les<br />

World Press Photo 2021.<br />

À vos agendas !<br />

Robin Moret<br />

Plus d’informations sur :<br />

movendo.ch/fr/cours & helias.ch/fr/nc/<br />

Liens des podcasts, dans l’ordre présenté :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/QRa84, /OHAYu, /G1yOn<br />

La liste des lauréat-e-s :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/qGWVj


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements La Grève féministe 2021 a mobilisé partout en Suisse /<br />

Manifestation contre un salaire de misère à La Poste /<br />

Pas touche aux rentes des femmes – conférence de presse des syndicats /<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4


1-4. A Berne, Zurich, Lausanne, ou encore Bellinzone, <strong>syndicom</strong> appelait à l’égalité le 14 juin, à 15 h 19, et, le soir, à l’occasion de défilés autorisés.<br />

Car deux ans après la légendaire Grève des femmes de 2019, il y a peu de progrès en matière d’égalité. Et nous ne lâcherons pas prise. (© Marc Wegmüller)<br />

5-6 . Accompagné de représentants des syndicats, une délégation de plus d’une vingtaine d’employé-e-s de l’entreprise Epsilon,<br />

alors propriété de La Poste, s’est mobilisée contre un nouveau système salarial qui prévoit un salaire horaire de 17.44 francs.<br />

La Poste a récemment communiqué qu’elle envisage de liquider l’entreprise pour l’intégrer dans les filiales Presto et DMC. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

7-8 . Encore 80 ans d’inégalités à la retraite ? Pas question ! Début juin, les syndicats et leurs représentantes ont organisé une conférence de presse<br />

afin de rappeler toutes les avancées qui s’imposent en matière d’égalité et des rentes des femmes. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

5<br />

6<br />

7<br />

8


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« L’union fait la force – ce n’est pas qu’un<br />

proverbe, mais la réalité »<br />

Angela Parisi est née dans la province<br />

italienne de Bari. En Suisse, elle a<br />

d’abord vécu à St-Gall, puis au Tessin à<br />

partir de 2008. Elle a travaillé dans une<br />

fabrique de chocolat, comme femme<br />

de ménage, portière et enseignante<br />

d’italien à l’école Migros et dans<br />

d’autres établissements privés. Par<br />

ailleurs, elle a été engagée à la Conférence<br />

nationale de l’artisanat et a créé<br />

une coopérative de services. En Italie,<br />

elle a géré une œnothèque à Senigallia<br />

avec sa sœur pendant quatre ans. La<br />

mère de quatre enfants travaille à La<br />

Poste depuis mars 2009. Elle s’est aussitôt<br />

affiliée à <strong>syndicom</strong>, où elle siège<br />

au Comité central. Elle est aussi<br />

membre de la commission du personnel<br />

de La Poste.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Image : Sandro Mahler<br />

« Je crois aux batailles<br />

pour la justice. »<br />

« Les injustices me dérangent depuis<br />

toujours, déjà depuis mon enfance.<br />

En dernière année de gymnase, j’ai<br />

été expulsée de l’école après avoir<br />

organisé une grève et j’ai failli ne pas<br />

être admise à l’examen de maturité.<br />

En tant qu’étudiante, j’ai travaillé<br />

tout un été dans un petit atelier textile.<br />

Il en existe encore dans les<br />

Pouilles. Des finitions pour des produits<br />

de marques connues y sont effectuées<br />

: on y coud par exemple des<br />

boutons ou des fermetures éclair.<br />

Les conditions de travail étaient<br />

incroyables. Des femmes parfois très<br />

jeunes restaient toute la journée la<br />

tête penchée sur leur travail dans de<br />

vieux hangars. En été, la chaleur y<br />

était insupportable. Je me rappelle<br />

une des femmes qui avait un coup de<br />

soleil sur la moitié du corps. Je les<br />

incitais à protester : si vous vous<br />

rebellez toutes, vous obtiendrez<br />

quelque chose. Pour moi, qui allait<br />

reprendre l’université après<br />

quelques semaines, c’était plus facile.<br />

Dans leur cas, elles craignaient<br />

de perdre leur travail. Résultat ?<br />

Le patron m’a chassée. Et il a dit à<br />

mon père qu’il ne voulait pas d’une<br />

‹ anarchiste et révolutionnaire › !<br />

Au fond, je suis romantique : je<br />

crois aux batailles pour la justice.<br />

Je pense avoir hérité ce sens de la<br />

justice de ma mère : une ‹ combattante<br />

infatigable › . Son caractère fort<br />

lui a valu cette qualification. Après<br />

la mort de mon père, elle m’a élevée<br />

avec ma sœur cadette de 6 ans. Pour<br />

donner un coup de main à la maison,<br />

j’ai dû arrêter mes études de droit et<br />

travailler à temps plein. J’avais déjà<br />

accompli différents petits boulots.<br />

Mais je n’ai jamais eu peur de dire ce<br />

que je pense pour défendre mes<br />

droits et ceux de mes collègues. Et<br />

souvent, j’en paie les conséquences.<br />

A La Poste y compris.<br />

Mon emploi de distributrice me<br />

plaît. J’ai également travaillé au<br />

guichet, mais je préfère être à l’extérieur.<br />

Même si nous disposons de<br />

toujours moins de temps, les<br />

contacts apportent un côté humain<br />

au travail. En ce qui concerne la<br />

remise des colis, le COVID a aggravé<br />

les problèmes déjà existants : pénurie<br />

de personnel, surcharge de travail<br />

et parfois difficultés de conduite des<br />

responsables d’équipe. Lors des<br />

séances d’équipe et des briefings<br />

quotidiens, où l’on se contente d’habitude<br />

d’écouter, je prends la parole<br />

et dis ce qui ne fonctionne pas. Les<br />

colis sont par exemple devenus plus<br />

volumineux et plus lourds. Ils sont à<br />

la limite de ce qui est autorisé.<br />

Il n’est pas facile d’impliquer les<br />

collègues. Comme les jeunes<br />

femmes de l’atelier de mon enfance,<br />

la peur les tenaille. La peur de s’exposer,<br />

de perdre leur emploi, d’être<br />

transférés. A la fin, je reçois des compliments<br />

et quelqu’un me dit : je pensais<br />

la même chose ! Je n’ai toutefois<br />

pas besoin de cette reconnaissance.<br />

Mais de personnes qui luttent à mes<br />

côtés et qui me soutiennent : ensemble,<br />

nous remporterons la victoire.<br />

L’union fait la force – ce n’est<br />

pas qu’un proverbe, mais la réalité ! »<br />

Plus d’informations sur le comité central :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/anotresujet/comite-central


Mots-croisés Impressum Syndicom juillet 2021<br />

Rédaction : Robin Moret, Giovanni Valerio<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale, et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser, 3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 case postale, 3001 Berne<br />

Gabriele Alleva<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Mot Illustrations, mystère : dessins de portrait : Katja Leudolph Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Images sans © : mises à disposition<br />

1 2 3 4 5 6<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

7 8 9 10 11 12 13 14<br />

Le numéro 25 paraîtra le 8 octobre 2021.<br />

15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

juillet 2021<br />

V<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

10<br />

8 1 3<br />

DÉFINITIONS<br />

Horizontalement : I. Activités du moment. II.<br />

Très drôle. Communiste asiatique. Santé à<br />

l'extérieur. III. 500 m. Solide, liquide ou<br />

gazeux. Enveloppe de verres. IV.<br />

Recherche de vérité. Coup sec. Code. V.<br />

Réu. Patron d'Isis. Parfois utile. VI.<br />

Quiconque et personne. On les trouve<br />

devant l'entrée. VII. Fouettez. Poisson.<br />

Exclut. Pressé. VIII. Flans. L'original. Moi.<br />

IX. Sembles. Conteste. Réussit. Premier<br />

italien. X. Cueilleur de trèfle.<br />

VI<br />

Verticalement : 1. Malhonnêtes. 2. Affluent<br />

4<br />

du Mississippi. À poil. Appris. 3. Pas ton.<br />

VII<br />

Donne le ton. Plus. 4. Périodique. 5.<br />

5 6 7 8 9 105<br />

11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

Véhicule québécois. On le préfère pur. 6.<br />

VIII<br />

Morceau de viande. Rivales valaisannes. 7.<br />

11 9<br />

DÉFINITIONS<br />

Chamois. 8. Élément. Soit. Trois et<br />

6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

IX<br />

quelques. 9. À l'existence incertaine. Porte.<br />

7<br />

Horizontalement : I. Activités du moment. II.<br />

Mots-croisés Syndicom juillet 2021<br />

10. Temps. Dingue ! 11. Monsieur. Chaîne<br />

Très drôle. Communiste asiatique. Santé à<br />

X<br />

fidèle. En équerre. 12. Dans le curriculum<br />

2 l'extérieur. 6 III. 500 m. Solide, liquide ou vitae. Divinité de la route. 13. Agis. Plaisirs<br />

gazeux. Enveloppe de verres. IV. partagés.<br />

12<br />

Les mots 14. croisés Grille logique. 15. Colore. Lent<br />

Recherche de vérité. Coup sec. Code. V. sur la piste.<br />

Mot mystère :<br />

Réu. Patron d'Isis. Parfois utile. VI. Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra<br />

3<br />

1 2 3 4 5 6 Quiconque 7 8 et 9 personne. 10 11 On 12 les trouve 13 14<br />

dans<br />

15<br />

le<br />

16<br />

prochain<br />

17<br />

<strong>magazine</strong>,<br />

18 19<br />

recevra 20 21 un 22 23<br />

devant l'entrée. VII. Fouettez. Poisson.<br />

13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

bon Coop d’une valeur de CHF 40.–.<br />

Exclut. Pressé. VIII. Flans. L'original. Moi.<br />

DÉFINITIONS<br />

Prière d’envoyer votre solution jusqu’au<br />

1 2 3 4 5 6 7 IX. 8 Sembles. 9 10 Conteste. 11 12 Réussit. 13 14 Premier 15<br />

DÉFINITIONS<br />

30 août par e-mail à<br />

italien. X. Cueilleur de trèfle.<br />

15<br />

Horizontalement admin@<strong>syndicom</strong>.ch : I. Activités ou par du courrier moment. à II.<br />

I<br />

Horizontalement : I. Activités du moment. II. Verticalement : 1. Malhonnêtes. 2. Affluent Très Rédaction drôle. Communiste <strong>syndicom</strong>, Monbijoustrasse<br />

asiatique. Santé à<br />

4<br />

Très drôle. Communiste asiatique. Santé à du Mississippi. À poil. Appris. 3. Pas ton. l'extérieur. 33, case postale, III. 5003001 m. Solide, Berne. liquide ou<br />

l'extérieur. II III. 500 m. Solide, liquide ou Donne le ton. Plus. 4. Périodique. 5. gazeux. Enveloppe de verres. IV.<br />

12<br />

gazeux. Enveloppe de verres. IV. Véhicule québécois. On le préfère pur. 6. Recherche de vérité. Coup sec. Code. V.<br />

Recherche III de vérité. Coup sec. Code. V. Morceau de viande. Rivales valaisannes. 7. Réu. Les gagnants Patron d'Isis. du dernier Parfois mots utile. croisés VI.<br />

11 8 9 1 3<br />

Réu. Patron d'Isis. Parfois utile. VI. Chamois. 8. Élément. Soit. Trois et Quiconque La solution et du personne. dernier mots On croisés les trouve<br />

Quiconque IV et personne. On les trouve quelques. 9. À l'existence incertaine. Porte. devant était « GENERATION l'entrée. VII. Z ». Fouettez. Poisson.<br />

devant l'entrée. VII. Fouettez. Poisson. 10. Temps. Dingue ! 11. Monsieur. Chaîne Exclut. Danièle Pressé. et Suzanne VIII. Flans. Kähr ont L'original. remporté Moi.<br />

Exclut. Pressé. VIII. Flans. L'original. Moi. fidèle. En équerre. 12. Dans le curriculum IX. Sembles. Conteste. Réussit. Premier<br />

V<br />

une pièce en argent offerte par notre<br />

IX. Sembles. 6 Conteste. 10 Réussit. Premier vitae. Divinité de la route. 13. Agis. Plaisirs italien. X. Cueilleur de trèfle.<br />

italien. X. Cueilleur de trèfle.<br />

partagés. 14. Grille logique. 15. Colore. Lent partenaire la banque Cler.<br />

VI<br />

sur la piste.<br />

Verticalement Chaleureuses : félicitations 1. Malhonnêtes. ! 2. Affluent<br />

4<br />

Verticalement : 1. Malhonnêtes. 2. Affluent<br />

du Mississippi. À poil. Appris. 3. Pas ton.<br />

du VII Mississippi. À poil. Appris. 3. Pas ton.<br />

Donne le ton. Plus. 4. Périodique. 5.<br />

5<br />

Donne le ton. Plus. 4. Périodique. 5.<br />

Véhicule québécois. On le préfère pur. 6.<br />

Véhicule VIII québécois. On le préfère pur. 6.<br />

Morceau de viande. Rivales valaisannes. 7.<br />

Morceau de viande. Rivales valaisannes. 7.<br />

11 9<br />

Chamois. 8. Élément. Soit. Trois et<br />

Chamois. IX 8. Élément. Soit. Trois et<br />

quelques. 9. À l'existence incertaine. Porte.<br />

Annonce quelques. 7 9. À l'existence incertaine. Porte.<br />

10. Temps. Dingue ! 11. Monsieur. Chaîne<br />

10. Temps. Dingue ! 11. Monsieur. Chaîne<br />

X<br />

fidèle. En équerre. 12. Dans le curriculum<br />

fidèle. En équerre. 12. Dans 2 le curriculum<br />

6<br />

vitae. Divinité de la route. 13. Agis. Plaisirs<br />

vitae. Divinité de la route. 13. Agis. Plaisirs<br />

partagés. 14. Grille logique. 15. Colore. Lent<br />

partagés. 14. Grille logique. 15. Colore. Lent<br />

sur la piste.<br />

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Offre spéciale<br />

Demandez votre carte AgipPLUS<br />

de membre. Non-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

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Taxe annuelle CHF 10.- offerte<br />

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Frais mensuels de facturation CHF 2.50 offerts<br />

Commandez votre demande de carte à notre secrétariat<br />

cts par litre<br />

+41 (0)58 817 18 18 - info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

12<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 6 septembre 2021.<br />

31


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Organisation internationale du travail –<br />

@oit 19.7.2021<br />

A l’échelle mondiale, le taux d’occupation des<br />

femmes a diminué de 4,2 % entre 2019 et 2020,<br />

soit une baisse de 54 millions d’emplois, tandis<br />

que celui des hommes a diminué de 3 %, soit<br />

60 millions d’emplois. Un nouveau dossier de<br />

l’OIT montre que les inégalités vont se poursuivre<br />

– twitter.com/ilo<br />

Syndicat des services publics –<br />

@SSP_Suisse11.7.2021<br />

Tu commences ton #apprentissage dans le service<br />

public à la fin de l’été ? Ou tu es déjà apprenti-e et<br />

tu aimerais en savoir plus sur tes #droits ? Alors,<br />

commande le guide USS « Je défends mes droits ».<br />

Tu y trouveras toutes les réponses à tes questions.<br />

- instagram.com/sspsyndicatdesservicespublics/<br />

P.-S. A commander auprès de <strong>syndicom</strong> à l’adresse<br />

info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Unia – @UniaSuisse3.7.2021<br />

450 ébénistes ont manifesté aujourd’hui à<br />

Zurich. La convention collective de travail du<br />

secteur de la menuiserie a expiré en début<br />

d’année ; la menace du dumping salarial et du<br />

chaos plane. Une pétition qui a réuni 2435<br />

signatures réclame à l’organisation patronale<br />

(VSSM) de revenir à la table des négociations.<br />

Le secteur de la menuiserie a besoin d’une CCT<br />

forte et équitable ! – facebook.com/UniaSuisse<br />

Union industrielle du métal – @igmetall 15.7.2021<br />

Une étude récente menée en Islande révèle que la semaine<br />

de quatre jours rend les employé-e-s plus heureux<br />

et plus productifs : https://bit.ly/2Uuy6lQ.<br />

C’est aussi ce que nous pensons : la semaine de quatre<br />

jours est un modèle de temps de travail pour l’avenir :<br />

https://bit.ly/3dXcUf8 – facebook.com/igmetall<br />

Solidar – @solidar.ch20.7.2021<br />

Salaire volé dans les usines textiles<br />

cambodgiennes : les excuses des entreprises<br />

de mode ne reflètent en rien<br />

la réalité. Dites aux entreprises de<br />

mode de respecter les droits du travail<br />

et de payer leurs travailleurs !<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/KEXWL – facebook.com/<br />

solidar.ch<br />

Syndicat du personnel des transports<br />

SEV – @verkehrsgewerkschaf 26.6.2021<br />

Non à la privatisation du nettoyage des<br />

gares CFF ! Après le refus du CEO des<br />

CFF Vincent Ducrot de recevoir en mains<br />

propres une pétition, le syndicat a donc<br />

préparé un colis, parti ce vendredi<br />

18 juin de Bellinzone – facebook.com/<br />

verkehrsgewerkschaft<br />

Public Eye @publiceye_ch26.7.2021<br />

IFJ Asia-Pacific – @ifjasiapacific 26.7.2021<br />

Twitter Japon semble essayer de protéger le<br />

Premier ministre Suga Yoshihide et le Gouvernement<br />

du Japon. Les commentateurs<br />

qui les critiquent ont vu leurs comptes<br />

suspendus puis réactivés après un tollé,<br />

sans aucune raison fournie par Twitter –<br />

twitter.com/ifjasiapacific<br />

Des centaines d’organisations de la société<br />

civile et de femmes diplômées des universités<br />

rejettent le sommet mondial de l’alimentation,<br />

dominé par les intérêts des grands groupes<br />

#UNFSS. https://foodsystems4people.org<br />

#FoodSystems #FoodSystems4People #corporatecapture<br />

– twitter.com/publiceye_ch<br />

Fondation Friedrich Ebert<br />

@fesonline22.7.2021<br />

Notre projet « Trade Unions in Transformation<br />

4.0 » a étudié la manière dont les syndicats<br />

de quatre secteurs changent, se renouvellent<br />

et adoptent de nouvelles stratégies pour faire<br />

face au capitalisme du 21 e siècle. Voici les<br />

best practices du secteur du transport par<br />

camion de livraison – twitter.com/FESonline

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