Le Quotidien du Salon EPHJ 2021 - Jeudi
Découvrez toute l'actualité du Salon EPHJ 2021 ! Bonne lecture !
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<strong>Le</strong> <strong>Quotidien</strong> <strong>du</strong> <strong>Salon</strong><br />
Précision universelle<br />
Agenhor<br />
Un festival de<br />
calendriers perpétuels<br />
Après avoir tutoyé les<br />
complications poétiques issues<br />
d’une maîtrise pionnière des<br />
complexités de la fonction<br />
rétrograde, Agenhor s’embarque<br />
dans une galaxie culturelle et<br />
fascinante. Il y est question<br />
d’éternité…<br />
<strong>Le</strong> calendrier grégorien, s’il a<br />
l’avantage d’être répan<strong>du</strong> sur<br />
la planète tout entière pour<br />
des raisons liées à la marche<br />
universelle des affaires et la<br />
régulation entre les nations,<br />
est loin de correspondre aux<br />
cultures plurielles qui l’utilisent.<br />
Un motoriste moult<br />
fois primé<br />
Lorsqu’une montre<br />
suisse, occidentale<br />
donc, se vend dans<br />
le monde, c’est au<br />
nom d’une heure<br />
communément<br />
admise. Et<br />
lorsqu’elle<br />
affiche des<br />
fonctions<br />
calendaires additionnelles, elle parvient<br />
à un degré particulièrement poussé de<br />
complexité. On parle dès lors de calendrier<br />
perpétuel et de complication mère dès<br />
lors que des horlogers sont capables de<br />
concevoir un mécanisme micromécanique<br />
comprenant un composant qui fait un<br />
tour en quatre ans de manière à pouvoir<br />
commander – sans avoir à effectuer de<br />
réglage manuel – l’avance <strong>du</strong> 29 février des<br />
années bissextiles.<br />
Chez Agenhor, cette complication fait bien<br />
sûr partie des maîtrises qui participent<br />
à sa réputation ainsi qu’à l’aura de son<br />
horloger fondateur, Jean-Marc Wiederrecht,<br />
détenteur d’un «Nobel de l’Horlogerie»,<br />
à savoir <strong>du</strong> prix Gaïa en 2017. Cet habitué<br />
des awards horlogers vient de passer<br />
le flambeau à ses deux fils Nicolas et<br />
Laurent. Preuve que les Wiederrecht se<br />
sont pas uniquement connus pour avoir<br />
réalisé l’AgenGraphe, une réinvention <strong>du</strong><br />
Chronographe, ou pour avoir dompté,<br />
souvent pour Hermès, les mémoires<br />
mécaniques de calibres volontairement<br />
mis en pause, voici qu’ils s’attaquent à<br />
l’une des conjugaisons les plus érudites<br />
de la comptabilité horaire, les calendriers<br />
perpétuels des autres cultures: perse,<br />
arabe, indien. <strong>Le</strong>s calendriers japonais et<br />
hébraïque se révèleront bientôt.<br />
Calendrier hégirien, casse-tête<br />
et première mondiale<br />
Au menu de ces joutes mathématicotemporelles,<br />
il y a bien sûr cette toute<br />
autre logique pourtant basée sur la même<br />
observation des astres, la comptabilité<br />
horaire selon le calendrier hégirien ou<br />
islamique. Selon Wikipedia, c’est un<br />
calendrier lunaire synodique non solaire,<br />
fondé sur une année de 12 mois lunaires de<br />
29 à 30 jours chacun. Une année hégirienne<br />
compte 354 ou 355 jours. Elle est donc plus<br />
courte que l’année solaire d’environ 11 jours,<br />
et on réalise soudain la raison qui fait que le<br />
mois <strong>du</strong> ramadan n’est jamais annuellement<br />
à la même période !<br />
Selon Agenhor, au terme d’un<br />
développement pour et avec une grande<br />
marque, cela donne un QP qui devient la<br />
seule montre bracelet au monde capable<br />
de gérer les 30 années <strong>du</strong> cycle lunaire<br />
hégirien !<br />
Voyages au bout <strong>du</strong> temps,<br />
en voie mo<strong>du</strong>laire<br />
<strong>Le</strong> plus stimulant dans cette quête<br />
d’une précision qui dépasse le cadre<br />
des mathématiques pures, c’est qu’elle<br />
offre aux horlogers et aux maîtres <strong>du</strong><br />
temps d’Agenhor des dépaysements<br />
d’une richesse stimulante. Et Jean-Marc<br />
Wiederrecht, face à l’appel <strong>du</strong> large et<br />
aux défis des énigmes micromécaniques<br />
encore irrésolues, semble repousser les<br />
frontières de sa retraite. Jusqu’à toiser,<br />
avec ses deux fils impliqués, l’ultime<br />
complication, celle de maîtriser un jour un<br />
calendrier perpétuel chinois, sans l’aide,<br />
comme cela existe déjà, d’une application<br />
online qui dicte à l’utilisateur les environ<br />
70 ajustements qu’il doit lui-même effectuer<br />
en douze ans sur sa montre. À ce jour, ce<br />
défi n’a jamais été résolu puisque, éprise<br />
des cycles lunaires et des saisons, la<br />
civilisation chinoise a opté pour des années<br />
de 12 cycles lunaires avec ajout, tous les<br />
deux à trois ans, d’un mois supplémentaire<br />
afin de permettre une synchronisation<br />
avec le cycle solaire. Du coup, une année<br />
chinoise peut varier entre 353 et 385 jours.<br />
Agenhor n’en dira pas plus.<br />
Bien que capable de réaliser un calibre à<br />
quantième perpétuel intégré, Agenhor a<br />
choisi pour l’instant la voie mo<strong>du</strong>laire.<br />
<strong>Le</strong> motoriste est à même de greffer une<br />
telle complication sur n’importe quel calibre<br />
de base. Et d’écrire ainsi quelques pages<br />
encore inexplorées d’une horlogerie suisse<br />
qui part à la rencontre de cultures lointaines,<br />
magiques, profondes.<br />
Joël A. Grandjean<br />
JSH ® Magazine