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Socio<br />
Génération y,<br />
ni vénusiennes,<br />
ni Martiens ©<br />
Les générations ont des noms : baby-boomers (nés entre 1945 et 1961), suivis de la génération X, puis de la Y,<br />
c’est-à-dire ceux qui ont aujourd’hui entre 17 et 29 ans ! Ces jeunes dits de la génération Y, ce sont vos<br />
nouveaux collaborateurs : voici un mode d’emploi pour mieux les comprendre, les intégrer et les motiver.<br />
Pourquoi ce nom de génération Y ? Deux explications<br />
: Y comme dans « why » (pourquoi en<br />
anglais), car ces jeunes posent souvent des questions,<br />
ou comme « culture Y » pour souligner les<br />
mutations rapides, qu’elles soient culturelles, éducatives<br />
ou sociales, qui ont précipité la rupture avec la génération<br />
X. Si le fossé intergénérationnel a toujours existé,<br />
il s’accentue du fait de la rupture des schémas éducatifs<br />
et familiaux et de l’évolution des technologies. Les<br />
parents des jeunes actuels étaient très axés sur le travail<br />
et la réussite. Nombre d’entre eux sont issus de familles<br />
recomposées, trop souvent livrés à eux-mêmes ; de ce<br />
fait, de nombreux points de repères se sont perdus. Et<br />
surtout, ce sont les enfants d’une révolution technologique<br />
inouïe : connectés en permanence sur Internet,<br />
smartphones et ordinateurs ont remplacé la télévision de<br />
(grand-)papa.<br />
Comportement et style de vie<br />
Sans en avoir une vision monolithique, les membres<br />
de la génération Y possèdent des caractéristiques com-<br />
munes facilement identifiables : ils vivent dans le monde<br />
du virtuel, de l’information immédiate. Cette jeunesse a<br />
un réel désengagement vis-à-vis des pouvoirs politiques,<br />
et aucun besoin d’appartenance à un réseau culturel ou<br />
sportif. Indépendants, ils créent leurs propres réseaux<br />
d’amis via le Web et les réseaux sociaux dont ils sont<br />
friands et sur lesquels il sont continuellement connectés.<br />
Leur état d’esprit est résumé schématiquement par les<br />
quatre « i » : individualisme (je suis fidèle à moi-même),<br />
interconnexion (plutôt émotionnel, je ne suis pas un<br />
numéro), impatience (j’ai envie de changer les choses<br />
alors que tout va de plus en plus vite), initiative (j’ai un<br />
besoin d’autonomie et de liberté).<br />
Intégration à haut risque<br />
Au sein de l’entreprise, plus que d’un contrat de travail,<br />
ils sont en attente d’un contrat moral : « Quel sens vais-je<br />
donner à mon travail ? » Leurs priorités sont différentes<br />
et ils sont souvent déroutés par le comportement professionnel<br />
classique : respecter les règles de l’entreprise,<br />
arriver à l’heure… ce n’est pas pour eux. Le travail est<br />
yuri Arcurs - fotolia.com<br />
un moyen, pas une fin en soi. Leur priorité va à leur vie<br />
personnelle et leur volonté est de savoir ce que leur travail<br />
leur apporte dans leur vie hors de l’entreprise. Leur<br />
richesse : ils boostent les managers ! Car il posent des<br />
questions, interrogent et veulent comprendre. Si l’aspect<br />
émotionnel est omniprésent, ils veulent exister dans<br />
l’entreprise et donner du sens à leur fonction. Bref, il<br />
bousculent les codes de l’entreprise, sont force de proposition,<br />
créatifs… Il faut savoir en tirer parti pour mieux<br />
avancer !<br />
Un nouveau savoir « non-manager »<br />
Professionnellement, ils viennent pour une expérience<br />
d’un an ou deux et peuvent partir sur un coup de tête<br />
s’ils s’ennuient ou n’apprécient pas l’ambiance du salon,<br />
voire en réaction à une remarque. Le chômage, ils sont<br />
nés avec et n’ont plus la notion d’appartenance à l’entreprise<br />
comme leurs aînés. Ils savent qu’ils changeront<br />
souvent d’employeur. Leur première question : « Je suis<br />
quoi dans l’entreprise ? » Bien informés, parfois mieux<br />
que les managers eux-mêmes (les nouvelles technologies<br />
y sont pour quelque chose), ils posent des questions qui<br />
peuvent heurter certains responsables sur le salaire, le<br />
temps de travail… Répondez toujours clairement et<br />
précisez bien les règles du jeu dans l’entreprise. Car la<br />
dimension hiérarchique, ce n’est pas pour eux ! Il faut<br />
être dans la transversalité et jouer la carte du coaching.<br />
Comme ils aiment taquiner les règles établies, il faut<br />
aussi leurs proposer des défis à relever. « Ils sont à la<br />
recherche d’un nouveau mode de management qui peut s’apparenter<br />
à une forme de paternalisme. Ils aiment qu’on leur<br />
montre quelle peut être la bonne direction, des repères. Mais<br />
ne leur donnez pas d’obligations sans les expliquer, constate<br />
Thierry Tixier, consultant en management. Ils apprécient<br />
les personnes saines qui leur parlent sans les juger et qui leur<br />
montrent de la considération, les motivent en leur disant “tu<br />
peux y arriver !”, car ils n’ont pas réellement confiance en<br />
eux », résume-t-il.<br />
transparence et révolution permanente<br />
La routine, ils détestent ! Pas si facile à casser dans un<br />
salon de coiffure où nombre de tâches sont répétitives.<br />
Frédéric Serrette est à la tête de trois salons Pascal Costes<br />
à Dole ( Jura). À 38 ans, il fait partie de la génération X ;<br />
dans le salon qu’il dirige, ses collaboratrices ont entre 17<br />
et 25 ans, toutes de la génération Y. Et il a bien compris<br />
qu’il devait adapter ses méthodes de management. Son<br />
credo : être dans le dialogue. Si le temps de travail des<br />
collaboratrices est déjà réparti sur quatre jours, Frédéric<br />
a aussi mis en place une flexibilité des horaires : « Sur un<br />
calendrier, chacune note les heures ou demi-journées où elle<br />
ne souhaite pas travailler. J’en tiens compte en faisant les<br />
plannings, je suis proche sans entrer dans leur vie privée. En<br />
retour, s’il faut rester plus tard un soir, les collaboratrices le<br />
font sans difficulté et, de mon côté, je n’hésite pas à en libérer<br />
une si l’activité du salon est réduite. » La notion de temps<br />
de travail fixe est un tantinet révolu, ce qui importe, c’est<br />
le résultat, et chacun y trouve son compte. « Mon rôle<br />
consiste aussi à distribuer le travail par rapport aux compétences<br />
afin que chacune puisse gagner sa vie, et de fédérer<br />
l’équipe en étant équitable », indique Frédéric qui montre<br />
constamment l’exemple en termes de respect de la charte<br />
de qualité clientèle, de travail, de tenue vestimentaire…<br />
Pour l’aider et apporter un élément stabilisateur dans<br />
l’équipe, il a aussi embauché récemment un collaborateur<br />
de 40 ans passés.<br />
Des défis sont lancés en tenant compte de l’expérience<br />
et des compétences de chacune. « Certaines missions que<br />
j’aurais aimé réaliser, je préfère les confier à une salariée pour<br />
la mettre en confiance et la valoriser. » Frédéric peaufine<br />
des plans de formation individuels en allant crescendo,<br />
ses équipes sont très souvent en stages et il n’hésite pas<br />
à embaucher des débutants pour fédérer, faire progresser,<br />
tout en étant conscient que leur objectif n’est pas<br />
de « faire carrière ». Enfin, les salariés sont impliqués<br />
dans la vie du salon, le dialogue est total et ouvert. Autre<br />
exemple : tout le monde a accès à l’ordinateur, au tableau<br />
d’objectifs journalier et connaît, y compris pour Frédéric,<br />
l’évolution du chiffre d’affaires et des résultats, en<br />
toute transparence ! Mais il ne faut pas croire que les<br />
choses vont en rester là : dans quelques années arrivera<br />
la génération Z – qui bouclera l’alphabet. Dite aussi<br />
génération des « émos », diminutif de émotionnel, elle<br />
bousculera à son tour les habitudes nouvellement prises !<br />
pascale prunier-froment<br />
Des formations pour tout comprendre<br />
Des géants du cac 40 au commerce et à l’artisanat,<br />
tous les employeurs sont concernés et attentifs aux<br />
comportements de ces jeunes salariés. À titre d’exemple,<br />
fin mars dernier, la cci de paris a organisé une réunion<br />
d’échanges sur ce sujet avec les chefs d’entreprise<br />
de son réseau plato et quelques experts. pour<br />
les responsables de salons de coiffure, de nouvelles<br />
formations voient le jour dès septembre.<br />
objectif : apprendre à s’adapter aux attentes de ces<br />
nouvelles générations, anticiper les changements.<br />
• « Les 20 – 30 ans, la génération du virtuel »<br />
par thierry tixier Business conseil<br />
(contact thierry tixier : 06 83 57 77 56).<br />
• « La génération y » par formul’a morice melone<br />
(contact amandine Gavand : 06 15 43 67 19).<br />
• et aussi : « Manager les différences » par conseil &<br />
Développement, l’oréal division produits professionnels.<br />
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