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syndicom magazine No.27

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 27 janvier-février 2022<br />

<strong>magazine</strong><br />

Oui à la<br />

diversité et<br />

à la qualité<br />

des médias


Annonce<br />

Seules les entreprises<br />

profitables et les hauts<br />

revenus en profitent<br />

Pas un sou pour les<br />

gens qui travaillent<br />

Un nouveau privilège<br />

fiscal pour le secteur<br />

financier<br />

le 13 février<br />

à l’arnaque du droit de timbre<br />

www.arnaque-non.ch


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 Dossier : paquet d’aides<br />

aux médias<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

22 Baromètre de l’égalité<br />

24 Pas touche à nos rentes<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> social<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

Qui souhaite qu’on nous mente ? Nous avons<br />

toutes et tous besoin d’informations fiables et<br />

vérifiées pour prendre des décisions en pleine<br />

connaissance de cause. De nos décisions régulières<br />

du quotidien jusqu’aux votations.<br />

Hors, depuis l’éclosion d’internet, nous recevons<br />

en permanence des nouvelles du monde<br />

entier. Mais comment savoir si une vidéo sur<br />

Facebook sur un nouveau médicament est<br />

véridique ? Et qu’il ne s’agit pas d’une fausse<br />

information dangereuse ou d’une publicité pour<br />

une simple préparation à base de vitamines ?<br />

En cas de doute, nous cherchons alors des<br />

informations dans la presse régionale, sur la<br />

plateforme d’un média en ligne ou sur l’application<br />

de la RTS. La plupart du temps, nous trouvons<br />

rapidement des résultats pertinents et<br />

des informations correctes.<br />

Car les nouvelles, les comptes rendus, les reportages<br />

sont de qualité et fiables dans les<br />

médias suisses. Leur publication fait intervenir<br />

un grand nombre de professionnel-le-s des<br />

médias qui vont de la journaliste au correcteur,<br />

en passant par le metteur en page et la photographe,<br />

sans oublier l’imprimeur et le distributeur.<br />

Par leur travail, ces personnes s’efforcent<br />

de nous fournir une information à forte valeur<br />

ajoutée. Afin de pouvoir continuer à choisir<br />

entre différents médias fiables, nous disons oui<br />

au paquet d’aides aux médias. Oui à la diversité<br />

des médias et à la qualité de l’information !<br />

4<br />

17<br />

30<br />

Stephanie Vonarburg, responsable secteur<br />

Médias et vice-présidente de <strong>syndicom</strong>


4<br />

Une fine équipe<br />

Le nouveau comité directeur de <strong>syndicom</strong><br />

regarde vers l’avenir<br />

Patrizia Mordini (48 ans)<br />

Depuis six ans chez <strong>syndicom</strong>, elle est<br />

membre du comité directeur depuis<br />

2016 et responsable de l’égalité.<br />

Matteo Antonini (41 ans)<br />

Secrétaire central du secteur logistique<br />

depuis 2015, il fait partie du<br />

comité directeur depuis 2017 en tant<br />

que responsable du secteur Logistique.<br />

Daniel Münger (60 ans)<br />

Au syndicat de la communication depuis<br />

2002, membre du comité directeur<br />

de <strong>syndicom</strong> depuis 2015 et président<br />

depuis 2017.<br />

Daniel Hügli (41 ans)<br />

Chez <strong>syndicom</strong> depuis 2015 en tant<br />

que secrétaire central, il a été élu au<br />

comité directeur lors du dernier<br />

congrès en novembre en tant que<br />

responsable du secteur ICT.<br />

Stephanie Vonarburg (56 ans)<br />

Chez comedia depuis 1999 au secrétariat<br />

central des médias et des services<br />

juridiques, elle est membre du comité<br />

directeur depuis 2017 en tant que responsable<br />

du secteur Médias et<br />

vice-présidente de <strong>syndicom</strong>.<br />

Texte : Lena Allenspach<br />

Photo : Sabine Rock<br />

« Le service public<br />

maintient la cohésion<br />

de la Suisse. »<br />

« Quel congrès ! Nous sommes très<br />

heureuses et heureux d’être parvenu-e-s<br />

à organiser en présentiel le<br />

congrès de cette année et d’avoir revu<br />

enfin les visages des délégations de<br />

toutes nos branches. Nous entamons<br />

donc une nouvelle législature du<br />

congrès, dans une nouvelle composition.<br />

Une chose est claire : de nombreux<br />

défis nous attendent dans tous<br />

nos secteurs. Avec vous et vos collègues,<br />

nous voulons nous engager<br />

pour de nouvelles améliorations et<br />

combattre toute déréglementation.<br />

Car le service public au sens large, et<br />

donc nos branches, maintient la cohésion<br />

de la Suisse.<br />

A vos côtés, nous voulons nous<br />

battre pour de meilleurs salaires<br />

dans les branches de la logistique et<br />

pour une CCT déclarée de force obligatoire<br />

dans la distribution. Pour<br />

une réduction du temps de travail<br />

dans les entreprises TIC et davantage<br />

de codécision dans la branche IT.<br />

Mais aussi pour un oui au paquet<br />

d’aide aux médias le 13 février prochain<br />

et donc pour un oui à plus de<br />

qualité et de diversité dans le paysage<br />

médiatique suisse. Ou encore<br />

pour une meilleure protection des<br />

indépendant-e-s et des freelances.<br />

Pour les CCT de l’industrie graphique<br />

et du commerce du livre.<br />

Pour des rentes plus élevées et contre<br />

le relèvement de l’âge de la retraite<br />

des femmes. Pour moins de sexisme<br />

et de racisme au travail. Et donc pour<br />

un avenir solidaire dans toutes nos<br />

branches !<br />

Afin de concrétiser notre vision<br />

d’avenir, nous avons besoin d’un service<br />

public fort. Nous devrons lutter<br />

contre le changement climatique de<br />

manière socialement responsable.<br />

Autant que nous avons besoin de<br />

conditions de travail équitables dans<br />

l’économie des plateformes. Et de<br />

conventions collectives de travail solides<br />

dans une Suisse qu’on souhaite<br />

ouverte et solidaire. Nous sommes<br />

confiantes et confiants que nous ferons<br />

ensemble un pas important<br />

dans cette direction. Pour vos collègues<br />

et pour vous. Pour le monde du<br />

travail de demain. »<br />

Plus d’informations sur le congrès :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/IDkTf


Brèves<br />

Attestation fiscale en ligne \ Bénéfices de la BNS dans les<br />

caisses de l’AVS \ Chauffeurs-euses Uber \ Nouveau kit d’information<br />

pour les illustrateurs-rices \ APG Covid prolongée \<br />

SPS dans les mains d’un fonds d’investissement britannique<br />

5<br />

Attestation fiscale pour<br />

votre cotisation syndicale<br />

La déduction fiscale de la cotisation<br />

syndicale varie d’un canton à l’autre.<br />

C’est pourquoi <strong>syndicom</strong> renonce à<br />

envoyer par la poste les attestations<br />

fiscales. Dès janvier, votre attestation<br />

fiscale de l’année précédente pourra<br />

être téléchargée sur notre portail<br />

my.<strong>syndicom</strong>.ch. Vous pouvez vous<br />

connecter également sur my.<strong>syndicom</strong>.<br />

ch. L’attestation peut aussi être commandée<br />

par téléphone (058 817 18 18)<br />

ou par courriel (info@<strong>syndicom</strong>.ch).<br />

Bénéfices de la BNS :<br />

une part doit revenir à l’AVS !<br />

Les rentes AVS doivent augmenter,<br />

et non baisser. Et la Suisse a assez<br />

d’argent pour cela. L’USS propose donc<br />

de transférer à l’AVS une partie des<br />

bénéfices de la BNS. Elle prépare une<br />

initiative populaire en ce sens. Le texte<br />

sera présenté aux délégué-e-s de l’USS<br />

en février. Ce transfert permettrait par<br />

exemple de financer la 13 e rente AVS,<br />

dont le besoin est impératif.<br />

Les chauffeurs-euses Uber<br />

sont des employé-e-s<br />

Selon des jugements rendus par le<br />

tribunal des assurances sociales du<br />

canton de Zurich, les chauffeurs-euses<br />

Uber ne sont pas des indépendant-e-s.<br />

Ces récentes décisions juridiques corroborent<br />

la décision d’un tribunal genevois,<br />

qui avait qualifié UberEats d’employeur.<br />

<strong>syndicom</strong> salue ces jugements.<br />

Il s’agit d’un signe important adressé<br />

aux salarié-e-s en Suisse, leur rappelant<br />

qu’il existe aussi dans l’économie<br />

de plateforme des règles qui les protègent<br />

et qui doivent être respectées<br />

même par les géants de la technologie.<br />

CH Media reste dans la CCT<br />

Les réunions tenues en 2021 ont porté<br />

leurs fruits ! En décembre, la direction<br />

de CH Media Print SA a communiqué<br />

rester dans la CCT jusqu’à fin 2022.<br />

Nous allons désormais aborder avec<br />

l’association patronale viscom la question<br />

d’une CCT spécifique à l’impression<br />

de journaux. Cette branche s’est<br />

concentrée au fil des années sur un<br />

petit nombre d’entreprises, qui<br />

n’appliquent pas toutes la CCT.<br />

Contrats équitables pour les<br />

illustrateurs-rices<br />

Le groupe des illustrateurs-rices de<br />

<strong>syndicom</strong> a élaboré un nouveau dossier<br />

d’information pour les membres de la<br />

branche : le kit explique tout ce qu’il<br />

faut savoir sur les contrats d’édition,<br />

des tantièmes aux avances et droits<br />

annexes. Vous trouverez le kit sur le<br />

portail my.<strong>syndicom</strong>.ch. Afin de partager<br />

leurs expériences, les professionnel-le-s<br />

de l’édition peuvent aussi participer<br />

à un sondage sur les conditions<br />

de travail : <strong>syndicom</strong>.ch/8OXNk.<br />

Stop au hold-up fiscal<br />

Aujourd’hui, tout le monde est tenu de<br />

payer un impôt anticipé sur les intérêts<br />

qu’il touche. Le Parlement a désormais<br />

décidé de le supprimer, mais uniquement<br />

pour les personnes qui possèdent<br />

des obligations ! Les détenteurs-rices<br />

de comptes bancaires normaux y seront<br />

toujours assujetti-e-s. Hauts revenus<br />

et grandes fortunes seront les<br />

seuls à profiter d’une réforme qui favorise<br />

l’évasion fiscale. Pour dire non à<br />

cet énième cadeau pour les riches, signez<br />

le référendum annexé à ce numéro.<br />

Plus d’info: holdup-fiscal-non.ch.<br />

La Poste vend SPS<br />

La Poste a vendu Swiss Post Solutions à<br />

un fonds d’investissement britannique.<br />

A moins que SPS ne s’engage à prolonger<br />

le partenariat social, les conditions<br />

de travail du personnel sont gravement<br />

menacées. Bon nombre de personnes<br />

ont été externalisées à SPS par de<br />

grandes entreprises suisses – dont<br />

nombre de collaboratrices-eurs travaillant<br />

de longue date à La Poste. La CCT<br />

SPS arrive à terme fin 2022, et les négociations<br />

pour sa prolongation sont<br />

prévues pour ce printemps. <strong>syndicom</strong><br />

s’engagera auprès du nouveau propriétaire<br />

pour qu’il mène ces négociations.<br />

Agenda<br />

Février<br />

13.2.<br />

On vote !<br />

Pour les votations du 13 février 2022,<br />

l’USS recommande : non à la « modification<br />

de la loi fédérale sur les droits<br />

de timbre » et oui à la « loi fédérale<br />

sur un train de mesures en faveur des<br />

médias ».<br />

Mars<br />

4-13.3.<br />

Festival du film sur les droits<br />

humains<br />

Le 20 e FIFDH aura lieu du 4 au 13 mars –<br />

à Genève ou en ligne. Le portail de vidéo<br />

à la demande sera ouvert du 5 au<br />

14 mars. Vous pouvez acheter un billet<br />

pour l’ensemble du programme ou pour<br />

un film spécifique sur FIFDH.org.<br />

26.3.<br />

Conférence secteur Médias<br />

Le congrès 2021 de <strong>syndicom</strong> a rejeté<br />

la proposition de scission du secteur<br />

Médias et a approuvé la contre-proposition.<br />

Celle-ci stipule que <strong>syndicom</strong><br />

doit trouver d’ici l’AD 2023 une voie qui<br />

va aussi bien pour le secteur Médias<br />

que pour les deux autres secteurs.<br />

Participez à la discussion lors de la<br />

conférence du secteur Médias le<br />

26 mars à Bienne (inscriptions en ligne<br />

sur <strong>syndicom</strong>.ch/ntrGw).<br />

Jusqu’au 10.4<br />

40 ans de dessin de presse<br />

En 2014, après 38 ans d’une carrière<br />

exceptionnelle, Burki signait son ultime<br />

dessin de presse. Deux ans plus tard,<br />

la maladie l’emportait. Une exposition<br />

à l’espace Arlaud à Lausanne fait vibrer<br />

son œuvre et quatre décennies d’actualité.<br />

Elle met en lumière le talent<br />

singulier que l’artiste possédait pour<br />

raconter le monde par son seul trait,<br />

sans texte.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Daniel Sinn est directeur de Stämpfli Communication SA, qui<br />

employeurs<br />

a conclu un contrat d’entreprise avec <strong>syndicom</strong>. Formé dans<br />

l’industrie graphique, il dispose aussi d’un Executive Master<br />

of Business Administration en gestion d’entreprise.<br />

1<br />

Vous avez célébré les 222 ans de<br />

Stämpfli, qu’est-ce que cela signifie<br />

pour vous ?<br />

La famille Stämpfli possède l’entreprise<br />

depuis 222 ans. Aujour d’hui,<br />

elle est dirigée par Rudolf et Peter<br />

Stämpfli, qui représentent la sixième<br />

génération. En 1799, l’entreprise<br />

existait déjà depuis 200 ans, ce qui<br />

signifie qu’elle a plus de 400 ans.<br />

Nous tous témoignons notre respect<br />

pour le travail des générations précédentes,<br />

qui ont parfois dû relever des<br />

défis impressionnants.<br />

2<br />

Depuis peu, l’entreprise s’appelle<br />

désormais Stämpfli Communication.<br />

Que faut-il comprendre ?<br />

Conformément à une stratégie de<br />

marque globale, toutes nos prestations<br />

doivent pouvoir être directement<br />

et immédiatement attribuées à<br />

la marque Stämpfli et correspondre à<br />

notre profil d’une entreprise de communication<br />

innovatrice et axée vers<br />

l’avenir. Plus aucune distinction ne<br />

doit donc être établie entre prestations<br />

analogiques et numériques.<br />

3<br />

Quelle importance accordez-vous à<br />

la formation d’apprenti-e-s ?<br />

Stämpfli a toujours considéré comme<br />

capitale la formation d’apprenti-e-s<br />

en ce qui concerne la compréhension<br />

des valeurs, la culture d’entreprise et<br />

la durabilité. Nous formons des<br />

jeunes dans neuf métiers. Afin de répondre<br />

encore mieux aux exigences<br />

réelles du marché du travail en matière<br />

de formation, nous avons initié<br />

il y a trois ans le concept « NextGen »<br />

et nous en tirons de très bonnes expériences<br />

(voir nextgen.staempfli.com).<br />

4<br />

Vous avez signé un contrat d’entreprise<br />

avec <strong>syndicom</strong>. Comment<br />

évaluez-vous cette expérience ?<br />

Le contrat d’entreprise conclu avec<br />

<strong>syndicom</strong> correspond dans une large<br />

mesure à la CCT de la branche, et il va<br />

même un peu plus loin sur certains<br />

points. En raison de notre palette de<br />

prestations et de nos profils de postes<br />

très différents, il était important que<br />

l’ensemble du personnel de Stämpfli<br />

soit engagé sur les mêmes bases.<br />

Le contrat d’entreprise est très largement<br />

accepté et nous en tirons des<br />

expériences positives.<br />

5<br />

Une nouvelle adhésion à l’association<br />

patronale viscom est-elle envisagée ?<br />

Nous n’excluons rien pour l’avenir et<br />

examinons sporadiquement si des<br />

changements pourraient s’opérer à<br />

ce niveau. Notre démission de viscom<br />

fait suite à la décision qui autorise<br />

même des entreprises sans CCT à<br />

devenir membre de l’association.<br />

Nous avons alors décidé de suivre<br />

notre propre voie avec un contrat<br />

d’entreprise.<br />

6<br />

Si les produits imprimés vont diminuer,<br />

ils ne devraient pas pour autant<br />

disparaître ?<br />

Oui, nous sommes convaincus que<br />

les produits imprimés conserveront<br />

une place importante dans la panoplie<br />

des moyens de communication.<br />

Bien que nous pensons aussi que, de<br />

manière générale, la quantité des<br />

produits imprimés continuera à diminuer.<br />

En fonction des objectifs que<br />

l’on souhaite réaliser avec les mesures<br />

de communication, il convient<br />

surtout d’utiliser les bons canaux et<br />

de les coordonner entre eux.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Image : Stämpfli Communication


L’invité<br />

Une information dispensée par des<br />

médias indépendants dans toutes les régions<br />

est centrale pour la démocratie. Lorsque les<br />

médias sont mis à mal économiquement et ne<br />

peuvent plus se financer eux-mêmes, nous devons<br />

les soutenir. Ce n’est pas pour rien que les<br />

médias sont désignés comme le quatrième pouvoir<br />

de l’Etat. Pour un pays quadrilingue, fédéraliste<br />

et à démocratie directe comme la Suisse,<br />

leur importance est d’autant plus grande. Des<br />

médias indépendants, en particulier aussi dans<br />

les régions, sont essentiels pour la démocratie.<br />

Aujourd’hui, le journalisme et la diversité des<br />

médias souffrent grandement. On assiste à la<br />

suppression d’effectifs dans les rédactions, les<br />

journaux s’amincissent et toujours plus de titres<br />

luttent pour leur survie. La raison principale en<br />

est la baisse des recettes publicitaires, au<br />

moyen desquelles le journalisme se finançait<br />

jusqu’à présent. En une dizaine d’années, les<br />

recettes publicitaires des médias suisses ont<br />

diminué de plus de moitié ! Cette baisse ne<br />

signifie pas pour autant qu’il y ait aujourd’hui<br />

moins de publicité. Bien au contraire. Les recettes<br />

publicitaires coulent à flot, mais une part<br />

croissante de cet argent arrive en Californie,<br />

chez les géants de la technologie comme Google<br />

et Facebook. Nous avons donc besoin d’un oui<br />

au paquet d’aide aux médias le 13 février 2022.<br />

Grâce à ce bon compromis, nous venons à la<br />

rescousse des journaux et <strong>magazine</strong>s restants,<br />

nous encourageons les médias en ligne tournés<br />

vers l’avenir, nous renforçons la base financière<br />

des radios et des chaînes de télévision privées<br />

et soutenons l’ensemble du système médiatique<br />

via la formation, les agences et le soutien de<br />

projets dans le domaine de l’informatique.<br />

Tout cela est nécessaire si nous voulons que<br />

la population bénéficie à l’avenir aussi de journaux,<br />

radios, chaînes de télévision et portails en<br />

ligne indépendants, qui informent sur leur région,<br />

leur commune, leur ville – et en français,<br />

auf deutsch, in italiano ed eir in rumantsch !<br />

Les médias sont<br />

indispensables à la<br />

démocratie<br />

Jon Pult (37 ans) a grandi dans un environnement<br />

trilingue et parle aujourd’hui<br />

couramment l’italien, le romanche et<br />

l’allemand. Il habite à Coire, a fait des<br />

études d’histoire et travaille depuis des<br />

années comme consultant en stratégie<br />

et en communication. Il est conseiller<br />

national grison, vice-président du PS<br />

Suisse et président de la Commission<br />

des transports et des télécommunications,<br />

qui est compétente pour la politique<br />

des médias. Il s’engage pour une<br />

politique des médias progressiste qui<br />

favorise un journalisme indépendant et<br />

une couverture médiatique de qualité<br />

dans toutes les régions linguistiques.<br />

7


Dossier<br />

10 Un paquet d’aides pour restaurer la diversité médiatique<br />

13 Soutenir la formation et améliorer l’attractivité du métier<br />

14 L’ATS : un service public médiatique fiable 24h/24<br />

15 Le paysage médiatique suisse en chiffres<br />

Oui à la<br />

diversité et


9<br />

à la qualité<br />

des médias


10 Dossier<br />

Restaurer la diversité médiatique<br />

Le paquet d’aides et ses mesures variées vise<br />

à sauver l’information régionale et à promouvoir<br />

les médias en ligne. Pour renforcer un<br />

système médiatique en crise économique et<br />

restaurer une diversité vitale à la démocratie.<br />

Texte : Benjamin von Wyl<br />

Images : Léonard Rossi<br />

Les sièges administratifs des grandes entreprises de médias<br />

suisses ont fière allure. La rédaction de la NZZ est ornée<br />

des portraits de tous les rédacteurs en chef depuis<br />

1780 – rien que des hommes. Pour la construction du bâtiment<br />

de TX Group à la Zürcher Werdstrasse, l’architecte<br />

renommé Shigeru Ban a utilisé 2000 mètres cubes de bois<br />

d’épicéa. L’adresse certes moins imposante de CH Media,<br />

sise dans le quartier du Telli à Aarau, permet aux journalistes<br />

de la rédaction de jeter un coup d’oeil dans l’imprimerie.<br />

La baie vitrée impressionne par ses dimensions.<br />

Pour qui se penche sur l’évolution des médias, ces entreprises<br />

n’inspirent pas la sympathie : depuis les années<br />

90, Peter Wanner, l’éditeur de CH Media, a érigé un<br />

empire regroupant des titres de presse, des radios et des<br />

télévisions locales, qui s’étend aujourd’hui de Bâle à<br />

Saint-Gall. Il y a sept ans, la NZZ a fermé son imprimerie<br />

et 125 personnes ont perdu leur emploi. TX Group domine<br />

les médias suisses romands, réduit la diversité médiatique<br />

et a même délocalisé en Serbie une partie de ses ressources<br />

humaines et de son département informatique.<br />

Les quartiers généraux des entreprises médiatiques ne<br />

donnent pas l’impression que le journalisme ait besoin de<br />

soutien public. Mais l’impression est trompeuse.<br />

L’effondrement du système médiatique<br />

Le système médiatique suisse est menacé. Au XX e siècle,<br />

les annonces et les abonnements finançaient largement<br />

la presse. Or ce modèle commercial ne fonctionne plus<br />

aujourd’hui. Au cours de la dernière décennie, le secteur<br />

des journaux payants s’est effondré : depuis 2012, leur tirage<br />

a chuté en Suisse de plus de 40 %. Sur dix journaux qui<br />

attendaient les lecteurs à la pause de 9h dans des bistrots<br />

aux abords des bretelles autoroutières, il n’en reste plus<br />

que six aujourd’hui. Sans un soutien public, tout le système<br />

médiatique pourrait s’effondrer. Le flot de contenus<br />

numériques provenant du monde entier fait notamment<br />

gagner de l’argent à Facebook et Google tout en leur assurant<br />

une position prédominante sur le marché publicitaire.<br />

En raison de cette masse de contenus gratuits, beaucoup<br />

ne se rendent pas compte de la lente disparition du<br />

journalisme. Mais ni les influenceurs-euses des réseaux<br />

sociaux ni les rédacteurs-rices de BuzzFeed ne parviendront<br />

jamais à couvrir les régions comme le journalisme<br />

local l’a fait et continue de le faire.<br />

Des mesures appropriées<br />

Le paquet d’aide aux médias est le résultat d’un compromis<br />

trouvé après des années de débats, lors desquels de<br />

nombreuses demandes ont permis aux petits médias et<br />

aux médias locaux de se faire entendre. C’est pourquoi les<br />

journalistes des titres locaux et de nouveaux projets en<br />

ligne sont les plus ardents défenseurs du projet de loi qui<br />

sera voté le 13 février prochain, bien que des entreprises<br />

comme TX Group obtiennent aussi du soutien. Le paquet<br />

de mesures prévoit 120 millions de francs supplémentaires<br />

pour le secteur des médias et s’articule autour de<br />

plusieurs aspects : les rabais accordés par La Poste pour la<br />

distribution de journaux passent de 30 à 50 millions de<br />

francs par an. Cette « aide indirecte à la presse » existe depuis<br />

la création de l’Etat fédéral. Elle a été introduite en<br />

1849, lors la création de la poste fédérale. Les journaux associatifs,<br />

comme <strong>syndicom</strong> <strong>magazine</strong>, bénéficient déjà de<br />

rabais de livraison – et dans ce secteur également, une<br />

augmentation de 20 à 30 millions de francs par an est prévue.<br />

A l’avenir, la distribution matinale et dominicale de<br />

journaux sera elle aussi soutenue à l’aide de rabais à hauteur<br />

de 40 millions de francs par an. Un modèle tout à fait<br />

inédit dans le train de mesures prévoit par ailleurs un soutien<br />

– en tout 30 millions de francs par an – pour les médias<br />

en ligne dont les recettes proviennent de cotisations<br />

de membres ou d’abonnements. Ces soutiens sont limités<br />

à sept ans. Finalement, si le oui l’emporte le 13 février, les<br />

radios locales privées et les télévisions régionales toucheront<br />

proportionnellement plus d’argent des redevances<br />

Serafe, sans limitation de temps. La même enveloppe doit<br />

servir à soutenir la formation (voir page 13), les agences de<br />

presse (voir page 14) et le Conseil de la presse.<br />

Des avantages aussi pour le secteur logistique<br />

« Les avantages l’emportent », souligne Stephanie Vonarburg,<br />

vice-présidente et responsable du secteur Médias de<br />

<strong>syndicom</strong>. Mais elle évoque aussi des points négatifs : « En<br />

tant que syndicat, nous déplorons l’absence d’obligation<br />

de négocier une CCT pour la branche des médias. » Le Parlement<br />

n’a pas voulu en entendre parler. Il est en outre regrettable<br />

qu’aucun plafond ni aucune limitation des dividendes<br />

ne soient prévus pour les entreprises qui<br />

bénéficient de rabais ou de subventions. « La loi profite<br />

également aux grands éditeurs prospères, alors qu’ils<br />

n’auraient pas vraiment besoin d’un soutien », déclare<br />

Stephanie Vonarburg. Il n’en reste pas moins qu’il en<br />

émane aussi un journalisme important et digne de soutien,<br />

et les petits et moyens médias seront proportionnel-<br />

Un non<br />

mettrait les<br />

médias dans<br />

une situation<br />

désastreuse.


lement mieux soutenus – et dans une proportion massive :<br />

par personne abonnée, un petit média obtient jusqu’à<br />

20 fois plus d’argent que les grands groupes.<br />

Le train de mesures prévoit aussi une obligation de négocier<br />

une CCT pour les entreprises privées de distribution<br />

de journaux. Du point de vue syndical, Stephanie Vonarburg<br />

estime que c’est une très bonne nouvelle : « Compte<br />

tenu des dures conditions de travail dans la logistique,<br />

c’est un aspect important. » Dans cette branche, les salaires<br />

sont bas et les taux d’occupation souvent faibles. Le<br />

secteur des médias dans son ensemble profitera également<br />

du soutien au Conseil de la presse, à la formation et<br />

à la formation continue, ainsi que du soutien renforcé à<br />

Keystone-ATS. « Mais la nouvelle aide aux médias en ligne<br />

est l’un des points les plus positifs », souligne-t-elle. Elle<br />

constitue un instrument très innovant – c’est un moyen de<br />

« restaurer la diversité des médias ».<br />

La promotion des médias en ligne<br />

Quantité de mesures visent à empêcher l’effondrement<br />

du système médiatique en Suisse. Le soutien aux médias<br />

en ligne est tourné vers l’avenir : comme les médias locaux<br />

– contrairement aux groupes tech internationaux<br />

tels que Facebook et Google – ne peuvent pas s’attendre à<br />

d’importantes rentrées (publicitaires) en ligne, ils doivent<br />

être soutenus et stabilisés au sens du service public. Au<br />

cours des cinq dernières années, nous avons vu émerger<br />

un peu partout dans le pays des plateformes de journalisme<br />

numériques : basées à Zurich et Genève, Republik et<br />

Heidi News offrent des recherches fouillées sur l’actualité<br />

nationale. Avec la plateforme satirique Petarde et le <strong>magazine</strong><br />

culturel Frida, ce sera bientôt au tour d’autres médias<br />

numériques de prendre leur envol. Et au-delà du rayonnement<br />

de ces fleurons en Suisse, des plateformes locales<br />

indépendantes voient le jour dans les régions : Zentralplus<br />

couvre l’information depuis Lucerne et Zoug, Bajour à<br />

Bâle-Ville, Kolt à Olten. La plupart de ces nouveaux projets<br />

renoncent à rendre compte de chaque assemblée associative.<br />

Ils s’arrogent les morceaux choisis, au meilleur sens<br />

du terme : ils veulent creuser là où les rédactions locales<br />

décimées des grands journaux manquent de temps pour<br />

effectuer des recherches.<br />

Le futur média en ligne Hauptstadt est aussi dans la<br />

course. L’année dernière, TX Group a regroupé les rédactions<br />

locales du Bund et de la Berner Zeitung . Même si ces<br />

quotidiens sont maintenus comme deux titres séparés,<br />

beaucoup à Berne craignent que le manque de concurrence<br />

n’appauvrisse les débats et que les journalistes restants<br />

deviennent moins critiques. C’est pourquoi une<br />

équipe de journalistes planche sur une alternative :<br />

Hauptstadt couvrira l’actualité bernoise et celle de ses<br />

communes avoisinantes dès ce printemps. Plus de 3000<br />

personnes sont convaincues de la réussite du projet et ont<br />

déjà souscrit un abonnement avant même son lancement.<br />

Pour s’autofinancer, le média local a besoin d’au moins<br />

4000 abonné-e-s.<br />

« Nous calculons par précaution sans l’aide aux médias en<br />

ligne, même si elle serait bien entendu la bienvenue », déclare<br />

Jürg Steiner de l’équipe de Hauptstadt. Le média prévoit<br />

cinq postes à plein temps. « Si la loi passe, nous pourrions<br />

engager deux journalistes supplémentaires, ce qui<br />

nous donnerait naturellement plus de force dès le départ<br />

», ajoute Jürg Steiner. Même à Berne, la diversité médiatique<br />

est compromise. Mais il existe au moins un potentiel<br />

pour un petit média tel que Hauptstadt – la situation<br />

est différente en milieu rural et dans les différentes petites<br />

agglomérations de Suisse. « Les petits centres sont ingrats<br />

», dit-il. « Même à Langenthal, je m’imagine difficilement<br />

une alternative comme celle que nous tentons à<br />

Berne. »<br />

Agir au niveau local<br />

Jürg Steiner, qui a travaillé de nombreuses années pour la<br />

Berner Zeitung, est convaincu que « l’appauvrissement médiatique<br />

au niveau local » a un impact sur les discussions<br />

sociétales. En Suisse, où tant de décisions sont laissées<br />

aux communes, il faut absolument une diversité médiatique<br />

au niveau local.


12<br />

Dossier<br />

Selon Jürg Steiner, le paquet d’aide aux médias mettrait<br />

également un terme au désavantage subi par les médias<br />

numériques par rapport à la presse écrite. Car ils ne<br />

bénéficient aujourd’hui d’aucun soutien, comme celui<br />

des rabais sur les tarifs d’acheminement des journaux. Le<br />

paquet d’aide aux médias ne restaurerait néanmoins pas<br />

automatiquement la diversité médiatique. Les projets locaux<br />

en ligne auront encore besoin de journalistes capables<br />

de traiter l’actualité locale et d’une base de revenus,<br />

explique Jürg Steiner : « Le soutien aux médias en<br />

ligne n’est pas une offre pour les personnes en quête de<br />

subventions. On ne peut pas créer n’importe où un média<br />

et attendre que l’Etat le finance. » Le soutien rend uniquement<br />

leur survie un peu plus probable. Pour Hauptstadt,<br />

la situation ne sera de toute façon pas confortable, indépendamment<br />

du fait que le paquet d’aide aux médias<br />

aboutisse ou non.<br />

Un financement transparent<br />

La nouvelle aide aux<br />

médias en ligne<br />

constitue un instrument<br />

innovant pour<br />

restaurer la diversité.<br />

Jürg Steiner considère lui aussi l’objet de votation comme<br />

un compromis. Dans un monde idéal, les médias pourraient<br />

s’autofinancer grâce à leur journalisme. « Bien entendu,<br />

il serait préférable que tout cela ne soit pas nécessaire.<br />

Mais les médias sont en difficulté. » En tant que<br />

journaliste, Jürg Steiner souhaiterait ne pas accepter<br />

d’aide de l’Etat : « Mais l’argent n’est pas lié aux contenus.<br />

Les médias qui veulent limoger le gouvernement en reçoivent<br />

aussi. » Par ailleurs, la provenance des fonds publics<br />

a l’avantage d’être au moins transparente. « Sinon, ce<br />

sont d’illustres inconnus qui injectent de l’argent. »<br />

Les journaux gratuits en possession de Christoph Blocher,<br />

qui vont de Bodensee Nachrichten au Tagblatt der Stadt<br />

Zürich, atteignent 918 000 lecteurs et lectrices en Suisse<br />

alémanique. « Si la loi n’aboutit pas, les médias se trouveront<br />

dans une situation désastreuse. Un nouveau projet de<br />

loi prendrait de nombreuses années – beaucoup trop de<br />

temps pour de nombreux médias », conclut Stephanie<br />

Vonarburg.<br />

Notre dossier web spécial sur le paquet d’aides :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/themes/campagnes/paquetdaideauxmedias<br />

Etude : l’aide de l’État ne bâillonne pas les médias<br />

Alors que les référendaires à la loi sur le train de mesures<br />

aux médias brandissent haut et fort la menace d’ingérences<br />

rédactionnelles en cas de oui le 13 février, peu d’études<br />

empiriques se sont à ce jour penchées sur la question du rapport<br />

entre aides publiques et indépendance journalistique. A<br />

l’exception notable d’une étude norvégienne publiée en 2018<br />

dans le Journal of Media Business Studies, dont les chercheurs<br />

ont analysé l’impact de l’aide directe à la presse sur<br />

la diversité des informations en ligne.<br />

Financée par le Conseil de recherche norvégien, cette étude a<br />

analysé 726 899 articles de presse publiés en 2015 et 2016 par<br />

160 journaux norvégiens dont un peu plus de la moitié sont au<br />

bénéfice d’aides étatiques. Résultat : le contenu des journaux<br />

subventionnés ne diffère guère de celui des journaux non<br />

subventionnés.<br />

Si le contexte de la recherche – à savoir que le corpus porte<br />

uniquement sur des publications d’actualité en ligne et que le<br />

système médiatique et les mesures de soutien varient d’un<br />

pays à l’autre - ne permet pas de transposer les résultats directement<br />

à tout le paysage médiatique suisse, les résultats<br />

offrent des pistes de réflexion intéressantes face aux allégations<br />

du camp référendaire.<br />

L’aide aux médias et la liberté de la presse en Scandinavie<br />

L’étude norvégienne démontre ainsi qu’un financement direct<br />

important des médias, tel que pratiqué également ailleurs<br />

dans les pays nordiques, est possible tout en garantissant<br />

l’indépendance journalistique. La Norvège, le Danemark, la<br />

Finlande et la Suède occupent ainsi les rangs 1 à 4 (la Suisse<br />

est 10ème) du classement mondial 2020 de la liberté de la<br />

presse établi par Reporters sans frontières.<br />

Une couverture locale riche et diversifiée<br />

En Norvège, aujourd’hui toutes les zones rurales sont desservies<br />

par au moins un média. Dans certaines régions, il y a<br />

même une concurrence. Une couverture locale nécessaire<br />

dans une démocratie.<br />

Une étude réalisée cette fois en Suisse a notamment mesuré<br />

l’impact d’une telle couverture sur la participation électorale<br />

dans plus de quatre cents communes. Menée par deux chercheurs<br />

de l’Université de Zurich en 2019, celle-ci a conclu que<br />

plus le tirage des journaux locaux est petit et moins ils rapportent<br />

sur la politique locale, plus la participation est faible.<br />

Robin Moret<br />

Le classement de Reporters sans frontières :<br />

rsf.org/fr/classement


Dossier<br />

Investir dans la relève grâce au<br />

paquet d’aides<br />

13<br />

Le paquet d’aides aux médias permet d’augmenter<br />

les soutiens alloués à la formation et<br />

au perfectionnement des journalistes. La relève<br />

de la branche, mais aussi le système des<br />

médias dans son ensemble en profiteraient.<br />

Texte : Flavia von Gunten<br />

Dans la discussion sur le paquet d’aides aux médias, les<br />

28 millions de francs destinés aux « mesures générales en<br />

faveur de tous les médias » sont souvent oubliés. Ce titre à<br />

rallonge désigne des fonds dévolus à des institutions de<br />

formation et de perfectionnement, mais aussi aux prestations<br />

d’agences, aux projets IT et aux organismes d’autorégulation<br />

de la branche ainsi qu’au Conseil de la presse.<br />

Aujourd’hui déjà, l’Office fédéral de la communication<br />

affecte 1 million de francs par an aux organismes de<br />

formation et de perfectionnement professionnel. Les dernières<br />

données remontent à 2018 lorsque quatre écoles<br />

ont reçu de l’argent : le Corso di giornalismo de la Suisse<br />

italienne à Lugano (15 000 francs), l’école de radio<br />

klipp+klang à Zurich (210 000 francs), le Centre de formation<br />

au journalisme et aux médias à Lausanne<br />

(240 500 francs) et l’école de journalisme MAZ à Lucerne<br />

(420 000 francs).<br />

De plus en plus d’étudiant-e-s paient leur formation<br />

En cette période où la diffusion de fausses informations<br />

prend de l’ampleur, il est nécessaire de toute urgence que<br />

les journalistes bénéficient de formations continues solides<br />

et axées sur la pratique. La répartition des 28 millions<br />

entre les quatre domaines mentionnés ci-dessus<br />

n’est pas encore définie. Les quotas seront fixés dans l’ordonnance<br />

si la loi est acceptée. On ignore pour l’instant à<br />

combien se montera l’augmentation de l’aide à la formation<br />

professionnelle continue. Martina Fehr, directrice du<br />

MAZ, s’attend à ce qu’elle soit doublée – de 1 million à<br />

2 millions.<br />

L’argent supplémentaire susceptible de revenir au MAZ<br />

devrait bénéficier à sa population estudiantine, déclare-telle.<br />

Ce serait un allégement financier bienvenu, car « ces<br />

dernières années, les jeunes sont de plus en plus nombreux<br />

à devoir payer eux-mêmes tout ou partie de leur formation<br />

», observe-t-elle. La formation de diplôme d’une<br />

durée de deux ans au MAZ coûte 28 400 francs. Pour celles<br />

et ceux à qui sourit la chance, l’employeur leur paie une<br />

partie des frais de scolarité. Mais cette tendance est à la<br />

baisse, et comme l’a démontré le <strong>magazine</strong> en ligne Medienwoche<br />

il y a trois ans lors d’une enquête, depuis que la<br />

participation personnelle aux coûts d’études a augmenté,<br />

le nombre d’étudiant-e-s a diminué. En 2019, seulement<br />

33 journalistes en herbe ont commencé leur formation de<br />

diplôme, soit près de 20 % de moins que la moyenne des<br />

dix dernières années.<br />

Selon Martina Fehr, des frais de formation moins élevés<br />

pourraient freiner cette tendance : « Nous sommes<br />

convaincus que des prix plus bas pourraient atténuer la<br />

réticence à envoyer des journalistes en herbe suivre une<br />

formation de base ou des cours ciblés . » Des professionnel-le-s<br />

chevronné-e-s fréquentent également le MAZ :<br />

« Beaucoup veulent rester dans la profession, mais n’aspirent<br />

pas forcément à occuper une position dirigeante »<br />

ajoute-t-elle. Les nouvelles compétences transmises dans<br />

le cadre de perfectionnements, comme le journalisme de<br />

données ou la gestion communautaire, leur permettraient<br />

à eux aussi de se maintenir à niveau dans leur métier.<br />

Un sondage mandaté par l’association des Jeunes<br />

Journalistes Suisses montre que la relève journalistique,<br />

qui bénéficierait largement des contributions financières<br />

supplémentaires de formation, se préoccupe du financement<br />

de la branche. Près de 200 journalistes de moins de<br />

30 ans ont été interrogés sur leurs conditions de travail. La<br />

grande majorité d’entre eux (86,5 %) craignent que les ressources<br />

financières insuffisantes mettent en grand (ou<br />

très grand) danger le journalisme. L’argent du paquet<br />

d’aides aux médias contribuerait à augmenter les ressources<br />

– et donc sans doute l’attractivité du métier.<br />

Pour découvrir le Centre de formation au journalisme et aux médias à<br />

Lausanne : cfjm.ch. Et son pendant suisse-alémanique le MAZ : maz.ch


14<br />

Dossier<br />

L’ATS, une agence au service de<br />

la cohésion et de la démocratie<br />

L’agence de presse suisse Keystone-ATS joue<br />

un rôle fondamental pour la cohésion du pays<br />

et la libre formation de l’opinion publique. C’est<br />

pourquoi elle doit être encore davantage soutenue<br />

en temps de crise et de désinformation.<br />

Texte : Federico Franchini<br />

J’écris régulièrement pour la newsletter du média romand<br />

Gotham City au sujet de la jurisprudence du Tribunal fédéral.<br />

Domicilié au Tessin, j’ai la chance de me trouver à<br />

proximité du Tribunal pénal fédéral, qui a été institué en<br />

2004 à Bellinzone en raison de la réorganisation judiciaire<br />

fédérale. La décision a fait des mécontent-e-s, surtout parmi<br />

les accusé-e-s, avocat-e-s et procureur-e-s qui doivent<br />

se rendre au Tessin pour un procès. Et parmi les journalistes.<br />

Mis à part des cas de grand intérêt médiatique, la<br />

salle de presse du Tribunal est souvent tristement vide. A<br />

une exception près : l’Agence télégraphique suisse (ATS)<br />

est toujours présente aux débats.<br />

Les procès sont longs, parfois ennuyeux, mais aussi<br />

édifiants et riches en rebondissements. Les suivre est impératif,<br />

car la justice doit rester transparente. Cependant,<br />

sans l’ATS, les procès pour blanchiment d’argent ou corruption<br />

seraient pour les parties une sorte de rituel qui se<br />

déroule dans l’ombre. Pour reprendre les paroles de l’auteur<br />

et du reporter Tiziano Terzani, « l’histoire n’existe<br />

que si quelqu’un la raconte. S’il n’y a personne qui la recueille,<br />

qui l’écrit, qui prend une photo, qui laisse une<br />

trace dans un livre, c’est comme si ces faits n’étaient jamais<br />

arrivés. »<br />

Le service public médiatique<br />

Ce seul exemple montre l’importance du travail accompli<br />

par les collègues de l’ATS. Un travail, réalisé 24 heures<br />

sur 24, 365 jours par an, et dans les trois langues nationales<br />

par une équipe de professionnel-le-s dont on ignore<br />

le nom. Les noms des rédacteurs et rédactrices n’apparaissent<br />

pas sur les quotidiens : leurs articles portent en<br />

bas de page le seul sigle de l’agence fondée en 1895 et<br />

connue pour sa pondération et son impartialité. L’ATS assume<br />

une tâche essentielle de service public et est nécessaire<br />

à la démocratie fédérale, car elle couvre des événements<br />

politiques, judiciaires, économiques, sportifs et<br />

culturels, qui échapperaient sinon au quatrième pouvoir.<br />

Une tâche mise en danger par la logique du profit<br />

Depuis ces dernières années, l’ATS est de plus en plus<br />

sous pression. En hiver 2018 s’est produit en Suisse l’impensable<br />

: une grève. Le conflit a été causé par l’annonce<br />

de la suppression d’une quarantaine de postes en raison<br />

de la fusion avec Keystone. Cette fusion a ensuite été avalisée<br />

par les actionnaires, tant et si bien qu’on parle aujourd’hui<br />

de Keystone-ATS. Dont les principaux actionnaires<br />

sont l’agence autrichienne APA (30 %) et TX Group<br />

(24,4 %). La fusion a suscité des inquiétudes, notamment<br />

parce que la nouvelle entité est désormais une société par<br />

actions privée, qui n’est responsable que devant ses actionnaires.<br />

L’impact s’est déjà fait sentir : de 2018 à 2020,<br />

le nombre de postes à plein temps a diminué de 216 à 174<br />

et le chiffre d’affaires de 43 à 37 millions de francs. Cette<br />

baisse est due à divers facteurs, notamment au fait que les<br />

actionnaires – qui sont aussi les éditeurs – ont incité à réduire<br />

les tarifs ou à résilier les abonnements.<br />

Au cours de ces dernières années, la Confédération a<br />

toutefois soutenu Keystone-ATS. En 2021, l’agence a reçu<br />

une contribution de 4 millions de francs. A ces aides pourrait<br />

venir s’ajouter une part des moyens que la Confédération<br />

compte allouer via le paquet d’aide aux médias. Il<br />

s’agit des 23 millions dont bénéficierait « l’ensemble de la<br />

place médiatique suisse » via le soutien aux agences de<br />

presse. Ces contributions sont indispensables.<br />

Mais un autre problème – celui de la baisse des recettes<br />

publicitaires – ne se laisse pas dissimuler. Ou le fait que<br />

ces recettes sont peu à peu transférées vers des multinationales<br />

telles que Google et Facebook. En Suisse, le marché<br />

publicitaire cède environ 1,4 milliard de francs par an<br />

aux géants de l’Internet. Cette perte entraîne des coupes,<br />

des fermetures et des concentrations, sans oublier la pression<br />

sur le travail des rédactions. Cela, à son tour, se répercute,<br />

également sur Keystone-ATS. Pour inverser cette tendance,<br />

l’agence de presse française AFP et Google ont<br />

signé un accord de cinq ans, par lequel le géant américain<br />

s’engage à payer l’AFP pour utiliser ses contenus. Pourrait-on<br />

s’en inspirer aussi en Suisse ?<br />

Photos<br />

Photographe diplômé à l’Ecole de photographie de Vevey,<br />

Léonard Rossi vit et travaille à Lausanne. Amateur de photographie<br />

documentaire et conceptuelle, son approche gravite<br />

autour des questions sociales et environnementales, ainsi<br />

qu’autour du potentiel narratif de l’image.<br />

Pour ce dossier, Léonard a choisi de parler de la diversité<br />

et de la qualité médiatique au travers d’images fortes<br />

représentant différentes formes et lieux de consommation<br />

d’information journalistique.<br />

Léonard travaille également comme technicien de musée au<br />

Musée suisse de l’appareil photographique à Vevey et comme<br />

médiateur culturel à La Ferme des Tilleuls à Renens.<br />

Son travail est visible sur www.leonardrossi.ch.


La démocratie en danger<br />

Pendant que les recettes publicitaires chutent depuis plusieurs années, les<br />

fusions, plans de démantèlements et autres mesures d’austérité s’intensifient<br />

dans le paysage médiatique suisse. L’appauvrissement de la diversité médiatique<br />

qui en découle menace désormais notre démocratie, laissant notamment<br />

tout le loisir aux fake news de gagner du terrain sur les canaux en ligne.<br />

!<br />

Le marché de la presse s′écroule<br />

70<br />

Le nombre de médias ayant mis<br />

la clé sous la porte depuis 2003<br />

en Suisse<br />

50%<br />

Entre<br />

2003 et 2020, le nombre d’abonnements à<br />

des journaux en Suisse a chuté de presque 50 %,<br />

de 3,39 millions à 1,61 million<br />

Source : DETEC & REMP<br />

Forte concentration médiatique<br />

dans chaque région<br />

Moyenne de la part de<br />

marché de la presse écrite<br />

et de la presse en ligne.<br />

31% 39 %<br />

Autres médias<br />

TX Group<br />

20 % Suisse<br />

18 %<br />

Autres médias<br />

allemande<br />

Autres médias<br />

38 %<br />

Società Editrice<br />

del C. d. Ticino SA<br />

9%<br />

Fondation Aventinus<br />

Romandie<br />

CH-Media<br />

Ringier<br />

Regiopress SA<br />

Suisse<br />

italienne<br />

11%<br />

ESH Médias<br />

60 % 30 %<br />

TX Group<br />

TX Group<br />

Source : Research Center for the Public Sphere and Society (fög) - University of Zurich<br />

L’impact sur la diversité de l’information<br />

En trois ans seulement, de 2017 à 2020, la part des articles<br />

partagés – les articles publiés de manière identique sur différents<br />

titres de presse - est passée de 10 % à 21 % (données pour la Suisse<br />

alémanique). L’augmentation de la concentration de l’information<br />

concerne principalement la couverture politique et économique.<br />

2020<br />

21%<br />

Politique<br />

2017<br />

2018<br />

2019<br />

2020<br />

16 %<br />

22 %<br />

27 %<br />

29 %<br />

Les fake news ? Une menace réelle<br />

Le pourcentage de la population qui estime rencontrer souvent ou très<br />

souvent de la désinformation en fonction de la source. Ainsi, 61,7 % des<br />

citoyen-e-s suisses font régulièrement face à des fake news sur les<br />

médias sociaux. Des entreprises de médias - radio, presse écrite et en<br />

ligne et télévision - sont moins souvent citées comme sources de<br />

désinformation.<br />

Réseaux sociaux<br />

Portails vidéo<br />

36,2 %<br />

61,7 %<br />

10 %<br />

2017<br />

Economie<br />

2017<br />

2018<br />

2019<br />

2020<br />

10 %<br />

18 %<br />

23 %<br />

25 %<br />

Applications<br />

de message<br />

27,7 %<br />

Source : Research Center for the Public Sphere and Society (fög) - University of Zurich<br />

Source : Research Center for the Public Sphere and Society (fög) - University of Zurich<br />

Les recettes publicitaires baissent, y compris en ligne<br />

Les revenus issus de la publicité ont chuté de presque 50 % depuis le début des années 2000. Une<br />

grande majorité des professionnel-le-s des médias interrogés dans le rapport sur la perspective des<br />

médias de la DETEC s’attendent à ce que cette tendance se confirme à moyen et long terme.<br />

Publicité en ligne<br />

Presse Radio Télévision<br />

2500<br />

Millions de CHF<br />

2000<br />

1500<br />

1000<br />

500<br />

0<br />

2002 2004 2005 2010 2012 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020<br />

En hausse constante depuis<br />

2014, les revenus publicitaires<br />

en ligne ont baissé pour la<br />

première fois en 2020<br />

Source : OFCOM


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Congrès 2021 : les jalons de notre<br />

politique syndicale sont posés<br />

Le congrès de cette année a été placé sous le signe du service<br />

public. Pour les quelque 200 congressistes rassemblé-e-s à<br />

Langenthal les 26 et 27 novembre, une chose est claire :<br />

un avenir solidaire doté de conditions de travail équitables et<br />

de meilleures options de vie n’est possible que grâce au développement<br />

et à la transformation du service public.<br />

Quarante ans de politique bourgeoise<br />

ont déréglementé, partiellement démantelé<br />

et privatisé le service public.<br />

Il est grand temps de passer à l’offensive<br />

! Le service public ne doit pas se<br />

contenter d’offrir un accès non discriminatoire<br />

pour toutes et tous à des<br />

biens essentiels de qualité. Il doit aussi<br />

promouvoir l’égalité des chances,<br />

organiser une participation démocratique<br />

élargie et faire sa mue avec la numérisation.<br />

Les conditions de travail<br />

dans les domaines du service public<br />

sont déterminantes pour le progrès<br />

social.<br />

Un avenir solidaire<br />

A travers leurs résolutions, les congressistes<br />

ont adopté des revendications<br />

centrales pour un avenir solidaire. Ilselles<br />

souhaitent notamment combattre<br />

le changement climatique de<br />

manière socialement acceptable,<br />

s’opposent à la privatisation de PostFinance<br />

et veulent soutenir les efforts visant<br />

à instaurer une « CCT Distribution<br />

» déclarée de force obligatoire.<br />

Par ailleurs, les congressistes s’opposent<br />

avec détermination à un relèvement<br />

de l’âge de la retraite des femmes<br />

à 65 ans. Enfin, ils-elles témoignent<br />

leur solidarité avec le personnel retraité<br />

de La Poste en ce qui concerne les<br />

bons du personnel et critiquent l’arrêt<br />

du Tribunal fédéral contre le quotidien<br />

genevois Le Courrier , qui représente<br />

une attaque contre la liberté des<br />

médias et contre la démocratie.<br />

Relever les défis<br />

Des jalons internes ont également été<br />

posés pour les quatre prochaines<br />

années. Outre la réélection de la présidence<br />

et l’élection du nouveau comité<br />

directeur (voir page 4), le congrès a<br />

traité les propositions des sections et<br />

discuté plusieurs adaptations structurelles.<br />

L’organisation des branches,<br />

telle que nous la connaissons aujourd’hui,<br />

reste maintenue. Le congrès a<br />

toutefois attribué des mandats pour<br />

recueillir des propositions visant à<br />

trouver une issue à la situation structurelle<br />

aujourd’hui insatisfaisante.<br />

Daniel Münger, président <strong>syndicom</strong><br />

Toutes les décisions prises par le congrès :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/Ub8eo<br />

Le congrès 2021 a pu se tenir en présentiel dans le respect des mesures sanitaires. (© Sabine Rock)


« Pour Smood, c’est l’occasion de se démarquer de la concurrence<br />

et montrer que le partenariat social est possible » David Roth, secrétaire central Logistique<br />

17<br />

Une branche sous surveillance<br />

Depuis dix ans, <strong>syndicom</strong> s’engage dans la branche des coursiers-ères<br />

à vélo. Une CCT, entrée en vigueur en 2019, en est<br />

issue. Mais les efforts doivent se poursuivre alors que des voix<br />

s’élèvent au sein des coursiers-ères, notamment chez Smood.<br />

La grève des coursiers-ères à vélo Smood s’est répandue dans huit villes de Suisse romande. (© Keystone-ATS)<br />

Trois ans après la ratification de la<br />

CCT pour les coursiers-ères à vélo et<br />

les services urbains, suivie en 2020 par<br />

la CCT d’entreprise Notime, les conditions<br />

de travail de la branche préoccupent<br />

toujours. Depuis plus de trois<br />

ans, <strong>syndicom</strong> fait notamment pression<br />

sur Smood pour entamer des négociations<br />

CCT. Plusieurs revendications<br />

concrètes ont été formulées avec<br />

le personnel de Smood. En tant que<br />

syndicat des coursiers-ères, <strong>syndicom</strong><br />

exige une adaptation aux normes de la<br />

CCT existante : un salaire plus élevé,<br />

une indemnisation plus claire des<br />

frais et une planification réglementée<br />

des affectations de travail. De premières<br />

discussions confidentielles se<br />

sont déroulées à partir de janvier 2021<br />

et les négociations CCT étaient sur le<br />

point de débuter. Elles ont été interrompues<br />

lorsqu’une centaine de collègues<br />

ont entamé une grève en Suisse<br />

romande pour critiquer les mêmes aspects<br />

dénoncés à maintes reprises par<br />

les membres de <strong>syndicom</strong> : la planification<br />

du travail, les frais, le salaire et<br />

le défraiement opaque.<br />

<strong>syndicom</strong> a témoigné sa solidarité<br />

avec les grévistes, aujourd’hui en<br />

phase de conciliation, et soutient<br />

leurs revendications. Les anciens problèmes<br />

doivent être clarifiés et les<br />

questions actuelles réglées dans le<br />

cadre d’une CCT. David Roth, secrétaire<br />

central <strong>syndicom</strong>, souligne:<br />

« Pour Smood, c’est l’occasion de se<br />

démarquer de la concurrence et de<br />

montrer que le partenariat social est<br />

aussi possible dans ce secteur hautement<br />

concurrentiel. Nous appelons<br />

également les autres acteurs de la<br />

branche à rejoindre ce processus. »<br />

Un exemple en Suisse romande<br />

montre que des améliorations sont<br />

justement concevables: l’entreprise<br />

genevoise Chaskis, qui emploie 400<br />

personnes, travaille avec l’application<br />

Uber, mais engage les coursiers-ères<br />

selon des conditions de travail régulières.<br />

Chaskis a adhéré en 2022 à la<br />

CCT pour les coursiers-ères à vélo,<br />

alors que de nombreuses entreprises<br />

continuent de se soustraire à l’obligation<br />

d’annonce de la PostCom – tels<br />

que Eat.ch et Uber – et refusent le partenariat<br />

social. « Cela doit constituer<br />

un signal fort aux autres entreprises<br />

qui travaillent dans la livraison de<br />

nourriture ou via l’application d’Uber-<br />

Eats. De bonnes conditions de travail<br />

sont possibles et <strong>syndicom</strong> redoublera<br />

d’efforts pour les exiger dans toute la<br />

Suisse », avertit David Roth.<br />

Robin Moret<br />

Toutes les informations sur la CCT des coursiers-ères<br />

à vélo : <strong>syndicom</strong>.ch/6Yh53<br />

Facebook & C ie bientôt<br />

face à leurs fake news ?<br />

Lorenzo Bonati. secrétaire régional Médias<br />

Google, Facebook ou Telegram jouent<br />

un rôle toujours plus important dans<br />

la formation de l’opinion publique.<br />

Aucune norme journalistique ne s’applique<br />

toutefois à ces plateformes, ni<br />

aucune obligation de véracité. Cette<br />

situation ouvre grand la porte à la propagation<br />

de fausses informations.<br />

Le Conseil fédéral a dès lors l’intention<br />

d’empoigner ce problème devenu<br />

notamment manifeste à travers<br />

les informations sur le coronavirus. Il<br />

a chargé le Département fédéral de<br />

l’environnement, des transports, de<br />

l’énergie et de la communication (DE-<br />

TEC) de formuler d’ici la fin de l’année<br />

des propositions visant à réglementer<br />

les plateformes de communication.<br />

Des efforts similaires sont déployés<br />

dans l’UE et aux Etats-Unis.<br />

Ce sont de bonnes nouvelles pour<br />

la crédibilité du journalisme et le fonctionnement<br />

de la démocratie. Les<br />

plateformes se sont trop longtemps<br />

dérobées à leur responsabilité sociale.<br />

Elles affirment ne fournir qu’une infrastructure,<br />

sans se tenir responsables<br />

des contenus diffusés. Or elles<br />

encaissent volontiers les recettes publicitaires<br />

provenant des médias traditionnels.<br />

Il est donc grand temps que l’Etat<br />

mette un terme à ce déséquilibre. Car<br />

les plateformes de communication se<br />

sont muées depuis longtemps en<br />

groupes médiatiques puissants et influents.<br />

Et une grande puissance doit<br />

aller de pair avec une grande responsabilité.


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Les formations et perfectionnements que nous soutenons<br />

financièrement sont durables. » Fabio Mussi, président du fonds de bourses des libraires suisses<br />

Des bourses pour accéder à une<br />

profession rêvée<br />

Le fonds des bourses des libraires suisses, dont <strong>syndicom</strong> est<br />

partenaire, soutient les membres en formation dans la branche.<br />

Les bourses de formation veulent faciliter l’entrée dans la vie professionnelle. (© Keystone-ATS)<br />

Au milieu de la fascination et de la curiosité<br />

qui entourent le monde des<br />

livres, les maisons d’édition et les librairies<br />

sont des lieux de travail passionnants.<br />

Mais le parcours professionnel<br />

pour y accéder n’est pas<br />

toujours simple. Il n’existe ainsi plus<br />

aucune filière de formation pour le<br />

personnel d’édition en Suisse. L’entrée<br />

dans la vie professionnelle intervient<br />

alors après les études via des<br />

stages et du volontariat, dont la rétribution<br />

ne suffit généralement pas à<br />

vivre. Et les salaires restent souvent<br />

bas aussi par la suite. Economiser de<br />

l’argent pour des formations continues<br />

devient impossible.<br />

Une fondation offrant des bourses<br />

remédie toutefois à cette situation.<br />

Géré par <strong>syndicom</strong> en partenariat avec<br />

l’Association suisse des libraires et<br />

éditeurs (SBVV), ce fonds soutient depuis<br />

les années 1930 des formations et<br />

perfectionnements dans la branche.<br />

Les personnes qui se lancent par<br />

exemple après leurs études dans un<br />

stage d’édition peuvent actuellement<br />

demander à la fondation une bourse<br />

jusqu’à 250 francs par mois. « Cela<br />

peut paraître peu, mais ce montant revêt<br />

une grande importance pour les<br />

personnes soutenues », explique le<br />

président de la fondation Fabio Mussi.<br />

C’est souvent le seul moyen pour les<br />

bénéficiaires d’effectuer un stage ou<br />

une formation dans la branche. Des<br />

bourses sont aussi accordées pour des<br />

formations continues liées à l’activité<br />

professionnelle et à des personnes en<br />

formation issues d’autres professions.<br />

Les membres de <strong>syndicom</strong> peuvent<br />

faire une demande de bourse, ainsi<br />

que les personnes dont les employeurs<br />

sont membres de l’association SBVV.<br />

« Les formations et perfectionnements<br />

que nous soutenons financièrement<br />

sont durables », précise Fabio<br />

Mussi. Les enquêtes réalisées ont<br />

montré que la grande majorité des titulaires<br />

de bourses ont pris pied dans<br />

la branche et restent ensuite actifs-ves<br />

dans une maison d’édition ou une librairie.<br />

Du reste, <strong>syndicom</strong> soutient<br />

ses membres de la branche du livre<br />

non seulement via ces bourses, mais<br />

aussi par une contribution directe annuelle<br />

aux coûts de perfectionnement<br />

pouvant s’élever jusqu’à 500 francs.<br />

L’entrée professionnelle dans le<br />

monde des livres est ainsi possible.<br />

Basil Weingartner<br />

Toutes les informations sur les bourses<br />

(en allemand) : <strong>syndicom</strong>.ch/spL8Q<br />

Lutter contre la pénurie<br />

de spécialistes en<br />

misant sur l’égalité et<br />

la formation<br />

Miriam Berger, secrétaire centrale secteur TIC<br />

En Suisse, la branche informatique<br />

souffre d’une pénurie de spécialistes.<br />

Depuis que l’indice de la pénurie de<br />

main-d’œuvre qualifiée a été mesuré<br />

pour la première fois il y a six ans, l’insuffisance<br />

des effectifs en Suisse n’a<br />

jamais été aussi élevée. Le nombre de<br />

postes vacants dans la branche par<br />

rapport aux personnes en recherche<br />

d’emploi est conséquent. Les employeurs<br />

se sont mis à engager leurs<br />

spécialistes sur le marché étranger. Le<br />

personnel recherché en urgence est<br />

ainsi recruté de manière colonialiste<br />

par les entreprises suisses. Le problème<br />

n’est pas attaqué à sa racine.<br />

Ce débat néglige deux éléments :<br />

lorsqu’il en va de pénuries de personnel<br />

spécifiques à une branche ou à une<br />

qualification, il s’agit souvent d’un<br />

problème « fait maison ». Les employeurs<br />

forment trop peu et ne proposent<br />

pas assez de formations continues,<br />

paient mal leur personnel ou ont<br />

omis d’aménager des conditions de<br />

travail attrayantes. Par ailleurs, les<br />

femmes sont largement sous-représentées<br />

dans la branche IT. Or l’on sait<br />

depuis longtemps que la pénurie de<br />

personnel qualifié pourrait être atténuée<br />

si elles exerçaient en plus grand<br />

nombre des professions de l’informatique.<br />

L’entrée dans le métier devrait<br />

toutefois être rendue plus attractive.<br />

La société et la politique ont tout<br />

intérêt à s’atteler au problème, car la<br />

numérisation est le moteur de l’innovation<br />

et nécessite des spécialistes IT.<br />

La Confédération a certes réorienté<br />

dans la bonne direction ses objectifs<br />

pour Swisscom. Cependant, l’accent<br />

placé sur les dividendes et la concurrence<br />

accélère encore la spirale des<br />

prix vers le bas et favorise une action à<br />

courte vue en termes économiques<br />

plutôt que des investissements dans la<br />

place industrielle suisse. Or investir<br />

dans la formation de spécialistes est<br />

urgent. Il appartient dès lors aux milieux<br />

économiques et à la classe politique<br />

d’y veiller conjointement avec<br />

les instituts de formation.


« L’attrait pour le travail de plateforme va certainement<br />

augmenter à l’avenir. » Prof. D r Caroline Straub, chercheuse à la Haute école spécialisée bernoise<br />

19<br />

Le travail de plateforme durable<br />

La Haute école spécialisée bernoise a lancé une étude, financée<br />

par le Fonds national suisse et dont <strong>syndicom</strong> est partenaire,<br />

sur le travail de plateforme. L’objectif ? Mieux comprendre les<br />

chances et les risques de ces formes de travail. Rencontre avec<br />

la Prof. D r Caroline Straub en charge de cette recherche.<br />

Quels objectifs poursuivez-vous dans<br />

votre étude ?<br />

En Suisse, quantité d’activités peuvent<br />

être transmises et exécutées via des<br />

plateformes de travail. L’offre et la demande<br />

augmentent chaque année.<br />

Notre objectif est de contribuer à une<br />

évolution durable de la numérisation<br />

du marché du travail suisse. Nous allons<br />

collaborer ces quatre prochaines<br />

années avec une équipe constituée de<br />

psychologues du travail de l’Université<br />

de Berne et d’économistes de la Haute<br />

école spécialisée bernoise afin de<br />

mieux comprendre le travail de plateforme<br />

en Suisse et formuler des recommandations<br />

pour les décideurs visant<br />

à contribuer à un développement<br />

durable de cette forme de travail.<br />

Le secteur de la logistique est fortement<br />

concerné. Quels sont les<br />

dangers auxquels sont confronté-e-s<br />

les travailleurs et travailleuses de<br />

plateformes ? Et quels sont les effets<br />

perçus comme bénéfiques ?<br />

Les entreprises de logistique en Suisse<br />

recourent toujours plus à l’intelligence<br />

artificielle pour optimiser la<br />

distribution le jour même. Les travailleurs-euses<br />

ont fréquemment affaire à<br />

une gestion par algorithme – donc via<br />

une intelligence artificielle – qui dépend<br />

souvent d’évaluations de la clientèle.<br />

Les interviews que nous avons<br />

menées avec le personnel de livraison<br />

d’Eat.ch, de smood, coople, UberEat<br />

et notime ont montré que la gestion<br />

du travail par algorithme est insatisfaisante<br />

quand les décisions sont perçues<br />

comme injustes ou arbitraires, et<br />

si les travailleurs-euses ne peuvent pas<br />

les remettre en question.<br />

Un autre aspect négatif mentionné<br />

concerne les conditions d’engagement.<br />

Certaines plateformes ne rétribuent<br />

pas le personnel en fonction du<br />

temps de travail, mais au nombre de<br />

mandats exécutés. Il est toutefois avéré<br />

que les étudiant-e-s ou les personnes<br />

qui poursuivent en parallèle<br />

d’autres projets apprécient la flexibilité<br />

temporelle du travail de plateforme.<br />

L’exemple de notime montre qu’une<br />

CCT est aussi possible dans cette<br />

branche et qu’elle peut permettre<br />

d’améliorer les conditions de travail.<br />

Comment des plateformes réglementées<br />

peuvent-elles contribuer au développement<br />

des formes de travail ?<br />

Nos interviews indiquent que beaucoup<br />

de personnes veulent déterminer<br />

elles-mêmes leur travail, c-à-d.<br />

pouvoir exercer une influence sur le<br />

contenu, le lieu et la durée de leur activité.<br />

Elles sont en contrepartie disposées<br />

à en accepter les incertitudes et<br />

les risques. L’attrait pour le travail de<br />

plateforme va certainement augmenter<br />

à l’avenir, en particulier si les<br />

risques financiers et sociaux qu’il<br />

comporte actuellement peuvent être<br />

réduits. Par ailleurs, nous constatons<br />

que quelques plateformes suisses<br />

offrent déjà – ou s’apprêtent à offrir –<br />

un bon environnement à leurs travailleurs-euses<br />

pour leur permettre d’acquérir<br />

de nouvelles aptitudes et<br />

compétences. Les participant-e-s à<br />

l’interview expliquent que le travail de<br />

plateforme renforce leur sentiment<br />

d’estime de soi. Il leur donne la possibilité<br />

de quitter un emploi fixe insatisfaisant,<br />

d’expérimenter et se développer,<br />

et les encourage à oser franchir le<br />

pas vers l’indépendance.<br />

La Commission européenne a récemment<br />

présenté une directive visant à<br />

déterminer le statut d’employé-e des<br />

travailleurs-euses de plateformes.<br />

Pourquoi la Suisse est-elle à la<br />

traîne ?<br />

Les critères de l’UE sont le résultat<br />

d’un long débat politique et juridique.<br />

Ces critères se concentrent sur la clarification<br />

du cadre juridique du travail<br />

basé sur des plateformes. L’UE part du<br />

principe que les travailleurs et travailleuses<br />

basé-e-s sur des plateformes<br />

sont des employés si la plateforme<br />

« contrôle » l’exécution de leur travail.<br />

Cinq critères ont été élaborés, dont<br />

deux au moins doivent être réunis. Ils<br />

concernent le contrôle ou la surveillance<br />

qu’une plateforme exerce sur les<br />

prix, l’apparence ou le comportement,<br />

la qualité du travail, les horaires de travail<br />

et la possibilité de travailler pour<br />

d’autres client-e-s. Cette réglementation<br />

pourrait à long terme rendre plus<br />

équitable la rétribution et la protection<br />

des employé-e-s. Nous ignorons<br />

pourquoi la Suisse n’emboîte pas encore<br />

le pas à l’UE. Toutefois, lors d’entretiens<br />

menés avec des exploitants de<br />

plateformes, nous avons déjà pu<br />

constater une légère tendance à une<br />

meilleure protection et à des salaires<br />

plus élevés sur les plateformes suisses.<br />

Le marché des plateformes est aujourd’hui<br />

extrêmement disputé par de<br />

nombreux opérateurs internationaux.<br />

Les plateformes devraient donc promouvoir<br />

des spécialistes et garantir la<br />

qualité plutôt que de chercher avant<br />

tout à casser les prix.<br />

Robin Moret<br />

L’étude s’intègre dans le Programme national de recherche 77 sur la transformation numérique. (© BFH)<br />

Pour participer à l’étude :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/1MRri


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« L’argumentation du Tribunal pénal est particulièrement<br />

inquiétante pour la liberté de la presse. » Melina Schröter, secrétaire régionale Médias<br />

Affaire Gandur, symbole des procédures<br />

bâillon contre la presse<br />

Le quotidien romand Le Courrier est condamné pour avoir publié<br />

un article sur un milliardaire controversé. Ce jugement est une<br />

attaque contre la liberté de la presse et contre la démocratie.<br />

<strong>syndicom</strong> a apporté son soutien au Courrier dans la suite qui sera donnée à cette affaire. (© Le Courrier)<br />

La bataille juridique qui oppose le<br />

journal Le Courrier au milliardaire<br />

Jean Claude Gandur a connu son épilogue,<br />

du moins en Suisse, en novembre<br />

dernier. L’affaire avait commencé<br />

il y a six ans suite à un portrait<br />

consacré à l’homme d’affaires. Portrait<br />

qui, estimait ce dernier, portait<br />

atteinte à sa personnalité. Le Tribunal<br />

fédéral vient de lui donner raison alors<br />

qu’au niveau pénal et en première instance<br />

au niveau civil, Le Courrier avait<br />

obtenu gain de cause. La qualité du<br />

travail journalistique du portrait incriminé,<br />

la pertinence des sources et l’intérêt<br />

pour le public des informations<br />

publiées avaient même été soulignés<br />

par le Tribunal pénal.<br />

Journalisme bâillonné<br />

Outre l’impact financier considérable<br />

que les plus de 40 000 francs de frais<br />

judiciaires auront sur Le Courrier, l’argumentation<br />

du tribunal est particulièrement<br />

inquiétante pour la liberté<br />

de la presse. En effet les reproches<br />

formulés portent davantage sur la<br />

forme de l’article, en l’espèce jugée<br />

trop affirmative et critique, que sur les<br />

faits rapportés. Cette affaire illustre<br />

parfaitement le contexte actuel très<br />

dangereux d’attaques contre les médias.<br />

Parmi les exemples récents, citons<br />

l’acte d’accusation déposé en<br />

2017 contre le rédacteur en chef du<br />

journal dominical tessinois Il Caffè<br />

pour concurrence déloyale et diffamation<br />

répétée. D’autres journalistes du<br />

même titre ont été accusé-e-s de calomnie<br />

réitérée. Pour avoir accompli<br />

leur travail et posé des questions sur<br />

un cas d’erreur médicale qui s’était<br />

produit dans une clinique privée de la<br />

région de Lugano. Par la suite, les journalistes<br />

ont été acquitté-e-s.<br />

Se défendre contre les attaques<br />

La volonté politique de faciliter les<br />

mesures superprovisionnelles, véritables<br />

entraves au journalisme d’enquête<br />

et d’investigation, des menaces<br />

de procédures juridiques de plus en<br />

plus fréquentes envers des médias indépendants<br />

souvent fragiles financièrement,<br />

l’argent est désormais un outil<br />

de censure destiné à faire taire les<br />

médias. Spécialisé dans les sujets<br />

consacrés à la criminalité en col blanc,<br />

le média indépendant Gotham City a<br />

lancé en décembre une levée de fonds<br />

afin de protéger son système informatique,<br />

régulièrement attaqué, et d’assumer<br />

les frais liés aux procédures juridiques<br />

dont ils sont victimes dans le<br />

but de les bâillonner.<br />

Melina Schröter<br />

Soutien solidaire de <strong>syndicom</strong> adopté au<br />

congrès 2021 : <strong>syndicom</strong>.ch/TUbUx<br />

Une votation qui nous<br />

touche toutes et tous<br />

Matteo Antonini, responsable du secteur<br />

Logistique et membre du comité directeur<br />

La votation du 13 février sur le soutien<br />

fédéral aux médias ne concerne pas<br />

uniquement les journalistes. Elle<br />

nous intéresse nous toutes et tous. Car<br />

elle renforce la diversité des médias,<br />

soutient la formation dans la branche<br />

et empêche une concentration des<br />

grands groupes de médias. Tous ces<br />

éléments sont importants pour la démocratie,<br />

comme expliqué dans le<br />

dossier de ce numéro.<br />

La loi sur laquelle nous voterons<br />

concerne également les employé-e-s<br />

du secteur de la logistique. Celles et<br />

ceux qui ont des conditions de travail<br />

difficiles et touchent de bas salaires. Il<br />

s’agit du personnel de la distribution<br />

matinale qui livre chaque matin les<br />

journaux avant 6h30. La loi fédérale<br />

sur un train de mesures en faveur des<br />

médias doit être l’occasion d’améliorer<br />

aussi les salaires et les conditions<br />

de travail du personnel de la distribution<br />

matinale.<br />

Grâce à une proposition du conseiller<br />

d’Etat saint-gallois Paul Rechsteiner,<br />

ancien président de l’USS, le texte<br />

soumis au vote (art. 19b let d. et e) prévoit<br />

que les entreprises de distribution<br />

matinale (telles qu’Epsilon, Presto et<br />

Schazo) s’enregistrent auprès de l’autorité<br />

fédérale compétente. Elles<br />

doivent « garantir le respect des conditions<br />

de travail usuelles dans la<br />

branche » et « négocier une convention<br />

collective de travail avec les associations<br />

du personnel ». Une occasion de<br />

plus pour imposer des salaires justes<br />

et des conditions de travail dignes.<br />

<strong>syndicom</strong> les défend de longue date.


« Depuis 20 ans, nous assistons à une tendance générale au<br />

démantèlement du service public. » Matteo Antonini, responsable secteur Logistique<br />

21<br />

Salaires de La Poste sous la loupe<br />

Travailler à La Poste était jadis source de fierté. En raison de la<br />

libéralisation du marché, la situation se détériore. Et les salaires<br />

aussi. Un sondage <strong>syndicom</strong> vise à analyser la situation.<br />

Le sondage <strong>syndicom</strong> vise à améliorer les salaires d’embauche à La Poste. (© Keystone-ATS)<br />

Il fut une époque où le géant jaune<br />

était l’un des symboles de la Suisse.<br />

Mais la situation a évolué ces 20 dernières<br />

années, notamment en raison<br />

des conditions salariales. « C’est pourquoi<br />

nous avons lancé une enquête visant<br />

à analyser les salaires de celles et<br />

ceux qui ont commencé après 2016 »,<br />

explique Matteo Antonini, responsable<br />

secteur Logistique à <strong>syndicom</strong>.<br />

« Cette année-là, la CCT et son nouveau<br />

système de rémunération est entrée<br />

en vigueur. On constate que les salaires<br />

de départ sont très bas en<br />

général, surtout dans certaines régions<br />

comme le Tessin, même si le<br />

phénomène se vérifie un peu partout<br />

en Suisse. » En outre, le fait que nous<br />

ayons tendance à employer moins de<br />

personnes à 100 % exacerbe la question<br />

des salaires. Et ce n’est pas seulement<br />

la conséquence d’un marché<br />

particulièrement difficile, avec une<br />

concurrence féroce dans le secteur de<br />

la livraison. « Depuis 20 ans, ajoute<br />

Matteo Antonini, nous assistons a une<br />

tendance générale au démantèlement<br />

du service public. La réduction des<br />

coûts n’est que la dernière étape. »<br />

Disponible en ligne, l’enquête<br />

s’adresse aux employé-e-s de Post-<br />

Mail, PostLogistics et des services logistiques.<br />

A travers quelques questions<br />

simples, il vise à obtenir un<br />

aperçu de la situation pour comprendre<br />

ce qui a changé depuis 2016.<br />

Dans les statistiques de La Poste, on<br />

trouve les salaires moyens, mais ils<br />

concernent tout le monde, donc celles<br />

et ceux qui sont là depuis 30 ans ou qui<br />

débutent. En prenant en compte les<br />

conditions des salarié-e-s qui ont rejoint<br />

l’entreprise ces cinq dernières<br />

années, nous disposons d’une base<br />

pour élaborer d’éventuelles revendications<br />

si le nouveau contrat est effectivement<br />

renégocié en 2023. Et grâce<br />

aux résultats du sondage, nous aurons<br />

également une vision plus claire des<br />

différences entre les régions.<br />

Giovanni Valerio<br />

Participer au sondage sur :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/H9ixy<br />

La pauvreté n’est pas<br />

un crime<br />

Patrizia Mordini, responsable de l’égalité et<br />

membre du comité directeur<br />

Les migrants et migrantes apportent<br />

une contribution majeure au bon<br />

fonctionnement de la Suisse. Sans<br />

leur travail, l’approvisionnement de<br />

base et le service public s’effondreraient.<br />

La crise du coronavirus les<br />

touche particulièrement durement.<br />

Beaucoup souffraient déjà avant cela<br />

de peurs existentielles. Les migrant-e-s<br />

sont notamment souvent confronté-e-s<br />

à la précarité financière, qui<br />

s’accompagne d’une insécurité en matière<br />

de droit de séjour : si des personnes<br />

issues de la migration sans<br />

passeport suisse se retrouvent au chômage<br />

pendant un certain temps ou<br />

doivent recourir à l’aide sociale en raison<br />

d’une situation de détresse, elles<br />

perdent leur autorisation de séjour ou<br />

d’établissement. Même si elles sont<br />

nées ici ou possèdent un permis d’établissement<br />

depuis plus de 15 ans.<br />

Or le droit à un soutien en cas de<br />

détresse et à l’aide sociale est un droit<br />

fondamental, ancré dans la Constitution<br />

et valable pour toutes et tous. Le<br />

préambule à la Constitution précise :<br />

« La force de la communauté se mesure<br />

au bien-être du plus faible de ses<br />

membres. » Avec le durcissement massif<br />

de la loi sur les étrangers et l’intégration<br />

(LEI), en vigueur depuis le<br />

1 er janvier 2019, les plus faibles sont<br />

pourtant encore plus fragilisés. La<br />

riche Suisse se montre ici sous son<br />

jour le plus indigne.<br />

Par conséquent, l’aide sociale n’est<br />

plus accessible à toutes et tous et la<br />

pauvreté s’aggrave encore. Une personne<br />

sur quatre ayant droit à l’aide<br />

sociale y renonce volontairement.<br />

Beaucoup par crainte de perdre leur<br />

permis de séjour ou d’être expulsé-e-s.<br />

Nous ne pouvons le tolérer : la campagne<br />

« La pauvreté n’est pas un<br />

crime », portée par plus de 80 organisations,<br />

vise à y remédier. Le PS a déposé<br />

une intervention au Parlement.<br />

Le congrès de <strong>syndicom</strong> a également<br />

adopté une résolution à ce sujet. Nous<br />

devons combattre les causes de la pauvreté<br />

et non les pauvres.


22 Politique<br />

Baromètre national 2021 :<br />

turbulences sur l’égalité<br />

La Conférence suisse des délégué-e-s à l’égalité a présenté son<br />

deuxième baromètre national au mois de novembre dernier :<br />

concilier activité professionnelle, vie familiale et travail domestique<br />

s’est révélé encore plus difficile en 2021. Il n’y a pas<br />

que les femmes qui le constatent !<br />

Texte : Muriel Raemy<br />

Photo : USS / Annette Boutellier<br />

de marbre, toute la population est<br />

confrontée au travail de care non rémunéré.<br />

« La moitié des sondé-e-s<br />

ont émis des propositions concrètes<br />

pour améliorer la situation tant sur<br />

le plan politique qu’entrepreneurial.<br />

Ce qui montre que cette thématique<br />

fait l’objet d’intenses réflexions<br />

au sein des familles et dans<br />

le milieu professionnel. » L’éventail<br />

des réponses données en vue d’une<br />

répartition plus égalitaire du care va<br />

en effet d’une compensation financière<br />

de celui-ci ainsi qu’une meilleure<br />

prise en considération par les<br />

assurances sociales, à une bonification<br />

AVS, un congé parental rémunéré,<br />

une déduction fiscale, des horaires<br />

et des lieux de travail<br />

flexibles, une promotion du temps<br />

partiel, du job sharing, en passant<br />

par des emplois de care mieux valorisés<br />

et rémunérés et une égalité salariale.<br />

L’équipe de recherche de travail social<br />

dirigée par Gesine Fuchs, à la<br />

Haute école spécialisée de Lucerne,<br />

ne s’attendait pas à des résultats<br />

aussi critiques. Mandatée en 2018<br />

par la Conférence suisse des délégué-e-s<br />

à l’égalité (CSDE) pour réaliser<br />

un premier baromètre national<br />

de l’égalité, il s’agissait, avec ce<br />

deuxième sondage, de mesurer<br />

comment la population en âge de<br />

travailler évalue la relation entre<br />

l’activité professionnelle et le travail<br />

de care non rémunéré. 2245 personnes<br />

– 1110 femmes, 1134<br />

hommes et 1 personne non genrée –<br />

réparties dans les sept grandes régions<br />

de Suisse, ont répondu à l’enquête<br />

réalisée en ligne. « Les<br />

personnes interrogées se sont montrées<br />

beaucoup plus sévères qu’il y a<br />

trois ans : l’égalité est très durement<br />

jugée dans les domaines de la famille<br />

et du travail, et même en politique<br />

», commence Gesine Fuchs. Ce<br />

qui se traduit concrètement par une<br />

prise en charge essentiellement féminine<br />

du travail de care non rémunéré.<br />

Pour que le care soit reconnu et<br />

partagé<br />

« J’ai été particulièrement touchée<br />

par l’appel de jeunes mamans qui<br />

ne trouvent pas de place de crèche<br />

pour leur bébé. De nombreux commentaires<br />

ont révélé la frustration<br />

face à la difficulté de faire évoluer<br />

les mentalités, les valeurs patriarcales<br />

ainsi que l’éducation qui ne<br />

rend pas un homme adulte capable<br />

de s’investir dans les tâches domestiques<br />

et de care. » Pour Gesine<br />

Fuchs, si l’égalité ne laisse personne<br />

Frein sanitaire<br />

Le baromètre national montre encore<br />

que le recul ressenti de l’égalité<br />

– seul 10 % du panel considère en<br />

effet que l’égalité est atteinte au<br />

sein de la famille – est à mettre en<br />

partie sur le compte de la pandémie.<br />

« Cela peut être lié au fait que la situation<br />

sanitaire a permis de visibiliser<br />

les inégalités existantes, mais<br />

également que ce sont les personnes<br />

avec des obligations de prise<br />

en charge, à savoir en particulier les<br />

femmes, qui ont été impactées par<br />

la fermeture des écoles et des accueils.<br />

» D’autres études devront approfondir<br />

les effets de la pandémie.<br />

Mais pour Gesine Fuchs, le débat<br />

public ouvert par la grève des<br />

femmes et les élections fédérales de<br />

2019 ont augmenté la conscience<br />

des enjeux liés à l’égalité. « Les résultats<br />

montrent clairement qu’une<br />

politique familiale plus systématique<br />

et contraignante doit être mise<br />

en œuvre aux niveaux fédéral, cantonal<br />

et communal. »<br />

Pour consulter le Baromètre national de<br />

l’égalité 2021 : <strong>syndicom</strong>.ch/fuE68


3 questions à Patrizia Mordini,<br />

responsable de l’égalité chez <strong>syndicom</strong> et<br />

membre du comité directeur<br />

23<br />

1<br />

2<br />

3<br />

Dans l’ensemble, ce baromètre<br />

national 2021 montre que l’égalité<br />

est loin d’être atteinte en Suisse.<br />

Une surprise ?<br />

Non ! Les chiffres publiés par<br />

l’Office fédéral de la statistique l’été<br />

dernier (voir <strong>syndicom</strong> <strong>magazine</strong><br />

n°25, octobre 2021) allaient dans le<br />

même sens que le présent baromètre<br />

: parmi les couples avec des<br />

enfants à charge, le modèle le plus<br />

fréquent est celui où l’homme<br />

travaille à temps plein et la femme à<br />

temps partiel. Un temps partiel qui<br />

permet aux femmes de s’occuper de<br />

tout ce travail de care non rémunéré,<br />

impactant leur carrière, leur<br />

sécurité sociale et leur rente.<br />

<strong>syndicom</strong> s’engage pour des<br />

modèles progressistes d’activité à<br />

temps partiel.<br />

<strong>syndicom</strong> fait, en ce sens, écho aux<br />

revendications exprimées par les<br />

sondé-e-s du baromètre de l’égalité.<br />

Un constat encourageant ?<br />

Oui, je me réjouis de ces réponses !<br />

Elles indiquent la direction à suivre<br />

et montrent que l’égalité n’est pas à<br />

bien plaire : l’égalité des sexes est<br />

nécessaire pour la population, et<br />

toute la société sortira gagnante<br />

d’une situation où toutes et tous<br />

sont reconnu-e-s pour le travail de<br />

care fourni.<br />

Y’a-t-il des discussions politiques en<br />

cours ?<br />

Le Congrès des femmes de l’USS en<br />

novembre dernier s’est prononcé en<br />

faveur d’une initiative populaire qui<br />

demande que l’accueil extrafamilial<br />

et parascolaire relève du service<br />

public, et garantisse ainsi une prise<br />

en charge de qualité sur tout le<br />

territoire et réduise la contribution<br />

des parents à un minimum. Elle<br />

demande également une substantielle<br />

amélioration des salaires et<br />

des conditions de travail dans le<br />

domaine du care. Les Femmes<br />

socialistes suisses ont décidé de<br />

lancer une initiative allant dans ce<br />

sens.<br />

Le baromètre de l’égalité en chiffres<br />

82 %<br />

Des personnes<br />

interrogées sont d’avis que les<br />

femmes effectuent plus ou plutôt<br />

plus de travail domestique et de<br />

prise en charge non rémunérés.<br />

Les hommes partagent majoritairement<br />

cet avis.<br />

1/3<br />

Un peu plus d’une<br />

femme sur trois a davantage<br />

de difficulté à concilier la vie<br />

professionnelle et la vie privée<br />

depuis la pandémie de Covid-19.<br />

Légèrement moins de 30% des<br />

hommes font le même constat.<br />

30%<br />

18 %<br />

Environ 30% des personnes interrogées (28,7%<br />

pour les femmes et 35,7% pour les hommes)<br />

estiment que la pandémie aura toutefois un<br />

impact favorable à long terme sur la politique<br />

familiale des entreprises en Suisse.<br />

Mais seules 17% et 18% des femmes<br />

s’attendent à des effets positifs, respectivement,<br />

en matière d’égalité ainsi que de<br />

répartition équitable du travail de care<br />

non rémunéré en Suisse.<br />

Est-ce que l’égalité des sexes est atteinte en Suisse ?<br />

La majorité des personnes actives en Suisse estime que l’égalité entre<br />

femmes et hommes telle que consacrée par la Constitution fédérale n’est pas<br />

atteinte. Et la situation s’est détériorée depuis 2018 de l’avis des sondé-e-s.<br />

Oui, absolument<br />

Non, absolument pas<br />

Dans la famille<br />

En politique<br />

Dans la<br />

formation<br />

Au travail<br />

Pour les fonctions<br />

dirigeantes<br />

Oui, en partie<br />

2021 10,3 35,5<br />

2018 25,3<br />

46,8<br />

2021 16,6<br />

34,7<br />

2018 21,2<br />

42,1<br />

2021 28,3<br />

41,5<br />

2018 26,2<br />

43,0<br />

2021 12,0 36,3<br />

2018 11,9<br />

43,5<br />

2021 8,8 24,8<br />

36,9<br />

2018 9,8 33,3<br />

Non, pas vraiment<br />

37,3<br />

32,8<br />

36,8<br />

34,2<br />

39,5<br />

29,3<br />

16,9<br />

22,9 5,1<br />

22,7<br />

24,8<br />

%<br />

15,9<br />

7,5<br />

7,5<br />

6,1<br />

14,9<br />

10,4<br />

29,6<br />

17,4<br />

Les principales mesures exigées au sein des<br />

entreprises et de la société<br />

Femmes<br />

Hommes<br />

Respect de l’égalité salariale<br />

Perspectives de carrière égales<br />

68,4 %<br />

76,5 %<br />

67,2 %<br />

Horaires de travail flexibles, par exemple annualisation<br />

du temps de travail<br />

70,3 %<br />

72,0 %<br />

Élimination des stéréotypes relatifs aux hommes<br />

qui assument des tâches de prise en charge<br />

66,7 %<br />

59,3 %<br />

Congé parental commun rémunéré<br />

61,1%<br />

55,7 %<br />

81,6 %


24 Politique<br />

Stop au démantèlement<br />

de l’AVS !<br />

La réforme AVS 21 détériore les rentes des personnes déjà les<br />

plus démunies : les femmes. Et ouvre la voie à de nouvelles<br />

péjorations de rente dans le 1 er et le 2 e pilier. Une large<br />

alliance, dont <strong>syndicom</strong> fait partie, s’y oppose par référendum !<br />

Texte : Gabriela Medici, USS<br />

Photo : <strong>syndicom</strong><br />

Depuis 50 ans, la Constitution promet<br />

à la population des rentes AVS<br />

suffisamment élevées pour lui assurer<br />

le minimum vital. Mais nous en<br />

sommes encore loin. Personne ne<br />

peut vivre aujourd’hui en Suisse de<br />

sa seule rente AVS. Et la réforme du<br />

premier pilier n’apporte aucune réponse<br />

aux grandes préoccupations<br />

actuelles concernant les rentes. Au<br />

contraire. Elle détériore les rentes<br />

des femmes, qui sont déjà les personnes<br />

les plus démunies, avec des<br />

rentes encore inférieures d’un tiers<br />

environ à celles des hommes. Le relèvement<br />

de l’âge de la retraite des<br />

femmes avalisé par le Parlement<br />

leur fera perdre en moyenne<br />

1200 francs par an de rente.<br />

La majorité bourgeoise a certes<br />

décidé des compensations censées<br />

atténuer quelque peu les réductions<br />

de rentes des femmes proches de la<br />

retraite. Mais elles sont si misérables<br />

que la moitié des femmes qui<br />

partiront à la retraite au cours des<br />

neuf années à venir risquent de voir<br />

leur rente se dégrader immédiatement.<br />

Les femmes actives sont tout<br />

particulièrement concernées.<br />

La classe politique bourgeoise<br />

et le patronat affirment que la réforme<br />

est nécessaire pour garantir<br />

l’AVS. Le Parlement ne compte toutefois<br />

donner à l’AVS qu’un court répit<br />

avec la réforme AVS 21. Le<br />

Conseil fédéral avait même proposé<br />

un financement additionnel, par le<br />

biais de la TVA, presque deux fois<br />

plus élevé que ce qui a maintenant<br />

été décidé. Avec la réforme AVS 21,<br />

le Parlement compte certes allouer à<br />

l’AVS au total 0,4 % de TVA en plus,<br />

ce qui est en soi positif. Mais il veut<br />

marchander : le financement additionnel<br />

ne devra entrer en vigueur<br />

qu’une fois l’âge de la retraite des<br />

femmes relevé. La logique poursuivie<br />

est patente : la pression doit rester<br />

élevée en vue d’une prochaine réforme<br />

de l’AVS. Afin d’augmenter<br />

ensuite l’âge de la retraite pour tout<br />

le monde. Car, contrairement à ce<br />

qui est prétendu, le relèvement de<br />

l’âge de la retraite des femmes joue<br />

finalement un rôle négligeable dans<br />

le financement de l’AVS.<br />

Il est certes indéniable que<br />

l’AVS aura temporairement besoin<br />

d’un peu plus d’argent pour les générations<br />

du baby-boom. Or depuis<br />

2020, elle obtient déjà 2 milliards<br />

supplémentaires par année – car<br />

l’électorat suisse s’était prononcé<br />

en faveur d’un financement additionnel<br />

de l’AVS. C’est pourquoi<br />

l’AVS sera dans les chiffres noirs ces<br />

prochaines années. Et les besoins<br />

supplémentaires liés aux baby-boomers<br />

peuvent eux aussi être financés<br />

sans problème au cours des<br />

25 prochaines années – c’est avant<br />

tout une question de volonté politique.<br />

C’est pourquoi l’USS lancera<br />

ce printemps une initiative qui exige<br />

qu’une partie des bénéfices de la<br />

BNS soit attribuée au financement<br />

de l’AVS et bénéficie ainsi à l’ensemble<br />

de la population.<br />

Le Parlement a déjà mis les<br />

bouchées doubles, non seulement<br />

en ce qui concerne le financement,<br />

mais aussi sur d’autres points, pour<br />

préparer de nouvelles augmentations<br />

de l’âge de la retraite. Les<br />

conditions pour une retraite anticipée<br />

devraient ainsi se détériorer,<br />

alors que la préretraite est aujourd’hui<br />

déjà un privilège de<br />

riches. Dans les banques et les assurances,<br />

58 % du personnel tire sa révérence<br />

avant l’âge AVS. Il ne dépend<br />

pas du premier pilier pour sa<br />

retraite. Seulement 36 % de la population<br />

peut se permettre ce luxe.<br />

Dans le même temps, le Conseil national<br />

a transformé la réforme LPP<br />

en un démantèlement désastreux –<br />

de sorte qu’au final, tout le monde<br />

devra payer plus pour recevoir des<br />

rentes des caisses de pension encore<br />

plus basses. Une chose est<br />

donc certaine : AVS 21 est le premier<br />

pas vers le démantèlement orchestré<br />

des rentes. Il est donc indispensable<br />

de refuser cette réforme et de<br />

donner ainsi un signal clair contre<br />

tout nouveau nivellement des rentes<br />

par le bas.<br />

Signez le référendum dès maintenant en<br />

ligne : avs21-non.ch/<strong>syndicom</strong>


Droit au but !<br />

25<br />

Cher service juridique,<br />

En tant que journaliste indépendant, j’écris<br />

entre autres sur des thèmes consacrés à<br />

la politique syndicale. Je travaille actuellement<br />

sur un article de fond chronophage<br />

et j’ai besoin d’informations tirées de documents<br />

officiels qui se trouvent au SECO.<br />

Ai-je le droit de consulter ces documents ?<br />

Quels sont les coûts liés à une demande et<br />

comment procéder si on me refuse l’accès<br />

aux dossiers demandés ?<br />

J’écris entre autres pour des quotidiens et<br />

j’ai besoin de disposer rapidement d’informations.<br />

Puis-je invoquer des droits spéciaux<br />

en tant que journaliste ?<br />

Réponse du service juridique :<br />

L’article 16 de la Constitution garantit la liberté d’opinion<br />

et d’information. La liberté d’information donne le droit<br />

de recevoir sans intervention de l’Etat des informations et<br />

opinions, de se les procurer aux sources généralement accessibles<br />

et de les diffuser. Les bases légales pertinentes<br />

et les circonstances du cas d’espèce déterminent si une<br />

source d’information est publiquement accessible. La loi<br />

fédérale sur la transparence (LTrans) est en vigueur depuis<br />

2006. Pour l’Administration fédérale et le SECO en<br />

tant que partie de celle-ci, le principe de la transparence<br />

s’applique désormais sous réserve du secret. La Ltrans<br />

donne en principe à toute personne le droit de consulter<br />

des documents de l’Administration fédérale. Mais lorsqu’un<br />

intérêt prépondérant au maintien du secret (p. ex.<br />

mise en danger des intérêts de politique économique de<br />

la Suisse, menace pour la sûreté intérieure ou extérieure<br />

de la Suisse, atteinte à la sphère privée de tiers) s’oppose à<br />

la consultation, le SECO peut la refuser.<br />

Une demande de consulter des dossiers est gratuite.<br />

L’autorité compétente peut facturer le traitement de la<br />

demande si les frais occasionnés dépassent 100 francs.<br />

Elle doit informer au préalable le demandeur qu’elle a<br />

l’intention de percevoir des émoluments. Dans un délai<br />

de 20 jours à compter de la date de réception de la décision<br />

de refus, il est possible, en vertu de l’art. 13 LTrans,<br />

de déposer une demande en médiation auprès du Préposé<br />

fédéral à la protection des données et à la transparence<br />

(PFPDT). Si la procédure gratuite de médiation aboutit,<br />

l’affaire est classée. Lorsque les parties ne parviennent<br />

pas à s’entendre, le PFPDT établit une recommandation<br />

écrite à l’attention des participants à la procédure. Si le<br />

demandeur l’exige ou si l’autorité – malgré la recommandation<br />

du PFPDT – maintient la décision de refus, elle<br />

rend une décision formelle. Il est possible de saisir le Tribunal<br />

administratif fédéral (TAF) d’un recours contre la<br />

décision négative. La procédure devant le TAF est payante.<br />

Les autorités doivent prendre en considération les besoins<br />

spécifiques des journalistes. Il est par exemple recommandé<br />

de renoncer à la perception d’émoluments si<br />

la prestation sert un intérêt public prépondérant. Par ailleurs,<br />

l’ordonnance sur la transparence stipule de tenir<br />

compte de l’urgence de l’information pour les demandes<br />

d’accès présentées par les médias.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/droitaubut


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

Offre de formation Movendo<br />

Nouvelle année rime avec nouveau<br />

programme chez Movendo !<br />

La nouvelle offre de formations de<br />

l’institut de formation des syndicats<br />

vous propose à nouveau des cours<br />

variés et attrayants. Le planning<br />

complet de l’année 2022 est disponible<br />

sur movendo.ch en tout<br />

temps. Nous vous avons toutefois<br />

préparé une sélection de formations<br />

proposées en français ces prochaines<br />

semaines et qui pourraient<br />

vous intéresser :<br />

Bases de droit des assurances<br />

sociales<br />

10.2-25.2.2022<br />

Morges, Hôtel La Longeraie<br />

La prise de décision agile<br />

24.2-25.2.2022<br />

Morges, Hôtel La Longeraie<br />

L’analyse transactionnelle, niveau 1<br />

28.2-1.3.2022<br />

Chexbres, Hôtel Préalpina<br />

La retraite, ça se prépare avant !<br />

03.03 - 04.03.2022<br />

Morges, Hôtel La Longeraie<br />

(sur liste d’attente)<br />

La communication non violente<br />

10.3-11.3.2022<br />

Morges, Hôtel La Longeraie<br />

Pour rappel, chaque membre de<br />

<strong>syndicom</strong> a le droit à un cours<br />

Movendo gratuit par année. Nous<br />

prenons en charge les frais de cours,<br />

de repas, de voyage en train et<br />

payons, selon le cours, les frais de<br />

nuitée. Il est également possible de<br />

suivre plusieurs cours à un tarif<br />

avantageux.<br />

Robin Moret<br />

Parlons-en ! 20 voix sur le<br />

racisme en Suisse<br />

Pour son 20 e anniversaire, le Service<br />

de lutte contre le racisme tire un bilan<br />

intermédiaire de la lutte contre<br />

la discrimination raciale au travers<br />

d’une série de podcasts.<br />

Depuis 2001, le SLR, rattaché au<br />

Département fédéral de l’intérieur,<br />

réalise, soutient et coordonne des<br />

activités de prévention et de lutte<br />

contre le racisme et la discrimination<br />

raciale. Au cours de ces deux<br />

décennies, la société et le positionnement<br />

des acteurs sur le sujet ont<br />

considérablement évolué. La série<br />

de podcasts lance le débat avec des<br />

experts partageant leurs points de<br />

vue sur les défis connus ou nouveaux<br />

auxquels la lutte contre le<br />

racisme est confrontée.<br />

Au cours des dix épisodes que<br />

compte la série, 20 spécialistes venant<br />

de la communauté scientifique,<br />

de la pratique de terrain et de<br />

la société civile s’exprimeront sur<br />

différents aspects de la lutte contre<br />

le racisme. On passera ainsi de l’ancrage<br />

historique des débats actuels<br />

sur le racisme à la question de savoir<br />

comment le racisme se manifeste<br />

dans les structures de la société,<br />

en passant par l’existence ou le<br />

manque de moyens juridiques<br />

d’agir contre le racisme. Certains<br />

épisodes portent sur le racisme à<br />

l’égard de groupes de population<br />

spécifiques et d’autres sur les défis<br />

concrets que pose le conseil ou le<br />

travail en institution. Enfin, on se<br />

demandera, dans le dernier épisode,<br />

à quoi pourrait ressembler une politique<br />

contre le racisme.<br />

Les cinq premiers épisodes sont<br />

déjà disponibles et la série s’étendra<br />

jusqu’en mars 2022 pour se terminer<br />

par un colloque, prévu pour l’été<br />

prochain.<br />

SLR<br />

© Unsplash © Le Commun<br />

Le dessin de presse face à la<br />

liberté d’expression<br />

En ce XXI e siècle, le dessin de presse<br />

cristallise de nombreuses questions<br />

: peut-on rire de tout et avec<br />

tout le monde ? Peut-on tout tolérer<br />

au nom de la liberté d’expression ?<br />

Défendre la satire politique dans un<br />

contexte mondial de plus en plus<br />

tendu crée débat même au cœur des<br />

démocraties occidentales.<br />

Au XIX e siècle déjà, le combat<br />

pour la liberté de la presse se gagnait<br />

aussi avec les crayons des dessinateurs.<br />

Avec cette exposition,<br />

Chappatte montre le pouvoir de la<br />

caricature politique, langage universel<br />

qui saute les frontières. Plus<br />

d’un an après sa création par le Musée<br />

des Beaux-Arts du Locle, l’exposition<br />

est présentée au Commun, en<br />

collaboration avec la Ville de Genève<br />

et la Freedom Cartoonists Foundation.<br />

Elle présente les œuvres marquantes<br />

de la carrière de Chappatte,<br />

le travail de l’invité Hani Abbas, dessinateur<br />

syro-palestinien, un parcours<br />

avec des œuvres polémiques<br />

de plusieurs dessinateurs et dessinatrices<br />

et un espace dédié à la<br />

thématique du COVID-19 dans la<br />

presse.<br />

L’exposition est ouverte du mardi<br />

au dimanche de 11h à 18h<br />

jusqu’au 20 février 2022. Une table<br />

ronde sera organisée le 2 février sur<br />

le thème du wokisme et de l’humour<br />

en présence des dessinateurs Patrick<br />

Chappatte et Xavier Gorce (ex-<br />

Le Monde, aujourd’hui au Point). Ils<br />

aborderont avec le public les enjeux<br />

du dessin de presse aujourd’hui (entrée<br />

libre, inscription conseillée directement<br />

auprès de l’espace culturel<br />

Le Commun au 022 418 65 00).<br />

Le Commun<br />

Pour vous inscrire aux cours Movendo :<br />

movendo.ch/fr/ereignis<br />

Les épisodes sont disponibles sur :<br />

slr.admin.ch/podcast<br />

Toutes les informations de l’exposition :<br />

ville-ge.ch/culture/lecommun/agenda


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements Lors du Congrès <strong>syndicom</strong>, les 26 et 27 novembre 2021, près de 200 délégué-e-s<br />

se sont réuni-e-s pour façonner l’avenir de notre politique<br />

syndicale. Le service public, fondement de la société, était au cœur du débat.<br />

1<br />

2<br />

4<br />

3<br />

5


1. Des dizaines de mains levées : c’est l’heure du vote au congrès <strong>syndicom</strong>. (© Sabine Rock, pour toutes les photos de ces pages)<br />

2-4. Sur le podium, place aux femmes : Fatima Lee (GI Migration), Min Li Marti (conseillère nationale PS Zurich) et Jasmin Weirauch (secteur Médias,<br />

membre de la section Livre et diffusion de médias Zürich/Suisse orientale)<br />

5. Un instant des débats pris en photo depuis la salle<br />

6. La table du Comité directeur avec, au premier plan, la vice-présidente Stephanie Vonarburg<br />

7. La déléguée Gerda Kern prend la parole<br />

8. Le discours passionné de Halil Plancic (secteur ICT, co-président de la section Bienne Télécom)<br />

9. Une dernière photo souvenir de l’assistance, avec les délégué-e-s présent-e-s<br />

29<br />

6<br />

7<br />

8<br />

9


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Je continue à payer mes cotisations –<br />

par solidarité avec les jeunes »<br />

Né le 6 mai 1932, Hugo Meier a grandi<br />

à Mettmenstetten (ZH). Il a appris le<br />

métier de fonctionnaire postal en<br />

uniforme et travaillé notamment à la<br />

Sihlpost de Zurich, à Mettmenstetten,<br />

Olten et Zürich-Sihlfeld. Il est membre<br />

du syndicat (avant Union des PTT,<br />

aujourd’hui <strong>syndicom</strong>) depuis 1950.<br />

Marié depuis 58 ans avec Christiane,<br />

ils ont deux filles ainsi que quatre petits-enfants.<br />

Il partage avec son<br />

épouse de nombreuses activités de<br />

loisirs : auparavant, c’était le jardin familial<br />

et l’affiliation au Club alpin<br />

suisse, aujourd’hui ce sont la natation<br />

et les promenades, avec une heure de<br />

marche quotidienne.<br />

Texte : Suleika Baumgartner<br />

Image : Patrick Gutenberg<br />

70 ans d’engagement<br />

au sein du syndicat<br />

« Avec ma cadette de deux ans, j’ai<br />

passé une enfance belle, mais laborieuse.<br />

Lorsque je rentrais à la maison<br />

après l’école, je devais m’occuper<br />

des lapins, des moutons, des<br />

poules et des cochons. Il fallait nettoyer<br />

chaque jour les étables. Mes<br />

parents tenaient une boutique de<br />

vêtements sur mesure et un magasin<br />

de tissus à Mettmenstetten, dans le<br />

canton de Zurich. Ils possédaient<br />

aussi plusieurs terrains et cultivaient<br />

des légumes. J’aurais voulu devenir<br />

mécanicien en automobiles, mais le<br />

fils du garagiste a obtenu la seule<br />

place d’apprentissage au Säuliamt.<br />

Après quelques mois comme facteur<br />

privé, je suis devenu à 17 ans<br />

auxiliaire postal et j’ai réussi l’examen<br />

de fonctionnaire postal en uniforme<br />

le 2 juillet 1950 avec la note de<br />

5,19. Je m’en souviens parfaitement,<br />

car j’ai conservé tous les diplômes<br />

et documents importants, entre<br />

autres ma fiche de salaire de septembre<br />

1961. A l’époque, je gagnais<br />

718.90 francs par mois.<br />

« Quiconque travaille à La Poste<br />

fait aussi partie du syndicat », entendait-on<br />

lorsque j’ai été recruté par<br />

l’Union des PTT. Dès le début, l’idée<br />

de la communauté m’a plu. Voilà<br />

pourquoi je suis membre du syndicat<br />

depuis 70 ans. J’aime être au premier<br />

rang, je ne me cache pas. J’ai été,<br />

entre autres, chef de bureau et<br />

homme de confiance.<br />

Bien que je sois à la retraite depuis<br />

24 ans, je cotise toujours au<br />

syndicat, avant tout par solidarité<br />

avec les jeunes. Nous avons dû nous<br />

battre pour remporter quantité de<br />

victoires, il est donc important de<br />

continuer le travail entrepris ! Au début<br />

de ma carrière professionnelle,<br />

j’avais une semaine de vacances par<br />

an, à la fin j’en ai eu cinq. Notre lutte<br />

principale a toutefois été menée<br />

pour des augmentations salariales.<br />

Je me souviens aussi de nos services<br />

en trois parties dans une journée de<br />

travail.<br />

Pendant mes 45 années de service,<br />

je suis resté 34 ans au même<br />

poste, dans le même bureau : à l’office<br />

de poste 8040 à Zurich-Sihlfeld.<br />

Là j’ai connu ma femme de onze ans<br />

ma cadette. Elle était l’apprentie, et<br />

cela n’était pas bien vu à l’époque.<br />

J’ai été sous les ordres de cinq administrateurs<br />

postaux, tous ont été de<br />

bons chefs, et avec mes collègues<br />

aussi, l’entente était parfaite.<br />

Avant d’arriver à Sihlfeld, j’ai travaillé<br />

dans différents bureaux de<br />

poste. J’ai commencé au retrait des<br />

colis de la Sihlpost ; cette période a<br />

été difficile, car j’étais de service la<br />

nuit toutes les deux semaines et je le<br />

supportais mal pour des raisons de<br />

santé. Mettmenstetten a suivi, avec<br />

un détour par le service ambulant<br />

d’Olten en proie à une pénurie de<br />

personnel. La Poste m’avait trouvé<br />

une chambre et le salaire était même<br />

meilleur qu’à Zurich.<br />

Aujourd’hui, je suis fier de ce parcours<br />

et de mon engagement au syndicat<br />

depuis maintenant 70 ans ! »<br />

Espace web des retraité-e-s <strong>syndicom</strong> :<br />

pensionierte.<strong>syndicom</strong>.ch


Impressum<br />

Rédacteur en chef : Robin Moret<br />

Rédaction : Giovanni Valerio (IT) et Ulrike Krüger (DE)<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser et<br />

Gabriele Alleva<br />

Dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli SA,<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),<br />

Fr. 50.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Le numéro 28 paraîtra le 1 er avril 2022.<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 28 février 2022<br />

31<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

I<br />

II<br />

7<br />

III<br />

2 9<br />

IV<br />

6<br />

V<br />

VI<br />

5 4<br />

VII<br />

VIII<br />

3 10<br />

IX<br />

X<br />

Mot mystère :<br />

DÉFINITIONS<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

Horizontalement : I. Provenance. Militantes. II.<br />

Circonscriptions électorales. Souverains. III.<br />

Boulette. Parties de programmes. IV.<br />

Déduisait. Pour être net. À la fin de janvier. V.<br />

tranchent le gui. Aime l'action. Annonce de<br />

naissance. VI. Cabas. 12 kilos. VII. Très drôle<br />

! Pouvoir démocratique. Campagne bâloise.<br />

VIII. Diffuseur. Pas acquises. IX. Léser.<br />

Déliées. X. fournissent le duvet. De la matière<br />

grise. Petit visiteur.<br />

1 8<br />

Verticalement : 1. Ancien démocrate. 2.<br />

Palindrome raccourci. Devenu muet. 3.<br />

Sépare les couleurs. 4. À moitié dévêtu.<br />

Foyer. 5. Courants. Encore et encore. 6.<br />

Fringue. 7. Cargaison. En-dessous de la<br />

ceinture. 8. Répétition. Vassalisé. 9.<br />

Landsgemeinde. Petit Balladur. 10. Saouler.<br />

Refuge ou prison. 11. Choisi. Contre-attaque<br />

catholique. 12. Percuter. Issus. 13. Entre deux<br />

sphères. La Cour les rend masculines. 14.<br />

Tout. 15. Nazis. Aboie dans les bois. Réalisat.<br />

Les mots croisés<br />

Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra<br />

une Hotelcard offerte par notre partenaire<br />

Hotelcard. Prière d’envoyer votre<br />

solution (le mot-mystère seulement)<br />

jusqu’au 8 mars 2022 par e-mail à<br />

admin@<strong>syndicom</strong>.ch ou par courrier à<br />

Rédaction <strong>syndicom</strong>, Monbijoustrasse<br />

33, case postale, 3001 Berne.<br />

Une seule participation possible par<br />

membre.<br />

La solution du mots croisés du<br />

<strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> n° 26 était<br />

« BIEN COMMUN ».<br />

Le gagnant est Monsieur Michel Gaidon<br />

d’Aigle, qui recevra une pièce en argent<br />

offerte par notre partenaire la banque<br />

Cler. Chaleureuses félicitations !<br />

Annonce<br />

L’art au service<br />

des communautés<br />

Faites un don<br />

avec TWINT!<br />

Scannez le<br />

code OR avec<br />

l’app TWINT<br />

Confirmez e montant<br />

et le don<br />

CCP 14-331743-0 ou IBAN<br />

CH12 0900 0000 1433 1743 0<br />

Mention : Projet CAV<br />

www.e-changer.org/bresil<br />

Renforcez la résilience<br />

des artisanes du CAV<br />

Les habitant-e-s de la Vallée de Jequitinhonha<br />

au Brésil luttent avec notre organisation<br />

partenaire, le Centre d’Agriculture alternative<br />

- Vicente Nica (CAV) contre les effets<br />

néfastes de la monoculture d’eucalyptus sur<br />

les communautés et l’environnement.<br />

« Il est temps de chercher la force précisément dans ces<br />

hommes et ces femmes qui construisent cette région,<br />

mettent la nourriture sur nos tables, qui font de l’art un<br />

moyen de résistance » Fabiana Eugênio, coopér-actrice<br />

E-CHANGER.<br />

Soutenir le CAV, c’est appuyer des groupements d’artisanes<br />

dans leurs combats pour de meilleures conditions<br />

de vie pour elles et leurs familles.


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Stop Black Friday, une première<br />

victoire d’étape 24.12.2021<br />

Une surconsommation insensée,<br />

néfaste pour l’environnement et les<br />

travailleurs et travailleuses, pour celles et ceux qui<br />

livrent et produisent des marchandises, souvent dans<br />

les pays du sud. C’est pourquoi l’organisation Solidar<br />

Suisse a demandé à l’Association suisse des commerces<br />

de détail d’abolir la course aux soldes qu’incite le Black<br />

Friday. Elle lui a adressé une pétition munie de 29 000 signatures.<br />

solidar.ch<br />

Un bilan lourd 9.12.2021<br />

Encore une année sanglante pour la<br />

liberté de la presse dans le monde.<br />

En 2021, 45 journalistes ont été tués<br />

et 365 sont actuellement emprisonnés<br />

(plus d’une centaine en Chine)<br />

pour avoir exercé leur métier. La Fédération<br />

internationale des journalistes<br />

(FIJ) le dénonce dans son rapport<br />

annuel : <strong>syndicom</strong>.ch/opNlg<br />

Les multinationales du médicament se<br />

concentrent sur les bénéfices 6.1.2022<br />

Les réglementations de l’industrie pharmaceutique<br />

sont trop laxistes. Les pays du sud et les contribuables<br />

suisses en paient le prix.<br />

Public Eye dénonce cette situation dans une récente<br />

enquête.<br />

Télétravail, entre passé et futur 28.12.2021<br />

En raison de la pandémie, beaucoup sont passés au<br />

télétravail, rejoignant ainsi des millions de personnes<br />

qui travaillaient déjà à domicile, souvent<br />

dans des conditions indignes. L’Organisation internationale<br />

du travail en parle : ow.ly/bbOt50GL80q<br />

Délégations de <strong>syndicom</strong> au congrès 1.12.2021<br />

172 déléguées et délégués de toute la Suisse et de tous les<br />

secteurs se sont rassemblés pour poser les jalons de<br />

l’avenir du syndicat. Sept d’entre d’eux en rendent compte<br />

dans la vidéo : <strong>syndicom</strong>.ch/UvEaA<br />

Economie circulaire en Suisse 25.1.2022<br />

A l’occasion du National Demo Day du<br />

25 janvier, les 33 projets sélectionnés<br />

pour activer l’économie circulaire en<br />

Suisse ont été présentés virtuellement.<br />

Il y est question de villes intelligentes, d’agriculture, de<br />

mode, d’emballage ou de plateformes.<br />

Plus d’informations sur cetransition.ch<br />

Penses-tu que tout est OK ? 17.12.2021<br />

71 % de femmes ont déjà été victimes d’une forme de<br />

harcèlement dans l’espace public. Le pourcentage<br />

s’élève même à 86 % parmi les jeunes femmes. Mais<br />

elles ne sont que 5 % à dénoncer les violences subies<br />

aux autorités. La vidéo de la campagne britannique<br />

#IsThisOK met en évidence cette situation.<br />

Une seconde chance ? 29.11.2021<br />

Droits humains 6.1.2022<br />

Le Parlement a approuvé en automne la création d’une<br />

institution nationale des droits humains (INDH). Son rôle :<br />

veiller à la protection des droits humains au niveau national.<br />

La Suisse fait partie des derniers Etats européens à<br />

en avoir instauré une telle institution. Retrouvez tous les<br />

succès de l’année 2021 sur mn.st/6187J2kqz.<br />

Un nouveau vote se déroulera pour<br />

créer une représentation syndicale<br />

dans l’entrepôt Amazon de Bessemer,<br />

en Alabama. Selon le syndicat RWD-<br />

SU, le premier vote en avril (où les<br />

quelques participants ont voté non)<br />

avait été faussé par des intimidations<br />

de l’entreprise. Le recours a été accepté.<br />

Mais Amazon fera appel pour<br />

retarder le vote. rwdsu.info<br />

Pas touche à nos rentes ! 4.1.2022<br />

Reconnaître les fake news 24.12.2021<br />

Les partis bourgeois continuent à menacer nos<br />

rentes avec la contre-réforme AVS 21. Et les femmes<br />

en font les frais. Elles devront travailler une année<br />

de plus. AVS 21 est une attaque contre le système<br />

des rentes dans son ensemble. Signez donc maintenant<br />

le référendum : rentes-des-femmes.ch<br />

La désinformation sur le COVID-19 provoque<br />

des victimes et prolonge la pandémie. Raison<br />

pour laquelle les Nations Unies ont lancé le<br />

programme #PledgeToPause : il suffit de se<br />

poser cinq questions simples pour reconnaître des fake news<br />

avant de les partager sur les réseaux sociaux.<br />

instagram.com/p/CX3Qk7IITVT

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