COLLECT Belgique Mai 2022
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« Certaines maisons<br />
de vente n’ont pas<br />
toujours l’oeil ou<br />
l’envie de faire appel<br />
à des experts pour<br />
analyser un objet. »<br />
YANNICK DURAND<br />
MARCHANDS ET MUSÉES<br />
En Europe, on compte peu de marchands,<br />
mais de très beaux musées. La <strong>Belgique</strong>,<br />
plus particulièrement, n’a pas à rougir avec<br />
la collection Paul et Dora Janssen-Arts<br />
conservée au MAS d’Anvers et celle du<br />
musée Art et Histoire, à Bruxelles. Dans la<br />
capitale, la disparition du grand marchand<br />
Emile Deletaille a laissé un vide. Quelques<br />
galeries vendent des pièces d’art précolombien<br />
aux côtés d’objets d’art premier ou<br />
d’antiquités. C’est le cas de Serge Schoffel<br />
qui a récemment exposé à Paris, dans le<br />
cadre du salon Parcours des Mondes, un<br />
ensemble de quatorze figurines en terre<br />
cuite et en pierre issues de la culture<br />
méconnue de Timoto-Cuita, au Venezuela.<br />
Pour le galeriste, l’initiative, le travail et le<br />
choix d’un tel sujet est la démonstration<br />
de l’utilité du marchand d’art : « La profession<br />
est aujourd’hui stigmatisée comme<br />
participant à une spoliation généralisée,<br />
mais on oublie que si les œuvres brillent<br />
aujourd’hui dans les vitrines des musées et<br />
ont suscité le développement de nombreuses<br />
recherches donnant lieu à une littérature<br />
prolifique, c’est grâce à la passion,<br />
la grande curiosité, l’œil et l’instinct avertis<br />
des marchands et des collectionneurs. »<br />
Il faut dire que le marché de l’art précolombien<br />
est confronté depuis plusieurs<br />
dizaines d’années aux revendications des<br />
pays d’origines qui réclament de manière<br />
systématique le retour de tout patrimoine<br />
mis en vente, ce qui pousse tous<br />
les acteurs du marché à la plus grande<br />
prudence.<br />
TENSIONS ET REVENDICATIONS<br />
En France, tout objet mis en vente doit<br />
être consigné dans le registre de l’OCBC<br />
(Office central de lutte contre le trafic<br />
des biens culturels). Légalement, la pierre<br />
angulaire est la convention de l’UNESCO<br />
de 1970, mais aussi la date de sa ratification<br />
qui, pour les Etats-Unis, est de 1983,<br />
de 1994 pour la France et de 2003 pour la<br />
<strong>Belgique</strong>. « Il faut prouver, par des publications<br />
scientifiques ou des catalogues<br />
d’exposition, que les objets sont sortis<br />
de leur pays d’origine avant 1970. Et les<br />
personnes qui achètent en vente publique<br />
sont définitivement propriétaires de leur<br />
pièces», assure Jacques Blazy, expert en art<br />
Ornements d’oreilles avec mosaïque de l’oiseau-guerrier, Culture Mochica, 100 – 800 apr. J.-C., or, turquoise massive verte, turquoise, sodalite, nacre, coquille de<br />
spondyle, 10 x 9,9 cm. © Musée Larco, Lima, Pérou<br />
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