PREFIGURATIONS exhibition guide - FR

10 HISTOIRES DE TRANSFORMATION
CONTÉES PAR DE RÉELS PROJETS
D'ARCHITECTURE ET DE PAYSAGE
Une exposition sur
l'architecture et les transitions

PREFIGURATIONS est initié et produit par
Architecture Workroom Brussels, maison
d'innovation pour la transformation,
dans le cadre de La Grande Transformation
2020-2030, un environnement d'apprentissage
indépendant, un incubateur et un
programme public pour accélérer le placebased
system change. L'exposition et le programme
ont été mis en oeuvre en collaboration
avec le New European Bauhaus Festival,
la Biennale internationale d'architecture de
Rotterdam et Bruxelles2030, avec le soutien
des gouvernements flamand et bruxellois.
10 HISTOIRES DE TRANSFORMATION
CONTÉES PAR DE RÉELS PROJETS
D'ARCHITECTURE ET DE PAYSAGE
Commissaire
Hanne Mangelschots
Équipe de commissaires
Jasmien Wouters, Chiara Cicchianni,
Vincent Van Praet, Roeland Dudal
et Joachim Declerck
Coordination de production
Caroline Van Eccelpoel
Coordination du programme
Roeland Dudal, Chiara Cicchianni
Comité de sélection
Yves Deweerdt, Arie Lengkeek,
Véronique Patteeuw, Bram Vandemoortel,
Joachim Declerck et Hanne Mangelschots
Graphisme
studio de Ronners
Scénographie
Laura Muyldermans et Bas van den Hout
Réalisation
Casimir Franken, Kalliopi Dimitrakopoulo,
Lorenzo De Brabandere et Bas van den Hout
Rédaction
Patrick Lennon
Traduction
Malorie Moneaux
L'exposition aura lieu au Boulevard Pachéco 34,
1000 Bruxelles et sera visible du 9 juin au
13 juillet et du 20 août au 23 octobre 2022.
Cette exposition vous invite à explorer une
nouvelle façon de lire l’architecture. Sous la devise
de « La Grande Transformation », des économistes,
des sociologues, des experts en transition, des
concepteurs, des spécialistes du marketing et des
décideurs politiques ont élaboré un programme
réunissant dix types de projets permettant de
réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés
pour les décennies à venir. Cette exposition examine
dans quelle mesure les projets architecturaux et
paysagers actuels contribuent d’ores et déjà à ce
programme. Les trente-neuf projets construits ou à
construire de cette exposition sont les pièces d’un
puzzle qui vous emmènent dans un voyage pictural
à travers des lieux d’avenir potentiels. Ensemble,
ces projets constituent dix préfigurations,
qui annoncent ce à quoi pourraient ressembler nos
quartiers, nos espaces publics, nos infrastructures
sociétales et nos paysages dans cinq à dix ans.

Cette nouvelle perspective montre non seulement
la qualité des espaces, des matériaux et des
compositions de chaque projet individuel,
mais met également en lumière la façon dont
l’architecture et les paysages rendent possible
la nécessaire transition des énergies fossiles
vers les énergies renouvelables, mais aussi vers
un système alimentaire et de mobilité durable,
une économie circulaire, un cadre de vie solidaire
et un marché du travail inclusif. La composition
des projets sert de structure à un espace de
travail dans lequel nous discutons et projetons
des stratégies de conception et des typologies
architecturales, des coalitions sociétales et des
méthodes de maîtrise d’ouvrage. Collectivement,
nous développons un langage destiné à la pratique
de l’architecture et de la transition.
PORTRAITS
40
RUES POUR
LE CLIMAT
36
39
32
35
27
31
23
26
20
22
16
19
LOGEMENTS
ABORDABLES
TERRES
ALIMENTAIRES
COLLECTEURS
DE FLUX
COURS D’EAU
DE RÉTENTION
MOTEURS DE
QUARTIER
12
15
ATELIERS-
ÉCOLES
8
11
QUARTIERS
SOLIDAIRES
4
7
QUARTIERS
D’ÉNERGIE
1
3
DÉPÔTS
CIRCULAIRES

DÉPÔTS
CIRCULAIRES
En tant
qu’entrepreneur,
je travaille constamment avec des
matériaux de construction. Beaucoup de
choses ont changé ces dernières années sur
le marché de la construction. La réutilisation
des matériaux est devenue plus courante
grâce aux réglementations qui permettent
d’utiliser des matériaux recyclés, approuvés
sur le plan de la sécurité et de la durabilité,
notamment parce que le coût en CO₂ est
désormais directement inclus dans le
prix des nouveaux matériaux. Aujourd’hui,
je suis sur la route de bonne heure.
Avec ma camionnette
(électrique, depuis peu !),
je récupère un certain
nombre de pièces au
parc à conteneurs 1
pour les utiliser sur
un de mes chantiers.
Par le passé, nous nous contentions
de jeter des éléments tels que les tuiles,
les briques, les installations sanitaires et la
menuiserie dans le conteneur de déchets de
construction. Désormais, nous trions ce qui
peut être récupéré sur place. Et inversement,
aujourd’hui, lorsque j’ai besoin de quelque
chose, je vérifie d’abord si je peux le trouver
dans le parc à conteneurs, qui fait office
de véritable banque de matériaux.
En attendant le chargement des matériaux
que j’ai sélectionnés, j’observe des jeunes
glisser sur leurs skateboards dans le bowl.
Ils viennent traîner ici. Le bruit et l’odeur
du parc à conteneurs ne les dérangent pas.
C’est chouette de voir comment différentes
fonctions urbaines peuvent se conjuguer.
1 RECYPARK, Anderlecht
Le recyclage des déchets et des matériaux encadre de nouveaux espaces publics.
2016–2023, en chantier | conçu
par 51N4E | maîtrise d’ouvrage par
Bruxelles-Propreté
La transition vers une économie circulaire nécessite la
présence de lieux de collecte et de recyclage des matériaux
proches de la ville. Les centres de recyclage
nous apparaissent comme des lieux désolâtes, situés
en dehors de la société. Dans le cadre de la conception
de l’un des nouveaux centres de recyclage de Bruxelles,
51N4E cherche à renverser cette image en conférant au
parc de recyclage classique une fonction publique, en
l’occurrence via un skate park et un espace vert. Cette
juxtaposition des fonctions repose sur une proposition
faite par les architectes eux-mêmes. Ceux-ci ont en outre
suggéré de récupérer ailleurs l’auvent qui recouvrira ce
nouvel espace public. C’est dans un centre équestre de
Liège qui devait être démoli qu’ils ont trouvé la structure
adéquate, composée d’arches de 26 m de large en bois lamellé-collé.
Ces deux modifications du cahier des charges
confèrent au centre de recyclage un caractère urbain et
atténuent les représentations négatives associées au
recyclage des déchets.

Je me dépêche de
me rendre à mon
prochain arrêt –
j’ai rendez-vous dans
une usine de trans-
formation du bois
2 .
Pour la construction
d’un immeuble d’appartements
passif
à plusieurs étages –
l’un des premiers de
la ville –, nous travaillons exclusivement avec
du bois, et ici, ils peuvent m’aider à choisir
les bons matériaux. Ah, l’odeur du bois et la
lumière qui traverse l’impressionnant hall,
voilà pourquoi j’aime mon métier !
Comme il m’est impossible de transporter
tous les matériaux dans ma camionnette,
on m’envoie au centre de réception 3
pour organiser leur acheminement vers le
chantier. Le site est situé le long du canal,
de sorte que la majeure partie de la distance
peut être couverte par voie fluviale, jusqu’à
la ville. Grâce au réseau de dépôts circu-
laires, les habitudes
dans le domaine de
la construction ont
complètement
changé.
2 LAB15, Gand
Un nouveau langage architectural pour l’industrie manufacturière urbaine
2018–2020, réalisé | conçu
par GAFPA, Lab15 | maîtrise
d’ouvrage par Lab15
Afin de donner à l’industrie manufacturière une chance
de rester dans la ville tout en créant un environnement
urbain de qualité, il est nécessaire d’investir dans une
architecture industrielle de premier ordre. Le bureau d’architecture
gantois GAFPA a conçu un atelier pour Lab15,
une entreprise spécialisée dans la construction en bois qui
produit des panneaux de bois préfabriqués et des matériaux
d’isolation bio-écologiques utilisés dans les habitats
passifs et à basse consommation d’énergie. L’architecture
a permis d’élever le hangar vers une nouvelle typologie
industrielle avec une identité distincte. Au lieu de l’habituelle
charpente métallique, l’atelier est doté de poutres
hautes et inclinées en bois reposant sur une structure
de colonnes en béton. Le surdimensionnement des onze
sections permet une certaine flexibilité. Conçus à partir
de matériaux préfabriqués, tous les éléments peuvent être
réutilisés ultérieurement. Entre l’atelier de production et
les bureaux, un espace extérieur couvert a été créé, qui
sert non seulement de zone de chargement et de déchargement,
mais aussi d’endroit où les employés peuvent se
retrouver pour déjeuner, faire la fête ou prendre un verre
après une longue journée de travail.
3 VAN HOOREBEKE TIMBER, Gand
Les flux et activités logistiques définissent l’architecture d’un bâtiment d’accueil
2016–2018, réalisé | conçu par
TRANS architectuur I stedenbouw,
UTIL Struktuurstudies, Studiebureau
Boydens | maîtrise d’ouvrage par
Van Hoorebeke Timber
Si nous organisons notre économie de manière circulaire,
au lieu d’arriver stockés dans des conteneurs dans de
grands ports, les matériaux (recyclés) seront traités et
réexpédiés localement, de préférence par les voies navigables
intérieures. Un modèle qu’anticipe d’ores et déjà
Van Hoorebeke Timber, une société implantée le long du
canal reliant Gand à Terneuzen. À terme, le site pourra
approvisionner la ville en matériaux provenant de pays
producteurs de bois par voie fluviale. TRANS a été chargé
de concevoir le bâtiment d’accueil de cette entreprise
spécialisée dans l’importation et la transformation du
bois. La forme polygonale du bâtiment a été dictée par
les voies de circulation présentes sur le site de production.
La structure porteuse constituée de larges colonnes en
bois façonne les plans intérieurs et extérieurs. L’espace
extérieur couvert, équipé d’un feu de bois destiné aux
camionneurs qui attendent, devient un lieu de rassemblement
de haute qualité au cœur du trafic logistique,
démontrant qu’un site de production comme celui-ci ne
doit pas nécessairement être inhospitalier ou générique.

QUARTIERS D’ÉNERGIE
J’ai été sous le
choc lorsque
j’ai appris que
la commune avait
l’intention de couper
l’approvisionnement
en gaz de mon
quartier en 2030.
Je savais que nous ne pouvions pas
continuer à dépendre des combustibles
fossiles pour chauffer nos maisons et j’ai
conscience que nous devons réduire les
émissions de CO₂ à zéro. Mais soudain,
ces objectifs abstraits sont devenus très
concrets : mon quartier a été choisi
pour être l’un des premiers sites d’essai,
un pionnier à l’échelle européenne,
car un programme de rénovation urbaine
y était de toute façon prévu. Cela permet
de combiner divers investissements et
dynamiques. C’est rassurant de savoir que
le gouvernement est prêt à soutenir ma
transition vers les énergies renouvelables.
Toutefois, dans un premier temps, mon
appartement – qui se trouve dans un
immeuble de plusieurs étages –
doit être rénové, afin d’éviter
que la précieuse chaleur à basse
température qui y entrera soit tout
simplement perdue. Je reçois toutes
les informations dont j’ai besoin par
le réseau de l’école 4 de mes enfants.
C’est chouette de voir comment les enfants
sont sensibilisés au système énergétique
et à la transition que nous traversons.
4 LEAP DAKPARKSCHOOL, Rotterdam
Une école comme catalyseur pour impliquer les rues environnantes
dans la transition énergétique
2020–2021, recherche | conçu
par OOZE architects & urbanists
| maîtrise d’ouvrage par IABR
International Architecture
Biennial Rotterdam
Le quartier de Bospolder-Tussendijken à Rotterdam est
l’une des cinq zones les plus pauvres des Pays-Bas. Il
possède toutefois un tissu social vivant. De nombreux réseaux
familiaux et informels solides offrent à ses habitants
un filet de sécurité lorsqu’ils sont en difficulté. L’annonce
de la création d’un réseau de chaleur privé dans le quartier
a suscité le développement d’une approche alternative
qui permettrait aux résidents de devenir copropriétaires :
le Local Energy Action Plan, ou plan local d’action pour
la gestion énergétique. L’un des projets pilotes de ce
plan est le réaménagement de la « Dakparkschool » et
de sa cour intérieure, qui pourrait servir d’exemple pour
d’autres bâtiments (publics) du quartier. La rénovation du
bâtiment de l’école, l’installation de panneaux solaires et
la perméabilisation de la cour de récréation servent de
matière pour les cours orientés sur l’avenir des élèves,
mobilisant ainsi leurs parents et voisins dans la transition
énergétique. OOZE a développé cette stratégie de
conception spatiale, financière et organisationnelle dans
le cadre de la Biennale internationale d’architecture de
l’Atelier Rotterdam entre 2018 et 2021.

120
24,6 81,3 15,7
100,8
280
Brandbeschermende plafondbekleding
Terrasscheidingen met figuurglas, opengaand in twee richtingen ifv vluchtweg
Nieuwe aluminium schuifraamgehelen
Glazen balustrade
Waterdichting en houten terrasafwerking op terrasdragers
Terrasplaat in CLT op stalen consoles, brandwerend geverfd
Isolerende brandscheiding ter hoogte van de vloerplaat
p r o j e c t
o p d r a c h t g e v e r
a r c h i t e c t
GEVEL- EN TERRASRENOVATIE VME BRABO I
Charles de Costerlaan 2-10,
2050 Antwerpen
VME Brabo I
Charles de Costerlaan 2-10
Syndicus: Trigon Beheer - Britt Muyldermans
GEVELINZICHT IR-ARCHITECTEN
Bolwerkstraat 22, 2018 Antwerpen
contactpersoon: Joni Staljanssens
NOOT: ALLE AFMETINGEN ZIJN DOOR DE UITVOERDER VOORAFGAAND DE WERKEN TER PLAATSE TE CONTROLEREN.
n a a m
s c h a a l
d a t u m
f a s e
g e t e k e n d
Dwarssnede door terras voorgevel
1:20
30.05.2022
AANBESTEDING
RK
En tant que parent, cela nous permet
d’apprendre indirectement également !
Une coopérative 5 va être mise en place
pour fournir de la chaleur à tout le quartier,
et j’ai décidé de
devenir actionnaire
du réseau
de chaleur.
Cela permet aux
voisins de se
rapprocher les
uns des autres ;
nous nous entraidons et nous discutons des
avantages éventuels de la mise en œuvre
de la nouvelle infrastructure énergétique
souterraine pour l’espace public. Un coach
en rénovation 6 m’a rendu visite pour
établir un plan spatial et financier pour la
rénovation totale de mon immeuble avec
mes copropriétaires. L’ensemble de la
façade sera rénové et une terrasse
supplémentaire sera ajoutée.
L’investissement n’est pas
bon marché, mais les
conditions de prêt
rendent le projet
réalisable.
5
DE NIEUWE DOKKEN, Gand
Les habitants d’un quartier deviennent copropriétaires
de leur infrastructure énergétique
2018–2025, en chantier | conçu
par Schipperskaai, Stéphane Beel
Architects, BLAF architecten,
DENC!-studio, ONIX, RONT,
PAUWELS, ELD, ANTEA, DuCoop,
sogent | maîtrise d’ouvrage par
Schipperskaai Development NV
De Nieuwe Dokken (les nouveaux docks) est un quartier
résidentiel de grande envergure situé à l’est du
Handelsdok, principalement destiné à la classe moyenne
supérieure, mais comprenant 20 % de logements sociaux
et 20 % d’appartements à bas prix. Ce quartier affiche
un modèle énergétique intéressant. Une coopérative
exploite un réseau de chaleur et d’eau avec des circuits
fermés pour la chaleur, l’eau et les déchets. En achetant
un logement dans ce quartier, les habitants deviennent
automatiquement actionnaires de l’infrastructure énergétique
locale. Cela leur donne droit à une part des bénéfices
de l’investissement sous la forme d’une réduction des
coûts énergétiques. Le réseau de chaleur coopératif qui
fournit les 400 appartements est alimenté par la chaleur
résiduelle d’une usine voisine (2/3) et par la chaleur des
eaux résiduelles récupérées localement (1/3). En outre,
des panneaux solaires sont installés sur un maximum de
bâtiments. Grâce à une batterie de quartier, ils alimentent
en permanence les pompes à chaleur et les bornes de
recharge des voitures. En ce qui concerne l’électricité
domestique, les habitants choisissent leur propre fournisseur,
avec la possibilité de réaliser des achats groupés
à des tarifs avantageux.
6 BRABO I, Linkeroever (Anvers)
Un bureau d’architectes fait office de médiateur afin d’impliquer
les habitants dans une stratégie de rénovation
49,3 92,7 20
2018–en cours, mise en oeuvre |
conçu par Gevelinzicht, Tecon,
FVWW, Bollinger-Grohmann |
maîtrise d’ouvrage par VME Brabo I
L’ensemble de notre parc immobilier existant devra être
rénové si nous voulons nous affranchir des énergies fossiles.
La structure actuelle des syndicats de copropriétaires
des immeubles d’appartements permet de prendre
de telles décisions collectivement, mais cela ne signifie
pas pour autant qu’il soit aisé de convaincre chacun des
propriétaires. Dans l’immeuble d’appartements Brabo
I, situé dans le quartier Linkeroever à Anvers, 150 propriétaires
privés ont uni leurs forces, avec le soutien de
la Ville, pour mettre en œuvre une vaste stratégie de
rénovation. Un groupe de travail comprenant le bureau
d’architectes Gevelinzicht et l’expert technique Tecon a
été désigné pour assister les résidents lors des soirées
d’information, identifier les défauts du bâtiment, proposer
des scénarios techniques et financiers et élaborer un plan
pluriannuel équilibré. L’aspect financier, en particulier,
s’est avéré être un obstacle. La rénovation de la façade
et des terrasses s’élevait à 4 millions d’euros, somme que
les propriétaires devaient payer de leur poche. Quatrevingt-huit
pour cent des propriétaires ont voté en faveur
des travaux ; ceux qui ne l’ont pas fait ont dû contribuer
ou vendre leur appartement. Une rénovation totale a dès
lors pu être réalisée, avec des avantages concrets pour
les utilisateurs en matière de qualité et de confort : les
terrasses ont par exemple été agrandies et l’ensemble du
bâtiment a complètement changé d’apparence.

J’en profite également
pour apporter à mon
appartement un
certain nombre de
changements que
j’avais prévus depuis
longtemps. Mon architecte me suggère une
approche différente pour le bureau et la salle
de jeux des enfants : en ne les chauffant plus,
je réalise des économies et je crée un
climat intérieur-extérieur naturel. 7
Après la rénovation des appartements,
ce sera le tour des maisons individuelles,
qui seront rénovées rue par rue, puis
raccordées au réseau de chaleur depuis
des trous de sonde collectifs. L’approche
énergétique par quartier permet d’accélérer
et de combiner les investissements.
QUARTIERS
SOLIDAIRES
Le dimanche matin, je rends
visite à ma grand-mère dans
la maison de soins où elle
vit, tout près d’ici. Je suis
contente qu’elle ne se soit
pas retrouvée dans un endroit
isolé, mais dans l’un des foyers intégrés au
quartier. Cela signifie qu’elle peut continuer
à vivre de manière raisonnablement indé-
pendante, et elle apprécie manifestement
toujours sa routine
quotidienne.
7 VERBIEST, Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles)
Une rénovation qui remet profondément en question les habitudes
2017–2020, réalisé | conçu par
AgwA, JZH&Partners | maîtrise
d’ouvrage privé
La maison unifamiliale et atelier d’artiste Verbiest, dans la
commune bruxelloise de Molenbeek, est un bel exemple
de la manière dont une conception alternative des espaces
de vie peut encourager les habitants à adopter des habitudes
et des comportements différents leur permettant
de réduire leur consommation énergétique. Au lieu d’envelopper
l’ancien entrepôt dans du polyuréthane, l’architecte
– qui est également le propriétaire et l’occupant de
la maison – a opté pour une approche low-tech, qui, après
des calculs minutieux, présente un impact maximal. Seules
les pièces essentielles de l’espace de vie sont chauffées :
la cuisine, la salle de bains, un petit salon et les chambres.
Entre celles-ci apparaissent des espaces qui évoluent au
gré des saisons : un bureau, un coin salon supplémentaire,
un jardin d’hiver. La structure massive du bâtiment industriel
d’origine conserve la chaleur en automne et se révèle
d’une agréable fraîcheur au printemps. Ou comment la
volonté de briser des habitudes bien ancrées peut entraîner
des situations gagnant-gagnant en matière d’énergie
et de qualité !

Je sonne à la porte de la résidence du
médecin désormais reconvertie 8 ,
où elle vit avec neuf autres personnes.
C’est une de ses colocataires qui ouvre
la porte, et même si je viens ici chaque
semaine, elle ne me reconnaît pas.
Avant que je puisse dire quoi que ce
soit, j’entends ma grand-mère crier :
« Laisse-la entrer, c’est ma
petite-fille ! » J’entre dans
la cuisine et je la trouve
en train de cuisiner.
Après le dîner, nous
nous promenons sur
le domaine.
Nous passons devant une villa historique 9
près de laquelle une de ses amies boit
une tasse de thé, assise sous une pergola.
Ici, les bâtiments sont
tous différents ;
ma grand-mère ne se
perd jamais. En même
temps, les bâtiments
possèdent tous une
atmosphère typique
et accueillante,
ce qui fait que les
gens s’y sentent bien.
8 HUIS PERREKES, Oosterlo
Une maison de soins intégrée dans un environnement quotidien
2018, réalisé | conçu par NU
architectuuratelier | maîtrise
d’ouvrage par Huis Perrekes vzw
Le complexe immobilier Huis Perrekes a été réaménagé
afin de donner à l’établissement de soins une connotation
« humaine » plutôt que de suivre des normes médicales.
Résultat ? Une maison ordinaire se dresse dans une rue
ordinaire d’un village belge ordinaire, habitée par des
personnes présentant différents stades de démence. NU
architectuuratelier a conçu la villa du médecin, son extension,
le pavillon de jardin et le jardin central comme quatre
éléments distincts permettant aux résidents de s’orienter
de manière autonome. Dans la cuisine ouverte de la villa,
les résidents et leurs visiteurs préparent des plats qu’ils
peuvent ensuite partager autour de tables fabriquées sur
mesure. Un espace extérieur couvert jouxte la cuisine.
Une atmosphère accueillante et familière règne dans la
maison du médecin d’origine, qui abrite les appartements.
Dans le jardin, le nouveau pavillon offre de l’espace pour
les résidents, mais aussi pour d’occasionnelles activités
villageoises et de garderie. À mesure que le monde des
résidents se rétrécit, l’espace public s’étend.
9
33
ZORGBUURT DE KORENBLOEM, Courtrai
L’ancien et le nouveau, le privé et le public s’entremêlent
dans un complexe de soins de proximité
2013–2021, réalisé | conçu par
Sergison Bates Architects, Studio Jan
Vermeulen, Tom Thys Architecten,
Buro Groen | maîtrise d’ouvrage par
De Korenbloem VZW
De Korenbloem est un complexe de soins à l’est du
centre-ville de Courtrai. Il s’agit de l’un des projets pilotes
« Invisible Care » du bouwmeester flamand. Il découle de
recherches approfondies sur la manière de mieux intégrer
les soins dans notre société. Le projet vise à faire tomber
les barrières séparant les soins de la société en ouvrant
deux villas historiques rénovées du complexe de soins
aux activités et associations de quartier. La conception
de Sergison Bates, Studio Jan Vermeulen et Tom Thys
Architecten se compose de deux parties reliées par un
grand jardin. Deux bâtiments historiques – une villa art
déco et une maison de campagne néoclassique situées
aux extrémités du complexe – abritent les crèches et les
services de proximité. Deux nouveaux bâtiments abritant
les unités destinées aux utilisateurs permanents
reprennent chacun certains éléments spatiaux des deux
villas et font le lien entre la rue et la partie intérieure. Huit
à dix résidents partagent chaque appartement, un niveau
intermédiaire entre leur propre chambre et l’ensemble
du complexe. Les balcons, les pergolas, les auvents et
les abris de jardin rappellent les bâtiments d’origine et
jouent le rôle de médiateur entre l’intimité du bâtiment
résidentiel et son environnement.

Dans le centre de services 10 , un peu plus
loin, nous prenons place autour d’une table
pour faire une pause. Il y a toujours de la
vie, ici : les gens choisissent un livre dans la
bibliothèque et s’installent avec une boisson.
Ce lieu est un carrefour où des personnes
âgées et des jeunes
se rencontrent.
Sur le chemin du retour, nous traversons
le grand jardin 11 du domaine, entouré
par l’ancien mur du monastère. Des adolescents
s’y allongent dans l’herbe et des
familles viennent y pique-niquer. C’est un
espace partagé qui fait office de place de
village pour le quartier. On s’embrasse
avant qu’elle ne retourne à l’intérieur
pour commencer à préparer le
souper. C’est rassurant de savoir
qu’elle reçoit des soins tout
en continuant à faire
partie de la société,
qu’elle vieillit
dans la dignité.
10 GODSHUIS, Sint-Amands
A service centre as a meeting point between care home and village
2021–en cours, Mise en oeuvre |
conçu par OFFICEU architects,
atelier horizon | maîtrise d’ouvrage
par OCMW Puurs-Sint-Amands
L’ancien hospice de Saint-Amand était une institution charitable
où l’on s’occupait des personnes précarisées, personnes
malades, personnes âgées ainsi que des orphelins.
S’appuyant sur cette identité passée, la commune et
le Centre public d’action sociale de Puurs-Sint-Amands
souhaitent y héberger un service central d’accueil, des
services communaux, une bibliothèque et un centre de
services de proximité. L’hospice sera restauré à son ancienne
gloire et un nouveau volume, conçu par OFFICEU
et atelier horizon, sera ajouté au centre. Grâce à une
série d’ouvertures dans les murs, les petites pièces du
bâtiment historique seront ouvertes pour former de plus
grands espaces communautaires interconnectés. Deux
jardins intérieurs se nichent dans les coins des différents
bâtiments. Le réaménagement de l’hospice permettra
d’établir une connexion avec le centre de soins résidentiels
attenant. Le centre de services deviendra ainsi un lieu
où les personnes âgées du centre de soins et les villageois
peuvent se rencontrer spontanément.
11 ZONNELIED, Eizeringen (Dilbeek)
Le jardin-prairie d’une maison de soins devient la nouvelle place du village
2014–2021, réalisé | conçu par
MADAM architectuur, ZAmpone
architecten | maîtrise d’ouvrage par
VZW zonnelied
Située au cœur du paysage agricole du sud-ouest de
Bruxelles, Lennik abrite le campus d’Eizeringen, qui accueille
une école – dans l’ancien bâtiment du monastère –,
une garderie et une crèche. Récemment, ZAmpone et
MADAM architectuur ont complété cette offre avec un
foyer résidentiel pouvant accueillir dix-huit personnes
souffrant de troubles mentaux graves ainsi que deux
foyers résidentiels destinés aux personnes souffrant de
troubles mentaux et physiques légers. La conception
consiste en deux volumes incurvés placés l’un sur l’autre,
fournissant une structure à l’ensemble des bâtiments du
campus. Au rez-de-chaussée, le volume se plie latéralement
pour faciliter le passage de la route de liaison qui
traverse le terrain, tandis qu’au premier étage, il s’appuie
sur la crèche actuelle. Le bâtiment joue sur différents
niveaux du mur de l’ancien monastère qui entoure le
campus et sert de lien à l’ensemble du site. Le jardin et
le pâturage sont ouverts sur le voisinage et font office
de place de village couverte.

Après des
années de galère
sur le marché du
travail, j’ai décidé de
changer radicalement de
carrière. Avec ma start-up qui
conçoit des textiles biodégradables,
je loue depuis peu un espace de travail
dans une maison de l’innovation 12 installée
dans une ancienne centrale électrique qui
est aujourd’hui moteur de la transition
économique. Alors que les espaces
sont souvent impayables dans
de nombreux endroits, les
organisations qui démarrent
leurs activités trouvent ici
leur place.
ATELIERS-ÉCOLES
L’écosystème
qui
s’est développé
entre les jeunes et les
plus expérimentés – tous
des gens passionnés – nous a
permis de faire grandir nos idées et notre
modèle d’entreprise. À la machine à café,
je rencontre des personnes intéressantes
d’autres secteurs qui attirent mon attention
sur des risques et des opportunités
auxquels je n’avais pas pensé.
12 INNOVATION POWERHOUSE, Eindhoven
Exchange between companies and organizations in a creative hub
2015–2018, réalisé | conçu par Atelier
van Berlo, Eugelink Architectuur,
De Bever Architecten | maîtrise
d’ouvrage par GEVA Vastgoed
Innovation Powerhouse est une ancienne centrale d’énergie
de Philips inutilisée depuis plusieurs années et dont
la ville d’Eindhoven avait ordonné la démolition. À la recherche
d’un nouveau siège, l’agence d’innovation axée
sur le design van Berlo s’est alors attelée à la transformation
du bâtiment. Pendant quatre ans, ils ont milité
pour la préservation et la transformation de l’usine et ont
travaillé en étroite collaboration avec le promoteur afin
de concrétiser le projet. Aujourd’hui, ce lieu est l’environnement
de travail d’une douzaine d’organisations technologiques,
qui bénéficient dès lors de l’opportunité de
se rencontrer, de s’inspirer mutuellement et de stimuler
l’innovation. La conception s’articule autour d’un passage
commun sous la forme d’une rue qui s’étend d’un bout
à l’autre du bâtiment. Tous les bureaux sont disposés le
long de ce passage central, leurs parois vitrées contribuant
à renforcer le sentiment de connexion. Offrant
également des espaces aux résidents locaux, le résultat
est un espace hybride qui est devenu l’un des noyaux de
la vie du quartier. Innovation Powerhouse a joué un rôle
de catalyseur dans le réaménagement de l’ensemble de
Strijp-T, un quartier dédié à l’innovation situé au cœur du
Brainport d’Eindhoven.

L’atelier fait partie
d’un véritable
quartier
productif 13 où
cohabitent divers
producteurs, personnes
créatives et entreprises. Le
site était autrefois un chantier
de réparation de trains et les anciens
hangars ont été entièrement rénovés
afin que les cultures manufacturières
historique et moderne puissent fusionner.
Il existe plusieurs endroits dont la fonction
n’a pas encore été définie, de sorte que les
personnes qui arrivent avec de nouveaux
besoins en matière d’espace puissent les
occuper de manière flexible.
Pour l’un de nos projets, je fais un usage
intensif du fablab 14 présent sur place.
Un habitué m’explique le fonctionnement
des différentes machines. Il est aussi
possible d’y suivre des cours, mais j’aime
apprendre d’une manière plus informelle.
Ce qui est bien, c’est que les outils ne
sont pas uniquement utilisés par des
professionnels, mais aussi
par des étudiants et
des amateurs du
quartier.
13 MAKERSWIJK ARSENAAL, Gentbrugge
Un ancien chantier de réparation devient un nouveau quartier productif
2020–2021, recherche | conçu par
TRANS architectuur stedenbouw,
RE-ST, Idea Consult, Cluster
Landscape | maîtrise d’ouvrage
par la Ville de Gand
Le site de l’Arsenaal à Gentbrugge, d’une superficie de 12
ha, était depuis 1926 un chantier de réparation appartenant
à la société ferroviaire NMBS-SNCB. Le chantier est
resté inoccupé pendant plusieurs années avant que la Ville
de Gand ne commande une étude conceptuelle visant à
revaloriser le site en tant que nœud urbain. La proposition
soumise par TRANS, RE-ST, Idea Consult et Cluster présente
le site comme un quartier de faiseurs, un écosystème
pour les entreprises et le voisinage. Les hangars existants
et leur valeur patrimoniale sont mis en avant. Des formes
de gestion flexibles sont envisagées, et le modèle économique
est développé en fonction de la viabilité du concept.
Un aspect important est l’attention portée à l’« espace
blanc » pouvant accueillir des programmes temporaires.
De nombreuses organisations culturelles et civiques sont
en effet désireuses de faire partie de l’aventure. Elles s’y
verront attribuer une place dans le cadre de l’occupation
temporaire entre 2022 et 2025, qui sera gérée par Re-Vive.
Les utilisateurs temporaires attendent avec impatience le
plan directeur définitif qui sera élaboré par le promoteur
privé qui a acheté le site aux enchères.
14 TIMELAB, Gand
Un lieu de travail flexible pour un micro-écosystème urbain
2017–2021, réalisé | conçu par a2o |
maîtrise d’ouvrage par Timelab
À Gand, Timelab est un micro-écosystème d’activités d’apprentissage
et de production intégré dans un quartier
résidentiel. Composé d’un espace de coworking, d’un
laboratoire de prototypage, d’un auditoire, d’un bar, d’un
jardin commun ainsi que de plusieurs studios, un nouveau
système de production et de consommation locales y est
en cours d’expérimentation. Dans leur conception, les
architectes ont tenu à restaurer la structure porteuse
vieillissante de l’ancienne usine. Ce faisant, ils ont utilisé
ce qu’ils décrivent eux-mêmes comme un procédé d’« acupuncture
architecturale ». À l’avant, ils ont découpé une
partie du bâtiment afin de rompre avec le caractère fermé
de l’usine et de donner à l’ensemble une apparence plus
accessible et plus accueillante. Dans l’espace intérieur, ils
ont dégagé le jardin et perforé la façade à des endroits
stratégiques. Ces interventions quasi chirurgicales restent
radicalement visibles, telles des cicatrices.

Lorsque la date d’une livraison approche,
certains d’entre eux nous donnent un coup
de main pour finaliser les commandes.
L’écosystème ainsi créé joue un rôle en
tant qu’environnement d’apprentissage
et de test pour les entreprises présentes
sur le site, mais nous avons également
le sentiment de faire réellement partie
du voisinage. De nouvelles approches
circulaires autour de l’eau, de l’alimentation
et des matériaux sont testées avec les
résidents du quartier.
Notre entreprise bénéficie également des
conseils d’un des experts du hub impact
coopératif 15 du site. Celui-ci soutient les
initiatives à but lucratif et non lucratif qui
rendent notre économie plus circulaire.
Comme ce lieu a été cofinancé par la Ville
et un fonds de citoyens, on y retrouve
une vraie dynamique communautaire.
Ces hubs d’apprentissage et de fabrication
permettent aux gens d’acquérir les
compétences des emplois d’avenir et d’être
guidés vers celles-ci . En conséquence,
le chômage a sensiblement diminué dans
la région ces dernières années.
15 IMPACT FACTORY, Malines
Un hub circulaire, cofinancé par les citoyens
2021–en cours, avant projet |
conçu par WIT architecten (team
1), Enofstudio, Petillon Ceuppens
(team 2), Kras, Mosard, Provoost
(team 3), Ouest, Bob McMaster
(team 4) | maîtrise d’ouvrage par
Stadsmakersfonds
L’Impact Factory, située dans le centre de Malines, est un
terrain fertile dédié aux initiatives circulaires et à l’entrepreneuriat.
Les bâtiments abritent d’ores et déjà une bibliothèque
partagée renfermant des outils pour la maison
et le jardin, des ordinateurs portables et des graines, ainsi
qu’une organisation qui fait pousser des champignons sur
du marc de café, un studio de mode circulaire et le département
de mode d’Ursulinen Mechelen. La rénovation à
venir ambitionne d’ajouter à cet espace 150 à 200 postes
de travail supplémentaires dans des espaces de formation,
de coworking, de production et de laboratoire. Sur
place, les entrepreneurs recevront le soutien de l’agence
d’innovation Switchrs. L’objectif est de donner aux habitants
de la ville la possibilité de co-investir dans ce projet
local et durable en tant que membres de la coopérative.
Le Stadsmakersfonds (un fonds coopératif de citoyens)
et l’administration communale, copropriétaires du site,
ont lancé un appel d’offres pour le projet de rénovation,
avec pour exigence que le nouveau bâtiment soit circulaire
dans le choix de ses matériaux et de ses méthodes de
construction. Parmi quatre projets, c’est la proposition
de WIT architects qui a été retenue.

MOTEURS DE QUARTIER
La ville est en
effervescence lorsque
je quitte le centre administratif de la
commune et que je commence ma tournée
dans le quartier. Les gens que je rencontre
dans la rue me saluent. Ils me connaissent
grâce à ma casquette de travailleur des
services communautaires via les différents
projets que nous avons mis en place
ensemble dans le quartier. Avec la Ville,
nous soutenons les organisations formelles
et informelles et les lieux qui favorisent la
solidarité locale et l’inclusion, les endroits
qui créent du lien. Nous avons observé qu’il
est tout aussi important d’investir dans les
infrastructures sociales que physiques.
Dans le cadre du festival des arts 16 ,
de la ville, j’ai invité des artistes à
accompagner un groupe de jeunes qui ne
disposaient pas d’un lieu qui leur soit propre.
C’est inspirant de les voir s’approprier un site
abandonné à partir de leurs premières idées
folles dans le cadre de ce projet. Quelques
adolescents assemblent une cuisine,
accompagnés d’un coach en
construction. En le faisant
eux-mêmes, leur
confiance en eux
et leur sentiment
d’appartenance
ont manifestement
augmenté !
16 HOUSE OF TIME, Bruges
Le centre historique de la ville crée de l’espace pour colorier en dehors des lignes
2017–en cours, réalisé | conçu par
raumlaborberlin, Brugge(n) voor
jongeren | maîtrise d’ouvrage par
Triënnale Brugge
Bruges a toujours été une ville d’art et de patrimoine mondial.
Son célèbre passé historique attire chaque année des
millions de touristes, ce qui exerce une pression énorme
sur sa viabilité. La ville veut se défaire de son image de
parc d’attractions et rendre de l’espace non seulement
aux visiteurs, mais aussi aux résidents. L’initiative temporaire
« House of Time » a révélé un besoin urgent d’un
espace partagé de création, d’échange et de rencontre
dans le centre de Bruges. Dans le cadre de la Triennale de
Bruges 2018, un ancien site industriel et de docks a été
transformé en collaboration avec la communauté locale,
des jeunes, des travailleurs sociaux, des artistes et des
résidents. Le thème « Liquid City » a exploré le concept
de flexibilité et de résilience de la ville dans une société
liquide. Le collectif d’architectes berlinois Raumlabor a
lancé un processus de co-création afin de construire un lieu
qui permette aux utilisateurs de façonner collectivement
leur ville. Le site dispose désormais d’un studio intérieur
et extérieur, d’une yourte, d’une cuisine dans un bunker et
d’un conteneur faisant office de bar polyvalent. Ce qui était
initialement un projet de réaménagement temporaire est
devenu permanent en raison de sa grande valeur locale en
tant qu’infrastructure communautaire culturelle.

Ils ont été tellement stimulés par le
processus de fabrication qu’ils créent
désormais aussi des meubles pour
l'église reconvertie 17 plus loin
sur la route. C’est là qu’aura lieu
le rassemblement de quartier.
Je discute avec un couple de
personnes âgées qui s’y rend
encore pour assister à la messe
du soir. Il leur a fallu un certain
temps pour se faire à l’idée que
cet endroit deviendrait également
une salle polyvalente et une
bibliothèque. Mais lorsqu’ils
retrouvent leurs petits-enfants
à la sortie de la bibliothèque, ils se
rendent compte que cette intervention
n’a pas seulement permis de sauver le
bâtiment classé de la détérioration :
elle a réellement ravivé l’importance de
ce site aux yeux de la communauté.
Après l’assemblée, je mange mon
sandwich dans le parc de
voisinage 18 du quartier
adjacent.
17 SINT CORNELIUS KERK, Aalbeke (Courtrai)
Reconvertir le patrimoine symbolique en vue d’accueillir une société en transition
2018–en cours, en chantier | conçu
par urbain architectencollectief,
Sileghem & Partners, Tech3,
De Fonseca, Feys BV | maîtrise
d’ouvrage par la Ville de Courtrai
Les églises ont toujours été des centres communautaires
importants dans nos villes et villages. Aujourd’hui, si elles
sont toujours au centre de la vie des communautés religieuses,
elles offrent également la possibilité de répondre
aux besoins d’une société en pleine mutation. L’église
Saint-Cornelius de Courtrai, un lieu symbolique, se voit
revaloriser dans le cadre d’un nouvel espace public à
Aalbeke (Courtrai). Le projet a été commandité par la Ville
de Courtrai à l’issue d’un processus participatif impliquant
le conseil de l’église, la paroisse, le Centre public d’aide
sociale, les associations, les services communaux et les
habitants. Le plan directeur, conçu par Urbain, prévoit le
réaménagement de l’église, reliée au centre de rencontre
polyvalent du bâtiment abritant le Centre public d’aide sociale.
La conception associe un espace liturgique plus petit,
pouvant accueillir jusqu’à quatre-vingts personnes, à une
école de musique et une bibliothèque, donnant ainsi à l’espace
une nouvelle valeur pour toutes les générations. Ce
lieu qui était autrefois le cadre de baptêmes, de mariages
et de funérailles acquiert ainsi une nouvelle signification
au sein de la communauté et sera associé à de nouveaux
souvenirs. Saint-Cornelius redevient le visage d’Aalbeke,
non seulement dans un contexte religieux, mais aussi en
tant que mascotte du village.
18 DE STANDAERTSITE, Ledeberg (Gand)
L’intérieur d’un îlot urbain devient un espace communautaire à l’initiative du quartier
2015–2021, réalisé | conçu par
AE, Carton123, murmuur |
maîtrise d’ouvrage par sogent,
la Ville de Gand
Fin 2013, la Ville de Gand a acheté le terrain de l’ancien
magasin de bricolage Standaert dans le centre de
Ledeberg. L’initiative des habitants « Ledeberg Doet het
Zelf » a ouvert le bal en organisant un référendum sur
l’avenir du site du Standaert. Un processus participatif
d’utilisation temporaire a alors été mis en place avec les
citoyens et les organisations du quartier afin d’évaluer
les possibilités d’usage du site. Ce processus a permis de
définir un plan directeur et de poser des questions très
pointues en matière de conception. En réponse à cela, la
coalition de concepteurs composée de ae architecten,
Carton123 et murmuur a proposé de transformer l’ancienne
scierie située de l’autre côté du site en un pavillon
central, avec un passage reliant les espaces extérieurs
de part et d’autre. L’utilisation de l’espace intérieur a été
déterminé par les citoyens et la communauté locale : au
rez-de-chaussée, un atelier de réparation de vélos et
une auberge, au premier étage, un espace destiné aux
associations de quartier. Les bancs situés le long du mur
extérieur invitent les passants à s’asseoir sans devoir
nécessairement consommer quelque chose.

Des riverains engagés qui y tiennent un bar
ont demandé s’il était possible de construire
un auvent dans le jardin afin que le lieu
puisse également être utilisé par mauvais
temps. Cet îlot intérieur était autrefois
entièrement bâti, mais c’est aujourd’hui un
espace verdoyant, qui est devenu indispensable
pour celles et ceux qui n’ont pas de
jardin et qui recherchent des
contacts sociaux.
Avant de terminer mon service, je fais un
saut dans le hall temporaire 19 installé
à côté de la gare. Une nouvelle zone
résidentielle abordable va être construite
le long des voies. Comme les organisations
travaillent d’ores et déjà avec le quartier,
nous connaîtrons bientôt les besoins précis
du nouveau centre communautaire
définitif que nous comptons faire
construire au cœur de ce
nouveau quartier
d’ici quelques années.
19 MOLENWEST SQUARE, Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles)
Un hangar temporaire donne un coup de pouce à la dynamique locale
2020, réalisé | conçu par 1010au,
Topia Landscape, JZH engineering
| maîtrise d’ouvrage par SAU-MSI.
brussels
Au cours de la prochaine décennie, un nouveau quartier
urbain mixte – incluant des logements, des activités économiques,
des services publics et un parc – sera développé
sur une friche industrielle le long de la voie ferrée,
à côté de la gare de Bruxelles-Ouest. En attendant la
réalisation de ce projet, la Région bruxelloise collabore
avec des associations locales afin de créer une offre d’activités
à destination des jeunes enfants et des adolescents.
L’appropriation temporaire du site permet d’accueillir
un certain nombre d’organisations existantes travaillant
avec les jeunes de la région, mais ne disposant pas d’un
espace qui leur est propre. L’utilisation temporaire du
lieu permet aux organisations de développer un fonctionnement
plus stable et une dynamique à plus long terme
avec des groupes locaux défavorisés, habituellement
ignorés dans cette partie de la ville. Molenwest est une
infrastructure portable, partiellement recyclée et démontable,
conçue par 1010au. Le projet est délibérément
laissé « inachevé » afin de permettre aux organisations
locales et aux habitants de s’approprier et de construire
eux-mêmes les espaces dont ils ont besoin.

COURS D’EAU DE
RÉTENTION
Il y a quelques années, après
une série d’étés extrêmement
secs, nous avons connu une
« bombe à eau » qui a provoqué
des inondations massives et
des dégâts importants, faisant
plus de quarante victimes dans
nos villes et villages. Aucun
modèle informatique n’aurait
pu prédire ces deux extrêmes.
Notre manque de préparation fut
un véritable coup de massue qui
a ouvert la voie au changement.
En tant que représentant officiel
chargé de la question de l’eau,
je sillonne désormais la région pour
aider à mettre en place des projets
ambitieux dans ce domaine.
Chaque goutte compte. C’est
pourquoi des rivières voûtées 20
ont été ouvertes à différents endroits
dans les villes. Le cours d’eau autrefois
considéré comme une conduite d’égout
de plus remonte aujourd’hui à la surface,
reçoit de l’oxygène et nourrit la vie animale
et végétale. Je rencontre de nombreuses
personnes dans la rue qui réalisent
maintenant à quel point il
est important de ne pas
évacuer l’eau de pluie trop
rapidement, mais de la
garder dans la ville.
Cette percée symbolique
dans nos centres urbains
est cruciale.
20 MAX-SUR-SENNE, Bruxelles
Quand l’eau remonte à la surface et que la biodiversité renaît
2020–2026, demande de permis
d’urbanisme | conçu par OLM
paysagistes & urbanistes, Studie
Bureau Jouret, HBAAT, Ouest,
Dédale, AGT, IMDC, Vectris, Util,
Zeugma, Rya, Eveka, UpCie |
maîtrise d’ouvrage par Bruxelles
Environnement, Bruxelles Mobilité,
la Ville de Bruxelles
Afin de répondre aux objectifs européens en matière de
qualité de l’eau et de biodiversité, la Senne sera bientôt
rouverte et renaturalisée – après avoir été recouverte
dans les années 1860 – au niveau du parc Maximilien, dans
le quartier Nord. Une fois la rivière voûtée rouverte, son
interaction avec l’air entraînera une augmentation de la
biodiversité et permettra de sensibiliser les utilisateurs.
Nous observons ce phénomène dans différentes villes,
mais ce qui est spécifique à ce projet, c’est son emplacement
dans un quartier complexe et très hétérogène,
tant sur le plan social que spatial. La collaboration avec
les habitants et les associations actives dans le quartier
est donc cruciale pour la réussite du projet de rénovation
totale du parc. Le projet de l’équipe de conception
franco-belge conserve le conduit en béton de la rivière,
qui dessine une ligne droite à travers le parc, sur laquelle
est aménagé un large sentier piétonnier allant de la ferme
des enfants au quai Vergote. La Senne elle-même s’écoule
tantôt en suivant le conduit, tantôt en dehors de celui-ci.

Mais l’espace nécessaire pour permettre
à une rivière de s’écouler naturellement
est bien sûr limité. Une autre vague de
changement se produit à la périphérie de
la ville. Au cours du processus participatif
avec les citoyens et les entreprises,
nous utilisons un petit observatoire 21
avec vue sur le paysage qui sert d’espace
de discussion.
J’argumente que le développement
territorial de cette banlieue sape
complètement le système hydrique naturel
de la vallée. Depuis des années, nous
veillons à ce que l’eau de pluie soit évacuée
le plus rapidement possible de nos terres
vers la mer via les rivières. Pendant les
périodes de sécheresse récurrentes, les
agriculteurs pompent les
eaux souterraines
jusqu’à épuisement
et les récoltes
se perdent.
21
OBSERVATORY, Moleneiland (Harelbeke)
Un observatoire pour mieux voir l’environnement naturel
Réalisé | conçu par Kevin
Trappeniers, Maarten Devrieze,
Vincent Malstaf, Hans A.R. Van
Wambeke | maîtrise d’ouvrage
par Intercommunale Leiedal
Très souvent, les gros investissements infrastructurels
réalisés dans les voies navigables ne tiennent pas compte
de la manière dont nous préparons nos écosystèmes à
la sécheresse, aux inondations et à la préservation de la
nature. La Lys, rivière qui s’écoule à Harelbeke, fait l’objet
d’importants travaux pour améliorer sa navigabilité et la
relier au réseau de voies navigables. Afin d’aborder les
liens possibles entre cette intervention et la rétention de
l’eau et l’augmentation de la biodiversité, l’artiste Kevin
Trappeniers a construit une installation temporaire sous
la forme d’un observatoire du paysage en mutation. Le
projet vise à sensibiliser les gens à un écosystème naturel
beaucoup plus vaste. La forme en dôme de la conception
évoque un planétarium, une exposition, un jardin botanique
ou encore une serre. L’eau s’infiltre à travers le tissu
de l’abri et est recueillie dans un bassin, symbolisant la
nouvelle relation que nous devrons établir avec la nature.

Lors des pics de précipitations, les berges
endiguées éclatent rapidement, car nous
n’avons pas laissé suffisamment d’espace
à l’eau. La désagréable vérité est que nous
devons passer à la vitesse supérieure :
lorsque nous ne donnons pas à l’eau l’espace
dont elle a besoin, elle cause de
graves dégâts. Pour ce faire, nous avons
travaillé de manière proactive avec des
communes, des agriculteurs, des entreprises,
des promoteurs et des résidents
pour développer tout un arsenal de projets
à l’échelle locale dans lesquels investir.
Mis bout à bout, ceux-ci réactivent l’effet
éponge naturel de nos sols et permettent de
lutter simultanément contre la sécheresse
et les inondations. Les nouveaux districts et
villages hydrographiques 22 situés le long de
la rivière, de sa source à son embouchure,
redonnent progressivement de l’espace à
l’eau. Grâce à ces cours d’eau de rétention,
nous construisons un cadre de vie résilient
et à l’épreuve du climat.
22 WOLUWE WATERLAND, Kraainem, Sint-Lambrechts-Woluwe
L’eau et l’urbanisation se rencontrent dans les nouveaux districts hydrographiques
2021–2022, recherche | conçu
par Fallow, 1010au | maîtrise
d’ouvrage par Perspective Brussels,
Departement Omgeving
Dans bon nombre de périphéries et noyaux urbains, le
développement a négligé la nature et les systèmes d’eau.
Ce fut également le cas au XX e siècle dans la périphérie de
l’est de Bruxelles, où la vallée de la Woluwe a perdu du terrain
au profit de l’expansion territoriale de la ville. Nous ne
pouvons pas continuer comme ça. Pour faire face aux pics
de précipitations, lutter contre la sécheresse et les effets
d’îlot de chaleur urbain, et permettre à la biodiversité de
proliférer, nous devons établir une nouvelle relation aux
réseaux d’eau. Woluwe Waterland considère les défis liés
à l’eau comme le point de départ des plans et des projets
de construction de demain dans la périphérie orientale de
la ville. Fallow et 1010au ont développé cette recherche
en organisant des travaux de terrain, des cartographies
et des entretiens approfondis avec des résidents, des
parties prenantes et d’autres acteurs. Ils proposent ainsi
une série de typologies de quartiers hydrographiques.
Ceux-ci comprennent un quartier humide (en aval), un
quartier saisonnier (sur les flancs) et un quartier d’infiltration
(en amont), ainsi que des projets intégrés qui tentent
de rétablir l’équilibre hydrologique tout en répondant aux
défis actuels de transformation de la zone.

Il est presque cinq
heures ; c’est l’heure
de rentrer à la maison.
J’ai toujours fait la navette entre
ma maison dans un village et mon
travail au centre-ville. Je ne m’imagine plus
perdre deux précieuses heures chaque
jour dans les embouteillages, comme
c’était le cas auparavant. Quelle perte de
temps ! Heureusement, la situation s’est
progressivement améliorée ces dernières
années. Il y a d’abord eu la construction
de plusieurs parking-relais 23 . Quand je
prenais encore la voiture, je la garais là
et je sautais dans un tram qui m’amenait
au quartier des bureaux.
COLLECTEURS
DE FLUX
Au lieu de passer des heures dans
les embouteillages et de payer des
fortunes en parking, je pouvais m’y garer
gratuitement. Un jour, j’ai participé à une
enquête sur mes besoins et mes désirs
en matière de mobilité lors du marché
local hebdomadaire. Depuis, j’ai contribué
activement à la définition d’une nouvelle
approche de la mobilité dans mon propre
village. Dans ma rue, l’espace autrefois
occupé par les places de stationnement
a fait place à de larges pistes cyclables,
à de la verdure et à des terrasses
urbaines. Ma voisine possède sa propre
compagnie de taxis locaux qui conduit
les personnes âgées,
23 PARK & RIDE, Linkeroever (Anvers)
Des échangeurs en bois facilement repérables le long de la ceinture de la ville
2015–2022, réalisé | conçu par
HUB, Sweco | maîtrise d’ouvrage
par Lantis
Anvers, à l’instar de nombreuses autres villes, s’est engagée
dans un changement d’ordre modal : inciter davantage
de personnes à privilégier d’autres modes de
transport que la voiture. Ceci est d’autant plus important
dans le cadre du recouvrement du ring d’Anvers : pour des
raisons de sécurité, les embouteillages dans les tunnels
doivent être évités. C’est pourquoi la Ville a décidé de
construire, le long du ring, des points de transfert stratégiques
où les utilisateurs peuvent laisser leur voiture
pour ensuite y prendre un tram, un bus ou un vélo de ville
(électrique). Les nouveaux parkings situés à la périphérie
de la ville auront tous la même apparence. La conception
de HUB architects révèle de hautes poutres en bois
qui sont visibles de loin grâce à l’absence de façade. Les
patios centraux plongent le bâtiment dans la lumière et
permettent d’orienter les différents flux de circulation. Les
trois premiers parking-relais ont été construits entre 2018
et 2022 à Luchtbal, Merksem et Linkeroever.

et un de
mes amis a investi dans des voitures
partagées 24 . J’ai donc commencé à
en utiliser une pour me rendre au travail,
parfois en compagnie de personnes
rencontrées via l’application de partage qui
vont dans la même direction. Comme les
voitures sont désormais partagées plutôt
qu’immobiles, les options sont nombreuses.
Je suis toujours libre d’aller où je veux,
mais j’ai réduit de moitié mes coûts en
matière de mobilité. Surtout depuis que
j’ai décidé de vendre ma voiture.
Aujourd’hui, en rentrant chez nous, nous
passons devant un bâtiment impressionnant
qui était autrefois un garage et un
showroom automobile 25 . Mais depuis
que les ventes de voitures sont en chute
libre, de grandes parties du bâtiment ont
reçu une nouvelle vie en tant que centre
d’innovation pour les créateurs et les
entreprises locales.
25 D'IETEREN IMMO MOBILIS, Anderlecht (Bruxelles)
Un garage à la structure flexible survivant au-delà de son affectation actuelle
24 ANDERS MOBIEL, Merelbeke
# Demonstratieproject Merelbeke
Synthese Rapport
Comprendre et faire évoluer la demande de mobilité au sein des micro-centralités
ANDERS-MOBIEL
2019–2020, door team recherche 1010 | conçu par
1010au, Verena Balz, TML, Meneer
de Leeuw | maîtrise d’ouvrage par
Provincie Oost-Vlaanderen, Atelier
Oost-Vlaams Kerngebied
L’objectif du changement modal n’est pas de réduire la
mobilité, mais de l’augmenter et de la diversifier. Selon la
recherche conceptuelle menée par 1010au à Merelbeke,
en périphérie de Gand, cette évolution ne résultera pas
(uniquement) de nouvelles technologies, d’investissements
dans les infrastructures, de plans de mobilité ou
de taxes. Elle examine plutôt les raisons qui sous-tendent
les mouvements des personnes. L’objectif est de modifier
la demande, et pas seulement l’offre. Ils analysent les initiatives
que les citoyens ont déjà lancées afin de les intensifier
et de les diffuser à plus grande échelle. Les concepteurs
proposent deux types de centres de mobilité afin d’élargir
la gamme des modes de transport durables : un modèle
local axé sur les besoins de transport sur courte distance
et un modèle de transfert, avec une bonne connexion aux
réseaux de mobilité régionaux. Anders Mobiel a pris part
à la recherche conceptuelle à Merelbeke dans le cadre de
l’IABR Studio East Flanders Core Area en 2017-18.
2018–2023, en chantier | conçu par
XDGA Xaveer De Geyter Architects,
Util Struktuurstudies, Studiebureau
Boydens, Daidalos Peutz, Securisan,
Pam & Jenny | maîtrise d’ouvrage par
D'Ieteren Immo
L’ambition croissante des entreprises privées de faire
partie d’une stratégie de mobilité tournée vers l’avenir
est frappante. Prenons l’exemple de D’Ieteren, un importateur
et distributeur belge de voitures, qui se positionne
comme une entreprise de mobilité au sens large qui «
conçoit la mobilité de demain ». Avec l’acquisition de
GoodBikes à Bruxelles et de iBike à Anvers, elle est en
passe de devenir une chaîne nationale de vente et d’entretien
de vélos (électriques). Outre l’expansion d’une série
de nouvelles formes de mobilité, la division immobilière
de l’entreprise s’engage à construire des structures qui
survivront à la transition en matière de mobilité. Pour l’un
de ses showrooms automobiles à Anderlecht (Bruxelles),
D’Ieteren a fait appel à Xaveer De Geyter Architects
(XDGA). Le potentiel de l’excès est au cœur de la conception.
La forme amorphe du bâtiment suit la limite de la
parcelle et se déploie autour d’une trame régulière et
rationnelle avec cinq grands patios. Avec ses travées
de 16,2 m sur 16,2 m, une hauteur d’étage de 7 m et une
capacité de charge de 16 kN/m2, la structure primaire a
une espérance de vie d’une centaine d’années, ce qui va
probablement bien au-delà de son utilisation actuelle en
tant que garage.

Nous entrons dans le village, nous garons
dans l’un des hubs communautaires 26
locaux et branchons la voiture dans une
station de recharge pour ses prochains
utilisateurs. Je fais un saut au petit
supermarché pour récupérer un colis
postal. Après avoir discuté avec mon vieil
ami Adil, qui travaille dans l’atelier de
réparation de vélos, je rentre chez moi
en vélo électrique. En plus d’être efficace
sur les plans financier et fonctionnel,
ce réseau de collecteurs de flux a stimulé
la dynamique sociale et l’esprit d’entreprise
au sein du village.
26 HUB HOLLAND
Les hubs communautaires associent la mobilité
aux fonctions communautaires dans les plus petits centres
2020–2021, recherche | conçu par
PosadMaxwan, SUM-One, APPM,
Vereniging Deltrametropool
| maîtrise d’ouvrage par les
municipalités d'Amsterdam,
de Rotterdam, du La Haye, Utrecht
et Eindhoven
Les lieux où nous passerons bientôt d’un mode de mobilité
à un autre ont le potentiel pour devenir de véritables
hubs de quartier. Dans le cadre de ses recherches sur les
« hubs communautaires », Posad Maxwan affirme que
l’accessibilité et la viabilité vont de pair. Logiquement, le
programme d’un hub communautaire doit comprendre,
par exemple, un atelier de vélo, un centre de quartier, un
restaurant ou encore un lieu de travail flexible. Dans le
cadre de cette étude, des cartes SIG ont été utilisées afin
de calculer les besoins et les gains en matière d’espace.
En travaillant intensivement avec les autorités concernées,
plusieurs questions de recherche pragmatiques
ont trouvé une réponse. Par exemple, où se situent les
opportunités pour ces hubs communautaires ? Quel
est leur impact spatial sur un quartier ? Comment un
réseau de hubs se développe-t-il ? Et à quoi ressemblent
les hubs ? La recherche aide les villes et les communes
à planifier le développement d’un réseau de hubs de ce
type, plus ou moins grands.

35020A0154/00D000
603
35020A0148/00G000
625
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599
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4.53
4.50
35020A0169/00A002
605-609
4.48
4.50
35020A0169/00E002
12
35020A0154/00F000
4.39
4.51
597
658
660
35020A0319/00E000
670
4.34
4.44
4.31
2016-04-30
6
4.36
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642
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644
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601
2016-04-15
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634
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2016-04-05
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2016-04-24
12
ng
3.89
2016-04-06
2016-04-04
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12
2016-04-20
624
3.88
3.95
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654
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ng
2016-04-06
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634A
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3.96
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626
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2016-04-04
12
ng
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614
618
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612
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2016-03-24
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35020A0357/00_000
2016-03-30
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4
Torenvalkstr at
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Steensedijk
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3.96
3.95
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2016-04-20
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4.32
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15
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10
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4.32
2016-04-28
4.34
4.33
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12
4.50
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12
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5
12
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4.47
3
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26
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2016-04-24
2016-05-15
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12
33
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2016-05-14
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4.49
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25
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4
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9
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7
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8
5
4.39
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76
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3
19
4.56
2
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10
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74
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72
12
2016-05-29
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5
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4.45
10
8
64
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3
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1
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6
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60
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2
4.55
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2
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Brugstraat
35020A0420/00B000
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1
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16
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25
2016-04-17
4.47
27
2016-04-17
35020A0414/00H000
29-31 7
35020A0416/00K000
2016-04-25
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35
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3
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43
1
47
45
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2016-04-05
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87
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53
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2016-04-07
3.91
2016-04-07
75
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77
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36
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42
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3.88
56
3.80
58
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2016-04-02
2016-04-09
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12
4.41
4.32
Pyckestraat
4.73
4.64
Veldstr at
4.47
2016-04-04
4.60
4.51
4.36
Zilverl an
35020A0452/00R000
4
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2
4.47
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Klaverstr at
2016-04-18
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11
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48
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35020B0641/00C002
46
35020B0641/00B002
44
35020B0641/00A002
5
42
35020B0641/00Z000
35020A0385/00C005
40
57
35020A0385/00B005
4.77
55
38
35020A0385/00F005
51
35020A0385/00P004
49
35020A0385/00M004
35020A0437/00C003
35020A0452/00T000
35020A0447/00A000
Scho redijk
4.46
12
45
35020A0385/00Z004
35020A0458/00X000
2016-08-10
35020A0458/00Y000
12
35020A0460/00G000
35020A0460/00F000
7
35020B0663/00A000
43
35020A0385/00A005
4.66
4.42
St ensedijk
35020A0460/02_000
Zilverl an
35020A0385/00G002
TERRES ALIMENTAIRES
Il fait frais en
cette matinée d’été et je
m’apprête à me rendre dans mon champ
pour la première journée de récolte
de la saison. Ici, en marge de la
ville, on entend les agitations de
la nature et de la vie urbaine.
J’ai toujours vécu dans la ferme
familiale, mais récemment,
mon champ a intégré l’un des
premiers parcs agricoles 27 dans
le cadre d’une nouvelle stratégie
alimentaire, où des parcelles de
terre fertile toujours plus grandes
sont incluses dans une ceinture
verte autour de la ville. La Ville
a pris cette décision et a
mis en place des
coalitions
avec
divers agriculteurs professionnels et urbains
comme moi afin de produire davantage de
nourriture localement. Je me déplace sur
des chemins sinueux entre les champs où je
fais pousser des cultures très différentes et
où les moutons de mon voisin paissent sous
les arbres. La diversité et la rotation des
cultures les rendent moins vulnérables face
aux nuisibles et aux maladies et réduisent
le risque de mauvaises récoltes. Le fumier
de mouton est utilisé pour enrichir le sol.
Cela permet de cultiver d’une manière plus
écologique et de créer ainsi un écosystème
naturel plus fort.
27 TUINEN VAN STENE, Ostende
Une nouvelle typologie de parc susceptible de
stimuler une stratégie alimentaire urbaine
Torhoutsest enweg Torhoutsest enweg
Rosmolenstraat
Rosmolenstr at
Pensjagersstr at
Pensjager str at
2016–2019, réalisé | conçu par
Tractebel, ADR architectes,
Georges Descombes | maîtrise
d’ouvrage par la Ville d'Ostende
Schorredijk
Provinciegel ed
St ensedijk
Stenedorpstr at
Klaverstr at
Oudstrijdersplein
Les « Jardins de Stene » sont une zone de 35 ha située le
long de la ceinture verte d’Ostende. Ce parc urbain du
XXI e siècle est le premier parc agricole de Flandre et réunit
production alimentaire, gestion de l’eau et loisirs touristiques.
Le plan de Tractebel et George Descombes/ADR,
basé sur une étude conceptuelle avec les designers de
Maat divise les Jardins en quatre zones qui se connectent
à leur environnement fragmenté en matière d’espace et de
programme. La ville d’Ostende ne parvient pas (encore)
à nourrir ses habitants grâce à ce laboratoire alimentaire,
mais le parc agricole marque un tournant en rassemblant
des producteurs alimentaires professionnels et urbains.
Les Jardins de Stene sont l’un des cinq projets pilotes «
Productive Landscape » du bouwmeester flamand et de
l’Institut flamand de recherche pour l’agriculture, la pêche
et l’alimentation. Le développement officiel a débuté fin
2017. Le parc est accessible depuis 2018, initialement dans
le cadre d’interventions à petite échelle.

E M I E L D E B U S C H E R S T R A A T
Z E N E
D W O R P S E S T R A T
P A S T O R I E S T R A T
J O Z E F S P R I N G A E L S T R A T
J O Z E F S P R I N G A E L S T R A A T
Z E N E
S T A T I O N S T R A T
+6.20
M O L E N S T R A T
+5.32
J O Z E F S P R I N G A E L S T R A T
Z E N E
Z E N E
H E I D E V E L D
B R E D V E L D
B R E D V E L D
M O L E N S T R A T
B R E D V E L D
M O L E N S T R A T
J’arrive à la ferme jouxtant les champs
d’essai 28 . Dans la cour a lieu une fête
d’anniversaire pour l’un des enfants du
quartier. Les personnes qui ne disposent pas
d’un grand jardin aiment utiliser cet espace.
Dans le verger, je récolte les fruits et
les apporte à la brasserie 29 d’à côté.
Celle-ci utilise la variété locale de cerise
que je produis avec d’autres agriculteurs
locaux, une idée que nous avons eue
pour réintroduire une variété oubliée,
mais très résistante.
28 CECI N'EST PAS UNE FERME, Berchem-Sainte-Agathe (Bruxelles)
Une ferme polyvalente donne lieu à une nouvelle approche agricole dans la ville
2020–2023, demande de permis
d’urbanisme | conçu par atelier
horizon, OFFICEU | maîtrise
d’ouvrage par Bruxelles
Environnement
« This is not a farm » est un projet agricole et social sur
le site de Zavelenberg à Berchem-Sainte-Agathe. Ses
26 hectares constituent l’un des derniers vestiges agricoles
à l’intérieur du ring bruxellois, dans une zone qui
s’est densément urbanisée. C’est à la fois un site classé
(1989), une réserve naturelle (1992) et une zone à haute
valeur biologique dans le Plan Régional d’Affectation du
Sol. L’un des enjeux majeurs du projet consiste à renforcer
la dynamique agricole du site tout en protégeant le
patrimoine naturel. Étant donné qu’il faut souvent choisir
entre les deux, ce défi exige une toute nouvelle approche
de l’agriculture. Le bureau d’urbanisme Atelier Horizon
et le bureau d’architecture OFFICEU ont collaboré avec
l’agriculteur Tijs Boelens sur la ferme et ses environs.
L’architecture réinterprète la forme traditionnelle de la
ferme carrée et combine une bergerie, une grange à foin
et un espace de stockage avec des espaces ouverts aux
activités sociales et culturelles. Ce centre d’agroécologie
s’inscrit dans le cadre de la stratégie Good Food de
Bruxelles Environnement.
29
DRIE FONTEINEN, Lot (Beersel)
Une brasserie devient un banc d’essai pour la réintroduction d’une culture oubliée
D W O R P S E S T R A T
2017–en cours, mise en oeuvre
| conçu par Robbrecht en Daem
architecten, Erik De Waele
landschap, Boydens Engineering,
Util Struktuurstudies, PLOT |
maîtrise d’ouvrage par IMMO
Fonteinen bvba, 3 Fonteinen NV
S T A T I O N S T R A T
C’est dans la deuxième brasserie de « 3 Fonteinen » que le
lambic sera brassé, mis en bouteille, maturé et vendu, juste
à côté de la nouvelle cerisaie. En tant qu’entreprise privée,
3 Fonteinen a pour objectif de réintroduire la culture locale
d’une variété oubliée, la « Schaarbeekse kriek ». Seuls
4 % des matières premières destinées aux brasseries
belges proviennent de Belgique, tandis que les céréales
et le houblon produits localement sont utilisés pour l’alimentation
animale. 3 Fonteinen investit dans l’achat de
céréales locales et prévoit d’ajouter 3000 cerisiers sauvages
supplémentaires ailleurs dans le Pajottenland. Le
fait de placer cette première génération d’arbres au centre
de l’architecture est un geste symbolique. La brasserie 3
Fonteinen a confié la création de son centre d’accueil à
Robbrecht et Daem architecten. Le bâtiment a été divisé
en quatre sections : la cave à fûts, l’usine d’embouteillage,
le marché couvert et le verger. Les travaux ont commencé
en octobre 2020, et la nouvelle construction devrait être
pleinement opérationnelle en 2023.

Je décide de faire une petite pause et me
dirige vers la caravane de rencontre mobile
30 installée à côté du champ pour déjeuner
avec les saisonniers. Ils sont là pour me
soutenir pendant les périodes de récolte
les plus chargées, heureusement ! C’est
sympa de voir qu’ils font vraiment partie
de la vie du village. Lorsque les membres
de la coopérative
qui participent
à la formation
d’introduction
30 HOUSE FOR SEASONAL NEIGHBOURS, Borgloon
Créer un espace de rencontre dans la réalité temporaire des travailleurs saisonniers
2021–2022, réalisé | conçu par Ciel
Grommen, Maximiliaan Royakkers
(Seasonal Neighbours collective) |
auto-commissionné
« The House for Seasonal Neighbours », la maison mobile
des voisins saisonniers, est née à Borgloon, une petite
ville située au cœur de la région fruitière belge qui
compte la plus forte concentration de travailleurs saisonniers
(un cinquième de la population, soit environ 2000
personnes). Ces travailleurs viennent de l’Est et du Sud
de l’Europe pendant la saison des récoltes. L’intervention
répond au besoin de lieux de rencontre informels, la
plupart de ces travailleurs ayant très peu d’opportunités
de sortir du contexte de leur résidence temporaire à
la ferme, sauf pour aller faire des courses. La maison
mobile a été conçue et construite par les artistes-architectes
Maximiliaan Royakkers et Ciel Grommen. Deux
archétypes régionaux – la maison mitoyenne et la maison
container – ont été redimensionnés, déformés et
superposés pour former un ensemble hybride familier
mais surprenant. La maison a d’abord été installée à côté
d’un supermarché discount durant l’été 2018 pendant
soixante-cinq jours, soit la durée maximale attribuée
par la loi belge aux travailleurs saisonniers agricoles.
Au cours de l’été 2021, Mona Thijs a utilisé la House for
Seasonal Neighbours comme studio mobile pour une
série d’émissions de radio intitulée Playlist van de pluk.
Elle explore la poésie du multilinguisme (ou l’absence
d’une langue commune) ainsi que la musique porteuse de
sens pour les travailleurs saisonniers pendant la récolte.
du jour arrivent
au centre d’éducation 31 ,
je leur montre patiemment les bonnes
techniques pour récolter les produits de
saison. Ils commenceront la récolte en libre
service dès la semaine prochaine ;
ils doivent donc connaître les bases.
Cette terre alimentaire accueille une
diversité de cultures et est un véritable
lieu de rencontre entre les utilisateurs
professionnels, temporaires et récréatifs.
31
PADDENBROEK, Gooik
Reconversion du patrimoine agricole en centre éducatif autour
de l’alimentation et de la nature
2018–2021, réalisé | conçu par
jo taillieu architecten | maîtrise
d’ouvrage par la municipalité
de Gooik
Le centre rural de Paddenbroek est un lieu consacré à
l’éducation et à la formation de divers groupes cibles
(adultes, enfants, agriculteurs nouveaux et traditionnels).
Parallèlement, il s’agit d’une destination récréative
et touristique, une porte d’entrée vers le paysage rural
du Pajottenland. À travers l’éducation et les loisirs, les
visiteurs sont plongés dans le monde de la production
alimentaire et de la préservation de la nature. Jo Taillieu
a proposé à la commune de Gooik de démonter partiellement
l’ancienne ferme fruitière et de construire tout
autour un volume de verre et d’acier qui la protège du vent
et des intempéries. Une serre agrandie – une forme reconnaissable
dans nos paysages de production alimentaire – a
été placée au-dessus de la ferme d’origine telle une cloche
de verre, lui conférant presque le statut de ruine. La serre
elle-même sert d’espace intermédiaire non chauffé entre
les bureaux, un café et une petite boulangerie. Chaque
façade offre une vue différente et unique sur les environs.

LOGEMENTS
ABORDABLES
En tant que
coordinatrice de
la politique de
logement au sein de
l’administration communale, le conseil m’a
confié la tâche de développer d’urgence des
stratégies pour la création de logements plus
abordables. L’écart entre les biens à vendre
sur le marché du logement et la capacité
financière des personnes à faibles revenus –
même si elles occupent des postes clés dans
les hôpitaux, les écoles ou les supermarchés
– se creuse rapidement. Les travailleurs
recherchent désormais des logements situés
entre vingt et quarante kilomètres de leur
emploi en ville. Pour éviter une crise globale
du logement, il fallait agir rapidement :
nous avons réalisé qu’une ville qui n’est pas
accessible est tout simplement paralysée !
Heureusement, nous disposions d’une
vraie source d’inspiration locale sur laquelle
nous appuyer.
Je me souviens qu’il y a quelques années,
nous avons visité un complexe de
cohabitation 32 où les résidents avaient
pris les choses en main et, sans promoteur,
avaient construit plus de vingt appartements
abordables de tailles diverses avec des
jardins et une cuisine partagés. Nous y avons
observé à quoi pouvait ressembler une telle
forme de vie commune, et avons appris
quelles fonctions et quelles pièces pouvaient
être partagées et quels matériaux et quelle
conception étaient abordables et durables.
Sur la base de projets expérimentaux tels
que celui-ci, nous avons réalisé qu’il ne s’agit
pas seulement de choisir un bon architecte.
32
BRUTOPIA, Forest (Bruxelles)
Une coalition de résidents prend les choses
en main afin de créer des logements abordables
2008–2013, réalisé | conçu par
stekke + fraas | maîtrise d’ouvrage
par brutopia asbl
Brutopia, dans la commune bruxelloise de Forest, est un
bloc d’habitations développé par un groupe de vingt-neuf
familles désireuses de trouver un logement durable et
abordable à Bruxelles. En acquérant le terrain ensemble,
en le développant sans société de développement et en
terminant la construction autant que possible en toute
autonomie, le coût du projet est resté inférieur au prix du
marché. L’association sans but lucratif Brutopia a signé
l’achat. Après avoir obtenu le permis de construire et
l’acte de base, chaque résident a acheté sa propre part.
Les unités privées ont été conçues par les architectes
stekke + fraas et AAA pour répondre aux exigences de vie
de chaque famille (entre 71 m2 et 165 m2), avec une différence
importante dans la pondération des prix des unités,
créant ainsi une grande diversité au sein du groupe. Les
résidences privées sont reliées entre elles par un couloir
extérieur et les familles partagent un jardin commun. Le
rez-de-chaussée abrite les bureaux de plusieurs cabinets
d’architectes, un Centre public d’aide sociale et une salle
polyvalente munie d’une cuisine de quartier gérée par le
centre de services local. Pendant les heures de bureau,
ceux-ci peuvent accéder au jardin et les résidents peuvent
utiliser la cuisine.

Pour proposer une offre importante
de logements abordables, il faut une
approche systémique : il s’agit de repenser
l’emplacement, la réglementation, le modèle
économique et la conception de manière
intégrée. Au cours des cinq dernières
années, nous avons testé ce modèle de
différentes manières pour faire de la place
aux logements abordables. Sous l’impulsion
d’une loi nationale renouvelée sur le logement
abordable, nous avons repensé notre modèle
de subvention de manière à ce qu’il se
concentre désormais sur les familles
à faibles revenus au lieu de servir tout le
monde de la même manière.
Mais nous avons également développé
davantage notre esprit d’entreprise.
Nous testons par exemple le modèle du
Community Land Trust 33 , selon lequel
la commune devient partie prenante d’un
organisme foncier qui conserve la propriété
du terrain tandis que les maisons qui y sont
construites sont vendues individuellement à
des personnes à faibles revenus. En tant que
propriétaire du terrain, le trust peut imposer
des conditions spécifiques lors de la vente
des logements, garantissant ainsi que ceux-ci
restent abordables à long terme.
33 TIVOLI, Bruxelles
En séparant la propriété du terrain de celle du bâtiment, le logement reste abordable
2020–en cours, demande de permis
d’urbanisme | conçu par V+, HBAAT
| maîtrise d’ouvrage par CLTB
(Community Land Trust Brussels)
Dans le modèle du Community Land Trust, la terre est
considérée comme une propriété commune. Les résidents
achètent la maison, mais pas le terrain. Ce dernier
reste la propriété d’un trust, qui est géré conjointement
par les résidents, le quartier et les autorités publiques. De
cette façon, les logements restent abordables génération
après génération. En moyenne, ils coûtent ainsi 40 % de
moins que ceux du marché privé. Dans le futur quartier
durable de Tivoli, à côté de Tour & Taxis, la Fondation
CLTB a exceptionnellement accepté de travailler sur la
base d’un bail de longue durée : Citydev, la société de
développement bruxelloise, reste propriétaire du terrain.
Sur une parcelle d’angle, 22 logements comprenant de 1
à 4 pièces seront construits, conformément à l’ambition
d’accessibilité financière et de cohabitation du CLTB ainsi
qu’aux caractéristiques durables du quartier. La parcelle
est étroite, et le permis de lotissement est assorti d’exigences
strictes. Le projet de conception de V+ et HBAAT
prévoit trois volumes de bâtiments le long de la rue, avec
un renfoncement entre deux d’entre eux afin de créer une
petite place qui s’ouvre sur la rue. Ce nouvel espace public
sera accessible aussi bien aux habitants des bâtiments
qu’aux riverains. Une attention particulière a été accordée
aux espaces communs, à leurs qualités spatiales et aux
possibilités de rencontre et d’échange qu’ils favorisent.
Grâce à une structure conventionnelle, les pièces peuvent
évoluer en fonction des besoins des résidents.

Nous acquérons
désormais
systématiquement
du patrimoine
classé 34 pour
tester de nouveaux
modèles de location.
En restant propriétaires du
bien, nous pouvons contrôler
le prix des loyers tout en préservant notre
patrimoine. Par ailleurs, nous avons examiné
le potentiel de densification des terrains
que nous possédons déjà en périphérie
de la ville. Les premiers logements
abordables sont construits en ce
moment même au milieu d’une
cité-jardin 35 datant du milieu du XX e
siècle : l’abondance d’espace caractéristique
de ces lieux nous offre aujourd’hui des
possibilités de densification de qualité.
En travaillant en étroite collaboration avec
les développeurs et les citoyens, les risques
pour tous les partenaires sont réduits
et ne doivent plus être inclus dans le prix
de revient.
34 DE FIERENSHOVEN, Anvers
En réaffectant le patrimoine public, la Ville garde les loyers sous contrôle
2016–2022, en chantier | conçu
par Happel Cornelisse Verhoeven
Architecten, Molenaar & Co
Architecten | maîtrise d’ouvrage par
AG Vespa
La création de logements locatifs abordables de qualité
pour les nouveaux locataires, les locataires quittant le
marché locatif social et les familles monoparentales est
l’un des problèmes les plus urgents sur le marché du logement.
En tant que propriétaire foncier, la Ville peut jouer
un rôle en contrôlant les loyers, comme le fait Anvers
dans les blocs Fierens. L’ancien complexe de logements
sociaux datant de 1939, un bâtiment moderniste classé,
ne répondait plus aux conditions de logement social, mais
restait invendu en raison du coût élevé de la préservation
du patrimoine. En tant que promoteur public, AG Vespa a
chargé le bureau d’études HCVA de rénover le bâtiment.
Un nouveau bâtiment d’angle – disposant de sa propre
identité tout en s’intégrant parfaitement aux deux ailes
adjacentes en matière de proportions, de couleur et de
détails – permet de créer de nouvelles unités comprenant
des studios avec espaces collectifs et des appartements
de 1, 2, 3 et 4 chambre(s).
35 HOMBORCHVELD, Uccle (Bruxelles)
Une banlieue-jardin en périphérie devient un tissu mixte et dense
2018–2026, mise en oeuvre | conçu
par 51N4E, Coloco, BAS, Istema, De
Fonseca, IVW | maîtrise d’ouvrage
par SLRB, BinHôme
Les opportunités de densification abordable ne se limitent
pas au cœur de la ville. La cité-jardin historique
du Homborchveld montre comment le paysage résidentiel
à faible densité sous-utilisé dans la périphérie de nos villes
et villages au XX e siècle permet des stratégies de densification
résidentielle. Il s’agira déjà de la quatrième extension
de la cité-jardin de Fernand Bodson. Sur un terrain
public appartenant à la commune d’Uccle, la société de
logement social SLRB-BGHM et BINHOME compléteront
l’offre avec un total de 90 logements sociaux et de classe
moyenne. En repensant le modèle de la cité-jardin, le projet
conçu par 51N4E et les paysagistes de Coloco présente
le paysage partagé comme une valeur ajoutée pour les
communautés locales. Ce modèle facilite l’intégration
des nouveaux habitants parmi ceux déjà présents tout
en renforçant le sentiment d’appartenance.

RUES POUR LE CLIMAT
Quelle
journée d’été
caniculaire ! Avec mes
collègues, je traverse la ville en vélocargo
pour entretenir les rues et les
parcs. Ces dernières années, ceux-ci ont
été entièrement refaits afin de pouvoir
faire face aux périodes de sécheresse et
de précipitations extrêmes. Les travaux
que nous réalisons consistent à enlever
le plus de revêtement possible pour faire
place à des zones perméables où l’eau de
pluie peut s’infiltrer dans le sol. De cette
façon, au lieu de finir dans les égouts,
l’eau de pluie pourra réalimenter les
nappes phréatiques.
Le long des routes principales 36 ,
suivant des cours d’eau et de larges
pistes cyclables, des plantes et des arbres
résistants au climat apportent fraîcheur
et abri aux personnes qui fuient la chaleur
de leur habitation.
36
GROENKLIMAATASSEN, Gand
Des routes vertes pour reconnecter la ville et le paysage
2019–2020, réalisé | conçu
par plusoffice architects,
DELVA Landscape Architecture /
Urbanism | maîtrise d’ouvrage
par la Ville de Gand
La ville de Gand veut reconnecter son centre au paysage
alentour par le biais de routes vertes pour le climat. Ce
projet devrait permettre de réduire les îlots de chaleur
urbains et la poussière fine, de promouvoir une utilisation
plus durable de l’eau, d’améliorer la qualité de vie et
d’accroître la biodiversité. Plusoffice a donc développé un
réseau de routes qui ramène les avantages du paysage
(refroidissement, biodiversité et verdure) au cœur de la
ville. Parallèlement, ces routes permettent aux citadins
de passer directement de Gand au paysage environnant
à pied ou à vélo, en empruntant de généreux itinéraires
vert-bleu. Les routes se greffent sur des cours d’eau importants
ou d’autres structures paysagères, reliant des
lieux où les bienfaits de la nature et du paysage peuvent
être appréciés localement. Cela permet de créer des
synergies entre les défis paysagers et les objectifs de
planification de la ville. Par exemple, des bâtiments plus
hauts, plus compacts et plus durables peuvent être associés
à l’aménagement de davantage d’espaces verts
de meilleure qualité.

Aujourd’hui, j’aide un groupe d’habitants
à réaménager une place sous-utilisée 37
sur l’une de ces routes. Ils sont déjà occupés
à enlever les briques lorsque j’arrive avec
les nouvelles plantes. L’un d’eux suggère
d’utiliser les briques pour construire un banc
et une table.
37 Waterrijk Waterschei, Waterschei (Genk)
La rétention de l’eau dans les jardins, les rues
et les places soulage les réseaux d’égouts
2021–2023, réalisé | conçu par
Waterland, Breekijzer, Universiteit
Hasselt, Constructlab | maîtrise
d’ouvrage par la Ville de Genk
Dans la région de Genk, le ruisseau Stiemerbeek connaît
de nombreux débordements, ce qui entraîne des problèmes
de qualité de l’eau. Pour améliorer la situation,
l’eau doit être extraite au maximum du réseau d’égouts
et retenue sur place. Dans le quartier de Waterschei,
cette urgence est moins tangible. C’est pourquoi le projet
Waterrijk Waterschei se concentre sur la valeur ajoutée
que cela peut néanmoins générer (au niveau individuel
et collectif). Une première réalisation a été l’élimination
des surfaces imperméables d’un terrain de basket auparavant
inutilisé. Les blocs de béton retirés ont été utilisés
pour construire un potager, un jardin libre cueillette, une
prairie de fleurs, une pergola et un bassin de collecte
d’eau ainsi qu’un endroit où s’asseoir autour d’une longue
table commune. Outre la mobilisation de projets dans
l’espace public, Waterrijk Waterschei aidera également
les particuliers à mieux protéger leurs jardins contre
le manque ou l’excès d’eau en installant un réservoir
d’eau, en perméabilisant les sols, en créant des gouttières
ou encore en élaborant une stratégie de plantation.
L’approche de Waterland, de l’ASBL Breekijzer, d’UHasselt
et de Constructlab associe un défi systémique aux préoccupations
et aux souhaits de la population locale.
C’est une
excellente
idée !
« Vous êtes
déjà en train
de mettre
en œuvre la
stratégie concernant
les matériaux circulaires approuvée par la
Ville la semaine dernière », dis-je au groupe
pour le motiver. Une fois les travaux de
déblaiement et de reconstruction terminés,
je leur explique comment eux aussi peuvent
dépaver leur propre jardin et mettre en
œuvre des mesures de gestion de l’eau sur
leur propriété ; la Ville vient de lancer un
programme d’achat groupé de
citernes d’eau.

Plus tôt ce matin, j’ai récupéré une grande
toile et un tonneau de récupération d’eau
de pluie au dépôt du service d’entretien de
la Ville pour les installer dans le nouveau
potager communautaire 38 . La toile
recueillera l’eau de pluie et la guidera à
travers l’ouverture centrale vers le grand
tonneau. Je teste le robinet et jette un œil
aux citrouilles, poireaux et choux qui ont
été plantés hier dans le potager. Soudain,
je sens les premières gouttes de pluie.
L’orage annoncé arrive ! Les gouttes
tombent de plus en plus vite. Je me
dépêche de ranger mes outils et quitte le
jardin à la hâte.
Je suis l’eau qui coule dans une gouttière
naturelle jusqu’à la place au coin de la rue
et m’abrite sous un auvent. Le pavillon fait
partie d’un redesigned park 39 récemment
réaménagé où l’eau de pluie est recueillie
à différents niveaux en terrasses, ce qui
la ralentit pour éviter qu’elle ne s’écoule
d’un seul coup. Sans un tel
réseau de rues pour le
climat, avec ce type de
précipitations, le
quartier aurait
déjà été
inondé !
38 EAU DE COUTURE, Bruxelles
L’eau comme levier pour construire une communauté solidaire
2021, réalisé | conçu par LATITUDE
Platform, collectif dallas, Habitat &
Rénovation, Loop Studio | maîtrise
d’ouvrage par la Ville de Bruxelles
Au cœur du quartier des Marolles à Bruxelles, à côté de la
chapelle des Brigittines et au pied d’un bloc de logements
sociaux, se trouve le jardin Arakova. Ancré le long de la
liaison ferroviaire nord-sud de Bruxelles, cet environnement
complexe présente un besoin urgent d’espaces
publics de qualité et d’une dynamique sociale positive.
Depuis plusieurs années, un jardin urbain productif s’y
est développé, avec des poules qui gambadent et des
légumes qui poussent. En 2021, en collaboration avec les
résidents et les organisations locales, le Collectif Dallas et
Latitude Platform ont conçu une grande toile suspendue
qui sert d’abri et permet de récupérer l’eau pour l’utiliser
dans le jardin. L’eau collectée s’écoule par un trou dans
la toile dans un tonneau d’eau de pluie de 1000 litres
fabriqué à partir de matériaux résiduels du dépôt de la
Ville de Bruxelles. L’occupation temporaire déménagera
bientôt vers un nouveau site à Laeken.
39
PLACE MARIE JANSON, Saint-Gilles (Bruxelles)
La place se mue en parc dans une stratégie de rétention
d’eau entre le haut et le bas du quartier
2021–2022, en chantier | conçu par
vvv, studio paola vigano | maîtrise
d’ouvrage par la municipalité de
Saint-Gilles
La place Marie Janson est la dernière pièce d’une série
d’espaces ouverts et publics situés sur le flanc de la colline
de la commune bruxelloise de Saint-Gilles, où l’eau
est progressivement collectée dans les zones les plus élevées
de la commune afin d’éviter les inondations dans les
zones les plus basses. La place accueille un marché hebdomadaire
et abrite un terrain de basket. En dehors de
cela, elle fonctionne aujourd’hui principalement comme
un lieu de passage. La place est une extension du célèbre
Parvis de Saint-Gilles, mais elle s’apprête à revêtir un
caractère complètement différent : elle sera en grande
partie dépavée et des arbres supplémentaires pouvant
vivre jusqu’à un siècle y seront plantés. Les eaux de ruissellement
auront le temps de s’infiltrer via des terrasses
végétalisées. Les pavés existants seront en grande partie
collectés, triés et traités avant d’être à nouveau posés sur
le site. Un aspect remarquable du projet du Studio Paula
Viganò est que deux des rues adjacentes, qui comptent
actuellement une centaine de places de stationnement,
deviendront des zones piétonnes à circulation limitée.
Cette proposition a été faite après une utilisation temporaire
de la place par l’ASBL Toestand et une série d’ateliers
rassemblant les résidents et les commerçants.

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PORTRAITS
© Mieke Debruyne, 2020
Mieke Debruyne est journaliste et travaille pour
Woestijnvis. Elle a réalisé pour La Grande Transformation,
une série de portraits dans lesquels les transitions sont
représentées à hauteur des yeux. Nous voyons une habitante
qui a participé à la construction d’un jardin collectif
dans le quartier Rabot à Gand (Bernadette), un agriculteur
CSA qui témoigne de la manière dont le modèle de
la Community Supported Agriculture lui garantit des
revenus dès le début de la saison des récoltes (Ronny),
un éleveur de bétail qui collabore avec des organisations
de protection de la nature et des producteurs de fruits
de son quartier (Kurt), le directeur d’une organisation qui
traite les invendus alimentaires (Yannick), une citoyenne
qui a fait installer des panneaux solaires sur son toit grâce
à un programme urbain inclusif (Els), un économiste qui
plaide en faveur d’un fonds de roulement pour rendre
les habitations efficaces sur le plan énergétique (Koen),
un expert des commons qui met en pratique la propriété
commune (Koen), une activiste qui aspire à un taux de
mortalité routière nul et repense l’espace public afin d’y
parvenir (Sophie), un électricien qui aborde le défi énergétique
sous un angle pratique (Simon), et un agent du
service d’entretien des espaces verts urbains qui voit
ses tâches évoluer (Lieven). Contrairement aux récits
qui structurent l’exposition, ces témoignages sont situés
dans l’ici et maintenant. Telle est la situation actuelle. Ce
sont ces individus qui passent à l’action.

CETTE SÉLECTION DE PROJETS
EST BASÉE SUR UN OPEN CALL
Déclaration du commissaire
24 mars 2022
ARCHITECTURE ET TRANSITIONS :
UN MARIAGE VOUÉ À L’ÉCHEC OU
UN COUPLE HARMONIEUX ?
L’architecture aux Pays-Bas connaît un grand
essor. La qualité de conception occupe une
place centrale dans le déroulement du processus
de construction, notamment en raison
de structures institutionnelles comme
les maîtres architectes de villes ou de pays.
Démarche qui porte ses fruits. Sur les plans
national et international, les architectes, les
pratiques innovantes et les maîtres d’ouvrage
belges et néerlandais sont des exemples à
suivre. L’architecture confère une qualité sans
précédent aux lieux où nous vivons, travaillons,
prenons du bon temps. Des endroits
qui transportent et influencent (consciemment
et inconsciemment) les utilisateurs et
leur comportement. Par ailleurs, des choix
judicieux dans le processus de conception
et de construction ont une incidence sur les
chaînes de matériaux, d’énergie et de financement
à ne pas sous-estimer. La vision innovante
— et poétique — de notre secteur de
l’architecture, qui aborde tous ces aspects,
est très réputée dans le monde entier.
En parallèle, notre mode de construction
fait l’objet de discussions. Le rythme selon
lequel nous construisons, occupons l’espace,
posons des pavés et consommons des
matériaux et de l’énergie est préoccupant. Le
secteur de la construction doit se réinventer.
Un changement s’impose qui nécessitera une
rénovation à grande échelle de nos bâtiments,
de nos rues et de nos quartiers. Ce constat
déstabilise un peu la pratique de l’architecture
aujourd’hui. Concilier l’architecture et les
grands défis de société ne semble pas aller de
soi. L’ordre du jour sociétal s’écarte-t-il trop
de la vocation première de l’architecture ? À
chacun son métier ?
Autant reconnaître que les structures d’une
architecture intrinsèquement durable n’ont
pas (encore) été définies. Aujourd’hui, les
concepteurs doivent de plus en plus tenir
compte des matériaux de type circulaire, des
nouvelles installations énergétiques, de la réutilisation
de l’eau, de la collectivité et du coût
abordable. Mais trop souvent, ces questions
sont inscrites en marge d’un projet plutôt que
d’être au cœur de l’énoncé de la conception.
Il s’agit de principes relativement vagues qui
n’ont souvent d’autre réponse qu’un style
esthétisant autour de concepts bien établis
(assortis de mots qui font le buzz comme «
circulaire » ou « adaptatif »). L’architecture se
trouve en même temps prise dans un carcan
rigide de réglementations contraignantes que
des projets de construction doivent respecter
à titre indicatif, mais qui font souvent obstacle
à l’innovation (pensez, par exemple, au certificat
PEB strict, mais pas toujours logique).
Une architecture de qualité dans ces circonstances
mouvantes reste difficile à réaliser.
C’est précisément cette phase d’instabilité
qui est caractéristique d’un changement de
paradigme à peine amorcé. Cela signifie-t-il
que l’architecture et les transitions sont vraiment
inconciliables ? Ou faut-il oser aller un
peu plus loin ?
UNE NOUVELLE PHASE DANS LE
CHANGEMENT DE PARADIGME :
L’ARCHITECTURE COMME
PRÉFIGURATION DE L’AVENIR
En y regardant de plus près, on peut déjà
apercevoir les graines de cette architecture
prospective. Le Village de la construction à
Bruxelles arbore une fière allure en couverture
du livre d’architecture Flanders 2020.
Il y est salué pour son inspiration dans la
combinaison de la forme, de l’envergure, de
l’agencement spatial et de l’utilisation des
matériaux. L’effet catalyseur que ce bâtiment
exerce dans la transition vers une économie
circulaire revêt une importance non moindre.
Que le port de Bruxelles — qui jusqu’à présent
ne figurait pas parmi les clients importants
— décide de faire de son centre de stockage,
de tri et de recyclage un événement architectural,
n’est-ce pas une première ? Par ce fait,
le port se positionne, ainsi que son activité
de production, comme un protagoniste qui
a droit à une place dans la ville et qui entend
contribuer au bon fonctionnement de l’écosystème
urbain.
D’autres exemples fourmillent : des centres
d’apprentissage pour de nouvelles méthodes
de production alimentaire, des églises désaffectées
qui occupent une nouvelle fonction en
tant que moteur de quartier, ou encore des
ateliers-écoles destinés à la fabrication locale
de matériaux, de vêtements ou de meubles.
Ce sont tous des lieux où sont semées les
graines de changements fondamentaux au
niveau social et spatial. Une nouvelle génération
de projets est en train de naître. Les

architectes et les paysagistes démontrent
qu’ils sont capables de faire atterrir des opérations
de transition très abstraites dans notre
cadre de vie quotidien. Elles se concrétisent
dans les maisons, les rues, les espaces publics
ou les paysages. Les projets questionnent
l’ordre établi. Ils constituent un aperçu de ce
qui pourrait et devrait arriver dans de nombreux
autres endroits.
ÉCRIRE ENSEMBLE L’HISTOIRE D’UNE
PRATIQUE ARCHITECTURALE DURABLE
ET INCLUSIVE
Si la responsabilité de définir les routines et
les lignes directrices de ce nouveau modèle
d’architecture incombe en partie à la profession
elle-même, elle incombe également
aux entreprises innovantes qui redéfinissent
les règles (écrites ou non) du mécanisme de
construction sous un angle différent (pensez
à ROTOR, BC architects & studies, RE-ST
ou Miss Miyagi), aux maîtres d’ouvrage qui
adoptent un rôle de pionnier, aux acteurs
sociaux et aux coalitions qui travaillent à une
pratique de transition, ainsi qu’aux critiques
d’architecture et organisations culturelles
qui analysent et questionnent le discours.
La vocation de La Grande Transformation est
de regrouper toutes ces approches. Ainsi,
cet été, elle inaugurera une exposition sur
l’architecture et les transitions. En collaboration
avec un groupe de concepteurs, de
conseillers, d’économistes, de sociologues,
de représentants de la culture, d’experts
en transition et de responsables politiques,
nous avons élaboré un programme de dix «
Lieux d’avenir ». Des projets qui repoussent
les limites, du type de ceux dont nous
aurons grand besoin dans les dix prochaines
années si nous voulons atteindre nos objectifs
ambitieux. Les Lieux d’avenir explorent
les contextes, le langage, les coalitions,
la maîtrise d’ouvrage et les stratégies de
conception qui permettront de donner une
assise solide à ce changement de paradigme
indispensable.
Architecture Workroom Brussels est
une maison d’innovation culturelle pour
la transformation de l’environnement
physique et social. La mission de
l’organisation est d’accélérer la
transition vers un paysage urbain
solidaire, durable et circulaire par la
conception et l’architecture. Elle soutient
le développement de nouveaux projets,
coalitions et pratiques qui apportent une
réponse aux grands enjeux de la société de
demain, autour de thématiques telles que
l’alimentation, l’eau, l’énergie, la mobilité,
le logement et la communauté.
www.architectureworkroom.eu
La Grande Transformation 2020-2030
est un environnement d’apprentissage
indépendant, un incubateur et un
programme public. Des citoyens
entreprenants, des gouvernements,
des entreprises, des investisseurs, des
scientifiques et des organisations travaillent
ensemble à la mise en œuvre d’avancées
et de réalisations concrètes. En mobilisant
conception et imagination, nous formons
des coalitions et établissons des chantiers
stratégiques qui pourront être réalisés d’ici
à 2030.
www.lagrandetransformation.eu
L’exposition est également un espace de
recherche. Nous partageons nos connaissances
et notre expertise au travers d’un
riche programme de conférences, de débats
et d’ateliers. Des promenades guidées nous
permettent de relier les grands principes
à des bâtiments, des rues et des quartiers
réels. Dans cet environnement culturel, nous
écrivons ensemble une nouvelle histoire pour
la pratique de l’architecture, au sein d’une
expérience de changement plus vaste.

Plus d’infos sur
lagrandetransformation.eu