Boxoffice Pro n°443 – 26 avril 2023

L'ÉMISSION
La vertu environnementale est un véritable enjeu d'attractivité
pour les cinémas
LESLIE THOMAS, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DU CNC
Parmi ses responsabilités
transverses, le secrétariat
général du CNC pilote des
travaux relevant de la
responsabilité sociale et
environnementale. Invitée
de l’Émission Boxoffice Pro
du 13 avril 2023, Leslie
Thomas a détaillé les
chantiers prioritaires, axés
sur l’accessibilité
et l’environnement.
La France a été le premier pays à conditionnaliser les
aides publiques à un certain nombre d’obligations,
dont la formation contre les violences sexuelles et
sexistes (VSS). Ces ateliers de sensibilisation, qui se
sont déployés à travers le territoire durant deux ans,
ont rassemblé 5 200 professionnels, tous domaines
(cinéma, audiovisuel, jeux vidéo) confondus. « Nous
ne sommes pas là pour donner des bons ou des mauvais
points, mais pour expliquer le droit et les risques spécifiques
de nos filières », rappelle Leslie Thomas en décrivant
une démarche, qui se veut adaptée et « structurante »,
et va se poursuivre au rythme d'une session par trimestre
pour former les nouveaux entrants dans l’exploitation.
L’observatoire de l’accessibilité a, de son côté, repris
ses travaux au printemps 2022, avec le double but de
favoriser l’accès du plus grand nombre aux œuvres et
aux salles. L’étude “Accessibilité et cinéma”, à laquelle
ont participé 575 répondants [voir p.17], pose un
diagnostic concret pour identifier les objectifs et les
chantiers à porter dans ce domaine. « Nous observons
de très bonnes démarches sur ce qui relève de la mobilité
réduite mais il y a des progrès à faire sur les séances en
audiodescription et/ou avec sous-titrage. » C’est pourquoi,
parmi les travaux entrepris par l’observatoire, la
cartographie des salles de cinéma pour les personnes
à mobilité réduite est aussi pensée comme « un outil
d’identification des séances proposées pour les déficients
sensoriels » – le CNC prévoyant d’annoncer de nouveaux
partenariats dans le domaine lors du Festival de Cannes.
Secrétariat général du CNC
Composé d’une équipe d’une centaine d’agents, le
secrétariat général du CNC gère les RH et les
opérations immobilières de l’établissement. Les
Registres du Cinéma et de l'Audiovisuel, ainsi que
le service de l'Inspection, chargé du contrôle et du
respect de la réglementation (Code du Cinéma), lui
sont directement rattachés. « En bref, vous veillons
à ce que le CNC fonctionne correctement pour
servir la politique publique qu’il met en œuvre »,
résume Leslie Thomas.
Par ailleurs, un groupe de travail planche sur les enjeux
de signalétique spécifique, mais aussi de billetterie
accessible, en collaboration avec l'ensemble des éditeurs
de logiciels de caisse. Enfin, un autre groupe est chargé
de réfléchir aux besoins des salles en matière d’équipements
pour accompagner les personnes en situation
en handicap : « Il ne s’agit pas de faire des recommandations
sur le sujet – ce n’est pas la fonction du CNC –,
mais de réaliser un état des lieux, de manière à accompagner
les exploitants, notamment en repérant leurs
besoins en formation », précise la secrétaire générale.
Au-delà de l’accessibilité pour le public, il y a, aussi,
l’enjeu de l'accessibilité de l’emploi dans les cinémas,
auquel répond le nouvel appel à projets Les uns les
autres [voir encart p.17]. « Ce qui nous intéresse, c’est
que les projets facilitent une insertion durable dans
l’emploi des personnes porteuses de handicap et, s’ils ne
peuvent certes pas résoudre tous les problèmes d'accès à
l'emploi dans les cinémas, qu’ils donnent de la visibilité
et montrent que c’est possible. »
Par ailleurs, le CNC poursuit son plan Action ! sur
lequel repose son ambitieuse politique de décarbonation
pour l’ensemble du secteur. Après une année
2022 d’incitation, 2023 sera consacré à définir des
“règles du jeu”, avant que de nouvelles obligations
soient définies en 2024. Sachant que, « autant la
production n’a, pour l’heure, aucune contrainte réglementaire,
autant l’exploitation est déjà soumise à celle
du tertiaire – qui concerne 50 % des salles représentant
95 % de l’activité ». En résumé, le décret tertiaire
impose, à échéance de 2050, à tout bâtiment tertiaire
de plus de 1 000 m² d’avoir réduit sa consommation
énergétique de 60 %, « en valeur relative ou en valeur
absolue, la méthode de calcul étant en cours d’élaboration
», précise la secrétaire générale du CNC.
Le diagnostic énergétique des cinémas publié par le
CNC en juin 2022 « a permis d'identifier les leviers
majeurs pour baisser les consommations ». Parmi les
postes les plus énergivores, derrière la climatisation/
ventilation/chauffage, la projection fait actuellement
l’objet d’une étude minutieuse. La transition de
l’ensemble du parc à la projection laser devrait avoir
un coût global de 400 M € ; en outre, une étude est
actuellement en cours pour une évaluation précise
des gains énergétiques du laser par rapport au xénon,
prenant en compte l’ensemble des paramètres comme
la ventilation. Enfin, le CNC travaille sur une formation
consacrée à la gestion durable des cinémas.
« Au-delà des aspects règlementaires, l’idée est de proposer
un accompagnement méthodologique… sachant que
nous ne partons pas d’un terrain vierge, il y a des exploitants
qui prennent des initiatives extrêmement vertueuses »,
se réjouit Leslie Thomas, particulièrement impressionnée
par la charte Cinéo [voir Boxoffice Pro du 18 janvier
2023]. En outre, si la crise énergétique a accéléré la
prise de conscience et impose des économies d’énergie,
« il ne faudrait pas qu’elle masque les enjeux tout aussi
essentiels du bilan carbone, dont la mobilité des spectateurs.
D’autant plus que la vertu environnementale est
un véritable enjeu d'attractivité commerciale pour
les cinémas. »
Ayşegül Algan
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