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N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
UN FILM AMERICAN EMPIRICAL PICTURE DE WES ANDERSON<br />
BANDE ORIGINALE DISPONIBLE CHEZ<br />
LE 21 JUIN AU CINEMA<br />
@UniversalFR<br />
AsteroidCity-LeFilm.com #AsteroidCityLeFilm
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
DOSSIER<br />
LE MAGHREB À CANNES
Rendez-vous d’un côté et de l’autre de la Méditerranée !<br />
L'événement le plus attendu du cinéma fait battre le cœur des films, de<br />
ceux qui les font, les accompagnent et les montrent. Tout cela sous le<br />
regard émerveillé de ceux qui les voient. Au-delà du glam, le Festival de<br />
Cannes, c’est aussi une étape politique cruciale dans le calendrier des<br />
organisations professionnelles qui n’ont de cesse de prendre d’assaut les<br />
défis qui s’imposent aux salles. Une sortie de crise et une reconquête<br />
des publics plus tard, le secteur s’empare de sa nécessaire transition<br />
écologique (pressé par les coûts énergétiques) et dont fait partie le<br />
vaste chantier de la transition au laser. En parallèle, le rapport Lasserre<br />
“Cinéma et régulation”, commandé par la ministre de la Culture, a<br />
présenté 13 préconisations afin de réformer la filière. Entre libéralisation<br />
et régularisation, celui-ci questionne les mécanismes et outils en aval<br />
de la sortie des films. S’il n’obtient pas l'adhésion de tous, il sonne<br />
le point de départ de discussions interprofessionnelles, notamment<br />
autour de la réforme art et essai et des engagements de diffusion et de<br />
programmation. Les journées nationales de l’Afcae seront un premier<br />
terrain d'échanges, comme en témoigne son président Guillaume<br />
Bachy dans nos colonnes.<br />
De Cannes vers les pays du Maghreb, traçons un pont imaginaire<br />
à travers la Méditerranée. Alors que nous avons lancé cette année<br />
<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> Maghreb, le nombre de films présents sur la Croisette<br />
est record ! L'occasion est trop belle pour revenir sur l’histoire des films<br />
algériens, tunisiens et marocains et mettre en avant non seulement une<br />
région en pleine renaissance <strong>mai</strong>s, surtout, une cinéphilie historique au<br />
cœur même des festivals internationaux. Le dossier Maghreb à Cannes<br />
présente les acteurs clés de ce marché, et les défis de financement qui<br />
s’imposent à eux, en appelant à davantage de soutien de la part des<br />
gouvernements. Rencontre avec le cinéma maghrébin au-delà de ses<br />
frontières. Cannes, c'est parti !<br />
Marion Delique<br />
. CANNES <strong>2023</strong><br />
La programmation complète 10<br />
Interview de Guillaume Bachy, président de l’Afcae <strong>14</strong><br />
Le programme des Rencontres art et essai 16<br />
Entretien avec les coprésidents du Scare 18<br />
Rencontre avec les représentants de l’Acid 22<br />
Les rendez-vous du CNC 25<br />
Dossier : Le Maghreb sur la Croisette 28 à 38<br />
. ACTUALITÉS<br />
Les ambitions cinéma de l’Arabie saoudite 42<br />
Échos du CinemaCon 46<br />
Bruno Lasserre analyse son rapport Cinéma et régulation 50<br />
Retour sur l’AG du SFTC 52<br />
Où en est la parité dans le cinéma ? 54<br />
L’outil <strong>Boxoffice</strong> Live se développe 56<br />
. EXPLOITATION<br />
CGR : fin du processus de vente 58<br />
Haut et Court rachète le Navire de Valence 60<br />
L’Émission avec Jean Villa (Véo Cinémas) 61<br />
Un nouveau cinéma à La Réunion 62<br />
Le Cosmos de Strasbourg prépare sa reprise 64<br />
. INSTITUTIONNEL<br />
L’agenda de la profession 66<br />
Crédits page 3 : ©<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong><br />
La Rédaction<br />
JULIEN MARCEL<br />
Directeur de la<br />
publication<br />
MARION DELIQUE<br />
Rédactrice en chef<br />
AYSEGÜL ALGAN<br />
Journaliste<br />
CÉCILE VARGOZ<br />
Journaliste<br />
TANGUY COLON<br />
Journaliste<br />
SLIM MRAD<br />
Journaliste<br />
en formation alternance<br />
PHILIPPE COSQUERIC<br />
Infographiste<br />
est une publication de<br />
@<strong>Boxoffice</strong>France<br />
@<strong>Boxoffice</strong>_fr<br />
@boxofficefr<br />
<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> France<br />
N°ISSN : 2740-3335<br />
<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> est édité par THE BOXOFFICE COMPANY au capital de 2 075 620 €,<br />
c/o Webedia 2 rue Paul Vaillant-Couturier CS60102 - 92532 LEVALLOIS-PERRET<br />
CEDEX • Tél 01 85 09 95 87 / E-<strong>mai</strong>l redaction@boxoffice.com • Dépôt Légal<br />
à parution<br />
Directeur de la publication<br />
Julien Marcel / julien@boxoffice.com<br />
Rédactrice en chef Marion Delique / marion.delique@boxoffice.com<br />
Rédacteurs Aysegül Algan / aysegul.algan@boxoffice.com,<br />
Cécile Vargoz / cecile.vargoz@boxoffice.com,<br />
Tanguy Colon / tanguy.colon@boxoffice.com,<br />
Slim Mrad / slim.mrad@boxoffice.com<br />
Base de données Films guillaume.martin@boxoffice.com<br />
Publicité / Base de données distributeurs<br />
Pauline Luigi / pauline.luigi@boxoffice.com<br />
Caroline Roux / caroline.roux@webedia-group.com<br />
Réalisation THE BOXOFFICE COMPANY,<br />
Maquette / Infographie<br />
Philippe Cosqueric / philippe.cosqueric@boxoffice.com & Charlie Coulot<br />
Impression SOCOSPRINT IMPRIMEURS 36 route d’Archettes 88 000 Epinal<br />
4 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
DÉCOUVREZ LA NOUVELLE HÉROÏNE VENUE DES PROFONDEURS<br />
PAR LES CRÉATEURS DE<br />
ET<br />
LE 28 JUIN AU CINÉMA<br />
RubyLAdoKraken-LeFilm.com /UniversalFR #RubyLAdoKraken
ACTUALITÉS<br />
Vincent Florant<br />
quitte le CNC<br />
Le directeur du numérique du CNC va quitter<br />
l’institution le mois prochain, pour s’envoler vers<br />
New York en tant qu’attaché audiovisuel des<br />
services culturels français. Il avait pris la tête du<br />
service du numérique en 2019, au sein duquel il a<br />
notamment œuvré pour le « choc de modernisation<br />
» de l’appareil de production.<br />
©Moana Films _ Sony Pictures<br />
Zinc. rejoint le Dire<br />
Le syndicat des Distributeurs indépendants réunis européens a accueilli la société de<br />
distribution, créée fin 2021 par Jérôme Hilal, dans ses rangs.<br />
Zinc. a accéléré ses activités cette année <strong>2023</strong>, notamment<br />
en distribuant avec succès Les Petites Victoires de Mélanie<br />
Auffret (près d'un million de spectateurs depuis sa sortie<br />
le 1 er mars dernier) et compte encore quatre titres dans<br />
son line-up d’ici la fin de l’année. « L’indépendance a une<br />
grande valeur à mes yeux, et je suis fier de rejoindre ce groupe<br />
prestigieux de vrais distributeurs indépendants, dont j’admire<br />
le travail depuis des années », a déclaré Jérôme Hilal.<br />
Le Dire, coprésidé par Carole Scotta et Eric Lagesse,<br />
compte désor<strong>mai</strong>s 15 sociétés adhérentes : Ad Vitam,<br />
Bac Films, Capricci, Diaphana, Haut et Court, Le Pacte,<br />
Les Films du Losange, Memento Distribution, Pyramide<br />
Distribution, Rezo Films, SBS Distribution, The Jokers,<br />
Ufo Distribution, Wild Bunch Distribution et, donc, Zinc.<br />
Les Petites Victoires<br />
©Stéphanie Branchu-ADNP-Zinc- France 3 Cinéma<br />
Parasomnia dévoile ses<br />
premiers projets<br />
Le label de films de genre français, né de<br />
l’association entre la société de production Moana<br />
Films et Sony Pictures Ent. France, annonce ses<br />
deux premiers longs métrages. Dernier signal<br />
(photo) de Benjamin Busnel, coécrit avec Myriam<br />
Dupuis, a achevé son tournage le <strong>14</strong> mars dernier<br />
et devrait sortir sur les écrans français d’ici la fin<br />
d’année. Marie Kauffmann (vue dans la série<br />
Irresponsable) incarne une contrôleuse aérienne sur<br />
une île du Pacifique qui doit faire face à la menace<br />
d’un mystérieux avion, alors que des phénomènes<br />
paranormaux viennent se mêler à une tempête<br />
tropicale. Alexandra Gentil (aperçue dans Les<br />
Vedettes de Jonathan Barré) et Ali Tiemoko Haidara<br />
complètent le casting. Premier clap le 31 <strong>mai</strong> pour<br />
37 (titre provisoire) d’Arthur Môlard, coécrit avec<br />
Claire Patronik : un chauffeur-routier prend en stop<br />
une femme enceinte qui, armée d’un pistolet, lui<br />
impose de continuer sa route sans s’arrêter. Quand<br />
il n’aura plus d’essence, elle le tuera.<br />
Ces deux projets ont été retenus parmi les 2 600<br />
candidatures reçues. « Nous sommes ravis<br />
d’annoncer la concrétisation de notre appel à projets<br />
[lancé en janvier 2021, ndlr.] avec le lancement de ces<br />
deux premiers films destinés à la salle. Nous pensons<br />
qu’ils sauront combler le public amateur de films de<br />
genre tant par leurs concepts forts que par leur<br />
originalité », ont déclaré Marc Missonnier, PDG de<br />
Moana Films, et Stéphane Huard, président de<br />
Sony Pictures Ent. France.<br />
T.C.<br />
Simon Eck rejoint Jour2Fête<br />
Avec le départ prochain de Lou Sfez de son équipe programmation, la société<br />
de Sarah Chazelle et Étienne Ollagnier accueillera dès le 22 <strong>mai</strong> Simon Eck.<br />
Formé par Wild Bunch en 2012, puis Junior Sales Analyst chez Warner entre<br />
2015 et 2016, il s’est affûté chez Mars Films en tant que programmateur des<br />
régions de Lyon et Est entre 2016 et 2021, avant que la société ne baisse le<br />
rideau, puis chez Metropolitan Filmexport depuis juin 2022, à la programmation<br />
et au marketing salles. Chez Jour2Fête, Simon Eck va travailler en<br />
étroite collaboration avec Eglantine Stasiecki, responsable province, et aux<br />
côtés de Johanna Mayer.<br />
Contact : simon.eck@jour2fete.com / 01 40 22 92 15<br />
Mickaël Gaudefroy intègre Metropolitan<br />
Le Bateau revient à Cannes !<br />
Pour pallier le départ de Simon Eck le 21 <strong>mai</strong>, l’équipe des ventes de Béatrice<br />
Laherrere enregistre l’arrivée de Mickaël Gaudefroy. Après des expériences chez<br />
TF1 Studio et NBCUniversal, il a été programmateur et responsable du marketing<br />
à la 25 e Heure entre septembre 2021 et janvier <strong>2023</strong>. Il a également<br />
collaboré de manière indépendante avec la plateforme Majelan. Il était depuis<br />
ce début d’année Brand <strong>Pro</strong>ject Manager chez Trace, marque média internationale<br />
dédiée à la musique et au divertissement afro-urbain. Chez Metropolitan,<br />
Mickaël Gaudefroy programme la région de Bordeaux et travaille également<br />
avec Livio Frankias sur le marketing salles, et en binôme avec Paul Robert sur<br />
les régions Sud.<br />
Contact : mgaudefroy@metropolitan-films.com / 01 56 59 23 85<br />
Les Partenaires du Bateau vous accueillent pendant le 76 e Festival de Cannes.<br />
Il amarre à nouveau au Pantiero de Cannes du 18 au 25 <strong>mai</strong>, à deux pas du Palais et du tapis rouge. Le Bateau est<br />
de retour et ses partenaires sont heureux de proposer ce lieu d’exception : les sociétés ADDE, Benoît Ciné Distribution,<br />
Coca Cola, Bolloré et The <strong>Boxoffice</strong> Company accueilleront leurs passagers en journée, entre 10h30 à 17h, pour<br />
un rendez-vous professionnel ou juste un moment de détente entre deux séances, loin de la foule de la Croisette.<br />
Tous les soirs, dans une ambiance plus festive et avant la montée des marches, les partenaires offrent un apéritif à<br />
partir de 18h à 21h30. Se joindront aux partenaires sur le Bateau, Mediavision du 18 au 22 <strong>mai</strong> et CinéSol du 22<br />
au 25 <strong>mai</strong>.<br />
N’hésitez pas à venir les rencontrer, pour des moments paisibles et conviviaux.<br />
Pour cela, contactez Laurence Lega - info@lebateaucannes.fr<br />
6 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
L’Atelier Distribution dans le grand bain avec Marcel le coquillage<br />
Un an après sa sortie américaine, Marcel le coquillage (avec ses chaussures) va s’afficher à partir du <strong>14</strong> juin dans les cinémas français,<br />
accompagné par L’Atelier Distribution qui déploie le dispositif le plus ambitieux de son existence.<br />
Au début des années 2010, un court métrage mettant<br />
en scène un minuscule coquillage, réalisé et produit par<br />
Dean Fleischer et Jenny Slate, devient un véritable<br />
phénomène et convainc le tandem de se lancer dans<br />
l’aventure d’un long. Près d’une décennie plus tard, sous<br />
la houlette du studio A24, Marcel le coquillage (avec ses<br />
chaussures), faux documentaire avec les voix de Jenny<br />
Slate et Isabella Rossellini, déboule dans les salles américaines<br />
le 24 juin 2022 et, depuis, cumule près de 7<br />
millions de dollars de recettes mondiales. « C’est un film<br />
que nous suivions depuis un moment, même si, au regard<br />
de la densité du marché français, une sortie en salle n’était<br />
pas envisagée initialement. Ce sont les multiples nominations<br />
aux Oscars, aux Golden Globes et aux Bafta, et le fait que<br />
la France soit un territoire cinéphile pour les Américains,<br />
qui ont validé la sortie au cinéma », raconte Hugues<br />
Peysson, dirigeant de L’Atelier Distribution. Le distributeur<br />
se rapproche alors d’Universal Pictures, qui détient<br />
les droits pour la France : « Nous avions déjà collaboré<br />
ensemble sur Limbo de Ben Sharrock (sorti le 4 <strong>mai</strong> 2022)<br />
et ils avaient apprécié la façon dont nous avions défendu et<br />
accompagné le film sur la durée. Nous gérons donc la<br />
distribution en salles, la VOD et l’édition vidéo, Universal<br />
conservant les autres mandats. »<br />
Historiquement distributeur de documentaires pour<br />
s’ouvrir petit à petit à la fiction, L’Atelier Distribution<br />
déploie le plus important dispositif de sa jeune histoire<br />
pour Marcel le coquillage, « empreint d’humanité dans une<br />
ère de cynisme, qui se situe dans un registre entre Le Petit<br />
Prince, les productions Pixar et les films Ghibli, et dont les<br />
différents niveaux de lecture le rendent accessible aussi bien<br />
aux enfants qu’aux adultes ». Outre une VO pour une<br />
cible plus cinéphile et fan des productions A24 qui jouera<br />
principalement en soirée, le distributeur a réalisé une<br />
version française qui tranche avec l’originale et qui a été<br />
testée avec succès auprès d’un public plus familial,<br />
davantage programmée sur les stratégiques MSD (mercredi,<br />
samedi, dimanche). Le plan de sortie oscille entre 100<br />
et 150 copies.<br />
©L'Atelier Distribution<br />
L’Atelier Distribution a débuté sa campagne de terrain<br />
avec une première projection française le 6 <strong>mai</strong> dernier<br />
au Zola de Villeurbanne, dans le cadre du festival On<br />
vous ment !, et fera prochainement des avant-premières<br />
avec la salle itinérante Cinémobile. Marcel le coquillage<br />
a, par ailleurs, été sélectionné par le comité 15/25 de<br />
l’Afcae. Le film annonce sera diffusé dans plusieurs réseaux<br />
de salles dès la S-2, tandis que des goodies (badges,<br />
pin’s...), livrets d’activités et dossiers pédagogiques seront<br />
mis à disposition des exploitants. En S-1, sera déployé<br />
de l’affichage urbain à Paris et en couronne. « La notoriété<br />
grandit de plus en plus et nous voulons que les gens s’approprient<br />
Marcel. Le film est né en devenant viral, l’objectif<br />
est d’accompagner ce phénomène », indique Charline<br />
Touzeau, cheffe de projets sortie salle chez L’Atelier<br />
Distribution. D’où l’envie d'être également « très fort sur<br />
le digital », qui représente une bonne partie des investissements,<br />
avec une campagne pilotée en lien avec l’agence<br />
Silenzio. La promotion sera ainsi accompagnée par France<br />
Inter, Konbini, SensCritique et renforcée par du pré-roll<br />
sur YouTube et de l’achat d’espace sur le replay de France<br />
TV, sur Facebook et Instagram. Le distributeur entend<br />
également alimenter le bouche-à-oreille, « auquel nous<br />
croyons beaucoup », avec la publication sur les réseaux<br />
sociaux de testimoniaux et autres contenus les jours<br />
suivants la sortie. Autant de leviers qui doivent permettre<br />
au film « d'être identifié par le public, ce qui reste actuellement<br />
l’une des principales difficultés pour les distributeurs.<br />
C’est cette visibilité qui permet ensuite de générer des entrées<br />
», note Hugues Peysson.<br />
Tanguy Colon<br />
En image<br />
©Agat Films<br />
Et la fête continue<br />
pour Guédiguian<br />
Après un détour par Bamako, Robert Guédiguian<br />
revient sur ses terres marseillaises et<br />
retrouve pour son 23 e long sa tribu historique :<br />
Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola<br />
Naymark, Robinson Stévenin, Gérard Meylan,<br />
Grégoire Leprince-Ringuet, ainsi qu’Alice Da Luz<br />
et Pauline Caupenne, réunis sur cette photo.<br />
Écrit avec Serge Valletti, comme trois de ses<br />
films, le film met en scène Rosa, 60 ans, qui a<br />
consacré sa vie à sa famille et à la politique avec<br />
le même sens du sacrifice, jusqu’au jour où elle<br />
tombe amoureuse d’Henri… Bien sûr produit<br />
par Agat Films et distribué par Diaphana, le film,<br />
tourné l’an dernier, est espéré en salles avant la<br />
fin de l’année…<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
7
CANNES <strong>2023</strong><br />
PROGRAMMATION COMPLÈTE<br />
DU 76 E FESTIVAL DE CANNES<br />
Sélection officielle<br />
Film d’ouverture<br />
Jeanne du Barry de Maïwenn / Le Pacte (16/05)<br />
Compétition<br />
Asteroid City de Wes Anderson / Universal (21/06)<br />
Anatomie d’une chute de Justine Triet / Le Pacte (23/08)<br />
Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy / Tandem<br />
Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire / Metropolitan<br />
Club Zero de Jessica Hausner / Bac<br />
Jeunesse de Wang Bing / Les Acacias<br />
La Chimère d’Alice Rohrwacher / Ad Vitam (6/12)<br />
L’Enlèvement de Marco Bellocchio / Ad Vitam (8/11)<br />
L’Été dernier de Catherine Breillat / Pyramide (20/09)<br />
Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki / Diaphana (20/09)<br />
Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania / Jour2Fête (5/07)<br />
Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan / Memento (12/07)<br />
Le Jeu de la Reine de Karim Aïnouz / ARP Sélection<br />
Le Retour de Catherine Corsini / Le Pacte<br />
La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung / Gaumont (8/11)<br />
May December de Todd Haynes / ARP Sélection<br />
Monster de Hirokazu Kore-eda / Le Pacte<br />
Perfect Days de Wim Wenders / Haut et Court (29/11)<br />
The Old Oak de Ken Loach / Le Pacte<br />
The Zone of Interest de Jonathan Glazer / Bac<br />
Vers un avenir radieux de Nanni Moretti / Le Pacte (28/06)<br />
Un Certain Regard<br />
Ouverture : Le Règne animal de Thomas Cailley / Studiocanal (4/10)<br />
Goodbye Julia de Mohamed Kordofani / ARP Sélection<br />
How To Have Sex de Molly Manning / Condor<br />
Hopeless de Kim Chang-hoon / Bac<br />
If Only I Could Hibernate de Zoljargal Purevdash / Eurozoom<br />
Les Colons de Felipe Gálvez / Dulac<br />
Los Delincuentes de Rodrigo Moreno / JHR & Arizona<br />
La Fleur de Buriti de Joao Salaviza et Renée Nader Messora / Ad Vitam<br />
La Mère de tous les mensonges de Asmae El Moudir<br />
Les Meutes de Kamal Lazraq / Ad Vitam (12/07)<br />
Omen de Baloji Tshiani<br />
Only The River Flows de Wei Shujun / Ad Vitam<br />
Rien à perdre de Delphine Deloget / Ad Vitam<br />
Rosalie de Stéphanie Di Giusto / Gaumont<br />
Salem de Jean-Bernard Marlin / Ad Vitam (30/08)<br />
Simple comme Sylvain de Monia Chokri / Memento<br />
The New Boy de Warwick Thornton<br />
Terrestrial Verses d’Ali Asgari et Alireza Khatami / ARP Sélection<br />
Un hiver à Yanji de Anthony Chen / Nour<br />
Clôture : Une nuit d’Alex Lutz (Hors Compétition) / Studiocanal (5/07)<br />
Séances spéciales<br />
Anselm de Wim Wenders / Les Films du Losange (18/10)<br />
Bread And Roses de Sahra Mani<br />
Man In Black de Wang Bing<br />
Little Girl Blue de Mona Achache / Tandem<br />
Le Théorème de Marguerite de Anna Novion / Pyramide (11/10)<br />
Occupied City de Steve McQueen<br />
Portrait fantôme de Kleber Mendonça Filho<br />
Robot Dreams de Pablo Berger / Wild Bunch<br />
Hors compétition<br />
Cobweb de Kim Jee-woon / The Jokers<br />
Indiana Jones et le Cadran de la Destinée de James Mangold / Disney (28/06)<br />
Killers of The Flower Moon de Martin Scorsese / Paramount (18/10)<br />
L'Abbé Pierre - Une vie de combats de Frédéric Tellier / SND (15/11)<br />
Strange Way of Life de Pedro Almodóvar (court métrage) / Pathé (16/08)<br />
The Idol de Sam Levinson / série HBO<br />
Cannes Première<br />
Bonnard, Pierre et Marthe de Martin <strong>Pro</strong>vost / Memento<br />
Eureka de Lisandro Alonso / Le Pacte<br />
Fermer les yeux de Víctor Erice / Haut et Court<br />
Kubi de Takeshi Kitano<br />
L'Amour et les forêts de Valérie Donzelli / Diaphana (24/05)<br />
Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré / Gaumont (29/11)<br />
Perdidos en la noche de Amat Escalante / Paname<br />
Séances de minuit<br />
Acide de Just Philippot / Pathé (20/09)<br />
Hypnotic de Robert Rodriguez / SND (23/08)<br />
Kennedy de Anurag Kashyap<br />
Omar la fraise de Elias Belkeddar / Studiocanal (24/05)<br />
<strong>Pro</strong>ject Silence de Kim Tae-gon / KMBO<br />
Dernière séance<br />
Élémentaire de Peter Sohn / Disney (21/06)<br />
Quinzaine des Cinéastes<br />
Film d’ouverture<br />
Le <strong>Pro</strong>cès Goldman de Cédric Kahn / Ad Vitam (27/09)<br />
Agra de Kanu Behl / Les Films de l’Atalante<br />
L’Autre Laurens de Claude Schmitz / Arizona<br />
L'Arbre aux papillons d'or de Thien An Pham / Nour<br />
Blackbird Blackbird Blackberry de Elene Naveriani / Capricci<br />
La Grâce de Ilya Povolotsky<br />
Conann de Bertrand Mandico / Ufo<br />
Creatura de Elena Martín Gimeno<br />
Déserts de Faouzi Bensaïdi / Dulac<br />
In Flames de Zarrar Kahn / The Jokers<br />
Légua de Filipa Reis et João Miller Guerra<br />
Le Livre des solutions de Michel Gondry / The Jokers<br />
Mambar Pierrette de Rosine Mbakam<br />
Conte de feu de Weston Razooli<br />
The Feeling That The Time For Doing Something Has Passed de Joanna Arnow<br />
The Sweet East de Sean Price Williams<br />
Un prince de Pierre Creton / JHR<br />
A Song Sung Blue de Zihan Geng<br />
Film de clôture<br />
In Our Day de Hong Sang-soo / Capricci<br />
Séance spéciale<br />
Val Abraham de Manoel de Oliveira<br />
10 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
VIGO FILMS PRÉSENTE<br />
BATTANTE. JOUEUSE. L GENDE.<br />
07<br />
JUIN<br />
AU CINÉMA<br />
GARANCE MARILLIER<br />
ÉMILIE DEQUENNE ALBAN LENOIR FRED TESTOT SYLVIE TESTUD<br />
PHOTO ANNE TILLY / LE CERCLE NOIR<br />
D’APRÈS UNE INCROYABLE HISTOIRE VRAIE<br />
UN FILM DE VIRGINIE VERRIER<br />
AVEC LA PARTICIPATION DE CAROLINE PROUST<br />
CONTACTEZ VOTRE PROGRAMMATEUR : LOÉDIA BORDES - LBORDES@THEJOKERSFILMS.COM
CANNES <strong>2023</strong><br />
LA PROGRAMMATION COMPLÈTE<br />
(SUITE)<br />
Se<strong>mai</strong>ne de la Critique<br />
Film d’ouverture<br />
Àma Gloria de Marie Amachoukeli / Pyramide (30/08)<br />
Compétition<br />
Il pleut dans la <strong>mai</strong>son de Paloma Sermon-Daï / Condor<br />
Inchallah un fils de Amjad Al Rasheed / Pyramide (31/01/24)<br />
Sleep de Jason Yu / The Jokers<br />
Levante de Lillah Halla / Rezo<br />
Lost Country de Vladimir Perisic / Rezo<br />
Le Ravissement de Iris Kaltenbäck / Diaphana<br />
Tiger Stripes de Amanda Nell Eu / Jour2Fête<br />
Film de clôture<br />
La Fille de son père d'Erwan Le Duc / Pyramide (20/12)<br />
Séances spéciales<br />
Vincent doit mourir de Stéphane Castang / Capricci<br />
Le Syndrome des amours passées de Ann Sirot et Raphaël Balboni / KMBO<br />
Acid Cannes<br />
Caiti Blues de Justine Harbonnier / Shellac<br />
Dreaming In Between de Ryutaro Nynoliya<br />
État limite de Nicolas Peduzzi / Les Alchimistes<br />
In The Rearview de Maciek Hamela / New Story<br />
Laissez-moi de Maxime Rappaz / Eurozoom<br />
Linda veut du poulet ! de Chiara Malta & Sébastien Laudenbach / Gebeka<br />
Machtat de Sonia Ben Slama<br />
La Mer et ses vagues de Liana & Renaud<br />
Nome de Sana Na N’hada<br />
Cannes Écrans Juniors<br />
Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan / New Story<br />
Coming Soon de Takayuki Hirao / Art House<br />
Kiddo de Zara Dwinger / Les Films du Préau<br />
Petit Jésus de Julin Rigoulot / Wild Bunch<br />
Camila sortira ce soir de Inés María Barrionuevo / Outplay<br />
Nezouh de Soudade Kaada / Pyramide (21/06)<br />
Nos frères rêvent éveillés de Claudia Huaiquimilla / JHR<br />
Tótem de Lila Avilés / Rezo<br />
Cannes Classics<br />
Hommage à Godard<br />
Le Mépris* de Jean-Luc Godard / Carlotta (24/05)<br />
Godard par Godard de Florence Platarets<br />
Le film annonce du film qui n’existera ja<strong>mai</strong>s : Drôles de Guerres<br />
Séances spéciales<br />
Chambre 999 de Lubna Playoust<br />
La Saga Berri-Rassam, le cinéma dans les veines de Michel Denisot et Florent Maillet<br />
Liv Ullmann <strong>–</strong> A Road Less Travelled de Dheeraj Akolkar<br />
Le Retour à la raison de Man Ray<br />
Restaurations en avant-première<br />
Récit d’un propriétaire* de Yasujirō Ozu / Carlotta<br />
Les Sœurs Munekata* de Yasujirō Ozu / Carlotta<br />
La Maison du docteur Edwardes d’Alfred Hitchcock<br />
Classe tous risques* de Claude Sautet / Les Acacias<br />
Bonjour, c’est moi de Frounze Dovlatian<br />
Le Rendez-vous des quais de Paul Carpita<br />
Le Disque rouge de Pietro Germi<br />
Mississippi Blues* de Bertrand Tavernier et Robert Parrish / Tamasa<br />
ES d’Ulrich Schamoni<br />
Le Village près du ciel de Leopold Lindtberg<br />
Ces Messieurs de la santé de Pierre Colombier / Pathé<br />
La Dame de Constantinople de Judit Elek<br />
Skeleton of Mrs. Morales de Rogelio A. González<br />
L’Homme au coin rose de René Mugica<br />
L’Amour fou* de Jacques Rivette / Les Films du Losange<br />
Caligula <strong>–</strong> The Ultimate Cut* / Bac<br />
The Chosen One d’Aribam Syam Sharma<br />
Documentaires<br />
100 ans de Warner Bros de Leslie Iwerks<br />
Nelson Pereira dos Santos <strong>–</strong> une vie de cinéma d’Aida Marques et Ivelise Ferreira<br />
Viva Varda ! de Pierre-Henri Gibert <strong>–</strong> Cinétévé Sales / MK2 Films<br />
Anita de Svetlana Zill et Alexis Bloom (sur Anita Pallenberg)<br />
Michael Douglas, le fils prodige d’Amine Mestari<br />
Cinéma de la Plage<br />
Avant-premières mondiales<br />
Flo de Géraldine Danon / Metropolitan (29/11)<br />
Mars Express de Jérémie Périn / Gebeka (22/11)<br />
Underground* d’Emir Kusturica / Malavida<br />
Thelma & Louise* de Ridley Scott / Park Circus (5/11)<br />
L’Été meurtrier de Jean Becker<br />
Le Sens de la fête d’Éric Toledano et Olivier Nakache<br />
La Fureur du dragon* de Bruce Lee / Metropolitan<br />
Carmen* de Carlos Saura / Tamasa<br />
Badlands* de Terrence Malick / Warner<br />
L’Été en pente douce* de Gérard Krawczyk / Mission (9/08)<br />
Sarafina! de Darrell Roodt<br />
Alberto Express d’Arthur Joffé<br />
* films accompagnés en salles par l’ADRC<br />
12 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
CANNES <strong>2023</strong> / RENCONTRES NATIONALES ART ET ESSAI<br />
Notre singularité, le cœur même de l’Afcae, est de<br />
considérer le cinéma comme autre chose qu’un<br />
simple loisir ou un produit d'appel<br />
GUILLAUME BACHY, PRÉSIDENT DE L’AFCAE<br />
Vous avez été élu président en octobre dernier.<br />
Quel premier bilan peut-on tirer de ces six premiers<br />
mois ?<br />
Je tiens d’abord à souligner le travail de François Aymé<br />
et le remercier pour son temps, son investissement et son<br />
énergie. Ses actions, internes et externes, ont vraiment<br />
été positives pour l’association qui est aujourd’hui plus<br />
forte que ja<strong>mai</strong>s. Notre bureau renouvelé est très engagé,<br />
le conseil d'administration dynamique et impliqué, tout<br />
cela avec une équipe compétente autour du délégué<br />
général David Obadia. Ensemble, nous co-construisons<br />
nos actions de façon collective et intégrée.<br />
Et puis, nous ne pouvons que nous réjouir de la reprise<br />
du marché. Selon les dernières statistiques, les films art<br />
et essai du top 30 du premier trimestre <strong>2023</strong> réalisent<br />
68 % d’entrées de plus que le comparable 2022 et la part<br />
de marché des salles classées est en progression de près<br />
de 20% par rapport à la moyenne 2017-2019 de la même<br />
période, soulignant l'excellente dynamique du marché<br />
art et essai. Alors que les salles ont souvent été attaquées<br />
pendant la crise, le cinéma reprend sa place de façon<br />
positive, grâce au nombre de films et parce que nous<br />
avons martelé que non, le cinéma n’est pas cher, non, le<br />
cinéma n'est pas une activité de riches, et que oui, venir<br />
au cinéma est une expérience exceptionnelle. Les gens<br />
en ont assez d'être seuls chez eux, ils ont envie de<br />
nouveautés de partage et de diversité qu’ils trouvent dans<br />
nos salles.<br />
Les auteurs et cinéastes ont été brimés pendant la période<br />
de la Covid. Beaucoup de films qui auraient dû sortir<br />
en salle ont connu une carrière quasi inexistante sur<br />
plate-forme. Les cinémas jouent ce rôle-là : celui de faire<br />
connaître les cinéastes et leur permettre de rencontrer<br />
leur public. Apple a compris que c'était important en<br />
accompagnant Scorsese dans le plus grand festival du<br />
monde. C'est une valeur qui n'existe nulle part ailleurs.<br />
On n'a pas fait mieux que la salle pour la notoriété<br />
des œuvres.<br />
Les Rencontres nationales art et essai ouvrent,<br />
comme de tradition, les festivités de la croisette. Un<br />
rendez-vous incontournable, aussi bien cinéphile que<br />
politique. Alors que le CNC donne le coup d’envoi<br />
d’une concertation interprofessionnelle sur la<br />
réforme art et essai, Guillaume Bachy présidera sa<br />
première assemblée générale cannoise, après les sept<br />
années de mandat de François Aymé. Entretien avec<br />
le président de l'Association nationale des cinémas art<br />
et essai pour évoquer ses enjeux et sa feuille de route.<br />
Comment se profilent les rencontres nationales<br />
cannoises ?<br />
Nous avons reçu plus de 950 inscriptions. Les salles<br />
adhérentes ont un vrai désir pour ce rendez-vous important.<br />
Ils savent qu'ils vont rencontrer l'équipe de l'Afcae,<br />
les administrateurs, voir des films et avoir des temps<br />
d'échanges politiques avec le CNC. Nous proposerons<br />
un temps de présentation de projets innovants, qui mettra<br />
en avant de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques<br />
dont les adhérents pourront s'inspirer. Les salles art et<br />
essai ne ronronnent pas. Au contraire, elles se projettent<br />
dans le XXI e siècle et se saisissent de leurs propres enjeux<br />
d'animation, d'énergie, d’écologie et d'architecture. Pour<br />
ce faire, nous proposerons à nos adhérents d’actualiser<br />
nos statuts, à travers une assemblée générale extraordinaire,<br />
non seulement sur la possibilité du vote électronique,<br />
<strong>mai</strong>s plus en profondeur, sur une nouvelle façon d'animer<br />
et d’administrer l'association. L’objectif est d’établir une<br />
plus grande représentativité des administrateurs et des<br />
décisions plus collectives, en somme, de rendre plus<br />
souple et plus simple la relation entre les adhérents<br />
et l'association.<br />
<strong>14</strong> N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
Vous avez récemment manifesté votre désaccord<br />
avec la fin du Fonds jeunes cinéphiles, dont la<br />
dotation est injectée dans l’enveloppe art et<br />
essai globale. Quelles sont les conséquences<br />
d’une telle décision ?<br />
Nous ne pouvons que le regretter. Au final, l’enveloppe<br />
art et essai diminue puisque qu’elle était de 18,4 M €<br />
en 2022 et que cette année, elle sera de 18 M €, dont<br />
les 2 M € incorporés du fonds Jeunes cinéphiles. Cette<br />
décision est un mauvais message : ce n'est pas parce que<br />
ce travail ressemble à de l’art et essai qu'il doit être<br />
intégré à l'enveloppe globale. Il s’agit d’une action,<br />
validée par l’ensemble de la filière, qui a rencontré un<br />
grand succès auprès du public visé. Aujourd'hui, on ne<br />
parle plus de public jeune, ni de public adolescent,<br />
<strong>mai</strong>s de public 15-25. C'est devenu un marqueur intégré<br />
dans la politique des salles. Son arrêt au bout d'un an<br />
nous questionne au-delà de la déception de ne pouvoir<br />
dresser un bilan des actions menées et de les expérimenter<br />
dans d’autres salles. L'Afcae a siégé à la commission de<br />
sélection des dossiers, dont 212 ont été retenus sur 249<br />
déposés avec une dotation moyenne de 10 000 €.<br />
Premièrement, nous avons constaté la qualité et la<br />
diversité des actions mises en place et la façon dont<br />
elles s'inscrivent dans les territoires. Ensuite,<br />
au-delà de la notion d'art et essai que nous<br />
défendons, nous pensons qu’il y a des croisements<br />
possibles avec tous les autres dispositifs<br />
mis en place, et qu’ils s’enrichissent<br />
mutuellement... Sans compter que certaines<br />
salles démarraient leurs actions avec des<br />
films grand public, et s'emparaient au fur<br />
et à mesure d’œuvres plus exigeantes.<br />
Nous considérons qu'il faut continuer à travailler cette<br />
cible. Cela fait plus d'une quinzaine d'années que l’on<br />
cherche à faire revenir les jeunes en salle et nous sommes<br />
arrivés à maturité de notre réflexion. On ne va pas lâcher<br />
<strong>mai</strong>ntenant ! Nous continuerons à expérimenter ce projet<br />
avec notre comité 15-25 et nous espérons être soutenus<br />
dans cette démarche par le CNC.<br />
Quels sont les autres dispositifs que vous avez<br />
envie de défendre dans les prochains mois et<br />
vos grandes lignes directrices ?<br />
Nous sommes mobilisés sur le dispositif expérimental<br />
Étudiant.e.s au cinéma. Notre objectif est d'être un<br />
facilitateur entre les salles et les universités, afin qu'elles<br />
entretiennent un dialogue direct, simple et rapide avec<br />
les étudiants. Le groupe des associations territoriales<br />
établira un cercle vertueux en créant le lien entre les salles,<br />
les départements et les régions. À l'échelle nationale,<br />
nous avons initié une journée "les Etudiant.e.s à l'affiche"<br />
qui a réalisé 700 entrées dans 4 cinémas du dispositif.<br />
Pour identifier des films et les accompagner au moment<br />
de leur sortie en salle, nous avons composé un collège<br />
d'étudiants que nous emmenons à Cannes, puis au festival<br />
La Rochelle Cinéma.<br />
La question des postes de médiateurs reste un enjeu<br />
primordial pour l’Afcae. Alors que les conventions État/<br />
Région sont en rediscussion, nous partageons complètement<br />
l'ambition du CNC de doubler sur deux ans<br />
le nombre de médiateurs et d’atteindre <strong>14</strong>0 postes. Là<br />
aussi, c’est un cercle vertueux qui s’inscrit dans la<br />
reconquête des publics et dans tous les dispositifs pour<br />
les jeunes.<br />
Il ne faut pas que l’on perde ces <strong>mai</strong>llons essentiels au<br />
risque d’écrouler une politique culturelle que l’on vient<br />
juste de mettre en place et qui ne peut reposer uniquement<br />
sur le pass Culture. Ce dispositif ne peut pas, en<br />
effet, être la seule politique culturelle du gouvernement.<br />
Il faut aller au-delà de son fonctionnement, basé sur la<br />
demande, pour accompagner et faire découvrir de<br />
nouveaux films. Cela implique un investissement très<br />
fort des exploitants.<br />
Nous avons aussi des inquiétudes concernant l'utilisation<br />
de la part collective du pass Culture sur les dispositifs<br />
d'éducation aux cinémas, désor<strong>mai</strong>s très ancrés<br />
dans les territoires. Il faut réserver cette part à d'autres<br />
On ne parle plus de public jeune, ni<br />
de public adolescent, <strong>mai</strong>s de public<br />
15-25. C'est devenu un marqueur.<br />
actions que celles déjà prises en charge par les collectivités.<br />
Elle doit servir à faire découvrir aux collégiens et<br />
lycéens des films d'actualité, qu'ils n'auraient pas été<br />
voir par eux-mêmes, ou à la mise en place de pratiques<br />
artistiques ou encore de découvertes culturelles qui ne<br />
se substituent pas à ce qui existe déjà. Les distributeurs<br />
doivent prendre position là-dessus pour soutenir les<br />
films qui ont du mal à trouver leur public et profiter<br />
de leurs campagnes de promotion. Nous pensons aussi<br />
que ce volet collectif du pass peut être mis à profit pour<br />
payer des coûts de transport, qui sont les premiers freins<br />
de l'accès des établissements à la salle de cinéma. Nous<br />
verrons quelles seront les décisions des départements<br />
et des régions à la rentrée <strong>2023</strong>, <strong>mai</strong>s nous tirons le<br />
signal d'alarme.<br />
Après la remise du rapport Lasserre le 6 avril,<br />
vous avez signifié votre étonnement sur les<br />
propositions de réforme de l’art et essai et la<br />
volonté de pondérer à la baisse les séances des<br />
films à fort potentiel commercial dans le calcul<br />
des subventions. Comment abordez-vous ces<br />
propositions ?<br />
Premièrement, le rapport montre que l'exploitation<br />
française est très forte, même exceptionnelle au regard<br />
de l’Europe ou du reste du monde. Bruno Lasserre pointe<br />
aussi que les salles art et essai qui travaillent mieux les<br />
films dans la profondeur, la durée et dans les territoires,<br />
ont grandement favorisé la reprise.<br />
En ce qui concerne les préconisations sur l’art et essai,<br />
nous estimons qu'on ne peut pas demander la même<br />
chose à une salle de centre-ville qu'à une salle de la<br />
ruralité. Les notions de territoire doivent être prises en<br />
compte via un dispositif sélectif. Le rapport Lasserre,<br />
qui est un peu technocrate, réduit les films à une valeur<br />
de points. Or, ce qui fait la différence entre une salle et<br />
une autre, c'est son travail d’accompagnement des films.<br />
<strong>Pro</strong>poser The Fabelmans de Steven Spielberg en troisième<br />
se<strong>mai</strong>ne à Saint-Pol-sur-Ternoise avec une animation,<br />
c’est faire de l’art et essai de qualité, plus que si on le<br />
faisait à Paris. La préconisation du rapport Lasserre, qui<br />
se base sur le nombre de copies des films <strong>–</strong> donc au final<br />
à une décision du distributeur <strong>–</strong> ne permet pas de<br />
considérer la diversité des œuvres, l’animation en salles<br />
et leur territorialité. Plus de sélectivité amènerait à un<br />
calcul plus juste par rapport à l'investissement et aux<br />
dépenses des salles et permettrait de travailler au plus<br />
près de la vérité des territoires. Concernant les films dits<br />
“fragiles” cités par Bruno Lasserre, ils sont déjà pour la<br />
plupart pris en compte par le label Recherche et Découverte.<br />
Une réflexion sur sa majoration pourrait être envisagée :<br />
leur programmation reste un vrai choix des salles,<br />
beaucoup plus significatif que le nombre de copies en<br />
sortie nationale.<br />
Puisque le CNC a décidé qu’il y aurait une<br />
réforme, autant y réfléchir vraiment et aller<br />
là où c'est important pour les salles.<br />
Évidemment, nous participerons aux<br />
concertations et serons à la hauteur de ce<br />
que nous représentons.<br />
Lors de notre dernier entretien, vous aviez<br />
évoqué votre volonté de mettre en valeur la<br />
“marque” Afcae auprès du grand public et de<br />
revendiquer de façon visible les valeurs portées<br />
par les salles art et essai. Où en êtes-vous de<br />
cette réflexion ?<br />
Nous construisons des projets, en lien direct avec le<br />
grand public, où la notion d'art et essai sera retravaillée<br />
et modernisée. Pour cela, nous avons réfléchi aux valeurs<br />
que porte l’Afcae : l’engagement, la transmission, la<br />
force collective et l’ambition de porter un modèle de<br />
société inclusif. Se rajoute aussi la notion d’écologie<br />
dans toutes ses dimensions. Aujourd’hui l'histoire de<br />
l’Afcae et ses valeurs résonnent avec la grande Histoire<br />
politique. Nous avons tout lieu de croire que nous<br />
sommes à la bonne place au bon moment.<br />
Notre singularité, le cœur même de l’Afcae, est de considérer<br />
le cinéma comme autre chose qu’un simple loisir<br />
ou un produit d'appel. L'art à essai n’est pas une valeur<br />
dévoyée ni obsolète. C'est une marque complètement<br />
dans l'air du temps. Il faut juste le faire savoir pour être<br />
mieux compris et mieux reconnu.<br />
<strong>Pro</strong>pos recueillis par Marion Delique<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
15
CANNES <strong>2023</strong><br />
La Cicae en AG à Cannes<br />
La Confédération internationale des cinémas d'art<br />
et essai tiendra à nouveau son assemblée générale<br />
ordinaire pendant le Festival, le mercredi 17 <strong>mai</strong>.<br />
Europa Cinemas en<br />
réunion et en jury<br />
Les exploitants du réseau européen se retrouvent<br />
quant à eux le 21 <strong>mai</strong>, à 15h à l'Hôtel Gray d'Albion.<br />
Par ailleurs, Europa Cinemas est à nouveau<br />
partenaire de la Quinzaine des Cinéastes, où un<br />
jury de quatre exploitants du réseau décernera,<br />
pour la 21 e année, son Label à un des neuf films<br />
européens de la section parallèle. Le jury <strong>2023</strong> est<br />
composé de Laurent Callonnec (Cinéma l'Écran,<br />
Saint-Denis, France), Sofie Mercier (Sphinx Cinema,<br />
Ghent, Belgique), Viviane Thill (Ciné Starlight,<br />
Dudelange, Luxembourg) et Justė Vyšniauskaitė<br />
(Kauno kino centras 'Romuva', Kaunas, Lituanie). Le<br />
Label Europa Cinemas sera remis le jeudi 25 <strong>mai</strong> à<br />
<strong>14</strong>h30 à la Plage de la Quinzaine.<br />
L’an dernier, il avait été décerné à Un beau matin<br />
de la Française Mia Hansen-Løve.<br />
Le jury du 5 e Prix des<br />
cinémas art et essai<br />
La récompense sera remise par cinq<br />
exploitants internationaux le samedi 27 <strong>mai</strong><br />
sur la Terrasse du Festival.<br />
Initié en 2019 par l’Afcae, le Prix des cinémas art et<br />
essai sera décerné à l’un des 21 films de la<br />
compétition du 76 e Festival de Cannes. En quatre<br />
éditions, cette récompense à par deux fois<br />
plébiscité le long métrage récipiendaire de la<br />
Palme d’or : en 2019 avec Parasite de Bong Joon-ho<br />
et en 2022 avec Sans filtre de Ruben Östlund. En<br />
2020, crise sanitaire oblige, Drunk de Thomas<br />
Vinterberg avait été sacré “en distanciel”, tandis<br />
qu’en 2021, le jury avait distingué Drive My Car de<br />
Ryusuke Hamaguchi.<br />
Ce Prix s’accompagne généralement d’une<br />
mention spéciale, décernée en 2019 aux Misérables<br />
de Ladj Ly, en 2020 à Gagarine de Fanny Liatard et<br />
Jérémy Trouilh, en 2021 à La Fracture de Catherine<br />
Corsini, et en 2022 à Eo de Jerzy Skolimowski.<br />
Présidente : Céline Delfour, directrice et<br />
programmatrice du cinéma Nestor Burma à<br />
Montpellier (France).<br />
Liliane Hollinger, gérante et programmatrice du<br />
cinéma Kino Cameo à Winterthur (Suisse).<br />
Cyril Désiré, directeur du cinéma Le Zola à<br />
Villeurbanne (France).<br />
Kaïs Zaid, cofondateur du mono écran<br />
CinéMadart à Carthage (Tunisie).<br />
Stéphane Libs, gérant et programmateur des<br />
cinémas Stars à Strasbourg (France).<br />
PROGRAMME<br />
RENCONTRES NATIONALES ART ET ESSAI<br />
Durant trois jours, autour de l’assemblée générale annuelle de l’Afcae, seront présentés 10<br />
films issus des sélections cannoises, ainsi que des projets innovants.<br />
Dimanche <strong>14</strong> <strong>mai</strong><br />
Rendez-vous des Exploitant·e.s<br />
17h à 19h : Cocktail d'ouverture<br />
Palais des festivals, Salle Debussy<br />
19h30 : Les Colons de Felipe Gálvez<br />
Sélection Officielle, Un Certain Regard, Dulac Distribution,<br />
1h38, En présence du réalisateur et de Thierry Frémaux, délégué général du<br />
Festival de Cannes<br />
21h45 : Bonnard, Pierre et Marthe de Martin <strong>Pro</strong>vost<br />
Sélection Officielle, Cannes Première, Memento Distribution,<br />
2h03, En présence du réalisateur<br />
Lundi 15 <strong>mai</strong><br />
Palais des festivals, Salle Debussy<br />
9h : AG ordinaire et extraordinaire de l’Afcae (accès réservé<br />
aux adhérent·e.s)<br />
Palais des Festivals, Salle Debussy<br />
15h15 : Little Girl Blue de Mona Achache<br />
Sélection Officielle, Séance Spéciale, Tandem, 1h35, En présence<br />
de la réalisatrice et de Gautier Labrusse, président du GNCR<br />
17h20 : Àma Gloria de Marie Amachoukeli<br />
Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, Pyramide Distribution, 1h24, En présence<br />
de la réalisatrice<br />
19h15 : Rosalie de Stéphanie Di Giusto<br />
Sélection Officielle, Un Certain Regard, Gaumont, 1h45, En<br />
présence de la réalisatrice (sous réserve)<br />
21h45 : Le Syndrome des amours passées d'Ann Sirot<br />
et Raphaël Balboni<br />
Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, KMBO, 1h29, En présence des réalisateurs<br />
Mardi 16 <strong>mai</strong><br />
Palais des Festivals, Salle Debussy<br />
9h : Linda veut du poulet ! de Chiara Malta et<br />
Sébastien Laudenbach<br />
Acid, Gebeka Films, 1h16, En présence du réalisateur<br />
10h45 : Le <strong>Pro</strong>cès Goldman de Cédric Kahn<br />
Quinzaine des Cinéastes, Ad Vitam, 1h55, En présence de Nathalie<br />
Hertzberg (scénariste) et Benjamin Elalouf (producteur)<br />
Salle Agnès Varda<br />
<strong>14</strong>h30 : Assemblée générale du Scare<br />
16h15* : Présentation de projets innovants<br />
Animée par Guillaume Bachy avec :<br />
• Jérémie Monmarché (directeur adjoint des Cinémas<br />
Studio et co-fondateur du projet PasserelleCiné et Transmit<br />
Cinéma) : projet PasserelleCiné<br />
• Véronique L'Allain (directrice du cinéma La Salamandre<br />
à Morlaix) : projet architectural<br />
• Catherine Cassaro (directrice de l'Acira) : projet de la<br />
plate-forme de covoiturage « travelling »<br />
• Marie Philippot (directrice du cinéma Le Caroussel à<br />
Verdun) : actions 15-25<br />
17h15* : Perdidos en la noche d'Amat Escalante<br />
Sélection Officielle, Cannes Première, Paname Distribution, 2h,<br />
En présence du réalisateur<br />
19h45* : How to Have Sex de Molly Manning Walker<br />
Sélection Officielle, Un Certain Regard, Condor Distribution,<br />
1h25, En présence de la réalisatrice<br />
Rendez-vous des Exploitant·e.s<br />
20h, 23h : Cocktail de clôture<br />
*Accessibles en priorité aux adhérent·e.s<br />
RENDEZ-VOUS DES EXPLOITANT.ES<br />
ART ET ESSAI<br />
Dans la foulée des Rencontres, l’Afcae accueille une nouvelle fois les exploitants art et essai dans son<br />
appartement cannois du 84 rue d’Antibes (5 e étage), avec tout un programme de rendez-vous conviviaux.<br />
Mercredi 17 <strong>mai</strong><br />
12h30-<strong>14</strong>h30 : Cocktail pass Culture<br />
Présentation du dispositif et actualités<br />
15h30- 17h : L'Entraide fête ses 90 ans<br />
Un jeu concours sur place sera proposé pour gagner un<br />
séjour dans l’un des appartements de l’Entraide ou en<br />
colonie de vacances.<br />
18h-20h : Cocktail des Rencontres du cinéma indépendant<br />
suivi d’un pot pour le film Los Delincuentes<br />
(Un Certain Regard) avec Arizona Distribution et<br />
JHR Films<br />
Jeudi 18 <strong>mai</strong><br />
16h-20h : Cocktail ComScore<br />
16h-18h : Présentations des nouveaux outils pour<br />
suivre et mesurer la fréquentation en France : Comscore<br />
movies et Cinézap 2.1<br />
18h-20h : Cocktail<br />
Vendredi 19 <strong>mai</strong><br />
18h-20h : Cocktail Cicae/AG Kino<br />
Samedi 20 <strong>mai</strong><br />
18h-20h : Apéritif Bac Films<br />
Dimanche 21 <strong>mai</strong><br />
11h-13h : Apéritif Alca Nouvelle-Aquitaine<br />
Annonce des lauréat.e.s du Full Circle Lab Nouvelle-<br />
Aquitaine <strong>2023</strong>, présentation des films soutenus<br />
sélectionnés et temps d’échanges avec les partenaires<br />
et professionnel·le.s de la région.<br />
18h-20h : Cocktail LuckyTime<br />
Lundi 22 <strong>mai</strong><br />
18h-20h : Cocktail Censier Publicinex<br />
Mardi 23 <strong>mai</strong><br />
18h-20h : Cocktail Positif<br />
Samedi 27 <strong>mai</strong><br />
11h-12h : Remise du Prix des cinémas art et essai<br />
sur la Terrasse du Festival<br />
Palais des festivals<br />
16 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
L’AFCAE<br />
au Festival<br />
de Cannes<br />
Le Rendez-vous<br />
des Exploitant·es<br />
Art & Essai<br />
Du 17 au 24 <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>, de <strong>14</strong>h30 à 20h<br />
84 rue d’Antibes - 5 e et 6 e étages<br />
<strong>Pro</strong>gramme détaillé sur place et sur www.art-et-essai.org<br />
Merci à nos partenaires : Access Dynamic, AG Kino, ALCA, Arizona Distribution, BAC<br />
Films, <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong>, Censier Publicinex, CICAE, Cine Society, Comscore, L’Entraide du cinéma et des<br />
spectacles, Full Circle Lab, Hexacom, JHR Films, LuckyTime, pass Culture, Positif, la Région Nouvelle-<br />
Aquitaine, les Rencontres du Cinéma Indépendant, Sonis, les Vendanges du 7 e Art, ainsi que les vins<br />
des Châteaux Castera, Chauvin, Fonbadet, Kirwan, Langoa Barton et des Do<strong>mai</strong>nes Peyronie.
CANNES <strong>2023</strong><br />
La Quinzaine en salle<br />
Cette année en partenariat avec le Scare, La<br />
Quinzaine des Cinéastes propose 10 jours<br />
d'avant-premières des films de la sélection <strong>2023</strong>,<br />
du 7 au 18 juin prochain, dans une trentaine de<br />
salles art et essai, dont quatre à Paris. Un nouveau<br />
rendez-vous donc pour la section parallèle<br />
cannoise qui, sous l’impulsion de son nouveau<br />
délégué général Julien Rejl, met la salle de cinéma<br />
au cœur de son action, rappelant « qu’elle est et<br />
doit demeurer l’endroit privilégié du septième art,<br />
qu’elle nous rassemble et nous fait parler ».<br />
Aix en <strong>Pro</strong>vence - Mazarin<br />
Antony - Le Sélect<br />
Auch - Ciné 32<br />
Avignon - Utopia<br />
Bayonne - L'Atalante<br />
Bordeaux - Utopia<br />
Chambéry - Astrée<br />
Cucuron - Le Cigalon<br />
Grenoble - Le Club<br />
Hérouville St Clair - Café des images<br />
Le Mans - Les Cinéastes<br />
Lyon - Comoedia<br />
Marseille - Alhambra<br />
Montpellier - Diagonal<br />
Montreuil - Le Méliès<br />
Nancy - Caméo<br />
Nantes - Le Katorza<br />
Nîmes - Le Sémaphore<br />
Orléans - Les Carmes<br />
Paris - Forum des images<br />
Paris - MK2 Beaubourg<br />
Paris - Reflet Médicis<br />
Paris - Le Louxor<br />
Poitiers - Le Dietrich<br />
Poitiers - TAP<br />
Port de Bouc - Le Méliès<br />
Rennes - Le TNB<br />
Rouen - L'Omnia<br />
Saint-Étienne - Le Méliès<br />
Strasbourg - Le Star<br />
Toulon - Le Royal<br />
Toulouse - L'American Cosmograph<br />
LE SCARE EN AG<br />
POUR RÉAFFIRMER<br />
LA SÉLECTIVITÉ DE L’ART<br />
ET ESSAI<br />
Photo de gauche à droite : Aline Rolland, Elise Mignot, Maïla Doukouré, Sylvain Clochard, Boris Thomas,<br />
Romane Périssé, Stéphane Libs, Martin Bidou, Christine Beauchemin-Flot, Frédérique Duperret,<br />
Olivia Reggiani, Béatrice Boursier, Pascal Robin, Eva Brucato<br />
L’assemblée générale <strong>2023</strong> du<br />
Syndicat des cinémas d’art, de<br />
répertoire et d’essai se tient à<br />
nouveau à Cannes pendant les<br />
Rencontres nationales de<br />
l’Afcae, où seront exprimées<br />
les positions qui font la<br />
diversité du mouvement. Les<br />
co-présidents du Scare,<br />
Christine Beauchemin-Flot et<br />
Stéphane Libs, donnent un<br />
avant-goût des débats.<br />
Comment s’annonce votre AG, qui retrouve cette<br />
année ses quartiers cannois ?<br />
Christine Beauchemin-Flot : Après une parenthèse<br />
enchantée <strong>mai</strong>s forcée à Deauville pendant le congrès de<br />
la FNCF, nous nous retrouvons à nouveau pendant le<br />
Festival de Cannes, un ancrage naturel qui nous permet<br />
en même temps de découvrir un maximum de films.<br />
Cette assemblée sera l’occasion de faire le point sur nos<br />
projets en cours autour de la data <strong>–</strong> notamment la collecte<br />
et la mutualisation des données des salles art et essai <strong>–</strong> et<br />
la fin de notre réunion sera ouverte à tous les adhérents<br />
de l’Afcae, pour partager nos avancées dans ce do<strong>mai</strong>ne.<br />
Stéphane Libs : Se retrouver pendant les Rencontres art<br />
et essai permet aussi de rassembler la majorité de nos<br />
adhérents <strong>–</strong> alors que tous ne vont pas à Deauville. Autre<br />
lien avec le Festival, qui est nouveau : notre partenariat<br />
avec la Quinzaine des Cinéastes, initié cette année, pour<br />
la reprise de la sélection, début juin, dans une trentaine<br />
de salles.<br />
Concernant le classement art et essai, le Scare<br />
souhaite mettre en avant les salles qui font le<br />
travail le plus exigeant. Que pensez-vous des<br />
préconisations du rapport Lasserre à ce sujet ?<br />
CBF : Tout d’abord, nous saluons le travail de Bruno<br />
Lasserre et sa qualité d’écoute. Nous avons été auditionnés,<br />
à l’instar d’autres organisations, sur un sujet qui nous<br />
interpelle depuis longtemps et nous rejoignons la réponse<br />
apportée : être plus sélectif, c’est ce que nous défendons<br />
au Scare. Il y a en effet une grande disparité entre les<br />
salles art et essai au niveau du travail d’animation, de la<br />
diversité des films proposés, et surtout des risques encourus<br />
qui doivent être mieux récompensés. Ce n’est pas possible<br />
si l’enveloppe consacrée aux subventions reste fermée :<br />
avec un trop grand nombre de salles classées, l'écrêtement<br />
que l’on déplore depuis plusieurs années n’est plus tenable.<br />
Instaurer une pondération dans le décompte des séances<br />
selon les films nous semble une excellente idée. On ne<br />
peut pas considérer à la même hauteur des films ne<br />
représentant pas la même prise de risque, aussi bien pour<br />
les distributeurs que pour les exploitants. Nous sommes<br />
donc heureux que la question ait été remise sur la table,<br />
et attendons <strong>mai</strong>ntenant une évolution du classement.<br />
SL : Depuis la réouverture de <strong>mai</strong> 2020 et jusqu'en<br />
septembre de l’année dernière, la période a été révélatrice<br />
sur la prise de risque des salles. Quand l’offre générale<br />
manquait, tout le monde a programmé des films art et<br />
essai porteurs, dont le nombre de copies a été multiplié,<br />
y compris dans des salles non classées. On s’est partagé<br />
le gâteau, <strong>mai</strong>s les salles qui ont continué à prendre des<br />
risques sur des films de la diversité, ceux à moins de 80<br />
copies, ont perdu beaucoup d’argent. Les mesures<br />
proposées dans le rapport Lasserre,<br />
qui découlent de cette période, sont faciles à comprendre<br />
et facilement applicables pour rééquilibrer le classement.<br />
Nous saluons aussi la proposition de renforcement du<br />
pouvoir de la médiatrice du Cinéma, face aux dérives<br />
constatées depuis la période Covid, notamment dans les<br />
villes à concurrence. La médiatrice a aujourd’hui davantage<br />
d’outils chiffrés et une bonne expérience, pour un<br />
dispositif vraiment nécessaire aux salles.<br />
18 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
Mais faut-il se baser sur le nombre de copies<br />
d’un film recommandé pour cette pondération ?<br />
SL : Je pense que oui. Un distributeur fixe le nombre de<br />
copies d’un film en fonction de son potentiel commercial.<br />
La prise de risque d’un exploitant est inhérente à ce<br />
potentiel, que ce soit sur l’art et essai “fragile” <strong>–</strong> un film<br />
sortant sur moins de 80 copies, un film “moyen” de<br />
moins de 450 copies, ou porteur au-dessus de 450. Pour<br />
autant, certains films avec une combinaison de 500 copies<br />
ou plus n’en sont pas moins des films art et essai : Nope<br />
ou Dune sont des films novateurs qui, tout en s’inscrivant<br />
dans un genre, portent le regard d’un auteur.<br />
Au risque d’aboutir à un trop grand nombre de<br />
films recommandés art et essai ?<br />
CBF : Il faut réinterroger la recommandation des films,<br />
sans avoir de positions automatiques. Il ne faut pas exclure<br />
un film d’un grand studio américain s’il a des qualités<br />
artistiques ou formelles, même s’il est plus facile à<br />
programmer que d’autres. A contrario, on ne doit pas se<br />
baser sur le sujet sociétal d’un film qui permet de faire<br />
des débats, <strong>mai</strong>s sur sa qualité cinématographique.<br />
SL : Le système de la recommandation implique que l’on<br />
voie et aborde tous les films de la même façon, les<br />
prochains Scorsese ou Christopher Nolan, qui promettent<br />
d’être des films de qualité, comme ceux d’auteurs européens,<br />
qui ne doivent pas être systématiquement identifiés<br />
art et essai. Il faut une exigence supérieure : c’est ce<br />
qui redonne du sens au travail de programmateur.<br />
Aujourd’hui, 60 % des films qui sortent sont recommandés<br />
art et essai, ce qui mécaniquement augmente le nombre<br />
de salles classées. C’est trop, et d’autant plus qu’ils sont<br />
recommandés a priori.<br />
Entendez-vous les craintes de petits cinémas,<br />
notamment en territoires ruraux, qui ne peuvent<br />
consacrer beaucoup de séances à l'art et essai<br />
“pointu” ?<br />
CBF : Il faut distinguer ce qui relève du fantasme et d’une<br />
crainte compréhensible. Notre position n’est pas de juger<br />
et d’exclure certains cinémas, <strong>mai</strong>s de dire que le travail<br />
est différent selon les films et les salles. Aujourd’hui, le<br />
pourcentage de 20 % de programmation art et essai pour<br />
©Scare<br />
être classé n’est pas très exigeant. Au départ, l’art et essai<br />
reflète quand même l’idée d'engagement et de ligne<br />
politique. Aujourd’hui, les salles les plus sanctionnées<br />
sont celles qui font le plus gros travail, et ce ne sont pas<br />
seulement celles des grandes villes.<br />
Comment réagissez-vous à l’arrêt du fonds<br />
jeunes cinéphiles ?<br />
SL : C’est une grosse déception. Comment imaginer que<br />
cette aide précieuse, qui nous a permis d'enclencher<br />
beaucoup d’actions, était un one shot ? Nous avons à peine<br />
commencé le travail qu’il est déjà arrêté, ou que nous<br />
devons désor<strong>mai</strong>s financer nous-mêmes ces actions. On<br />
aurait pu annoncer moins d’argent <strong>mai</strong>s l'étaler sur trois<br />
ans, le temps de retrouver un marché normal. Car c’est<br />
seulement dans le cadre d’un marché normal que l’on<br />
peut mesurer l’efficacité de ce travail et le retour en salles<br />
des jeunes cinéphiles.<br />
CBF : Se concentrer sur les plus jeunes était une bonne<br />
idée, or ce fonds n’aura été qu’un effet d’annonce. Le<br />
dispositif a eu la vertu d’encourager certaines salles et a<br />
montré que l’animation et l’accompagnement des films<br />
nécessite des moyens hu<strong>mai</strong>ns et financiers. On nous dit<br />
que ce travail sera pris en compte dans le classement des<br />
salles, <strong>mai</strong>s le fonds a été absorbé dans l’enveloppe globale,<br />
qui reste fermée.<br />
Le Scare mène aussi des actions de formations<br />
qui bénéficient à l’ensemble des salles. Avezvous<br />
d’autres projets ?<br />
CBF : Les formations du Tour de France digital, initié<br />
avec le CNC, a montré que l’idée du collectif est centrale<br />
dans la démarche de notre syndicat : faire profiter de nos<br />
actions au plus grand nombre. Il en va de même pour<br />
les formations ressources hu<strong>mai</strong>nes ou de <strong>mai</strong>ntenance<br />
cabine avec la CST. Par ailleurs, nos projets sur l’utilisation<br />
des data visent à fournir des outils aux salles art et<br />
essai, qui sont parfois démunies en termes de compétences.<br />
Et ce n’est pas le privilège des multiplexes que de vivre<br />
dans l’époque.<br />
SL : Aujourd’hui, nous nous posons la question de relancer<br />
un Tour de France digital, la communication numérique<br />
ayant évolué depuis la mise en route du premier, commencé<br />
avant le Covid. Parmi nos autres travaux, nous rédigeons<br />
un Livre blanc de l’éducation à l’image, avec l’Archipel<br />
des Lucioles [ex Passeurs d’images et qui coordonne les<br />
dispositifs scolaires à l’échelle nationale, nldr.]. Ce Livre<br />
est destiné aux salles <strong>mai</strong>s aussi aux élus, pour détailler<br />
et faire comprendre ce que représente l’éducation aux<br />
cinémas et notamment son étendue territoriale.<br />
Enfin, de façon plus générale, Le Scare travaille au<br />
quotidien aux côtés de ses adhérents : nos administrateurs<br />
participent à tour de rôle aux médiations sur certains<br />
films et interviennent dans les Commissions d’aménagement<br />
cinématographique, dans un esprit très collectif.<br />
<strong>Pro</strong>pos recueillis par Cécile Vargoz<br />
Tour de France digital :<br />
500 exploitants formés<br />
en 4 ans<br />
Le CNC dresse un bilan positif de la formation<br />
itinérante lancée en 2019 avec le Scare, destinée à<br />
accompagner les salles dans leur utilisation des<br />
outils numériques. La dernière session a eu lieu le 6<br />
avril à Paris, où 34 professionnels d'Île-de-France se<br />
sont formés au marketing digital, après les étapes<br />
dans les 12 autres régions françaises. Ainsi depuis<br />
2019, 465 exploitants de 349 cinémas, représentant<br />
809 salles, ont participé aux 13 sessions<br />
proposées. Des organisations professionnelles<br />
régionales et ententes de programmation comme<br />
le Slec (Syndicat lyonnais des cinémas), le réseau<br />
Ciné-off (Centre-Val-de-Loire), les Cinémas<br />
indépendants parisiens (CIP), Ciclic Centre-Val-de-<br />
Loire, l’Association régionale des cinémas itinérants<br />
d’Île-de-France (Arci), le Syndicat des cinémas de<br />
l’Est ou encore le Groupement de programmation<br />
des cinémas indépendants (GPCI) ont également<br />
suivi ces ateliers dans le but de les relayer ensuite<br />
auprès des salles qu’elles représentent.<br />
Le CNC, qui entend poursuivre ce travail, a<br />
également mis des fiches pratiques à disposition<br />
des salles sur son site internet.<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
19
CANNES <strong>2023</strong><br />
Les Tea Time de l’Acid sont<br />
lancés<br />
Baptisées Tea Time, ces rencontres entre cinéastes et<br />
exploitants, initiées de façon expérimentale il y a trois<br />
mois, sont appelées à devenir un rendez-vous<br />
trimestriel régulier, en visio pour permettre à tous d’y<br />
participer, y compris quand on n’est pas adhérent de<br />
l’Acid. « L’idée est de prendre le temps de discuter de<br />
cinéma et de ce qui est possible de construire autour des<br />
films de l’Acid, avec des réalisateurs, <strong>mai</strong>s pas ceux des<br />
films concernés pour que la parole soit libre », explique<br />
Pauline Ginot, déléguée générale de l’association. Le<br />
but étant de débattre <strong>–</strong> « et surtout de ne pas être<br />
d'accord ! ». Autre nouveauté : pour chaque film, un<br />
exploitant écrit un texte de soutien.<br />
Le premier Tea Time a eu lieu en compagnie des<br />
cinéastes Ina Seghezzi et Idir Serghine, le 2 e avec<br />
Thomas Paulot et Nicolas Peduzzi, réunissant chaque<br />
fois entre 15 et 25 exploitants très différents. Le<br />
prochain rendez-vous aura lieu fin août-début<br />
septembre. Le Tea Time s'organise en deux temps,<br />
avec d’abord une discussion autour des sorties Acid à<br />
venir, puis un partage d’idées sur la façon de travailler<br />
les films en continuation. Des liens sont disponibles<br />
pour les adhérents souhaitant visionner les films avant<br />
le rendez-vous, qui peuvent contacter Yann Ballanger,<br />
chargé de programmation à l'Acid.<br />
L’ACID À CANNES<br />
POUR DÉFENDRE LES FILMS, LES SALLES,<br />
ET LES CINÉASTES EN GUERRE<br />
L’Association de cinéastes indépendants propose, comme chaque année, une sélection de<br />
neuf long métrages du 17 au 26 <strong>mai</strong>, qu’elle accompagnera ensuite dans leur diffusion en<br />
salle. Rencontre avec Reza Serkanian, cinéaste et vice-président de l’Acid, qui était membre<br />
du comité de programmation cette année, et Pauline Ginot, déléguée générale de l’association.<br />
©ZELIE NOREDA<br />
©Victor de Carvalho<br />
<strong>Pro</strong>chains films soutenus par l’ACID :<br />
Polaris de Ainara Vera - Jour2Fête / 21 juin<br />
How To Save A Dead Friend de Marusya<br />
Syroechkovskaya - La 25 e Heure / 28 juin<br />
Yamabuki de Juichiro Yamasaki - Survivance / 28 juin<br />
Les tables rondes au<br />
Café des Cinéastes<br />
Mercredi 17 <strong>mai</strong><br />
15h30 : Tournages de films documentaires :<br />
quelles spécificités ?<br />
Adaptabilité, ergonomie légère, mobilité... En partenariat<br />
avec Sony<br />
Jeudi 18 <strong>mai</strong><br />
15h30 : Documentaire : le sujet, l’impact et<br />
le cinéma.<br />
En partenariat avec Cinéma du réel - Modération : Ina<br />
Seghezzi de l’Acid<br />
Vendredi 19 <strong>mai</strong><br />
15h30 : Quels ressources et services peuvent<br />
être mis à disposition des cinéastes par l’État ?<br />
En partenariat avec la SACD, animée par Pascal Rogard,<br />
avec Eve-Lise Blanc-Deleuze, cheffe de la Mission<br />
cinéma et industries créatives (MCIC) du ministère<br />
des Armées.<br />
Samedi 20 <strong>mai</strong><br />
15h30 : Un projet documentaire, trois films,<br />
une œuvre ?<br />
En partenariat avec la Scam, animée par son président<br />
Remi Lainé, avec Isabelle Pisani (LCP), Clément Perot<br />
Guillaume (cinéaste), Elsa Klughertz (Jonas films)<br />
Dimanche 21 <strong>mai</strong><br />
15h30 : Festivals de films et engagements RSE :<br />
quelles actions concrètes ?<br />
En partenariat avec Audiens, avec Caroline Rogard<br />
(Audiens), Baptiste Heynemann (CST)...<br />
Comment s’annonce la programmation de l’Acid<br />
Cannes <strong>2023</strong> ?<br />
Pauline Ginot : Comme chaque année, nous portons<br />
une attention particulière aux premiers longs métrages,<br />
aux documentaires <strong>–</strong> avec quatre sur les neuf films<br />
programmés, l’Acid est une des sections qui en montre<br />
le plus <strong>–</strong> et aux films sans distributeur. Trois en avaient<br />
un au moment de la sélection, deux autres en ont<br />
trouvé aujourd’hui.<br />
Reza Serkanian : On nous propose de plus en plus de<br />
films chaque année, <strong>mai</strong>s nous en retenons toujours neuf,<br />
soit un par jour, pour permettre de bien s’occuper de<br />
chacun, avec chaque soir une projection dans les deux<br />
salles aux Arcades, suivie d’un débat entre l’équipe du<br />
film et un public composé en majorité d’exploitants.<br />
PG : L’idée étant d’accompagner ces films au moment<br />
de leur sortie en salles, il est important de les montrer<br />
aux exploitants, qui sont prioritaires aux projections<br />
cannoises, ce à quoi nous tenons beaucoup.<br />
Après le festival, l’Acid accompagne donc ces<br />
films dans leur rencontre avec le public, d’abord<br />
au moment de la reprise en salles de l’Acid<br />
Cannes ?<br />
PG : Comme chaque année, nous reprendrons cette<br />
programmation du 22 au 24 septembre à Paris au Louxor,<br />
partenaire depuis dix ans, puis du 6 au 8 octobre à Lyon<br />
au Comoedia, à Marseille au Gyptis et à la Baleine, à<br />
Nantes au Cinématographe et à l'international à Tanger,<br />
Belgrade, Lisbonne, Porto… Mais le gros du travail de<br />
soutien se met en place au moment de la sortie, avec un<br />
programmateur à temps plein à l’Acid qui programme<br />
les rencontres autour des films.<br />
RS : En amont nous participons aux prévisionnements<br />
du GNCR pour préparer ensemble l’accompagnement,<br />
et nous assurons toujours la présence d’un réalisateur<br />
dans les salles, que ce soit celui du film ou un membre<br />
de l’Acid.<br />
Vous travaillez aussi avec les jeunes ambassadeurs<br />
de l’Acid ?<br />
PG : Ils sont une cinquantaine à venir à Cannes cette<br />
année, où ils rencontreront les équipes des films et auront<br />
des quotas de places réservées. Sur ce dispositif, nous<br />
sommes partenaires de la Région Sud-Paca, qui accueillera<br />
cette année sur son stand une table ronde animée<br />
uniquement par des jeunes : les ambassadeurs de l’Acid,<br />
le groupe 15-25 de l’Afcae ou d’autres associations<br />
culturelles, tandis que les professionnels seront dans le<br />
public pour les écouter.<br />
Nous tenons beaucoup au renouvellement des regards<br />
et nos jeunes ambassadeurs sont aussi présents tout au<br />
long de l‘année, dont beaucoup en région parisienne,<br />
<strong>mai</strong>s aussi en Paca, en Auvergne et en Normandie, liés<br />
au festival étudiant du Grain à démoudre. L’idée est de<br />
cimenter un réseau autour de salles indépendantes, où<br />
ils organisent eux-mêmes des séances, comme au Saint-<br />
André-des-Arts ou aux CIP à Paris, ou à La Baleine ou<br />
aux Variétés à Marseille. En cinq ans, plus de 500 jeunes<br />
sont passés par le dispositif.<br />
22 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
Vous avez aussi lancé un nouveau rendez-vous<br />
avec les exploitants, les Tea Time…<br />
PG : L’idée est de consacrer un moment à discuter de<br />
cinéma et de ce qui est possible de construire autour<br />
des films de l’Acid, ceux à venir et ceux en continuation,<br />
entre exploitants et cinéastes. Nous nous sommes rendus<br />
compte que les temps d’échange que nous avions à<br />
l’Acid étaient rarement ouverts sur l’extérieur et avons<br />
souhaité les partager davantage. Face aux difficultés que<br />
rencontrent aujourd’hui les films de recherche, nous<br />
pensons que c’est en communiquant sur notre désir et<br />
notre plaisir que nous pourrons ensuite mieux le<br />
communiquer au public.<br />
RS : Ces rendez-vous sont ouverts à tous, au-delà des<br />
adhérents de l’Acid, comme à Cannes où l’idée est<br />
d’accueillir tout le monde.<br />
Vous accueillez en effet d’autres associations<br />
dans votre Café des Cinéastes, y compris venues<br />
d’autres pays ?<br />
PG : Cannes étant un endroit très hiérarchisé, l’Acid tient<br />
à proposer des espaces qui ne le sont pas, comme notre<br />
Café des Cinéastes où tout le monde est bienvenu et sera<br />
traité à égalité, un réalisateur de court métrage comme<br />
celui d’un film en compétition. C’est une <strong>mai</strong>son, où<br />
l’on construit quelque chose de très familial et généreux,<br />
ouverte tous les jours de 10h à 16h, la fin de la journée<br />
étant consacrée à des tables rondes [voir ci-contre].<br />
RS : Nous avons des liens réguliers avec la SRF ou des<br />
syndicats tels que le Scam ou la SACD, <strong>mai</strong>s aussi au<br />
niveau international. Je suis par exemple membre d'une<br />
association de cinéastes iraniens qui s’est créée récemment,<br />
Iranian Independent Filmmaker Association (IIFMA),<br />
qui, après nos discussions avec Thierry Frémaux, aura<br />
un stand cette année à Cannes. C’est la première fois<br />
qu’une organisation iranienne indépendante du gouvernement<br />
sera présente au Marché du film, pour faire<br />
entendre la voix de cinéastes réprimés. L’un d’eux participera<br />
à la table ronde que nous organisons sur la création<br />
en temps de guerre et de crise [voir programme], où<br />
interviendra aussi Maciek Hamela, qui a tourné In The<br />
Rearview, programmé à l’Acid Cannes cette année, au<br />
coeur du conflit ukrainien. Le réalisateur a une histoire<br />
incroyable : parti en Ukraine pour aider les gens à se<br />
réfugier en Pologne, il a su transformer un geste humanitaire<br />
en véritable geste cinématographique.<br />
Au-delà de votre engagement à Cannes, l’Acid<br />
a récemment dénoncé la concentration parmi<br />
les films art et essai, qui serait un effet pervers<br />
de notre système de classement. Que faut-il<br />
changer selon vous ?<br />
PG : Nous avons réagi avec véhémence quand l’observatoire<br />
du CNC a montré que la concentration dans<br />
l’art et essai était plus forte encore que sur l’ensemble<br />
des films.<br />
Les films que soutient l’Acid ont de plus en plus de mal<br />
à se faire une place en salle : on l’a vu récemment avec<br />
Grand Paris ou Atlantic Bar, sur lesquels la presse et le<br />
bouche-à-oreille ont été excellents. Alors que les moyennes<br />
par séance ont été très élevées, avec des salles souvent<br />
pleines, le total des entrées est resté bas parce qu’ils n’ont<br />
pas été suffisamment exposés.<br />
Après les conclusions du rapport Lasserre, nous avons<br />
hâte que la concertation s’ouvre pour trouver tous ensemble<br />
des solutions et les appliquer. Les propositions qui vont<br />
dans le sens d’une plus grande sélectivité du classement<br />
art et essai actent nos constats. Des films recommandés<br />
comme Dune ou 1917 sont pour nous des symboles :<br />
nous ne questionnons pas leur statut de films d’auteur,<br />
<strong>mai</strong>s la prise de risque de les programmer. Qu’une salle<br />
atteigne son quota art et essai avec uniquement des films<br />
sortant sur plus de 400 copies nous semble absurde dans<br />
un système qui se veut sélectif. À l’Acid, nous pensons<br />
qu’une salle classée doit proposer un minimum de films<br />
recherche. À la question du nombre de films s'ajoute<br />
celle du nombre de séances. Quelques films occupent<br />
l’immense majorité des séances, ce que pointe bien le<br />
rapport Lasserre. L’idée d’aller vers une pondération a<br />
donc du sens, en tenant compte de la typologie de<br />
chaque salle.<br />
N’est-ce pas plus difficile de montrer les films<br />
de l’Acid dans les petites villes ?<br />
RS : Tout dépend du travail de l’exploitant pour mettre<br />
en avant des films et des auteurs méconnus, où que l’on<br />
soit sur le territoire. Quand on se rend dans les salles, on<br />
voit tout de suite la différence. Je l’ai observé dans des<br />
petites villes très reculées, dont une où l’exploitant avait<br />
préparé un dîner, offert pour les spectateurs qui voyaient<br />
deux films. J’ai dîné avec eux dans la salle et nous avons<br />
parlé de cinéma toute la soirée. Une autre fois, toujours<br />
à la campagne, le film que je présentais a dû être projeté<br />
dans deux salles distantes face à l’affluence. Il ne faut pas<br />
préjuger de ce que les gens ont envie de voir : il y a un<br />
public pour nos films partout.<br />
PG : L’Acid a justement été créée pour montrer les films<br />
dans les petites villes ; 46 % des salles adhérentes sont<br />
dans des agglomérations de moins de 20 000 habitants.<br />
Il n’y a aucune raison pour que les films recherche ne<br />
sortent en nationale que dans les grandes villes. Le public<br />
n’est pas plus ou moins averti selon là où il habite. Quand<br />
l’exploitant fait son travail d’éducation au regard, il n’y<br />
a qu’un seul public.<br />
<strong>Pro</strong>pos recueillis par Cécile Vargoz<br />
Lundi 22 <strong>mai</strong><br />
10h30 : La politique de France Télévisions en<br />
matière de financement et de diffusion<br />
du cinéma<br />
En partenariat avec la SACD, animée par Pascal Rogard,<br />
avec Manuel Alduy, directeur du cinéma de France<br />
Télévisions, Valérie Boyer, directrice générale de France<br />
2 Cinéma, et Cécile Négrier, directrice générale de<br />
France 3 Cinéma.<br />
Mercredi 24 <strong>mai</strong><br />
15h30 : Comment soutenir la diversité de la<br />
création et améliorer le soutien à l’écriture ?<br />
En partenariat avec la SACD, avec Pascal Rogard et<br />
Lionel Bertinet, directeur du cinéma au CNC<br />
Autres rencontres avec<br />
l’Acid :<br />
Jeudi 18 <strong>mai</strong><br />
16h : Les jeunes et le cinéma<br />
(Stand Région Sud/Paca) La parole est aux jeunes,<br />
qui témoigneront de leurs expériences auprès des<br />
professionnels et partageront leurs préconisations<br />
pour booster la fréquentation des salles.<br />
Modération : Yann Ballanger, Acid<br />
Samedi 20 <strong>mai</strong><br />
17h : Accompagner la création, de Kiev à Téhéran<br />
(Pavillon du monde) Rencontre co-organisée par<br />
l’Institut français, sur la création en temps de guerre<br />
et de crise et le soutien aux créateurs. Avec Kaveh<br />
Farnam (producteur, Iranian Independent Filmmaker<br />
Association), Maciek Hamela (réalisateur, Acid Cannes<br />
<strong>2023</strong>), Jean Laurent Csinidis (producteur, Films de<br />
force majeure), Anne Devauchelle (Association L’Usage<br />
du monde au 21è siècle), Dounia Sichov (cheffe<br />
monteuse) et des représentants du CNC. Modération :<br />
Reza Serkanian, réalisateur (Acid)<br />
Mercredi 25 <strong>mai</strong><br />
16h : Rencontre autour de la distribution<br />
indépendante.<br />
(La Napoule, Visions Sociales). Avec Jane Roger (JHR),<br />
Bénédicte Thomas (Arizona), Fabienne Hanclot (CNC).<br />
Modération : Pauline Ginot de l’Acid<br />
©Acid<br />
Martin Jauvat, le réalisateur de Grand Paris à l'Acid Cannes 2022<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
23
CANNES <strong>2023</strong><br />
11 films en lice pour le Prix<br />
Ecoprod<br />
Pour la 2 e année à l’occasion du Festival de Cannes,<br />
Ecoprod récompensera un long-métrage, toutes<br />
sélections confondues, produit de la manière la<br />
plus éco-responsable possible. Un prix qui vise à<br />
mettre en lumière l’éco-production auprès du<br />
public et à mobiliser les professionnels, en<br />
démontrant que créativité et démarche environnementale<br />
responsable ne sont pas antinomiques.<br />
Les films concourant au prix Ecoprod cette année<br />
sont :<br />
Acide de Just Philippot, Bonne Pioche Cinéma<br />
- Séance de Minuit<br />
Augure de Baloji, Wrong Men North - Un<br />
Certain Regard<br />
Caiti Blues de Justine Harbonnier, Sister<br />
<strong>Pro</strong>ductions <strong>–</strong> Acid<br />
La Chimera de Alice Rohrwacher, Tempesta, Ad<br />
vitam production, Amka Film productions, Rai<br />
Cinema - Compétition Officielle<br />
La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh<br />
Hung, Curiosa Films - Compétition<br />
L'Autre Laurens de Claude Schmitz, Wrong Men<br />
North - Quinzaine des Cinéastes<br />
Le <strong>Pro</strong>cès Goldman de Cédric Kahn, Moonshaker<br />
- Ouverture Quinzaine des Cinéastes<br />
Le Théorème de Marguerite de Anna Novion, Ts<br />
<strong>Pro</strong>ductions / Beauvoir Films - Séances Spéciales<br />
Rien à perdre de Delphine Deloget, Curiosa Film<br />
- Un Certain Regard<br />
Rosalie de Stéphanie Di Giusto, Trésor Films - Un<br />
Certain Regard<br />
Simple comme Sylvain de Monia Chokri,<br />
Metafilms - Un Certain Regard<br />
L’an dernier, La Cour des miracles de Carine May et<br />
Hakim Zouhaine, produit par Haut et Court, avait<br />
reçu le Prix Ecoprod et Sous les figues d’Erige Sehiri,<br />
produit par Henia production et Maneki Films, le<br />
Prix du Jury.<br />
Le jury <strong>2023</strong> est composé de l’actrice et réalisatrice<br />
Audrey Dana, l’activiste écologiste Camille Etienne,<br />
le régisseur éco-responsable Alexis Giraudeau, la<br />
productrice Barbara Letellier (Haut et Court) et<br />
l’acteur Jérémie Rénier.<br />
Le prix sera remis le dimanche 21 <strong>mai</strong> à 12h<br />
sur le stand de la CST.<br />
Les prix CST<br />
et leurs jurys <strong>2023</strong><br />
L’historique Prix CST de l’Artiste-Technicien, remis<br />
lors du palmarès officiel du Festival de Cannes, sera<br />
décerné cette année par un jury composé de Chloé<br />
Cambournac, cheffe décoratrice, Agnès Godard,<br />
directrice de la photographie, Laetitia Masson,<br />
réalisatrice et scénariste et Jean Minondo, chef<br />
opérateur son.<br />
Si ce jury témoigne de l’engagement de la CST<br />
pour l’égalité professionnelle femmes/hommes,<br />
l’association a aussi créé, il y a 4 ans, le Prix de la<br />
Jeune Technicienne, qui récompense une jeune<br />
femme cheffe de poste dans un film français<br />
présenté en Sélection officielle. Les jurés <strong>2023</strong> sont<br />
Martine Barraqué, cheffe monteuse, et Mario<br />
Tommasini, exploitant de salles (chez Pathé).<br />
LA CST SUR LA CROISETTE<br />
Partenaire historique du Festival sur l’ensemble des projections, la Commission supérieure<br />
technique de l’image et du son développe les rencontres et masterclass sur son pavillon<br />
cannois.<br />
Chaque jour du 17 au 25 <strong>mai</strong>,<br />
l’équipe de permanents sera<br />
présente aux côtés de ses partenaires*,<br />
qui proposent des<br />
cocktails le midi et en fin de<br />
journée, pour échanger avec les<br />
professionnels en toute convivialité.<br />
Les masterclass CanneS Technique auront lieu tous les<br />
matins de 10h à 11h et seront retransmises en direct via<br />
le site de la CST. Rendez-vous cette année avec la directrice<br />
de la photo Agnès Godard, membre de l’AFC ;<br />
Antoine Simkine, directeur de l’innovation chez ColorFilms<br />
Archives ; Bruno Corsini, co-fondateur de Plateau Virtuel,<br />
premier studio virtuel Led de France ; Alissa Aubenque,<br />
directrice des opérations Ecoprod ; Anne Gibour, cheffe<br />
monteuse son chez Polyson Postproduction ou encore<br />
Guillaume Rachez, Head of <strong>Pro</strong>duct chez PerfectMemory.<br />
Pour ce qui concerne de plus près les exploitants, Yves<br />
Gringuillard, Senior Vice President des opérations cinéma<br />
chez Deluxe, abordera, le vendredi 19 <strong>mai</strong> à 10h, la<br />
diffusion des contenus alternatifs en salle, notamment à<br />
travers la technologie Broadband. À noter aussi une<br />
journée avec l’Afdas le 24 <strong>mai</strong>, dont une conférence le<br />
matin avec Jack Aubert, directeur des relations institutionnelles,<br />
et une présentation de la nouvelle formation<br />
sur l’accessibilité [voir ci-dessous].<br />
©Cécile Vargoz<br />
*Ciné Digital, Christie, 2avi, Transpa, <strong>Pro</strong>vence Studios, Ecoprod, Harkness Qalif Solutions, Zeiss, Cinemeccanica, Fujifilm et l’Afdas<br />
Les Après-midis CST, lancés cette année, se dérouleront<br />
de <strong>14</strong>h30 à 16h30 et seront consacrés à des ateliers et<br />
présentations pour rendre la technique accessible. Le<br />
département Diffusion-Exploitation inaugurera ces<br />
rencontres, le 18 <strong>mai</strong>, avec un atelier consacré à la<br />
projection en plein air. Eric Chérioux, directeur technique<br />
à la CST, et Alain Surmulet, directeur adjoint et directeur<br />
technique de Noé Cinémas, détailleront les bonnes<br />
pratiques de mise en place d’une projection plein air, à<br />
travers la recommandation technique CST-RT-020.<br />
Suivront un après-midi VR et immersion, une conversation<br />
internationale entre créateur.trice.s de décors et<br />
de costumes de films (avec des invités prestigieux), un<br />
atelier “Bilan carbone facile” (pour les tournages) ou<br />
encore des analyses et présentations sur les innovations<br />
en matière de saisie de l’image et de sa restitution.<br />
Le programme complet est à retrouver sur le site de la<br />
CST. Ces rencontres sont accessibles à tous les accrédités<br />
et sur inscription.<br />
UNE FORMATION POUR L’ACCESSIBILITÉ<br />
ET L’INCLUSION DES SALLES DE CINÉMA<br />
La CST et l’association Inclusiv s'associent pour proposer une formation en quatre modules<br />
au personnel des cinémas.<br />
Afin d’améliorer l’accès au cinéma pour les personnes en<br />
situation de handicap, cette formation s’intéresse au<br />
parcours du spectateur dans son ensemble, depuis son<br />
envie de cinéma (communication, accès à l’information,<br />
programmation) à son arrivée en salle (accueil, médiation,<br />
technique).<br />
Quatre modules, dédiés aux différents postes concernés<br />
par ce parcours, sont ainsi proposés aux personnels des<br />
cinémas :<br />
Module 1 : Technique / Comment améliorer le confort<br />
en salle des personnes en situation de handicap par<br />
la technique ?<br />
Module 2 : <strong>Pro</strong>grammation / Comment programmer<br />
des séances inclusives, construire un événementiel accessible<br />
et adapter les films et leurs matériels de promotion ?<br />
Module 3 : Communication / Comment rendre la<br />
communication print et digitale plus<br />
accessible ?<br />
Module 4 : Accueil et Médiation / Comment accueillir<br />
les spectateurs en situation de handicap visible ou invisible<br />
et favoriser l’échange en salle entre tous les publics ?<br />
Les stagiaires peuvent s’inscrire à tous les modules ou<br />
choisir un ou plusieurs modules séparément. Les premières<br />
sessions auront lieu en juillet, dans les locaux de la CST<br />
à Paris.<br />
La formation sera présentée en détail à Cannes par Mélissa<br />
Charles, de l’association Inclusiv, lors du rendez-vous<br />
CanneS Technique de l’Afdas, le mercredi 24 <strong>mai</strong> à 10h<br />
sur le stand de la CST.<br />
Plus d’infos sur le site de la CST.<br />
24 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
LES RENDEZ-VOUS DU CNC<br />
Comme chaque année, Le Centre national du cinéma et de l’image animée organise des tables rondes, du 16 au 26 <strong>mai</strong> pendant le Festival,<br />
sur la plage du Gray d’Albion<br />
La table ronde avec l'Arcom, à Cannes en 2022<br />
Mercredi 17 <strong>mai</strong><br />
15h00 à 17h30 : Pitches de la résidence du Festival de Cannes et pitches du<br />
programme Deental<br />
6 jeunes auteurs internationaux développant leur 1 er ou 2 nd long métrage ont été sélectionnés<br />
cette année pour participer à la Résidence du Festival de Cannes. Leurs pitches<br />
seront suivis de ceux de 6 producteurs originaires d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique<br />
sélectionnés dans le cadre du programme DEENTAL-ACP. A l'issue des pitches, l'un<br />
des Résidents du Festival se verra remettre le prix du CNC, attribué par un jury composé<br />
de Nadav Lapid, réalisateur, Julie Paratian, productrice, et Sanjeewa Pushpakumara,<br />
réalisateur.<br />
Jeudi 18 <strong>mai</strong><br />
09h30 à 11h00 : Table ronde<br />
Vivre l'expérience française : les productions internationales en France<br />
(En anglais) Avec les interventions de John Bernard, producteur, Peninsula : Laurens<br />
Ehrmann, superviseur senior VFX, The Yard VFX ; Stan McCoy, président directeur<br />
général, Motion Picture Association EMEA - Modérateur : Benjamin Croll, journaliste,<br />
Variety<br />
11h15 à 12h30 : Table ronde Unifrance - CNC<br />
Le cinéma de de<strong>mai</strong>n : innovation et marketing 3.0 au service de la promotion et<br />
de la diversité de la création<br />
(En anglais) Avec Elissa Federoff, directrice de la distribution, Neon ; Leila Hamid,<br />
président directeur général, Verleih ; Mathieu Robinet, président directeur général,<br />
Tandem ; Jane Shao, fondateur et président, Lumière Pavilions ; Fabien Westerhoff,<br />
producteur et fondateur, Film Constellation - Modératrice : Daniela Elstner, directrice<br />
générale, Unifrance<br />
15h00 à 16h30 : Séquence CNC, KOFIC et ASEAN<br />
Présentation de l’Académie France-Corée du cinéma suivie d’un panel Asie - Europe :<br />
nouveaux partenariats, coopérer pour mieux agir<br />
(Traduction en anglais, français et coréen)<br />
16h30 à 17h30 : Conversation<br />
Création immersive : un nouveau regard pour nourrir le cinéma<br />
Vendredi 19 <strong>mai</strong><br />
11h00 à 12h00 : Séquence Ukraine<br />
Fonds européen de solidarité pour les films ukrainiens<br />
(Traduction en anglais, français et ukrainien)<br />
Samedi 20 <strong>mai</strong><br />
10h00 à 12h00 : Table ronde<br />
Créer, diffuser, transmettre le cinéma au risque de l’offense ?<br />
(Traduction en anglais) Avec Manuel Alduy, directeur du cinéma et des fictions numérique<br />
et internationale, France Télévisions ; Caroline Fourest, journaliste ; Rachid Hami,<br />
réalisateur ; Louise Lantagne, présidente-directrice générale, Société de développement<br />
des entreprises culturelles (Sodec) ; Kjersti Mo, présidente directrice générale, Norwegian<br />
Film Institute ; Philippe Rouyer, président, Syndicat français de la critique - Modératrice :<br />
Olivia Gesbert, journaliste, France Culture<br />
15h00 à 16h30 : Table ronde CNC-Arcom<br />
©Cécile Vargoz<br />
Engagements et actions pour défendre la création et lutter contre le piratage<br />
Keynote de Charles Rivkin, président directeur général, Motion Picture Association (MPA)<br />
Mot d’introduction de Denis Rapone, membre du collège, Arcom<br />
Avec les interventions de Pauline Blassel, directrice générale adjointe, Arcom<br />
Frédéric Delacroix, délégué général, Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle<br />
(Alpa) ; Victor Hadida, président, Fédération nationale des éditeurs de film (FNEF) ;<br />
Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la prospective, CNC ; Benoit<br />
Tabaka, directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques, Google<br />
France - Modérateur : Laurent Cotillon, directeur exécutif, Le Film Français<br />
Dimanche 21 <strong>mai</strong><br />
10h00 à 11h30 : Table ronde SACD en partenariat avec le CNC<br />
Quel avenir pour la création cinématographique à l’heure de l’intelligence artificielle<br />
?<br />
Avec Alexandra Bensamoun, professeure de droit, membre du CSPLA ; Simon Bouisson,<br />
réalisateur ; Laurence Farreng, députée européenne ; Gilles Gaillard, directeur général,<br />
Animaj ; Armand Joulain, directeur de la recherche scientifique, Meta - Modérateur :<br />
Pascal Rogard, directeur général, SACD<br />
<strong>14</strong>h30 à 15h45 : Table ronde pour les 5 ans du fonds CNC Talent<br />
Créateurs et spectateurs au croisement du web et de la salle<br />
Avec Clara Codani, réalisatrice, chaîne Clararunaway ; François Descraques, réalisateur ;<br />
Gilles Freissinier, directeur du développement numérique, Arte France ; Elisha Karmitz,<br />
directeur général, Mk2 ; Justine Ryst, directrice générale, YouTube - Modératrice : Pauline<br />
Augrain, directrice adjointe du numérique, CNC<br />
Lundi 22 <strong>mai</strong><br />
9h30 à 11h00 : Table ronde<br />
Remake et propriétés intellectuelles, un marché toujours plus porteur ?<br />
11h00 à 12h30 : Table ronde Scelf (Société civile des éditeurs de langue française) en<br />
partenariat avec le CNC<br />
L’adaptation littéraire, une source inépuisable pour la création cinématographique<br />
Avec Marie Darrieussecq, écrivaine et ex-présidente de l’Avance sur recettes ; Régine<br />
Hatchondo, présidente, Centre national du livre (CNL) ; Gilles Marchand, scénariste ;<br />
Nathalie Piaskowski, directrice générale, Scelf ; Philippe Robinet, directeur général,<br />
Calmann-Lévy - Modératrice : Sarah Drouhaud, directrice de la communication, CNC<br />
15h00 à 16h30 : Conférence de presse<br />
CUT ! : Cinéma uni pour la transition : les talents s’engagent pour l’environnement<br />
Avec les interventions Julie Amalric, productrice, Jam <strong>Pro</strong>ductions ; Cyril Dion, réalisateur<br />
; Jérémie Rénier, comédien ; Carole Scotta, productrice, Haut et Court ; Flore<br />
Vasseur, réalisatrice ; Juliette Vigoureux, consultante indépendante, La Base<br />
Autres membres du collectif : Swann Arlaud, comédien ; Hiam Abbas, comédienne<br />
Mardi 23 <strong>mai</strong><br />
10h00 à 12h00 : Matinée Doc Day (En anglais)<br />
<strong>14</strong>h30 à 16h00 : Table ronde<br />
Cinéma d’animation : l’excellence des savoir-faire français<br />
Mercredi 24 <strong>mai</strong><br />
10h00 à 12h00 : Conférence de presse<br />
Les Glaneurs et la Glaneuse, un projet inédit d’éducation à l’image autour du<br />
documentaire d’Agnès Varda<br />
15h00 à 16h30 : Table ronde<br />
Quand le cinéma s'adresse à tous les publics<br />
Avec Caroline Caccavale, fondatrice de Lieux Fictifs ; Camille Cuisnier, assistante de direction,<br />
Cineco ; Julien Marcel, directeur général, Allociné et The <strong>Boxoffice</strong> Company ; Amar Nafa,<br />
délégué général, Culture Relax - Modérateur : Patrick Facchinetti, délégué général, l'Archipel<br />
des lucioles, suivie de la signature de l’accord de partenariat entre Accès libre et Allociné<br />
Jeudi 25 <strong>mai</strong><br />
15h00 à 16h30 : Table ronde proposée par le Prix de la Citoyenneté<br />
Jeunes, cinéma et Citoyenneté<br />
Vendredi 26 <strong>mai</strong><br />
11h30 à 17h00 : 8 e journée du cinéma positif<br />
Inclusion et engagements<br />
<strong>Pro</strong>gramme prévisionnel sous réserve de modifications.<br />
L’accès aux événements se fera dans la limite des places disponibles.<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
25
ANNÉE HISTORIQUE<br />
LE MAGHREB À CANN<br />
DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />
Avec un total de huit (co)productions algériennes, marocaines<br />
et tunisiennes, ja<strong>mai</strong>s le Maghreb n’a aussi bien été représenté<br />
au Festival de Cannes qu’en <strong>2023</strong>. 65 ans après la première<br />
sélection cannoise d’un film de la région, tour d’horizon nonexhaustif<br />
des films maghrébins qui ont marqué la Croisette.<br />
©Collection Christophel<br />
Omar Gatlato de Merzak Allouache<br />
Kaouther Ben Hania<br />
Avec Les Filles d’Olfa, c’est la troisième fois que la<br />
réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania<br />
présente l’un de ses films sur la Croisette,<br />
accompagnée à chaque fois par Jour2Fête. La<br />
première remonte à 20<strong>14</strong>, où Le Challat de Tunis<br />
faisait alors partie de la programmation Acid.<br />
Il cumula 10 000 entrées sur une vingtaine<br />
de copies.<br />
Sa première fiction, La Belle et la Meute,<br />
sélectionné à Un Certain Regard en 2017, a réuni<br />
près de 50 000 spectateurs sur 65 copies.<br />
Notons par ailleurs que son film L’Homme qui a<br />
vendu sa peau, récompensé à Venise et prévu sous<br />
pavillon Bac Films en 2021, a vu sa sortie française<br />
plusieurs fois repoussée en raison de la crise<br />
sanitaire, avant d’être finalement diffusé sur Canal+<br />
en 2022. Il est, à ce jour, le seul film tunisien à avoir<br />
fait partie des 5 derniers nommés pour l’Oscar du<br />
meilleur film international.<br />
1958, l’année des premières fois. Deux ans à peine après<br />
l’indépendance de la Tunisie, le premier long métrage<br />
de l’histoire du pays, Goha, coproduction française<br />
réalisée par Jacques Baratier, remporte le prix du «<br />
premier regard » au 11 e Festival de Cannes. Premier<br />
film maghrébin, à être présenté sur la Croisette, il<br />
s’inspire du personnage de J’ha, un farceur plein<br />
d’esprit ancré dans la culture et les légendes du folklore<br />
arabe et tunisien <strong>–</strong> avec, dans le rôle éponyme, le sphinx<br />
Omar Sharif, épaulé de Zohra Faïza, devenue icône en<br />
Tunisie, et d’une certaine native de La Goulette, Claudia<br />
Cardinale, dans son premier rôle dans un long métrage.<br />
Une restauration de la comédie, menée par les Archives<br />
françaises du film du CNC, est projetée à Cannes<br />
Classics en 2013.<br />
Depuis, seuls deux autres films tunisiens ont intégré la<br />
compétition : Une si simple histoire en 1970, réalisé<br />
par Abdellatif Ben Ammar, et Les Filles d’Olfa… en<br />
<strong>2023</strong>. Le nouveau film de Kaouther Ben Hania, qui<br />
se présente comme un documentaire au « dispositif hors<br />
du commun » <strong>–</strong> et prévu sur les écrans français le 5<br />
juillet prochain sous pavillon Jour2Fête <strong>–</strong>, tentera de<br />
rafler la deuxième Palme d’or de l’histoire des cinémas<br />
maghrébins, après celle de Chronique des années de<br />
braise de l’Algérien Mohammed Lakhdar-Hamina en<br />
1975, décerné par le jury présidé par Jeanne Moreau.<br />
C’était alors l’âge d’or algéro-cannois. Sur les 22 longs<br />
métrages algériens présentés au Festival, toutes sections<br />
confondues, 11 l’ont été entre 1967 et 1977, dont<br />
quelques-uns aujourd’hui devenus cultes : Le Vent des<br />
Aurès de Lakhdar-Hamina, prix de la première œuvre<br />
1967, Z de Costa-Gavras, prix du jury 1969 (et Oscar<br />
du meilleur film étranger pour l’Algérie), L’Opium et<br />
le Bâton d’Ahmed Rachedi à la Quinzaine des Réalisateurs<br />
1970, la Palme 1975 citée plus haut… Tous traitent<br />
d’un sujet commun : la colonisation française et la<br />
guerre d’Algérie, à l’heure où commence un long travail<br />
de mémoire de part et d’autre de la Méditerranée, que<br />
le cinéma accompagne d’autant plus qu’il participe à<br />
la construction d’une histoire nationale de l’Algérie.<br />
Tous, sauf un : à la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique 1977, Merzak<br />
Allouache vient présenter son premier long métrage de<br />
fiction, Omar Gatlato, comédie qui, pour la première<br />
fois dans un film algérien, s’intéresse à une génération<br />
qui n’a pas ou peu connu la douloureuse histoire du<br />
pays. De l’autre côté de la mer, il bat tous les records<br />
d’entrées, avec 300 000 spectateurs sur plus de 300 salles.<br />
28 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
POUR<br />
ES<br />
Halfaouine, l’enfant des terrasses de Férid Boughedir<br />
Depuis, la présence algérienne au Festival s’essouffle<br />
<strong>mai</strong>s se fait plus événementielle, comme en 2006, où<br />
le prix d’interprétation masculine est remis aux acteurs<br />
d’Indigènes de Rachid Bouchareb, co-produit avec la<br />
France, le Maroc et la Belgique et qui dépassera plus<br />
tard les 3 millions d’entrées dans les salles françaises<br />
où il était distribué par Studiocanal. Ou encore en<br />
2019, avec la révélation de Lyna Khoudri dans Papicha<br />
de Mounia Meddour, à Un Certain Regard. <strong>2023</strong> est<br />
une nouvelle occasion pour l’Algérie de marquer le<br />
coup avec la première sélection cannoise d’un film en<br />
langue berbère : La <strong>mai</strong>son brûle, autant se réchauffer,<br />
court métrage de Mouloud Aït Liotna, tourné en<br />
Kabylie, à la Quinzaine des Cinéastes.<br />
Depuis sa 2 e édition en 1970 (et la sélection de<br />
L’Opium et le Bâton donc), avec 25 films algériens,<br />
marocains et tunisiens présentés sur un total de 80<br />
qui ont foulé la Croisette, la section parallèle a souvent<br />
fait la part belle aux cinéastes du Maghreb. Parmi eux,<br />
la première femme maghrébine sélectionnée à Cannes,<br />
la Tunisienne Moufida Tlatli qui, après avoir assuré<br />
le montage d’Omar Gatlato, d’Aziza d’Abdellatif Ben<br />
Ammar (Quinzaine des Réalisateurs 1980), de L’Ombre<br />
de la Terre de Taïeb Louhichi (Se<strong>mai</strong>ne de la Critique<br />
1982), de Caméra arabe (Sélection officielle 1987)<br />
et de Halfaouine, l’enfant des terrasses (Quinzaine<br />
des Réalisateurs 1990) de Férid Boughedir, présente<br />
en 1994 sa première réalisation, Les Silences du palais.<br />
À l’affiche, une Hend Sabri âgée de 15 ans dans son<br />
tout premier rôle au cinéma, et au générique, Dora<br />
Bouchoucha, directrice de production [voir p. 37].<br />
Moufida Tlatli reçoit pour Les Silences du palais une<br />
mention spéciale du jury de la Caméra d’or et le film<br />
dépasse les 200 000 entrées dans les salles françaises.<br />
La réalisatrice revient en 2000 pour présenter<br />
La Saison des hommes à Un Certain Regard, puis<br />
l’année suivante, pour intégrer le jury de la Compétition.<br />
Elle s’éteint le 7 février 2021.<br />
La Quinzaine des Cinéastes présente cette année<br />
Déserts de Faouzi Bensaïdi. Le cinéaste marocain, que<br />
l’on aperçoit également devant la caméra de Meryem<br />
Benm’Barek dans Sofia (prix du scénario Un Certain<br />
Regard 2018), retrouve le Festival de Cannes en tant<br />
que réalisateur, vingt ans pile après la sélection à Un<br />
Certain Regard de Mille mois, son premier long. Son<br />
nouveau film, qui sera distribué en France par Dulac,<br />
suit Mehdi et Hamid, deux amis employés d’une<br />
agence de recouvrement, qui sillonnent les villages<br />
du grand Sud marocain dans leur vieille voiture et<br />
jouent aux durs pour faire du chiffre, jusqu’au jour<br />
où une rencontre les entraîne dans un périple mystique.<br />
Les Silences du palais de Moufida Tlatli<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
29
DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />
Nabil Ayouch<br />
et Maryam Touzani<br />
Les deux cinéastes ont connu de beaux succès en<br />
salles, à commencer par le tout récent Le Bleu du<br />
caftan, réalisé par Maryam Touzani, membre du<br />
jury de Ruben Östlund. Sorti en mars dernier sous<br />
pavillon Ad Vitam, le drame enregistre à ce jour<br />
200 000 spectateurs. Sélectionné à Un Certain<br />
Regard en 2019, Adam, son précédent film, a<br />
quant à lui dépassé les 90 000 entrées.<br />
Du côté de Nabil Ayouch, Les Chevaux de Dieu, sa<br />
première sélection cannoise distribuée par feu<br />
Stone Angels, avait atteint les 28 000 billets en<br />
2013, avant que Much Loved, sorti par Pyramide,<br />
multiplie presque ce chiffre par dix (275 000 tickets<br />
en 2015). Le réalisateur passe ensuite lui aussi sous<br />
pavillon Ad Vitam, qui distribue d’abord Razzia<br />
(passé par Toronto en 2017) pour un total de<br />
155 000 entrées, puis Haut et fort en 2021, qui,<br />
malgré sa sélection en Compétition, finit sa course<br />
à 25 000 tickets.<br />
À noter que Nabil Ayouch est également<br />
producteur de C’est eux les chiens… de Hicham<br />
Lasri (Acid Cannes 2013), distribué par Nour Films,<br />
qui avait enregistré 3 600 entrées.<br />
Et le huitième !<br />
Le huitième film de la région sélectionné à Cannes<br />
cette année est le court métrage Ayyar de la<br />
Marocaine Zineb Wakrim, réalisé dans le cadre de<br />
ses études à l’École supérieure des arts visuels de<br />
Marrakech et présenté à la Cinéfondation. Une<br />
section qui avait notamment accueilli Kamal<br />
Lazraq en 2011.<br />
Much Loved de Nabil Ayouch<br />
Difficile d’évoquer les sélections cannoises du Maroc<br />
sans parler de Nabil Ayouch et Maryam Touzani <strong>–</strong><br />
cette dernière faisant partie cette année du jury de la<br />
Compétition. À eux deux, cinq de leurs réalisations<br />
ont été présentées sur la Croisette, des Chevaux de<br />
Dieu (Un Certain Regard 2012) au Bleu du caftan<br />
(Un Certain Regard 2022) en passant par Much Loved,<br />
qui fit sensation à la Quinzaine des Réalisateurs 2015<br />
avant d’être interdit dans le Royaume pour « outrage<br />
grave aux valeurs morales et à la femme marocaine », et<br />
Haut et fort en 2021, premier film marocain en lice<br />
pour la Palme d’or depuis Âmes et rythmes d’Abdelaziz<br />
Ramdani… en 1962.<br />
Du côté de la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, c’est le réalisateur<br />
français Olivier Kaxe qui permet au Royaume<br />
de décrocher en 2016 le Grand prix Nespresso, avec<br />
Mimosas : La Voie de l’Atlas, un western marocain<br />
coproduit avec l’Europe et le Qatar qui suit une<br />
caravane d’hommes et de chevaux dans les montagnes<br />
du Haut-Atlas <strong>–</strong> et qui cumule 25 000 entrées en<br />
France (Ufo Distribution).<br />
Cette année, ce sont deux nouveaux cinéastes marocains<br />
qui viennent présenter, à Un Certain Regard,<br />
leurs premiers longs métrages : Asmae El Moudir pour<br />
La Mère de tous les mensonges, un documentaire qui<br />
plonge dans la mémoire de la famille de la réalisatrice,<br />
son quartier et son pays ; et Kamal Lazraq pour Les<br />
Meutes, un thriller dans les faubourgs populaires de<br />
Casablanca où Hassan et Issam, père et fils, sont<br />
chargés de kidnapper un homme.<br />
Premier film aussi en Sélection officielle, qui fait la<br />
part belle à la jeunesse, avec celui du réalisateur francoalgérien<br />
Elias Belkeddar, Omar la fraise, en Séance<br />
de minuit. Tourné à Alger, le film suit le bandit<br />
éponyme (Reda Kateb) et son acolyte (Benoît Magimel)<br />
en cavale dans la capitale algérienne <strong>–</strong> sortie prévue<br />
le 24 <strong>mai</strong> chez Studiocanal. Enfin, côté Acid, la<br />
réalisatrice tunisienne Sonia Ben Slama présente son<br />
deuxième documentaire Machtat, sans distributeur<br />
français à l’heure de notre bouclage, qui part à la<br />
rencontre de musiciennes traditionnelles chargées<br />
d’animer les cérémonies de mariage.<br />
Avec les Tunisiens Erige Sehiri et Youssef Chebbi, qui<br />
sont respectivement venus présenter Sous les figues et<br />
Ashkal à la Quinzaine des Réalisateurs 2022, ou encore<br />
l’Algérien Amin Sidi-Boumédiène et le Marocain Alaa<br />
Eddine Aljem, dont les films respectifs Abou Leila et<br />
Le Miracle du Saint Inconnu concouraient à la Se<strong>mai</strong>ne<br />
de la Critique 2019, cela fait autant de nouvelles voix<br />
d’un nouveau cinéma maghrébin que le Festival de<br />
Cannes amplifie de plus en plus. De nouveaux films<br />
qui amènent de nouveaux enjeux dans les financements<br />
et les perspectives de diffusion de ces cinémas <strong>–</strong> dans<br />
leurs pays, en France et au-delà.<br />
©Virginie Surd ©UFO Distribution<br />
Slim Mrad<br />
Abou Leila d'Amin Sidi-Boumédiène<br />
30 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
CET ÉTÉ, SORTEZ DE VOTRE COQUILLE !<br />
LE COQUILLAGE (AVEC SES CHAUSSURES)<br />
un film de Dean Fleischer Camp<br />
avec Jenny Slate<br />
L’ATELIER DISTRIBUTION pRéSENTE UNE pRODUcTION cINEREAcH U N E pRODUcTION YOU WANT I SHOULD SUNBEAM TV & FILMS HUMAN WOMAN E N ASSOcIAT I O N AV E c cHIODO BROS. pRODUcTIONS<br />
U N FILM AV E c DEAN FLEIScHER cAMp « MARcEL LE cOQUILL AGE ( AVEc DES cHAUSSURES ) » JENNY SL ATE ROSA SAL AZAR THOMAS MANN ET ISABELL A ROSSELLINI cASTING JESSIcA KELLY<br />
M U S I Q U E DISASTERpEAcE MONTEURS DEAN FLEIScHER cAMp NIcK pALEY DIR E c T I O N ARTISTIQUE STOp-MOTION JEFF BARTLETT WHITE DécORS LIZ TOONKEL D I R E c T E U R DE L A pHOTOGR A p H I E BIANcA cLINE DIR E c T E U R DE L A pHOTOGR A p H I E STOp-MOTION ERIc ADKINS DIR E c T R I c E DE L’ANIMAT I O N KIRSTEN LEpORE cHEF ANIMAT E U R STEpHEN cHIODO EDWARD cHIODO<br />
p R O D U c T E U R S DéLéGUéS pHILIpp ENGELHORN WILLIAM BYERLEY NION McEVOY GEORGE RUSH MIcHAEL R AISLER pRODUcTEURS DEAN FLEIScHER cAMp JENNY SL ATE TERRY LEONARD pRODUIT pA R ELISABETH HOLM p.G.A. ANDREW GOLDMAN p.G.A. cAROLINE KApL AN p.G.A. pAUL MEZEY p.G.A.<br />
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S c é N A R I O DEAN FLEIScHER cAMp JENNY SL ATE NIcK pALEY RéALISé pA R DEAN FLEIScHER cAMp<br />
© 2021 Marcel The Movie LLC. Tous droits réservés.<br />
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N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
31
DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />
ENJEUX DE PRODUCTION DU CINÉMA<br />
MAGHRÉBIN, OU COMMENT<br />
FINANCER UNE NOUVELLE VAGUE<br />
L’émergence d’une nouvelle<br />
vague de cinéastes<br />
maghrébins à partir des<br />
années 2010 a remis en<br />
perspective les montages de<br />
production habituels des films<br />
de la région, au point-même<br />
de remettre en question leur<br />
nationalité.En témoignent<br />
entre autres<br />
À Nadim Cheikhrouha,<br />
producteur des Filles d’Olfa, et<br />
Asmae El Moudir, réalisatrice<br />
et productrice de La Mère de<br />
tous les mensonges, à<br />
l’occasion de la sélection de<br />
leurs films à Cannes.<br />
Les Filles d'Olfa de Kaouther Ben Hania<br />
Les films maghrébins entièrement financés par des<br />
fonds locaux se font de plus en plus rares sur les tapis<br />
rouges des grands festivals internationaux, dont celui<br />
de Cannes. À commencer par les films tunisiens, tant<br />
la part de l’État dans les montages de financement<br />
sont de plus en plus minoritaires : « L’enveloppe de<br />
quelque 500 000 dinars [150 000 €] par film octroyée<br />
par le ministère de la Culture n’a pas beaucoup évolué<br />
depuis les années 1990 », remarque Nadim Cheikhrouha,<br />
directeur de la société Tanit Films, basée à Paris, et<br />
producteur des Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania,<br />
en compétition officielle. « À mesure que le cinéma<br />
tunisien gagne en notoriété et que ses auteurs affichent<br />
de plus grandes ambitions, ce montant devient de plus<br />
en plus som<strong>mai</strong>re. »<br />
La France est régulièrement le financeur majoritaire<br />
des productions maghrébines de ces vingt dernières<br />
années, comme cela a été le cas pour le précédent film<br />
de la réalisatrice, L’Homme qui a vendu sa peau <strong>–</strong> porteétendard<br />
de la Tunisie aux Oscars 2021 bien que 20 %<br />
seulement de ses 2 M € de budget en proviennent,<br />
aux côtés de fonds allemands, belges, suédois, qataris<br />
et, donc, français. « Et par-dessus cela, le ministère de<br />
la Culture nous a reproché un film “non-tunisien” ! »,<br />
s’indigne le producteur, le récit suivant un jeune Syrien<br />
dans ses sacrifices pour rejoindre l’Europe.<br />
Un reproche difficilement adressable aux Filles d’Olfa,<br />
dont la genèse a particulièrement mis en lumière la<br />
fertilité, l’exigence, <strong>mai</strong>s aussi les difficultés de financement<br />
des cinémas maghrébins. « Vers 2016, Kaouther<br />
[Ben Hania] entend à la radio le témoignage d’Olfa,<br />
mère de quatre filles dont les deux aînées se retrouvent<br />
emprisonnées en Libye après avoir rejoint les rangs de<br />
Daesh. Fascinée par cette mère, Kaouther prend contact,<br />
convaincue que derrière le simple fait divers se cachait<br />
une histoire de famille, de transmission et d’adolescence<br />
<strong>–</strong> que le prisme journalistique ne parvenait pas à saisir.<br />
Elle part à la rencontre de la famille, établit une relation<br />
de confiance et obtient leur accord pour les filmer dans<br />
un documentaire. Mais les financements ne suivaient<br />
pas : aussi passionnante l’histoire soit-elle, nous avons<br />
essuyé plusieurs refus. »<br />
C’est là que le documentaire prend une nouvelle<br />
tournure et « adopte un dispositif hors du commun »,<br />
dans lequel deux actrices professionnelles, Nour Karoui<br />
et Ichraq Matar, incarnent les deux aînées disparues,<br />
et où l’immense Hend Sabri, « à qui est destiné le rôle »,<br />
endosse par moments le personnage d’Olfa, dans un<br />
jeu de miroir avec la mère de famille. « Les Filles d’Olfa<br />
en devient ainsi un film sur la mise en scène, sur le<br />
cinéma, comme le making-off d’un film qui n’existe pas<br />
et ne ressemble à aucun autre », et qui, dès lors, intéresse<br />
beaucoup plus : la première subvention octroyée est<br />
l’avance sur recettes du CNC. Jour2Fête acquiert<br />
rapidement les droits France, sa structure de ventes<br />
internationales The Party Film Sales les droits monde,<br />
et le projet reçoit l’aide à la coproduction francotunisienne,<br />
fonds de soutien bilatéral entre le CNC<br />
français et le CNCI tunisien. C’est là seulement que<br />
tombent les apports publics du pays, qui, avec les<br />
apports privés, font que la Tunisie représente 20 %<br />
du budget du film (de 900 000 €), contre 60 % de<br />
fonds français <strong>–</strong> les 20 % restants provenant d’Allemagne<br />
et d’Arabie saoudite. « Nous en venons à nous<br />
interroger sur la nationalité de nos films, alors-même<br />
qu’ils traitent de réalités intrinsèquement tunisiennes »,<br />
déplore Nadim Cheikhrouha, déjà en préparation du<br />
prochain film de Kaouther Ben Hania, Mime, pour<br />
lequel « nous n’avons tout simplement pas reçu de soutien<br />
du ministère de la Culture, sans la moindre raison et en<br />
toute opacité. Nous faisons rayonner la Tunisie et ses<br />
talents à l’international, nous investissons dans le pays<br />
généralement le double de ce que nous en percevons, <strong>mai</strong>s<br />
nous faisons face à un mur. »<br />
Bien que la part de soutien public ne doive pas dépasser<br />
le seuil légal de 35 % du budget d’un film, c’est bien<br />
l’opacité des décisions ministérielles tunisiennes qui<br />
est particulièrement pointée du doigt. Lina Chaabane,<br />
©Jour2Fête<br />
32 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
©Festival de Cannes<br />
productrice chez Nomadis Images, société fondée par<br />
Dora Bouchoucha en 1995, atteste que porter des<br />
projets auprès des commissions s’avère de plus en plus<br />
difficile, avec « une résistance de plus en plus grande à<br />
de nouvelles propositions cinématographiques, de registres,<br />
de langages. Il est particulièrement difficile de débuter<br />
comme jeune auteur en Tunisie, et c’est parce que nous<br />
avons acquis une certaine crédibilité que Nomadis Images<br />
peut aujourd’hui accompagner de nouveaux talents. »<br />
Alors même que ce sont ces œuvres qui démarquent<br />
aujourd’hui le pays sur la scène des festivals internationaux<br />
: « Plus qu’une simple libération de la parole, le<br />
cinéma tunisien s’étant toujours démarqué par sa modernité,<br />
les cinéastes se sont affranchis de l’auto-censure »,<br />
analyse la productrice, pour qui, sans chauvinisme<br />
aucun, « les productions de ces dernières années font<br />
probablement du cinéma tunisien le plus intéressant du<br />
monde arabe, de par ses recherches dans le langage<br />
cinématographique, sa diversité de genres et de registres ».<br />
Alors que s’est achevé ces dernières se<strong>mai</strong>nes le tournage<br />
du prochain film de Mohamed Ben Attia, Les<br />
Ordinaires <strong>–</strong> après Hédi, un vent de liberté (Berlinale<br />
2016) et Mon cher enfant (Quinzaine des Réalisateurs<br />
2018) <strong>–</strong> produit par Nomadis Images et Tanit Films,<br />
Lina Chaabane reconnaît que depuis quelque temps,<br />
le Moyen-Orient est devenu un marché, un terrain<br />
d’exposition et, surtout, un guichet de financement<br />
de premier plan. Là où les parts européennes dans les<br />
films co-financés avec l’Europe reste particulièrement<br />
importante, le nombre de films coproduits avec le<br />
Vieux continent tend à la baisse, au profit du monde<br />
arabe [voir p. 44-45] ; en témoigne le non-renouvellement<br />
en 2022 de l’aide à la coproduction francotunisienne,<br />
dont ont bénéficié une trentaine de films<br />
depuis 2017. « Les Ordinaires n’aurait tout simplement<br />
pas existé sans les fonds saoudiens et qataris. Ils sont<br />
aujourd’hui nos premiers interlocuteurs. » Mais en termes<br />
d’exploitation, ce n’est pas dans les salles du monde<br />
arabe <strong>mai</strong>s bien sur ses plateformes de streaming, à<br />
l’instar de Shahid, que ces films engrangent le plus<br />
de bénéfices, bien au-delà des quelque dizaines de<br />
La Mère de tous les mensonges d’Asmae El Moudir<br />
Asmae El Moudir<br />
milliers d’entrées réalisées en France comme en Tunisie,<br />
« bien que ce sont nos films, inscrits dans un nouvel élan<br />
du cinéma tunisien depuis la révolution, qui ont permis<br />
à la distribution de renaître dans le pays » <strong>–</strong> la productrice<br />
faisant notamment référence à Hakka Distribution,<br />
créée en 2013, et à l’historique Ciné 7 ème Art.<br />
À Tunis, Lina Chaabane et Dora Bouchoucha portent<br />
par ailleurs les Ateliers Sud-Écriture, un dispositif d’aide<br />
à la réécriture de scénarios à destination d’auteurs de<br />
premier ou deuxième longs métrages venus d’Afrique et<br />
du monde arabe. C’est par là qu’est passée en 2019 la<br />
Marocaine Asmae El Moudir, qui présente à Un Certain<br />
Regard son documentaire La Mère de tous les mensonges.<br />
« C’est à ce moment que mon film a réellement pris forme »,<br />
explique la réalisatrice, également productrice de son<br />
film, illustration de la nouvelle hybridité des cinémas<br />
maghrébins comme des évolutions des montages de<br />
financement. « On ne peut qualifier ce film ni de documentaire<br />
ni de fiction, ou peut-être s’agit-il des deux à la<br />
fois : c’est mon histoire personnelle et familiale, la construction<br />
de mes propres archives, et qui représente plus d’une<br />
décennie de travail. » Avec un budget final aux alentours<br />
de 600 000 €, La Mère de tous les mensonges a quasi intégralement<br />
été financé par des fonds du monde arabe : le<br />
Maroc évidemment, où il est passé à deux reprises par<br />
les Ateliers de l’Atlas du festival de Marrakech, <strong>mai</strong>s aussi<br />
l’Égypte (Figleaf Studios), le Qatar (Aljazeera, Doha Film<br />
Institute) et l’Arabie saoudite (Red Sea Fund), auxquels<br />
©Insight Films<br />
s’ajoutent quelques partenaires occidentaux, dont Netflix<br />
via son “Fund for Creative Equity”. Et « pour un film<br />
aussi hybride, une sélection à Cannes est une aubaine,<br />
d’autant plus à Un Certain Regard, une section reconnue<br />
comme un amplificateur de voix venus du monde entier »,<br />
s’enthousiasme la cinéaste.<br />
Vendu à l’international par la société autrichienne Autlook<br />
Filmsales, La Mère de tous les mensonges n’a, à l’heure de<br />
notre bouclage, pas encore été acquis par un distributeur<br />
français. À l’exception éventuelle de leurs sorties nationales,<br />
c’est pourtant dans l’Hexagone que les cinémas maghrébins<br />
trouvent une grande partie de leur public, avec des<br />
spectateurs non seulement de plus en plus jeunes, <strong>mai</strong>s<br />
également plus lucides sur les enjeux politiques qui<br />
entourent ces films.<br />
Slim Mrad<br />
Dora Bouchoucha<br />
à La Fabrique Cinéma<br />
La productrice tunisienne est cette année la<br />
marraine de La Fabrique Cinéma, programme de<br />
l’Institut français de repérage et de valorisation des<br />
cinéastes des pays du Sud et émergents, qui<br />
propose un accompagnement sur mesure des<br />
projets de premier ou second film, en partenariat<br />
avec le Festival de Cannes, France Médias Monde et<br />
l’Organisation internationale de la francophonie.<br />
Pour la 15 e édition du dispositif en <strong>2023</strong>, dix projets<br />
venant du Nigéria, du Sénégal, de la Tunisie, du<br />
Liban, de l’Égypte, de l’Argentine, du Chili, du Costa<br />
Rica, d’Inde et des Philippines ont été retenus.<br />
Dora Bouchoucha animera une masterclass le<br />
samedi 20 <strong>mai</strong> à 10h, au pavillon Les Cinémas<br />
du monde.<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
33
DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />
LE NOUVEAU SOUFFLE DU CINÉMA<br />
MAGHRÉBIN DANS LES SALLES FRANÇAISES<br />
Avant que le cru <strong>2023</strong> des sélections maghrébines à Cannes ne débarque sur les écrans dès cet été,<br />
retour sur la sortie des précédents films de la région avec les distributeurs français qui en ont le<br />
plus distribué ces dernières années : Ad Vitam et Jour2Fête.<br />
« C’est formidable ce qui se passe autour du Bleu du caftan »,<br />
se réjouit Grégory Gajos, directeur des ventes chez Ad<br />
Vitam. Et pour cause : après l’avoir lancé sur quelque<br />
130 copies le 22 mars dernier, la société de distribution<br />
a doublé la combinaison au vu de l’engouement autour<br />
du film, pour atteindre un pic de 284 copies en 3 e se<strong>mai</strong>ne.<br />
Le deuxième long métrage de Maryam Touzani cumule<br />
ainsi quelque 200 000 entrées au box-office, soit plus du<br />
double de ce qu’avait enregistré Adam, sorti en février<br />
2020, déjà chez Ad Vitam. Avec une note spectateurs<br />
sur AlloCiné de 4,3 sur 5, « le bouche-à-oreille est excellent<br />
et nous permet de préparer la sortie de nos prochains films<br />
marocains, à commencer par celui de Kamal Lazraq », Les<br />
Meutes, le thriller casaoui présenté à Un Certain Regard.<br />
« C’est un film de genre, sombre, avec des personnages qui<br />
perdent en partie leur humanité. Il ne ressemble pas aux<br />
films maghrébins que nous sommes habitués à voir en<br />
France. »<br />
Prévu sur une centaine de copies dès le 12 juillet, Ad<br />
Vitam espère « la révélation d’un grand cinéaste », un de<br />
plus dans la liste des auteurs internationaux, plus<br />
précisément africains, que la société accompagne. Parmi<br />
eux, les Marocains Nabil Ayouch, Maryam Touzani<br />
<strong>mai</strong>s aussi Sofia Alaoui <strong>–</strong> dont le premier long, Animalia,<br />
récompensé à Sundance, sortira d’ici l’an prochain <strong>–</strong>,<br />
l’Algérien Karim Moussaoui, en préparation de son<br />
prochain film après En attendant les hirondelles (62 000<br />
entrées en 2017), la Sénégalaise Mati Diop (67 000<br />
spectateurs pour Atlantique en 2019) et le Tchadien<br />
Mahamat-Saleh Haroun (9 000 billets pour Lingui, les<br />
liens sacrés en 2021). « Le Maghreb et l’ensemble de<br />
l’Afrique ont des cinématographies émergentes auxquelles<br />
il est d’autant plus important de donner une place sur les<br />
écrans que leurs publics s’avèrent de plus en plus jeunes,<br />
lucides et sensibles aux considérations politiques qui les<br />
entourent », analyse le distributeur. « Il faut également<br />
noter que le public “communautaire” existe bien pour ces<br />
films <strong>mai</strong>s n’en est pas le seul. Avide d’un regard mature<br />
sur son pays d’origine, il est souvent le catalyseur d’un<br />
bon bouche-à-oreille. »<br />
Les Meutes de Kamal Lazraq<br />
C’est notamment ce qu’a ressenti Jour2Fête à la sortie<br />
de Papicha en 2019 qui, avec plus de 250 000 entrées,<br />
est aujourd’hui le deuxième plus gros succès du distributeur.<br />
« Lorsqu’un événement se crée autour de ces films,<br />
les communautés concernées se rendent avec engouement au<br />
cinéma », assurent Sarah Chazelle et Étienne Ollagnier,<br />
codirigeants de la société, « et ce fut d’autant plus le cas<br />
pour Papicha que sa présentation à Cannes et sa sortie<br />
coïncidaient avec les manifestations du Hirak en Algérie.<br />
Ce fut très puissant. »<br />
Plus récemment, une ferveur similaire se fait ressentir<br />
autour d’un autre titre algérien qu’accompagne Jour2Fête,<br />
passé par Venise : La Dernière Reine, épopée historique<br />
d’Adila Bendimerad et Damien Ounouri autour de la<br />
reine Zaphira dans l’Alger du XVI e siècle, devrait dépasser<br />
les 60 000 spectateurs malgré une première hésitation<br />
des programmateurs de salles. « Il n’est pas facile de classer<br />
La Dernière Reine dans une typologie de films précise, tant<br />
il ne ressemble à aucun autre venu d’Algérie. Sans évoquer<br />
ni la guerre, ni les années noires, il reste naturellement un<br />
film d’auteur, historique et en costume, éminemment<br />
©Jour2Fête<br />
féministe, qui plonge dans une période ja<strong>mai</strong>s portée à<br />
l’écran, <strong>mai</strong>s qui reste un film grand public et accessible. »<br />
Sa sortie le 19 avril dernier, deux jours avant la fin du<br />
mois de ramadan, a permis de le placer comme l’événement<br />
des festivités de l’Aïd et de profiter d’un excellent<br />
bouche-à-oreille <strong>–</strong> en témoigne sa note spectateurs de<br />
4,2 sur AlloCiné <strong>–</strong>, à tel point que sa distribution est<br />
passée de 61 copies en 1 e se<strong>mai</strong>ne à une centaine en 4 e .<br />
Après Sous les figues en décembre (33 000 entrées), puis<br />
Ashkal en janvier (24 000), Jour2Fête prépare donc la<br />
sortie de son troisième film tunisien en à peine huit mois,<br />
Les Filles d’Olfa, pour le 5 juillet prochain, dernier jour<br />
de la Fête du Cinéma. « Une date que nous aimons bien<br />
et qui s’est avérée judicieuse par le passé », expliquent les<br />
distributeurs, qui s’attendent entre-temps à « une présentation<br />
retentissante » au Palais des festivals le vendredi 19<br />
<strong>mai</strong>. « Le film est si singulier qu’il peut se targuer de compter<br />
parmi les rares documentaires à avoir intégré la compétition »<br />
<strong>–</strong> un événement qui permettra de définitivement installer<br />
la réalisatrice dans la liste des cinéastes qui comptent,<br />
plus seulement en Tunisie et au Maghreb, <strong>mai</strong>s dans<br />
le monde.<br />
©Ad Vitam<br />
Slim Mrad<br />
Papicha de Mounia Meddour<br />
36 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
semestre <strong>2023</strong><br />
line-up 2e<br />
L’Océan Vu Du Coeur<br />
de Iolande Cadrin-Rossignol et Marie-Dominique Michaud<br />
Documentaire / <strong>2023</strong> / 96 min / 16:9<br />
Le 13 Septembre <strong>2023</strong><br />
Rêves<br />
de Pascal Catheland et Arthur Perole<br />
Documentaire / 2022 / 100 min / 16:9<br />
À venir<br />
Le Gang des Bois<br />
du Temple<br />
de Rabah Ameur-Zaïmeche<br />
Fiction / 2022 / 112 min / 16:9<br />
Le 6 septembre <strong>2023</strong><br />
Festival international du film Entrevues de Belfort et Rétrospective Rabah Ameur-Zaïmeche (2022)<br />
Festival du Film franco-arabe de Noisy-le-Sec (2022)<br />
Première Mondiale | Sélection : Coup de cœur /// 11eme FIFIB (Bordeaux 2022)<br />
Première Internationale | Sélection : Forum /// Berlinale (Berlin <strong>2023</strong>)<br />
Prix Trajectoires BNP Paribas /// Festival International du Film de La Roche-sur-Yon (2022)<br />
Sélection Cannes Séries 2022<br />
Sea Sparkle<br />
de Domien Huyghe<br />
Fiction / <strong>2023</strong> / 98 min / 16:9<br />
À venir<br />
Mention spéciale du Jury Jeunes I Sélection Génération KPlus /// Berlinale (Berlin <strong>2023</strong>)<br />
Mention spéciale du Jury Industry /// Kristiansand International Children’s Film Festival - (Kristiansand <strong>2023</strong>)<br />
alchimistesfilms.com<br />
État Limite<br />
de Nicolas Peduzzi<br />
Documentaire / <strong>2023</strong> / 102 min / 16:9<br />
À venir<br />
Sélection ACID Cannes <strong>2023</strong>
DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />
L’AMBITIEUSE RÉNOVATION DE<br />
L’HISTORIQUE CAMÉRA DE MEKNÈS<br />
Sous l’impulsion des habitants<br />
de Meknès et des<br />
distributeurs marocains,<br />
Jamal Tazi, propriétaire du<br />
cinéma historique de la ville<br />
impériale marocaine, a<br />
entrepris de grands travaux<br />
de réhabilitation et de<br />
modernisation de<br />
son établissement.<br />
©Cinéma Caméra<br />
Sa réouverture a eu lieu le 13 <strong>mai</strong>, avec la projectionévénement<br />
de la comédie marocaine du moment,<br />
Dados, en présence de l’équipe du film. Un événement<br />
pour célébrer « une vieille dame qui renaît de ses cendres »,<br />
alors que le cinéma Caméra sort de la première des<br />
trois phases de réhabilitation prévues, qui a consisté<br />
en la remise en état du bâtiment, de la façade et de la<br />
salle de 650 places, ainsi qu’en l’équipement en<br />
numérique. Dans un premier temps, il s’agit « d’un<br />
écran et un projecteur de seconde <strong>mai</strong>n », admet Jamal<br />
Tazi. « Nous allons fonctionner, pendant nos six premiers<br />
mois environ, avec un matériel en très bon état qui nous<br />
vient d’Europe, en attendant de nous fournir en projection<br />
de dernier cri, vers la fin de l’année » <strong>–</strong> une mise à<br />
niveau qui constituera la deuxième phase de l’aménagement.<br />
Dans les prochaines années, la troisième étape se<br />
concentrera sur la restauration, par une équipe d’experts,<br />
de la fresque murale de 80 m², peinte par Marcel<br />
Couderc à l’ouverture du Caméra, en 1938 : un témoin<br />
des 85 années d’histoire du cinéma, implanté au cœur<br />
de Meknès. Fondé par une famille française, les<br />
Sandeau, le cinéma est racheté par Alami Tazi au début<br />
des années 60. Ce dernier construit au même moment<br />
le cinéma Rif, un deuxième mono-écran de 1 000<br />
fauteuils, devenu complexe culturel, dans la nouvelle<br />
ville. Le Caméra, le Rif et deux autres salles de Meknès<br />
restent gérées et programmées par Marius Sandeau,<br />
jusqu’à sa mort au début des années 1990, avant que<br />
le Maroc ne connaisse « une crise absolue du cinéma.<br />
Le piratage s’est développé à vitesse grand V dans le pays,<br />
avec une certaine complaisance des publics cinéphiles,<br />
au détriment des salles de cinéma qui tombaient de plus<br />
en plus en désuétude », déplore Jamal Tazi, également<br />
magnat de l’industrie du textile. « Les disques gravés<br />
illégalement étaient, jusqu’à peu, monnaie courante dans<br />
les pays du Maghreb. Nous avons tenu avec nos projecteurs<br />
35mm jusqu’à ce que l’offre des films en argentique se<br />
soit naturellement tarie. Le Caméra est sous perfusion<br />
financière depuis une quinzaine d’années <strong>mai</strong>ntenant,<br />
<strong>mai</strong>s, au vu de la mobilisation de la communauté cinéphile<br />
et de distributeurs comme Film Event, nous avons<br />
décidé début <strong>2023</strong> de rénover et rouvrir. Sans eux, nous<br />
aurions peut-être cédé aux nombreuses offres de promoteurs<br />
immobiliers, qui voulaient en faire des bureaux ou<br />
un centre commercial. »<br />
Et parce qu’il s’agit d’abord d’une affaire de famille<br />
et d’héritage, la réhabilitation du Caméra, qui coûte<br />
à Jamal Tazi entre 2 et 3 millions de dirhams (180 000<br />
- 270 000 €), ambitionne de « mettre du neuf dans du<br />
vieux » : les 650 sièges, dont 400 à l’orchestre et 250<br />
légèrement inclinables au balcon, restent inchangés,<br />
tandis que les loges, situées en hauteur, peuvent être<br />
privatisées. Les deux projecteurs argentiques<br />
Cinemeccanica, « de vraies Rolls Royce », restent opérationnels<br />
pour des séances spéciales, bien que la nouvelle<br />
programmation du cinéma sera généraliste, pour<br />
s’adresser aussi bien aux familles qu’à un public<br />
étudiant, qui bénéficiera d’un tarif préférentiel de 20<br />
dirhams (1,80 €) <strong>–</strong> Meknès abritant l’Université<br />
Moulay-Ismaïl, fréquentée par 80 000 universitaires.<br />
La place standard coûte quant à elle 30 dirhams en<br />
orchestre (2,70 €), et entre 45 et 50 dirhams en<br />
balcon (4-4,50 €).<br />
Slim Mrad<br />
©Cinéma Caméra<br />
©Cinéma Caméra<br />
38 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
CHIFFRES<br />
COMPARATIF / 5 FILMS, 5 CARRIÈRES, 1 POINT DE COMPARAISON<br />
À l’occasion de la sortie du<br />
10e volet de la franchise<br />
Fast & Furious, petit coup<br />
d’œil dans le rétroviseur<br />
sur les performances en<br />
France des cinq précédents<br />
opus. Une grille qui n’inclut<br />
donc pas le spin-off Hobbs<br />
& Shaw sorti en 2018.<br />
TITRE FAST & FURIOUS 9 FAST & FURIOUS 8 FAST & FURIOUS 7 FAST & FURIOUS 6 FAST & FURIOUS 5<br />
Date de sortie <strong>14</strong>/07/2021 12/04/2017 1/4/2015 22/05/2013 04/05/2011<br />
Distributeur UNIVERSAL UNIVERSAL UNIVERSAL UNIVERSAL UNIVERSAL<br />
Budget (estimé) 200 000 000$ 250 000 000$ 190 000 000$ 160 000 000$ 125 000 000$<br />
Cumul des entrées 2 025 112 3 838 447 4 637 718 2 994 362 2 517 576<br />
1 er jour 468 862 312 235 357 566 323 760 251 889<br />
1 er week-end 1 101 038 1 410 345 1 707 264 1 330 045 1 041 562<br />
Copies 756 713 710 624 500<br />
Moyenne par<br />
copies 1 er we<br />
Cœfficient<br />
Paris/<strong>Pro</strong>vince<br />
Taux de transformation<br />
(cumul des entrées/1 er we)<br />
1 456 1 978 2 405 2 131 2 083<br />
5,58 4,99 5,03 4,64 4,40<br />
x4,3 x12,3 x13 x9,2 x10<br />
Note Spectateur AlloCiné 2,3 3,6 3,7 3,5 3,6<br />
Source CBO-Box Office<br />
TOP 20 DES FILMS AVEC LA MEILLEURE MOYENNE D'ENTRÉES PAR SÉANCE AU 1 ER WEEK-END<br />
RANG<br />
DATE FILM DISTRI.<br />
COPIES<br />
1 ER WE<br />
ENTRÉES<br />
1 ER WE<br />
SÉANCES<br />
1 ER WE<br />
MOYENNE PAR<br />
SÉANCE 1 ER WE<br />
1 25/01/23 PATHAAN DESI ENTERTAINMENT NC 15 117 120 126<br />
2 05/04/23 SUPER MARIO BROS, LE FILM UNIVERSAL 738 1 364 123 15 101 90<br />
3 01/02/23 ASTÉRIX ET OBÉLIX : L'EMPIRE DU MILIEU PATHÉ 772 1 362 290 16 389 83<br />
4 01/03/23 CREED III WARNER 587 932 355 11 595 80<br />
5 03/05/23 LES GARDIENS DE LA GALAXIE, VOLUME 3 DISNEY 611 1 017 381 <strong>14</strong> 447 70<br />
6 01/02/23 BTS : YET TO COME IN CINEMAS PATHÉ LIVE 202 44 670 635 70<br />
7 08/02/23 TITANIC DISNEY 252 <strong>14</strong>9 351 2 321 64<br />
8 08/02/23 ALIBI.COM 2 STUDIOCANAL 680 727 132 13 485 54<br />
9 08/03/23 SCREAM VI PARAMOUNT 427 389 918 8 129 48<br />
10 05/04/23 LES TROIS MOUSQUETAIRES : D'ARTAGNAN PATHÉ 732 602 352 <strong>14</strong> 115 43<br />
11 18/01/23 BABYLON PARAMOUNT 584 392 515 9 367 42<br />
12 22/03/23 LOUIS TOMLINSON : ALL OF THOSE VOICES PATHÉ LIVE 127 10 572 253 42<br />
13 15/02/23 ANT-MAN ET LA GUÊPE : QUANTUMANIA DISNEY 625 588 751 <strong>14</strong> 530 41<br />
<strong>14</strong> 15/02/23 LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI BAC <strong>14</strong>5 58 535 1 511 39<br />
15 04/01/23 TIRAILLEURS GAUMONT 554 374 276 9 944 38<br />
16 22/02/23 THE FABELMANS UNIVERSAL 502 273 926 7 728 35<br />
17 22/03/23 JOHN WICK : CHAPITRE 4 METROPOLITAN 557 357 540 10 241 35<br />
18 08/03/23 MON CRIME GAUMONT 600 322 907 9 772 33<br />
19 01/03/23 LES PETITES VICTOIRES ZINC 365 190 792 5 880 32<br />
20 19/04/23 EVIL DEAD RISE METROPOLITAN 266 168 136 5 336 32<br />
Sources chiffres : Distributeurs | Séances : Showtimes Dashboard by The <strong>Boxoffice</strong> Company.<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
39
CALENDRIER SEMAINE JOUR FÉRIÉ<br />
Zone A Zone B Zone C<br />
CHANGEMENT/NOUVELLE DATE<br />
Besançon, Bordeaux,<br />
Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble,<br />
Aix-Marseille, Amiens, Caen,<br />
Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice,<br />
Créteil, Montpellier,<br />
Paris, Toulouse,<br />
REPRISE<br />
Limoges, Lyon, Poitiers<br />
Orléans-Tours, Reims, Rennes,<br />
Rouen, Strasbourg<br />
Versailles<br />
CONTENU ALTERNATIF<br />
S20<br />
17 MAI<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
PATHÉ LIVE DON GIOVANNI (METROPOLITAN OPERA) 03h40 I.Van Hove F.Lombardi, A.Martinez, Y.Fang<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR FAST & FURIOUS X 02h21 L.Leterrier V.Diesel, M.Rodriguez, T.Gibson<br />
LES ACACIAS FORTUNELLA 01h40 E.De Filippo G.Masina, A.Sordi, G.Celano<br />
TAMASA DISTRIBUTION IL BIDONE 01h48 F.Fellini G.Masina, F.Fabrizi, B.Crawford<br />
ALBA FILMS L'ARBRE À VOEUX 01h30 R.Cussó M.Tapsell, M.Tapsell, R.Noble<br />
LES ACACIAS LA STRADA 01h55 F.Fellini G.Masina, A.Quinn, R.Basehart<br />
ORANGE STUDIO L'HOMME DEBOUT 01h26 F.Vignon Z.Hanrot, J.Gamblin, C.Moreau<br />
MARY-X DISTRIBUTION MISSION 02h05 R.Joffé R.De Niro, J.Irons, R.McAnally<br />
BABAIKA MONSIEUR CONSTANT 01h48 A.Simon J.Drouot, Cali, D.Evenou<br />
FRIDAY ENTERTAINMENT PICHAIKKARAN 2 02h30 V.Antony V.Antony, K.Thapar, M.Khan<br />
NIGHT ED FILMS RAAVANA KOTTAM 02h02 V.Sugumaran S.Bhagyaraj, Prabhu, Anandhi<br />
UFO DISTRIBUTION RAMONA FAIT SON CINÉMA 01h20 A.Bagney L.Hernández, B.Lastra, F.Carril<br />
CARLOTTA FILMS RÉTROSPECTIVE SHINYA TSUKAMOTO, EN 4 FILMS S.Tsukamoto Bullet Ballet/Tetsuo/Tetsuo II/Tokyo Fist<br />
FRIDAY ENTERTAINMENT SIDHUS OF SOUTHALL 02h30 N.Singh S.Mehta, P.Singh, A.Sarkaria<br />
OUTPLAY FILMS SUBLIME 01h40 M.Biasin M.Miller, T.Inama Chiabrando, A.Mazzeo<br />
SEVENTH ART PRODUCTIONS TOKYO STORIES 01h30 D.Bickerstaff<br />
ZINC FILM UMAMI 01h47 S.Sow G.Depardieu, K.Nagatsuka, P.Richard<br />
NIGHT ED FILMS YAADHUM OORE YAAVARUM KELIR 02h30 V.Krishna Roghanth V.Sethupathi, M.Akash, M.Thirumeni<br />
S21<br />
24 MAI<br />
S22<br />
31 MAI<br />
S23<br />
7 JUIN<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
DESTINY FILMS FACES CACHÉES 01h40 J.Lawlor et C.Molloy A.Skelly, O.Brady, A.Gillen<br />
TAMASA DISTRIBUTION LA GRANDE BOUFFE 02h05 M.Ferreri M.Mastroianni, U.Tognazzi, M.Piccoli<br />
KMBO LA MALETA 01h48 J.Dorado Á.Morte, V.Echegui, M.Eugenia Suárez<br />
DIAPHANA DISTRIBUTION L'AMOUR ET LES FORÊTS V.Donzelli V.Efira, M.Poupaud, D.Reymond<br />
THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE LA PETITE SIRÈNE 02h15 R.Marshall J.Hauer-King, J.Bardem, H.Bailey<br />
CARLOTTA FILMS LE MÉPRIS 01h45 J.Godard B.Bardot, M.Piccoli, F.Lang<br />
SONY PICTURES RELEASING FRANCE LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE 01h52 T.Baginski F.Janssen, M.Iseman, S.Bean<br />
BODEGA FILMS L'ODEUR DU VENT 01h30 H.Mohaghegh H.Mohaghegh, M.Eghbali<br />
FRA CINÉMA MAURICE BÉJART (OPÉRA DE PARIS) 01h45<br />
STUDIOCANAL OMAR LA FRAISE 01h40 E.Belkeddar R.Kateb, B.Magimel, M.Amiar<br />
CINÉMA SAINT-ANDRÉ DES ARTS PAUL-ARMAND GETTE AU PAYS DES MERVEILLES 01h00 S.Boulloud<br />
SWIFT DISTRIBUTION PLAY DEAD 01h46 P.Lussier B.Madison, J.O'Connell, A.Turpel<br />
SPLENDOR FILMS RÉTROSPECTIVE SEIJUN SUZUKI EN 3 FILMS S.Suzuki<br />
PATHÉ LIVE ROGER WATERS - THIS IS NOT A DRILL (EN DIRECT DE PRAGUE) 02h45 S.Evans R.Waters<br />
TRAFALGAR RELEASING ROYAL OPERA HOUSE : LA BELLE AU BOIS DORMANT (BALLET) 03h25 M.Petipa<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
Histoire d'une prostituée/La Barrière de chair/Le Vagabond<br />
de Tokyo<br />
DAISY DAY FILMS AUX MASQUES CITOYENNES 01h35 F.Lacaze<br />
LA NOUVELLE DIMENSION COMME UNE VAGUE 01h27 M.Dallaire<br />
VRAIVRAI FILMS DE L'EAU JAILLIT LE FEU 01h15 F.Mazzocco<br />
CARLOTTA FILMS FLEUR PÂLE 01h36 M.Shinoda R.Ikebe, M.Kaga, T.Fujiki<br />
POTEMKINE FILMS INLAND EMPIRE 02h52 D.Lynch L.Dern, J.Theroux, J.Irons<br />
APOLLO FILMS INVINCIBLE ÉTÉ S.Pillonca<br />
PATHÉ LIVE LA FLÛTE ENCHANTÉE (METROPOLITAN OPERA) 03h30 S.McBurney E.Morley, K.Lewek, L.Brownlee<br />
THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE LE CROQUE-MITAINE R.Savage C.Messina, S.Thatcher, V.Blair<br />
MEMENTO DISTRIBUTION L'ILE ROUGE 01h56 R.Campillo N.Tereszkiewicz, Q.Gutiérrez, C.Vauselle<br />
WILD BUNCH DISTRIBUTION L'IMPROBABLE VOYAGE D'HAROLD FRY 01h48 H.MacDonald J.Broadbent, P.Wilton, L.Bassett<br />
POTEMKINE FILMS LYNCH/OZ 01h48 A.Philippe R.Ascher, J.Benson, K.Kusama<br />
METROPOLITAN FILMEXPORT MON PÈRE ET MOI 01h29 L.Terruso S.Maniscalco, R.De Niro, K.Cattrall<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR RENFIELD 01h33 C.McKay N.Hoult, N.Cage, Awkwafina<br />
TANDEM SICK OF MYSELF 01h37 K.Borgli K.Thorp, E.Sæther, F.Vaager<br />
DAMNED DISTRIBUTION SPARTA 01h39 U.Seidl G.Friedrich, F.Pop, H.Rehberg<br />
SONY PICTURES RELEASING FRANCE SPIDER-MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE 02h16 J.Dos Santos et K.Powers S.Moore, H.Steinfeld, I.Rae<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
OUTPLAY FILMS CAMILA SORTIRA CE SOIR 01h43 I.Barrionuevo N.Dziembrowski, A.Ferrer, C.Rojas<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR DERNIÈRE NUIT À MILAN 02h05 A.Di Stefano P.Favino, L.Caridi, A.Gerardi<br />
ZINC FILM DES MAINS EN OR 01h30 I.Mergault L.Wilson, S.Testud, J.Balasko<br />
LE PACTE LE PROCESSUS DE PAIX 01h32 I.Klipper C.Chamoux, D.Bonnard, J.Balibar<br />
CGR EVENTS LES RENDEZ-VOUS RTL AU CINÉMA : DANS LA TÊTE DES TUEURS 01h40<br />
MÉTÉORE FILMS LE VRAI DU FAUX 01h22 A.Hostiou<br />
EUROZOOM L'ILE 01h25 A.Damian A.Bălănescu, A.Milea, C.Juncu<br />
SONY PICTURES RELEASING FRANCE LOVE AGAIN : UN PEU, BEAUCOUP, PASSIONNÉMENT 01h45 J.Strouse P.Chopra Jonas, S.Heughan, C.Dion<br />
JOUR2FÊTE LOW-TECH 01h33 A.Bellay<br />
THE JOKERS / LES BOOKMAKERS MARINETTE 01h35 V.Verrier G.Marillier, E.Dequenne, F.Testot<br />
TAMASA DISTRIBUTION MY LOVE AFFAIR WITH MARRIAGE 01h48 S.Baumane D.Dominczyk, M.Modine, M.Pawk<br />
SINGULARIS FILMS PETIT SAMEDI 01h15 P.Sermon-Daï<br />
WAYNA PITCH RÈGLE 34 01h40 J.Murat S.Miranda (II), L.Andrade, L.Comparato<br />
LES FILMS DU CAMELIA RÉTROSPECTIVE FILMS NOIRS DE L'ÂGE D'OR DU CINÉMA MEXICAIN EN 5 FILMS El suavecito/Les Bas-fonds de Mexico/Crepúsculo...<br />
LES FILMS DU LOSANGE RÉTROSPECTIVE JEAN EUSTACHE EN 9 FILMS J.Eustache La Maman et la Putain/La Rosière de Pessac/Les Photos d'Alix...<br />
WARNER BROS. FRANCE RÉTROSPECTIVE WARNER BROS 100 EN 11 FILMS 2001 : L'Odyssée de l'espace/Blade Runner/Casablanca/Joker...<br />
TRAFALGAR RELEASING ROYAL OPERA HOUSE: IL TROVATORE 03h40 A.Pappano Y.Eyvazov, L.Tézier, J.Barton<br />
PARAMOUNT PICTURES FRANCE TRANSFORMERS: RISE OF THE BEASTS 01h57 S.Caple Jr. A.Ramos, D.Fishback, D.Di Rosa<br />
UGC DISTRIBUTION WAHOU ! B.Podalydès K.Viard, B.Podalydès, S.Azéma<br />
40 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
Dates connues à l'heure de notre bouclage. Calendrier susceptible de modifications.<br />
AVIS AUX DISTRIBUTEURS Afin de voir apparaître vos sorties dans les fiches films de <strong>Boxoffice</strong>, n’hésitez pas à faire parvenir<br />
régulièrement votre line up mis à jour à calendrier@boxofficefrance.fr.<br />
S24<br />
<strong>14</strong> JUIN<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
PATHÉ CARMEN 01h56 B.Millepied R.de Palma, P.Mescal, N.Da Silva<br />
NEW STORY FIFI 01h48 J.Aslan et P.Saintillan C.Brunnquell, Q.Dol<strong>mai</strong>re, I.Schermann<br />
MOVIEMENTO FILMS GIULIA 01h49 C.De Caro R.Palasciano, V.Di Benedetto, F.Ciavoni<br />
MALAVIDA FILMS JEANNE ET LE GARÇON FORMIDABLE 01h34 O.Ducastel et J.Martineau V.Ledoyen, M.Demy, J.Bonnaffé<br />
PATHÉ LIVE JOHNNY HALLYDAY - PARC DES PRINCES 93 AU CINÉMA 02h57 R.Le Van Kim<br />
JHR FILMS / JOUR2FÊTE LA NUIT DU VERRE D’EAU 01h23 C.Chahine M.Naaman, A.Merheb Harb, N.Baye<br />
ART HOUSE LOVE LIFE 02h04 K.Fukada F.Kimura, K.Nagayama, A.Sunada<br />
L'ATELIER DISTRIBUTION MARCEL, LE COQUILLAGE (AVEC SES CHAUSSURES) 01h30 D.Fleischer-Camp J.Slate, I.Rossellini, R.Salazar<br />
TAMASA DISTRIBUTION RÉTROPSECTIVE VOLKER SCHLÖNDORFF V.Schlöndorff Le Tambour/Le Faussaire/Le Coup de grâce...<br />
APOLLO FILMS / ORANGE STUDIO SEXYGÉNAIRES R.Sykes T.Lhermitte, P.Timsit, Z.Triki<br />
AD VITAM STARS AT NOON 02h17 C.Denis M.Qualley, J.Alwyn, B.Safdie<br />
WARNER BROS. FRANCE THE FLASH A.Muschietti E.Miller, M.Keaton, B.Affleck<br />
LOST FILMS TROIS MILLIARDS D'UN COUP 01h54 P.Yates S.Baker, J.Booth, F.Finlay<br />
S25<br />
21 JUIN<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
KMBO 38°5 QUAI DES ORFÈVRES 01h24 B.Lehrer D.Bourdon, C.Anglade, Y.Papin<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR ASTEROID CITY 01h44 W.Anderson T.Swinton, A.Brody, T.Hanks<br />
PATHÉ LIVE BLISS STORIES : LE SPECTACLE AU CINÉMA 02h00 H.Poulain C.Galey<br />
CARLOTTA FILMS CHOCOLAT 01h45 C.Denis I.de Bankolé, G.Boschi, F.Cluzet<br />
SPLENDOR FILMS DANIEL 02h10 S.Lumet T.Hutton, E.Barkin, M.Patinkin<br />
DEAN MEDIAS DIANA VREELAND: THE EYE HAS TO TRAVEL 01h25 L.Immordino Vreeland D.Vreeland<br />
THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE ELÉMENTAIRE 01h42 P.Sohn L.Lewis, M.Athie, I.Ekakitie<br />
NOUR FILMS IL BOEMO 02h20 P.Václav V.Dyk, B.Ronchi, E.Radonicich<br />
DHR DISTRIBUTION / A VIF CINEMAS LA SORCIÈRE ET LE MARTIEN 01h17 T.Bardinet Y.Kherbouche, K.Mahamoud, T.Dupleix<br />
SONY PICTURES RELEASING FRANCE LE CHALLENGE G.Stupnitsky J.Lawrence, A.Feldman, L.Benanti<br />
DEAN MEDIAS LOVING HIGHSMITH 01h23 E.Vitija G.Christie<br />
ORANGE STUDIO / ALBA FILMS MAGNIFICAT 01h37 V.Sauveur K.Viard, F.Berléand, M.Bergeron<br />
PYRAMIDE DISTRIBUTION NEZOUH 01h43 S.Kaadan H.Zein, K.Aloush, S.Almasri<br />
DEAN MEDIAS PARIS CALLIGRAMMES 02h09 U.Ottinger<br />
DEAN MEDIAS PEGGY GUGGENHEIM, LA COLLECTIONNEUSE 01h36 L.Immordino Vreeland<br />
JOUR2FÊTE POLARIS 01h18 A.Vera<br />
EPICENTRE FILMS PORNOMELANCOLIA 01h34 M.Abramovich L.Santos, Diablo, B.Ley<br />
DEAN MEDIAS QUI A PEUR DE PAULINE KAEL ? 01h35 R.Garver A.Baldwin, F.Coppola, W.Allen<br />
FRA CINÉMA ROMÉO ET JULIETTE (OPÉRA DE PARIS) 03h05 T.Jolly E.Dreisig, B.Bernheim, L.Desandre<br />
SND SISU - DE L'OR ET DU SANG 01h31 J.Helander J.Tommila, A.Hennie, J.Doolan<br />
TAMASA DISTRIBUTION SURO 01h56 M.Gurrea V.Luengo, P.López, I.El Ouahdani<br />
CGR EVENTS ZILLION 02h18 R.<strong>Pro</strong>nt M.Simoni, C.Timmers, B.Sarafian<br />
S26<br />
28 JUIN<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
THE JOKERS / LES BOOKMAKERS CHONCHON, LE PLUS MIGNON DES COCHONS 01h13 M.Halberstad H.Ghafry, M.Montsma, K.Prins<br />
LOOKER FILMS DERNIÈRE SÉANCE À BUCAREST 01h15 L.Boeken P.Diaconescu, C.Balint, J.Levy-Boeken<br />
ALFAMA FILMS ELLE S'APPELLE BARBARA 01h21 S.Tréfaut J.Bernardo, H.Bentes, L.Dueñas<br />
STUDIOCANAL FARANG 01h39 X.Gens N.Lyes, O.Gourmet, V.Pansringarm<br />
POTEMKINE FILMS HOUSE 01h28 N.Ôbayashi K.Ikegami, S.Sasazawa, A.Matsubara<br />
LA VINGT-CINQUIÈME HEURE HOW TO SAVE A DEAD FRIEND 01h43 M.Syroechkovskaya<br />
THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE 02h22 J.Mangold H.Ford, P.Waller-Bridge, M.Mikkelsen<br />
LES FILMS DU PRÉAU LA MAISON DES ÉGARÉES 01h45 S.Kawatsura M.Ashida, S.Ôtake, S.Awano<br />
BAC FILMS LA SIRÈNE 01h41 S.Farsi M.Kavani, H.Djavdan<br />
FANNY DORIAN DISTRIBUTION LE MUR QUI NOUS SÉPARE 01h50 N.Lechner L.Freund, T.Bülow, F.Weisz<br />
LES FILMS DU CAMELIA LE SAMOURAÏ 01h45 J.Melville A.Delon, F.Périer, N.Delon<br />
UGC DISTRIBUTION LES VENGEANCES DE MAÎTRE POUTIFARD P.Martin-Laval C.Clavier, I.Nanty, E.Soriano<br />
PANAME DISTRIBUTION PASSAGES 01h31 I.Sachs F.Rogowski, B.Whishaw, A.Exarchopoulos<br />
PATHÉ RHEINGOLD 02h18 F.Akın E.Sakraya, M.Pirzad, J.Goldberg<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR RUBY, L'ADO KRAKEN K.DeMicco L.Condor, T.Collette, J.Fonda<br />
LE PACTE VERS UN AVENIR RADIEUX 01h35 N.Moretti N.Moretti, M.Buy, S.Orlando<br />
SURVIVANCE YAMABUKI 01h37 Y.Juichiro K.Inori, Y.Kawase, M.Wada<br />
S27<br />
5 JUIL.<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
CONDOR DISTRIBUTION À CONTRETEMPS 01h45 J.Diego Botto P.Cruz, L.Tosar, J.Diego Botto<br />
DEAN MEDIAS AU CIMETIÈRE DE LA PELLICULE 01h30 T.Diallo<br />
MOONLIGHT FILMS DISTRIBUTION CLÉO, MELVIL ET MOI 01h13 A.Viard A.Viard, M.Denicourt, R.Bohringer<br />
SONY PICTURES RELEASING FRANCE INSIDIOUS: THE RED DOOR P.Wilson P.Wilson, T.Simpkins, R.Byrne<br />
METROPOLITAN FILMEXPORT JOY RIDE 01h32 A.Lim S.Hsu, A.Park, S.Cola<br />
CAPRICCI FILMS LE DIEU NOIR ET LE DIABLE BLOND 02h00 G.Rocha G.Del Rey, Y.Magalhães, O.Bastos<br />
CARLOTTA FILMS LE MAGNIFIQUE 01h31 P.de Broca J.Belmondo, J.Bisset, V.Caprioli<br />
JOUR2FÊTE LES FILLES D’OLFA 01h50 K.Ben Hania H.Sabri, N.Karoui, I.Matar<br />
PYRAMIDE DISTRIBUTION LUISE 01h35 M.Luthardt L.Aschenbrenner, C.Théret, L.Kunz<br />
HIPPOCAMPE PRODUCTIONS MARINALEDA 00h51 L.Seguin F.Rivière, L.Chessel, P.Belle<br />
SND MIRACULOUS - LE FILM 01h45 J.Zag C.Valenzuela, B.Papenbrook, K.Silverstein<br />
WILD BUNCH DISTRIBUTION PETIT JÉSUS 01h35 J.Rigoulot B.Sanches, A.Bertrand, C.Anglade<br />
ARP SÉLECTION PROMENADE À CRACOVIE 01h15 M.Kudla et A.Kokoszka-Romer R.Polanski, R.Horowitz<br />
PARK CIRCUS FRANCE THELMA ET LOUISE 02h09 R.Scott S.Sarandon, G.Davis, H.Keitel<br />
WAYNA PITCH TINNITUS 01h45 G.Graziosi J.de Verona, A.Lopes, I.Nascimento<br />
À VIF CINÉMAS / THE DARK TOUT LE MONDE M'APPELLE MIKE 01h27 G.Bonnier A.Mohamed, D.Patakia, P.Lottin<br />
STUDIOCANAL UNE NUIT A.Lutz A.Lutz, K.Viard<br />
MALAVIDA FILMS VIE PRIVÉE 01h43 L.Malle B.Bardot, M.Mastroianni, N.Bataille<br />
MÉTÉORE FILMS WELFARE 02h47 F.Wiseman<br />
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N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
41
INTERNATIONAL<br />
L’ARABIE SAOUDITE<br />
MISE SUR L’OR LUMIÈRE<br />
Cinq ans après la levée de l’interdiction de salles de cinéma qui aura duré 35 ans, le royaume<br />
compte devenir rien de moins qu’un acteur majeur du 7 e art mondial, et se donne les moyens de<br />
ses ambitions. Tour d’horizon du parc, du public et des films, en compagnie de l'un des pionniers<br />
du cinéma saoudien naissant, Faisal Baltyuor.<br />
Bio express<br />
<strong>Pro</strong>ducteur qui compte plus de 40 longs et courts<br />
métrages à son actif depuis 2004, Faisal Baltyor est<br />
actuellement PDG de Muvi Studios (la branche de<br />
production de Muvi Cinemas, le circuit d’exploitation<br />
leader du marché saoudien) et de la société de<br />
distribution CineWaves Films dont il est le<br />
fondateur.<br />
Le jeune dirigeant a en outre été à la tête du Saudi<br />
Film Council, la première entité gouvernementale<br />
fondée pour soutenir l'industrie cinématographique<br />
saoudienne, et mené de nombreuses<br />
initiatives de développement du secteur au<br />
ministère de la Culture. Avant ces rôles, il a travaillé<br />
comme réalisateur et producteur en Australie<br />
pendant 4 ans.<br />
Depuis l’ouverture du premier cinéma (l’AMC Riyadh<br />
Park) en 2018, la croissance du marché saoudien a<br />
été fulgurante. Il comptabilise désor<strong>mai</strong>s 65 cinémas,<br />
593 écrans et 62 000 sièges répartis dans 20 villes et<br />
exploités par 6 opérateurs*. Il a généré, en quatre ans,<br />
3 milliards de riyals saoudiens (800 M $) de recettes.<br />
« Le box-office saoudien représente près de 45 % de<br />
l’ensemble du box-office de la région MENA [Moyen-<br />
Orient et Afrique du Nord, ndlr.], alors qu’on n’est<br />
qu’à un quart du plan de développement de notre parc<br />
de salles, », souligne le producteur et distributeur Faisal<br />
Baltyuor. « Avec l’objectif d'atteindre 2 000 écrans d'ici<br />
2030, il sera l'un des plus performants du monde arabe<br />
comme à l'échelle internationale. »<br />
De fait, avec 35 millions d’habitants en Arabie saoudite<br />
dont 70 % de ressortissants nationaux**, le marché<br />
affiche du volume <strong>mai</strong>s aussi de l’homogénéité, « ce<br />
qui facilite la promotion et la sortie des films. Comme<br />
la population du pays est majoritairement constituée de<br />
nationaux, l'intérêt pour les contenus locaux est plus<br />
évident que dans d'autres pays ». Ainsi, si les films<br />
hollywoodiens et égyptiens sont les plus plébiscités<br />
par les spectateurs saoudiens, des films locaux ont<br />
récemment rencontré de francs succès, en tête desquels<br />
arrive Sattar d'Abdullah Al-Arak. Cette comédie<br />
d’action <strong>–</strong> pour un public « particulièrement friand de<br />
films d'action et de comédies » <strong>–</strong> est restée en tête du<br />
box-office saoudien pendant plus de deux mois, pour<br />
devenir, avec plus de 900 000 entrées, le troisième<br />
plus gros succès “de tous les temps” dans les cinémas<br />
saoudiens, générant près de 24 M $ de recettes dans<br />
le royaume, auxquels s’ajoutent 8,5 M $ supplémentaires<br />
engrangés au Royaume-Uni. Car les films<br />
saoudiens s’exportent aussi à l’étranger. Parmi ses<br />
succès internationaux, « Scales de Shahad Ameen [inédit<br />
en France, ndlr.] a remporté le Prix Verona Film Club<br />
au Festival de Venise et le Tanit de bronze aux Journées<br />
cinématographiques de Carthage en 2019 », précise<br />
Faisal Baltyuor. Sans oublier de citer Haifaa Al-Mansour,<br />
la réalisatrice du tout premier long métrage saoudien,<br />
Wadjda (prix à Venise en 2012 et une nomination<br />
aux Bafta britanniques en 20<strong>14</strong>) ainsi que son The<br />
Perfect Candidate, qui a concouru à Venise et à Londres<br />
en 2019.<br />
Les productions art et essai aussi trouvent de plus en<br />
plus leur public au sein du royaume, comme en atteste<br />
l’ouverture du premier cinéma art et essai du pays,<br />
CineHouse à Riyadh au printemps 2022.<br />
En tant que dirigeant de CineWaves Film, Faisal<br />
Baltyuor détient le gros plus catalogue saoudien de<br />
longs et courts métrages (et entre autres partenaire de<br />
choix de Netflix au Moyen-Orient et en Afrique du<br />
Nord). La structure, qui s’est tout naturellement aussi<br />
tournée vers la production locale, travaille sur des<br />
films grand public comme des films d'auteur qui ont<br />
vocation à « faire le tour des meilleurs festivals internationaux<br />
». Pour preuve, sa dernière coproduction,<br />
Goodbye Julia de Mohamed Kordofani est le premier<br />
film soudanais à concourir à Cannes, dans la section<br />
Un Certain Regard.<br />
©Chapman Taylor<br />
*AMC, Empire, Muvi, Vox, Cinépolis Cinemas et Imax Cinema<br />
** La part de ressortissants nationaux n’est que de 11 % au Émirats arabes unis qui comptait, en mars 2020, 9,5 millions d'habitants dont 8,5 millions d'immigrés, et de 10 % au Qatar<br />
voisin, peuplé de 2,7 millions d'habitants.<br />
Muvi U-Walk Cinema de Riyadh<br />
42 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
©AlShi<strong>mai</strong>si Films/Muvi Studios/Telfaz11<br />
Sattar d'Abdullah Al-Arak, le plus gros hit saoudien<br />
Par ailleurs, le Red Sea Film Festival, devenu en deux<br />
éditions à peine l’un des rendez-vous cinématographiques<br />
les plus importants de la région, présente et<br />
soutient financièrement <strong>–</strong> via son Red Sea Fund <strong>–</strong> des<br />
œuvres saoudiennes comme internationales, dont<br />
Jeanne du Barry de Maïwenn, qui fait l'ouverture de<br />
Cannes cette année [voir l’encart].<br />
L’Arabie saoudite réserve de nombreuses autres<br />
ressources pour le 7 e Art. « La Commission du film offre<br />
soutien et formation aux jeunes cinéastes. Le Fonds de<br />
développement culturel soutient le secteur cinématographique<br />
local à hauteur de plus de 800 millions de riyals<br />
saoudiens (215 M $). Et les nouvelles villes de Neom et<br />
AlUla [destinées à devenir des destinations touristiques<br />
majeures dans le pays, ndlr] ont mis en œuvre des<br />
plateaux de tournage capables d’accueillir d'énormes<br />
productions internationales », liste Faisal Baltyuor. « Tout<br />
cela crée un environnement durable pour l'industrie<br />
cinématographique. » D’autant plus que le cinéma peut<br />
bénéficier d’un atout supplémentaire, et de taille, dans<br />
le royaume : un public jeune <strong>–</strong> près de ⅔ de la population<br />
saoudienne a moins de 35 ans <strong>–</strong> qui témoigne<br />
d’une « appétence unique pour l'expérience cinématographique.<br />
Le marché est en hausse et il y a encore<br />
beaucoup à venir ».<br />
Ayşegül Algan<br />
LE RED SEA FILM FESTIVAL, UNE NOUVELLE ÉTAPE ET UN<br />
NOUVEAU GUICHET DE FINANCEMENT POUR LE CINÉMA<br />
Depuis 2021, le festival international du film se déroule entre novembre<br />
et décembre à Djeddah sur la côté de la mer Rouge, avec l’ambition de<br />
promouvoir le cinéma, <strong>mai</strong>s aussi de faire émerger les cinéastes de la<br />
région et au-delà. Ainsi, le Red Sea Film Fund a déjà soutenu plus de 100<br />
projets de films, à hauteur de <strong>14</strong> M$ pour l’ensemble de ses dotations<br />
sollicitables de la phase de développement à la post-production.<br />
©RSFF<br />
Parmi les films qui ont bénéficié de ce fonds, six font partie des différentes<br />
sélections cannoises : Inchallah un fils d’Amjad Al Rasheed (Jordanie) à<br />
la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, La Mère de tous les mensonges d’Asmae El Moudir<br />
(Maroc), Les Meutes de Kamal Lazraq (Maroc) [voir aussi p.30] et Goodbye<br />
Julia de Mohamed Kordofani (Soudan) à Un Certain Regard, Les Filles<br />
d’Olfa de Kaouther Ben Hania (Tunisie) en compétition officielle [voir<br />
aussi p.29] et Jeanne du Barry de Maïwenn (France) en ouverture du Festival.<br />
La prochaine édition du Red Sea Film Festival aura lieu du 30 novembre<br />
au 9 décembre <strong>2023</strong>. Les candidatures pour le Film Fund s'étalent pour<br />
leur part sur quatre sessions différentes réparties tout au long de l’année.<br />
Cérémonie de clôture du Red Sea Film Festival 2022<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
43
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INTERNATIONAL<br />
©2019 Getty Images<br />
QUE RETENIR DU<br />
CINEMACON <strong>2023</strong> ?<br />
Frenchies du CinemaCon<br />
Parmi les représentants de la France à Las Vegas,<br />
Ice Theatres a été mis en valeur lors de la keynote<br />
de Ajay Bijli, patron des PVR Cinemas indiens qui<br />
ont récemment adopté la technologie Ice [voir<br />
<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du 4 janvier <strong>2023</strong>], tandis que Ciné<br />
Digital a pu profiter de la convention pour marquer<br />
le coup de sa transition de gouvernance avec<br />
Étienne Roux à sa présidence. Enfin, The <strong>Boxoffice</strong><br />
Company (<strong>mai</strong>son mère de <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong>) a<br />
annoncé avoir franchi le cap des 100 clients à<br />
l’international pour ses différents services et<br />
technologies, dont les B&B Theatres, Cinépolis<br />
Cinemas USA, Everyman Media Group PLC et<br />
Landmark Theatres.<br />
L'équipe The <strong>Boxoffice</strong> Company<br />
au CinemaCon <strong>2023</strong><br />
Un gros vent d'optimisme soufflait à Las Vegas, du 24 au 28<br />
avril, sur une convention des exploitants américains qui a enfin<br />
retrouvé ses marques, y compris dans ses relations avec les<br />
studios.<br />
« Nous croyons en la chronologie des médias » : les propos<br />
de David Zaslav, le PDG de la nouvelle entité Warner<br />
Bros. Discovery lors de la présentation du studio, étaient<br />
succincts et puissants pour acter la fin des sorties sallesstreaming<br />
simultanées. Josh Greenstein, le coprésident<br />
du Motion Picture Group de Sony <strong>–</strong> seule major à ne<br />
ja<strong>mai</strong>s avoir expérimenté le day-and-date <strong>–</strong>, confir<strong>mai</strong>t<br />
de son côté qu’aujourd'hui, « même certains streamers<br />
offrent une exclusivité salle à leurs meilleurs films. Les temps<br />
ont bien changé ».<br />
Toutefois, la tendance étant au raccourcissement de cette<br />
exclusivité salle, aux États-Unis comme ailleurs dans le<br />
monde, émerge l’enjeu majeur de « créer le sentiment<br />
d’urgence chez le spectateur pour aller voir un film au<br />
cinéma », comme l’a souligné Tony Chambers, vice<br />
président exécutif de la distribution cinéma de The Walt<br />
Disney Company, lors d’une table ronde du International<br />
Day modérée par Julien Marcel, directeur général de The<br />
<strong>Boxoffice</strong> Company et d’AlloCiné. En effet, si le dayand-date<br />
est désor<strong>mai</strong>s bien relégué au second plan, reste<br />
MICHAEL O’LEARY<br />
NOUVEAU PDG DE LA NATO<br />
Succédant à John Fithian qui a fait valoir ses droits à<br />
la retraite à la fin du CinemaCon, l’avocat et lobbyiste<br />
Michael O’Leary a débuté son mandat depuis le 1 er<br />
<strong>mai</strong>. Il arrive armé de 25 ans d’expérience dans l'industrie<br />
de l’entertainment <strong>mai</strong>s aussi au sein du gouvernement.<br />
Côté secteur privé, le nouveau CEO de la<br />
fédération des cinémas américains a occupé des postes<br />
de direction à la 21st Century Fox, à la Motion Picture<br />
Association et à l'Entertainment Software Association.<br />
l’environnement concurrentiel général qui entoure les<br />
salles de cinéma. D’où une forte accélération de la mise<br />
en valeur de l’expérience grand écran et des salles PLF<br />
comme chez Event Cinemas [voir ci-dessus], <strong>mai</strong>s aussi<br />
des questionnements sur le prix du ticket. « Soyons réalistes,<br />
les entrées en salles avaient baissé avant la Covid, quand le<br />
prix des billets ne faisait qu'augmenter », a alerté Chris<br />
Aronson, le président de la distribution salle de Paramount,<br />
en soulignant les récents succès des Tuesday Bargain Days<br />
de l’été (avec des tarifs réduits) et du National Cinema<br />
Day (avec une place à 3 $ pour tous le samedi 3 septembre<br />
2022). Si la reconduction de cette journée n’est pas encore<br />
actée <strong>–</strong> les exploitants comme les distributeurs américains<br />
penchant vers une opération de plusieurs jours en milieu<br />
de se<strong>mai</strong>ne <strong>–</strong>, « faisons au public une offre qu'il ne pourra<br />
pas refuser », a conclu Chris Aronson.<br />
Ayşegül Algan, en collaboration avec <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> US<br />
À Washington, il a occupé le poste de chef adjoint de<br />
la section de la criminalité informatique et de la<br />
propriété intellectuelle au ministère américain de<br />
la Justice.<br />
46 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
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Horaires et informations en Français
INTERNATIONAL<br />
Ils l’ont annoncé au<br />
CinemaCon…<br />
Imax étend son parc dans les CMX<br />
Cinemas américains…<br />
Le circuit américain classé 10 e en nombre de salles<br />
(30 cinémas et 326 écrans à travers 8 États) se dote<br />
de 3 salles Imax Laser en Floride. Depuis le début<br />
de leur collaboration en 2017, Imax a déjà équipé 5<br />
sites CMX, dont 3 en Floride où le circuit est déjà<br />
fortement implanté avec 17 cinémas.<br />
… et les Cinemex mexicains<br />
6 nouvelles installations Imax Laser sont prévues<br />
dans des établissements-clés de l’opérateur<br />
mexicain qui fête cette année ses 30 ans. Les 6<br />
nouvelles salles seront réparties entre 4 cinémas de<br />
Mexico et 2 autres sites pour l’heure non annoncés.<br />
Les premières ouvertures sont prévues pour le<br />
dernier trimestre de l’année.<br />
EVENT CINEMAS<br />
DISTINGUÉ PAR SON OFFRE DISTINCTIVE<br />
Dans le cadre de la journée internationale qui a, comme d'habitude, inauguré le CinemaCon,<br />
le leader de l’exploitation australienne et néo-zélandaise a reçu, cette année, le prix<br />
d’excellence. Retour sur les spécificités du circuit <strong>–</strong> et des envies de son public <strong>–</strong>, en<br />
compagnie de Jane Hastings, la PDG d’EVT, la société mère d’Event Cinemas.<br />
©Marl Lane-Event Cinemas<br />
Christie va équiper plus de 200 salles<br />
au Maroc<br />
Les 150 salles prévues dans les <strong>mai</strong>sons de la culture<br />
avec le soutien du ministère de la Culture marocain<br />
<strong>–</strong> qui devraient progressivement ouvrir entre juin <strong>2023</strong><br />
et janvier 2024 <strong>–</strong> seront dotées de systèmes de<br />
projection et son Christie, dont l’intégrateur local<br />
officiel est Global Entertainment, dirigée par Hakim<br />
Chagraoui. Naturellement, ce dernier fait aussi appel à<br />
Christie pour équiper ses 25 multiplexes prévus sous<br />
enseigne Cinerji, dont les premiers devraient ouvrir<br />
dès cet été, à Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès et<br />
une vingtaine d’autres villes moyennes du Royaume.<br />
Cinionic s’étend aux ScreenX…<br />
CJ 4DPlex, l'entreprise sud-coréenne spécialisée dans<br />
les technologies de cinéma, a choisi d’équiper ses<br />
salles ScreenX de projecteurs laser Barco. L’accord<br />
concerne les futures installations et le renouvellement<br />
des salles 270° existantes.<br />
… dans les Cineplex canadiens…<br />
Cinionic installera plus de 800 projecteurs laser dans<br />
les salles du circuit canadien au cours des prochaines<br />
années. Les entreprises commenceront la transition<br />
vers la projection laser plus tard cette année. L'accord<br />
concerne des projecteurs Barco Series 4, ainsi que des<br />
serveurs de médias Barco.<br />
En 2022, les box-office en Australie et Nouvelle-Zélande<br />
ont respectivement atteint 944 millions de dollars<br />
australiens et 150 millions de dollars néo-zélandais. En<br />
bonne voie pour se rapprocher des recettes record de<br />
2016 dans les deux pays (1,25 milliard de dollars australiens<br />
et 201 millions de dollars néo-zélandais).<br />
Le circuit a été particulièrement pionnier et actif sur son<br />
programme fidélité, qui représente 70 % des visites de<br />
ses cinémas australiens. « C’est un outil puissant qui nous<br />
permet de comprendre et de nous connecter directement avec<br />
la majorité de nos clients », commente Jane Hastings. Des<br />
données qui ont, en outre, permis à Event Cinemas de<br />
constater que depuis la fin de la crise sanitaire, tous les<br />
groupes démographiques sont revenus dans les cinémas,<br />
<strong>mai</strong>s aussi qu’ils plébiscitent davantage les séances premium<br />
(qui représentent aujourd'hui 30 % des entrées totales)<br />
et qu’ils dépensent plus à chaque visite. Une tendance<br />
qui doit beaucoup à la stratégie de premiumisation du<br />
groupe, « qui donne de bons résultats, notamment avec un<br />
prix moyen du ticket en hausse de 21,6 % et des dépenses<br />
par client en hausse de 51,9 % par rapport aux chiffres<br />
pré-Covid pour notre circuit australien ».<br />
Si pour la dirigeante, « il ne fait aucun doute que les films<br />
sont au cœur de l'expérience cinéma », elle estime qu’« à<br />
force de nous focaliser sur le film, l'écran et le son, nous avons<br />
fini par concevoir des salles de cinéma qui se ressemblaient<br />
toutes. » Certes, la classe Gold proposée par Event Cinemas<br />
se différenciait par son offre de restauration et ses fauteuils<br />
inclinables de luxe, <strong>mai</strong>s « il s'agissait toujours du même<br />
type de fauteuil. Idem pour notre format PLF* V-Max qui<br />
offrait une expérience cinéma incroyable, <strong>mai</strong>s avec les mêmes<br />
sièges de luxe dans toute la salle ». Le circuit a donc mené<br />
des études approfondies auprès de ses publics, fait tester<br />
différents types d’assises, sondé leur appétit et leur<br />
propension à la dépense. « La réponse a été on ne peut plus<br />
claire : les clients sont prêts à payer plus pour des expériences<br />
différenciantes. » Event Cinemas a donc entrepris d’en<br />
créer en fonction du site et du public, notamment avec<br />
des cinémas “Boutique” arborant chacun son propre<br />
thème (du tapis rouge à la bibliothèque ou à la galerie<br />
d'art). Les salles V-Max <strong>–</strong> qui représentent 10 % du parc<br />
d’Event Cinemas <strong>–</strong> proposent de leur côté désor<strong>mai</strong>s<br />
trois catégories de sièges au sein d'une même jauge : des<br />
classiques à dossier fixe, des recliners et des méridiennes<br />
à l’avant de la salle. « Le spectateur peut choisir l'expérience<br />
qui correspond le mieux à son budget, entre 20 et 48 dollars<br />
australiens** », détaille Jane Hastings en évoquant « le<br />
succès écrasant du concept sur le plan commercial » ainsi<br />
qu’une note spectateur au diapason de sa satisfaction,<br />
« qui confirme que les clients aiment avoir le choix ».<br />
*Premium Large Format<br />
**Entre 12 et 29 euros<br />
Ayşegül Algan<br />
… et aux Malco Theatres américains<br />
Le circuit américain lance une conversion à grande<br />
échelle en projection laser en mettant à niveau sa<br />
flotte de projecteurs xénon Barco Series 2 avec la<br />
solution Laser Light de Cinionic. Cette conversion<br />
représente le plus important déploiement Laser Light<br />
aux États-Unis. À l'échelle mondiale, Cinionic a<br />
récemment franchi le cap des 3 000 unités pour cette<br />
technologie. Pour rappel, la première présentation de<br />
la projection laser de Barco avait été faite lors du<br />
CinemaCon 2012.<br />
RENCONTRE AVEC<br />
ADAM ARON, PDG D'AMC THEATRES<br />
À l’occasion du CinemaCon <strong>2023</strong>, le dirigeant est revenu sur les années de survie et les<br />
nouvelles ambitions du plus grand circuit mondial d’exploitation.<br />
L’accord conclu en 2020 avec Universal pour avancer<br />
l’ouverture de la fenêtre PVOD (vidéo à la demande<br />
premium) de ses titres à 17 ou 30 jours après la sortie<br />
salle a-t-il encore du sens dans les conditions actuelles<br />
du marché ?<br />
Honnêtement, face à tous les autres problèmes que nous<br />
avons eu à résoudre, notamment la survie de notre groupe<br />
pendant une pandémie de trois ans, puis la fréquentation<br />
de 2022 qui était encore en recul de 35 % par rapport à<br />
2019, cette expérience PVOD n'est plus vraiment à<br />
l'ordre du jour. D’autant plus que l’ensemble du secteur<br />
<strong>–</strong> y compris Universal sur les films pour lesquels il ne va<br />
pas utiliser la PVOD <strong>–</strong> est parvenu à un consensus sur<br />
une fenêtre salle de 45 jours.<br />
En 2020 et 2021, les studios ont donné la priorité absolue<br />
à leurs plateformes de streaming. Avec l’arrivée de<br />
Spider-Man : No Way Home, Top Gun : Maverick, Avatar :<br />
48 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
La Voie de l’eau et beaucoup d'autres bons films, les<br />
studios se sont rappelés combien d'argent pouvaient<br />
rapporter les salles et leur impact sur l’événementialisation<br />
des sorties. À partir de là, ils ont à nouveau considéré<br />
l’exclusivité salle comme la manière la plus intelligente<br />
de valoriser leurs actifs.<br />
La crise est-elle derrière nous ?<br />
Le box-office américain, qui peut servir d’indicateur pour<br />
l’ensemble de l'industrie et qui fluctuait entre 11 milliards<br />
et 11,9 milliards de dollars, a chuté à 2 milliards de dollars<br />
avec la pandémie, puis est passé à 4,5 milliards en 2021,<br />
à 7,5 milliards en 2022… Or, notre écosystème est conçu<br />
pour un box-office de 11,5 milliards de dollars, pas pour<br />
des niveaux aussi bas. Pour cette année, les prévisions<br />
oscillent entre 8,5 et 10 milliards de dollars de recettes ;<br />
en tout cas, <strong>2023</strong> sera meilleure que 2022, et 2024<br />
meilleure que <strong>2023</strong>. Finalement, la reprise prendra quatre<br />
à six ans ; disons que le Covid aura été un détour de cinq<br />
ans pour le secteur, et nous en avons déjà parcouru trois.<br />
Comment expliquez-vous la résilience d’AMC<br />
malgré le péril financier ?<br />
Ce qui a fonctionné pour AMC est assez différent de ce<br />
qui s’est passé pour le reste du secteur. Tout le monde<br />
sait comment les actions AMC (comme celles de Gamestop)<br />
sont devenues des actions "mèmes” aux États-Unis, grâce<br />
aux 3-4 millions d’investisseurs particuliers qui ont une<br />
connexion forte avec notre entreprise et sont venus nous<br />
épauler. D’ailleurs, depuis je communique régulièrement<br />
avec eux via Twitter [voir encart, ndlr.]. Ils nous ont<br />
permis de lever beaucoup de fonds.<br />
Dans la foulée du CinemaCon, Adam Aron est, comme<br />
à son habitude, allé à la rencontre de ses spectateursactionnaires<br />
lors d'une avant-première de Mafia Mamma<br />
dans un AMC de Las Vegas.<br />
Vous expérimentez la tarification dynamique aux<br />
États-Unis. En quoi est-ce concept plus difficile<br />
que sa mise en œuvre à l'étranger ?<br />
Parce que c’est nouveau et implique un changement<br />
d'habitude. Mais comme partout ailleurs, ça devrait<br />
marcher aux États-Unis aussi. Nous le testons actuellement<br />
dans trois villes (Kansas City, Chicago et New York) et<br />
étendrons probablement l'expérimentation plus tard<br />
dans l'année.<br />
Avec la fin du décret Paramount en novembre<br />
2020, les studios pourraient à nouveau acquérir<br />
des salles de cinéma et AMC pourrait acquérir<br />
des films. Envisagez-vous de vous lancer dans<br />
la distribution ?<br />
Nous l'avons fait il y a plusieurs années. Vous vous<br />
souvenez peut-être que nous possédions 50 % d'Open<br />
Road, et avons même remporté un Oscar du meilleur<br />
film avec Spotlight.<br />
Nous considérons le contenu comme une possible voie<br />
d'investissement, <strong>mai</strong>s nous n'avons pas encore pris<br />
de décision.<br />
AMC poursuivra-t-il la voie de l'expansion nationale<br />
ou internationale ?<br />
L ’année dernière, j’étais concentré sur la survie du groupe<br />
et je crois qu'AMC a survécu. Le box-office et les bénéfices<br />
augmentent. Nous commençons à regarder au-delà<br />
de la défense et vers l'attaque. Vous vous souvenez peutêtre<br />
que nous avons acheté près de la moitié du circuit<br />
Arclight/Pacific après l’arrêt des activités de Pacific Theatres<br />
au printemps 2021, nldr.]. Nous avons également acquis<br />
plus de la moitié du circuit Bow Tie dans le nord-est.<br />
Nous parlons avec plusieurs autres circuits de la possibilité<br />
de combiner nos forces et AMC continuera d’étendre<br />
sa flotte si l’on trouve des cinémas attrayants, dans des<br />
emplacements de choix, et à des conditions économiques<br />
intéressantes.<br />
Ayşegül Algan, en collaboration avec Daniel Loria<br />
©AMC<br />
©Adam Aron ©Patrick Reichboth<br />
The Silverback CEO<br />
Alors même qu’il naviguait en pleine tempête de la<br />
crise sanitaire et de la fermeture des cinémas,<br />
Adam Aron est devenu l’une des figures les plus<br />
publiques et “connectées” du secteur. Le<br />
"silverback" comme le surnomment les millions<br />
d'investisseurs particuliers qui ont sauvé AMC au<br />
cours de l'année 2021 en s’organisant via Reddit et<br />
les réseaux sociaux, est lui-même devenu un as de<br />
Twitter et YouTube pour communiquer avec ses<br />
actionnaires, dits les “apes”. Le circuit leur organise<br />
régulièrement des projections spéciales, où<br />
l'attraction est moins le film que la présence<br />
d'Adam Aron. Ce dernier est même monté sur le<br />
char d'AMC à l’emblématique défilé floral de la<br />
Rose Parade en 2022, à Pasadena en Californie,<br />
avec certains de ses abonnés Twitter.<br />
En Allemagne, la fenêtre<br />
salle des films locaux<br />
raccourcit<br />
Les professionnels du secteur cinématographique<br />
allemand ont acté, le 2 <strong>mai</strong>, une révision des<br />
fenêtres d’exploitation des films financés par des<br />
fonds publics tels que ceux du Fonds fédéral de<br />
cinéma (FFA) et différents fonds régionaux (comme<br />
le FFG de Bavière). L’accord prévoit un raccourcissement<br />
de l'exclusivité salle de ces titres subventionnés<br />
de 6 à 4 mois, comme pour le reste des<br />
sorties. Il permettra en outre d'alléger le FFA de<br />
nombreuses demandes de dérogation qui lui<br />
parvenaient ces dernières années.<br />
A.A.<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
49
L'ÉMISSION<br />
Il ne faut pas réglementer contre le secteur<br />
BRUNO LASSERRE, AUTEUR DU RAPPORT CINÉMA ET RÉGULATION<br />
À voir ou à revoir,<br />
Émission disponible<br />
sur notre chaîne YouTube :<br />
Dans la foulée de son audition par la<br />
Commission des affaires culturelles de<br />
l’Assemblée nationale le 10 <strong>mai</strong>, Bruno<br />
Lasserre était l’invité de l’Émission <strong>Boxoffice</strong><br />
<strong>Pro</strong>. Occasion de procéder à une étude de<br />
texte approfondie de son rapport, qui sert<br />
désor<strong>mai</strong>s de base à une large concertation<br />
pour réviser les mécanismes de régulation<br />
de la distribution et de l’exploitation.<br />
« Tout le secteur reconnaît que le cinéma est à la fois une<br />
industrie et un art, qu’il faut des acteurs économiques qui<br />
investissent et trouvent leur rentabilité, <strong>mai</strong>s aussi une<br />
régulation qui incite à atteindre des objectifs qui ne peuvent<br />
être seulement ceux du marché », pose en préambule<br />
l’ancien président de l’Autorité de la concurrence,<br />
missionné par les ministères de la Culture et de l'Économie.<br />
Et, au sortir d’une « crise sans prédédent », le<br />
diagnostic de l’expert est plutôt positif : « En combinant<br />
astucieusement une meilleure régulation et une plus grande<br />
liberté des acteurs, tous les outils sont en place pour retrouver<br />
le chemin qu’on a connu pendant les années 2010, avec les<br />
fréquentations annuelles à plus de 200 millions d’entrées. »<br />
Alors ce rapport, qui a naturellement suscité de nombreuses<br />
réactions, est-il ultra libéral ou régulateur d’après son<br />
auteur ? « Ni l’un ni l'autre, ou les deux à la fois », répond<br />
l’intéressé. Dans le do<strong>mai</strong>ne des cartes illimitées, « spécificité<br />
du marché français », Bruno Lasserre préconise plus<br />
de liberté : « Il n'y a pas de raison que l’État agrée le prix<br />
de vente proposé par les exploitants. » Le spécialiste incite<br />
d’ailleurs ces derniers à développer des offres tarifaires<br />
plus différenciées (jeunes, se<strong>mai</strong>ne/we), dans un contexte<br />
d’inflation où « comme on le voit pour les plateformes de<br />
streaming ou le sport, l’abonnement sécurise, notamment<br />
les jeunes. C’est aussi un moyen de fidéliser et d’attirer de<br />
nouveaux publics ». Toutefois, un recentrage de la régulation<br />
du tarif de référence, autour de 5 euros actuellement,<br />
offrirait plus d’équité et de transparence dans la répartition<br />
des recettes. « Deux scénarios sont proposés pour le<br />
calculer : le calcul notionnel, ou un calcul plus simple, qui<br />
ont chacun leurs avantages et inconvénients que nous avons<br />
essayé de lister en toute sincérité sans prendre parti. »<br />
Parmi les choses à ne pas changer dans le fonctionnement<br />
spécifique du secteur, et « contrairement à ce qui avait<br />
été suggéré il y a plusieurs années », le rapport ne préconise<br />
pas davantage de formalisme dans les relations commerciales<br />
distributeurs/exploitants. « Il ne faut pas réglementer<br />
contre le secteur. Il y a là quelque chose qui repose sur l’oral<br />
et la confiance entre les acteurs, une souplesse et adaptation<br />
de tous les instants qu’il n’y a pas intérêt à bureaucratiser<br />
ou rigidifier. » D’autant plus que, d'après les retours de<br />
la profession, « le contrat écrit n’était pas une demande<br />
particulière des acteurs, y compris du côté des plus fragiles<br />
et moins puissants ». En outre, il ne change pas le rapport<br />
de force, et « son absence n’est pas un obstacle pour saisir<br />
le médiateur du Cinéma en cas de désaccord », souligne<br />
Bruno Lasserre.<br />
Par contre, les engagements de programmation, qui ont<br />
été de facto interrompus par la crise sanitaire, sont à<br />
repenser en les replaçant dans leur objectif. Car aujourd'hui,<br />
ils relèveraient parfois de l’effet d’annonce ou de la posture,<br />
« alors qu’en réalité, leur contenu n’est pas toujours très<br />
ambitieux », note l’expert, qui préconise que le CNC<br />
puisse « se substituer aux exploitants s’ils ne proposent pas<br />
eux même des engagements ou si ces derniers sont insuffisants ».<br />
Et pour assurer leur respect, en dehors des sanctions<br />
classiques, « qui seraient un peu “l'arme atomique” », la<br />
possibilité de leur subordonner le <strong>mai</strong>ntien des aides à<br />
l'exploitation permettrait de « responsabiliser les acteurs.<br />
C’est le seul moyen de crédibiliser et donner sa force à un<br />
outil qui marche ». Reste à trouver le bon équilibre dans<br />
le contenu des engagements promus, « ni être trop ambitieux<br />
ni trop souples », et surtout, « simples à vérifier,<br />
notamment pour respecter la conditionnalité des aides ».<br />
La sélectivité supplémentaire préconisée pour le classement<br />
art et essai n’est qu’une « évolution à la marge », selon<br />
Bruno Lasserre, qui reconnaît que « le système actuel<br />
fonctionne bien », <strong>mai</strong>s relève des « injonctions contradictoires<br />
» : « On nous dit à la fois qu’il n’est pas normal que les<br />
films d’auteur dont on sait qu’ils trouveront le succès,<br />
bénéficient de la recommandation art et essai, et de l’autre,<br />
que les salles art et essai des petites villes et régions rurales<br />
ont besoin de films d’auteur qui marchent aussi pour faire<br />
venir le public et préserver la rentabilité fragile de leurs<br />
salles. » D'où la proposition de pondérer les critères<br />
artistiques traditionnels avec des critères économiques<br />
tenant compte de l’ambition commerciale <strong>–</strong> et donc des<br />
plans de sortie <strong>–</strong>, dont tous les détails ne sont pas encore<br />
définis. Des mesures qui suscitent des réactions différentes<br />
chez les exploitants, en témoignent celles de Jean Villa<br />
[p. 61] et celles entendues lors de l’AG du SFTC [p. 52],<br />
celles de l’Afcae [p. <strong>14</strong>], et par ailleurs du Scare [p. 18]<br />
ou de l’Acid [p. 22].<br />
Enfin sur la chapitre de la protection des actifs culturels,<br />
l’auteur du rapport souligne le besoin d’établir une<br />
différence entre les salles et les catalogues, qui ne sont<br />
pas à classer “actifs stratégiques” de la même manière.<br />
« Ce n’est pas l’interdiction faite aux acteurs étrangers d’acheter<br />
des salles qui va préserver notre incomparable réseau de<br />
salles », la sauvegarde de ce dernier relevant plus de<br />
questions d’urbanisme, d’aménagement du territoire, de<br />
soutien des élus… Bruno Lasserre rappelle au passage<br />
que c’est un Américain, Charles Cohen, qui rénove<br />
actuellement l’emblématique salle patrimoniale de la<br />
Pagode à Paris avec un budget de 15 M €. Et, « s’il y avait<br />
le risque que tel cinéma, propriété d’un acteur non-européen,<br />
influe sur la programmation <strong>–</strong> pour des raisons culturelles,<br />
politiques ou morales <strong>–</strong>, alors les engagements de programmation<br />
sont là pour y répondre ». Du côté des catalogues,<br />
où le risque est celui d’un manque d’exploitation suivie,<br />
« qui pourrait priver le public d’accès à ces œuvres, souvent<br />
cofinancées par des fonds publics et qui font partie du<br />
patrimoine français », le texte préconise de revoir les<br />
mécanismes de protection légiférées en 2021 plutôt que<br />
les libéraliser.<br />
Depuis le 3 avril dernier, la balle est dans le camp du<br />
gouvernement et du parlement, « certaines propositions<br />
relevant de la loi, d’autres de décrets, parfois de règlements<br />
généraux, parfois aussi de bonnes pratiques qui peuvent<br />
être mises en œuvre sous l’égide du CNC ». Ce dernier<br />
mène la concertation autour des 13 propositions du<br />
rapport. « Il faut discuter et bâtir un consensus et trouver<br />
le bon équilibre », conclut son auteur. « Je fais confiance<br />
à tous pour y arriver. »<br />
Ayşegül Algan<br />
50 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
VIE SYNDICALE<br />
De g. à d. : Lionel Bertinet, directeur du cinéma du CNC, Catherine Verliac,<br />
directrice adjointe du cinéma, Richard Patry, président de la FNCF,<br />
François Thirriot, président du SFTC, Cédric Aubry, président adjoint du SFTC,<br />
et Corentin Bichet, chef du service de l'exploitation du CNC.<br />
©Tanguy Colon<br />
ÉNERGIE, RAPPORT LASSERRE ET<br />
DISPOSITIFS SCOLAIRES AU MENU DU SFTC<br />
Le Syndicat français des théâtres cinématographiques organisait sa 1<strong>14</strong> e assemblée générale les<br />
9 et 10 <strong>mai</strong> à Bernay. L’occasion d’aborder les principales questions d'actualité de l’exploitation.<br />
Après le Max Linder parisien en 2022, le SFTC avait<br />
délocalisé cette année son AG en Normandie, au sein<br />
du flambant neuf Multi Rex de Bernay, ouvert fin<br />
décembre par Richard Patry et la famille Reynaud. Près<br />
de 150 professionnels avaient répondu à l’invitation de<br />
François Thirriot, président du syndicat, pour venir<br />
découvrir en avant-première le nouveau film de Jean-<br />
Pierre Améris, Marie-Line et son juge, avec Louane et<br />
Michel Blanc (Ad Vitam), célébrer les 90 ans de l’Entraide<br />
lors d’une soirée festive, qui a également vu Anne-Claire<br />
Brunet être décorée du mérite cinématographique, et<br />
surtout échanger sur les enjeux du secteur.<br />
Après l’adoption des rapports financier et moral par les<br />
adhérents du SFTC, Richard Patry, président de la FNCF,<br />
a, en amont des discussions, tenu à rassurer les troupes :<br />
« Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, certes, <strong>mai</strong>s<br />
nous avons eu raison de tenir et de nous battre. Nous gagnons<br />
des spectateurs chaque se<strong>mai</strong>ne par rapport à l’an passé. Et<br />
pour moi, nous terminerons l’année <strong>2023</strong> au minimum à<br />
180 millions d’entrées, si ce n’est bien plus. » Une estimation<br />
partagée par l’assemblée, convaincue également que l’offre<br />
riche et diversifiée continuera de convaincre le public.<br />
D’autant plus que la salle de cinéma n’a ja<strong>mai</strong>s été autant<br />
plébiscitée depuis trois ans, en témoignent les récentes<br />
prises de paroles des majors américaines [voir page 46].<br />
« À CinemaCon, les studios ont enfin compris que les plateformes<br />
de streaming n’étaient pas génératrices de valeur. Que<br />
la salle reste moderne et surtout indispensable à la promotion<br />
des films », a complété, plein d’optimisme, Richard Patry.<br />
Après ce propos liminaire, les échanges se sont ensuite<br />
concentrés sur les questions énergétiques, Cédric Aubry,<br />
président adjoint du SFTC, admettant que, « après, les<br />
sueurs froides de 2022, le pic a été atteint et, même si nous<br />
ne retrouverons ja<strong>mai</strong>s des tarifs équivalents à ceux d’avant<br />
crise, les contrats se sont nettement améliorés ». Pour Richard<br />
Patry, « l’anticipation doit être le maître-mot : si votre contrat<br />
arrive à échéance dans six mois, il faut vous en occuper dès<br />
<strong>mai</strong>ntenant ». De plus, « pour payer moins, il faut consommer<br />
moins », et le président de la FNCF a salué les pistes<br />
formulées par la charte de sobriété énergétique dévoilée<br />
au dernier Congrès.<br />
Toujours dans cette optique, les discussions avec les<br />
pouvoirs publics avancent concernant le plan laser, soit<br />
la bascule de l’intégralité du parc en projection laser,<br />
représentant un coût d’environ 400 M€. « Le CNC n’a<br />
pas les moyens de mettre en place un plan unique comme<br />
CineNum il y a une dizaine d’années. Les ressources des<br />
comptes de soutien n’ont pas cru comme à l’époque », a<br />
expliqué Lionel Bertinet, directeur du cinéma du CNC.<br />
Comme évoqué lors de l’AG de la Chambre syndicale<br />
des cinémas du Nord-Pas de Calais en avril [voir <strong>Boxoffice</strong><br />
<strong>Pro</strong> n°443], la FNCF travaille sur plusieurs pistes de<br />
financement que pourront solliciter les salles, auprès des<br />
collectivités par exemple, même si François Thirriot a<br />
alerté sur le risque « d’une aide inégale en raison de certaines<br />
régions moins enclines à des projets de soutien ». Des réflexions<br />
qui s’inscrivent plus largement dans les réductions de<br />
consommation énergétique demandées par le décret<br />
tertiaire, dont la première échéance se profile en 2030.<br />
L’autre thème qui a alimenté les échanges concerne le<br />
rapport Cinéma et régulation, présenté par Bruno Lasserre<br />
début avril [voir page 50]. Si la non remise en cause du<br />
partage des recettes avec les distributeurs/ayants droits a<br />
été saluée, deux aspects font particulièrement crisser des<br />
dents les exploitants. D’une part, le conditionnement<br />
des aides au respect des engagements de programmation<br />
et de diffusion est « une mesure assez violente », dixit Richard<br />
Patry, l’exploitation militant également pour un « choc<br />
» de simplification de ces engagements. D’autre part, le<br />
contingentement ou la pondération moins favorable des<br />
films “porteurs” dans le classement art et essai et le calcul<br />
des aides sélectives inquiètent. « Il doit y avoir une réforme,<br />
nous sommes tous d’accord pour dire que le système est<br />
vieillissant. Mais cela ne doit pas aboutir à l’exclusion de<br />
300 salles ou plus du classement art et essai. La FNCF se<br />
battra pour protéger celles qui ne sont peut-être pas les plus<br />
fortes dans la diffusion de l’art et essai, <strong>mai</strong>s qui font, en<br />
proximité et en territorialité, un travail important. Voir<br />
disparaître des villes moyennes des salles classées serait une<br />
catastrophe pour l’ensemble du secteur. » Vigilant à ce que<br />
cette réforme « serve toutes les parties », le CNC a, plus<br />
globalement, assuré qu’il n’y aurait pas de grande discussion<br />
avec toute la profession pour évoquer les différentes<br />
préconisations du rapport, qui seront étudiées davantage<br />
au cas par cas.<br />
Enfin, outre le succès salué du pass Culture, la question<br />
de l’éducation à l’image a été abordée, Aurélie Delage,<br />
en charge de la commission dédiée à la FNCF, proposant<br />
au CNC de « mutualiser les efforts afin de mettre en place<br />
une grande campagne de communication autour des dispositifs<br />
scolaires ». « Si la France est un des pays qui a vu revenir<br />
le plus massivement les jeunes en salles depuis la crise, c’est<br />
en partie grâce à ces dispositifs. Il est important dans les<br />
prochains mois d’organiser des Assises avec l’Éducation<br />
nationale, le ministère de la Culture, le CNC et les salles<br />
sur la relance de ces dispositifs. Il faut aussi trouver des<br />
moyens pour les formations d’enseignants, car sans leur relais<br />
dans les établissements scolaires, ces dispositifs seront en<br />
danger », a conclu Richard Patry.<br />
Tanguy Colon<br />
52 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
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ÉGALITÉ<br />
UN ACCORD SUR L'ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES<br />
DANS L’EXPLOITATION<br />
Le tout premier accord de<br />
branche sur l'égalité<br />
professionnelle entre les<br />
femmes et les hommes a<br />
été signé fin février par les<br />
organisations syndicales,<br />
et doit <strong>mai</strong>ntenant être<br />
étendu à l’ensemble des<br />
cinémas.<br />
La parité n’est pas synonyme d’égalité. C’est ce<br />
qu’ont montré les travaux entrepris dans le secteur<br />
de l’exploitation depuis quatre ans, dont les constats<br />
ont été intégrés aux rapports de branche annuels<br />
depuis 2020, venant compléter le comparatif<br />
femmes-hommes déjà réalisé. « Nous avons senti<br />
que le sujet était himalayesque et avons commencé<br />
par des outils pratiques pour éveiller les consciences »,<br />
relate Odile Tarizzo, présidente de la commission<br />
des affaires sociales à la FNCF depuis 2010. En<br />
effet, dans un secteur qui emploie autant de<br />
femmes que d’hommes <strong>–</strong> contrairement à beaucoup<br />
d’autres branches du cinéma [voir p. 55] <strong>–</strong> , le<br />
diagnostic a révélé de fortes disparités dans la<br />
répartition des métiers, y compris dans les formations<br />
suivies. « Ensuite, nous avons constaté que la<br />
proportion des femmes diminuait dans le temps<br />
lorsqu'elles atteignaient l'âge de 30 ans, soit au<br />
moment de la maternité, difficilement conciliable<br />
avec les horaires de notre activité. » Enfin, les différences<br />
de salaires pour un même poste persistent,<br />
et sont d’autant plus marquées sur les postes<br />
d’encadrement.<br />
Ces constats ont mobilisé les partenaires sociaux,<br />
« aussi bien du côté des salariés que des employeurs,<br />
avec le ferme engagement de faire avancer paritairement<br />
la branche sur ces questions », et qui ont<br />
d’abord travaillé en commission réduite pour<br />
établir deux documents : un livret Conciliation<br />
vie professionnelle et familiale, « car les employeurs<br />
Un accord en 5 points<br />
« Les facteurs d'inégalités sont à la fois le résultat de<br />
pratiques qu'il faut améliorer, <strong>mai</strong>s aussi de<br />
stéréotypes et de croyances qu'il faut faire évoluer »,<br />
s’accordent les partenaires sociaux qui ont choisi<br />
d’intervenir sur les cinq do<strong>mai</strong>nes d’actions<br />
suivants, auxquels sont associés des objectifs de<br />
progression et des mesures permettant de les<br />
atteindre : le recrutement, la rémunération, la<br />
formation professionnelle, l’articulation entre la vie<br />
professionnelle et la vie personnelle, ainsi que la<br />
prévention du harcèlement sexuel et des<br />
agissements sexistes<br />
ne connaissaient pas forcément les éléments de facilitation<br />
du code du travail ou de la convention collective », et un<br />
guide de bonnes pratiques sur l'Égalité professionnelle.<br />
Mais ces deux textes <strong>–</strong> à disposition sur le site de la FNCF<br />
<strong>–</strong>, restent des outils informatifs dont chacun fait ce qu’il<br />
veut. « En revanche, un accord de branche s’impose aux<br />
parties et s’applique à l’ensemble des entreprises. Il peut<br />
donner lieu à des alertes et rappels à l’ordre, même si nous<br />
ne l’avons pas voulu coercitif », et rappelle qu’il existe, sur<br />
la discrimination liée au sexe, des obligations légales et<br />
des sanctions, au civil comme au pénal.<br />
Odile Tarizzo, exploitante des 3 Palmes<br />
à Marseille, préside la commission des<br />
affaires sociales de la FNCF depuis 2010<br />
L’accord signé porte sur cinq do<strong>mai</strong>nes : le recrutement,<br />
la rémunération, la formation professionnelle, l’articulation<br />
entre vie professionnelle et vie personnelle et la<br />
prévention du harcèlement sexuel et des agissements<br />
sexistes. S’il s’inscrit dans la lignée des formations contre<br />
les violences sexistes mises en place par le CNC, obligatoires<br />
pour les managers, l’accord sera quant à lui diffusé<br />
à l’ensemble des personnels. « Une vision plus générale,<br />
pour contribuer à faire évoluer les mentalités. »<br />
Améliorer les pratiques pour faire évoluer<br />
les stéréotypes<br />
Et en effet, au-delà des actions concrètes à mettre en<br />
place, le texte interroge les relations hommes/femmes et<br />
les stéréotypes dans l’ensemble de la société. « Nous<br />
abordons par exemple la mono parentalité ou suggérons<br />
indirectement que le couple, aujourd’hui, ne se limite plus<br />
à un homme et une femme. De façon générale, nous avons<br />
essayé d’avoir un degré d’ouverture, au-delà des schémas<br />
classiques, pour coller à l’évolution de la société et montrer<br />
que les choix de vie personnelle peuvent impacter la vie<br />
professionnelle. » Pour Odile Tarizzo, c’est l’un des points<br />
les plus importants de l’accord, et celui qui est d’ailleurs<br />
le plus développé.<br />
Tout d’abord parce que « la cassure qui intervient au<br />
moment de la maternité entraîne beaucoup de temps partiel,<br />
freine l’évolution des carrières et de la rémunération dans<br />
le temps ». Et parce que les attentes des salariés ont changé<br />
dans la société post-Covid, elles doivent être prises en<br />
compte par les employeurs, dans une juste mesure. « On<br />
constate aujourd’hui, notamment au moment du<br />
recrutement, que les salariés ont tendance à faire<br />
passer leur vie personnelle au premier plan. Il est<br />
donc essentiel de l’entendre pour favoriser leur<br />
intégration et permettre un climat de travail plus<br />
serein… sous réserve de respecter l'organisation<br />
spécifique de nos entreprises, avec du travail en soirée<br />
et le week-end », précise Odile Tarizzo.<br />
©FNCF - Jean-Luc Mege Photography<br />
L’égalité suit l’évolution des métiers<br />
Un accord sur l’égalité, donc, qui profitera à<br />
tous. «Traditionnellement, les hommes étaient en<br />
cabine et les femmes à l’accueil. Un état d’esprit<br />
qui doit changer, d’autant plus que l'évolution des<br />
métiers de l'exploitation implique aujourd’hui<br />
beaucoup de polyvalence. Il faut faire descendre la<br />
cabine dans le hall et inversement, même s’il y a<br />
encore beaucoup de réticences aujourd’hui. » Ce<br />
qui implique de développer la formation, non<br />
seulement pour les femmes, <strong>mai</strong>s aussi pour les<br />
hommes, sur des fonctions qu’ils occupaient peu<br />
jusqu’à présent.<br />
Le suivi se fera chaque année dans le cadre du<br />
rapport de branche obligatoire, d’après les<br />
données d’Audiens, très fiables depuis les remontées<br />
de la DSN (Déclaration sociale nominative).<br />
« Ceci nous donne une photo précise en termes<br />
quantitatifs, et pour ce qui est d’évaluer la conciliation<br />
avec la vie personnelle, ce sont les représentants<br />
syndicaux qui font remonter les informations<br />
via les CSE des entreprises. »<br />
L’accord a été signé le 21 février dernier par les organisations<br />
syndicales, à la quasi unanimité, et présenté en<br />
conseil fédéral en mars. Il doit <strong>mai</strong>ntenant être étendu<br />
par le ministère du Travail pour s’appliquer à toutes les<br />
entreprises de l’exploitation, au-delà de celles affiliées<br />
à la FNCF (associations, municipalités…), « en espérant<br />
que tout soit finalisé et médiatisé au moment du congrès<br />
de septembre ».<br />
Reste à prêcher la bonne parole… et pour Odile Tarizzo,<br />
« c’est le travail de fond que nous menons, pas à pas, avec<br />
Agathe de Foucher, secrétaire générale administrative de la<br />
FNCF. Si tous les exploitants n’ont pas encore pris conscience<br />
de ces enjeux à 100 %, ils sont aujourd’hui bousculés par<br />
la difficulté de recruter. C’est donc le moment de les inciter<br />
à revoir leur mode d’organisation, pour faciliter l’intégration<br />
des salariés, <strong>mai</strong>s surtout pour les fidéliser. »<br />
Cécile Vargoz.<br />
54 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
LA PARITÉ DERRIÈRE LA CAMÉRA AVANCE À PETITS PAS<br />
La parité dans la réalisation de films de cinéma gagne du terrain, <strong>mai</strong>s se heurte à des plafonds de verre, dont de budget et de nombre de<br />
films réalisés dans une carrière.<br />
Le Collectif 50/50 a mis à jour son étude sur la place <strong>–</strong> et<br />
les budgets <strong>–</strong> des femmes derrière la caméra. En résumé,<br />
sur les dix dernières années (2013-2022) en France, elles<br />
sont 27 % à avoir signé un ou plusieurs films. Dans le<br />
détail, c’est le genre documentaire qui offre le plus de<br />
place aux réalisatrices (33 %), tandis que seules 13 %<br />
tiennent les manettes de projets d’animation.<br />
Et si elles sont de plus en plus nombreuses à réaliser un<br />
premier film <strong>–</strong> sur l’ensemble des films agréés de 2022,<br />
35 % étaient des premiers films de réalisatrices contre<br />
27 % de réalisateurs <strong>–</strong>, sur les deux dernières années, on<br />
ne compte que 11 % de femmes ayant tourné 5 films<br />
(ou plus). « Il faut garder à l’esprit que plus la carrière des<br />
cinéastes avance, plus les 3 es , 4 es , 5 es films sont des privilèges<br />
souvent réservés aux hommes et figurent généralement parmi<br />
les films les plus soutenus financièrement par les institutions »,<br />
note le Collectif 50/50.<br />
Au global, sur les 2 876 films réalisés entre 2013 et 2022,<br />
moins d’un quart l’ont été par des femmes, dont plus de<br />
¾ disposaient d’un budget inférieur à 4 millions d’euros,<br />
avec une incidence systématique sur les salaires. En 2022,<br />
le plus gros budget attribué à une réalisatrice est de 20,6<br />
millions d’euros pour Jeanne du Barry de Maïwenn,<br />
contre 60 millions d’euros confiés à Jérémy Zag pour<br />
l’animation Miraculous : Le Film, adaptée de la série TV<br />
à succès. Dans les plus grosses productions réalisées par<br />
une femme, en 2019, Valérie Lemercier avait disposé de<br />
22,9 millions d’euros pour Aline.<br />
Certes, la place des réalisatrices ou cheffes de poste évolue<br />
et l’industrie se transforme progressivement, avec le<br />
renfort de différentes initiatives, notamment incitatives.<br />
Maïwenn, ici aux côtés de Johnny Depp sur le tournage de Jeanne du Barry, figure dans le club restreint des femmes ayant réalisé<br />
plus de 5 longs métrages.<br />
Le bonus parité mis en place en 2019* permet en outre<br />
au Collectif 50/50 d’observer une nouvelle donnée, « et<br />
donc d’étendre cette question de parité plus globalement aux<br />
équipes ». La part des films éligibles est, de fait, passée de<br />
13 % en 2019 à 34 % en 2022. Reste que les productions<br />
dirigées par des réalisatrices ont largement plus recours<br />
au dispositif, 82 % des films éligibles en 2022 étant<br />
réalisés par des femmes.<br />
*Bonus de 15 % sur le soutien cinéma mobilisé qui s’adresse aux films d’initiative française dont les équipes sont paritaires, que la réalisation soit entre les <strong>mai</strong>ns d’un homme ou d’une femme.<br />
Enfin, aux côtés des données sur la parité « facilement<br />
analysables », le Collectif 50/50 souhaite donner de la<br />
visibilité à la question, « également primordiale », de la<br />
diversité devant et derrière la caméra, avec des statistiques<br />
ethno-raciales <strong>–</strong> aujourd’hui très strictement encadrées<br />
par la loi. « Un sujet majeur que le Collectif 50/50 souhaite<br />
prendre à bras le corps, afin de cesser d’invisibiliser ces<br />
questions trop peu mises en lumière dans notre industrie. »<br />
©Stéphanie Branchu - Why Not <strong>Pro</strong>ductions<br />
Aysegul Algan<br />
LE NOMBRE DE RÉALISATRICES À CANNES<br />
AUGMENTE<br />
La Se<strong>mai</strong>ne de la Critique est la championne, avec une majorité de films signés par des femmes.<br />
Si ce n’est pas encore la parité… c’est<br />
en progrès ! Alors que les films de<br />
réalisatrices représentaient en moyenne<br />
13 % de la sélection officielle ces dix<br />
dernières années, <strong>2023</strong> compte 33 %<br />
de réalisatrices en compétition (7 films<br />
sur 21 avec l’ajout du Retour de Catherine<br />
Corsini), et 30 % pour l’ensemble de<br />
la sélection officielle (20 films sur 66).<br />
Et on notera que tous les films français<br />
de la compétition sont réalisés par<br />
des femmes !<br />
Mêmes proportions pour la Quinzaine des cinéastes,<br />
qui a changé son nom pour être mixte et présente 31 %<br />
de films de réalisatrices, avec 6 sur 19. C’est mieux à<br />
la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, d’ailleurs seule section dirigée<br />
par une femme <strong>–</strong> Ava Cahen <strong>–</strong> , avec 4 films sur les 7<br />
en compétition (soit 57 %), sans compter le film<br />
d’ouverture. Et un jury, présidé par Audrey Diwan, à<br />
60 % féminin. Cécile Vargoz<br />
Tiger Stripes, premier long métrage de la<br />
Malaisienne Amanda Nell Eu, fera sa première<br />
mondiale à la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique <strong>2023</strong> et sera<br />
distribué en France par Jour2Fête.<br />
©Ghost Grrrl Pictures / Jour2Fête<br />
Les rendez-vous du<br />
Collectif 50/50 à Cannes<br />
Vendredi 19 <strong>mai</strong>, 15h-16h15 (Pavillon Les<br />
cinémas du monde, Village international)<br />
Parité, diversité, égalité ! Regards croisés à<br />
l’international<br />
Échanges de bonnes pratiques entre le Brésil, la<br />
France, le Royaume-Uni, l’Égypte, et les États-Unis,<br />
sur les initiatives en faveur de l'inclusion<br />
Dimanche 21 <strong>mai</strong>, 11h-<strong>14</strong>h (Jardin Sacem, Hôtel<br />
Jardin Croisette)<br />
Les compositrices de musique de film à<br />
l'honneur<br />
Avec les compositrices Irène Dresel, Vanessa<br />
Giangrande et Julie Roué et la productrice<br />
Raphaëlle Delauche. Table ronde modérée par Julie<br />
Gayet et Delphine Paul (Sœurs jumelles) suivie<br />
d’un cocktail déjeunatoire..<br />
Dimanche 21 <strong>mai</strong>, 16h30-17h30 (Marché du<br />
Film - Main stage - Riviera)<br />
Le Collectif 50/50 x Artef (Anti-Racism<br />
Taskforce for European Film)<br />
Quels leviers pour plus de diversité derrière la<br />
caméra au niveau européen ?<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
55
DATA<br />
BOXOFFICE LIVE PARMI LES PROJETS SOUTENUS<br />
PAR LE CNC POUR MODERNISER L'INDUSTRIE DU CINÉMA ET DE<br />
L'AUDIOVISUEL<br />
Une commission de professionnels de<br />
l'audiovisuel, coprésidée par Emmanuelle<br />
Guilbart et Serge Hayat, a sélectionné huit<br />
solutions logicielles qui vont bénéficier<br />
d'un financement total de 622 000 euros,<br />
pour un investissement prévisionnel de<br />
1,3 million d'euros. Ces projets s'appuient<br />
sur la blockchain ou d'autres technologies<br />
numériques et ont pour objectif de créer<br />
un écosystème répondant, au-délà de ceux<br />
des professionnels du cinéma et de<br />
l'audiovisuel, aux besoins de l’ensemble<br />
des acteurs de la chaîne de valeur.<br />
L'objectif est de permettre un suivi en temps réel des<br />
remontées de recettes, de démocratiser l'usage d'outils<br />
pratiques et accessibles aux producteurs, et enfin,<br />
d'accroître la fiabilité et l'inviolabilité des données<br />
pour, ainsi, susciter la confiance des investisseurs privés<br />
dans le secteur.<br />
Ces projets viennent compléter le travail mené par le<br />
CNC pour faciliter l'accès aux données qu'il détient<br />
et moderniser ses outils, via deux chantiers majeurs<br />
déjà finalisés : la dématérialisation des Registres du<br />
cinéma achevée en 2021, ainsi que la modernisation,<br />
depuis 2022, de l'application de déclaration des<br />
bordereaux de recettes.<br />
Parmi les projets retenus, aux côtés notamment de<br />
celui présenté par Comscore, la solution <strong>Boxoffice</strong><br />
Live de The <strong>Boxoffice</strong> Company va pouvoir approfondir<br />
ses développements avec le soutien du Centre.<br />
Cette solution de remontée d’entrées en temps réel<br />
est déjà utilisée par nombre d’éditeurs-distributeurs<br />
de films parmi lesquels Universal Pictures, SND,<br />
StudioCanal ou encore Gaumont. Côté salles, CGR<br />
et Pathé ont, dès le départ, accepté de partager leurs<br />
chiffres avec <strong>Boxoffice</strong> Live pour la plus grande satisfaction<br />
des distributeurs clients, comme en témoigne<br />
notamment Xavier Albert (Universal Pictures France) :<br />
« Après <strong>mai</strong>ntenant plus d’un an d’usage en interne,<br />
<strong>Boxoffice</strong> Live est devenu un outil incontournable pour<br />
nous. C’est un gain de temps considérable pour l’équipe<br />
Ventes et surtout pour notre senior analyste qui est en<br />
mesure de suivre en temps réel le démarrage de nos sorties<br />
grâce à une base de comparables qui s’étoffe bien évidemment<br />
avec le temps. »<br />
De son côté, Christophe Courtois (SND) souligne<br />
qu’une « meilleure compréhension des entrées en temps réel<br />
nous permet aujourd’hui de mieux comprendre le point de<br />
vue des exploitants, de formuler des demandes de programmation<br />
plus réalistes, <strong>mai</strong>s aussi d’adapter nos actions<br />
publicitaires aux usages réels d’achats de places de cinéma<br />
des spectateurs…. C’est dans l’intérêt des exploitants ! »<br />
Les exploitants ne sont d’ailleurs pas insensibles à ce<br />
message puisque, au-delà des deux premiers circuits<br />
qui ont donné leur accord dès le lancement du produit,<br />
de nombreux autres vont suivre dans les se<strong>mai</strong>nes à<br />
venir parmi lesquels Cinéville, Noé Cinémas, Véo<br />
Cinémas, Confluences, Ociné ou encore Cinémonde,<br />
pour n’en citer que quelques uns. Selon Emilien Robert<br />
qui pilote cette activité au sein de The <strong>Boxoffice</strong><br />
Company, « la couverture de <strong>Boxoffice</strong> Live devrait<br />
avoisiner les 50 % autour de l’été, tout en s’enrichissant<br />
de fonctionnalités nouvelles en matière d’analyse, de suivi<br />
des préventes et de remontées de recettes (pour les exploitants<br />
qui le souhaitent). C’est une phase de décollage<br />
très excitante ! »<br />
Au-delà de la nécessaire transparence que le CNC<br />
appelle de ses vœux, Christophe Courtois insiste<br />
également sur « la dimension psychologique les jours de<br />
sortie : les acteurs, réalisateurs, producteurs tout comme<br />
les éditeurs de films qui accompagnent les films du scénario<br />
jusqu’à la sortie, sont tous pressés de connaître le sort du<br />
film. Le temps réel répond à cette fébrilité compréhensible,<br />
et la dimension nationale est plus fiable que les résultats<br />
de quelques cinémas parisiens qui ne sont plus représentatifs<br />
du marché français. »<br />
Julien Marcel<br />
56 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
19-22 JUNE <strong>2023</strong><br />
CENTRE CONVENCIONS INTERNACIONAL BARCELONA (CCIB)<br />
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EXPLOITATION<br />
CGR CINÉMAS<br />
FIN DU PROCESSUS DE VENTE ET<br />
CHANGEMENT À LA TÊTE DU GROUPE<br />
Début <strong>mai</strong>, les<br />
actionnaires du<br />
deuxième circuit national<br />
ont annoncé l’annulation<br />
du processus de vente, et<br />
la mise en place d’une<br />
nouvelle direction<br />
de transition.<br />
Nous sommes convaincus que<br />
cette décision permettra de<br />
garantir un avenir prospère pour<br />
l'entreprise et de <strong>mai</strong>ntenir sa<br />
position sur le marché du cinéma<br />
CHARLES RAYMOND, PDG DU GROUPE CGR CINÉMAS<br />
©belkis13.fr@g<strong>mai</strong>l.comwww.belkis13.fr<br />
« La famille Raymond, propriétaire du groupe CGR<br />
Cinémas, a pris la décision de ne plus céder la branche<br />
d'activité cinéma. » C’est par le biais d’un communiqué<br />
publié le 4 <strong>mai</strong> que les actionnaires du circuit ont<br />
confirmé les informations révélées la veille dans nos<br />
colonnes. « Malgré un processus de vente rigoureux et un<br />
grand intérêt de la part de plusieurs parties prenantes, les<br />
offres n'ont pas satisfait les critères de qualité et de valeur<br />
fixés par la famille Raymond pour leur entreprise », à<br />
savoir environ 500 M€ selon nos sources. La famille<br />
Raymond a également indiqué envisager « une réorganisation<br />
du management dans les prochains mois afin de<br />
repartir sur de nouvelles bases et une nouvelle feuille de<br />
route. Cette réorganisation permettra de renforcer la<br />
position du groupe sur le marché du cinéma et de développer<br />
de nouveaux projets pour répondre aux attentes de nos<br />
spectateurs ».<br />
Cette déclaration vient officialiser une série de décisions<br />
aussi rapides que spectaculaires prises par les actionnaires<br />
de CGR Cinémas dès le 3 <strong>mai</strong> au matin. Ce matin-là,<br />
selon nos informations, le directeur général Jocelyn<br />
Bouyssy, le directeur financier Jean-Charles Gau, le<br />
directeur des ressources hu<strong>mai</strong>nes Clément Foussal de<br />
Belerd et le directeur du développement Robert Laborie<br />
ont été convoqués et suspendus sur le champ. C’est<br />
Laurent Desmoulins, actuel directeur de CLR [le pôle<br />
hôtelier du groupe, ndlr.] et ancien de CGR Cinémas,<br />
qui reprend les rênes en tant que secrétaire général,<br />
fonction qu’il avait déjà occupée par le passé, en attendant<br />
de nouvelles annonces sur l’organisation future<br />
du groupe. Les actionnaires ont tenu à réaffirmer leur<br />
engagement « envers les employés, les partenaires et les<br />
clients du groupe CGR Cinémas. Nous sommes convaincus<br />
que cette décision permettra de garantir un avenir prospère<br />
pour l'entreprise et de <strong>mai</strong>ntenir sa position sur le marché<br />
du cinéma ».<br />
Cette annonce fait l’effet d’une bombe dans le secteur<br />
du cinéma français, puisque le processus de cession<br />
du deuxième circuit national semblait pourtant bien<br />
avancé. Récemment, deux candidats étaient encore<br />
en lice pour le rachat du groupe, d’après le média<br />
L’Informé. D’une part, le trio formé de Pierre-Antoine<br />
Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, avec l’appui<br />
de la Banque publique d’investissement (BPI). D’autre<br />
part, le fonds Aermont piloté par Léon Bressler. Mais<br />
aucune des deux offres n’a donc été à la hauteur des<br />
attentes de la famille Raymond, qui a préféré mettre<br />
fin au processus en cours.<br />
L’autre information surprenante est bien entendu<br />
l’éviction de Jocelyn Bouyssy, récemment mis à<br />
l’honneur par toute la profession lors des dernières<br />
rencontres cinématographiques du Sud d’Avignon,<br />
en mars dernier. À cette occasion, le président du<br />
CNC Dominique Boutonnat, ainsi que le président<br />
de la Fédération nationale des Cinémas Français<br />
Richard Patry, avaient rendu des hommages appuyés<br />
à celui que tous décrivaient alors comme un innovateur<br />
qui a transformé le paysage français de l’exploitation<br />
cinématographique. Encore récemment, fin<br />
avril à Las Vegas à lors de CinemaCon, de nombreuses<br />
personnalités telles que John Fithian, l’ex-directeur<br />
général de l’association des cinémas américains (Nato)<br />
ou encore Ajay Bijli, le CEO du géant indien PVR<br />
Inox (cinquième groupe mondial) ont eu l’occasion<br />
de saluer le travail de Jocelyn Bouyssy qui a mis le<br />
groupe rochelais sur la scène internationale avec sa<br />
technologie immersive Ice Theaters. C’est donc la<br />
surprise qui domine à l’annonce du départ soudain<br />
de Jocelyn Bouyssy et de plusieurs cadres clés du<br />
groupe, une équipe qui semblait encore tout récemment<br />
promise à un bel avenir..<br />
Le groupe CGR en bref<br />
2 e opérateur français (n°6 en Europe)<br />
73 cinémas<br />
705 écrans dont 44 équipés Ice Theaters<br />
18,2 millions d’entrées en 2022<br />
Une activité de distribution avec CGR Events et<br />
une participation majoritaire dans Apollo Films<br />
Ice Theaters, un format propriétaire premium déjà<br />
implanté aux États-Unis, en Espagne, Arabie saoudite<br />
et en Inde.<br />
58 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
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EXPLOITATION<br />
LE RACHAT DU CINÉMA PARISIEN LA CLEF EN BONNE VOIE<br />
La signature d’un compromis de vente entre le propriétaire du lieu et le fonds de dotation créé par le collectif La Clef Revival ravive<br />
l’espoir de pérenniser l’un des derniers cinémas associatifs de Paris.<br />
L’émotion était palpable mercredi 26 avril matin dans<br />
les travées du Reflet Médicis (Paris), où était organisée<br />
une conférence de presse par La Clef Revival, introduite<br />
par une vidéo de soutien de Martin Scorsese himself.<br />
Avec, donc, à la clé, une nouvelle réjouissante pour<br />
le collectif : la signature d’un compromis de vente<br />
entre le Comité social et économique de la Caisse<br />
d’Epargne Île-de-France, propriétaire des murs, et le<br />
fonds de dotation Cinéma Revival*, créé en 2020 par<br />
le collectif. Alors que les discussions avaient démarré<br />
autour d’un montant de 4,2 M € pour le rachat des<br />
murs, le compromis a été signé pour 2,9 M €, auxquels<br />
s’ajoutent 200 000 € de frais de notaire, pour une<br />
durée de six mois. Le fonds de dotation a donc jusqu’au<br />
26 octobre <strong>2023</strong> pour réunir la somme manquante.<br />
©Tanguy Colon<br />
Depuis plus d’un an, et son expulsion de La Clef en<br />
mars 2022, le collectif La Clef Revival a redoublé<br />
d’efforts et affirme avoir récolté 80 % des 3,1 M €<br />
demandés, soit 2,5 M €. Outre un prêt bancaire (1,7<br />
M €, garanti à 50 % par l’Ifcic), 600 000 € proviennent<br />
du mécénat et 200 000 € du crowdfunding. Tout en<br />
souhaitant réunir quelque 400 000 € auprès d’autres<br />
mécènes, le collectif relance également sa campagne<br />
de financement participatif afin de rassembler 200 000 €<br />
supplémentaires. Une fois ces 20 % manquants récoltés,<br />
le fonds de dotation Cinéma Revival confiera l’exploitation<br />
du site à La Clef Revival, qui entend se laisser<br />
deux mois pour réaliser les démarches administratives<br />
et mise ainsi sur une réouverture du cinéma en janvier<br />
2024, une salve de travaux de remise aux normes étant<br />
à l’étude pour l’été suivant.<br />
*Ce fonds de dotation est administré par un collège de personnes<br />
issues du collectif La Clef Revival et un collège de professionnels : Céline<br />
Sciamma, réalisatrice et scénariste, Laurent Tanzer, du cinéma Nova<br />
de Bruxelles, Jean-Marc Zekri, directeur du Reflet Médicis, et Eric Arrivé,<br />
critique et expert de la propriété d'usage.<br />
Plan de financement<br />
incluant les frais de notaire<br />
1,7 M € (garanti à<br />
50 % par l'IFCIC)<br />
objectif 1 M €<br />
déjà 600 000 €<br />
prêt bancaire mécénat crowdfunding<br />
objectif 400 000 €<br />
déjà 200 000 €<br />
Le projet, inchangé depuis sa présentation au printemps<br />
2020 , souhaite principalement faire de La Clef un lieu<br />
de diffusion, de transmission et de création. Une séance<br />
quotidienne dans chacune des deux salles permettra de<br />
mettre en avant « des films peu vus ou difficiles à trouver »,<br />
dixit le collectif, avec une entrée <strong>mai</strong>ntenue à prix libre.<br />
« Nous avons l’accord du CNC pour conserver cette tarification<br />
qui sera partagée ensuite de manière traditionnelle<br />
avec les ayants droits. Cette approche a montré sa viabilité<br />
pendant les deux ans et demi d’occupation, avec un prix<br />
libre moyen de 4,50 €. » Festivals, conférences et autres<br />
séances spéciales auront également les honneurs du grand<br />
écran, tandis que, dans le reste du lieu, seront aménagés<br />
des studios de montage et de post-production, des ateliers<br />
de création ainsi qu’un café associatif. C’est avec ces<br />
différentes activités, et les recettes qui en découleront,<br />
ainsi que diverses subventions de la Région, de la Ville<br />
de Paris et du CNC, que le collectif entend faire fonctionner<br />
La Clef et créer deux postes rémunérés.<br />
Tanguy Colon<br />
HAUT ET COURT CINÉMAS ÉTOFFE SON CIRCUIT<br />
Depuis le 1 er <strong>mai</strong>, le Navire de Valence, dans la Drôme, est exploité par le groupe de Carole Scotta et Martin Bidou.<br />
Haut et Court acquiert son septième site avec le cinéma<br />
de la commune drômoise. Après celle du Diagonal de<br />
Montpellier en décembre, le duo prend la barre du<br />
Navire de Valence. Le site de cinq écrans 710 fauteuils,<br />
classé art et essai et triplement labellisé, faisait partie<br />
de la Scop le Navire, qui continuera de son côté à<br />
exploiter le Navire d’Aubenas, l’Eden de Crest ainsi<br />
que la tournée itinérante Montoison (qui opère plus<br />
de 100 projections par été, de Lyon à Cannes).<br />
« Cette acquisition s'inscrit parfaitement dans notre ligne<br />
éditoriale de cinéma art et essai de centre-ville », explique<br />
Martin Bidou qui, à l’instar du cap <strong>mai</strong>ntenu au Diagonal<br />
de Montpellier, confirme ne pas vouloir changer le<br />
caractère de la salle. « Il est important pour nous que<br />
chaque site ait son identité propre, en accord et collaboration<br />
avec l'équipe en place. »<br />
De fait, parmi les salariés-associés cédants (et directeur<br />
du Navire d'Aubenas) Christophe Maffi souligne qu’« il<br />
était important que le fort marquage de ce cinéma, depuis<br />
longtemps inscrit dans le mouvement art et essai <strong>–</strong> comme<br />
en témoignent les engagements des précédents directeurs,<br />
Jean Haffner puis Cyril Désiré, dans le bureau de l'Afcae<br />
<strong>–</strong>, perdure par delà son changement d’exploitants. »<br />
Aux côtés du Lux Scène nationale (2 salles) et du Pathé<br />
Valence (12 salles), le Navire de Valence a rassemblé<br />
plus de 120 000 entrées en 2019 et 85 000 en 2022<br />
dans une ville qui compte 66 000 habitants (80 000<br />
avec l’agglo).<br />
De son côté, le groupe Haut et court Cinémas exploite<br />
désor<strong>mai</strong>s sept sites et 27 salles avec le Louxor et le<br />
Nouvel Odéon à Paris, l’Astrée et le Forum de Chambéry,<br />
le Sémaphore de Nîmes, le Diagonal de Montpellier,<br />
et donc désor<strong>mai</strong>s, le Navire de Valence.<br />
A.A et M.D<br />
60 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
L'ÉMISSION<br />
Le spectateur doit pouvoir découvrir un film<br />
sans se préoccuper du coût<br />
JEAN VILLA, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE VÉO CINÉMAS<br />
À voir ou à revoir,<br />
Émission disponible<br />
sur notre chaîne YouTube :<br />
Avec ses 16 établissements dans le grand<br />
Sud Ouest et une entente de programmation<br />
de 393 écrans, Véo fédère des cinémas de<br />
proximité qui se veulent ouverts au plus<br />
grand nombre… et portent l’art et essai au<br />
plus profond des territoires. Un travail qui<br />
doit continuer à être reconnu selon Jean<br />
Villa, directeur général des cinémas Véo,<br />
l’invité de l'Émission du 27 avril.<br />
Si le réseau représente aujourd’hui 6 millions d'entrées<br />
en France, « Véo, c’est avant tout une histoire hu<strong>mai</strong>ne »<br />
pour Jean Villa, qui évoque le travail initié par son père,<br />
Jean-Pierre, au début des années 80 alors qu’il était prof<br />
d’histoire-géo à Égletons en Corrèze. « Il s'était investi<br />
dans un cinéma associatif et s’est confronté à la difficulté<br />
d’obtenir des films. Il a alors eu l’idée de s’unir avec des<br />
confrères qui étaient dans le même cas. » De belles rencontres,<br />
notamment avec Alain Bouffartigues de Ciné 32, ont<br />
fait le reste et « aujourd'hui Véo est un réseau qui a du<br />
sens et a gagné de la visibilité ».<br />
Si Véo exploitation porte de nouveaux projets d’ouverture,<br />
c’est plutôt dans « l’idée de s’associer localement avec<br />
un exploitant du territoire ». Ainsi le projet d’un nouveau<br />
cinéma à Biganos aux côtés de Cédric Favard, implanté<br />
depuis 10 ans dans la région (au Rex de Cestas et en<br />
itinérant), « pour y aller ensemble, comme nous l’avions<br />
fait avec Philippe Gonzalez pour La Dolce Vita à Andernosles-Bains,<br />
toujours sur le bassin d’Arcachon ». <strong>Pro</strong>jet plus<br />
personnel pour Jean Villa, celui de La Cartoucherie à<br />
Toulouse <strong>–</strong> « qui me tient à cœur en tant que Toulousain »<br />
<strong>–</strong>, s’inscrira dans un tiers lieu culturel, installé dans une<br />
ancienne fabrique de cartouches [voir <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du<br />
19 octobre 2022]. « Les 4 salles seront construites dans<br />
une petite halle adjacente de 1500 m², dans l’esprit d’un<br />
cinéma de quartier, qui s’adressera aussi bien aux enfants<br />
qu’aux papis qui travaillaient autrefois dans la cartoucherie.<br />
» Ce qui, symboliquement, ne déplaît pas à l’exploitant :<br />
« un endroit où l’on fabriquait des armes, qui va devenir<br />
un lieu de culture. »<br />
La relation hu<strong>mai</strong>ne avant le premium<br />
Reste que l'expansion n’est pas la priorité pour Véo.<br />
« Notre premier cinéma, à Muret, n’a pas 10 ans et notre<br />
priorité est d'assurer nos bases en faisant fonctionner<br />
correctement nos établissements. Ce qui nous caractérise,<br />
c’est d’être des cinémas de proximité et de soigner un lien<br />
particulier avec nos spectateurs. Nous avons donc beaucoup<br />
de personnel à l'accueil, pour insuffler cette relation<br />
hu<strong>mai</strong>ne. » Et si l’offre de films reste la clé pour faire<br />
venir les spectateurs, l'attractivité des salles, chez Véo,<br />
passe par cette relation avec le public, avant la surenchère<br />
technologique. « Le premium n’est qu’une partie<br />
du marché. Il est important que le spectateur ait le choix,<br />
puisse venir voir un film sans se préoccuper du coût. Le<br />
cinéma doit rester populaire en proposant des places à 5<br />
ou 6 euros : être ouvert au plus grand nombre, mélanger<br />
tout type de spectateurs, c’est vraiment dans nos racines. »<br />
Si Véo est engagé dans une démarche éco-responsable,<br />
comme en témoigne la construction du Grand Central<br />
de Colomiers, labellisé HQE et “bâtiment biosourcé”,<br />
« ce n’est pas ça qui fait venir le spectateur », reconnaît<br />
Jean Villa. C’est en revanche la voie à suivre pour<br />
« repenser entièrement nos cinémas » en termes d’isolation<br />
et de performance énergétique. Pour l’heure, et<br />
comme abordé lors de la dernière AG de Véo [voir<br />
<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du 12 avril], les exploitants doivent<br />
continuer à faire preuve de sobriété. « Les bonnes<br />
pratiques énoncées dans la charte de la FNCF fonctionnent<br />
et ont permis entre 20 et 25 % d’économies. Et pour nos<br />
projecteurs passés au laser via le rétrofit, la consommation<br />
est passée de 6000 W à moins de 2000. » Face à la crise<br />
de l’énergie, Véo a dû aussi réduire le nombre global<br />
de séances. « Cela implique un partenariat avec les<br />
distributeurs, qui aujourd’hui jouent le jeu, en acceptant<br />
de diminuer leur exigences en termes de séances. »<br />
« Sur l’art et essai, on est en train de se<br />
faire avoir »<br />
De bonnes relations avec tous les distributeurs, sachant<br />
que Véo a vocation à montrer toute la diversité. Elle a<br />
été l’une des premières ententes à signer des engagements<br />
de programmation, « sans aucune difficulté, car nous ne<br />
faisons pas de plein programme. Ces engagements étaient<br />
au départ pensés pour les multiplexes, et s’engager à ne pas<br />
projeter le même film sur plusieurs écrans ne me pose aucun<br />
souci ». En revanche, Jean Villa se dit plus réticent à la<br />
notion de sanction par le CNC, évoquée dans le rapport<br />
Lasserre : « En cas de litige, je préfère avoir la possibilité de<br />
me défendre et d’expliquer mon projet. » Mais là où il n’est<br />
vraiment pas consensuel, c’est sur les propositions de<br />
Bruno Lasserre préconisant un classement art et essai<br />
des salles plus sélectif. « Sur l’art et essai, on est en train de<br />
se faire avoir », estime Jean Villa qui juge le sujet « ultra<br />
politique. Nous travaillons depuis 30 ans à développer l’art<br />
et essai sur tout le territoire, dans des villages au fin fond de<br />
la campagne », certes avec des films moins pointus et<br />
moins de séances. « Mais ces cinémas ruraux comptent-ils<br />
moins que d’autres ? », interroge l’exploitant. « Un cinéma<br />
de proximité est le <strong>mai</strong>llon d’une même chaîne, qui va du<br />
centre de Paris à Toulouse. Une entrée est une entrée, où que<br />
soit le cinéma et pour un tarif comparable, si l'on tient<br />
compte des cartes illimitées. » Or un mono écran comme<br />
celui d'Espalion, dans l’Aveyron, « s’adresse à une population<br />
qui n’est pas celle des grands centres-villes. Son travail<br />
d’animation au quotidien mérite une reconnaissance. Notre<br />
travail de long terme est en train d’être remis en question<br />
».<br />
Quant à la recommandation des films, les membres du<br />
collège font bien leur travail, en témoigne celui d’Emmanuel<br />
Baron, directeur de la programmation chez Véo,<br />
« qui regarde 400 films par mois ». Mais Jean Villa n’est<br />
pas opposé à l’évolution des critères, à condition que « la<br />
règle soit la même pour tous les films ».<br />
Cécile Vargoz<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
61
FOCUS EXPLOITATION<br />
UN NOUVEAU MULTIPLEXE<br />
À SAINT-PIERRE DE LA RÉUNION<br />
La famille Ethève a ouvert le<br />
Ciné Grand Sud, dans la zone<br />
de Pierrefonds, le <strong>14</strong> avril.<br />
Depuis, il a déjà accueilli près<br />
de 100 000 spectateurs.<br />
C’est un grand vaisseau à la façade colorée, de 10 salles<br />
et de 2 100 places, avec de vastes espaces de convivialité<br />
et entièrement accessible aux PMR, qui a ouvert le<br />
mois dernier en périphérie de Saint-Pierre de La Réunion,<br />
dans une partie de l’île jusqu’ici dépourvue d’un tel<br />
équipement. « Nous avons un complexe magnifique doté<br />
des meilleures technologies : 10 salles full laser, 2 équipées<br />
en Dolby Atmos, dont une de 500 places avec 64 enceintes.<br />
Les autres ont des capacités qui s’échelonnent entre 300,<br />
150 et 115 places, dont des fauteuils duo », décrit Laurence<br />
Ethève, directrice d'exploitation des quatre cinémas<br />
que compte désor<strong>mai</strong>s le groupe. Ce Ciné Grand Sud<br />
est un projet de longue date pour la famille Ethève qui,<br />
pour rappel, a construit le premier multiplexe de La<br />
Réunion il y a près de 20 ans, à Saint-Paul au nord-ouest<br />
de l’île. « Et dès que le Ciné Cambaie a été ouvert, le 27<br />
juillet 2005, le “patron” <strong>–</strong> à savoir Yves Ethève <strong>–</strong> a décidé<br />
qu’il fallait désor<strong>mai</strong>s équiper le Sud, où vit la moitié de<br />
la population réunionnaise. »<br />
Dans l’agglo de Saint-Pierre donc, qui compte près<br />
de 175 000 habitants, la demande et l’attente étaient<br />
grandes. « Même si nous avons une mono-salle de 600<br />
places pas très loin à Saint-Louis (Le Plaza) et notre<br />
concurrent deux petites dans le centre de Saint-Pierre<br />
(Le Rex), le public était prêt à faire 50 km et à braver<br />
les embouteillages pour se déplacer jusqu’au Ciné Cambaie,<br />
comme l’a récemment montré l’afflux phénoménal pour<br />
Creed III », explique l’exploitante. Le projet de<br />
Pierrefonds, passé en CDACi en 2017, était donc une<br />
évidence. Malgré la période de doutes liés au Covid,<br />
et s’il a été retardé par une énorme bagarre judiciaire<br />
entre Yves Ethève et son meilleur ennemi, Frédéric<br />
Drotkowski <strong>–</strong> qui a, entre-temps, ouvert son deuxième<br />
multiplexe Cinépalmes dans le Nord, autour de la<br />
capitale Saint-Denis <strong>–</strong> le chantier lui-même, commencé<br />
en 2021, aura été livré dans les temps.<br />
Conçu par l’architecte Philippe Tirot et construit par<br />
le promoteur Ocidim, filiale de Vinci Construction<br />
Dom-Tom, le Ciné Grand Sud, au-delà du confort<br />
de ses salles, accueillera bientôt deux restaurants, l’offre<br />
alimentaire étant, spécialement à La Réunion, indissociable<br />
de la sortie ciné. « En attendant, nous avons<br />
donc installé une grande caravane en inox dans notre<br />
patio, pour proposer de la bière, du vin, et des “bouchons”<br />
et samoussas typiques de notre région. » Le cinéma dispose<br />
aussi d’un grand espace de rencontres, juste à côté de<br />
celui dédié aux jeux d’arcade. L’immense parking<br />
couvert, de près de 900 places, est en train d’être<br />
terminé, et la zone de loisirs qui va ouvrir juste à côté<br />
contribuera à attirer les familles.<br />
Plus de 25 films à l’affiche<br />
Côté programmation, « nous allons d’abord nous<br />
concentrer sur l'exploitation pure, puis nous développerons<br />
tout ce qui se fait déjà au Ciné Cambaie : ciné concerts,<br />
soirées à thème et autres événements ». Et déjà dès les<br />
premières se<strong>mai</strong>nes, les séances événementielles ont<br />
fait le plein. L’établissement, plus grand et plus moderne<br />
que le Ciné Cambaie (de 8 salles et 1600 fauteuils),<br />
en suivra en effet la ligne éditoriale : « beaucoup de<br />
62 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
©Evelyne Ethève<br />
©Evelyne Ethève<br />
La partie extérieure du Patio Ciné, et son snack dans une caravane<br />
©Johan Damien Bello<br />
Des salles aux couleurs de La Réunion<br />
blockbusters pour remplir » <strong>–</strong> dont certaines séances en<br />
VO <strong>–</strong>, « <strong>mai</strong>s aussi de l’art et essai, comme dans notre<br />
salle de Saint-Denis, le Ciné Lacaze, premier cinéma<br />
classé de l’Océan Indien, et beaucoup de films pour<br />
enfants, qui marchent très bien à La Réunion ».<br />
À noter que le groupe Ethève, qui, comme la plupart<br />
de ses confrères d’Outre-mer, sous-distribuait les films<br />
dans sa région, traite de plus en plus directement avec<br />
les distributeurs de Métropole, « y compris avec les<br />
majors, ce qui simplifie beaucoup les choses et avec<br />
lesquelles nous travaillons en toute transparence ». Ainsi,<br />
l’ouverture a coïncidé <strong>–</strong> ou presque <strong>–</strong> avec la sortie<br />
de Super Mario Bros, « dont les entrées augmentent<br />
chaque se<strong>mai</strong>ne » ajoute de son côté Evelyne Ethève,<br />
qui gère de plus près les aspects juridiques et la<br />
programmation. « Nous sommes très heureux qu’il soit<br />
distribué par Universal, la première major avec laquelle<br />
nous avons traité en direct et l’un de nos meilleurs<br />
partenaires à la Réunion, qui a une grande compréhension<br />
du territoire et de la façon dont on peut y promouvoir<br />
les films. »<br />
Plus de 25 films ont été programmés pour l’ouverture,<br />
dont les reprises d’Avatar et Top Gun afin de les montrer<br />
en Atmos, et des films d’auteur tels que Dalva ou La<br />
Nuit du 12… « qui n’était ja<strong>mai</strong>s sorti chez nous. Nous<br />
continuerons ainsi les films art et essai que nous sortons<br />
au Ciné Lacaze, par égard pour les distributeurs qui<br />
nous les ont confiés et pour les proposer au grand public. »<br />
35 salariés ont été embauchés sur le seul cinéma, dont<br />
3 opérateurs, 15 hôtesses billetterie et confiserie et,<br />
les places étant numérotées, « des ouvreurs qui vont<br />
placer les gens en salle, comme au théâtre ». Une masse<br />
salariale importante, <strong>mai</strong>s indispensable pour Laurence<br />
Ethève qui veut privilégier un accueil hu<strong>mai</strong>n et<br />
chaleureux : « même si nous proposons la vente dématérialisée,<br />
nous ne sommes pas dans le self-service ».<br />
Sachant que le Ciné Cambaie enregistrait 950 000<br />
entrées en 2019 <strong>–</strong> et se classait 36 e cinéma français en<br />
2022 en termes de fréquentation <strong>–</strong>, Laurence Ethève<br />
est confiante sur le succès du Ciné Grand Sud.<br />
« En étant optimiste, je pense que nous pouvons viser le<br />
million de spectateurs. À nous d’être être à la hauteur de<br />
leurs attentes, <strong>mai</strong>s nous avons une expertise de 18 ans<br />
dans le cinéma. »<br />
Et c’est bien parti. Les premières se<strong>mai</strong>nes sont très<br />
encourageantes et ont été « intenses et incroyables à<br />
vivre », témoigne Evelyne Ethève. Plus de 16 800<br />
spectateurs sont venus au Ciné Grand Sud les cinq<br />
premiers jours, puis 23 000 la se<strong>mai</strong>ne du 19 avril et<br />
24 000 la suivante. « Nous nous attendions à de bons<br />
chiffres, sachant que les autres salles de Saint Pierre<br />
n’offrent pas une qualité multiplexe. Mais pour le weekend<br />
d’ouverture, très festif, le public est venu de toutes<br />
les régions de l’île, nous témoignant beaucoup de joie et<br />
de soutien. Nous avons la sensation qu’ils redécouvrent<br />
le cinéma, avec de nouveaux services comme la réservation<br />
en ligne et les places numérotées. » Et avec l’arrivée<br />
de Fast & Furious X qui va coïncider avec les vacances<br />
scolaires à La Réunion, le Ciné Grand Sud<br />
devrait vrombir !<br />
Cécile Vargoz<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
63
FOCUS EXPLOITATION<br />
Esprit synergie<br />
Depuis janvier <strong>2023</strong>, Le Cosmos a adopté une<br />
forme juridique encore relativement rare dans le<br />
paysage de l’exploitation cinématographique : la<br />
Société coopérative d’intérêt collectif (Scic), de<br />
manière à assurer une gouvernance « participative,<br />
horizontale et transparente », ouverte à tous. Le<br />
bar-restaurant du Bardu est quant à lui structuré en<br />
Scop, chacun, entre la Scic et la Scop ayant des<br />
parts dans l’autre pour conserver l’esprit de<br />
synergie entre les deux structures.<br />
LE COSMOS DE STRASBOURG<br />
SE PROJETTE DANS LA VIE DE LA CITÉ<br />
L’historique cinéma municipal de l’Eurométropole reprend les séances début juin avec un<br />
nouveau nom, une nouvelle équipe et un nouvel élan.<br />
©cinéma Odyssée<br />
Le Cosmos dans et hors<br />
les murs, avant et après<br />
ouverture<br />
L’association Le Troisième souffle poursuit par<br />
ailleurs son activité de projections en plein air,<br />
entamée en 2018, au rythme de 7 à 10 séances par<br />
an. Fin avril, dans le cadre des différents<br />
événements prévus hors les murs en amont de la<br />
réouverture du cinéma, l’association a proposé<br />
quatre jours de festivités (films, concerts, ateliers<br />
jeune public, ciné-karaoké, ciné-bingo et ciné DJ<br />
set) dans le quartier Laiterie, puisque « le projet du<br />
Cosmos est aussi celui d’aller vers les publics de<br />
quartiers pas toujours équipés culturellement », note<br />
Étienne Hunsinger.<br />
Les journées portes ouvertes du 13 et <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
proposeront des visites publiques du cinéma,<br />
prolongées de divers temps de concertation « pour<br />
reconnecter les publics qui ont peut-être été éloignés<br />
du cinéma ». Le grand week-end inaugural<br />
débutera quant à lui le vendredi 2 juin, avec, dès le<br />
lende<strong>mai</strong>n, toute une nuit marathon de<br />
projections. Le premier cycle du Cosmos<br />
commencera dès la mi-juin sous le thème du<br />
"cinéma dans le cinéma".<br />
CARACTÉRISTIQUES DES SALLES<br />
SALLE PLACES PMR DIM (M) SON IMAGE<br />
1 254 7 8 7.1 2K<br />
2 56 3 4,25 5.1 2K<br />
TOTAL 310 10<br />
Un « joyau patrimonial » de salle<br />
La troisième fois aura été la bonne pour l’association Le<br />
Troisième souffle, créée dans le but de reprendre la DSP<br />
de l’Odyssée, longtemps confiée <strong>–</strong> avec de plus en plus<br />
de controverses <strong>–</strong> aux Rencontres cinématographiques<br />
d’Alsace. Après leur première candidature en 2011, leur<br />
deuxième en 2016, c'est celle de 2021 qui a été retenue,<br />
renforcée par le soutien d’un collectif composé de personnes<br />
du milieu du cinéma, du spectacle vivant, de la musique<br />
contemporaine, d’illustration, de l’interprétariat, de la<br />
restauration, du journalisme… En somme, « une agrégation<br />
de personnes sensibles au cinéma et qui avaient envie<br />
de s’investir pour dessiner le renouveau de ce lieu emblématique<br />
», résume Étienne Hunsinger, le directeur du cinéma.<br />
Le changement de gérance en avril 2022 est allé de pair<br />
avec le début d’une longue phase de travaux, budgétés<br />
à hauteur de 820 000 euros. Toutefois, la rénovation<br />
d’un « joyau patrimonial » inscrit à l'inventaire des<br />
monuments historiques <strong>–</strong> le site date de 1913 et est<br />
propriété de la Ville depuis 1988 <strong>–</strong> n’est pas sans difficulté.<br />
Beaucoup d’interventions, de l’ordre de la mise aux<br />
normes techniques, de sécurité et d’accessibilité en ce<br />
qui concerne les 2 salles, « ne seront pas très visibles » <strong>mai</strong>s<br />
ont conduit à une légère réduction des jauges afin<br />
d'accueillir des emplacements PMR. Les changements<br />
les plus notables se concentrent principalement dans les<br />
espaces d'accueil. Une « rigoureuse enquête patrimoniale<br />
» a permis de retrouver les couleurs d’origine du hall, de<br />
ses moulures et de ses dorures. Le foyer-salon au premier<br />
niveau sera rénové à l’été dans la même veine.<br />
Le centre de documentation implanté au sous-sol <strong>–</strong> dont<br />
le fonds appartenait au précédent exploitant <strong>–</strong> cédera sa<br />
place à un studio dédié aux pratiques artistiques. « Dans<br />
cet espace quasi sans lumière naturelle, l’idée est d’investir<br />
plus spécifiquement le cinéma d’animation avec un matériel<br />
©Christophe Urbain<br />
INFOS PRATIQUES<br />
ADRESSE<br />
3 Rue des Francs-Bourgeois, 67000 Strasbourg<br />
SITE INTERNET<br />
www.cinema-cosmos.eu<br />
TARIFS<br />
Plein tarif : 8 €<br />
Tarif réduit : 5 € (tarif réduit accessible sur critères<br />
socio-professionnels et socio-économiques)<br />
Carnet de 10 billets : 50 €<br />
Billet pour les séances jeune public : 3 €<br />
Cécile Becke, secrétaire générale, et Étienne Hunsinger, directeur du Cosmos<br />
64 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>
humble, pour fabriquer des œuvres en stop<strong>–</strong>motion ou en<br />
papier découpé. » Plus haut dans le bâtiment, dans la<br />
mezzanine au dessus du foyer-salon, la secrétaire générale<br />
du cinéma, Cécile Becker, se réjouit de l’installation,<br />
dans les mois qui viennent, d’un labo-médias « où l’on<br />
va enregistrer nos propres podcasts, créer des bandes annonces<br />
<strong>mai</strong>son de nos cycles thématiques, filmer des entretiens, écrire<br />
les textes de notre programme… avec l’aide de spectateurs<br />
appelés à être des ambassadeurs actifs du Cosmos ».<br />
La nouvelle équipe du complexe municipal prend, de<br />
fait, très à cœur sa mission de service public destiné à<br />
rendre le cinéma accessible à tous les Strasbourgeois, avec<br />
pour principal philosophie celle d’investir le site, au-delà<br />
des projections. Le “bar à essai’ du Bardu, implanté dans<br />
les lieux, y participera grandement, avec une offre de<br />
boissons et restauration pensée en synergie avec la<br />
programmation. Le Cosmos restera bien entendu classé<br />
art et essai triplement labellisé, et membre du réseau<br />
Europa Cinemas. Le cahier des charges présente par<br />
ailleurs une clause de non concurrence : le cinéma<br />
municipal ne passera donc les films qu’à partir de leur<br />
quatrième se<strong>mai</strong>ne d’exploitation s’ils sont déjà programmés<br />
en sortie nationale dans un autre cinéma strasbourgeois<br />
(hors rééditions)*. La programmation, « ultra collective<br />
et horizontale », est assurée par un conseil de 11 personnes<br />
et peut s’ouvrir à des spécialistes en fonction des thématiques<br />
préparées. « Ce conseil est un lieu ouvert d’échanges,<br />
qui sera particulièrement vigilant sur la mise en valeur de<br />
la parité et des cinématographies européennes », souligne<br />
le binôme. « Nos cycles thématiques, qui ont vocation à<br />
durer 3 à 5 se<strong>mai</strong>nes chacun, s'articuleront autour du cinéma<br />
comme art <strong>–</strong> avec ses motifs, techniques et esthétiques <strong>–</strong> <strong>mai</strong>s<br />
aussi comme témoin des enjeux de société. »<br />
L’Odyssée accueillant entre 40 000 et 50 000 spectateurs<br />
par an, l’objectif de la la Ville <strong>–</strong> fixé avant le Covid et<br />
<strong>mai</strong>ntenu <strong>–</strong> est celui d’atteindre les 65 000 entrées en<br />
2028, à la fin de la DSP. Avec sa nouvelle équipe de 12<br />
personnes (11 équivalent temps plein) et son nouvel élan,<br />
Le Cosmos compte bien occuper « sa place singulière »<br />
dans le dense parc de salles strasbourgeoises. « Aux côtés<br />
de l’UGC et du Vox, les Stars font beaucoup de belles choses<br />
en termes d’art et essai. Le Cosmos sera une salle patrimoniale<br />
art et essai en totale complémentarité, dédiée à l’exploration<br />
de la grande diversité du répertoire cinématographique, dans<br />
le temps comme dans l’espace. »<br />
Ayşegül Algan<br />
* Toutefois, une dérogation permet au Cosmos de programmer jusqu'à cinq sorties<br />
nationales par an, en accord avec les autres exploitants.<br />
Autorisation pour le futur<br />
cinéma de Rambervillers<br />
Orpheline d’une offre depuis les années 1980,<br />
Rambervillers va bel et bien renouer avec le<br />
cinéma. Avec son nom symbolique, le projet de<br />
complexe Le Renaissance a reçu l’aval de la<br />
commission d’aménagement cinématographique<br />
des Vosges le 4 <strong>mai</strong>. Porté par la Ville, le futur<br />
établissement de trois salles et 397 places sera<br />
exploité par la SARL Complexe cinématographique<br />
marnais, présidée par Thierry Tabaraud, via une<br />
délégation de service public d’une durée de 5 ans.<br />
Designé par le cabinet d’architectes Tracks (auteur<br />
notamment de L’Arcadia de Riom), Le Renaissance<br />
arborera une habillage couleur grès des Vosges ; à<br />
l’intérieur, le hall se présente en double hauteur,<br />
avec le comptoir caisse/confiserie et une partie<br />
mezzanine. À noter que le cinéma sera relié à un<br />
réseau de chaleur existant de la ville, évitant ainsi<br />
d’autres aménagements, d’autant plus que le<br />
centre ville est classé.<br />
La grande salle de quelque 200 places, avec son<br />
Dolby Atmos et projecteur 4K, sera aménagée au<br />
rez-de-chaussée, les deux autres plus petites se<br />
trouveront au premier étage. La programmation<br />
sera éclectique avec un accent particulier mis sur<br />
l’art et essai, l’obtention du classement étant un<br />
objectif fixé par la municipalité dans la DSP. Si<br />
Rambervillers compte environ 6 000 habitants, le<br />
bassin de vie élargit la population à 18 000<br />
personnes. Ainsi, l’étude du cabinet Vuillaume Ciné<br />
Conseil projette une fréquentation autour des<br />
37 000 entrées annuelles. Au total, quelque 4<br />
millions d’euros seront déboursés pour concrétiser<br />
ce projet, dont le chantier doit démarrer en<br />
novembre <strong>2023</strong> pour une ouverture espérée à<br />
l’été 2025.<br />
T.C.<br />
Article complet sur boxofficepro.fr<br />
EXPLOITATION<br />
La façade pendant les travaux<br />
©Christophe Urbain<br />
encart ADDE <strong>2023</strong> 234x110mm.pdf 1 09/05/<strong>2023</strong> 16:13<br />
N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />
65
INSTITUTIONNELS<br />
PROCHAINES CDACi/CNACi<br />
DATES DEMANDEUR ENSEIGNE DU PROJET ÉCRAN(S) PLACES DEMANDE VILLE DÉPART. AGGLO<br />
CDACi<br />
23/05/23 SAS CINÉ-LINES CINÉ-LINES 4 533 <strong>Pro</strong>jet de création d’un complexe Milly-la-Forêt Essonne<br />
<strong>14</strong>/06/23 VILLE DE NORT-SUR-ERDRE PARADISO 3 450 <strong>Pro</strong>jet de création d’un complexe Nort-sur-Erdre Loire-Atlantique<br />
Disparition de Narcís Agustí<br />
président du groupe Ocine<br />
Le président du circuit de salles espagnol Ocine,<br />
<strong>mai</strong>son mère de MonCiné en France, est décédé le 7<br />
<strong>mai</strong> à l'âge de 87 ans. Si ses fils en ont repris les rênes,<br />
Narcís Agustí régnait encore sur le troisième circuit<br />
de salles de son pays, et le seul 100 % espagnol. Il a<br />
joué un rôle clé dans le développement de l’exploitation<br />
du pays, d’abord en Catalogne où son père avait<br />
ouvert le cinéma Núria à Olot en 1943, puis l’emblématique<br />
Ultònia de Gérone, aujourd'hui fermé.<br />
Suivront le Catalunya en 1978, puis le grand complexe<br />
Oscar à Sant Ponç en 2000, qui sera le premier<br />
d’Espagne à adopter le numérique et la 3D, et sera<br />
rebaptisé Ocine en 2009.<br />
Les fils de Narcís <strong>–</strong> Joan, Jordi et Esteve <strong>–</strong> ont depuis<br />
développé l'entreprise, qui opère dans une quinzaine<br />
de villes à travers l’Espagne avec 27 établissements,<br />
et en France à Béziers et Anglet, via sa filiale MonCiné.<br />
AGENDA DE LA PROFESSION<br />
RENCONTRES NATIONALES ART ET ESSAI <strong>14</strong> au 16/05/23 CANNES<br />
AG DU SCARE 16/05/23 CANNES<br />
FESTIVAL DE CANNES 16 au 27/05/23 CANNES<br />
AG DE LA CICAE 17/05/23 CANNES<br />
CONVENTIONS SND<br />
CONGRÈS DE LA CHAMBRE SYNDICALE DES CINÉMAS DE<br />
NORMANDIE<br />
6, 8,15, 20, 22 et<br />
27/06/23<br />
07 et 08/06/23 CAEN<br />
PARIS, RENNES, LYON, AIX, LILLE<br />
ET BORDEAUX<br />
CEMINEO (SÉMINAIRE DU RÉSEAU CINEO) 07 au 10/06/23 REIMS ET EPERNAY<br />
RENCONTRE INTERSYNDICALE DE L'EST, DE RHIN ET MOSELLE ET DE<br />
FRANCHE COMTÉ<br />
12 au <strong>14</strong>/06/<strong>2023</strong> REMIREMONT<br />
RENCONTRES ART ET ESSAI DE BRETAGNE 13 au 17/06/23 DINARD<br />
AG DU SLEC 15 et 16/06/23 LYON<br />
CINEEUROPE 19 au 22/06/23 BARCELONE (ESPAGNE)<br />
RENCONTRES DU SDI 20 au 22/06/23<br />
Dans son multiplexe de 11 salles de Granollers, au<br />
nord de Barcelone, le groupe avait inauguré l’an dernier<br />
la première salle Ice d’Espagne.<br />
CAEN ET<br />
HÉROUVILLE-SAINT-CLAIR<br />
AG DU SYNDICAT DES CINÉMAS DES PAYS DE SAVOIE 29/06/23 BOURG-EN-BRESSE<br />
AG DE L’UNION DES CINÉMAS SUD-ATLANTIQUE (UCA) 29-30/06/23 ANGLET<br />
C.V.<br />
La fréquentation<br />
des cinémas<br />
dépasse les niveaux<br />
pré-Covid en avril<br />
Sous l’impulsion de Super Mario Bros et des Trois<br />
Mousquetaires <strong>–</strong> D’Artagnan, les salles de cinéma ont<br />
atteint 19,1 millions d’entrées cumulées en ce début de<br />
printemps. Une dynamique qui ne demande qu’à<br />
se confirmer.<br />
Si la hausse reste logique (et notable) par rapport à avril<br />
2022 (+38 %), où les dernières contraintes sanitaires<br />
venaient d’être levées, la fréquentation dépasse pour la<br />
première fois de l’année la moyenne des entrées pour la<br />
sacro-sainte période 2017-2019 (+2,7 %). En élargissant,<br />
avril <strong>2023</strong> se situe à +2 % par rapport à la moyenne<br />
2015-2019 et +3 % vis-à-vis de la moyenne 2012-2019.<br />
À noter qu’il s’agit du meilleur résultat pour un mois<br />
d’avril depuis les 19,4 millions de spectateurs attirés en<br />
2017.Au total, 59 titres inédits ont été programmés en<br />
avril (65 l’an passé), soit 15 longs en moyenne par se<strong>mai</strong>ne.<br />
Après quatre mois, la fréquentation s’élève donc à 68,07<br />
millions d’entrées, soit 34 % de plus comparé à 2022 et<br />
<strong>14</strong> % de mois que la moyenne 2017-2019. Sur l’année<br />
glissante (<strong>mai</strong> 2022 à avril <strong>2023</strong>), 169,31 millions de<br />
tickets ont été vendus (+15,7% vs la période équivalente<br />
précédente). À noter que la part de marché des productions<br />
françaises est estimée à 47,4 % depuis le début<br />
d’année (49,8% en 2022) et celle des films américains<br />
à 42,5 % (27,4% en 2022).<br />
T.C.<br />
Soutiens Afcae<br />
La sélection 15-25 - juin <strong>2023</strong><br />
Camila sortira ce soir d'Inés Maria Barrionuevo,<br />
Outplay, 7 juin<br />
Marcel le coquillage (avec ses chaussures) de<br />
Dean Fleischer-Camp, L'Atelier Distribution, <strong>14</strong> juin<br />
House de Nobuhiko Ôbayashi, Potemkine Films, 28 juin<br />
Coup de Coeur du Comité 15-25<br />
Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, New Story, <strong>14</strong> juin<br />
LA FÊTE DU CINÉMA 02 au 05/07/23 FRANCE<br />
STUDIO SHOW 06 et 07/07/23 PARIS<br />
FESTIVAL PLAY IT AGAIN ! 13 au 26/09/23 FRANCE<br />
CONGRÈS DE LA FNCF 18 au 21/09/23 DEAUVILLE<br />
FESTIVAL LUMIÈRE <strong>14</strong> au 22/10/23 LYON<br />
Retrouvez toutes ces manifestations plus détaillées sur boxofficepro.fr rubrique Agenda<br />
66 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>