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Boxoffice Pro n°444 – 14 mai 2023

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N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

UN FILM AMERICAN EMPIRICAL PICTURE DE WES ANDERSON<br />

BANDE ORIGINALE DISPONIBLE CHEZ<br />

LE 21 JUIN AU CINEMA<br />

@UniversalFR<br />

AsteroidCity-LeFilm.com #AsteroidCityLeFilm


N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

DOSSIER<br />

LE MAGHREB À CANNES


Rendez-vous d’un côté et de l’autre de la Méditerranée !<br />

L'événement le plus attendu du cinéma fait battre le cœur des films, de<br />

ceux qui les font, les accompagnent et les montrent. Tout cela sous le<br />

regard émerveillé de ceux qui les voient. Au-delà du glam, le Festival de<br />

Cannes, c’est aussi une étape politique cruciale dans le calendrier des<br />

organisations professionnelles qui n’ont de cesse de prendre d’assaut les<br />

défis qui s’imposent aux salles. Une sortie de crise et une reconquête<br />

des publics plus tard, le secteur s’empare de sa nécessaire transition<br />

écologique (pressé par les coûts énergétiques) et dont fait partie le<br />

vaste chantier de la transition au laser. En parallèle, le rapport Lasserre<br />

“Cinéma et régulation”, commandé par la ministre de la Culture, a<br />

présenté 13 préconisations afin de réformer la filière. Entre libéralisation<br />

et régularisation, celui-ci questionne les mécanismes et outils en aval<br />

de la sortie des films. S’il n’obtient pas l'adhésion de tous, il sonne<br />

le point de départ de discussions interprofessionnelles, notamment<br />

autour de la réforme art et essai et des engagements de diffusion et de<br />

programmation. Les journées nationales de l’Afcae seront un premier<br />

terrain d'échanges, comme en témoigne son président Guillaume<br />

Bachy dans nos colonnes.<br />

De Cannes vers les pays du Maghreb, traçons un pont imaginaire<br />

à travers la Méditerranée. Alors que nous avons lancé cette année<br />

<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> Maghreb, le nombre de films présents sur la Croisette<br />

est record ! L'occasion est trop belle pour revenir sur l’histoire des films<br />

algériens, tunisiens et marocains et mettre en avant non seulement une<br />

région en pleine renaissance <strong>mai</strong>s, surtout, une cinéphilie historique au<br />

cœur même des festivals internationaux. Le dossier Maghreb à Cannes<br />

présente les acteurs clés de ce marché, et les défis de financement qui<br />

s’imposent à eux, en appelant à davantage de soutien de la part des<br />

gouvernements. Rencontre avec le cinéma maghrébin au-delà de ses<br />

frontières. Cannes, c'est parti !<br />

Marion Delique<br />

. CANNES <strong>2023</strong><br />

La programmation complète 10<br />

Interview de Guillaume Bachy, président de l’Afcae <strong>14</strong><br />

Le programme des Rencontres art et essai 16<br />

Entretien avec les coprésidents du Scare 18<br />

Rencontre avec les représentants de l’Acid 22<br />

Les rendez-vous du CNC 25<br />

Dossier : Le Maghreb sur la Croisette 28 à 38<br />

. ACTUALITÉS<br />

Les ambitions cinéma de l’Arabie saoudite 42<br />

Échos du CinemaCon 46<br />

Bruno Lasserre analyse son rapport Cinéma et régulation 50<br />

Retour sur l’AG du SFTC 52<br />

Où en est la parité dans le cinéma ? 54<br />

L’outil <strong>Boxoffice</strong> Live se développe 56<br />

. EXPLOITATION<br />

CGR : fin du processus de vente 58<br />

Haut et Court rachète le Navire de Valence 60<br />

L’Émission avec Jean Villa (Véo Cinémas) 61<br />

Un nouveau cinéma à La Réunion 62<br />

Le Cosmos de Strasbourg prépare sa reprise 64<br />

. INSTITUTIONNEL<br />

L’agenda de la profession 66<br />

Crédits page 3 : ©<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong><br />

La Rédaction<br />

JULIEN MARCEL<br />

Directeur de la<br />

publication<br />

MARION DELIQUE<br />

Rédactrice en chef<br />

AYSEGÜL ALGAN<br />

Journaliste<br />

CÉCILE VARGOZ<br />

Journaliste<br />

TANGUY COLON<br />

Journaliste<br />

SLIM MRAD<br />

Journaliste<br />

en formation alternance<br />

PHILIPPE COSQUERIC<br />

Infographiste<br />

est une publication de<br />

@<strong>Boxoffice</strong>France<br />

@<strong>Boxoffice</strong>_fr<br />

@boxofficefr<br />

<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> France<br />

N°ISSN : 2740-3335<br />

<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> est édité par THE BOXOFFICE COMPANY au capital de 2 075 620 €,<br />

c/o Webedia 2 rue Paul Vaillant-Couturier CS60102 - 92532 LEVALLOIS-PERRET<br />

CEDEX • Tél 01 85 09 95 87 / E-<strong>mai</strong>l redaction@boxoffice.com • Dépôt Légal<br />

à parution<br />

Directeur de la publication<br />

Julien Marcel / julien@boxoffice.com<br />

Rédactrice en chef Marion Delique / marion.delique@boxoffice.com<br />

Rédacteurs Aysegül Algan / aysegul.algan@boxoffice.com,<br />

Cécile Vargoz / cecile.vargoz@boxoffice.com,<br />

Tanguy Colon / tanguy.colon@boxoffice.com,<br />

Slim Mrad / slim.mrad@boxoffice.com<br />

Base de données Films guillaume.martin@boxoffice.com<br />

Publicité / Base de données distributeurs<br />

Pauline Luigi / pauline.luigi@boxoffice.com<br />

Caroline Roux / caroline.roux@webedia-group.com<br />

Réalisation THE BOXOFFICE COMPANY,<br />

Maquette / Infographie<br />

Philippe Cosqueric / philippe.cosqueric@boxoffice.com & Charlie Coulot<br />

Impression SOCOSPRINT IMPRIMEURS 36 route d’Archettes 88 000 Epinal<br />

4 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


DÉCOUVREZ LA NOUVELLE HÉROÏNE VENUE DES PROFONDEURS<br />

PAR LES CRÉATEURS DE<br />

ET<br />

LE 28 JUIN AU CINÉMA<br />

RubyLAdoKraken-LeFilm.com /UniversalFR #RubyLAdoKraken


ACTUALITÉS<br />

Vincent Florant<br />

quitte le CNC<br />

Le directeur du numérique du CNC va quitter<br />

l’institution le mois prochain, pour s’envoler vers<br />

New York en tant qu’attaché audiovisuel des<br />

services culturels français. Il avait pris la tête du<br />

service du numérique en 2019, au sein duquel il a<br />

notamment œuvré pour le « choc de modernisation<br />

» de l’appareil de production.<br />

©Moana Films _ Sony Pictures<br />

Zinc. rejoint le Dire<br />

Le syndicat des Distributeurs indépendants réunis européens a accueilli la société de<br />

distribution, créée fin 2021 par Jérôme Hilal, dans ses rangs.<br />

Zinc. a accéléré ses activités cette année <strong>2023</strong>, notamment<br />

en distribuant avec succès Les Petites Victoires de Mélanie<br />

Auffret (près d'un million de spectateurs depuis sa sortie<br />

le 1 er mars dernier) et compte encore quatre titres dans<br />

son line-up d’ici la fin de l’année. « L’indépendance a une<br />

grande valeur à mes yeux, et je suis fier de rejoindre ce groupe<br />

prestigieux de vrais distributeurs indépendants, dont j’admire<br />

le travail depuis des années », a déclaré Jérôme Hilal.<br />

Le Dire, coprésidé par Carole Scotta et Eric Lagesse,<br />

compte désor<strong>mai</strong>s 15 sociétés adhérentes : Ad Vitam,<br />

Bac Films, Capricci, Diaphana, Haut et Court, Le Pacte,<br />

Les Films du Losange, Memento Distribution, Pyramide<br />

Distribution, Rezo Films, SBS Distribution, The Jokers,<br />

Ufo Distribution, Wild Bunch Distribution et, donc, Zinc.<br />

Les Petites Victoires<br />

©Stéphanie Branchu-ADNP-Zinc- France 3 Cinéma<br />

Parasomnia dévoile ses<br />

premiers projets<br />

Le label de films de genre français, né de<br />

l’association entre la société de production Moana<br />

Films et Sony Pictures Ent. France, annonce ses<br />

deux premiers longs métrages. Dernier signal<br />

(photo) de Benjamin Busnel, coécrit avec Myriam<br />

Dupuis, a achevé son tournage le <strong>14</strong> mars dernier<br />

et devrait sortir sur les écrans français d’ici la fin<br />

d’année. Marie Kauffmann (vue dans la série<br />

Irresponsable) incarne une contrôleuse aérienne sur<br />

une île du Pacifique qui doit faire face à la menace<br />

d’un mystérieux avion, alors que des phénomènes<br />

paranormaux viennent se mêler à une tempête<br />

tropicale. Alexandra Gentil (aperçue dans Les<br />

Vedettes de Jonathan Barré) et Ali Tiemoko Haidara<br />

complètent le casting. Premier clap le 31 <strong>mai</strong> pour<br />

37 (titre provisoire) d’Arthur Môlard, coécrit avec<br />

Claire Patronik : un chauffeur-routier prend en stop<br />

une femme enceinte qui, armée d’un pistolet, lui<br />

impose de continuer sa route sans s’arrêter. Quand<br />

il n’aura plus d’essence, elle le tuera.<br />

Ces deux projets ont été retenus parmi les 2 600<br />

candidatures reçues. « Nous sommes ravis<br />

d’annoncer la concrétisation de notre appel à projets<br />

[lancé en janvier 2021, ndlr.] avec le lancement de ces<br />

deux premiers films destinés à la salle. Nous pensons<br />

qu’ils sauront combler le public amateur de films de<br />

genre tant par leurs concepts forts que par leur<br />

originalité », ont déclaré Marc Missonnier, PDG de<br />

Moana Films, et Stéphane Huard, président de<br />

Sony Pictures Ent. France.<br />

T.C.<br />

Simon Eck rejoint Jour2Fête<br />

Avec le départ prochain de Lou Sfez de son équipe programmation, la société<br />

de Sarah Chazelle et Étienne Ollagnier accueillera dès le 22 <strong>mai</strong> Simon Eck.<br />

Formé par Wild Bunch en 2012, puis Junior Sales Analyst chez Warner entre<br />

2015 et 2016, il s’est affûté chez Mars Films en tant que programmateur des<br />

régions de Lyon et Est entre 2016 et 2021, avant que la société ne baisse le<br />

rideau, puis chez Metropolitan Filmexport depuis juin 2022, à la programmation<br />

et au marketing salles. Chez Jour2Fête, Simon Eck va travailler en<br />

étroite collaboration avec Eglantine Stasiecki, responsable province, et aux<br />

côtés de Johanna Mayer.<br />

Contact : simon.eck@jour2fete.com / 01 40 22 92 15<br />

Mickaël Gaudefroy intègre Metropolitan<br />

Le Bateau revient à Cannes !<br />

Pour pallier le départ de Simon Eck le 21 <strong>mai</strong>, l’équipe des ventes de Béatrice<br />

Laherrere enregistre l’arrivée de Mickaël Gaudefroy. Après des expériences chez<br />

TF1 Studio et NBCUniversal, il a été programmateur et responsable du marketing<br />

à la 25 e Heure entre septembre 2021 et janvier <strong>2023</strong>. Il a également<br />

collaboré de manière indépendante avec la plateforme Majelan. Il était depuis<br />

ce début d’année Brand <strong>Pro</strong>ject Manager chez Trace, marque média internationale<br />

dédiée à la musique et au divertissement afro-urbain. Chez Metropolitan,<br />

Mickaël Gaudefroy programme la région de Bordeaux et travaille également<br />

avec Livio Frankias sur le marketing salles, et en binôme avec Paul Robert sur<br />

les régions Sud.<br />

Contact : mgaudefroy@metropolitan-films.com / 01 56 59 23 85<br />

Les Partenaires du Bateau vous accueillent pendant le 76 e Festival de Cannes.<br />

Il amarre à nouveau au Pantiero de Cannes du 18 au 25 <strong>mai</strong>, à deux pas du Palais et du tapis rouge. Le Bateau est<br />

de retour et ses partenaires sont heureux de proposer ce lieu d’exception : les sociétés ADDE, Benoît Ciné Distribution,<br />

Coca Cola, Bolloré et The <strong>Boxoffice</strong> Company accueilleront leurs passagers en journée, entre 10h30 à 17h, pour<br />

un rendez-vous professionnel ou juste un moment de détente entre deux séances, loin de la foule de la Croisette.<br />

Tous les soirs, dans une ambiance plus festive et avant la montée des marches, les partenaires offrent un apéritif à<br />

partir de 18h à 21h30. Se joindront aux partenaires sur le Bateau, Mediavision du 18 au 22 <strong>mai</strong> et CinéSol du 22<br />

au 25 <strong>mai</strong>.<br />

N’hésitez pas à venir les rencontrer, pour des moments paisibles et conviviaux.<br />

Pour cela, contactez Laurence Lega - info@lebateaucannes.fr<br />

6 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


L’Atelier Distribution dans le grand bain avec Marcel le coquillage<br />

Un an après sa sortie américaine, Marcel le coquillage (avec ses chaussures) va s’afficher à partir du <strong>14</strong> juin dans les cinémas français,<br />

accompagné par L’Atelier Distribution qui déploie le dispositif le plus ambitieux de son existence.<br />

Au début des années 2010, un court métrage mettant<br />

en scène un minuscule coquillage, réalisé et produit par<br />

Dean Fleischer et Jenny Slate, devient un véritable<br />

phénomène et convainc le tandem de se lancer dans<br />

l’aventure d’un long. Près d’une décennie plus tard, sous<br />

la houlette du studio A24, Marcel le coquillage (avec ses<br />

chaussures), faux documentaire avec les voix de Jenny<br />

Slate et Isabella Rossellini, déboule dans les salles américaines<br />

le 24 juin 2022 et, depuis, cumule près de 7<br />

millions de dollars de recettes mondiales. « C’est un film<br />

que nous suivions depuis un moment, même si, au regard<br />

de la densité du marché français, une sortie en salle n’était<br />

pas envisagée initialement. Ce sont les multiples nominations<br />

aux Oscars, aux Golden Globes et aux Bafta, et le fait que<br />

la France soit un territoire cinéphile pour les Américains,<br />

qui ont validé la sortie au cinéma », raconte Hugues<br />

Peysson, dirigeant de L’Atelier Distribution. Le distributeur<br />

se rapproche alors d’Universal Pictures, qui détient<br />

les droits pour la France : « Nous avions déjà collaboré<br />

ensemble sur Limbo de Ben Sharrock (sorti le 4 <strong>mai</strong> 2022)<br />

et ils avaient apprécié la façon dont nous avions défendu et<br />

accompagné le film sur la durée. Nous gérons donc la<br />

distribution en salles, la VOD et l’édition vidéo, Universal<br />

conservant les autres mandats. »<br />

Historiquement distributeur de documentaires pour<br />

s’ouvrir petit à petit à la fiction, L’Atelier Distribution<br />

déploie le plus important dispositif de sa jeune histoire<br />

pour Marcel le coquillage, « empreint d’humanité dans une<br />

ère de cynisme, qui se situe dans un registre entre Le Petit<br />

Prince, les productions Pixar et les films Ghibli, et dont les<br />

différents niveaux de lecture le rendent accessible aussi bien<br />

aux enfants qu’aux adultes ». Outre une VO pour une<br />

cible plus cinéphile et fan des productions A24 qui jouera<br />

principalement en soirée, le distributeur a réalisé une<br />

version française qui tranche avec l’originale et qui a été<br />

testée avec succès auprès d’un public plus familial,<br />

davantage programmée sur les stratégiques MSD (mercredi,<br />

samedi, dimanche). Le plan de sortie oscille entre 100<br />

et 150 copies.<br />

©L'Atelier Distribution<br />

L’Atelier Distribution a débuté sa campagne de terrain<br />

avec une première projection française le 6 <strong>mai</strong> dernier<br />

au Zola de Villeurbanne, dans le cadre du festival On<br />

vous ment !, et fera prochainement des avant-premières<br />

avec la salle itinérante Cinémobile. Marcel le coquillage<br />

a, par ailleurs, été sélectionné par le comité 15/25 de<br />

l’Afcae. Le film annonce sera diffusé dans plusieurs réseaux<br />

de salles dès la S-2, tandis que des goodies (badges,<br />

pin’s...), livrets d’activités et dossiers pédagogiques seront<br />

mis à disposition des exploitants. En S-1, sera déployé<br />

de l’affichage urbain à Paris et en couronne. « La notoriété<br />

grandit de plus en plus et nous voulons que les gens s’approprient<br />

Marcel. Le film est né en devenant viral, l’objectif<br />

est d’accompagner ce phénomène », indique Charline<br />

Touzeau, cheffe de projets sortie salle chez L’Atelier<br />

Distribution. D’où l’envie d'être également « très fort sur<br />

le digital », qui représente une bonne partie des investissements,<br />

avec une campagne pilotée en lien avec l’agence<br />

Silenzio. La promotion sera ainsi accompagnée par France<br />

Inter, Konbini, SensCritique et renforcée par du pré-roll<br />

sur YouTube et de l’achat d’espace sur le replay de France<br />

TV, sur Facebook et Instagram. Le distributeur entend<br />

également alimenter le bouche-à-oreille, « auquel nous<br />

croyons beaucoup », avec la publication sur les réseaux<br />

sociaux de testimoniaux et autres contenus les jours<br />

suivants la sortie. Autant de leviers qui doivent permettre<br />

au film « d'être identifié par le public, ce qui reste actuellement<br />

l’une des principales difficultés pour les distributeurs.<br />

C’est cette visibilité qui permet ensuite de générer des entrées<br />

», note Hugues Peysson.<br />

Tanguy Colon<br />

En image<br />

©Agat Films<br />

Et la fête continue<br />

pour Guédiguian<br />

Après un détour par Bamako, Robert Guédiguian<br />

revient sur ses terres marseillaises et<br />

retrouve pour son 23 e long sa tribu historique :<br />

Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola<br />

Naymark, Robinson Stévenin, Gérard Meylan,<br />

Grégoire Leprince-Ringuet, ainsi qu’Alice Da Luz<br />

et Pauline Caupenne, réunis sur cette photo.<br />

Écrit avec Serge Valletti, comme trois de ses<br />

films, le film met en scène Rosa, 60 ans, qui a<br />

consacré sa vie à sa famille et à la politique avec<br />

le même sens du sacrifice, jusqu’au jour où elle<br />

tombe amoureuse d’Henri… Bien sûr produit<br />

par Agat Films et distribué par Diaphana, le film,<br />

tourné l’an dernier, est espéré en salles avant la<br />

fin de l’année…<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

7


CANNES <strong>2023</strong><br />

PROGRAMMATION COMPLÈTE<br />

DU 76 E FESTIVAL DE CANNES<br />

Sélection officielle<br />

Film d’ouverture<br />

Jeanne du Barry de Maïwenn / Le Pacte (16/05)<br />

Compétition<br />

Asteroid City de Wes Anderson / Universal (21/06)<br />

Anatomie d’une chute de Justine Triet / Le Pacte (23/08)<br />

Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy / Tandem<br />

Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire / Metropolitan<br />

Club Zero de Jessica Hausner / Bac<br />

Jeunesse de Wang Bing / Les Acacias<br />

La Chimère d’Alice Rohrwacher / Ad Vitam (6/12)<br />

L’Enlèvement de Marco Bellocchio / Ad Vitam (8/11)<br />

L’Été dernier de Catherine Breillat / Pyramide (20/09)<br />

Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki / Diaphana (20/09)<br />

Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania / Jour2Fête (5/07)<br />

Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan / Memento (12/07)<br />

Le Jeu de la Reine de Karim Aïnouz / ARP Sélection<br />

Le Retour de Catherine Corsini / Le Pacte<br />

La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung / Gaumont (8/11)<br />

May December de Todd Haynes / ARP Sélection<br />

Monster de Hirokazu Kore-eda / Le Pacte<br />

Perfect Days de Wim Wenders / Haut et Court (29/11)<br />

The Old Oak de Ken Loach / Le Pacte<br />

The Zone of Interest de Jonathan Glazer / Bac<br />

Vers un avenir radieux de Nanni Moretti / Le Pacte (28/06)<br />

Un Certain Regard<br />

Ouverture : Le Règne animal de Thomas Cailley / Studiocanal (4/10)<br />

Goodbye Julia de Mohamed Kordofani / ARP Sélection<br />

How To Have Sex de Molly Manning / Condor<br />

Hopeless de Kim Chang-hoon / Bac<br />

If Only I Could Hibernate de Zoljargal Purevdash / Eurozoom<br />

Les Colons de Felipe Gálvez / Dulac<br />

Los Delincuentes de Rodrigo Moreno / JHR & Arizona<br />

La Fleur de Buriti de Joao Salaviza et Renée Nader Messora / Ad Vitam<br />

La Mère de tous les mensonges de Asmae El Moudir<br />

Les Meutes de Kamal Lazraq / Ad Vitam (12/07)<br />

Omen de Baloji Tshiani<br />

Only The River Flows de Wei Shujun / Ad Vitam<br />

Rien à perdre de Delphine Deloget / Ad Vitam<br />

Rosalie de Stéphanie Di Giusto / Gaumont<br />

Salem de Jean-Bernard Marlin / Ad Vitam (30/08)<br />

Simple comme Sylvain de Monia Chokri / Memento<br />

The New Boy de Warwick Thornton<br />

Terrestrial Verses d’Ali Asgari et Alireza Khatami / ARP Sélection<br />

Un hiver à Yanji de Anthony Chen / Nour<br />

Clôture : Une nuit d’Alex Lutz (Hors Compétition) / Studiocanal (5/07)<br />

Séances spéciales<br />

Anselm de Wim Wenders / Les Films du Losange (18/10)<br />

Bread And Roses de Sahra Mani<br />

Man In Black de Wang Bing<br />

Little Girl Blue de Mona Achache / Tandem<br />

Le Théorème de Marguerite de Anna Novion / Pyramide (11/10)<br />

Occupied City de Steve McQueen<br />

Portrait fantôme de Kleber Mendonça Filho<br />

Robot Dreams de Pablo Berger / Wild Bunch<br />

Hors compétition<br />

Cobweb de Kim Jee-woon / The Jokers<br />

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée de James Mangold / Disney (28/06)<br />

Killers of The Flower Moon de Martin Scorsese / Paramount (18/10)<br />

L'Abbé Pierre - Une vie de combats de Frédéric Tellier / SND (15/11)<br />

Strange Way of Life de Pedro Almodóvar (court métrage) / Pathé (16/08)<br />

The Idol de Sam Levinson / série HBO<br />

Cannes Première<br />

Bonnard, Pierre et Marthe de Martin <strong>Pro</strong>vost / Memento<br />

Eureka de Lisandro Alonso / Le Pacte<br />

Fermer les yeux de Víctor Erice / Haut et Court<br />

Kubi de Takeshi Kitano<br />

L'Amour et les forêts de Valérie Donzelli / Diaphana (24/05)<br />

Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré / Gaumont (29/11)<br />

Perdidos en la noche de Amat Escalante / Paname<br />

Séances de minuit<br />

Acide de Just Philippot / Pathé (20/09)<br />

Hypnotic de Robert Rodriguez / SND (23/08)<br />

Kennedy de Anurag Kashyap<br />

Omar la fraise de Elias Belkeddar / Studiocanal (24/05)<br />

<strong>Pro</strong>ject Silence de Kim Tae-gon / KMBO<br />

Dernière séance<br />

Élémentaire de Peter Sohn / Disney (21/06)<br />

Quinzaine des Cinéastes<br />

Film d’ouverture<br />

Le <strong>Pro</strong>cès Goldman de Cédric Kahn / Ad Vitam (27/09)<br />

Agra de Kanu Behl / Les Films de l’Atalante<br />

L’Autre Laurens de Claude Schmitz / Arizona<br />

L'Arbre aux papillons d'or de Thien An Pham / Nour<br />

Blackbird Blackbird Blackberry de Elene Naveriani / Capricci<br />

La Grâce de Ilya Povolotsky<br />

Conann de Bertrand Mandico / Ufo<br />

Creatura de Elena Martín Gimeno<br />

Déserts de Faouzi Bensaïdi / Dulac<br />

In Flames de Zarrar Kahn / The Jokers<br />

Légua de Filipa Reis et João Miller Guerra<br />

Le Livre des solutions de Michel Gondry / The Jokers<br />

Mambar Pierrette de Rosine Mbakam<br />

Conte de feu de Weston Razooli<br />

The Feeling That The Time For Doing Something Has Passed de Joanna Arnow<br />

The Sweet East de Sean Price Williams<br />

Un prince de Pierre Creton / JHR<br />

A Song Sung Blue de Zihan Geng<br />

Film de clôture<br />

In Our Day de Hong Sang-soo / Capricci<br />

Séance spéciale<br />

Val Abraham de Manoel de Oliveira<br />

10 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


VIGO FILMS PRÉSENTE<br />

BATTANTE. JOUEUSE. L GENDE.<br />

07<br />

JUIN<br />

AU CINÉMA<br />

GARANCE MARILLIER<br />

ÉMILIE DEQUENNE ALBAN LENOIR FRED TESTOT SYLVIE TESTUD<br />

PHOTO ANNE TILLY / LE CERCLE NOIR<br />

D’APRÈS UNE INCROYABLE HISTOIRE VRAIE<br />

UN FILM DE VIRGINIE VERRIER<br />

AVEC LA PARTICIPATION DE CAROLINE PROUST<br />

CONTACTEZ VOTRE PROGRAMMATEUR : LOÉDIA BORDES - LBORDES@THEJOKERSFILMS.COM


CANNES <strong>2023</strong><br />

LA PROGRAMMATION COMPLÈTE<br />

(SUITE)<br />

Se<strong>mai</strong>ne de la Critique<br />

Film d’ouverture<br />

Àma Gloria de Marie Amachoukeli / Pyramide (30/08)<br />

Compétition<br />

Il pleut dans la <strong>mai</strong>son de Paloma Sermon-Daï / Condor<br />

Inchallah un fils de Amjad Al Rasheed / Pyramide (31/01/24)<br />

Sleep de Jason Yu / The Jokers<br />

Levante de Lillah Halla / Rezo<br />

Lost Country de Vladimir Perisic / Rezo<br />

Le Ravissement de Iris Kaltenbäck / Diaphana<br />

Tiger Stripes de Amanda Nell Eu / Jour2Fête<br />

Film de clôture<br />

La Fille de son père d'Erwan Le Duc / Pyramide (20/12)<br />

Séances spéciales<br />

Vincent doit mourir de Stéphane Castang / Capricci<br />

Le Syndrome des amours passées de Ann Sirot et Raphaël Balboni / KMBO<br />

Acid Cannes<br />

Caiti Blues de Justine Harbonnier / Shellac<br />

Dreaming In Between de Ryutaro Nynoliya<br />

État limite de Nicolas Peduzzi / Les Alchimistes<br />

In The Rearview de Maciek Hamela / New Story<br />

Laissez-moi de Maxime Rappaz / Eurozoom<br />

Linda veut du poulet ! de Chiara Malta & Sébastien Laudenbach / Gebeka<br />

Machtat de Sonia Ben Slama<br />

La Mer et ses vagues de Liana & Renaud<br />

Nome de Sana Na N’hada<br />

Cannes Écrans Juniors<br />

Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan / New Story<br />

Coming Soon de Takayuki Hirao / Art House<br />

Kiddo de Zara Dwinger / Les Films du Préau<br />

Petit Jésus de Julin Rigoulot / Wild Bunch<br />

Camila sortira ce soir de Inés María Barrionuevo / Outplay<br />

Nezouh de Soudade Kaada / Pyramide (21/06)<br />

Nos frères rêvent éveillés de Claudia Huaiquimilla / JHR<br />

Tótem de Lila Avilés / Rezo<br />

Cannes Classics<br />

Hommage à Godard<br />

Le Mépris* de Jean-Luc Godard / Carlotta (24/05)<br />

Godard par Godard de Florence Platarets<br />

Le film annonce du film qui n’existera ja<strong>mai</strong>s : Drôles de Guerres<br />

Séances spéciales<br />

Chambre 999 de Lubna Playoust<br />

La Saga Berri-Rassam, le cinéma dans les veines de Michel Denisot et Florent Maillet<br />

Liv Ullmann <strong>–</strong> A Road Less Travelled de Dheeraj Akolkar<br />

Le Retour à la raison de Man Ray<br />

Restaurations en avant-première<br />

Récit d’un propriétaire* de Yasujirō Ozu / Carlotta<br />

Les Sœurs Munekata* de Yasujirō Ozu / Carlotta<br />

La Maison du docteur Edwardes d’Alfred Hitchcock<br />

Classe tous risques* de Claude Sautet / Les Acacias<br />

Bonjour, c’est moi de Frounze Dovlatian<br />

Le Rendez-vous des quais de Paul Carpita<br />

Le Disque rouge de Pietro Germi<br />

Mississippi Blues* de Bertrand Tavernier et Robert Parrish / Tamasa<br />

ES d’Ulrich Schamoni<br />

Le Village près du ciel de Leopold Lindtberg<br />

Ces Messieurs de la santé de Pierre Colombier / Pathé<br />

La Dame de Constantinople de Judit Elek<br />

Skeleton of Mrs. Morales de Rogelio A. González<br />

L’Homme au coin rose de René Mugica<br />

L’Amour fou* de Jacques Rivette / Les Films du Losange<br />

Caligula <strong>–</strong> The Ultimate Cut* / Bac<br />

The Chosen One d’Aribam Syam Sharma<br />

Documentaires<br />

100 ans de Warner Bros de Leslie Iwerks<br />

Nelson Pereira dos Santos <strong>–</strong> une vie de cinéma d’Aida Marques et Ivelise Ferreira<br />

Viva Varda ! de Pierre-Henri Gibert <strong>–</strong> Cinétévé Sales / MK2 Films<br />

Anita de Svetlana Zill et Alexis Bloom (sur Anita Pallenberg)<br />

Michael Douglas, le fils prodige d’Amine Mestari<br />

Cinéma de la Plage<br />

Avant-premières mondiales<br />

Flo de Géraldine Danon / Metropolitan (29/11)<br />

Mars Express de Jérémie Périn / Gebeka (22/11)<br />

Underground* d’Emir Kusturica / Malavida<br />

Thelma & Louise* de Ridley Scott / Park Circus (5/11)<br />

L’Été meurtrier de Jean Becker<br />

Le Sens de la fête d’Éric Toledano et Olivier Nakache<br />

La Fureur du dragon* de Bruce Lee / Metropolitan<br />

Carmen* de Carlos Saura / Tamasa<br />

Badlands* de Terrence Malick / Warner<br />

L’Été en pente douce* de Gérard Krawczyk / Mission (9/08)<br />

Sarafina! de Darrell Roodt<br />

Alberto Express d’Arthur Joffé<br />

* films accompagnés en salles par l’ADRC<br />

12 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


CANNES <strong>2023</strong> / RENCONTRES NATIONALES ART ET ESSAI<br />

Notre singularité, le cœur même de l’Afcae, est de<br />

considérer le cinéma comme autre chose qu’un<br />

simple loisir ou un produit d'appel<br />

GUILLAUME BACHY, PRÉSIDENT DE L’AFCAE<br />

Vous avez été élu président en octobre dernier.<br />

Quel premier bilan peut-on tirer de ces six premiers<br />

mois ?<br />

Je tiens d’abord à souligner le travail de François Aymé<br />

et le remercier pour son temps, son investissement et son<br />

énergie. Ses actions, internes et externes, ont vraiment<br />

été positives pour l’association qui est aujourd’hui plus<br />

forte que ja<strong>mai</strong>s. Notre bureau renouvelé est très engagé,<br />

le conseil d'administration dynamique et impliqué, tout<br />

cela avec une équipe compétente autour du délégué<br />

général David Obadia. Ensemble, nous co-construisons<br />

nos actions de façon collective et intégrée.<br />

Et puis, nous ne pouvons que nous réjouir de la reprise<br />

du marché. Selon les dernières statistiques, les films art<br />

et essai du top 30 du premier trimestre <strong>2023</strong> réalisent<br />

68 % d’entrées de plus que le comparable 2022 et la part<br />

de marché des salles classées est en progression de près<br />

de 20% par rapport à la moyenne 2017-2019 de la même<br />

période, soulignant l'excellente dynamique du marché<br />

art et essai. Alors que les salles ont souvent été attaquées<br />

pendant la crise, le cinéma reprend sa place de façon<br />

positive, grâce au nombre de films et parce que nous<br />

avons martelé que non, le cinéma n’est pas cher, non, le<br />

cinéma n'est pas une activité de riches, et que oui, venir<br />

au cinéma est une expérience exceptionnelle. Les gens<br />

en ont assez d'être seuls chez eux, ils ont envie de<br />

nouveautés de partage et de diversité qu’ils trouvent dans<br />

nos salles.<br />

Les auteurs et cinéastes ont été brimés pendant la période<br />

de la Covid. Beaucoup de films qui auraient dû sortir<br />

en salle ont connu une carrière quasi inexistante sur<br />

plate-forme. Les cinémas jouent ce rôle-là : celui de faire<br />

connaître les cinéastes et leur permettre de rencontrer<br />

leur public. Apple a compris que c'était important en<br />

accompagnant Scorsese dans le plus grand festival du<br />

monde. C'est une valeur qui n'existe nulle part ailleurs.<br />

On n'a pas fait mieux que la salle pour la notoriété<br />

des œuvres.<br />

Les Rencontres nationales art et essai ouvrent,<br />

comme de tradition, les festivités de la croisette. Un<br />

rendez-vous incontournable, aussi bien cinéphile que<br />

politique. Alors que le CNC donne le coup d’envoi<br />

d’une concertation interprofessionnelle sur la<br />

réforme art et essai, Guillaume Bachy présidera sa<br />

première assemblée générale cannoise, après les sept<br />

années de mandat de François Aymé. Entretien avec<br />

le président de l'Association nationale des cinémas art<br />

et essai pour évoquer ses enjeux et sa feuille de route.<br />

Comment se profilent les rencontres nationales<br />

cannoises ?<br />

Nous avons reçu plus de 950 inscriptions. Les salles<br />

adhérentes ont un vrai désir pour ce rendez-vous important.<br />

Ils savent qu'ils vont rencontrer l'équipe de l'Afcae,<br />

les administrateurs, voir des films et avoir des temps<br />

d'échanges politiques avec le CNC. Nous proposerons<br />

un temps de présentation de projets innovants, qui mettra<br />

en avant de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques<br />

dont les adhérents pourront s'inspirer. Les salles art et<br />

essai ne ronronnent pas. Au contraire, elles se projettent<br />

dans le XXI e siècle et se saisissent de leurs propres enjeux<br />

d'animation, d'énergie, d’écologie et d'architecture. Pour<br />

ce faire, nous proposerons à nos adhérents d’actualiser<br />

nos statuts, à travers une assemblée générale extraordinaire,<br />

non seulement sur la possibilité du vote électronique,<br />

<strong>mai</strong>s plus en profondeur, sur une nouvelle façon d'animer<br />

et d’administrer l'association. L’objectif est d’établir une<br />

plus grande représentativité des administrateurs et des<br />

décisions plus collectives, en somme, de rendre plus<br />

souple et plus simple la relation entre les adhérents<br />

et l'association.<br />

<strong>14</strong> N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


Vous avez récemment manifesté votre désaccord<br />

avec la fin du Fonds jeunes cinéphiles, dont la<br />

dotation est injectée dans l’enveloppe art et<br />

essai globale. Quelles sont les conséquences<br />

d’une telle décision ?<br />

Nous ne pouvons que le regretter. Au final, l’enveloppe<br />

art et essai diminue puisque qu’elle était de 18,4 M €<br />

en 2022 et que cette année, elle sera de 18 M €, dont<br />

les 2 M € incorporés du fonds Jeunes cinéphiles. Cette<br />

décision est un mauvais message : ce n'est pas parce que<br />

ce travail ressemble à de l’art et essai qu'il doit être<br />

intégré à l'enveloppe globale. Il s’agit d’une action,<br />

validée par l’ensemble de la filière, qui a rencontré un<br />

grand succès auprès du public visé. Aujourd'hui, on ne<br />

parle plus de public jeune, ni de public adolescent,<br />

<strong>mai</strong>s de public 15-25. C'est devenu un marqueur intégré<br />

dans la politique des salles. Son arrêt au bout d'un an<br />

nous questionne au-delà de la déception de ne pouvoir<br />

dresser un bilan des actions menées et de les expérimenter<br />

dans d’autres salles. L'Afcae a siégé à la commission de<br />

sélection des dossiers, dont 212 ont été retenus sur 249<br />

déposés avec une dotation moyenne de 10 000 €.<br />

Premièrement, nous avons constaté la qualité et la<br />

diversité des actions mises en place et la façon dont<br />

elles s'inscrivent dans les territoires. Ensuite,<br />

au-delà de la notion d'art et essai que nous<br />

défendons, nous pensons qu’il y a des croisements<br />

possibles avec tous les autres dispositifs<br />

mis en place, et qu’ils s’enrichissent<br />

mutuellement... Sans compter que certaines<br />

salles démarraient leurs actions avec des<br />

films grand public, et s'emparaient au fur<br />

et à mesure d’œuvres plus exigeantes.<br />

Nous considérons qu'il faut continuer à travailler cette<br />

cible. Cela fait plus d'une quinzaine d'années que l’on<br />

cherche à faire revenir les jeunes en salle et nous sommes<br />

arrivés à maturité de notre réflexion. On ne va pas lâcher<br />

<strong>mai</strong>ntenant ! Nous continuerons à expérimenter ce projet<br />

avec notre comité 15-25 et nous espérons être soutenus<br />

dans cette démarche par le CNC.<br />

Quels sont les autres dispositifs que vous avez<br />

envie de défendre dans les prochains mois et<br />

vos grandes lignes directrices ?<br />

Nous sommes mobilisés sur le dispositif expérimental<br />

Étudiant.e.s au cinéma. Notre objectif est d'être un<br />

facilitateur entre les salles et les universités, afin qu'elles<br />

entretiennent un dialogue direct, simple et rapide avec<br />

les étudiants. Le groupe des associations territoriales<br />

établira un cercle vertueux en créant le lien entre les salles,<br />

les départements et les régions. À l'échelle nationale,<br />

nous avons initié une journée "les Etudiant.e.s à l'affiche"<br />

qui a réalisé 700 entrées dans 4 cinémas du dispositif.<br />

Pour identifier des films et les accompagner au moment<br />

de leur sortie en salle, nous avons composé un collège<br />

d'étudiants que nous emmenons à Cannes, puis au festival<br />

La Rochelle Cinéma.<br />

La question des postes de médiateurs reste un enjeu<br />

primordial pour l’Afcae. Alors que les conventions État/<br />

Région sont en rediscussion, nous partageons complètement<br />

l'ambition du CNC de doubler sur deux ans<br />

le nombre de médiateurs et d’atteindre <strong>14</strong>0 postes. Là<br />

aussi, c’est un cercle vertueux qui s’inscrit dans la<br />

reconquête des publics et dans tous les dispositifs pour<br />

les jeunes.<br />

Il ne faut pas que l’on perde ces <strong>mai</strong>llons essentiels au<br />

risque d’écrouler une politique culturelle que l’on vient<br />

juste de mettre en place et qui ne peut reposer uniquement<br />

sur le pass Culture. Ce dispositif ne peut pas, en<br />

effet, être la seule politique culturelle du gouvernement.<br />

Il faut aller au-delà de son fonctionnement, basé sur la<br />

demande, pour accompagner et faire découvrir de<br />

nouveaux films. Cela implique un investissement très<br />

fort des exploitants.<br />

Nous avons aussi des inquiétudes concernant l'utilisation<br />

de la part collective du pass Culture sur les dispositifs<br />

d'éducation aux cinémas, désor<strong>mai</strong>s très ancrés<br />

dans les territoires. Il faut réserver cette part à d'autres<br />

On ne parle plus de public jeune, ni<br />

de public adolescent, <strong>mai</strong>s de public<br />

15-25. C'est devenu un marqueur.<br />

actions que celles déjà prises en charge par les collectivités.<br />

Elle doit servir à faire découvrir aux collégiens et<br />

lycéens des films d'actualité, qu'ils n'auraient pas été<br />

voir par eux-mêmes, ou à la mise en place de pratiques<br />

artistiques ou encore de découvertes culturelles qui ne<br />

se substituent pas à ce qui existe déjà. Les distributeurs<br />

doivent prendre position là-dessus pour soutenir les<br />

films qui ont du mal à trouver leur public et profiter<br />

de leurs campagnes de promotion. Nous pensons aussi<br />

que ce volet collectif du pass peut être mis à profit pour<br />

payer des coûts de transport, qui sont les premiers freins<br />

de l'accès des établissements à la salle de cinéma. Nous<br />

verrons quelles seront les décisions des départements<br />

et des régions à la rentrée <strong>2023</strong>, <strong>mai</strong>s nous tirons le<br />

signal d'alarme.<br />

Après la remise du rapport Lasserre le 6 avril,<br />

vous avez signifié votre étonnement sur les<br />

propositions de réforme de l’art et essai et la<br />

volonté de pondérer à la baisse les séances des<br />

films à fort potentiel commercial dans le calcul<br />

des subventions. Comment abordez-vous ces<br />

propositions ?<br />

Premièrement, le rapport montre que l'exploitation<br />

française est très forte, même exceptionnelle au regard<br />

de l’Europe ou du reste du monde. Bruno Lasserre pointe<br />

aussi que les salles art et essai qui travaillent mieux les<br />

films dans la profondeur, la durée et dans les territoires,<br />

ont grandement favorisé la reprise.<br />

En ce qui concerne les préconisations sur l’art et essai,<br />

nous estimons qu'on ne peut pas demander la même<br />

chose à une salle de centre-ville qu'à une salle de la<br />

ruralité. Les notions de territoire doivent être prises en<br />

compte via un dispositif sélectif. Le rapport Lasserre,<br />

qui est un peu technocrate, réduit les films à une valeur<br />

de points. Or, ce qui fait la différence entre une salle et<br />

une autre, c'est son travail d’accompagnement des films.<br />

<strong>Pro</strong>poser The Fabelmans de Steven Spielberg en troisième<br />

se<strong>mai</strong>ne à Saint-Pol-sur-Ternoise avec une animation,<br />

c’est faire de l’art et essai de qualité, plus que si on le<br />

faisait à Paris. La préconisation du rapport Lasserre, qui<br />

se base sur le nombre de copies des films <strong>–</strong> donc au final<br />

à une décision du distributeur <strong>–</strong> ne permet pas de<br />

considérer la diversité des œuvres, l’animation en salles<br />

et leur territorialité. Plus de sélectivité amènerait à un<br />

calcul plus juste par rapport à l'investissement et aux<br />

dépenses des salles et permettrait de travailler au plus<br />

près de la vérité des territoires. Concernant les films dits<br />

“fragiles” cités par Bruno Lasserre, ils sont déjà pour la<br />

plupart pris en compte par le label Recherche et Découverte.<br />

Une réflexion sur sa majoration pourrait être envisagée :<br />

leur programmation reste un vrai choix des salles,<br />

beaucoup plus significatif que le nombre de copies en<br />

sortie nationale.<br />

Puisque le CNC a décidé qu’il y aurait une<br />

réforme, autant y réfléchir vraiment et aller<br />

là où c'est important pour les salles.<br />

Évidemment, nous participerons aux<br />

concertations et serons à la hauteur de ce<br />

que nous représentons.<br />

Lors de notre dernier entretien, vous aviez<br />

évoqué votre volonté de mettre en valeur la<br />

“marque” Afcae auprès du grand public et de<br />

revendiquer de façon visible les valeurs portées<br />

par les salles art et essai. Où en êtes-vous de<br />

cette réflexion ?<br />

Nous construisons des projets, en lien direct avec le<br />

grand public, où la notion d'art et essai sera retravaillée<br />

et modernisée. Pour cela, nous avons réfléchi aux valeurs<br />

que porte l’Afcae : l’engagement, la transmission, la<br />

force collective et l’ambition de porter un modèle de<br />

société inclusif. Se rajoute aussi la notion d’écologie<br />

dans toutes ses dimensions. Aujourd’hui l'histoire de<br />

l’Afcae et ses valeurs résonnent avec la grande Histoire<br />

politique. Nous avons tout lieu de croire que nous<br />

sommes à la bonne place au bon moment.<br />

Notre singularité, le cœur même de l’Afcae, est de considérer<br />

le cinéma comme autre chose qu’un simple loisir<br />

ou un produit d'appel. L'art à essai n’est pas une valeur<br />

dévoyée ni obsolète. C'est une marque complètement<br />

dans l'air du temps. Il faut juste le faire savoir pour être<br />

mieux compris et mieux reconnu.<br />

<strong>Pro</strong>pos recueillis par Marion Delique<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

15


CANNES <strong>2023</strong><br />

La Cicae en AG à Cannes<br />

La Confédération internationale des cinémas d'art<br />

et essai tiendra à nouveau son assemblée générale<br />

ordinaire pendant le Festival, le mercredi 17 <strong>mai</strong>.<br />

Europa Cinemas en<br />

réunion et en jury<br />

Les exploitants du réseau européen se retrouvent<br />

quant à eux le 21 <strong>mai</strong>, à 15h à l'Hôtel Gray d'Albion.<br />

Par ailleurs, Europa Cinemas est à nouveau<br />

partenaire de la Quinzaine des Cinéastes, où un<br />

jury de quatre exploitants du réseau décernera,<br />

pour la 21 e année, son Label à un des neuf films<br />

européens de la section parallèle. Le jury <strong>2023</strong> est<br />

composé de Laurent Callonnec (Cinéma l'Écran,<br />

Saint-Denis, France), Sofie Mercier (Sphinx Cinema,<br />

Ghent, Belgique), Viviane Thill (Ciné Starlight,<br />

Dudelange, Luxembourg) et Justė Vyšniauskaitė<br />

(Kauno kino centras 'Romuva', Kaunas, Lituanie). Le<br />

Label Europa Cinemas sera remis le jeudi 25 <strong>mai</strong> à<br />

<strong>14</strong>h30 à la Plage de la Quinzaine.<br />

L’an dernier, il avait été décerné à Un beau matin<br />

de la Française Mia Hansen-Løve.<br />

Le jury du 5 e Prix des<br />

cinémas art et essai<br />

La récompense sera remise par cinq<br />

exploitants internationaux le samedi 27 <strong>mai</strong><br />

sur la Terrasse du Festival.<br />

Initié en 2019 par l’Afcae, le Prix des cinémas art et<br />

essai sera décerné à l’un des 21 films de la<br />

compétition du 76 e Festival de Cannes. En quatre<br />

éditions, cette récompense à par deux fois<br />

plébiscité le long métrage récipiendaire de la<br />

Palme d’or : en 2019 avec Parasite de Bong Joon-ho<br />

et en 2022 avec Sans filtre de Ruben Östlund. En<br />

2020, crise sanitaire oblige, Drunk de Thomas<br />

Vinterberg avait été sacré “en distanciel”, tandis<br />

qu’en 2021, le jury avait distingué Drive My Car de<br />

Ryusuke Hamaguchi.<br />

Ce Prix s’accompagne généralement d’une<br />

mention spéciale, décernée en 2019 aux Misérables<br />

de Ladj Ly, en 2020 à Gagarine de Fanny Liatard et<br />

Jérémy Trouilh, en 2021 à La Fracture de Catherine<br />

Corsini, et en 2022 à Eo de Jerzy Skolimowski.<br />

Présidente : Céline Delfour, directrice et<br />

programmatrice du cinéma Nestor Burma à<br />

Montpellier (France).<br />

Liliane Hollinger, gérante et programmatrice du<br />

cinéma Kino Cameo à Winterthur (Suisse).<br />

Cyril Désiré, directeur du cinéma Le Zola à<br />

Villeurbanne (France).<br />

Kaïs Zaid, cofondateur du mono écran<br />

CinéMadart à Carthage (Tunisie).<br />

Stéphane Libs, gérant et programmateur des<br />

cinémas Stars à Strasbourg (France).<br />

PROGRAMME<br />

RENCONTRES NATIONALES ART ET ESSAI<br />

Durant trois jours, autour de l’assemblée générale annuelle de l’Afcae, seront présentés 10<br />

films issus des sélections cannoises, ainsi que des projets innovants.<br />

Dimanche <strong>14</strong> <strong>mai</strong><br />

Rendez-vous des Exploitant·e.s<br />

17h à 19h : Cocktail d'ouverture<br />

Palais des festivals, Salle Debussy<br />

19h30 : Les Colons de Felipe Gálvez<br />

Sélection Officielle, Un Certain Regard, Dulac Distribution,<br />

1h38, En présence du réalisateur et de Thierry Frémaux, délégué général du<br />

Festival de Cannes<br />

21h45 : Bonnard, Pierre et Marthe de Martin <strong>Pro</strong>vost<br />

Sélection Officielle, Cannes Première, Memento Distribution,<br />

2h03, En présence du réalisateur<br />

Lundi 15 <strong>mai</strong><br />

Palais des festivals, Salle Debussy<br />

9h : AG ordinaire et extraordinaire de l’Afcae (accès réservé<br />

aux adhérent·e.s)<br />

Palais des Festivals, Salle Debussy<br />

15h15 : Little Girl Blue de Mona Achache<br />

Sélection Officielle, Séance Spéciale, Tandem, 1h35, En présence<br />

de la réalisatrice et de Gautier Labrusse, président du GNCR<br />

17h20 : Àma Gloria de Marie Amachoukeli<br />

Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, Pyramide Distribution, 1h24, En présence<br />

de la réalisatrice<br />

19h15 : Rosalie de Stéphanie Di Giusto<br />

Sélection Officielle, Un Certain Regard, Gaumont, 1h45, En<br />

présence de la réalisatrice (sous réserve)<br />

21h45 : Le Syndrome des amours passées d'Ann Sirot<br />

et Raphaël Balboni<br />

Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, KMBO, 1h29, En présence des réalisateurs<br />

Mardi 16 <strong>mai</strong><br />

Palais des Festivals, Salle Debussy<br />

9h : Linda veut du poulet ! de Chiara Malta et<br />

Sébastien Laudenbach<br />

Acid, Gebeka Films, 1h16, En présence du réalisateur<br />

10h45 : Le <strong>Pro</strong>cès Goldman de Cédric Kahn<br />

Quinzaine des Cinéastes, Ad Vitam, 1h55, En présence de Nathalie<br />

Hertzberg (scénariste) et Benjamin Elalouf (producteur)<br />

Salle Agnès Varda<br />

<strong>14</strong>h30 : Assemblée générale du Scare<br />

16h15* : Présentation de projets innovants<br />

Animée par Guillaume Bachy avec :<br />

• Jérémie Monmarché (directeur adjoint des Cinémas<br />

Studio et co-fondateur du projet PasserelleCiné et Transmit<br />

Cinéma) : projet PasserelleCiné<br />

• Véronique L'Allain (directrice du cinéma La Salamandre<br />

à Morlaix) : projet architectural<br />

• Catherine Cassaro (directrice de l'Acira) : projet de la<br />

plate-forme de covoiturage « travelling »<br />

• Marie Philippot (directrice du cinéma Le Caroussel à<br />

Verdun) : actions 15-25<br />

17h15* : Perdidos en la noche d'Amat Escalante<br />

Sélection Officielle, Cannes Première, Paname Distribution, 2h,<br />

En présence du réalisateur<br />

19h45* : How to Have Sex de Molly Manning Walker<br />

Sélection Officielle, Un Certain Regard, Condor Distribution,<br />

1h25, En présence de la réalisatrice<br />

Rendez-vous des Exploitant·e.s<br />

20h, 23h : Cocktail de clôture<br />

*Accessibles en priorité aux adhérent·e.s<br />

RENDEZ-VOUS DES EXPLOITANT.ES<br />

ART ET ESSAI<br />

Dans la foulée des Rencontres, l’Afcae accueille une nouvelle fois les exploitants art et essai dans son<br />

appartement cannois du 84 rue d’Antibes (5 e étage), avec tout un programme de rendez-vous conviviaux.<br />

Mercredi 17 <strong>mai</strong><br />

12h30-<strong>14</strong>h30 : Cocktail pass Culture<br />

Présentation du dispositif et actualités<br />

15h30- 17h : L'Entraide fête ses 90 ans<br />

Un jeu concours sur place sera proposé pour gagner un<br />

séjour dans l’un des appartements de l’Entraide ou en<br />

colonie de vacances.<br />

18h-20h : Cocktail des Rencontres du cinéma indépendant<br />

suivi d’un pot pour le film Los Delincuentes<br />

(Un Certain Regard) avec Arizona Distribution et<br />

JHR Films<br />

Jeudi 18 <strong>mai</strong><br />

16h-20h : Cocktail ComScore<br />

16h-18h : Présentations des nouveaux outils pour<br />

suivre et mesurer la fréquentation en France : Comscore<br />

movies et Cinézap 2.1<br />

18h-20h : Cocktail<br />

Vendredi 19 <strong>mai</strong><br />

18h-20h : Cocktail Cicae/AG Kino<br />

Samedi 20 <strong>mai</strong><br />

18h-20h : Apéritif Bac Films<br />

Dimanche 21 <strong>mai</strong><br />

11h-13h : Apéritif Alca Nouvelle-Aquitaine<br />

Annonce des lauréat.e.s du Full Circle Lab Nouvelle-<br />

Aquitaine <strong>2023</strong>, présentation des films soutenus<br />

sélectionnés et temps d’échanges avec les partenaires<br />

et professionnel·le.s de la région.<br />

18h-20h : Cocktail LuckyTime<br />

Lundi 22 <strong>mai</strong><br />

18h-20h : Cocktail Censier Publicinex<br />

Mardi 23 <strong>mai</strong><br />

18h-20h : Cocktail Positif<br />

Samedi 27 <strong>mai</strong><br />

11h-12h : Remise du Prix des cinémas art et essai<br />

sur la Terrasse du Festival<br />

Palais des festivals<br />

16 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


L’AFCAE<br />

au Festival<br />

de Cannes<br />

Le Rendez-vous<br />

des Exploitant·es<br />

Art & Essai<br />

Du 17 au 24 <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>, de <strong>14</strong>h30 à 20h<br />

84 rue d’Antibes - 5 e et 6 e étages<br />

<strong>Pro</strong>gramme détaillé sur place et sur www.art-et-essai.org<br />

Merci à nos partenaires : Access Dynamic, AG Kino, ALCA, Arizona Distribution, BAC<br />

Films, <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong>, Censier Publicinex, CICAE, Cine Society, Comscore, L’Entraide du cinéma et des<br />

spectacles, Full Circle Lab, Hexacom, JHR Films, LuckyTime, pass Culture, Positif, la Région Nouvelle-<br />

Aquitaine, les Rencontres du Cinéma Indépendant, Sonis, les Vendanges du 7 e Art, ainsi que les vins<br />

des Châteaux Castera, Chauvin, Fonbadet, Kirwan, Langoa Barton et des Do<strong>mai</strong>nes Peyronie.


CANNES <strong>2023</strong><br />

La Quinzaine en salle<br />

Cette année en partenariat avec le Scare, La<br />

Quinzaine des Cinéastes propose 10 jours<br />

d'avant-premières des films de la sélection <strong>2023</strong>,<br />

du 7 au 18 juin prochain, dans une trentaine de<br />

salles art et essai, dont quatre à Paris. Un nouveau<br />

rendez-vous donc pour la section parallèle<br />

cannoise qui, sous l’impulsion de son nouveau<br />

délégué général Julien Rejl, met la salle de cinéma<br />

au cœur de son action, rappelant « qu’elle est et<br />

doit demeurer l’endroit privilégié du septième art,<br />

qu’elle nous rassemble et nous fait parler ».<br />

Aix en <strong>Pro</strong>vence - Mazarin<br />

Antony - Le Sélect<br />

Auch - Ciné 32<br />

Avignon - Utopia<br />

Bayonne - L'Atalante<br />

Bordeaux - Utopia<br />

Chambéry - Astrée<br />

Cucuron - Le Cigalon<br />

Grenoble - Le Club<br />

Hérouville St Clair - Café des images<br />

Le Mans - Les Cinéastes<br />

Lyon - Comoedia<br />

Marseille - Alhambra<br />

Montpellier - Diagonal<br />

Montreuil - Le Méliès<br />

Nancy - Caméo<br />

Nantes - Le Katorza<br />

Nîmes - Le Sémaphore<br />

Orléans - Les Carmes<br />

Paris - Forum des images<br />

Paris - MK2 Beaubourg<br />

Paris - Reflet Médicis<br />

Paris - Le Louxor<br />

Poitiers - Le Dietrich<br />

Poitiers - TAP<br />

Port de Bouc - Le Méliès<br />

Rennes - Le TNB<br />

Rouen - L'Omnia<br />

Saint-Étienne - Le Méliès<br />

Strasbourg - Le Star<br />

Toulon - Le Royal<br />

Toulouse - L'American Cosmograph<br />

LE SCARE EN AG<br />

POUR RÉAFFIRMER<br />

LA SÉLECTIVITÉ DE L’ART<br />

ET ESSAI<br />

Photo de gauche à droite : Aline Rolland, Elise Mignot, Maïla Doukouré, Sylvain Clochard, Boris Thomas,<br />

Romane Périssé, Stéphane Libs, Martin Bidou, Christine Beauchemin-Flot, Frédérique Duperret,<br />

Olivia Reggiani, Béatrice Boursier, Pascal Robin, Eva Brucato<br />

L’assemblée générale <strong>2023</strong> du<br />

Syndicat des cinémas d’art, de<br />

répertoire et d’essai se tient à<br />

nouveau à Cannes pendant les<br />

Rencontres nationales de<br />

l’Afcae, où seront exprimées<br />

les positions qui font la<br />

diversité du mouvement. Les<br />

co-présidents du Scare,<br />

Christine Beauchemin-Flot et<br />

Stéphane Libs, donnent un<br />

avant-goût des débats.<br />

Comment s’annonce votre AG, qui retrouve cette<br />

année ses quartiers cannois ?<br />

Christine Beauchemin-Flot : Après une parenthèse<br />

enchantée <strong>mai</strong>s forcée à Deauville pendant le congrès de<br />

la FNCF, nous nous retrouvons à nouveau pendant le<br />

Festival de Cannes, un ancrage naturel qui nous permet<br />

en même temps de découvrir un maximum de films.<br />

Cette assemblée sera l’occasion de faire le point sur nos<br />

projets en cours autour de la data <strong>–</strong> notamment la collecte<br />

et la mutualisation des données des salles art et essai <strong>–</strong> et<br />

la fin de notre réunion sera ouverte à tous les adhérents<br />

de l’Afcae, pour partager nos avancées dans ce do<strong>mai</strong>ne.<br />

Stéphane Libs : Se retrouver pendant les Rencontres art<br />

et essai permet aussi de rassembler la majorité de nos<br />

adhérents <strong>–</strong> alors que tous ne vont pas à Deauville. Autre<br />

lien avec le Festival, qui est nouveau : notre partenariat<br />

avec la Quinzaine des Cinéastes, initié cette année, pour<br />

la reprise de la sélection, début juin, dans une trentaine<br />

de salles.<br />

Concernant le classement art et essai, le Scare<br />

souhaite mettre en avant les salles qui font le<br />

travail le plus exigeant. Que pensez-vous des<br />

préconisations du rapport Lasserre à ce sujet ?<br />

CBF : Tout d’abord, nous saluons le travail de Bruno<br />

Lasserre et sa qualité d’écoute. Nous avons été auditionnés,<br />

à l’instar d’autres organisations, sur un sujet qui nous<br />

interpelle depuis longtemps et nous rejoignons la réponse<br />

apportée : être plus sélectif, c’est ce que nous défendons<br />

au Scare. Il y a en effet une grande disparité entre les<br />

salles art et essai au niveau du travail d’animation, de la<br />

diversité des films proposés, et surtout des risques encourus<br />

qui doivent être mieux récompensés. Ce n’est pas possible<br />

si l’enveloppe consacrée aux subventions reste fermée :<br />

avec un trop grand nombre de salles classées, l'écrêtement<br />

que l’on déplore depuis plusieurs années n’est plus tenable.<br />

Instaurer une pondération dans le décompte des séances<br />

selon les films nous semble une excellente idée. On ne<br />

peut pas considérer à la même hauteur des films ne<br />

représentant pas la même prise de risque, aussi bien pour<br />

les distributeurs que pour les exploitants. Nous sommes<br />

donc heureux que la question ait été remise sur la table,<br />

et attendons <strong>mai</strong>ntenant une évolution du classement.<br />

SL : Depuis la réouverture de <strong>mai</strong> 2020 et jusqu'en<br />

septembre de l’année dernière, la période a été révélatrice<br />

sur la prise de risque des salles. Quand l’offre générale<br />

manquait, tout le monde a programmé des films art et<br />

essai porteurs, dont le nombre de copies a été multiplié,<br />

y compris dans des salles non classées. On s’est partagé<br />

le gâteau, <strong>mai</strong>s les salles qui ont continué à prendre des<br />

risques sur des films de la diversité, ceux à moins de 80<br />

copies, ont perdu beaucoup d’argent. Les mesures<br />

proposées dans le rapport Lasserre,<br />

qui découlent de cette période, sont faciles à comprendre<br />

et facilement applicables pour rééquilibrer le classement.<br />

Nous saluons aussi la proposition de renforcement du<br />

pouvoir de la médiatrice du Cinéma, face aux dérives<br />

constatées depuis la période Covid, notamment dans les<br />

villes à concurrence. La médiatrice a aujourd’hui davantage<br />

d’outils chiffrés et une bonne expérience, pour un<br />

dispositif vraiment nécessaire aux salles.<br />

18 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


Mais faut-il se baser sur le nombre de copies<br />

d’un film recommandé pour cette pondération ?<br />

SL : Je pense que oui. Un distributeur fixe le nombre de<br />

copies d’un film en fonction de son potentiel commercial.<br />

La prise de risque d’un exploitant est inhérente à ce<br />

potentiel, que ce soit sur l’art et essai “fragile” <strong>–</strong> un film<br />

sortant sur moins de 80 copies, un film “moyen” de<br />

moins de 450 copies, ou porteur au-dessus de 450. Pour<br />

autant, certains films avec une combinaison de 500 copies<br />

ou plus n’en sont pas moins des films art et essai : Nope<br />

ou Dune sont des films novateurs qui, tout en s’inscrivant<br />

dans un genre, portent le regard d’un auteur.<br />

Au risque d’aboutir à un trop grand nombre de<br />

films recommandés art et essai ?<br />

CBF : Il faut réinterroger la recommandation des films,<br />

sans avoir de positions automatiques. Il ne faut pas exclure<br />

un film d’un grand studio américain s’il a des qualités<br />

artistiques ou formelles, même s’il est plus facile à<br />

programmer que d’autres. A contrario, on ne doit pas se<br />

baser sur le sujet sociétal d’un film qui permet de faire<br />

des débats, <strong>mai</strong>s sur sa qualité cinématographique.<br />

SL : Le système de la recommandation implique que l’on<br />

voie et aborde tous les films de la même façon, les<br />

prochains Scorsese ou Christopher Nolan, qui promettent<br />

d’être des films de qualité, comme ceux d’auteurs européens,<br />

qui ne doivent pas être systématiquement identifiés<br />

art et essai. Il faut une exigence supérieure : c’est ce<br />

qui redonne du sens au travail de programmateur.<br />

Aujourd’hui, 60 % des films qui sortent sont recommandés<br />

art et essai, ce qui mécaniquement augmente le nombre<br />

de salles classées. C’est trop, et d’autant plus qu’ils sont<br />

recommandés a priori.<br />

Entendez-vous les craintes de petits cinémas,<br />

notamment en territoires ruraux, qui ne peuvent<br />

consacrer beaucoup de séances à l'art et essai<br />

“pointu” ?<br />

CBF : Il faut distinguer ce qui relève du fantasme et d’une<br />

crainte compréhensible. Notre position n’est pas de juger<br />

et d’exclure certains cinémas, <strong>mai</strong>s de dire que le travail<br />

est différent selon les films et les salles. Aujourd’hui, le<br />

pourcentage de 20 % de programmation art et essai pour<br />

©Scare<br />

être classé n’est pas très exigeant. Au départ, l’art et essai<br />

reflète quand même l’idée d'engagement et de ligne<br />

politique. Aujourd’hui, les salles les plus sanctionnées<br />

sont celles qui font le plus gros travail, et ce ne sont pas<br />

seulement celles des grandes villes.<br />

Comment réagissez-vous à l’arrêt du fonds<br />

jeunes cinéphiles ?<br />

SL : C’est une grosse déception. Comment imaginer que<br />

cette aide précieuse, qui nous a permis d'enclencher<br />

beaucoup d’actions, était un one shot ? Nous avons à peine<br />

commencé le travail qu’il est déjà arrêté, ou que nous<br />

devons désor<strong>mai</strong>s financer nous-mêmes ces actions. On<br />

aurait pu annoncer moins d’argent <strong>mai</strong>s l'étaler sur trois<br />

ans, le temps de retrouver un marché normal. Car c’est<br />

seulement dans le cadre d’un marché normal que l’on<br />

peut mesurer l’efficacité de ce travail et le retour en salles<br />

des jeunes cinéphiles.<br />

CBF : Se concentrer sur les plus jeunes était une bonne<br />

idée, or ce fonds n’aura été qu’un effet d’annonce. Le<br />

dispositif a eu la vertu d’encourager certaines salles et a<br />

montré que l’animation et l’accompagnement des films<br />

nécessite des moyens hu<strong>mai</strong>ns et financiers. On nous dit<br />

que ce travail sera pris en compte dans le classement des<br />

salles, <strong>mai</strong>s le fonds a été absorbé dans l’enveloppe globale,<br />

qui reste fermée.<br />

Le Scare mène aussi des actions de formations<br />

qui bénéficient à l’ensemble des salles. Avezvous<br />

d’autres projets ?<br />

CBF : Les formations du Tour de France digital, initié<br />

avec le CNC, a montré que l’idée du collectif est centrale<br />

dans la démarche de notre syndicat : faire profiter de nos<br />

actions au plus grand nombre. Il en va de même pour<br />

les formations ressources hu<strong>mai</strong>nes ou de <strong>mai</strong>ntenance<br />

cabine avec la CST. Par ailleurs, nos projets sur l’utilisation<br />

des data visent à fournir des outils aux salles art et<br />

essai, qui sont parfois démunies en termes de compétences.<br />

Et ce n’est pas le privilège des multiplexes que de vivre<br />

dans l’époque.<br />

SL : Aujourd’hui, nous nous posons la question de relancer<br />

un Tour de France digital, la communication numérique<br />

ayant évolué depuis la mise en route du premier, commencé<br />

avant le Covid. Parmi nos autres travaux, nous rédigeons<br />

un Livre blanc de l’éducation à l’image, avec l’Archipel<br />

des Lucioles [ex Passeurs d’images et qui coordonne les<br />

dispositifs scolaires à l’échelle nationale, nldr.]. Ce Livre<br />

est destiné aux salles <strong>mai</strong>s aussi aux élus, pour détailler<br />

et faire comprendre ce que représente l’éducation aux<br />

cinémas et notamment son étendue territoriale.<br />

Enfin, de façon plus générale, Le Scare travaille au<br />

quotidien aux côtés de ses adhérents : nos administrateurs<br />

participent à tour de rôle aux médiations sur certains<br />

films et interviennent dans les Commissions d’aménagement<br />

cinématographique, dans un esprit très collectif.<br />

<strong>Pro</strong>pos recueillis par Cécile Vargoz<br />

Tour de France digital :<br />

500 exploitants formés<br />

en 4 ans<br />

Le CNC dresse un bilan positif de la formation<br />

itinérante lancée en 2019 avec le Scare, destinée à<br />

accompagner les salles dans leur utilisation des<br />

outils numériques. La dernière session a eu lieu le 6<br />

avril à Paris, où 34 professionnels d'Île-de-France se<br />

sont formés au marketing digital, après les étapes<br />

dans les 12 autres régions françaises. Ainsi depuis<br />

2019, 465 exploitants de 349 cinémas, représentant<br />

809 salles, ont participé aux 13 sessions<br />

proposées. Des organisations professionnelles<br />

régionales et ententes de programmation comme<br />

le Slec (Syndicat lyonnais des cinémas), le réseau<br />

Ciné-off (Centre-Val-de-Loire), les Cinémas<br />

indépendants parisiens (CIP), Ciclic Centre-Val-de-<br />

Loire, l’Association régionale des cinémas itinérants<br />

d’Île-de-France (Arci), le Syndicat des cinémas de<br />

l’Est ou encore le Groupement de programmation<br />

des cinémas indépendants (GPCI) ont également<br />

suivi ces ateliers dans le but de les relayer ensuite<br />

auprès des salles qu’elles représentent.<br />

Le CNC, qui entend poursuivre ce travail, a<br />

également mis des fiches pratiques à disposition<br />

des salles sur son site internet.<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

19


CANNES <strong>2023</strong><br />

Les Tea Time de l’Acid sont<br />

lancés<br />

Baptisées Tea Time, ces rencontres entre cinéastes et<br />

exploitants, initiées de façon expérimentale il y a trois<br />

mois, sont appelées à devenir un rendez-vous<br />

trimestriel régulier, en visio pour permettre à tous d’y<br />

participer, y compris quand on n’est pas adhérent de<br />

l’Acid. « L’idée est de prendre le temps de discuter de<br />

cinéma et de ce qui est possible de construire autour des<br />

films de l’Acid, avec des réalisateurs, <strong>mai</strong>s pas ceux des<br />

films concernés pour que la parole soit libre », explique<br />

Pauline Ginot, déléguée générale de l’association. Le<br />

but étant de débattre <strong>–</strong> « et surtout de ne pas être<br />

d'accord ! ». Autre nouveauté : pour chaque film, un<br />

exploitant écrit un texte de soutien.<br />

Le premier Tea Time a eu lieu en compagnie des<br />

cinéastes Ina Seghezzi et Idir Serghine, le 2 e avec<br />

Thomas Paulot et Nicolas Peduzzi, réunissant chaque<br />

fois entre 15 et 25 exploitants très différents. Le<br />

prochain rendez-vous aura lieu fin août-début<br />

septembre. Le Tea Time s'organise en deux temps,<br />

avec d’abord une discussion autour des sorties Acid à<br />

venir, puis un partage d’idées sur la façon de travailler<br />

les films en continuation. Des liens sont disponibles<br />

pour les adhérents souhaitant visionner les films avant<br />

le rendez-vous, qui peuvent contacter Yann Ballanger,<br />

chargé de programmation à l'Acid.<br />

L’ACID À CANNES<br />

POUR DÉFENDRE LES FILMS, LES SALLES,<br />

ET LES CINÉASTES EN GUERRE<br />

L’Association de cinéastes indépendants propose, comme chaque année, une sélection de<br />

neuf long métrages du 17 au 26 <strong>mai</strong>, qu’elle accompagnera ensuite dans leur diffusion en<br />

salle. Rencontre avec Reza Serkanian, cinéaste et vice-président de l’Acid, qui était membre<br />

du comité de programmation cette année, et Pauline Ginot, déléguée générale de l’association.<br />

©ZELIE NOREDA<br />

©Victor de Carvalho<br />

<strong>Pro</strong>chains films soutenus par l’ACID :<br />

Polaris de Ainara Vera - Jour2Fête / 21 juin<br />

How To Save A Dead Friend de Marusya<br />

Syroechkovskaya - La 25 e Heure / 28 juin<br />

Yamabuki de Juichiro Yamasaki - Survivance / 28 juin<br />

Les tables rondes au<br />

Café des Cinéastes<br />

Mercredi 17 <strong>mai</strong><br />

15h30 : Tournages de films documentaires :<br />

quelles spécificités ?<br />

Adaptabilité, ergonomie légère, mobilité... En partenariat<br />

avec Sony<br />

Jeudi 18 <strong>mai</strong><br />

15h30 : Documentaire : le sujet, l’impact et<br />

le cinéma.<br />

En partenariat avec Cinéma du réel - Modération : Ina<br />

Seghezzi de l’Acid<br />

Vendredi 19 <strong>mai</strong><br />

15h30 : Quels ressources et services peuvent<br />

être mis à disposition des cinéastes par l’État ?<br />

En partenariat avec la SACD, animée par Pascal Rogard,<br />

avec Eve-Lise Blanc-Deleuze, cheffe de la Mission<br />

cinéma et industries créatives (MCIC) du ministère<br />

des Armées.<br />

Samedi 20 <strong>mai</strong><br />

15h30 : Un projet documentaire, trois films,<br />

une œuvre ?<br />

En partenariat avec la Scam, animée par son président<br />

Remi Lainé, avec Isabelle Pisani (LCP), Clément Perot<br />

Guillaume (cinéaste), Elsa Klughertz (Jonas films)<br />

Dimanche 21 <strong>mai</strong><br />

15h30 : Festivals de films et engagements RSE :<br />

quelles actions concrètes ?<br />

En partenariat avec Audiens, avec Caroline Rogard<br />

(Audiens), Baptiste Heynemann (CST)...<br />

Comment s’annonce la programmation de l’Acid<br />

Cannes <strong>2023</strong> ?<br />

Pauline Ginot : Comme chaque année, nous portons<br />

une attention particulière aux premiers longs métrages,<br />

aux documentaires <strong>–</strong> avec quatre sur les neuf films<br />

programmés, l’Acid est une des sections qui en montre<br />

le plus <strong>–</strong> et aux films sans distributeur. Trois en avaient<br />

un au moment de la sélection, deux autres en ont<br />

trouvé aujourd’hui.<br />

Reza Serkanian : On nous propose de plus en plus de<br />

films chaque année, <strong>mai</strong>s nous en retenons toujours neuf,<br />

soit un par jour, pour permettre de bien s’occuper de<br />

chacun, avec chaque soir une projection dans les deux<br />

salles aux Arcades, suivie d’un débat entre l’équipe du<br />

film et un public composé en majorité d’exploitants.<br />

PG : L’idée étant d’accompagner ces films au moment<br />

de leur sortie en salles, il est important de les montrer<br />

aux exploitants, qui sont prioritaires aux projections<br />

cannoises, ce à quoi nous tenons beaucoup.<br />

Après le festival, l’Acid accompagne donc ces<br />

films dans leur rencontre avec le public, d’abord<br />

au moment de la reprise en salles de l’Acid<br />

Cannes ?<br />

PG : Comme chaque année, nous reprendrons cette<br />

programmation du 22 au 24 septembre à Paris au Louxor,<br />

partenaire depuis dix ans, puis du 6 au 8 octobre à Lyon<br />

au Comoedia, à Marseille au Gyptis et à la Baleine, à<br />

Nantes au Cinématographe et à l'international à Tanger,<br />

Belgrade, Lisbonne, Porto… Mais le gros du travail de<br />

soutien se met en place au moment de la sortie, avec un<br />

programmateur à temps plein à l’Acid qui programme<br />

les rencontres autour des films.<br />

RS : En amont nous participons aux prévisionnements<br />

du GNCR pour préparer ensemble l’accompagnement,<br />

et nous assurons toujours la présence d’un réalisateur<br />

dans les salles, que ce soit celui du film ou un membre<br />

de l’Acid.<br />

Vous travaillez aussi avec les jeunes ambassadeurs<br />

de l’Acid ?<br />

PG : Ils sont une cinquantaine à venir à Cannes cette<br />

année, où ils rencontreront les équipes des films et auront<br />

des quotas de places réservées. Sur ce dispositif, nous<br />

sommes partenaires de la Région Sud-Paca, qui accueillera<br />

cette année sur son stand une table ronde animée<br />

uniquement par des jeunes : les ambassadeurs de l’Acid,<br />

le groupe 15-25 de l’Afcae ou d’autres associations<br />

culturelles, tandis que les professionnels seront dans le<br />

public pour les écouter.<br />

Nous tenons beaucoup au renouvellement des regards<br />

et nos jeunes ambassadeurs sont aussi présents tout au<br />

long de l‘année, dont beaucoup en région parisienne,<br />

<strong>mai</strong>s aussi en Paca, en Auvergne et en Normandie, liés<br />

au festival étudiant du Grain à démoudre. L’idée est de<br />

cimenter un réseau autour de salles indépendantes, où<br />

ils organisent eux-mêmes des séances, comme au Saint-<br />

André-des-Arts ou aux CIP à Paris, ou à La Baleine ou<br />

aux Variétés à Marseille. En cinq ans, plus de 500 jeunes<br />

sont passés par le dispositif.<br />

22 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


Vous avez aussi lancé un nouveau rendez-vous<br />

avec les exploitants, les Tea Time…<br />

PG : L’idée est de consacrer un moment à discuter de<br />

cinéma et de ce qui est possible de construire autour<br />

des films de l’Acid, ceux à venir et ceux en continuation,<br />

entre exploitants et cinéastes. Nous nous sommes rendus<br />

compte que les temps d’échange que nous avions à<br />

l’Acid étaient rarement ouverts sur l’extérieur et avons<br />

souhaité les partager davantage. Face aux difficultés que<br />

rencontrent aujourd’hui les films de recherche, nous<br />

pensons que c’est en communiquant sur notre désir et<br />

notre plaisir que nous pourrons ensuite mieux le<br />

communiquer au public.<br />

RS : Ces rendez-vous sont ouverts à tous, au-delà des<br />

adhérents de l’Acid, comme à Cannes où l’idée est<br />

d’accueillir tout le monde.<br />

Vous accueillez en effet d’autres associations<br />

dans votre Café des Cinéastes, y compris venues<br />

d’autres pays ?<br />

PG : Cannes étant un endroit très hiérarchisé, l’Acid tient<br />

à proposer des espaces qui ne le sont pas, comme notre<br />

Café des Cinéastes où tout le monde est bienvenu et sera<br />

traité à égalité, un réalisateur de court métrage comme<br />

celui d’un film en compétition. C’est une <strong>mai</strong>son, où<br />

l’on construit quelque chose de très familial et généreux,<br />

ouverte tous les jours de 10h à 16h, la fin de la journée<br />

étant consacrée à des tables rondes [voir ci-contre].<br />

RS : Nous avons des liens réguliers avec la SRF ou des<br />

syndicats tels que le Scam ou la SACD, <strong>mai</strong>s aussi au<br />

niveau international. Je suis par exemple membre d'une<br />

association de cinéastes iraniens qui s’est créée récemment,<br />

Iranian Independent Filmmaker Association (IIFMA),<br />

qui, après nos discussions avec Thierry Frémaux, aura<br />

un stand cette année à Cannes. C’est la première fois<br />

qu’une organisation iranienne indépendante du gouvernement<br />

sera présente au Marché du film, pour faire<br />

entendre la voix de cinéastes réprimés. L’un d’eux participera<br />

à la table ronde que nous organisons sur la création<br />

en temps de guerre et de crise [voir programme], où<br />

interviendra aussi Maciek Hamela, qui a tourné In The<br />

Rearview, programmé à l’Acid Cannes cette année, au<br />

coeur du conflit ukrainien. Le réalisateur a une histoire<br />

incroyable : parti en Ukraine pour aider les gens à se<br />

réfugier en Pologne, il a su transformer un geste humanitaire<br />

en véritable geste cinématographique.<br />

Au-delà de votre engagement à Cannes, l’Acid<br />

a récemment dénoncé la concentration parmi<br />

les films art et essai, qui serait un effet pervers<br />

de notre système de classement. Que faut-il<br />

changer selon vous ?<br />

PG : Nous avons réagi avec véhémence quand l’observatoire<br />

du CNC a montré que la concentration dans<br />

l’art et essai était plus forte encore que sur l’ensemble<br />

des films.<br />

Les films que soutient l’Acid ont de plus en plus de mal<br />

à se faire une place en salle : on l’a vu récemment avec<br />

Grand Paris ou Atlantic Bar, sur lesquels la presse et le<br />

bouche-à-oreille ont été excellents. Alors que les moyennes<br />

par séance ont été très élevées, avec des salles souvent<br />

pleines, le total des entrées est resté bas parce qu’ils n’ont<br />

pas été suffisamment exposés.<br />

Après les conclusions du rapport Lasserre, nous avons<br />

hâte que la concertation s’ouvre pour trouver tous ensemble<br />

des solutions et les appliquer. Les propositions qui vont<br />

dans le sens d’une plus grande sélectivité du classement<br />

art et essai actent nos constats. Des films recommandés<br />

comme Dune ou 1917 sont pour nous des symboles :<br />

nous ne questionnons pas leur statut de films d’auteur,<br />

<strong>mai</strong>s la prise de risque de les programmer. Qu’une salle<br />

atteigne son quota art et essai avec uniquement des films<br />

sortant sur plus de 400 copies nous semble absurde dans<br />

un système qui se veut sélectif. À l’Acid, nous pensons<br />

qu’une salle classée doit proposer un minimum de films<br />

recherche. À la question du nombre de films s'ajoute<br />

celle du nombre de séances. Quelques films occupent<br />

l’immense majorité des séances, ce que pointe bien le<br />

rapport Lasserre. L’idée d’aller vers une pondération a<br />

donc du sens, en tenant compte de la typologie de<br />

chaque salle.<br />

N’est-ce pas plus difficile de montrer les films<br />

de l’Acid dans les petites villes ?<br />

RS : Tout dépend du travail de l’exploitant pour mettre<br />

en avant des films et des auteurs méconnus, où que l’on<br />

soit sur le territoire. Quand on se rend dans les salles, on<br />

voit tout de suite la différence. Je l’ai observé dans des<br />

petites villes très reculées, dont une où l’exploitant avait<br />

préparé un dîner, offert pour les spectateurs qui voyaient<br />

deux films. J’ai dîné avec eux dans la salle et nous avons<br />

parlé de cinéma toute la soirée. Une autre fois, toujours<br />

à la campagne, le film que je présentais a dû être projeté<br />

dans deux salles distantes face à l’affluence. Il ne faut pas<br />

préjuger de ce que les gens ont envie de voir : il y a un<br />

public pour nos films partout.<br />

PG : L’Acid a justement été créée pour montrer les films<br />

dans les petites villes ; 46 % des salles adhérentes sont<br />

dans des agglomérations de moins de 20 000 habitants.<br />

Il n’y a aucune raison pour que les films recherche ne<br />

sortent en nationale que dans les grandes villes. Le public<br />

n’est pas plus ou moins averti selon là où il habite. Quand<br />

l’exploitant fait son travail d’éducation au regard, il n’y<br />

a qu’un seul public.<br />

<strong>Pro</strong>pos recueillis par Cécile Vargoz<br />

Lundi 22 <strong>mai</strong><br />

10h30 : La politique de France Télévisions en<br />

matière de financement et de diffusion<br />

du cinéma<br />

En partenariat avec la SACD, animée par Pascal Rogard,<br />

avec Manuel Alduy, directeur du cinéma de France<br />

Télévisions, Valérie Boyer, directrice générale de France<br />

2 Cinéma, et Cécile Négrier, directrice générale de<br />

France 3 Cinéma.<br />

Mercredi 24 <strong>mai</strong><br />

15h30 : Comment soutenir la diversité de la<br />

création et améliorer le soutien à l’écriture ?<br />

En partenariat avec la SACD, avec Pascal Rogard et<br />

Lionel Bertinet, directeur du cinéma au CNC<br />

Autres rencontres avec<br />

l’Acid :<br />

Jeudi 18 <strong>mai</strong><br />

16h : Les jeunes et le cinéma<br />

(Stand Région Sud/Paca) La parole est aux jeunes,<br />

qui témoigneront de leurs expériences auprès des<br />

professionnels et partageront leurs préconisations<br />

pour booster la fréquentation des salles.<br />

Modération : Yann Ballanger, Acid<br />

Samedi 20 <strong>mai</strong><br />

17h : Accompagner la création, de Kiev à Téhéran<br />

(Pavillon du monde) Rencontre co-organisée par<br />

l’Institut français, sur la création en temps de guerre<br />

et de crise et le soutien aux créateurs. Avec Kaveh<br />

Farnam (producteur, Iranian Independent Filmmaker<br />

Association), Maciek Hamela (réalisateur, Acid Cannes<br />

<strong>2023</strong>), Jean Laurent Csinidis (producteur, Films de<br />

force majeure), Anne Devauchelle (Association L’Usage<br />

du monde au 21è siècle), Dounia Sichov (cheffe<br />

monteuse) et des représentants du CNC. Modération :<br />

Reza Serkanian, réalisateur (Acid)<br />

Mercredi 25 <strong>mai</strong><br />

16h : Rencontre autour de la distribution<br />

indépendante.<br />

(La Napoule, Visions Sociales). Avec Jane Roger (JHR),<br />

Bénédicte Thomas (Arizona), Fabienne Hanclot (CNC).<br />

Modération : Pauline Ginot de l’Acid<br />

©Acid<br />

Martin Jauvat, le réalisateur de Grand Paris à l'Acid Cannes 2022<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

23


CANNES <strong>2023</strong><br />

11 films en lice pour le Prix<br />

Ecoprod<br />

Pour la 2 e année à l’occasion du Festival de Cannes,<br />

Ecoprod récompensera un long-métrage, toutes<br />

sélections confondues, produit de la manière la<br />

plus éco-responsable possible. Un prix qui vise à<br />

mettre en lumière l’éco-production auprès du<br />

public et à mobiliser les professionnels, en<br />

démontrant que créativité et démarche environnementale<br />

responsable ne sont pas antinomiques.<br />

Les films concourant au prix Ecoprod cette année<br />

sont :<br />

Acide de Just Philippot, Bonne Pioche Cinéma<br />

- Séance de Minuit<br />

Augure de Baloji, Wrong Men North - Un<br />

Certain Regard<br />

Caiti Blues de Justine Harbonnier, Sister<br />

<strong>Pro</strong>ductions <strong>–</strong> Acid<br />

La Chimera de Alice Rohrwacher, Tempesta, Ad<br />

vitam production, Amka Film productions, Rai<br />

Cinema - Compétition Officielle<br />

La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh<br />

Hung, Curiosa Films - Compétition<br />

L'Autre Laurens de Claude Schmitz, Wrong Men<br />

North - Quinzaine des Cinéastes<br />

Le <strong>Pro</strong>cès Goldman de Cédric Kahn, Moonshaker<br />

- Ouverture Quinzaine des Cinéastes<br />

Le Théorème de Marguerite de Anna Novion, Ts<br />

<strong>Pro</strong>ductions / Beauvoir Films - Séances Spéciales<br />

Rien à perdre de Delphine Deloget, Curiosa Film<br />

- Un Certain Regard<br />

Rosalie de Stéphanie Di Giusto, Trésor Films - Un<br />

Certain Regard<br />

Simple comme Sylvain de Monia Chokri,<br />

Metafilms - Un Certain Regard<br />

L’an dernier, La Cour des miracles de Carine May et<br />

Hakim Zouhaine, produit par Haut et Court, avait<br />

reçu le Prix Ecoprod et Sous les figues d’Erige Sehiri,<br />

produit par Henia production et Maneki Films, le<br />

Prix du Jury.<br />

Le jury <strong>2023</strong> est composé de l’actrice et réalisatrice<br />

Audrey Dana, l’activiste écologiste Camille Etienne,<br />

le régisseur éco-responsable Alexis Giraudeau, la<br />

productrice Barbara Letellier (Haut et Court) et<br />

l’acteur Jérémie Rénier.<br />

Le prix sera remis le dimanche 21 <strong>mai</strong> à 12h<br />

sur le stand de la CST.<br />

Les prix CST<br />

et leurs jurys <strong>2023</strong><br />

L’historique Prix CST de l’Artiste-Technicien, remis<br />

lors du palmarès officiel du Festival de Cannes, sera<br />

décerné cette année par un jury composé de Chloé<br />

Cambournac, cheffe décoratrice, Agnès Godard,<br />

directrice de la photographie, Laetitia Masson,<br />

réalisatrice et scénariste et Jean Minondo, chef<br />

opérateur son.<br />

Si ce jury témoigne de l’engagement de la CST<br />

pour l’égalité professionnelle femmes/hommes,<br />

l’association a aussi créé, il y a 4 ans, le Prix de la<br />

Jeune Technicienne, qui récompense une jeune<br />

femme cheffe de poste dans un film français<br />

présenté en Sélection officielle. Les jurés <strong>2023</strong> sont<br />

Martine Barraqué, cheffe monteuse, et Mario<br />

Tommasini, exploitant de salles (chez Pathé).<br />

LA CST SUR LA CROISETTE<br />

Partenaire historique du Festival sur l’ensemble des projections, la Commission supérieure<br />

technique de l’image et du son développe les rencontres et masterclass sur son pavillon<br />

cannois.<br />

Chaque jour du 17 au 25 <strong>mai</strong>,<br />

l’équipe de permanents sera<br />

présente aux côtés de ses partenaires*,<br />

qui proposent des<br />

cocktails le midi et en fin de<br />

journée, pour échanger avec les<br />

professionnels en toute convivialité.<br />

Les masterclass CanneS Technique auront lieu tous les<br />

matins de 10h à 11h et seront retransmises en direct via<br />

le site de la CST. Rendez-vous cette année avec la directrice<br />

de la photo Agnès Godard, membre de l’AFC ;<br />

Antoine Simkine, directeur de l’innovation chez ColorFilms<br />

Archives ; Bruno Corsini, co-fondateur de Plateau Virtuel,<br />

premier studio virtuel Led de France ; Alissa Aubenque,<br />

directrice des opérations Ecoprod ; Anne Gibour, cheffe<br />

monteuse son chez Polyson Postproduction ou encore<br />

Guillaume Rachez, Head of <strong>Pro</strong>duct chez PerfectMemory.<br />

Pour ce qui concerne de plus près les exploitants, Yves<br />

Gringuillard, Senior Vice President des opérations cinéma<br />

chez Deluxe, abordera, le vendredi 19 <strong>mai</strong> à 10h, la<br />

diffusion des contenus alternatifs en salle, notamment à<br />

travers la technologie Broadband. À noter aussi une<br />

journée avec l’Afdas le 24 <strong>mai</strong>, dont une conférence le<br />

matin avec Jack Aubert, directeur des relations institutionnelles,<br />

et une présentation de la nouvelle formation<br />

sur l’accessibilité [voir ci-dessous].<br />

©Cécile Vargoz<br />

*Ciné Digital, Christie, 2avi, Transpa, <strong>Pro</strong>vence Studios, Ecoprod, Harkness Qalif Solutions, Zeiss, Cinemeccanica, Fujifilm et l’Afdas<br />

Les Après-midis CST, lancés cette année, se dérouleront<br />

de <strong>14</strong>h30 à 16h30 et seront consacrés à des ateliers et<br />

présentations pour rendre la technique accessible. Le<br />

département Diffusion-Exploitation inaugurera ces<br />

rencontres, le 18 <strong>mai</strong>, avec un atelier consacré à la<br />

projection en plein air. Eric Chérioux, directeur technique<br />

à la CST, et Alain Surmulet, directeur adjoint et directeur<br />

technique de Noé Cinémas, détailleront les bonnes<br />

pratiques de mise en place d’une projection plein air, à<br />

travers la recommandation technique CST-RT-020.<br />

Suivront un après-midi VR et immersion, une conversation<br />

internationale entre créateur.trice.s de décors et<br />

de costumes de films (avec des invités prestigieux), un<br />

atelier “Bilan carbone facile” (pour les tournages) ou<br />

encore des analyses et présentations sur les innovations<br />

en matière de saisie de l’image et de sa restitution.<br />

Le programme complet est à retrouver sur le site de la<br />

CST. Ces rencontres sont accessibles à tous les accrédités<br />

et sur inscription.<br />

UNE FORMATION POUR L’ACCESSIBILITÉ<br />

ET L’INCLUSION DES SALLES DE CINÉMA<br />

La CST et l’association Inclusiv s'associent pour proposer une formation en quatre modules<br />

au personnel des cinémas.<br />

Afin d’améliorer l’accès au cinéma pour les personnes en<br />

situation de handicap, cette formation s’intéresse au<br />

parcours du spectateur dans son ensemble, depuis son<br />

envie de cinéma (communication, accès à l’information,<br />

programmation) à son arrivée en salle (accueil, médiation,<br />

technique).<br />

Quatre modules, dédiés aux différents postes concernés<br />

par ce parcours, sont ainsi proposés aux personnels des<br />

cinémas :<br />

Module 1 : Technique / Comment améliorer le confort<br />

en salle des personnes en situation de handicap par<br />

la technique ?<br />

Module 2 : <strong>Pro</strong>grammation / Comment programmer<br />

des séances inclusives, construire un événementiel accessible<br />

et adapter les films et leurs matériels de promotion ?<br />

Module 3 : Communication / Comment rendre la<br />

communication print et digitale plus<br />

accessible ?<br />

Module 4 : Accueil et Médiation / Comment accueillir<br />

les spectateurs en situation de handicap visible ou invisible<br />

et favoriser l’échange en salle entre tous les publics ?<br />

Les stagiaires peuvent s’inscrire à tous les modules ou<br />

choisir un ou plusieurs modules séparément. Les premières<br />

sessions auront lieu en juillet, dans les locaux de la CST<br />

à Paris.<br />

La formation sera présentée en détail à Cannes par Mélissa<br />

Charles, de l’association Inclusiv, lors du rendez-vous<br />

CanneS Technique de l’Afdas, le mercredi 24 <strong>mai</strong> à 10h<br />

sur le stand de la CST.<br />

Plus d’infos sur le site de la CST.<br />

24 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


LES RENDEZ-VOUS DU CNC<br />

Comme chaque année, Le Centre national du cinéma et de l’image animée organise des tables rondes, du 16 au 26 <strong>mai</strong> pendant le Festival,<br />

sur la plage du Gray d’Albion<br />

La table ronde avec l'Arcom, à Cannes en 2022<br />

Mercredi 17 <strong>mai</strong><br />

15h00 à 17h30 : Pitches de la résidence du Festival de Cannes et pitches du<br />

programme Deental<br />

6 jeunes auteurs internationaux développant leur 1 er ou 2 nd long métrage ont été sélectionnés<br />

cette année pour participer à la Résidence du Festival de Cannes. Leurs pitches<br />

seront suivis de ceux de 6 producteurs originaires d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique<br />

sélectionnés dans le cadre du programme DEENTAL-ACP. A l'issue des pitches, l'un<br />

des Résidents du Festival se verra remettre le prix du CNC, attribué par un jury composé<br />

de Nadav Lapid, réalisateur, Julie Paratian, productrice, et Sanjeewa Pushpakumara,<br />

réalisateur.<br />

Jeudi 18 <strong>mai</strong><br />

09h30 à 11h00 : Table ronde<br />

Vivre l'expérience française : les productions internationales en France<br />

(En anglais) Avec les interventions de John Bernard, producteur, Peninsula : Laurens<br />

Ehrmann, superviseur senior VFX, The Yard VFX ; Stan McCoy, président directeur<br />

général, Motion Picture Association EMEA - Modérateur : Benjamin Croll, journaliste,<br />

Variety<br />

11h15 à 12h30 : Table ronde Unifrance - CNC<br />

Le cinéma de de<strong>mai</strong>n : innovation et marketing 3.0 au service de la promotion et<br />

de la diversité de la création<br />

(En anglais) Avec Elissa Federoff, directrice de la distribution, Neon ; Leila Hamid,<br />

président directeur général, Verleih ; Mathieu Robinet, président directeur général,<br />

Tandem ; Jane Shao, fondateur et président, Lumière Pavilions ; Fabien Westerhoff,<br />

producteur et fondateur, Film Constellation - Modératrice : Daniela Elstner, directrice<br />

générale, Unifrance<br />

15h00 à 16h30 : Séquence CNC, KOFIC et ASEAN<br />

Présentation de l’Académie France-Corée du cinéma suivie d’un panel Asie - Europe :<br />

nouveaux partenariats, coopérer pour mieux agir<br />

(Traduction en anglais, français et coréen)<br />

16h30 à 17h30 : Conversation<br />

Création immersive : un nouveau regard pour nourrir le cinéma<br />

Vendredi 19 <strong>mai</strong><br />

11h00 à 12h00 : Séquence Ukraine<br />

Fonds européen de solidarité pour les films ukrainiens<br />

(Traduction en anglais, français et ukrainien)<br />

Samedi 20 <strong>mai</strong><br />

10h00 à 12h00 : Table ronde<br />

Créer, diffuser, transmettre le cinéma au risque de l’offense ?<br />

(Traduction en anglais) Avec Manuel Alduy, directeur du cinéma et des fictions numérique<br />

et internationale, France Télévisions ; Caroline Fourest, journaliste ; Rachid Hami,<br />

réalisateur ; Louise Lantagne, présidente-directrice générale, Société de développement<br />

des entreprises culturelles (Sodec) ; Kjersti Mo, présidente directrice générale, Norwegian<br />

Film Institute ; Philippe Rouyer, président, Syndicat français de la critique - Modératrice :<br />

Olivia Gesbert, journaliste, France Culture<br />

15h00 à 16h30 : Table ronde CNC-Arcom<br />

©Cécile Vargoz<br />

Engagements et actions pour défendre la création et lutter contre le piratage<br />

Keynote de Charles Rivkin, président directeur général, Motion Picture Association (MPA)<br />

Mot d’introduction de Denis Rapone, membre du collège, Arcom<br />

Avec les interventions de Pauline Blassel, directrice générale adjointe, Arcom<br />

Frédéric Delacroix, délégué général, Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle<br />

(Alpa) ; Victor Hadida, président, Fédération nationale des éditeurs de film (FNEF) ;<br />

Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la prospective, CNC ; Benoit<br />

Tabaka, directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques, Google<br />

France - Modérateur : Laurent Cotillon, directeur exécutif, Le Film Français<br />

Dimanche 21 <strong>mai</strong><br />

10h00 à 11h30 : Table ronde SACD en partenariat avec le CNC<br />

Quel avenir pour la création cinématographique à l’heure de l’intelligence artificielle<br />

?<br />

Avec Alexandra Bensamoun, professeure de droit, membre du CSPLA ; Simon Bouisson,<br />

réalisateur ; Laurence Farreng, députée européenne ; Gilles Gaillard, directeur général,<br />

Animaj ; Armand Joulain, directeur de la recherche scientifique, Meta - Modérateur :<br />

Pascal Rogard, directeur général, SACD<br />

<strong>14</strong>h30 à 15h45 : Table ronde pour les 5 ans du fonds CNC Talent<br />

Créateurs et spectateurs au croisement du web et de la salle<br />

Avec Clara Codani, réalisatrice, chaîne Clararunaway ; François Descraques, réalisateur ;<br />

Gilles Freissinier, directeur du développement numérique, Arte France ; Elisha Karmitz,<br />

directeur général, Mk2 ; Justine Ryst, directrice générale, YouTube - Modératrice : Pauline<br />

Augrain, directrice adjointe du numérique, CNC<br />

Lundi 22 <strong>mai</strong><br />

9h30 à 11h00 : Table ronde<br />

Remake et propriétés intellectuelles, un marché toujours plus porteur ?<br />

11h00 à 12h30 : Table ronde Scelf (Société civile des éditeurs de langue française) en<br />

partenariat avec le CNC<br />

L’adaptation littéraire, une source inépuisable pour la création cinématographique<br />

Avec Marie Darrieussecq, écrivaine et ex-présidente de l’Avance sur recettes ; Régine<br />

Hatchondo, présidente, Centre national du livre (CNL) ; Gilles Marchand, scénariste ;<br />

Nathalie Piaskowski, directrice générale, Scelf ; Philippe Robinet, directeur général,<br />

Calmann-Lévy - Modératrice : Sarah Drouhaud, directrice de la communication, CNC<br />

15h00 à 16h30 : Conférence de presse<br />

CUT ! : Cinéma uni pour la transition : les talents s’engagent pour l’environnement<br />

Avec les interventions Julie Amalric, productrice, Jam <strong>Pro</strong>ductions ; Cyril Dion, réalisateur<br />

; Jérémie Rénier, comédien ; Carole Scotta, productrice, Haut et Court ; Flore<br />

Vasseur, réalisatrice ; Juliette Vigoureux, consultante indépendante, La Base<br />

Autres membres du collectif : Swann Arlaud, comédien ; Hiam Abbas, comédienne<br />

Mardi 23 <strong>mai</strong><br />

10h00 à 12h00 : Matinée Doc Day (En anglais)<br />

<strong>14</strong>h30 à 16h00 : Table ronde<br />

Cinéma d’animation : l’excellence des savoir-faire français<br />

Mercredi 24 <strong>mai</strong><br />

10h00 à 12h00 : Conférence de presse<br />

Les Glaneurs et la Glaneuse, un projet inédit d’éducation à l’image autour du<br />

documentaire d’Agnès Varda<br />

15h00 à 16h30 : Table ronde<br />

Quand le cinéma s'adresse à tous les publics<br />

Avec Caroline Caccavale, fondatrice de Lieux Fictifs ; Camille Cuisnier, assistante de direction,<br />

Cineco ; Julien Marcel, directeur général, Allociné et The <strong>Boxoffice</strong> Company ; Amar Nafa,<br />

délégué général, Culture Relax - Modérateur : Patrick Facchinetti, délégué général, l'Archipel<br />

des lucioles, suivie de la signature de l’accord de partenariat entre Accès libre et Allociné<br />

Jeudi 25 <strong>mai</strong><br />

15h00 à 16h30 : Table ronde proposée par le Prix de la Citoyenneté<br />

Jeunes, cinéma et Citoyenneté<br />

Vendredi 26 <strong>mai</strong><br />

11h30 à 17h00 : 8 e journée du cinéma positif<br />

Inclusion et engagements<br />

<strong>Pro</strong>gramme prévisionnel sous réserve de modifications.<br />

L’accès aux événements se fera dans la limite des places disponibles.<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

25


ANNÉE HISTORIQUE<br />

LE MAGHREB À CANN<br />

DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />

Avec un total de huit (co)productions algériennes, marocaines<br />

et tunisiennes, ja<strong>mai</strong>s le Maghreb n’a aussi bien été représenté<br />

au Festival de Cannes qu’en <strong>2023</strong>. 65 ans après la première<br />

sélection cannoise d’un film de la région, tour d’horizon nonexhaustif<br />

des films maghrébins qui ont marqué la Croisette.<br />

©Collection Christophel<br />

Omar Gatlato de Merzak Allouache<br />

Kaouther Ben Hania<br />

Avec Les Filles d’Olfa, c’est la troisième fois que la<br />

réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania<br />

présente l’un de ses films sur la Croisette,<br />

accompagnée à chaque fois par Jour2Fête. La<br />

première remonte à 20<strong>14</strong>, où Le Challat de Tunis<br />

faisait alors partie de la programmation Acid.<br />

Il cumula 10 000 entrées sur une vingtaine<br />

de copies.<br />

Sa première fiction, La Belle et la Meute,<br />

sélectionné à Un Certain Regard en 2017, a réuni<br />

près de 50 000 spectateurs sur 65 copies.<br />

Notons par ailleurs que son film L’Homme qui a<br />

vendu sa peau, récompensé à Venise et prévu sous<br />

pavillon Bac Films en 2021, a vu sa sortie française<br />

plusieurs fois repoussée en raison de la crise<br />

sanitaire, avant d’être finalement diffusé sur Canal+<br />

en 2022. Il est, à ce jour, le seul film tunisien à avoir<br />

fait partie des 5 derniers nommés pour l’Oscar du<br />

meilleur film international.<br />

1958, l’année des premières fois. Deux ans à peine après<br />

l’indépendance de la Tunisie, le premier long métrage<br />

de l’histoire du pays, Goha, coproduction française<br />

réalisée par Jacques Baratier, remporte le prix du «<br />

premier regard » au 11 e Festival de Cannes. Premier<br />

film maghrébin, à être présenté sur la Croisette, il<br />

s’inspire du personnage de J’ha, un farceur plein<br />

d’esprit ancré dans la culture et les légendes du folklore<br />

arabe et tunisien <strong>–</strong> avec, dans le rôle éponyme, le sphinx<br />

Omar Sharif, épaulé de Zohra Faïza, devenue icône en<br />

Tunisie, et d’une certaine native de La Goulette, Claudia<br />

Cardinale, dans son premier rôle dans un long métrage.<br />

Une restauration de la comédie, menée par les Archives<br />

françaises du film du CNC, est projetée à Cannes<br />

Classics en 2013.<br />

Depuis, seuls deux autres films tunisiens ont intégré la<br />

compétition : Une si simple histoire en 1970, réalisé<br />

par Abdellatif Ben Ammar, et Les Filles d’Olfa… en<br />

<strong>2023</strong>. Le nouveau film de Kaouther Ben Hania, qui<br />

se présente comme un documentaire au « dispositif hors<br />

du commun » <strong>–</strong> et prévu sur les écrans français le 5<br />

juillet prochain sous pavillon Jour2Fête <strong>–</strong>, tentera de<br />

rafler la deuxième Palme d’or de l’histoire des cinémas<br />

maghrébins, après celle de Chronique des années de<br />

braise de l’Algérien Mohammed Lakhdar-Hamina en<br />

1975, décerné par le jury présidé par Jeanne Moreau.<br />

C’était alors l’âge d’or algéro-cannois. Sur les 22 longs<br />

métrages algériens présentés au Festival, toutes sections<br />

confondues, 11 l’ont été entre 1967 et 1977, dont<br />

quelques-uns aujourd’hui devenus cultes : Le Vent des<br />

Aurès de Lakhdar-Hamina, prix de la première œuvre<br />

1967, Z de Costa-Gavras, prix du jury 1969 (et Oscar<br />

du meilleur film étranger pour l’Algérie), L’Opium et<br />

le Bâton d’Ahmed Rachedi à la Quinzaine des Réalisateurs<br />

1970, la Palme 1975 citée plus haut… Tous traitent<br />

d’un sujet commun : la colonisation française et la<br />

guerre d’Algérie, à l’heure où commence un long travail<br />

de mémoire de part et d’autre de la Méditerranée, que<br />

le cinéma accompagne d’autant plus qu’il participe à<br />

la construction d’une histoire nationale de l’Algérie.<br />

Tous, sauf un : à la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique 1977, Merzak<br />

Allouache vient présenter son premier long métrage de<br />

fiction, Omar Gatlato, comédie qui, pour la première<br />

fois dans un film algérien, s’intéresse à une génération<br />

qui n’a pas ou peu connu la douloureuse histoire du<br />

pays. De l’autre côté de la mer, il bat tous les records<br />

d’entrées, avec 300 000 spectateurs sur plus de 300 salles.<br />

28 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


POUR<br />

ES<br />

Halfaouine, l’enfant des terrasses de Férid Boughedir<br />

Depuis, la présence algérienne au Festival s’essouffle<br />

<strong>mai</strong>s se fait plus événementielle, comme en 2006, où<br />

le prix d’interprétation masculine est remis aux acteurs<br />

d’Indigènes de Rachid Bouchareb, co-produit avec la<br />

France, le Maroc et la Belgique et qui dépassera plus<br />

tard les 3 millions d’entrées dans les salles françaises<br />

où il était distribué par Studiocanal. Ou encore en<br />

2019, avec la révélation de Lyna Khoudri dans Papicha<br />

de Mounia Meddour, à Un Certain Regard. <strong>2023</strong> est<br />

une nouvelle occasion pour l’Algérie de marquer le<br />

coup avec la première sélection cannoise d’un film en<br />

langue berbère : La <strong>mai</strong>son brûle, autant se réchauffer,<br />

court métrage de Mouloud Aït Liotna, tourné en<br />

Kabylie, à la Quinzaine des Cinéastes.<br />

Depuis sa 2 e édition en 1970 (et la sélection de<br />

L’Opium et le Bâton donc), avec 25 films algériens,<br />

marocains et tunisiens présentés sur un total de 80<br />

qui ont foulé la Croisette, la section parallèle a souvent<br />

fait la part belle aux cinéastes du Maghreb. Parmi eux,<br />

la première femme maghrébine sélectionnée à Cannes,<br />

la Tunisienne Moufida Tlatli qui, après avoir assuré<br />

le montage d’Omar Gatlato, d’Aziza d’Abdellatif Ben<br />

Ammar (Quinzaine des Réalisateurs 1980), de L’Ombre<br />

de la Terre de Taïeb Louhichi (Se<strong>mai</strong>ne de la Critique<br />

1982), de Caméra arabe (Sélection officielle 1987)<br />

et de Halfaouine, l’enfant des terrasses (Quinzaine<br />

des Réalisateurs 1990) de Férid Boughedir, présente<br />

en 1994 sa première réalisation, Les Silences du palais.<br />

À l’affiche, une Hend Sabri âgée de 15 ans dans son<br />

tout premier rôle au cinéma, et au générique, Dora<br />

Bouchoucha, directrice de production [voir p. 37].<br />

Moufida Tlatli reçoit pour Les Silences du palais une<br />

mention spéciale du jury de la Caméra d’or et le film<br />

dépasse les 200 000 entrées dans les salles françaises.<br />

La réalisatrice revient en 2000 pour présenter<br />

La Saison des hommes à Un Certain Regard, puis<br />

l’année suivante, pour intégrer le jury de la Compétition.<br />

Elle s’éteint le 7 février 2021.<br />

La Quinzaine des Cinéastes présente cette année<br />

Déserts de Faouzi Bensaïdi. Le cinéaste marocain, que<br />

l’on aperçoit également devant la caméra de Meryem<br />

Benm’Barek dans Sofia (prix du scénario Un Certain<br />

Regard 2018), retrouve le Festival de Cannes en tant<br />

que réalisateur, vingt ans pile après la sélection à Un<br />

Certain Regard de Mille mois, son premier long. Son<br />

nouveau film, qui sera distribué en France par Dulac,<br />

suit Mehdi et Hamid, deux amis employés d’une<br />

agence de recouvrement, qui sillonnent les villages<br />

du grand Sud marocain dans leur vieille voiture et<br />

jouent aux durs pour faire du chiffre, jusqu’au jour<br />

où une rencontre les entraîne dans un périple mystique.<br />

Les Silences du palais de Moufida Tlatli<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

29


DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />

Nabil Ayouch<br />

et Maryam Touzani<br />

Les deux cinéastes ont connu de beaux succès en<br />

salles, à commencer par le tout récent Le Bleu du<br />

caftan, réalisé par Maryam Touzani, membre du<br />

jury de Ruben Östlund. Sorti en mars dernier sous<br />

pavillon Ad Vitam, le drame enregistre à ce jour<br />

200 000 spectateurs. Sélectionné à Un Certain<br />

Regard en 2019, Adam, son précédent film, a<br />

quant à lui dépassé les 90 000 entrées.<br />

Du côté de Nabil Ayouch, Les Chevaux de Dieu, sa<br />

première sélection cannoise distribuée par feu<br />

Stone Angels, avait atteint les 28 000 billets en<br />

2013, avant que Much Loved, sorti par Pyramide,<br />

multiplie presque ce chiffre par dix (275 000 tickets<br />

en 2015). Le réalisateur passe ensuite lui aussi sous<br />

pavillon Ad Vitam, qui distribue d’abord Razzia<br />

(passé par Toronto en 2017) pour un total de<br />

155 000 entrées, puis Haut et fort en 2021, qui,<br />

malgré sa sélection en Compétition, finit sa course<br />

à 25 000 tickets.<br />

À noter que Nabil Ayouch est également<br />

producteur de C’est eux les chiens… de Hicham<br />

Lasri (Acid Cannes 2013), distribué par Nour Films,<br />

qui avait enregistré 3 600 entrées.<br />

Et le huitième !<br />

Le huitième film de la région sélectionné à Cannes<br />

cette année est le court métrage Ayyar de la<br />

Marocaine Zineb Wakrim, réalisé dans le cadre de<br />

ses études à l’École supérieure des arts visuels de<br />

Marrakech et présenté à la Cinéfondation. Une<br />

section qui avait notamment accueilli Kamal<br />

Lazraq en 2011.<br />

Much Loved de Nabil Ayouch<br />

Difficile d’évoquer les sélections cannoises du Maroc<br />

sans parler de Nabil Ayouch et Maryam Touzani <strong>–</strong><br />

cette dernière faisant partie cette année du jury de la<br />

Compétition. À eux deux, cinq de leurs réalisations<br />

ont été présentées sur la Croisette, des Chevaux de<br />

Dieu (Un Certain Regard 2012) au Bleu du caftan<br />

(Un Certain Regard 2022) en passant par Much Loved,<br />

qui fit sensation à la Quinzaine des Réalisateurs 2015<br />

avant d’être interdit dans le Royaume pour « outrage<br />

grave aux valeurs morales et à la femme marocaine », et<br />

Haut et fort en 2021, premier film marocain en lice<br />

pour la Palme d’or depuis Âmes et rythmes d’Abdelaziz<br />

Ramdani… en 1962.<br />

Du côté de la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, c’est le réalisateur<br />

français Olivier Kaxe qui permet au Royaume<br />

de décrocher en 2016 le Grand prix Nespresso, avec<br />

Mimosas : La Voie de l’Atlas, un western marocain<br />

coproduit avec l’Europe et le Qatar qui suit une<br />

caravane d’hommes et de chevaux dans les montagnes<br />

du Haut-Atlas <strong>–</strong> et qui cumule 25 000 entrées en<br />

France (Ufo Distribution).<br />

Cette année, ce sont deux nouveaux cinéastes marocains<br />

qui viennent présenter, à Un Certain Regard,<br />

leurs premiers longs métrages : Asmae El Moudir pour<br />

La Mère de tous les mensonges, un documentaire qui<br />

plonge dans la mémoire de la famille de la réalisatrice,<br />

son quartier et son pays ; et Kamal Lazraq pour Les<br />

Meutes, un thriller dans les faubourgs populaires de<br />

Casablanca où Hassan et Issam, père et fils, sont<br />

chargés de kidnapper un homme.<br />

Premier film aussi en Sélection officielle, qui fait la<br />

part belle à la jeunesse, avec celui du réalisateur francoalgérien<br />

Elias Belkeddar, Omar la fraise, en Séance<br />

de minuit. Tourné à Alger, le film suit le bandit<br />

éponyme (Reda Kateb) et son acolyte (Benoît Magimel)<br />

en cavale dans la capitale algérienne <strong>–</strong> sortie prévue<br />

le 24 <strong>mai</strong> chez Studiocanal. Enfin, côté Acid, la<br />

réalisatrice tunisienne Sonia Ben Slama présente son<br />

deuxième documentaire Machtat, sans distributeur<br />

français à l’heure de notre bouclage, qui part à la<br />

rencontre de musiciennes traditionnelles chargées<br />

d’animer les cérémonies de mariage.<br />

Avec les Tunisiens Erige Sehiri et Youssef Chebbi, qui<br />

sont respectivement venus présenter Sous les figues et<br />

Ashkal à la Quinzaine des Réalisateurs 2022, ou encore<br />

l’Algérien Amin Sidi-Boumédiène et le Marocain Alaa<br />

Eddine Aljem, dont les films respectifs Abou Leila et<br />

Le Miracle du Saint Inconnu concouraient à la Se<strong>mai</strong>ne<br />

de la Critique 2019, cela fait autant de nouvelles voix<br />

d’un nouveau cinéma maghrébin que le Festival de<br />

Cannes amplifie de plus en plus. De nouveaux films<br />

qui amènent de nouveaux enjeux dans les financements<br />

et les perspectives de diffusion de ces cinémas <strong>–</strong> dans<br />

leurs pays, en France et au-delà.<br />

©Virginie Surd ©UFO Distribution<br />

Slim Mrad<br />

Abou Leila d'Amin Sidi-Boumédiène<br />

30 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


CET ÉTÉ, SORTEZ DE VOTRE COQUILLE !<br />

LE COQUILLAGE (AVEC SES CHAUSSURES)<br />

un film de Dean Fleischer Camp<br />

avec Jenny Slate<br />

L’ATELIER DISTRIBUTION pRéSENTE UNE pRODUcTION cINEREAcH U N E pRODUcTION YOU WANT I SHOULD SUNBEAM TV & FILMS HUMAN WOMAN E N ASSOcIAT I O N AV E c cHIODO BROS. pRODUcTIONS<br />

U N FILM AV E c DEAN FLEIScHER cAMp « MARcEL LE cOQUILL AGE ( AVEc DES cHAUSSURES ) » JENNY SL ATE ROSA SAL AZAR THOMAS MANN ET ISABELL A ROSSELLINI cASTING JESSIcA KELLY<br />

M U S I Q U E DISASTERpEAcE MONTEURS DEAN FLEIScHER cAMp NIcK pALEY DIR E c T I O N ARTISTIQUE STOp-MOTION JEFF BARTLETT WHITE DécORS LIZ TOONKEL D I R E c T E U R DE L A pHOTOGR A p H I E BIANcA cLINE DIR E c T E U R DE L A pHOTOGR A p H I E STOp-MOTION ERIc ADKINS DIR E c T R I c E DE L’ANIMAT I O N KIRSTEN LEpORE cHEF ANIMAT E U R STEpHEN cHIODO EDWARD cHIODO<br />

p R O D U c T E U R S DéLéGUéS pHILIpp ENGELHORN WILLIAM BYERLEY NION McEVOY GEORGE RUSH MIcHAEL R AISLER pRODUcTEURS DEAN FLEIScHER cAMp JENNY SL ATE TERRY LEONARD pRODUIT pA R ELISABETH HOLM p.G.A. ANDREW GOLDMAN p.G.A. cAROLINE KApL AN p.G.A. pAUL MEZEY p.G.A.<br />

D’ApRèS LES pERSONNAGES cRéES pA R DEAN FLEIScHER cAMp ET JENNY SL ATE HISTOIR E DE DEAN FLEIScHER cAMp JENNY SL ATE NIcK pALEY ELISABETH HOLM<br />

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© 2021 Marcel The Movie LLC. Tous droits réservés.<br />

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N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

31


DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />

ENJEUX DE PRODUCTION DU CINÉMA<br />

MAGHRÉBIN, OU COMMENT<br />

FINANCER UNE NOUVELLE VAGUE<br />

L’émergence d’une nouvelle<br />

vague de cinéastes<br />

maghrébins à partir des<br />

années 2010 a remis en<br />

perspective les montages de<br />

production habituels des films<br />

de la région, au point-même<br />

de remettre en question leur<br />

nationalité.En témoignent<br />

entre autres<br />

À Nadim Cheikhrouha,<br />

producteur des Filles d’Olfa, et<br />

Asmae El Moudir, réalisatrice<br />

et productrice de La Mère de<br />

tous les mensonges, à<br />

l’occasion de la sélection de<br />

leurs films à Cannes.<br />

Les Filles d'Olfa de Kaouther Ben Hania<br />

Les films maghrébins entièrement financés par des<br />

fonds locaux se font de plus en plus rares sur les tapis<br />

rouges des grands festivals internationaux, dont celui<br />

de Cannes. À commencer par les films tunisiens, tant<br />

la part de l’État dans les montages de financement<br />

sont de plus en plus minoritaires : « L’enveloppe de<br />

quelque 500 000 dinars [150 000 €] par film octroyée<br />

par le ministère de la Culture n’a pas beaucoup évolué<br />

depuis les années 1990 », remarque Nadim Cheikhrouha,<br />

directeur de la société Tanit Films, basée à Paris, et<br />

producteur des Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania,<br />

en compétition officielle. « À mesure que le cinéma<br />

tunisien gagne en notoriété et que ses auteurs affichent<br />

de plus grandes ambitions, ce montant devient de plus<br />

en plus som<strong>mai</strong>re. »<br />

La France est régulièrement le financeur majoritaire<br />

des productions maghrébines de ces vingt dernières<br />

années, comme cela a été le cas pour le précédent film<br />

de la réalisatrice, L’Homme qui a vendu sa peau <strong>–</strong> porteétendard<br />

de la Tunisie aux Oscars 2021 bien que 20 %<br />

seulement de ses 2 M € de budget en proviennent,<br />

aux côtés de fonds allemands, belges, suédois, qataris<br />

et, donc, français. « Et par-dessus cela, le ministère de<br />

la Culture nous a reproché un film “non-tunisien” ! »,<br />

s’indigne le producteur, le récit suivant un jeune Syrien<br />

dans ses sacrifices pour rejoindre l’Europe.<br />

Un reproche difficilement adressable aux Filles d’Olfa,<br />

dont la genèse a particulièrement mis en lumière la<br />

fertilité, l’exigence, <strong>mai</strong>s aussi les difficultés de financement<br />

des cinémas maghrébins. « Vers 2016, Kaouther<br />

[Ben Hania] entend à la radio le témoignage d’Olfa,<br />

mère de quatre filles dont les deux aînées se retrouvent<br />

emprisonnées en Libye après avoir rejoint les rangs de<br />

Daesh. Fascinée par cette mère, Kaouther prend contact,<br />

convaincue que derrière le simple fait divers se cachait<br />

une histoire de famille, de transmission et d’adolescence<br />

<strong>–</strong> que le prisme journalistique ne parvenait pas à saisir.<br />

Elle part à la rencontre de la famille, établit une relation<br />

de confiance et obtient leur accord pour les filmer dans<br />

un documentaire. Mais les financements ne suivaient<br />

pas : aussi passionnante l’histoire soit-elle, nous avons<br />

essuyé plusieurs refus. »<br />

C’est là que le documentaire prend une nouvelle<br />

tournure et « adopte un dispositif hors du commun »,<br />

dans lequel deux actrices professionnelles, Nour Karoui<br />

et Ichraq Matar, incarnent les deux aînées disparues,<br />

et où l’immense Hend Sabri, « à qui est destiné le rôle »,<br />

endosse par moments le personnage d’Olfa, dans un<br />

jeu de miroir avec la mère de famille. « Les Filles d’Olfa<br />

en devient ainsi un film sur la mise en scène, sur le<br />

cinéma, comme le making-off d’un film qui n’existe pas<br />

et ne ressemble à aucun autre », et qui, dès lors, intéresse<br />

beaucoup plus : la première subvention octroyée est<br />

l’avance sur recettes du CNC. Jour2Fête acquiert<br />

rapidement les droits France, sa structure de ventes<br />

internationales The Party Film Sales les droits monde,<br />

et le projet reçoit l’aide à la coproduction francotunisienne,<br />

fonds de soutien bilatéral entre le CNC<br />

français et le CNCI tunisien. C’est là seulement que<br />

tombent les apports publics du pays, qui, avec les<br />

apports privés, font que la Tunisie représente 20 %<br />

du budget du film (de 900 000 €), contre 60 % de<br />

fonds français <strong>–</strong> les 20 % restants provenant d’Allemagne<br />

et d’Arabie saoudite. « Nous en venons à nous<br />

interroger sur la nationalité de nos films, alors-même<br />

qu’ils traitent de réalités intrinsèquement tunisiennes »,<br />

déplore Nadim Cheikhrouha, déjà en préparation du<br />

prochain film de Kaouther Ben Hania, Mime, pour<br />

lequel « nous n’avons tout simplement pas reçu de soutien<br />

du ministère de la Culture, sans la moindre raison et en<br />

toute opacité. Nous faisons rayonner la Tunisie et ses<br />

talents à l’international, nous investissons dans le pays<br />

généralement le double de ce que nous en percevons, <strong>mai</strong>s<br />

nous faisons face à un mur. »<br />

Bien que la part de soutien public ne doive pas dépasser<br />

le seuil légal de 35 % du budget d’un film, c’est bien<br />

l’opacité des décisions ministérielles tunisiennes qui<br />

est particulièrement pointée du doigt. Lina Chaabane,<br />

©Jour2Fête<br />

32 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


©Festival de Cannes<br />

productrice chez Nomadis Images, société fondée par<br />

Dora Bouchoucha en 1995, atteste que porter des<br />

projets auprès des commissions s’avère de plus en plus<br />

difficile, avec « une résistance de plus en plus grande à<br />

de nouvelles propositions cinématographiques, de registres,<br />

de langages. Il est particulièrement difficile de débuter<br />

comme jeune auteur en Tunisie, et c’est parce que nous<br />

avons acquis une certaine crédibilité que Nomadis Images<br />

peut aujourd’hui accompagner de nouveaux talents. »<br />

Alors même que ce sont ces œuvres qui démarquent<br />

aujourd’hui le pays sur la scène des festivals internationaux<br />

: « Plus qu’une simple libération de la parole, le<br />

cinéma tunisien s’étant toujours démarqué par sa modernité,<br />

les cinéastes se sont affranchis de l’auto-censure »,<br />

analyse la productrice, pour qui, sans chauvinisme<br />

aucun, « les productions de ces dernières années font<br />

probablement du cinéma tunisien le plus intéressant du<br />

monde arabe, de par ses recherches dans le langage<br />

cinématographique, sa diversité de genres et de registres ».<br />

Alors que s’est achevé ces dernières se<strong>mai</strong>nes le tournage<br />

du prochain film de Mohamed Ben Attia, Les<br />

Ordinaires <strong>–</strong> après Hédi, un vent de liberté (Berlinale<br />

2016) et Mon cher enfant (Quinzaine des Réalisateurs<br />

2018) <strong>–</strong> produit par Nomadis Images et Tanit Films,<br />

Lina Chaabane reconnaît que depuis quelque temps,<br />

le Moyen-Orient est devenu un marché, un terrain<br />

d’exposition et, surtout, un guichet de financement<br />

de premier plan. Là où les parts européennes dans les<br />

films co-financés avec l’Europe reste particulièrement<br />

importante, le nombre de films coproduits avec le<br />

Vieux continent tend à la baisse, au profit du monde<br />

arabe [voir p. 44-45] ; en témoigne le non-renouvellement<br />

en 2022 de l’aide à la coproduction francotunisienne,<br />

dont ont bénéficié une trentaine de films<br />

depuis 2017. « Les Ordinaires n’aurait tout simplement<br />

pas existé sans les fonds saoudiens et qataris. Ils sont<br />

aujourd’hui nos premiers interlocuteurs. » Mais en termes<br />

d’exploitation, ce n’est pas dans les salles du monde<br />

arabe <strong>mai</strong>s bien sur ses plateformes de streaming, à<br />

l’instar de Shahid, que ces films engrangent le plus<br />

de bénéfices, bien au-delà des quelque dizaines de<br />

La Mère de tous les mensonges d’Asmae El Moudir<br />

Asmae El Moudir<br />

milliers d’entrées réalisées en France comme en Tunisie,<br />

« bien que ce sont nos films, inscrits dans un nouvel élan<br />

du cinéma tunisien depuis la révolution, qui ont permis<br />

à la distribution de renaître dans le pays » <strong>–</strong> la productrice<br />

faisant notamment référence à Hakka Distribution,<br />

créée en 2013, et à l’historique Ciné 7 ème Art.<br />

À Tunis, Lina Chaabane et Dora Bouchoucha portent<br />

par ailleurs les Ateliers Sud-Écriture, un dispositif d’aide<br />

à la réécriture de scénarios à destination d’auteurs de<br />

premier ou deuxième longs métrages venus d’Afrique et<br />

du monde arabe. C’est par là qu’est passée en 2019 la<br />

Marocaine Asmae El Moudir, qui présente à Un Certain<br />

Regard son documentaire La Mère de tous les mensonges.<br />

« C’est à ce moment que mon film a réellement pris forme »,<br />

explique la réalisatrice, également productrice de son<br />

film, illustration de la nouvelle hybridité des cinémas<br />

maghrébins comme des évolutions des montages de<br />

financement. « On ne peut qualifier ce film ni de documentaire<br />

ni de fiction, ou peut-être s’agit-il des deux à la<br />

fois : c’est mon histoire personnelle et familiale, la construction<br />

de mes propres archives, et qui représente plus d’une<br />

décennie de travail. » Avec un budget final aux alentours<br />

de 600 000 €, La Mère de tous les mensonges a quasi intégralement<br />

été financé par des fonds du monde arabe : le<br />

Maroc évidemment, où il est passé à deux reprises par<br />

les Ateliers de l’Atlas du festival de Marrakech, <strong>mai</strong>s aussi<br />

l’Égypte (Figleaf Studios), le Qatar (Aljazeera, Doha Film<br />

Institute) et l’Arabie saoudite (Red Sea Fund), auxquels<br />

©Insight Films<br />

s’ajoutent quelques partenaires occidentaux, dont Netflix<br />

via son “Fund for Creative Equity”. Et « pour un film<br />

aussi hybride, une sélection à Cannes est une aubaine,<br />

d’autant plus à Un Certain Regard, une section reconnue<br />

comme un amplificateur de voix venus du monde entier »,<br />

s’enthousiasme la cinéaste.<br />

Vendu à l’international par la société autrichienne Autlook<br />

Filmsales, La Mère de tous les mensonges n’a, à l’heure de<br />

notre bouclage, pas encore été acquis par un distributeur<br />

français. À l’exception éventuelle de leurs sorties nationales,<br />

c’est pourtant dans l’Hexagone que les cinémas maghrébins<br />

trouvent une grande partie de leur public, avec des<br />

spectateurs non seulement de plus en plus jeunes, <strong>mai</strong>s<br />

également plus lucides sur les enjeux politiques qui<br />

entourent ces films.<br />

Slim Mrad<br />

Dora Bouchoucha<br />

à La Fabrique Cinéma<br />

La productrice tunisienne est cette année la<br />

marraine de La Fabrique Cinéma, programme de<br />

l’Institut français de repérage et de valorisation des<br />

cinéastes des pays du Sud et émergents, qui<br />

propose un accompagnement sur mesure des<br />

projets de premier ou second film, en partenariat<br />

avec le Festival de Cannes, France Médias Monde et<br />

l’Organisation internationale de la francophonie.<br />

Pour la 15 e édition du dispositif en <strong>2023</strong>, dix projets<br />

venant du Nigéria, du Sénégal, de la Tunisie, du<br />

Liban, de l’Égypte, de l’Argentine, du Chili, du Costa<br />

Rica, d’Inde et des Philippines ont été retenus.<br />

Dora Bouchoucha animera une masterclass le<br />

samedi 20 <strong>mai</strong> à 10h, au pavillon Les Cinémas<br />

du monde.<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

33


DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />

LE NOUVEAU SOUFFLE DU CINÉMA<br />

MAGHRÉBIN DANS LES SALLES FRANÇAISES<br />

Avant que le cru <strong>2023</strong> des sélections maghrébines à Cannes ne débarque sur les écrans dès cet été,<br />

retour sur la sortie des précédents films de la région avec les distributeurs français qui en ont le<br />

plus distribué ces dernières années : Ad Vitam et Jour2Fête.<br />

« C’est formidable ce qui se passe autour du Bleu du caftan »,<br />

se réjouit Grégory Gajos, directeur des ventes chez Ad<br />

Vitam. Et pour cause : après l’avoir lancé sur quelque<br />

130 copies le 22 mars dernier, la société de distribution<br />

a doublé la combinaison au vu de l’engouement autour<br />

du film, pour atteindre un pic de 284 copies en 3 e se<strong>mai</strong>ne.<br />

Le deuxième long métrage de Maryam Touzani cumule<br />

ainsi quelque 200 000 entrées au box-office, soit plus du<br />

double de ce qu’avait enregistré Adam, sorti en février<br />

2020, déjà chez Ad Vitam. Avec une note spectateurs<br />

sur AlloCiné de 4,3 sur 5, « le bouche-à-oreille est excellent<br />

et nous permet de préparer la sortie de nos prochains films<br />

marocains, à commencer par celui de Kamal Lazraq », Les<br />

Meutes, le thriller casaoui présenté à Un Certain Regard.<br />

« C’est un film de genre, sombre, avec des personnages qui<br />

perdent en partie leur humanité. Il ne ressemble pas aux<br />

films maghrébins que nous sommes habitués à voir en<br />

France. »<br />

Prévu sur une centaine de copies dès le 12 juillet, Ad<br />

Vitam espère « la révélation d’un grand cinéaste », un de<br />

plus dans la liste des auteurs internationaux, plus<br />

précisément africains, que la société accompagne. Parmi<br />

eux, les Marocains Nabil Ayouch, Maryam Touzani<br />

<strong>mai</strong>s aussi Sofia Alaoui <strong>–</strong> dont le premier long, Animalia,<br />

récompensé à Sundance, sortira d’ici l’an prochain <strong>–</strong>,<br />

l’Algérien Karim Moussaoui, en préparation de son<br />

prochain film après En attendant les hirondelles (62 000<br />

entrées en 2017), la Sénégalaise Mati Diop (67 000<br />

spectateurs pour Atlantique en 2019) et le Tchadien<br />

Mahamat-Saleh Haroun (9 000 billets pour Lingui, les<br />

liens sacrés en 2021). « Le Maghreb et l’ensemble de<br />

l’Afrique ont des cinématographies émergentes auxquelles<br />

il est d’autant plus important de donner une place sur les<br />

écrans que leurs publics s’avèrent de plus en plus jeunes,<br />

lucides et sensibles aux considérations politiques qui les<br />

entourent », analyse le distributeur. « Il faut également<br />

noter que le public “communautaire” existe bien pour ces<br />

films <strong>mai</strong>s n’en est pas le seul. Avide d’un regard mature<br />

sur son pays d’origine, il est souvent le catalyseur d’un<br />

bon bouche-à-oreille. »<br />

Les Meutes de Kamal Lazraq<br />

C’est notamment ce qu’a ressenti Jour2Fête à la sortie<br />

de Papicha en 2019 qui, avec plus de 250 000 entrées,<br />

est aujourd’hui le deuxième plus gros succès du distributeur.<br />

« Lorsqu’un événement se crée autour de ces films,<br />

les communautés concernées se rendent avec engouement au<br />

cinéma », assurent Sarah Chazelle et Étienne Ollagnier,<br />

codirigeants de la société, « et ce fut d’autant plus le cas<br />

pour Papicha que sa présentation à Cannes et sa sortie<br />

coïncidaient avec les manifestations du Hirak en Algérie.<br />

Ce fut très puissant. »<br />

Plus récemment, une ferveur similaire se fait ressentir<br />

autour d’un autre titre algérien qu’accompagne Jour2Fête,<br />

passé par Venise : La Dernière Reine, épopée historique<br />

d’Adila Bendimerad et Damien Ounouri autour de la<br />

reine Zaphira dans l’Alger du XVI e siècle, devrait dépasser<br />

les 60 000 spectateurs malgré une première hésitation<br />

des programmateurs de salles. « Il n’est pas facile de classer<br />

La Dernière Reine dans une typologie de films précise, tant<br />

il ne ressemble à aucun autre venu d’Algérie. Sans évoquer<br />

ni la guerre, ni les années noires, il reste naturellement un<br />

film d’auteur, historique et en costume, éminemment<br />

©Jour2Fête<br />

féministe, qui plonge dans une période ja<strong>mai</strong>s portée à<br />

l’écran, <strong>mai</strong>s qui reste un film grand public et accessible. »<br />

Sa sortie le 19 avril dernier, deux jours avant la fin du<br />

mois de ramadan, a permis de le placer comme l’événement<br />

des festivités de l’Aïd et de profiter d’un excellent<br />

bouche-à-oreille <strong>–</strong> en témoigne sa note spectateurs de<br />

4,2 sur AlloCiné <strong>–</strong>, à tel point que sa distribution est<br />

passée de 61 copies en 1 e se<strong>mai</strong>ne à une centaine en 4 e .<br />

Après Sous les figues en décembre (33 000 entrées), puis<br />

Ashkal en janvier (24 000), Jour2Fête prépare donc la<br />

sortie de son troisième film tunisien en à peine huit mois,<br />

Les Filles d’Olfa, pour le 5 juillet prochain, dernier jour<br />

de la Fête du Cinéma. « Une date que nous aimons bien<br />

et qui s’est avérée judicieuse par le passé », expliquent les<br />

distributeurs, qui s’attendent entre-temps à « une présentation<br />

retentissante » au Palais des festivals le vendredi 19<br />

<strong>mai</strong>. « Le film est si singulier qu’il peut se targuer de compter<br />

parmi les rares documentaires à avoir intégré la compétition »<br />

<strong>–</strong> un événement qui permettra de définitivement installer<br />

la réalisatrice dans la liste des cinéastes qui comptent,<br />

plus seulement en Tunisie et au Maghreb, <strong>mai</strong>s dans<br />

le monde.<br />

©Ad Vitam<br />

Slim Mrad<br />

Papicha de Mounia Meddour<br />

36 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


semestre <strong>2023</strong><br />

line-up 2e<br />

L’Océan Vu Du Coeur<br />

de Iolande Cadrin-Rossignol et Marie-Dominique Michaud<br />

Documentaire / <strong>2023</strong> / 96 min / 16:9<br />

Le 13 Septembre <strong>2023</strong><br />

Rêves<br />

de Pascal Catheland et Arthur Perole<br />

Documentaire / 2022 / 100 min / 16:9<br />

À venir<br />

Le Gang des Bois<br />

du Temple<br />

de Rabah Ameur-Zaïmeche<br />

Fiction / 2022 / 112 min / 16:9<br />

Le 6 septembre <strong>2023</strong><br />

Festival international du film Entrevues de Belfort et Rétrospective Rabah Ameur-Zaïmeche (2022)<br />

Festival du Film franco-arabe de Noisy-le-Sec (2022)<br />

Première Mondiale | Sélection : Coup de cœur /// 11eme FIFIB (Bordeaux 2022)<br />

Première Internationale | Sélection : Forum /// Berlinale (Berlin <strong>2023</strong>)<br />

Prix Trajectoires BNP Paribas /// Festival International du Film de La Roche-sur-Yon (2022)<br />

Sélection Cannes Séries 2022<br />

Sea Sparkle<br />

de Domien Huyghe<br />

Fiction / <strong>2023</strong> / 98 min / 16:9<br />

À venir<br />

Mention spéciale du Jury Jeunes I Sélection Génération KPlus /// Berlinale (Berlin <strong>2023</strong>)<br />

Mention spéciale du Jury Industry /// Kristiansand International Children’s Film Festival - (Kristiansand <strong>2023</strong>)<br />

alchimistesfilms.com<br />

État Limite<br />

de Nicolas Peduzzi<br />

Documentaire / <strong>2023</strong> / 102 min / 16:9<br />

À venir<br />

Sélection ACID Cannes <strong>2023</strong>


DOSSIER : LE MAGHREB SUR LA CROISETTE<br />

L’AMBITIEUSE RÉNOVATION DE<br />

L’HISTORIQUE CAMÉRA DE MEKNÈS<br />

Sous l’impulsion des habitants<br />

de Meknès et des<br />

distributeurs marocains,<br />

Jamal Tazi, propriétaire du<br />

cinéma historique de la ville<br />

impériale marocaine, a<br />

entrepris de grands travaux<br />

de réhabilitation et de<br />

modernisation de<br />

son établissement.<br />

©Cinéma Caméra<br />

Sa réouverture a eu lieu le 13 <strong>mai</strong>, avec la projectionévénement<br />

de la comédie marocaine du moment,<br />

Dados, en présence de l’équipe du film. Un événement<br />

pour célébrer « une vieille dame qui renaît de ses cendres »,<br />

alors que le cinéma Caméra sort de la première des<br />

trois phases de réhabilitation prévues, qui a consisté<br />

en la remise en état du bâtiment, de la façade et de la<br />

salle de 650 places, ainsi qu’en l’équipement en<br />

numérique. Dans un premier temps, il s’agit « d’un<br />

écran et un projecteur de seconde <strong>mai</strong>n », admet Jamal<br />

Tazi. « Nous allons fonctionner, pendant nos six premiers<br />

mois environ, avec un matériel en très bon état qui nous<br />

vient d’Europe, en attendant de nous fournir en projection<br />

de dernier cri, vers la fin de l’année » <strong>–</strong> une mise à<br />

niveau qui constituera la deuxième phase de l’aménagement.<br />

Dans les prochaines années, la troisième étape se<br />

concentrera sur la restauration, par une équipe d’experts,<br />

de la fresque murale de 80 m², peinte par Marcel<br />

Couderc à l’ouverture du Caméra, en 1938 : un témoin<br />

des 85 années d’histoire du cinéma, implanté au cœur<br />

de Meknès. Fondé par une famille française, les<br />

Sandeau, le cinéma est racheté par Alami Tazi au début<br />

des années 60. Ce dernier construit au même moment<br />

le cinéma Rif, un deuxième mono-écran de 1 000<br />

fauteuils, devenu complexe culturel, dans la nouvelle<br />

ville. Le Caméra, le Rif et deux autres salles de Meknès<br />

restent gérées et programmées par Marius Sandeau,<br />

jusqu’à sa mort au début des années 1990, avant que<br />

le Maroc ne connaisse « une crise absolue du cinéma.<br />

Le piratage s’est développé à vitesse grand V dans le pays,<br />

avec une certaine complaisance des publics cinéphiles,<br />

au détriment des salles de cinéma qui tombaient de plus<br />

en plus en désuétude », déplore Jamal Tazi, également<br />

magnat de l’industrie du textile. « Les disques gravés<br />

illégalement étaient, jusqu’à peu, monnaie courante dans<br />

les pays du Maghreb. Nous avons tenu avec nos projecteurs<br />

35mm jusqu’à ce que l’offre des films en argentique se<br />

soit naturellement tarie. Le Caméra est sous perfusion<br />

financière depuis une quinzaine d’années <strong>mai</strong>ntenant,<br />

<strong>mai</strong>s, au vu de la mobilisation de la communauté cinéphile<br />

et de distributeurs comme Film Event, nous avons<br />

décidé début <strong>2023</strong> de rénover et rouvrir. Sans eux, nous<br />

aurions peut-être cédé aux nombreuses offres de promoteurs<br />

immobiliers, qui voulaient en faire des bureaux ou<br />

un centre commercial. »<br />

Et parce qu’il s’agit d’abord d’une affaire de famille<br />

et d’héritage, la réhabilitation du Caméra, qui coûte<br />

à Jamal Tazi entre 2 et 3 millions de dirhams (180 000<br />

- 270 000 €), ambitionne de « mettre du neuf dans du<br />

vieux » : les 650 sièges, dont 400 à l’orchestre et 250<br />

légèrement inclinables au balcon, restent inchangés,<br />

tandis que les loges, situées en hauteur, peuvent être<br />

privatisées. Les deux projecteurs argentiques<br />

Cinemeccanica, « de vraies Rolls Royce », restent opérationnels<br />

pour des séances spéciales, bien que la nouvelle<br />

programmation du cinéma sera généraliste, pour<br />

s’adresser aussi bien aux familles qu’à un public<br />

étudiant, qui bénéficiera d’un tarif préférentiel de 20<br />

dirhams (1,80 €) <strong>–</strong> Meknès abritant l’Université<br />

Moulay-Ismaïl, fréquentée par 80 000 universitaires.<br />

La place standard coûte quant à elle 30 dirhams en<br />

orchestre (2,70 €), et entre 45 et 50 dirhams en<br />

balcon (4-4,50 €).<br />

Slim Mrad<br />

©Cinéma Caméra<br />

©Cinéma Caméra<br />

38 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


CHIFFRES<br />

COMPARATIF / 5 FILMS, 5 CARRIÈRES, 1 POINT DE COMPARAISON<br />

À l’occasion de la sortie du<br />

10e volet de la franchise<br />

Fast & Furious, petit coup<br />

d’œil dans le rétroviseur<br />

sur les performances en<br />

France des cinq précédents<br />

opus. Une grille qui n’inclut<br />

donc pas le spin-off Hobbs<br />

& Shaw sorti en 2018.<br />

TITRE FAST & FURIOUS 9 FAST & FURIOUS 8 FAST & FURIOUS 7 FAST & FURIOUS 6 FAST & FURIOUS 5<br />

Date de sortie <strong>14</strong>/07/2021 12/04/2017 1/4/2015 22/05/2013 04/05/2011<br />

Distributeur UNIVERSAL UNIVERSAL UNIVERSAL UNIVERSAL UNIVERSAL<br />

Budget (estimé) 200 000 000$ 250 000 000$ 190 000 000$ 160 000 000$ 125 000 000$<br />

Cumul des entrées 2 025 112 3 838 447 4 637 718 2 994 362 2 517 576<br />

1 er jour 468 862 312 235 357 566 323 760 251 889<br />

1 er week-end 1 101 038 1 410 345 1 707 264 1 330 045 1 041 562<br />

Copies 756 713 710 624 500<br />

Moyenne par<br />

copies 1 er we<br />

Cœfficient<br />

Paris/<strong>Pro</strong>vince<br />

Taux de transformation<br />

(cumul des entrées/1 er we)<br />

1 456 1 978 2 405 2 131 2 083<br />

5,58 4,99 5,03 4,64 4,40<br />

x4,3 x12,3 x13 x9,2 x10<br />

Note Spectateur AlloCiné 2,3 3,6 3,7 3,5 3,6<br />

Source CBO-Box Office<br />

TOP 20 DES FILMS AVEC LA MEILLEURE MOYENNE D'ENTRÉES PAR SÉANCE AU 1 ER WEEK-END<br />

RANG<br />

DATE FILM DISTRI.<br />

COPIES<br />

1 ER WE<br />

ENTRÉES<br />

1 ER WE<br />

SÉANCES<br />

1 ER WE<br />

MOYENNE PAR<br />

SÉANCE 1 ER WE<br />

1 25/01/23 PATHAAN DESI ENTERTAINMENT NC 15 117 120 126<br />

2 05/04/23 SUPER MARIO BROS, LE FILM UNIVERSAL 738 1 364 123 15 101 90<br />

3 01/02/23 ASTÉRIX ET OBÉLIX : L'EMPIRE DU MILIEU PATHÉ 772 1 362 290 16 389 83<br />

4 01/03/23 CREED III WARNER 587 932 355 11 595 80<br />

5 03/05/23 LES GARDIENS DE LA GALAXIE, VOLUME 3 DISNEY 611 1 017 381 <strong>14</strong> 447 70<br />

6 01/02/23 BTS : YET TO COME IN CINEMAS PATHÉ LIVE 202 44 670 635 70<br />

7 08/02/23 TITANIC DISNEY 252 <strong>14</strong>9 351 2 321 64<br />

8 08/02/23 ALIBI.COM 2 STUDIOCANAL 680 727 132 13 485 54<br />

9 08/03/23 SCREAM VI PARAMOUNT 427 389 918 8 129 48<br />

10 05/04/23 LES TROIS MOUSQUETAIRES : D'ARTAGNAN PATHÉ 732 602 352 <strong>14</strong> 115 43<br />

11 18/01/23 BABYLON PARAMOUNT 584 392 515 9 367 42<br />

12 22/03/23 LOUIS TOMLINSON : ALL OF THOSE VOICES PATHÉ LIVE 127 10 572 253 42<br />

13 15/02/23 ANT-MAN ET LA GUÊPE : QUANTUMANIA DISNEY 625 588 751 <strong>14</strong> 530 41<br />

<strong>14</strong> 15/02/23 LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI BAC <strong>14</strong>5 58 535 1 511 39<br />

15 04/01/23 TIRAILLEURS GAUMONT 554 374 276 9 944 38<br />

16 22/02/23 THE FABELMANS UNIVERSAL 502 273 926 7 728 35<br />

17 22/03/23 JOHN WICK : CHAPITRE 4 METROPOLITAN 557 357 540 10 241 35<br />

18 08/03/23 MON CRIME GAUMONT 600 322 907 9 772 33<br />

19 01/03/23 LES PETITES VICTOIRES ZINC 365 190 792 5 880 32<br />

20 19/04/23 EVIL DEAD RISE METROPOLITAN 266 168 136 5 336 32<br />

Sources chiffres : Distributeurs | Séances : Showtimes Dashboard by The <strong>Boxoffice</strong> Company.<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

39


CALENDRIER SEMAINE JOUR FÉRIÉ<br />

Zone A Zone B Zone C<br />

CHANGEMENT/NOUVELLE DATE<br />

Besançon, Bordeaux,<br />

Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble,<br />

Aix-Marseille, Amiens, Caen,<br />

Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice,<br />

Créteil, Montpellier,<br />

Paris, Toulouse,<br />

REPRISE<br />

Limoges, Lyon, Poitiers<br />

Orléans-Tours, Reims, Rennes,<br />

Rouen, Strasbourg<br />

Versailles<br />

CONTENU ALTERNATIF<br />

S20<br />

17 MAI<br />

DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />

PATHÉ LIVE DON GIOVANNI (METROPOLITAN OPERA) 03h40 I.Van Hove F.Lombardi, A.Martinez, Y.Fang<br />

UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR FAST & FURIOUS X 02h21 L.Leterrier V.Diesel, M.Rodriguez, T.Gibson<br />

LES ACACIAS FORTUNELLA 01h40 E.De Filippo G.Masina, A.Sordi, G.Celano<br />

TAMASA DISTRIBUTION IL BIDONE 01h48 F.Fellini G.Masina, F.Fabrizi, B.Crawford<br />

ALBA FILMS L'ARBRE À VOEUX 01h30 R.Cussó M.Tapsell, M.Tapsell, R.Noble<br />

LES ACACIAS LA STRADA 01h55 F.Fellini G.Masina, A.Quinn, R.Basehart<br />

ORANGE STUDIO L'HOMME DEBOUT 01h26 F.Vignon Z.Hanrot, J.Gamblin, C.Moreau<br />

MARY-X DISTRIBUTION MISSION 02h05 R.Joffé R.De Niro, J.Irons, R.McAnally<br />

BABAIKA MONSIEUR CONSTANT 01h48 A.Simon J.Drouot, Cali, D.Evenou<br />

FRIDAY ENTERTAINMENT PICHAIKKARAN 2 02h30 V.Antony V.Antony, K.Thapar, M.Khan<br />

NIGHT ED FILMS RAAVANA KOTTAM 02h02 V.Sugumaran S.Bhagyaraj, Prabhu, Anandhi<br />

UFO DISTRIBUTION RAMONA FAIT SON CINÉMA 01h20 A.Bagney L.Hernández, B.Lastra, F.Carril<br />

CARLOTTA FILMS RÉTROSPECTIVE SHINYA TSUKAMOTO, EN 4 FILMS S.Tsukamoto Bullet Ballet/Tetsuo/Tetsuo II/Tokyo Fist<br />

FRIDAY ENTERTAINMENT SIDHUS OF SOUTHALL 02h30 N.Singh S.Mehta, P.Singh, A.Sarkaria<br />

OUTPLAY FILMS SUBLIME 01h40 M.Biasin M.Miller, T.Inama Chiabrando, A.Mazzeo<br />

SEVENTH ART PRODUCTIONS TOKYO STORIES 01h30 D.Bickerstaff<br />

ZINC FILM UMAMI 01h47 S.Sow G.Depardieu, K.Nagatsuka, P.Richard<br />

NIGHT ED FILMS YAADHUM OORE YAAVARUM KELIR 02h30 V.Krishna Roghanth V.Sethupathi, M.Akash, M.Thirumeni<br />

S21<br />

24 MAI<br />

S22<br />

31 MAI<br />

S23<br />

7 JUIN<br />

DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />

DESTINY FILMS FACES CACHÉES 01h40 J.Lawlor et C.Molloy A.Skelly, O.Brady, A.Gillen<br />

TAMASA DISTRIBUTION LA GRANDE BOUFFE 02h05 M.Ferreri M.Mastroianni, U.Tognazzi, M.Piccoli<br />

KMBO LA MALETA 01h48 J.Dorado Á.Morte, V.Echegui, M.Eugenia Suárez<br />

DIAPHANA DISTRIBUTION L'AMOUR ET LES FORÊTS V.Donzelli V.Efira, M.Poupaud, D.Reymond<br />

THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE LA PETITE SIRÈNE 02h15 R.Marshall J.Hauer-King, J.Bardem, H.Bailey<br />

CARLOTTA FILMS LE MÉPRIS 01h45 J.Godard B.Bardot, M.Piccoli, F.Lang<br />

SONY PICTURES RELEASING FRANCE LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE 01h52 T.Baginski F.Janssen, M.Iseman, S.Bean<br />

BODEGA FILMS L'ODEUR DU VENT 01h30 H.Mohaghegh H.Mohaghegh, M.Eghbali<br />

FRA CINÉMA MAURICE BÉJART (OPÉRA DE PARIS) 01h45<br />

STUDIOCANAL OMAR LA FRAISE 01h40 E.Belkeddar R.Kateb, B.Magimel, M.Amiar<br />

CINÉMA SAINT-ANDRÉ DES ARTS PAUL-ARMAND GETTE AU PAYS DES MERVEILLES 01h00 S.Boulloud<br />

SWIFT DISTRIBUTION PLAY DEAD 01h46 P.Lussier B.Madison, J.O'Connell, A.Turpel<br />

SPLENDOR FILMS RÉTROSPECTIVE SEIJUN SUZUKI EN 3 FILMS S.Suzuki<br />

PATHÉ LIVE ROGER WATERS - THIS IS NOT A DRILL (EN DIRECT DE PRAGUE) 02h45 S.Evans R.Waters<br />

TRAFALGAR RELEASING ROYAL OPERA HOUSE : LA BELLE AU BOIS DORMANT (BALLET) 03h25 M.Petipa<br />

DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />

Histoire d'une prostituée/La Barrière de chair/Le Vagabond<br />

de Tokyo<br />

DAISY DAY FILMS AUX MASQUES CITOYENNES 01h35 F.Lacaze<br />

LA NOUVELLE DIMENSION COMME UNE VAGUE 01h27 M.Dallaire<br />

VRAIVRAI FILMS DE L'EAU JAILLIT LE FEU 01h15 F.Mazzocco<br />

CARLOTTA FILMS FLEUR PÂLE 01h36 M.Shinoda R.Ikebe, M.Kaga, T.Fujiki<br />

POTEMKINE FILMS INLAND EMPIRE 02h52 D.Lynch L.Dern, J.Theroux, J.Irons<br />

APOLLO FILMS INVINCIBLE ÉTÉ S.Pillonca<br />

PATHÉ LIVE LA FLÛTE ENCHANTÉE (METROPOLITAN OPERA) 03h30 S.McBurney E.Morley, K.Lewek, L.Brownlee<br />

THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE LE CROQUE-MITAINE R.Savage C.Messina, S.Thatcher, V.Blair<br />

MEMENTO DISTRIBUTION L'ILE ROUGE 01h56 R.Campillo N.Tereszkiewicz, Q.Gutiérrez, C.Vauselle<br />

WILD BUNCH DISTRIBUTION L'IMPROBABLE VOYAGE D'HAROLD FRY 01h48 H.MacDonald J.Broadbent, P.Wilton, L.Bassett<br />

POTEMKINE FILMS LYNCH/OZ 01h48 A.Philippe R.Ascher, J.Benson, K.Kusama<br />

METROPOLITAN FILMEXPORT MON PÈRE ET MOI 01h29 L.Terruso S.Maniscalco, R.De Niro, K.Cattrall<br />

UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR RENFIELD 01h33 C.McKay N.Hoult, N.Cage, Awkwafina<br />

TANDEM SICK OF MYSELF 01h37 K.Borgli K.Thorp, E.Sæther, F.Vaager<br />

DAMNED DISTRIBUTION SPARTA 01h39 U.Seidl G.Friedrich, F.Pop, H.Rehberg<br />

SONY PICTURES RELEASING FRANCE SPIDER-MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE 02h16 J.Dos Santos et K.Powers S.Moore, H.Steinfeld, I.Rae<br />

DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />

OUTPLAY FILMS CAMILA SORTIRA CE SOIR 01h43 I.Barrionuevo N.Dziembrowski, A.Ferrer, C.Rojas<br />

UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR DERNIÈRE NUIT À MILAN 02h05 A.Di Stefano P.Favino, L.Caridi, A.Gerardi<br />

ZINC FILM DES MAINS EN OR 01h30 I.Mergault L.Wilson, S.Testud, J.Balasko<br />

LE PACTE LE PROCESSUS DE PAIX 01h32 I.Klipper C.Chamoux, D.Bonnard, J.Balibar<br />

CGR EVENTS LES RENDEZ-VOUS RTL AU CINÉMA : DANS LA TÊTE DES TUEURS 01h40<br />

MÉTÉORE FILMS LE VRAI DU FAUX 01h22 A.Hostiou<br />

EUROZOOM L'ILE 01h25 A.Damian A.Bălănescu, A.Milea, C.Juncu<br />

SONY PICTURES RELEASING FRANCE LOVE AGAIN : UN PEU, BEAUCOUP, PASSIONNÉMENT 01h45 J.Strouse P.Chopra Jonas, S.Heughan, C.Dion<br />

JOUR2FÊTE LOW-TECH 01h33 A.Bellay<br />

THE JOKERS / LES BOOKMAKERS MARINETTE 01h35 V.Verrier G.Marillier, E.Dequenne, F.Testot<br />

TAMASA DISTRIBUTION MY LOVE AFFAIR WITH MARRIAGE 01h48 S.Baumane D.Dominczyk, M.Modine, M.Pawk<br />

SINGULARIS FILMS PETIT SAMEDI 01h15 P.Sermon-Daï<br />

WAYNA PITCH RÈGLE 34 01h40 J.Murat S.Miranda (II), L.Andrade, L.Comparato<br />

LES FILMS DU CAMELIA RÉTROSPECTIVE FILMS NOIRS DE L'ÂGE D'OR DU CINÉMA MEXICAIN EN 5 FILMS El suavecito/Les Bas-fonds de Mexico/Crepúsculo...<br />

LES FILMS DU LOSANGE RÉTROSPECTIVE JEAN EUSTACHE EN 9 FILMS J.Eustache La Maman et la Putain/La Rosière de Pessac/Les Photos d'Alix...<br />

WARNER BROS. FRANCE RÉTROSPECTIVE WARNER BROS 100 EN 11 FILMS 2001 : L'Odyssée de l'espace/Blade Runner/Casablanca/Joker...<br />

TRAFALGAR RELEASING ROYAL OPERA HOUSE: IL TROVATORE 03h40 A.Pappano Y.Eyvazov, L.Tézier, J.Barton<br />

PARAMOUNT PICTURES FRANCE TRANSFORMERS: RISE OF THE BEASTS 01h57 S.Caple Jr. A.Ramos, D.Fishback, D.Di Rosa<br />

UGC DISTRIBUTION WAHOU ! B.Podalydès K.Viard, B.Podalydès, S.Azéma<br />

40 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


Dates connues à l'heure de notre bouclage. Calendrier susceptible de modifications.<br />

AVIS AUX DISTRIBUTEURS Afin de voir apparaître vos sorties dans les fiches films de <strong>Boxoffice</strong>, n’hésitez pas à faire parvenir<br />

régulièrement votre line up mis à jour à calendrier@boxofficefrance.fr.<br />

S24<br />

<strong>14</strong> JUIN<br />

DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />

PATHÉ CARMEN 01h56 B.Millepied R.de Palma, P.Mescal, N.Da Silva<br />

NEW STORY FIFI 01h48 J.Aslan et P.Saintillan C.Brunnquell, Q.Dol<strong>mai</strong>re, I.Schermann<br />

MOVIEMENTO FILMS GIULIA 01h49 C.De Caro R.Palasciano, V.Di Benedetto, F.Ciavoni<br />

MALAVIDA FILMS JEANNE ET LE GARÇON FORMIDABLE 01h34 O.Ducastel et J.Martineau V.Ledoyen, M.Demy, J.Bonnaffé<br />

PATHÉ LIVE JOHNNY HALLYDAY - PARC DES PRINCES 93 AU CINÉMA 02h57 R.Le Van Kim<br />

JHR FILMS / JOUR2FÊTE LA NUIT DU VERRE D’EAU 01h23 C.Chahine M.Naaman, A.Merheb Harb, N.Baye<br />

ART HOUSE LOVE LIFE 02h04 K.Fukada F.Kimura, K.Nagayama, A.Sunada<br />

L'ATELIER DISTRIBUTION MARCEL, LE COQUILLAGE (AVEC SES CHAUSSURES) 01h30 D.Fleischer-Camp J.Slate, I.Rossellini, R.Salazar<br />

TAMASA DISTRIBUTION RÉTROPSECTIVE VOLKER SCHLÖNDORFF V.Schlöndorff Le Tambour/Le Faussaire/Le Coup de grâce...<br />

APOLLO FILMS / ORANGE STUDIO SEXYGÉNAIRES R.Sykes T.Lhermitte, P.Timsit, Z.Triki<br />

AD VITAM STARS AT NOON 02h17 C.Denis M.Qualley, J.Alwyn, B.Safdie<br />

WARNER BROS. FRANCE THE FLASH A.Muschietti E.Miller, M.Keaton, B.Affleck<br />

LOST FILMS TROIS MILLIARDS D'UN COUP 01h54 P.Yates S.Baker, J.Booth, F.Finlay<br />

S25<br />

21 JUIN<br />

DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />

KMBO 38°5 QUAI DES ORFÈVRES 01h24 B.Lehrer D.Bourdon, C.Anglade, Y.Papin<br />

UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR ASTEROID CITY 01h44 W.Anderson T.Swinton, A.Brody, T.Hanks<br />

PATHÉ LIVE BLISS STORIES : LE SPECTACLE AU CINÉMA 02h00 H.Poulain C.Galey<br />

CARLOTTA FILMS CHOCOLAT 01h45 C.Denis I.de Bankolé, G.Boschi, F.Cluzet<br />

SPLENDOR FILMS DANIEL 02h10 S.Lumet T.Hutton, E.Barkin, M.Patinkin<br />

DEAN MEDIAS DIANA VREELAND: THE EYE HAS TO TRAVEL 01h25 L.Immordino Vreeland D.Vreeland<br />

THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE ELÉMENTAIRE 01h42 P.Sohn L.Lewis, M.Athie, I.Ekakitie<br />

NOUR FILMS IL BOEMO 02h20 P.Václav V.Dyk, B.Ronchi, E.Radonicich<br />

DHR DISTRIBUTION / A VIF CINEMAS LA SORCIÈRE ET LE MARTIEN 01h17 T.Bardinet Y.Kherbouche, K.Mahamoud, T.Dupleix<br />

SONY PICTURES RELEASING FRANCE LE CHALLENGE G.Stupnitsky J.Lawrence, A.Feldman, L.Benanti<br />

DEAN MEDIAS LOVING HIGHSMITH 01h23 E.Vitija G.Christie<br />

ORANGE STUDIO / ALBA FILMS MAGNIFICAT 01h37 V.Sauveur K.Viard, F.Berléand, M.Bergeron<br />

PYRAMIDE DISTRIBUTION NEZOUH 01h43 S.Kaadan H.Zein, K.Aloush, S.Almasri<br />

DEAN MEDIAS PARIS CALLIGRAMMES 02h09 U.Ottinger<br />

DEAN MEDIAS PEGGY GUGGENHEIM, LA COLLECTIONNEUSE 01h36 L.Immordino Vreeland<br />

JOUR2FÊTE POLARIS 01h18 A.Vera<br />

EPICENTRE FILMS PORNOMELANCOLIA 01h34 M.Abramovich L.Santos, Diablo, B.Ley<br />

DEAN MEDIAS QUI A PEUR DE PAULINE KAEL ? 01h35 R.Garver A.Baldwin, F.Coppola, W.Allen<br />

FRA CINÉMA ROMÉO ET JULIETTE (OPÉRA DE PARIS) 03h05 T.Jolly E.Dreisig, B.Bernheim, L.Desandre<br />

SND SISU - DE L'OR ET DU SANG 01h31 J.Helander J.Tommila, A.Hennie, J.Doolan<br />

TAMASA DISTRIBUTION SURO 01h56 M.Gurrea V.Luengo, P.López, I.El Ouahdani<br />

CGR EVENTS ZILLION 02h18 R.<strong>Pro</strong>nt M.Simoni, C.Timmers, B.Sarafian<br />

S26<br />

28 JUIN<br />

DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />

THE JOKERS / LES BOOKMAKERS CHONCHON, LE PLUS MIGNON DES COCHONS 01h13 M.Halberstad H.Ghafry, M.Montsma, K.Prins<br />

LOOKER FILMS DERNIÈRE SÉANCE À BUCAREST 01h15 L.Boeken P.Diaconescu, C.Balint, J.Levy-Boeken<br />

ALFAMA FILMS ELLE S'APPELLE BARBARA 01h21 S.Tréfaut J.Bernardo, H.Bentes, L.Dueñas<br />

STUDIOCANAL FARANG 01h39 X.Gens N.Lyes, O.Gourmet, V.Pansringarm<br />

POTEMKINE FILMS HOUSE 01h28 N.Ôbayashi K.Ikegami, S.Sasazawa, A.Matsubara<br />

LA VINGT-CINQUIÈME HEURE HOW TO SAVE A DEAD FRIEND 01h43 M.Syroechkovskaya<br />

THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE 02h22 J.Mangold H.Ford, P.Waller-Bridge, M.Mikkelsen<br />

LES FILMS DU PRÉAU LA MAISON DES ÉGARÉES 01h45 S.Kawatsura M.Ashida, S.Ôtake, S.Awano<br />

BAC FILMS LA SIRÈNE 01h41 S.Farsi M.Kavani, H.Djavdan<br />

FANNY DORIAN DISTRIBUTION LE MUR QUI NOUS SÉPARE 01h50 N.Lechner L.Freund, T.Bülow, F.Weisz<br />

LES FILMS DU CAMELIA LE SAMOURAÏ 01h45 J.Melville A.Delon, F.Périer, N.Delon<br />

UGC DISTRIBUTION LES VENGEANCES DE MAÎTRE POUTIFARD P.Martin-Laval C.Clavier, I.Nanty, E.Soriano<br />

PANAME DISTRIBUTION PASSAGES 01h31 I.Sachs F.Rogowski, B.Whishaw, A.Exarchopoulos<br />

PATHÉ RHEINGOLD 02h18 F.Akın E.Sakraya, M.Pirzad, J.Goldberg<br />

UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR RUBY, L'ADO KRAKEN K.DeMicco L.Condor, T.Collette, J.Fonda<br />

LE PACTE VERS UN AVENIR RADIEUX 01h35 N.Moretti N.Moretti, M.Buy, S.Orlando<br />

SURVIVANCE YAMABUKI 01h37 Y.Juichiro K.Inori, Y.Kawase, M.Wada<br />

S27<br />

5 JUIL.<br />

DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />

CONDOR DISTRIBUTION À CONTRETEMPS 01h45 J.Diego Botto P.Cruz, L.Tosar, J.Diego Botto<br />

DEAN MEDIAS AU CIMETIÈRE DE LA PELLICULE 01h30 T.Diallo<br />

MOONLIGHT FILMS DISTRIBUTION CLÉO, MELVIL ET MOI 01h13 A.Viard A.Viard, M.Denicourt, R.Bohringer<br />

SONY PICTURES RELEASING FRANCE INSIDIOUS: THE RED DOOR P.Wilson P.Wilson, T.Simpkins, R.Byrne<br />

METROPOLITAN FILMEXPORT JOY RIDE 01h32 A.Lim S.Hsu, A.Park, S.Cola<br />

CAPRICCI FILMS LE DIEU NOIR ET LE DIABLE BLOND 02h00 G.Rocha G.Del Rey, Y.Magalhães, O.Bastos<br />

CARLOTTA FILMS LE MAGNIFIQUE 01h31 P.de Broca J.Belmondo, J.Bisset, V.Caprioli<br />

JOUR2FÊTE LES FILLES D’OLFA 01h50 K.Ben Hania H.Sabri, N.Karoui, I.Matar<br />

PYRAMIDE DISTRIBUTION LUISE 01h35 M.Luthardt L.Aschenbrenner, C.Théret, L.Kunz<br />

HIPPOCAMPE PRODUCTIONS MARINALEDA 00h51 L.Seguin F.Rivière, L.Chessel, P.Belle<br />

SND MIRACULOUS - LE FILM 01h45 J.Zag C.Valenzuela, B.Papenbrook, K.Silverstein<br />

WILD BUNCH DISTRIBUTION PETIT JÉSUS 01h35 J.Rigoulot B.Sanches, A.Bertrand, C.Anglade<br />

ARP SÉLECTION PROMENADE À CRACOVIE 01h15 M.Kudla et A.Kokoszka-Romer R.Polanski, R.Horowitz<br />

PARK CIRCUS FRANCE THELMA ET LOUISE 02h09 R.Scott S.Sarandon, G.Davis, H.Keitel<br />

WAYNA PITCH TINNITUS 01h45 G.Graziosi J.de Verona, A.Lopes, I.Nascimento<br />

À VIF CINÉMAS / THE DARK TOUT LE MONDE M'APPELLE MIKE 01h27 G.Bonnier A.Mohamed, D.Patakia, P.Lottin<br />

STUDIOCANAL UNE NUIT A.Lutz A.Lutz, K.Viard<br />

MALAVIDA FILMS VIE PRIVÉE 01h43 L.Malle B.Bardot, M.Mastroianni, N.Bataille<br />

MÉTÉORE FILMS WELFARE 02h47 F.Wiseman<br />

GAUMONT DISTRIBUTION YO MAMA L.Sy et A.Mariko C.Tagbo, Zaho, S.Larrouy<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

41


INTERNATIONAL<br />

L’ARABIE SAOUDITE<br />

MISE SUR L’OR LUMIÈRE<br />

Cinq ans après la levée de l’interdiction de salles de cinéma qui aura duré 35 ans, le royaume<br />

compte devenir rien de moins qu’un acteur majeur du 7 e art mondial, et se donne les moyens de<br />

ses ambitions. Tour d’horizon du parc, du public et des films, en compagnie de l'un des pionniers<br />

du cinéma saoudien naissant, Faisal Baltyuor.<br />

Bio express<br />

<strong>Pro</strong>ducteur qui compte plus de 40 longs et courts<br />

métrages à son actif depuis 2004, Faisal Baltyor est<br />

actuellement PDG de Muvi Studios (la branche de<br />

production de Muvi Cinemas, le circuit d’exploitation<br />

leader du marché saoudien) et de la société de<br />

distribution CineWaves Films dont il est le<br />

fondateur.<br />

Le jeune dirigeant a en outre été à la tête du Saudi<br />

Film Council, la première entité gouvernementale<br />

fondée pour soutenir l'industrie cinématographique<br />

saoudienne, et mené de nombreuses<br />

initiatives de développement du secteur au<br />

ministère de la Culture. Avant ces rôles, il a travaillé<br />

comme réalisateur et producteur en Australie<br />

pendant 4 ans.<br />

Depuis l’ouverture du premier cinéma (l’AMC Riyadh<br />

Park) en 2018, la croissance du marché saoudien a<br />

été fulgurante. Il comptabilise désor<strong>mai</strong>s 65 cinémas,<br />

593 écrans et 62 000 sièges répartis dans 20 villes et<br />

exploités par 6 opérateurs*. Il a généré, en quatre ans,<br />

3 milliards de riyals saoudiens (800 M $) de recettes.<br />

« Le box-office saoudien représente près de 45 % de<br />

l’ensemble du box-office de la région MENA [Moyen-<br />

Orient et Afrique du Nord, ndlr.], alors qu’on n’est<br />

qu’à un quart du plan de développement de notre parc<br />

de salles, », souligne le producteur et distributeur Faisal<br />

Baltyuor. « Avec l’objectif d'atteindre 2 000 écrans d'ici<br />

2030, il sera l'un des plus performants du monde arabe<br />

comme à l'échelle internationale. »<br />

De fait, avec 35 millions d’habitants en Arabie saoudite<br />

dont 70 % de ressortissants nationaux**, le marché<br />

affiche du volume <strong>mai</strong>s aussi de l’homogénéité, « ce<br />

qui facilite la promotion et la sortie des films. Comme<br />

la population du pays est majoritairement constituée de<br />

nationaux, l'intérêt pour les contenus locaux est plus<br />

évident que dans d'autres pays ». Ainsi, si les films<br />

hollywoodiens et égyptiens sont les plus plébiscités<br />

par les spectateurs saoudiens, des films locaux ont<br />

récemment rencontré de francs succès, en tête desquels<br />

arrive Sattar d'Abdullah Al-Arak. Cette comédie<br />

d’action <strong>–</strong> pour un public « particulièrement friand de<br />

films d'action et de comédies » <strong>–</strong> est restée en tête du<br />

box-office saoudien pendant plus de deux mois, pour<br />

devenir, avec plus de 900 000 entrées, le troisième<br />

plus gros succès “de tous les temps” dans les cinémas<br />

saoudiens, générant près de 24 M $ de recettes dans<br />

le royaume, auxquels s’ajoutent 8,5 M $ supplémentaires<br />

engrangés au Royaume-Uni. Car les films<br />

saoudiens s’exportent aussi à l’étranger. Parmi ses<br />

succès internationaux, « Scales de Shahad Ameen [inédit<br />

en France, ndlr.] a remporté le Prix Verona Film Club<br />

au Festival de Venise et le Tanit de bronze aux Journées<br />

cinématographiques de Carthage en 2019 », précise<br />

Faisal Baltyuor. Sans oublier de citer Haifaa Al-Mansour,<br />

la réalisatrice du tout premier long métrage saoudien,<br />

Wadjda (prix à Venise en 2012 et une nomination<br />

aux Bafta britanniques en 20<strong>14</strong>) ainsi que son The<br />

Perfect Candidate, qui a concouru à Venise et à Londres<br />

en 2019.<br />

Les productions art et essai aussi trouvent de plus en<br />

plus leur public au sein du royaume, comme en atteste<br />

l’ouverture du premier cinéma art et essai du pays,<br />

CineHouse à Riyadh au printemps 2022.<br />

En tant que dirigeant de CineWaves Film, Faisal<br />

Baltyuor détient le gros plus catalogue saoudien de<br />

longs et courts métrages (et entre autres partenaire de<br />

choix de Netflix au Moyen-Orient et en Afrique du<br />

Nord). La structure, qui s’est tout naturellement aussi<br />

tournée vers la production locale, travaille sur des<br />

films grand public comme des films d'auteur qui ont<br />

vocation à « faire le tour des meilleurs festivals internationaux<br />

». Pour preuve, sa dernière coproduction,<br />

Goodbye Julia de Mohamed Kordofani est le premier<br />

film soudanais à concourir à Cannes, dans la section<br />

Un Certain Regard.<br />

©Chapman Taylor<br />

*AMC, Empire, Muvi, Vox, Cinépolis Cinemas et Imax Cinema<br />

** La part de ressortissants nationaux n’est que de 11 % au Émirats arabes unis qui comptait, en mars 2020, 9,5 millions d'habitants dont 8,5 millions d'immigrés, et de 10 % au Qatar<br />

voisin, peuplé de 2,7 millions d'habitants.<br />

Muvi U-Walk Cinema de Riyadh<br />

42 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


©AlShi<strong>mai</strong>si Films/Muvi Studios/Telfaz11<br />

Sattar d'Abdullah Al-Arak, le plus gros hit saoudien<br />

Par ailleurs, le Red Sea Film Festival, devenu en deux<br />

éditions à peine l’un des rendez-vous cinématographiques<br />

les plus importants de la région, présente et<br />

soutient financièrement <strong>–</strong> via son Red Sea Fund <strong>–</strong> des<br />

œuvres saoudiennes comme internationales, dont<br />

Jeanne du Barry de Maïwenn, qui fait l'ouverture de<br />

Cannes cette année [voir l’encart].<br />

L’Arabie saoudite réserve de nombreuses autres<br />

ressources pour le 7 e Art. « La Commission du film offre<br />

soutien et formation aux jeunes cinéastes. Le Fonds de<br />

développement culturel soutient le secteur cinématographique<br />

local à hauteur de plus de 800 millions de riyals<br />

saoudiens (215 M $). Et les nouvelles villes de Neom et<br />

AlUla [destinées à devenir des destinations touristiques<br />

majeures dans le pays, ndlr] ont mis en œuvre des<br />

plateaux de tournage capables d’accueillir d'énormes<br />

productions internationales », liste Faisal Baltyuor. « Tout<br />

cela crée un environnement durable pour l'industrie<br />

cinématographique. » D’autant plus que le cinéma peut<br />

bénéficier d’un atout supplémentaire, et de taille, dans<br />

le royaume : un public jeune <strong>–</strong> près de ⅔ de la population<br />

saoudienne a moins de 35 ans <strong>–</strong> qui témoigne<br />

d’une « appétence unique pour l'expérience cinématographique.<br />

Le marché est en hausse et il y a encore<br />

beaucoup à venir ».<br />

Ayşegül Algan<br />

LE RED SEA FILM FESTIVAL, UNE NOUVELLE ÉTAPE ET UN<br />

NOUVEAU GUICHET DE FINANCEMENT POUR LE CINÉMA<br />

Depuis 2021, le festival international du film se déroule entre novembre<br />

et décembre à Djeddah sur la côté de la mer Rouge, avec l’ambition de<br />

promouvoir le cinéma, <strong>mai</strong>s aussi de faire émerger les cinéastes de la<br />

région et au-delà. Ainsi, le Red Sea Film Fund a déjà soutenu plus de 100<br />

projets de films, à hauteur de <strong>14</strong> M$ pour l’ensemble de ses dotations<br />

sollicitables de la phase de développement à la post-production.<br />

©RSFF<br />

Parmi les films qui ont bénéficié de ce fonds, six font partie des différentes<br />

sélections cannoises : Inchallah un fils d’Amjad Al Rasheed (Jordanie) à<br />

la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, La Mère de tous les mensonges d’Asmae El Moudir<br />

(Maroc), Les Meutes de Kamal Lazraq (Maroc) [voir aussi p.30] et Goodbye<br />

Julia de Mohamed Kordofani (Soudan) à Un Certain Regard, Les Filles<br />

d’Olfa de Kaouther Ben Hania (Tunisie) en compétition officielle [voir<br />

aussi p.29] et Jeanne du Barry de Maïwenn (France) en ouverture du Festival.<br />

La prochaine édition du Red Sea Film Festival aura lieu du 30 novembre<br />

au 9 décembre <strong>2023</strong>. Les candidatures pour le Film Fund s'étalent pour<br />

leur part sur quatre sessions différentes réparties tout au long de l’année.<br />

Cérémonie de clôture du Red Sea Film Festival 2022<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

43


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INTERNATIONAL<br />

©2019 Getty Images<br />

QUE RETENIR DU<br />

CINEMACON <strong>2023</strong> ?<br />

Frenchies du CinemaCon<br />

Parmi les représentants de la France à Las Vegas,<br />

Ice Theatres a été mis en valeur lors de la keynote<br />

de Ajay Bijli, patron des PVR Cinemas indiens qui<br />

ont récemment adopté la technologie Ice [voir<br />

<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du 4 janvier <strong>2023</strong>], tandis que Ciné<br />

Digital a pu profiter de la convention pour marquer<br />

le coup de sa transition de gouvernance avec<br />

Étienne Roux à sa présidence. Enfin, The <strong>Boxoffice</strong><br />

Company (<strong>mai</strong>son mère de <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong>) a<br />

annoncé avoir franchi le cap des 100 clients à<br />

l’international pour ses différents services et<br />

technologies, dont les B&B Theatres, Cinépolis<br />

Cinemas USA, Everyman Media Group PLC et<br />

Landmark Theatres.<br />

L'équipe The <strong>Boxoffice</strong> Company<br />

au CinemaCon <strong>2023</strong><br />

Un gros vent d'optimisme soufflait à Las Vegas, du 24 au 28<br />

avril, sur une convention des exploitants américains qui a enfin<br />

retrouvé ses marques, y compris dans ses relations avec les<br />

studios.<br />

« Nous croyons en la chronologie des médias » : les propos<br />

de David Zaslav, le PDG de la nouvelle entité Warner<br />

Bros. Discovery lors de la présentation du studio, étaient<br />

succincts et puissants pour acter la fin des sorties sallesstreaming<br />

simultanées. Josh Greenstein, le coprésident<br />

du Motion Picture Group de Sony <strong>–</strong> seule major à ne<br />

ja<strong>mai</strong>s avoir expérimenté le day-and-date <strong>–</strong>, confir<strong>mai</strong>t<br />

de son côté qu’aujourd'hui, « même certains streamers<br />

offrent une exclusivité salle à leurs meilleurs films. Les temps<br />

ont bien changé ».<br />

Toutefois, la tendance étant au raccourcissement de cette<br />

exclusivité salle, aux États-Unis comme ailleurs dans le<br />

monde, émerge l’enjeu majeur de « créer le sentiment<br />

d’urgence chez le spectateur pour aller voir un film au<br />

cinéma », comme l’a souligné Tony Chambers, vice<br />

président exécutif de la distribution cinéma de The Walt<br />

Disney Company, lors d’une table ronde du International<br />

Day modérée par Julien Marcel, directeur général de The<br />

<strong>Boxoffice</strong> Company et d’AlloCiné. En effet, si le dayand-date<br />

est désor<strong>mai</strong>s bien relégué au second plan, reste<br />

MICHAEL O’LEARY<br />

NOUVEAU PDG DE LA NATO<br />

Succédant à John Fithian qui a fait valoir ses droits à<br />

la retraite à la fin du CinemaCon, l’avocat et lobbyiste<br />

Michael O’Leary a débuté son mandat depuis le 1 er<br />

<strong>mai</strong>. Il arrive armé de 25 ans d’expérience dans l'industrie<br />

de l’entertainment <strong>mai</strong>s aussi au sein du gouvernement.<br />

Côté secteur privé, le nouveau CEO de la<br />

fédération des cinémas américains a occupé des postes<br />

de direction à la 21st Century Fox, à la Motion Picture<br />

Association et à l'Entertainment Software Association.<br />

l’environnement concurrentiel général qui entoure les<br />

salles de cinéma. D’où une forte accélération de la mise<br />

en valeur de l’expérience grand écran et des salles PLF<br />

comme chez Event Cinemas [voir ci-dessus], <strong>mai</strong>s aussi<br />

des questionnements sur le prix du ticket. « Soyons réalistes,<br />

les entrées en salles avaient baissé avant la Covid, quand le<br />

prix des billets ne faisait qu'augmenter », a alerté Chris<br />

Aronson, le président de la distribution salle de Paramount,<br />

en soulignant les récents succès des Tuesday Bargain Days<br />

de l’été (avec des tarifs réduits) et du National Cinema<br />

Day (avec une place à 3 $ pour tous le samedi 3 septembre<br />

2022). Si la reconduction de cette journée n’est pas encore<br />

actée <strong>–</strong> les exploitants comme les distributeurs américains<br />

penchant vers une opération de plusieurs jours en milieu<br />

de se<strong>mai</strong>ne <strong>–</strong>, « faisons au public une offre qu'il ne pourra<br />

pas refuser », a conclu Chris Aronson.<br />

Ayşegül Algan, en collaboration avec <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> US<br />

À Washington, il a occupé le poste de chef adjoint de<br />

la section de la criminalité informatique et de la<br />

propriété intellectuelle au ministère américain de<br />

la Justice.<br />

46 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


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INTERNATIONAL<br />

Ils l’ont annoncé au<br />

CinemaCon…<br />

Imax étend son parc dans les CMX<br />

Cinemas américains…<br />

Le circuit américain classé 10 e en nombre de salles<br />

(30 cinémas et 326 écrans à travers 8 États) se dote<br />

de 3 salles Imax Laser en Floride. Depuis le début<br />

de leur collaboration en 2017, Imax a déjà équipé 5<br />

sites CMX, dont 3 en Floride où le circuit est déjà<br />

fortement implanté avec 17 cinémas.<br />

… et les Cinemex mexicains<br />

6 nouvelles installations Imax Laser sont prévues<br />

dans des établissements-clés de l’opérateur<br />

mexicain qui fête cette année ses 30 ans. Les 6<br />

nouvelles salles seront réparties entre 4 cinémas de<br />

Mexico et 2 autres sites pour l’heure non annoncés.<br />

Les premières ouvertures sont prévues pour le<br />

dernier trimestre de l’année.<br />

EVENT CINEMAS<br />

DISTINGUÉ PAR SON OFFRE DISTINCTIVE<br />

Dans le cadre de la journée internationale qui a, comme d'habitude, inauguré le CinemaCon,<br />

le leader de l’exploitation australienne et néo-zélandaise a reçu, cette année, le prix<br />

d’excellence. Retour sur les spécificités du circuit <strong>–</strong> et des envies de son public <strong>–</strong>, en<br />

compagnie de Jane Hastings, la PDG d’EVT, la société mère d’Event Cinemas.<br />

©Marl Lane-Event Cinemas<br />

Christie va équiper plus de 200 salles<br />

au Maroc<br />

Les 150 salles prévues dans les <strong>mai</strong>sons de la culture<br />

avec le soutien du ministère de la Culture marocain<br />

<strong>–</strong> qui devraient progressivement ouvrir entre juin <strong>2023</strong><br />

et janvier 2024 <strong>–</strong> seront dotées de systèmes de<br />

projection et son Christie, dont l’intégrateur local<br />

officiel est Global Entertainment, dirigée par Hakim<br />

Chagraoui. Naturellement, ce dernier fait aussi appel à<br />

Christie pour équiper ses 25 multiplexes prévus sous<br />

enseigne Cinerji, dont les premiers devraient ouvrir<br />

dès cet été, à Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès et<br />

une vingtaine d’autres villes moyennes du Royaume.<br />

Cinionic s’étend aux ScreenX…<br />

CJ 4DPlex, l'entreprise sud-coréenne spécialisée dans<br />

les technologies de cinéma, a choisi d’équiper ses<br />

salles ScreenX de projecteurs laser Barco. L’accord<br />

concerne les futures installations et le renouvellement<br />

des salles 270° existantes.<br />

… dans les Cineplex canadiens…<br />

Cinionic installera plus de 800 projecteurs laser dans<br />

les salles du circuit canadien au cours des prochaines<br />

années. Les entreprises commenceront la transition<br />

vers la projection laser plus tard cette année. L'accord<br />

concerne des projecteurs Barco Series 4, ainsi que des<br />

serveurs de médias Barco.<br />

En 2022, les box-office en Australie et Nouvelle-Zélande<br />

ont respectivement atteint 944 millions de dollars<br />

australiens et 150 millions de dollars néo-zélandais. En<br />

bonne voie pour se rapprocher des recettes record de<br />

2016 dans les deux pays (1,25 milliard de dollars australiens<br />

et 201 millions de dollars néo-zélandais).<br />

Le circuit a été particulièrement pionnier et actif sur son<br />

programme fidélité, qui représente 70 % des visites de<br />

ses cinémas australiens. « C’est un outil puissant qui nous<br />

permet de comprendre et de nous connecter directement avec<br />

la majorité de nos clients », commente Jane Hastings. Des<br />

données qui ont, en outre, permis à Event Cinemas de<br />

constater que depuis la fin de la crise sanitaire, tous les<br />

groupes démographiques sont revenus dans les cinémas,<br />

<strong>mai</strong>s aussi qu’ils plébiscitent davantage les séances premium<br />

(qui représentent aujourd'hui 30 % des entrées totales)<br />

et qu’ils dépensent plus à chaque visite. Une tendance<br />

qui doit beaucoup à la stratégie de premiumisation du<br />

groupe, « qui donne de bons résultats, notamment avec un<br />

prix moyen du ticket en hausse de 21,6 % et des dépenses<br />

par client en hausse de 51,9 % par rapport aux chiffres<br />

pré-Covid pour notre circuit australien ».<br />

Si pour la dirigeante, « il ne fait aucun doute que les films<br />

sont au cœur de l'expérience cinéma », elle estime qu’« à<br />

force de nous focaliser sur le film, l'écran et le son, nous avons<br />

fini par concevoir des salles de cinéma qui se ressemblaient<br />

toutes. » Certes, la classe Gold proposée par Event Cinemas<br />

se différenciait par son offre de restauration et ses fauteuils<br />

inclinables de luxe, <strong>mai</strong>s « il s'agissait toujours du même<br />

type de fauteuil. Idem pour notre format PLF* V-Max qui<br />

offrait une expérience cinéma incroyable, <strong>mai</strong>s avec les mêmes<br />

sièges de luxe dans toute la salle ». Le circuit a donc mené<br />

des études approfondies auprès de ses publics, fait tester<br />

différents types d’assises, sondé leur appétit et leur<br />

propension à la dépense. « La réponse a été on ne peut plus<br />

claire : les clients sont prêts à payer plus pour des expériences<br />

différenciantes. » Event Cinemas a donc entrepris d’en<br />

créer en fonction du site et du public, notamment avec<br />

des cinémas “Boutique” arborant chacun son propre<br />

thème (du tapis rouge à la bibliothèque ou à la galerie<br />

d'art). Les salles V-Max <strong>–</strong> qui représentent 10 % du parc<br />

d’Event Cinemas <strong>–</strong> proposent de leur côté désor<strong>mai</strong>s<br />

trois catégories de sièges au sein d'une même jauge : des<br />

classiques à dossier fixe, des recliners et des méridiennes<br />

à l’avant de la salle. « Le spectateur peut choisir l'expérience<br />

qui correspond le mieux à son budget, entre 20 et 48 dollars<br />

australiens** », détaille Jane Hastings en évoquant « le<br />

succès écrasant du concept sur le plan commercial » ainsi<br />

qu’une note spectateur au diapason de sa satisfaction,<br />

« qui confirme que les clients aiment avoir le choix ».<br />

*Premium Large Format<br />

**Entre 12 et 29 euros<br />

Ayşegül Algan<br />

… et aux Malco Theatres américains<br />

Le circuit américain lance une conversion à grande<br />

échelle en projection laser en mettant à niveau sa<br />

flotte de projecteurs xénon Barco Series 2 avec la<br />

solution Laser Light de Cinionic. Cette conversion<br />

représente le plus important déploiement Laser Light<br />

aux États-Unis. À l'échelle mondiale, Cinionic a<br />

récemment franchi le cap des 3 000 unités pour cette<br />

technologie. Pour rappel, la première présentation de<br />

la projection laser de Barco avait été faite lors du<br />

CinemaCon 2012.<br />

RENCONTRE AVEC<br />

ADAM ARON, PDG D'AMC THEATRES<br />

À l’occasion du CinemaCon <strong>2023</strong>, le dirigeant est revenu sur les années de survie et les<br />

nouvelles ambitions du plus grand circuit mondial d’exploitation.<br />

L’accord conclu en 2020 avec Universal pour avancer<br />

l’ouverture de la fenêtre PVOD (vidéo à la demande<br />

premium) de ses titres à 17 ou 30 jours après la sortie<br />

salle a-t-il encore du sens dans les conditions actuelles<br />

du marché ?<br />

Honnêtement, face à tous les autres problèmes que nous<br />

avons eu à résoudre, notamment la survie de notre groupe<br />

pendant une pandémie de trois ans, puis la fréquentation<br />

de 2022 qui était encore en recul de 35 % par rapport à<br />

2019, cette expérience PVOD n'est plus vraiment à<br />

l'ordre du jour. D’autant plus que l’ensemble du secteur<br />

<strong>–</strong> y compris Universal sur les films pour lesquels il ne va<br />

pas utiliser la PVOD <strong>–</strong> est parvenu à un consensus sur<br />

une fenêtre salle de 45 jours.<br />

En 2020 et 2021, les studios ont donné la priorité absolue<br />

à leurs plateformes de streaming. Avec l’arrivée de<br />

Spider-Man : No Way Home, Top Gun : Maverick, Avatar :<br />

48 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


La Voie de l’eau et beaucoup d'autres bons films, les<br />

studios se sont rappelés combien d'argent pouvaient<br />

rapporter les salles et leur impact sur l’événementialisation<br />

des sorties. À partir de là, ils ont à nouveau considéré<br />

l’exclusivité salle comme la manière la plus intelligente<br />

de valoriser leurs actifs.<br />

La crise est-elle derrière nous ?<br />

Le box-office américain, qui peut servir d’indicateur pour<br />

l’ensemble de l'industrie et qui fluctuait entre 11 milliards<br />

et 11,9 milliards de dollars, a chuté à 2 milliards de dollars<br />

avec la pandémie, puis est passé à 4,5 milliards en 2021,<br />

à 7,5 milliards en 2022… Or, notre écosystème est conçu<br />

pour un box-office de 11,5 milliards de dollars, pas pour<br />

des niveaux aussi bas. Pour cette année, les prévisions<br />

oscillent entre 8,5 et 10 milliards de dollars de recettes ;<br />

en tout cas, <strong>2023</strong> sera meilleure que 2022, et 2024<br />

meilleure que <strong>2023</strong>. Finalement, la reprise prendra quatre<br />

à six ans ; disons que le Covid aura été un détour de cinq<br />

ans pour le secteur, et nous en avons déjà parcouru trois.<br />

Comment expliquez-vous la résilience d’AMC<br />

malgré le péril financier ?<br />

Ce qui a fonctionné pour AMC est assez différent de ce<br />

qui s’est passé pour le reste du secteur. Tout le monde<br />

sait comment les actions AMC (comme celles de Gamestop)<br />

sont devenues des actions "mèmes” aux États-Unis, grâce<br />

aux 3-4 millions d’investisseurs particuliers qui ont une<br />

connexion forte avec notre entreprise et sont venus nous<br />

épauler. D’ailleurs, depuis je communique régulièrement<br />

avec eux via Twitter [voir encart, ndlr.]. Ils nous ont<br />

permis de lever beaucoup de fonds.<br />

Dans la foulée du CinemaCon, Adam Aron est, comme<br />

à son habitude, allé à la rencontre de ses spectateursactionnaires<br />

lors d'une avant-première de Mafia Mamma<br />

dans un AMC de Las Vegas.<br />

Vous expérimentez la tarification dynamique aux<br />

États-Unis. En quoi est-ce concept plus difficile<br />

que sa mise en œuvre à l'étranger ?<br />

Parce que c’est nouveau et implique un changement<br />

d'habitude. Mais comme partout ailleurs, ça devrait<br />

marcher aux États-Unis aussi. Nous le testons actuellement<br />

dans trois villes (Kansas City, Chicago et New York) et<br />

étendrons probablement l'expérimentation plus tard<br />

dans l'année.<br />

Avec la fin du décret Paramount en novembre<br />

2020, les studios pourraient à nouveau acquérir<br />

des salles de cinéma et AMC pourrait acquérir<br />

des films. Envisagez-vous de vous lancer dans<br />

la distribution ?<br />

Nous l'avons fait il y a plusieurs années. Vous vous<br />

souvenez peut-être que nous possédions 50 % d'Open<br />

Road, et avons même remporté un Oscar du meilleur<br />

film avec Spotlight.<br />

Nous considérons le contenu comme une possible voie<br />

d'investissement, <strong>mai</strong>s nous n'avons pas encore pris<br />

de décision.<br />

AMC poursuivra-t-il la voie de l'expansion nationale<br />

ou internationale ?<br />

L ’année dernière, j’étais concentré sur la survie du groupe<br />

et je crois qu'AMC a survécu. Le box-office et les bénéfices<br />

augmentent. Nous commençons à regarder au-delà<br />

de la défense et vers l'attaque. Vous vous souvenez peutêtre<br />

que nous avons acheté près de la moitié du circuit<br />

Arclight/Pacific après l’arrêt des activités de Pacific Theatres<br />

au printemps 2021, nldr.]. Nous avons également acquis<br />

plus de la moitié du circuit Bow Tie dans le nord-est.<br />

Nous parlons avec plusieurs autres circuits de la possibilité<br />

de combiner nos forces et AMC continuera d’étendre<br />

sa flotte si l’on trouve des cinémas attrayants, dans des<br />

emplacements de choix, et à des conditions économiques<br />

intéressantes.<br />

Ayşegül Algan, en collaboration avec Daniel Loria<br />

©AMC<br />

©Adam Aron ©Patrick Reichboth<br />

The Silverback CEO<br />

Alors même qu’il naviguait en pleine tempête de la<br />

crise sanitaire et de la fermeture des cinémas,<br />

Adam Aron est devenu l’une des figures les plus<br />

publiques et “connectées” du secteur. Le<br />

"silverback" comme le surnomment les millions<br />

d'investisseurs particuliers qui ont sauvé AMC au<br />

cours de l'année 2021 en s’organisant via Reddit et<br />

les réseaux sociaux, est lui-même devenu un as de<br />

Twitter et YouTube pour communiquer avec ses<br />

actionnaires, dits les “apes”. Le circuit leur organise<br />

régulièrement des projections spéciales, où<br />

l'attraction est moins le film que la présence<br />

d'Adam Aron. Ce dernier est même monté sur le<br />

char d'AMC à l’emblématique défilé floral de la<br />

Rose Parade en 2022, à Pasadena en Californie,<br />

avec certains de ses abonnés Twitter.<br />

En Allemagne, la fenêtre<br />

salle des films locaux<br />

raccourcit<br />

Les professionnels du secteur cinématographique<br />

allemand ont acté, le 2 <strong>mai</strong>, une révision des<br />

fenêtres d’exploitation des films financés par des<br />

fonds publics tels que ceux du Fonds fédéral de<br />

cinéma (FFA) et différents fonds régionaux (comme<br />

le FFG de Bavière). L’accord prévoit un raccourcissement<br />

de l'exclusivité salle de ces titres subventionnés<br />

de 6 à 4 mois, comme pour le reste des<br />

sorties. Il permettra en outre d'alléger le FFA de<br />

nombreuses demandes de dérogation qui lui<br />

parvenaient ces dernières années.<br />

A.A.<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

49


L'ÉMISSION<br />

Il ne faut pas réglementer contre le secteur<br />

BRUNO LASSERRE, AUTEUR DU RAPPORT CINÉMA ET RÉGULATION<br />

À voir ou à revoir,<br />

Émission disponible<br />

sur notre chaîne YouTube :<br />

Dans la foulée de son audition par la<br />

Commission des affaires culturelles de<br />

l’Assemblée nationale le 10 <strong>mai</strong>, Bruno<br />

Lasserre était l’invité de l’Émission <strong>Boxoffice</strong><br />

<strong>Pro</strong>. Occasion de procéder à une étude de<br />

texte approfondie de son rapport, qui sert<br />

désor<strong>mai</strong>s de base à une large concertation<br />

pour réviser les mécanismes de régulation<br />

de la distribution et de l’exploitation.<br />

« Tout le secteur reconnaît que le cinéma est à la fois une<br />

industrie et un art, qu’il faut des acteurs économiques qui<br />

investissent et trouvent leur rentabilité, <strong>mai</strong>s aussi une<br />

régulation qui incite à atteindre des objectifs qui ne peuvent<br />

être seulement ceux du marché », pose en préambule<br />

l’ancien président de l’Autorité de la concurrence,<br />

missionné par les ministères de la Culture et de l'Économie.<br />

Et, au sortir d’une « crise sans prédédent », le<br />

diagnostic de l’expert est plutôt positif : « En combinant<br />

astucieusement une meilleure régulation et une plus grande<br />

liberté des acteurs, tous les outils sont en place pour retrouver<br />

le chemin qu’on a connu pendant les années 2010, avec les<br />

fréquentations annuelles à plus de 200 millions d’entrées. »<br />

Alors ce rapport, qui a naturellement suscité de nombreuses<br />

réactions, est-il ultra libéral ou régulateur d’après son<br />

auteur ? « Ni l’un ni l'autre, ou les deux à la fois », répond<br />

l’intéressé. Dans le do<strong>mai</strong>ne des cartes illimitées, « spécificité<br />

du marché français », Bruno Lasserre préconise plus<br />

de liberté : « Il n'y a pas de raison que l’État agrée le prix<br />

de vente proposé par les exploitants. » Le spécialiste incite<br />

d’ailleurs ces derniers à développer des offres tarifaires<br />

plus différenciées (jeunes, se<strong>mai</strong>ne/we), dans un contexte<br />

d’inflation où « comme on le voit pour les plateformes de<br />

streaming ou le sport, l’abonnement sécurise, notamment<br />

les jeunes. C’est aussi un moyen de fidéliser et d’attirer de<br />

nouveaux publics ». Toutefois, un recentrage de la régulation<br />

du tarif de référence, autour de 5 euros actuellement,<br />

offrirait plus d’équité et de transparence dans la répartition<br />

des recettes. « Deux scénarios sont proposés pour le<br />

calculer : le calcul notionnel, ou un calcul plus simple, qui<br />

ont chacun leurs avantages et inconvénients que nous avons<br />

essayé de lister en toute sincérité sans prendre parti. »<br />

Parmi les choses à ne pas changer dans le fonctionnement<br />

spécifique du secteur, et « contrairement à ce qui avait<br />

été suggéré il y a plusieurs années », le rapport ne préconise<br />

pas davantage de formalisme dans les relations commerciales<br />

distributeurs/exploitants. « Il ne faut pas réglementer<br />

contre le secteur. Il y a là quelque chose qui repose sur l’oral<br />

et la confiance entre les acteurs, une souplesse et adaptation<br />

de tous les instants qu’il n’y a pas intérêt à bureaucratiser<br />

ou rigidifier. » D’autant plus que, d'après les retours de<br />

la profession, « le contrat écrit n’était pas une demande<br />

particulière des acteurs, y compris du côté des plus fragiles<br />

et moins puissants ». En outre, il ne change pas le rapport<br />

de force, et « son absence n’est pas un obstacle pour saisir<br />

le médiateur du Cinéma en cas de désaccord », souligne<br />

Bruno Lasserre.<br />

Par contre, les engagements de programmation, qui ont<br />

été de facto interrompus par la crise sanitaire, sont à<br />

repenser en les replaçant dans leur objectif. Car aujourd'hui,<br />

ils relèveraient parfois de l’effet d’annonce ou de la posture,<br />

« alors qu’en réalité, leur contenu n’est pas toujours très<br />

ambitieux », note l’expert, qui préconise que le CNC<br />

puisse « se substituer aux exploitants s’ils ne proposent pas<br />

eux même des engagements ou si ces derniers sont insuffisants ».<br />

Et pour assurer leur respect, en dehors des sanctions<br />

classiques, « qui seraient un peu “l'arme atomique” », la<br />

possibilité de leur subordonner le <strong>mai</strong>ntien des aides à<br />

l'exploitation permettrait de « responsabiliser les acteurs.<br />

C’est le seul moyen de crédibiliser et donner sa force à un<br />

outil qui marche ». Reste à trouver le bon équilibre dans<br />

le contenu des engagements promus, « ni être trop ambitieux<br />

ni trop souples », et surtout, « simples à vérifier,<br />

notamment pour respecter la conditionnalité des aides ».<br />

La sélectivité supplémentaire préconisée pour le classement<br />

art et essai n’est qu’une « évolution à la marge », selon<br />

Bruno Lasserre, qui reconnaît que « le système actuel<br />

fonctionne bien », <strong>mai</strong>s relève des « injonctions contradictoires<br />

» : « On nous dit à la fois qu’il n’est pas normal que les<br />

films d’auteur dont on sait qu’ils trouveront le succès,<br />

bénéficient de la recommandation art et essai, et de l’autre,<br />

que les salles art et essai des petites villes et régions rurales<br />

ont besoin de films d’auteur qui marchent aussi pour faire<br />

venir le public et préserver la rentabilité fragile de leurs<br />

salles. » D'où la proposition de pondérer les critères<br />

artistiques traditionnels avec des critères économiques<br />

tenant compte de l’ambition commerciale <strong>–</strong> et donc des<br />

plans de sortie <strong>–</strong>, dont tous les détails ne sont pas encore<br />

définis. Des mesures qui suscitent des réactions différentes<br />

chez les exploitants, en témoignent celles de Jean Villa<br />

[p. 61] et celles entendues lors de l’AG du SFTC [p. 52],<br />

celles de l’Afcae [p. <strong>14</strong>], et par ailleurs du Scare [p. 18]<br />

ou de l’Acid [p. 22].<br />

Enfin sur la chapitre de la protection des actifs culturels,<br />

l’auteur du rapport souligne le besoin d’établir une<br />

différence entre les salles et les catalogues, qui ne sont<br />

pas à classer “actifs stratégiques” de la même manière.<br />

« Ce n’est pas l’interdiction faite aux acteurs étrangers d’acheter<br />

des salles qui va préserver notre incomparable réseau de<br />

salles », la sauvegarde de ce dernier relevant plus de<br />

questions d’urbanisme, d’aménagement du territoire, de<br />

soutien des élus… Bruno Lasserre rappelle au passage<br />

que c’est un Américain, Charles Cohen, qui rénove<br />

actuellement l’emblématique salle patrimoniale de la<br />

Pagode à Paris avec un budget de 15 M €. Et, « s’il y avait<br />

le risque que tel cinéma, propriété d’un acteur non-européen,<br />

influe sur la programmation <strong>–</strong> pour des raisons culturelles,<br />

politiques ou morales <strong>–</strong>, alors les engagements de programmation<br />

sont là pour y répondre ». Du côté des catalogues,<br />

où le risque est celui d’un manque d’exploitation suivie,<br />

« qui pourrait priver le public d’accès à ces œuvres, souvent<br />

cofinancées par des fonds publics et qui font partie du<br />

patrimoine français », le texte préconise de revoir les<br />

mécanismes de protection légiférées en 2021 plutôt que<br />

les libéraliser.<br />

Depuis le 3 avril dernier, la balle est dans le camp du<br />

gouvernement et du parlement, « certaines propositions<br />

relevant de la loi, d’autres de décrets, parfois de règlements<br />

généraux, parfois aussi de bonnes pratiques qui peuvent<br />

être mises en œuvre sous l’égide du CNC ». Ce dernier<br />

mène la concertation autour des 13 propositions du<br />

rapport. « Il faut discuter et bâtir un consensus et trouver<br />

le bon équilibre », conclut son auteur. « Je fais confiance<br />

à tous pour y arriver. »<br />

Ayşegül Algan<br />

50 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


VIE SYNDICALE<br />

De g. à d. : Lionel Bertinet, directeur du cinéma du CNC, Catherine Verliac,<br />

directrice adjointe du cinéma, Richard Patry, président de la FNCF,<br />

François Thirriot, président du SFTC, Cédric Aubry, président adjoint du SFTC,<br />

et Corentin Bichet, chef du service de l'exploitation du CNC.<br />

©Tanguy Colon<br />

ÉNERGIE, RAPPORT LASSERRE ET<br />

DISPOSITIFS SCOLAIRES AU MENU DU SFTC<br />

Le Syndicat français des théâtres cinématographiques organisait sa 1<strong>14</strong> e assemblée générale les<br />

9 et 10 <strong>mai</strong> à Bernay. L’occasion d’aborder les principales questions d'actualité de l’exploitation.<br />

Après le Max Linder parisien en 2022, le SFTC avait<br />

délocalisé cette année son AG en Normandie, au sein<br />

du flambant neuf Multi Rex de Bernay, ouvert fin<br />

décembre par Richard Patry et la famille Reynaud. Près<br />

de 150 professionnels avaient répondu à l’invitation de<br />

François Thirriot, président du syndicat, pour venir<br />

découvrir en avant-première le nouveau film de Jean-<br />

Pierre Améris, Marie-Line et son juge, avec Louane et<br />

Michel Blanc (Ad Vitam), célébrer les 90 ans de l’Entraide<br />

lors d’une soirée festive, qui a également vu Anne-Claire<br />

Brunet être décorée du mérite cinématographique, et<br />

surtout échanger sur les enjeux du secteur.<br />

Après l’adoption des rapports financier et moral par les<br />

adhérents du SFTC, Richard Patry, président de la FNCF,<br />

a, en amont des discussions, tenu à rassurer les troupes :<br />

« Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, certes, <strong>mai</strong>s<br />

nous avons eu raison de tenir et de nous battre. Nous gagnons<br />

des spectateurs chaque se<strong>mai</strong>ne par rapport à l’an passé. Et<br />

pour moi, nous terminerons l’année <strong>2023</strong> au minimum à<br />

180 millions d’entrées, si ce n’est bien plus. » Une estimation<br />

partagée par l’assemblée, convaincue également que l’offre<br />

riche et diversifiée continuera de convaincre le public.<br />

D’autant plus que la salle de cinéma n’a ja<strong>mai</strong>s été autant<br />

plébiscitée depuis trois ans, en témoignent les récentes<br />

prises de paroles des majors américaines [voir page 46].<br />

« À CinemaCon, les studios ont enfin compris que les plateformes<br />

de streaming n’étaient pas génératrices de valeur. Que<br />

la salle reste moderne et surtout indispensable à la promotion<br />

des films », a complété, plein d’optimisme, Richard Patry.<br />

Après ce propos liminaire, les échanges se sont ensuite<br />

concentrés sur les questions énergétiques, Cédric Aubry,<br />

président adjoint du SFTC, admettant que, « après, les<br />

sueurs froides de 2022, le pic a été atteint et, même si nous<br />

ne retrouverons ja<strong>mai</strong>s des tarifs équivalents à ceux d’avant<br />

crise, les contrats se sont nettement améliorés ». Pour Richard<br />

Patry, « l’anticipation doit être le maître-mot : si votre contrat<br />

arrive à échéance dans six mois, il faut vous en occuper dès<br />

<strong>mai</strong>ntenant ». De plus, « pour payer moins, il faut consommer<br />

moins », et le président de la FNCF a salué les pistes<br />

formulées par la charte de sobriété énergétique dévoilée<br />

au dernier Congrès.<br />

Toujours dans cette optique, les discussions avec les<br />

pouvoirs publics avancent concernant le plan laser, soit<br />

la bascule de l’intégralité du parc en projection laser,<br />

représentant un coût d’environ 400 M€. « Le CNC n’a<br />

pas les moyens de mettre en place un plan unique comme<br />

CineNum il y a une dizaine d’années. Les ressources des<br />

comptes de soutien n’ont pas cru comme à l’époque », a<br />

expliqué Lionel Bertinet, directeur du cinéma du CNC.<br />

Comme évoqué lors de l’AG de la Chambre syndicale<br />

des cinémas du Nord-Pas de Calais en avril [voir <strong>Boxoffice</strong><br />

<strong>Pro</strong> n°443], la FNCF travaille sur plusieurs pistes de<br />

financement que pourront solliciter les salles, auprès des<br />

collectivités par exemple, même si François Thirriot a<br />

alerté sur le risque « d’une aide inégale en raison de certaines<br />

régions moins enclines à des projets de soutien ». Des réflexions<br />

qui s’inscrivent plus largement dans les réductions de<br />

consommation énergétique demandées par le décret<br />

tertiaire, dont la première échéance se profile en 2030.<br />

L’autre thème qui a alimenté les échanges concerne le<br />

rapport Cinéma et régulation, présenté par Bruno Lasserre<br />

début avril [voir page 50]. Si la non remise en cause du<br />

partage des recettes avec les distributeurs/ayants droits a<br />

été saluée, deux aspects font particulièrement crisser des<br />

dents les exploitants. D’une part, le conditionnement<br />

des aides au respect des engagements de programmation<br />

et de diffusion est « une mesure assez violente », dixit Richard<br />

Patry, l’exploitation militant également pour un « choc<br />

» de simplification de ces engagements. D’autre part, le<br />

contingentement ou la pondération moins favorable des<br />

films “porteurs” dans le classement art et essai et le calcul<br />

des aides sélectives inquiètent. « Il doit y avoir une réforme,<br />

nous sommes tous d’accord pour dire que le système est<br />

vieillissant. Mais cela ne doit pas aboutir à l’exclusion de<br />

300 salles ou plus du classement art et essai. La FNCF se<br />

battra pour protéger celles qui ne sont peut-être pas les plus<br />

fortes dans la diffusion de l’art et essai, <strong>mai</strong>s qui font, en<br />

proximité et en territorialité, un travail important. Voir<br />

disparaître des villes moyennes des salles classées serait une<br />

catastrophe pour l’ensemble du secteur. » Vigilant à ce que<br />

cette réforme « serve toutes les parties », le CNC a, plus<br />

globalement, assuré qu’il n’y aurait pas de grande discussion<br />

avec toute la profession pour évoquer les différentes<br />

préconisations du rapport, qui seront étudiées davantage<br />

au cas par cas.<br />

Enfin, outre le succès salué du pass Culture, la question<br />

de l’éducation à l’image a été abordée, Aurélie Delage,<br />

en charge de la commission dédiée à la FNCF, proposant<br />

au CNC de « mutualiser les efforts afin de mettre en place<br />

une grande campagne de communication autour des dispositifs<br />

scolaires ». « Si la France est un des pays qui a vu revenir<br />

le plus massivement les jeunes en salles depuis la crise, c’est<br />

en partie grâce à ces dispositifs. Il est important dans les<br />

prochains mois d’organiser des Assises avec l’Éducation<br />

nationale, le ministère de la Culture, le CNC et les salles<br />

sur la relance de ces dispositifs. Il faut aussi trouver des<br />

moyens pour les formations d’enseignants, car sans leur relais<br />

dans les établissements scolaires, ces dispositifs seront en<br />

danger », a conclu Richard Patry.<br />

Tanguy Colon<br />

52 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


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ÉGALITÉ<br />

UN ACCORD SUR L'ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES<br />

DANS L’EXPLOITATION<br />

Le tout premier accord de<br />

branche sur l'égalité<br />

professionnelle entre les<br />

femmes et les hommes a<br />

été signé fin février par les<br />

organisations syndicales,<br />

et doit <strong>mai</strong>ntenant être<br />

étendu à l’ensemble des<br />

cinémas.<br />

La parité n’est pas synonyme d’égalité. C’est ce<br />

qu’ont montré les travaux entrepris dans le secteur<br />

de l’exploitation depuis quatre ans, dont les constats<br />

ont été intégrés aux rapports de branche annuels<br />

depuis 2020, venant compléter le comparatif<br />

femmes-hommes déjà réalisé. « Nous avons senti<br />

que le sujet était himalayesque et avons commencé<br />

par des outils pratiques pour éveiller les consciences »,<br />

relate Odile Tarizzo, présidente de la commission<br />

des affaires sociales à la FNCF depuis 2010. En<br />

effet, dans un secteur qui emploie autant de<br />

femmes que d’hommes <strong>–</strong> contrairement à beaucoup<br />

d’autres branches du cinéma [voir p. 55] <strong>–</strong> , le<br />

diagnostic a révélé de fortes disparités dans la<br />

répartition des métiers, y compris dans les formations<br />

suivies. « Ensuite, nous avons constaté que la<br />

proportion des femmes diminuait dans le temps<br />

lorsqu'elles atteignaient l'âge de 30 ans, soit au<br />

moment de la maternité, difficilement conciliable<br />

avec les horaires de notre activité. » Enfin, les différences<br />

de salaires pour un même poste persistent,<br />

et sont d’autant plus marquées sur les postes<br />

d’encadrement.<br />

Ces constats ont mobilisé les partenaires sociaux,<br />

« aussi bien du côté des salariés que des employeurs,<br />

avec le ferme engagement de faire avancer paritairement<br />

la branche sur ces questions », et qui ont<br />

d’abord travaillé en commission réduite pour<br />

établir deux documents : un livret Conciliation<br />

vie professionnelle et familiale, « car les employeurs<br />

Un accord en 5 points<br />

« Les facteurs d'inégalités sont à la fois le résultat de<br />

pratiques qu'il faut améliorer, <strong>mai</strong>s aussi de<br />

stéréotypes et de croyances qu'il faut faire évoluer »,<br />

s’accordent les partenaires sociaux qui ont choisi<br />

d’intervenir sur les cinq do<strong>mai</strong>nes d’actions<br />

suivants, auxquels sont associés des objectifs de<br />

progression et des mesures permettant de les<br />

atteindre : le recrutement, la rémunération, la<br />

formation professionnelle, l’articulation entre la vie<br />

professionnelle et la vie personnelle, ainsi que la<br />

prévention du harcèlement sexuel et des<br />

agissements sexistes<br />

ne connaissaient pas forcément les éléments de facilitation<br />

du code du travail ou de la convention collective », et un<br />

guide de bonnes pratiques sur l'Égalité professionnelle.<br />

Mais ces deux textes <strong>–</strong> à disposition sur le site de la FNCF<br />

<strong>–</strong>, restent des outils informatifs dont chacun fait ce qu’il<br />

veut. « En revanche, un accord de branche s’impose aux<br />

parties et s’applique à l’ensemble des entreprises. Il peut<br />

donner lieu à des alertes et rappels à l’ordre, même si nous<br />

ne l’avons pas voulu coercitif », et rappelle qu’il existe, sur<br />

la discrimination liée au sexe, des obligations légales et<br />

des sanctions, au civil comme au pénal.<br />

Odile Tarizzo, exploitante des 3 Palmes<br />

à Marseille, préside la commission des<br />

affaires sociales de la FNCF depuis 2010<br />

L’accord signé porte sur cinq do<strong>mai</strong>nes : le recrutement,<br />

la rémunération, la formation professionnelle, l’articulation<br />

entre vie professionnelle et vie personnelle et la<br />

prévention du harcèlement sexuel et des agissements<br />

sexistes. S’il s’inscrit dans la lignée des formations contre<br />

les violences sexistes mises en place par le CNC, obligatoires<br />

pour les managers, l’accord sera quant à lui diffusé<br />

à l’ensemble des personnels. « Une vision plus générale,<br />

pour contribuer à faire évoluer les mentalités. »<br />

Améliorer les pratiques pour faire évoluer<br />

les stéréotypes<br />

Et en effet, au-delà des actions concrètes à mettre en<br />

place, le texte interroge les relations hommes/femmes et<br />

les stéréotypes dans l’ensemble de la société. « Nous<br />

abordons par exemple la mono parentalité ou suggérons<br />

indirectement que le couple, aujourd’hui, ne se limite plus<br />

à un homme et une femme. De façon générale, nous avons<br />

essayé d’avoir un degré d’ouverture, au-delà des schémas<br />

classiques, pour coller à l’évolution de la société et montrer<br />

que les choix de vie personnelle peuvent impacter la vie<br />

professionnelle. » Pour Odile Tarizzo, c’est l’un des points<br />

les plus importants de l’accord, et celui qui est d’ailleurs<br />

le plus développé.<br />

Tout d’abord parce que « la cassure qui intervient au<br />

moment de la maternité entraîne beaucoup de temps partiel,<br />

freine l’évolution des carrières et de la rémunération dans<br />

le temps ». Et parce que les attentes des salariés ont changé<br />

dans la société post-Covid, elles doivent être prises en<br />

compte par les employeurs, dans une juste mesure. « On<br />

constate aujourd’hui, notamment au moment du<br />

recrutement, que les salariés ont tendance à faire<br />

passer leur vie personnelle au premier plan. Il est<br />

donc essentiel de l’entendre pour favoriser leur<br />

intégration et permettre un climat de travail plus<br />

serein… sous réserve de respecter l'organisation<br />

spécifique de nos entreprises, avec du travail en soirée<br />

et le week-end », précise Odile Tarizzo.<br />

©FNCF - Jean-Luc Mege Photography<br />

L’égalité suit l’évolution des métiers<br />

Un accord sur l’égalité, donc, qui profitera à<br />

tous. «Traditionnellement, les hommes étaient en<br />

cabine et les femmes à l’accueil. Un état d’esprit<br />

qui doit changer, d’autant plus que l'évolution des<br />

métiers de l'exploitation implique aujourd’hui<br />

beaucoup de polyvalence. Il faut faire descendre la<br />

cabine dans le hall et inversement, même s’il y a<br />

encore beaucoup de réticences aujourd’hui. » Ce<br />

qui implique de développer la formation, non<br />

seulement pour les femmes, <strong>mai</strong>s aussi pour les<br />

hommes, sur des fonctions qu’ils occupaient peu<br />

jusqu’à présent.<br />

Le suivi se fera chaque année dans le cadre du<br />

rapport de branche obligatoire, d’après les<br />

données d’Audiens, très fiables depuis les remontées<br />

de la DSN (Déclaration sociale nominative).<br />

« Ceci nous donne une photo précise en termes<br />

quantitatifs, et pour ce qui est d’évaluer la conciliation<br />

avec la vie personnelle, ce sont les représentants<br />

syndicaux qui font remonter les informations<br />

via les CSE des entreprises. »<br />

L’accord a été signé le 21 février dernier par les organisations<br />

syndicales, à la quasi unanimité, et présenté en<br />

conseil fédéral en mars. Il doit <strong>mai</strong>ntenant être étendu<br />

par le ministère du Travail pour s’appliquer à toutes les<br />

entreprises de l’exploitation, au-delà de celles affiliées<br />

à la FNCF (associations, municipalités…), « en espérant<br />

que tout soit finalisé et médiatisé au moment du congrès<br />

de septembre ».<br />

Reste à prêcher la bonne parole… et pour Odile Tarizzo,<br />

« c’est le travail de fond que nous menons, pas à pas, avec<br />

Agathe de Foucher, secrétaire générale administrative de la<br />

FNCF. Si tous les exploitants n’ont pas encore pris conscience<br />

de ces enjeux à 100 %, ils sont aujourd’hui bousculés par<br />

la difficulté de recruter. C’est donc le moment de les inciter<br />

à revoir leur mode d’organisation, pour faciliter l’intégration<br />

des salariés, <strong>mai</strong>s surtout pour les fidéliser. »<br />

Cécile Vargoz.<br />

54 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


LA PARITÉ DERRIÈRE LA CAMÉRA AVANCE À PETITS PAS<br />

La parité dans la réalisation de films de cinéma gagne du terrain, <strong>mai</strong>s se heurte à des plafonds de verre, dont de budget et de nombre de<br />

films réalisés dans une carrière.<br />

Le Collectif 50/50 a mis à jour son étude sur la place <strong>–</strong> et<br />

les budgets <strong>–</strong> des femmes derrière la caméra. En résumé,<br />

sur les dix dernières années (2013-2022) en France, elles<br />

sont 27 % à avoir signé un ou plusieurs films. Dans le<br />

détail, c’est le genre documentaire qui offre le plus de<br />

place aux réalisatrices (33 %), tandis que seules 13 %<br />

tiennent les manettes de projets d’animation.<br />

Et si elles sont de plus en plus nombreuses à réaliser un<br />

premier film <strong>–</strong> sur l’ensemble des films agréés de 2022,<br />

35 % étaient des premiers films de réalisatrices contre<br />

27 % de réalisateurs <strong>–</strong>, sur les deux dernières années, on<br />

ne compte que 11 % de femmes ayant tourné 5 films<br />

(ou plus). « Il faut garder à l’esprit que plus la carrière des<br />

cinéastes avance, plus les 3 es , 4 es , 5 es films sont des privilèges<br />

souvent réservés aux hommes et figurent généralement parmi<br />

les films les plus soutenus financièrement par les institutions »,<br />

note le Collectif 50/50.<br />

Au global, sur les 2 876 films réalisés entre 2013 et 2022,<br />

moins d’un quart l’ont été par des femmes, dont plus de<br />

¾ disposaient d’un budget inférieur à 4 millions d’euros,<br />

avec une incidence systématique sur les salaires. En 2022,<br />

le plus gros budget attribué à une réalisatrice est de 20,6<br />

millions d’euros pour Jeanne du Barry de Maïwenn,<br />

contre 60 millions d’euros confiés à Jérémy Zag pour<br />

l’animation Miraculous : Le Film, adaptée de la série TV<br />

à succès. Dans les plus grosses productions réalisées par<br />

une femme, en 2019, Valérie Lemercier avait disposé de<br />

22,9 millions d’euros pour Aline.<br />

Certes, la place des réalisatrices ou cheffes de poste évolue<br />

et l’industrie se transforme progressivement, avec le<br />

renfort de différentes initiatives, notamment incitatives.<br />

Maïwenn, ici aux côtés de Johnny Depp sur le tournage de Jeanne du Barry, figure dans le club restreint des femmes ayant réalisé<br />

plus de 5 longs métrages.<br />

Le bonus parité mis en place en 2019* permet en outre<br />

au Collectif 50/50 d’observer une nouvelle donnée, « et<br />

donc d’étendre cette question de parité plus globalement aux<br />

équipes ». La part des films éligibles est, de fait, passée de<br />

13 % en 2019 à 34 % en 2022. Reste que les productions<br />

dirigées par des réalisatrices ont largement plus recours<br />

au dispositif, 82 % des films éligibles en 2022 étant<br />

réalisés par des femmes.<br />

*Bonus de 15 % sur le soutien cinéma mobilisé qui s’adresse aux films d’initiative française dont les équipes sont paritaires, que la réalisation soit entre les <strong>mai</strong>ns d’un homme ou d’une femme.<br />

Enfin, aux côtés des données sur la parité « facilement<br />

analysables », le Collectif 50/50 souhaite donner de la<br />

visibilité à la question, « également primordiale », de la<br />

diversité devant et derrière la caméra, avec des statistiques<br />

ethno-raciales <strong>–</strong> aujourd’hui très strictement encadrées<br />

par la loi. « Un sujet majeur que le Collectif 50/50 souhaite<br />

prendre à bras le corps, afin de cesser d’invisibiliser ces<br />

questions trop peu mises en lumière dans notre industrie. »<br />

©Stéphanie Branchu - Why Not <strong>Pro</strong>ductions<br />

Aysegul Algan<br />

LE NOMBRE DE RÉALISATRICES À CANNES<br />

AUGMENTE<br />

La Se<strong>mai</strong>ne de la Critique est la championne, avec une majorité de films signés par des femmes.<br />

Si ce n’est pas encore la parité… c’est<br />

en progrès ! Alors que les films de<br />

réalisatrices représentaient en moyenne<br />

13 % de la sélection officielle ces dix<br />

dernières années, <strong>2023</strong> compte 33 %<br />

de réalisatrices en compétition (7 films<br />

sur 21 avec l’ajout du Retour de Catherine<br />

Corsini), et 30 % pour l’ensemble de<br />

la sélection officielle (20 films sur 66).<br />

Et on notera que tous les films français<br />

de la compétition sont réalisés par<br />

des femmes !<br />

Mêmes proportions pour la Quinzaine des cinéastes,<br />

qui a changé son nom pour être mixte et présente 31 %<br />

de films de réalisatrices, avec 6 sur 19. C’est mieux à<br />

la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique, d’ailleurs seule section dirigée<br />

par une femme <strong>–</strong> Ava Cahen <strong>–</strong> , avec 4 films sur les 7<br />

en compétition (soit 57 %), sans compter le film<br />

d’ouverture. Et un jury, présidé par Audrey Diwan, à<br />

60 % féminin. Cécile Vargoz<br />

Tiger Stripes, premier long métrage de la<br />

Malaisienne Amanda Nell Eu, fera sa première<br />

mondiale à la Se<strong>mai</strong>ne de la Critique <strong>2023</strong> et sera<br />

distribué en France par Jour2Fête.<br />

©Ghost Grrrl Pictures / Jour2Fête<br />

Les rendez-vous du<br />

Collectif 50/50 à Cannes<br />

Vendredi 19 <strong>mai</strong>, 15h-16h15 (Pavillon Les<br />

cinémas du monde, Village international)<br />

Parité, diversité, égalité ! Regards croisés à<br />

l’international<br />

Échanges de bonnes pratiques entre le Brésil, la<br />

France, le Royaume-Uni, l’Égypte, et les États-Unis,<br />

sur les initiatives en faveur de l'inclusion<br />

Dimanche 21 <strong>mai</strong>, 11h-<strong>14</strong>h (Jardin Sacem, Hôtel<br />

Jardin Croisette)<br />

Les compositrices de musique de film à<br />

l'honneur<br />

Avec les compositrices Irène Dresel, Vanessa<br />

Giangrande et Julie Roué et la productrice<br />

Raphaëlle Delauche. Table ronde modérée par Julie<br />

Gayet et Delphine Paul (Sœurs jumelles) suivie<br />

d’un cocktail déjeunatoire..<br />

Dimanche 21 <strong>mai</strong>, 16h30-17h30 (Marché du<br />

Film - Main stage - Riviera)<br />

Le Collectif 50/50 x Artef (Anti-Racism<br />

Taskforce for European Film)<br />

Quels leviers pour plus de diversité derrière la<br />

caméra au niveau européen ?<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

55


DATA<br />

BOXOFFICE LIVE PARMI LES PROJETS SOUTENUS<br />

PAR LE CNC POUR MODERNISER L'INDUSTRIE DU CINÉMA ET DE<br />

L'AUDIOVISUEL<br />

Une commission de professionnels de<br />

l'audiovisuel, coprésidée par Emmanuelle<br />

Guilbart et Serge Hayat, a sélectionné huit<br />

solutions logicielles qui vont bénéficier<br />

d'un financement total de 622 000 euros,<br />

pour un investissement prévisionnel de<br />

1,3 million d'euros. Ces projets s'appuient<br />

sur la blockchain ou d'autres technologies<br />

numériques et ont pour objectif de créer<br />

un écosystème répondant, au-délà de ceux<br />

des professionnels du cinéma et de<br />

l'audiovisuel, aux besoins de l’ensemble<br />

des acteurs de la chaîne de valeur.<br />

L'objectif est de permettre un suivi en temps réel des<br />

remontées de recettes, de démocratiser l'usage d'outils<br />

pratiques et accessibles aux producteurs, et enfin,<br />

d'accroître la fiabilité et l'inviolabilité des données<br />

pour, ainsi, susciter la confiance des investisseurs privés<br />

dans le secteur.<br />

Ces projets viennent compléter le travail mené par le<br />

CNC pour faciliter l'accès aux données qu'il détient<br />

et moderniser ses outils, via deux chantiers majeurs<br />

déjà finalisés : la dématérialisation des Registres du<br />

cinéma achevée en 2021, ainsi que la modernisation,<br />

depuis 2022, de l'application de déclaration des<br />

bordereaux de recettes.<br />

Parmi les projets retenus, aux côtés notamment de<br />

celui présenté par Comscore, la solution <strong>Boxoffice</strong><br />

Live de The <strong>Boxoffice</strong> Company va pouvoir approfondir<br />

ses développements avec le soutien du Centre.<br />

Cette solution de remontée d’entrées en temps réel<br />

est déjà utilisée par nombre d’éditeurs-distributeurs<br />

de films parmi lesquels Universal Pictures, SND,<br />

StudioCanal ou encore Gaumont. Côté salles, CGR<br />

et Pathé ont, dès le départ, accepté de partager leurs<br />

chiffres avec <strong>Boxoffice</strong> Live pour la plus grande satisfaction<br />

des distributeurs clients, comme en témoigne<br />

notamment Xavier Albert (Universal Pictures France) :<br />

« Après <strong>mai</strong>ntenant plus d’un an d’usage en interne,<br />

<strong>Boxoffice</strong> Live est devenu un outil incontournable pour<br />

nous. C’est un gain de temps considérable pour l’équipe<br />

Ventes et surtout pour notre senior analyste qui est en<br />

mesure de suivre en temps réel le démarrage de nos sorties<br />

grâce à une base de comparables qui s’étoffe bien évidemment<br />

avec le temps. »<br />

De son côté, Christophe Courtois (SND) souligne<br />

qu’une « meilleure compréhension des entrées en temps réel<br />

nous permet aujourd’hui de mieux comprendre le point de<br />

vue des exploitants, de formuler des demandes de programmation<br />

plus réalistes, <strong>mai</strong>s aussi d’adapter nos actions<br />

publicitaires aux usages réels d’achats de places de cinéma<br />

des spectateurs…. C’est dans l’intérêt des exploitants ! »<br />

Les exploitants ne sont d’ailleurs pas insensibles à ce<br />

message puisque, au-delà des deux premiers circuits<br />

qui ont donné leur accord dès le lancement du produit,<br />

de nombreux autres vont suivre dans les se<strong>mai</strong>nes à<br />

venir parmi lesquels Cinéville, Noé Cinémas, Véo<br />

Cinémas, Confluences, Ociné ou encore Cinémonde,<br />

pour n’en citer que quelques uns. Selon Emilien Robert<br />

qui pilote cette activité au sein de The <strong>Boxoffice</strong><br />

Company, « la couverture de <strong>Boxoffice</strong> Live devrait<br />

avoisiner les 50 % autour de l’été, tout en s’enrichissant<br />

de fonctionnalités nouvelles en matière d’analyse, de suivi<br />

des préventes et de remontées de recettes (pour les exploitants<br />

qui le souhaitent). C’est une phase de décollage<br />

très excitante ! »<br />

Au-delà de la nécessaire transparence que le CNC<br />

appelle de ses vœux, Christophe Courtois insiste<br />

également sur « la dimension psychologique les jours de<br />

sortie : les acteurs, réalisateurs, producteurs tout comme<br />

les éditeurs de films qui accompagnent les films du scénario<br />

jusqu’à la sortie, sont tous pressés de connaître le sort du<br />

film. Le temps réel répond à cette fébrilité compréhensible,<br />

et la dimension nationale est plus fiable que les résultats<br />

de quelques cinémas parisiens qui ne sont plus représentatifs<br />

du marché français. »<br />

Julien Marcel<br />

56 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


19-22 JUNE <strong>2023</strong><br />

CENTRE CONVENCIONS INTERNACIONAL BARCELONA (CCIB)<br />

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EXPLOITATION<br />

CGR CINÉMAS<br />

FIN DU PROCESSUS DE VENTE ET<br />

CHANGEMENT À LA TÊTE DU GROUPE<br />

Début <strong>mai</strong>, les<br />

actionnaires du<br />

deuxième circuit national<br />

ont annoncé l’annulation<br />

du processus de vente, et<br />

la mise en place d’une<br />

nouvelle direction<br />

de transition.<br />

Nous sommes convaincus que<br />

cette décision permettra de<br />

garantir un avenir prospère pour<br />

l'entreprise et de <strong>mai</strong>ntenir sa<br />

position sur le marché du cinéma<br />

CHARLES RAYMOND, PDG DU GROUPE CGR CINÉMAS<br />

©belkis13.fr@g<strong>mai</strong>l.comwww.belkis13.fr<br />

« La famille Raymond, propriétaire du groupe CGR<br />

Cinémas, a pris la décision de ne plus céder la branche<br />

d'activité cinéma. » C’est par le biais d’un communiqué<br />

publié le 4 <strong>mai</strong> que les actionnaires du circuit ont<br />

confirmé les informations révélées la veille dans nos<br />

colonnes. « Malgré un processus de vente rigoureux et un<br />

grand intérêt de la part de plusieurs parties prenantes, les<br />

offres n'ont pas satisfait les critères de qualité et de valeur<br />

fixés par la famille Raymond pour leur entreprise », à<br />

savoir environ 500 M€ selon nos sources. La famille<br />

Raymond a également indiqué envisager « une réorganisation<br />

du management dans les prochains mois afin de<br />

repartir sur de nouvelles bases et une nouvelle feuille de<br />

route. Cette réorganisation permettra de renforcer la<br />

position du groupe sur le marché du cinéma et de développer<br />

de nouveaux projets pour répondre aux attentes de nos<br />

spectateurs ».<br />

Cette déclaration vient officialiser une série de décisions<br />

aussi rapides que spectaculaires prises par les actionnaires<br />

de CGR Cinémas dès le 3 <strong>mai</strong> au matin. Ce matin-là,<br />

selon nos informations, le directeur général Jocelyn<br />

Bouyssy, le directeur financier Jean-Charles Gau, le<br />

directeur des ressources hu<strong>mai</strong>nes Clément Foussal de<br />

Belerd et le directeur du développement Robert Laborie<br />

ont été convoqués et suspendus sur le champ. C’est<br />

Laurent Desmoulins, actuel directeur de CLR [le pôle<br />

hôtelier du groupe, ndlr.] et ancien de CGR Cinémas,<br />

qui reprend les rênes en tant que secrétaire général,<br />

fonction qu’il avait déjà occupée par le passé, en attendant<br />

de nouvelles annonces sur l’organisation future<br />

du groupe. Les actionnaires ont tenu à réaffirmer leur<br />

engagement « envers les employés, les partenaires et les<br />

clients du groupe CGR Cinémas. Nous sommes convaincus<br />

que cette décision permettra de garantir un avenir prospère<br />

pour l'entreprise et de <strong>mai</strong>ntenir sa position sur le marché<br />

du cinéma ».<br />

Cette annonce fait l’effet d’une bombe dans le secteur<br />

du cinéma français, puisque le processus de cession<br />

du deuxième circuit national semblait pourtant bien<br />

avancé. Récemment, deux candidats étaient encore<br />

en lice pour le rachat du groupe, d’après le média<br />

L’Informé. D’une part, le trio formé de Pierre-Antoine<br />

Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, avec l’appui<br />

de la Banque publique d’investissement (BPI). D’autre<br />

part, le fonds Aermont piloté par Léon Bressler. Mais<br />

aucune des deux offres n’a donc été à la hauteur des<br />

attentes de la famille Raymond, qui a préféré mettre<br />

fin au processus en cours.<br />

L’autre information surprenante est bien entendu<br />

l’éviction de Jocelyn Bouyssy, récemment mis à<br />

l’honneur par toute la profession lors des dernières<br />

rencontres cinématographiques du Sud d’Avignon,<br />

en mars dernier. À cette occasion, le président du<br />

CNC Dominique Boutonnat, ainsi que le président<br />

de la Fédération nationale des Cinémas Français<br />

Richard Patry, avaient rendu des hommages appuyés<br />

à celui que tous décrivaient alors comme un innovateur<br />

qui a transformé le paysage français de l’exploitation<br />

cinématographique. Encore récemment, fin<br />

avril à Las Vegas à lors de CinemaCon, de nombreuses<br />

personnalités telles que John Fithian, l’ex-directeur<br />

général de l’association des cinémas américains (Nato)<br />

ou encore Ajay Bijli, le CEO du géant indien PVR<br />

Inox (cinquième groupe mondial) ont eu l’occasion<br />

de saluer le travail de Jocelyn Bouyssy qui a mis le<br />

groupe rochelais sur la scène internationale avec sa<br />

technologie immersive Ice Theaters. C’est donc la<br />

surprise qui domine à l’annonce du départ soudain<br />

de Jocelyn Bouyssy et de plusieurs cadres clés du<br />

groupe, une équipe qui semblait encore tout récemment<br />

promise à un bel avenir..<br />

Le groupe CGR en bref<br />

2 e opérateur français (n°6 en Europe)<br />

73 cinémas<br />

705 écrans dont 44 équipés Ice Theaters<br />

18,2 millions d’entrées en 2022<br />

Une activité de distribution avec CGR Events et<br />

une participation majoritaire dans Apollo Films<br />

Ice Theaters, un format propriétaire premium déjà<br />

implanté aux États-Unis, en Espagne, Arabie saoudite<br />

et en Inde.<br />

58 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


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EXPLOITATION<br />

LE RACHAT DU CINÉMA PARISIEN LA CLEF EN BONNE VOIE<br />

La signature d’un compromis de vente entre le propriétaire du lieu et le fonds de dotation créé par le collectif La Clef Revival ravive<br />

l’espoir de pérenniser l’un des derniers cinémas associatifs de Paris.<br />

L’émotion était palpable mercredi 26 avril matin dans<br />

les travées du Reflet Médicis (Paris), où était organisée<br />

une conférence de presse par La Clef Revival, introduite<br />

par une vidéo de soutien de Martin Scorsese himself.<br />

Avec, donc, à la clé, une nouvelle réjouissante pour<br />

le collectif : la signature d’un compromis de vente<br />

entre le Comité social et économique de la Caisse<br />

d’Epargne Île-de-France, propriétaire des murs, et le<br />

fonds de dotation Cinéma Revival*, créé en 2020 par<br />

le collectif. Alors que les discussions avaient démarré<br />

autour d’un montant de 4,2 M € pour le rachat des<br />

murs, le compromis a été signé pour 2,9 M €, auxquels<br />

s’ajoutent 200 000 € de frais de notaire, pour une<br />

durée de six mois. Le fonds de dotation a donc jusqu’au<br />

26 octobre <strong>2023</strong> pour réunir la somme manquante.<br />

©Tanguy Colon<br />

Depuis plus d’un an, et son expulsion de La Clef en<br />

mars 2022, le collectif La Clef Revival a redoublé<br />

d’efforts et affirme avoir récolté 80 % des 3,1 M €<br />

demandés, soit 2,5 M €. Outre un prêt bancaire (1,7<br />

M €, garanti à 50 % par l’Ifcic), 600 000 € proviennent<br />

du mécénat et 200 000 € du crowdfunding. Tout en<br />

souhaitant réunir quelque 400 000 € auprès d’autres<br />

mécènes, le collectif relance également sa campagne<br />

de financement participatif afin de rassembler 200 000 €<br />

supplémentaires. Une fois ces 20 % manquants récoltés,<br />

le fonds de dotation Cinéma Revival confiera l’exploitation<br />

du site à La Clef Revival, qui entend se laisser<br />

deux mois pour réaliser les démarches administratives<br />

et mise ainsi sur une réouverture du cinéma en janvier<br />

2024, une salve de travaux de remise aux normes étant<br />

à l’étude pour l’été suivant.<br />

*Ce fonds de dotation est administré par un collège de personnes<br />

issues du collectif La Clef Revival et un collège de professionnels : Céline<br />

Sciamma, réalisatrice et scénariste, Laurent Tanzer, du cinéma Nova<br />

de Bruxelles, Jean-Marc Zekri, directeur du Reflet Médicis, et Eric Arrivé,<br />

critique et expert de la propriété d'usage.<br />

Plan de financement<br />

incluant les frais de notaire<br />

1,7 M € (garanti à<br />

50 % par l'IFCIC)<br />

objectif 1 M €<br />

déjà 600 000 €<br />

prêt bancaire mécénat crowdfunding<br />

objectif 400 000 €<br />

déjà 200 000 €<br />

Le projet, inchangé depuis sa présentation au printemps<br />

2020 , souhaite principalement faire de La Clef un lieu<br />

de diffusion, de transmission et de création. Une séance<br />

quotidienne dans chacune des deux salles permettra de<br />

mettre en avant « des films peu vus ou difficiles à trouver »,<br />

dixit le collectif, avec une entrée <strong>mai</strong>ntenue à prix libre.<br />

« Nous avons l’accord du CNC pour conserver cette tarification<br />

qui sera partagée ensuite de manière traditionnelle<br />

avec les ayants droits. Cette approche a montré sa viabilité<br />

pendant les deux ans et demi d’occupation, avec un prix<br />

libre moyen de 4,50 €. » Festivals, conférences et autres<br />

séances spéciales auront également les honneurs du grand<br />

écran, tandis que, dans le reste du lieu, seront aménagés<br />

des studios de montage et de post-production, des ateliers<br />

de création ainsi qu’un café associatif. C’est avec ces<br />

différentes activités, et les recettes qui en découleront,<br />

ainsi que diverses subventions de la Région, de la Ville<br />

de Paris et du CNC, que le collectif entend faire fonctionner<br />

La Clef et créer deux postes rémunérés.<br />

Tanguy Colon<br />

HAUT ET COURT CINÉMAS ÉTOFFE SON CIRCUIT<br />

Depuis le 1 er <strong>mai</strong>, le Navire de Valence, dans la Drôme, est exploité par le groupe de Carole Scotta et Martin Bidou.<br />

Haut et Court acquiert son septième site avec le cinéma<br />

de la commune drômoise. Après celle du Diagonal de<br />

Montpellier en décembre, le duo prend la barre du<br />

Navire de Valence. Le site de cinq écrans 710 fauteuils,<br />

classé art et essai et triplement labellisé, faisait partie<br />

de la Scop le Navire, qui continuera de son côté à<br />

exploiter le Navire d’Aubenas, l’Eden de Crest ainsi<br />

que la tournée itinérante Montoison (qui opère plus<br />

de 100 projections par été, de Lyon à Cannes).<br />

« Cette acquisition s'inscrit parfaitement dans notre ligne<br />

éditoriale de cinéma art et essai de centre-ville », explique<br />

Martin Bidou qui, à l’instar du cap <strong>mai</strong>ntenu au Diagonal<br />

de Montpellier, confirme ne pas vouloir changer le<br />

caractère de la salle. « Il est important pour nous que<br />

chaque site ait son identité propre, en accord et collaboration<br />

avec l'équipe en place. »<br />

De fait, parmi les salariés-associés cédants (et directeur<br />

du Navire d'Aubenas) Christophe Maffi souligne qu’« il<br />

était important que le fort marquage de ce cinéma, depuis<br />

longtemps inscrit dans le mouvement art et essai <strong>–</strong> comme<br />

en témoignent les engagements des précédents directeurs,<br />

Jean Haffner puis Cyril Désiré, dans le bureau de l'Afcae<br />

<strong>–</strong>, perdure par delà son changement d’exploitants. »<br />

Aux côtés du Lux Scène nationale (2 salles) et du Pathé<br />

Valence (12 salles), le Navire de Valence a rassemblé<br />

plus de 120 000 entrées en 2019 et 85 000 en 2022<br />

dans une ville qui compte 66 000 habitants (80 000<br />

avec l’agglo).<br />

De son côté, le groupe Haut et court Cinémas exploite<br />

désor<strong>mai</strong>s sept sites et 27 salles avec le Louxor et le<br />

Nouvel Odéon à Paris, l’Astrée et le Forum de Chambéry,<br />

le Sémaphore de Nîmes, le Diagonal de Montpellier,<br />

et donc désor<strong>mai</strong>s, le Navire de Valence.<br />

A.A et M.D<br />

60 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


L'ÉMISSION<br />

Le spectateur doit pouvoir découvrir un film<br />

sans se préoccuper du coût<br />

JEAN VILLA, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE VÉO CINÉMAS<br />

À voir ou à revoir,<br />

Émission disponible<br />

sur notre chaîne YouTube :<br />

Avec ses 16 établissements dans le grand<br />

Sud Ouest et une entente de programmation<br />

de 393 écrans, Véo fédère des cinémas de<br />

proximité qui se veulent ouverts au plus<br />

grand nombre… et portent l’art et essai au<br />

plus profond des territoires. Un travail qui<br />

doit continuer à être reconnu selon Jean<br />

Villa, directeur général des cinémas Véo,<br />

l’invité de l'Émission du 27 avril.<br />

Si le réseau représente aujourd’hui 6 millions d'entrées<br />

en France, « Véo, c’est avant tout une histoire hu<strong>mai</strong>ne »<br />

pour Jean Villa, qui évoque le travail initié par son père,<br />

Jean-Pierre, au début des années 80 alors qu’il était prof<br />

d’histoire-géo à Égletons en Corrèze. « Il s'était investi<br />

dans un cinéma associatif et s’est confronté à la difficulté<br />

d’obtenir des films. Il a alors eu l’idée de s’unir avec des<br />

confrères qui étaient dans le même cas. » De belles rencontres,<br />

notamment avec Alain Bouffartigues de Ciné 32, ont<br />

fait le reste et « aujourd'hui Véo est un réseau qui a du<br />

sens et a gagné de la visibilité ».<br />

Si Véo exploitation porte de nouveaux projets d’ouverture,<br />

c’est plutôt dans « l’idée de s’associer localement avec<br />

un exploitant du territoire ». Ainsi le projet d’un nouveau<br />

cinéma à Biganos aux côtés de Cédric Favard, implanté<br />

depuis 10 ans dans la région (au Rex de Cestas et en<br />

itinérant), « pour y aller ensemble, comme nous l’avions<br />

fait avec Philippe Gonzalez pour La Dolce Vita à Andernosles-Bains,<br />

toujours sur le bassin d’Arcachon ». <strong>Pro</strong>jet plus<br />

personnel pour Jean Villa, celui de La Cartoucherie à<br />

Toulouse <strong>–</strong> « qui me tient à cœur en tant que Toulousain »<br />

<strong>–</strong>, s’inscrira dans un tiers lieu culturel, installé dans une<br />

ancienne fabrique de cartouches [voir <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du<br />

19 octobre 2022]. « Les 4 salles seront construites dans<br />

une petite halle adjacente de 1500 m², dans l’esprit d’un<br />

cinéma de quartier, qui s’adressera aussi bien aux enfants<br />

qu’aux papis qui travaillaient autrefois dans la cartoucherie.<br />

» Ce qui, symboliquement, ne déplaît pas à l’exploitant :<br />

« un endroit où l’on fabriquait des armes, qui va devenir<br />

un lieu de culture. »<br />

La relation hu<strong>mai</strong>ne avant le premium<br />

Reste que l'expansion n’est pas la priorité pour Véo.<br />

« Notre premier cinéma, à Muret, n’a pas 10 ans et notre<br />

priorité est d'assurer nos bases en faisant fonctionner<br />

correctement nos établissements. Ce qui nous caractérise,<br />

c’est d’être des cinémas de proximité et de soigner un lien<br />

particulier avec nos spectateurs. Nous avons donc beaucoup<br />

de personnel à l'accueil, pour insuffler cette relation<br />

hu<strong>mai</strong>ne. » Et si l’offre de films reste la clé pour faire<br />

venir les spectateurs, l'attractivité des salles, chez Véo,<br />

passe par cette relation avec le public, avant la surenchère<br />

technologique. « Le premium n’est qu’une partie<br />

du marché. Il est important que le spectateur ait le choix,<br />

puisse venir voir un film sans se préoccuper du coût. Le<br />

cinéma doit rester populaire en proposant des places à 5<br />

ou 6 euros : être ouvert au plus grand nombre, mélanger<br />

tout type de spectateurs, c’est vraiment dans nos racines. »<br />

Si Véo est engagé dans une démarche éco-responsable,<br />

comme en témoigne la construction du Grand Central<br />

de Colomiers, labellisé HQE et “bâtiment biosourcé”,<br />

« ce n’est pas ça qui fait venir le spectateur », reconnaît<br />

Jean Villa. C’est en revanche la voie à suivre pour<br />

« repenser entièrement nos cinémas » en termes d’isolation<br />

et de performance énergétique. Pour l’heure, et<br />

comme abordé lors de la dernière AG de Véo [voir<br />

<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du 12 avril], les exploitants doivent<br />

continuer à faire preuve de sobriété. « Les bonnes<br />

pratiques énoncées dans la charte de la FNCF fonctionnent<br />

et ont permis entre 20 et 25 % d’économies. Et pour nos<br />

projecteurs passés au laser via le rétrofit, la consommation<br />

est passée de 6000 W à moins de 2000. » Face à la crise<br />

de l’énergie, Véo a dû aussi réduire le nombre global<br />

de séances. « Cela implique un partenariat avec les<br />

distributeurs, qui aujourd’hui jouent le jeu, en acceptant<br />

de diminuer leur exigences en termes de séances. »<br />

« Sur l’art et essai, on est en train de se<br />

faire avoir »<br />

De bonnes relations avec tous les distributeurs, sachant<br />

que Véo a vocation à montrer toute la diversité. Elle a<br />

été l’une des premières ententes à signer des engagements<br />

de programmation, « sans aucune difficulté, car nous ne<br />

faisons pas de plein programme. Ces engagements étaient<br />

au départ pensés pour les multiplexes, et s’engager à ne pas<br />

projeter le même film sur plusieurs écrans ne me pose aucun<br />

souci ». En revanche, Jean Villa se dit plus réticent à la<br />

notion de sanction par le CNC, évoquée dans le rapport<br />

Lasserre : « En cas de litige, je préfère avoir la possibilité de<br />

me défendre et d’expliquer mon projet. » Mais là où il n’est<br />

vraiment pas consensuel, c’est sur les propositions de<br />

Bruno Lasserre préconisant un classement art et essai<br />

des salles plus sélectif. « Sur l’art et essai, on est en train de<br />

se faire avoir », estime Jean Villa qui juge le sujet « ultra<br />

politique. Nous travaillons depuis 30 ans à développer l’art<br />

et essai sur tout le territoire, dans des villages au fin fond de<br />

la campagne », certes avec des films moins pointus et<br />

moins de séances. « Mais ces cinémas ruraux comptent-ils<br />

moins que d’autres ? », interroge l’exploitant. « Un cinéma<br />

de proximité est le <strong>mai</strong>llon d’une même chaîne, qui va du<br />

centre de Paris à Toulouse. Une entrée est une entrée, où que<br />

soit le cinéma et pour un tarif comparable, si l'on tient<br />

compte des cartes illimitées. » Or un mono écran comme<br />

celui d'Espalion, dans l’Aveyron, « s’adresse à une population<br />

qui n’est pas celle des grands centres-villes. Son travail<br />

d’animation au quotidien mérite une reconnaissance. Notre<br />

travail de long terme est en train d’être remis en question<br />

».<br />

Quant à la recommandation des films, les membres du<br />

collège font bien leur travail, en témoigne celui d’Emmanuel<br />

Baron, directeur de la programmation chez Véo,<br />

« qui regarde 400 films par mois ». Mais Jean Villa n’est<br />

pas opposé à l’évolution des critères, à condition que « la<br />

règle soit la même pour tous les films ».<br />

Cécile Vargoz<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

61


FOCUS EXPLOITATION<br />

UN NOUVEAU MULTIPLEXE<br />

À SAINT-PIERRE DE LA RÉUNION<br />

La famille Ethève a ouvert le<br />

Ciné Grand Sud, dans la zone<br />

de Pierrefonds, le <strong>14</strong> avril.<br />

Depuis, il a déjà accueilli près<br />

de 100 000 spectateurs.<br />

C’est un grand vaisseau à la façade colorée, de 10 salles<br />

et de 2 100 places, avec de vastes espaces de convivialité<br />

et entièrement accessible aux PMR, qui a ouvert le<br />

mois dernier en périphérie de Saint-Pierre de La Réunion,<br />

dans une partie de l’île jusqu’ici dépourvue d’un tel<br />

équipement. « Nous avons un complexe magnifique doté<br />

des meilleures technologies : 10 salles full laser, 2 équipées<br />

en Dolby Atmos, dont une de 500 places avec 64 enceintes.<br />

Les autres ont des capacités qui s’échelonnent entre 300,<br />

150 et 115 places, dont des fauteuils duo », décrit Laurence<br />

Ethève, directrice d'exploitation des quatre cinémas<br />

que compte désor<strong>mai</strong>s le groupe. Ce Ciné Grand Sud<br />

est un projet de longue date pour la famille Ethève qui,<br />

pour rappel, a construit le premier multiplexe de La<br />

Réunion il y a près de 20 ans, à Saint-Paul au nord-ouest<br />

de l’île. « Et dès que le Ciné Cambaie a été ouvert, le 27<br />

juillet 2005, le “patron” <strong>–</strong> à savoir Yves Ethève <strong>–</strong> a décidé<br />

qu’il fallait désor<strong>mai</strong>s équiper le Sud, où vit la moitié de<br />

la population réunionnaise. »<br />

Dans l’agglo de Saint-Pierre donc, qui compte près<br />

de 175 000 habitants, la demande et l’attente étaient<br />

grandes. « Même si nous avons une mono-salle de 600<br />

places pas très loin à Saint-Louis (Le Plaza) et notre<br />

concurrent deux petites dans le centre de Saint-Pierre<br />

(Le Rex), le public était prêt à faire 50 km et à braver<br />

les embouteillages pour se déplacer jusqu’au Ciné Cambaie,<br />

comme l’a récemment montré l’afflux phénoménal pour<br />

Creed III », explique l’exploitante. Le projet de<br />

Pierrefonds, passé en CDACi en 2017, était donc une<br />

évidence. Malgré la période de doutes liés au Covid,<br />

et s’il a été retardé par une énorme bagarre judiciaire<br />

entre Yves Ethève et son meilleur ennemi, Frédéric<br />

Drotkowski <strong>–</strong> qui a, entre-temps, ouvert son deuxième<br />

multiplexe Cinépalmes dans le Nord, autour de la<br />

capitale Saint-Denis <strong>–</strong> le chantier lui-même, commencé<br />

en 2021, aura été livré dans les temps.<br />

Conçu par l’architecte Philippe Tirot et construit par<br />

le promoteur Ocidim, filiale de Vinci Construction<br />

Dom-Tom, le Ciné Grand Sud, au-delà du confort<br />

de ses salles, accueillera bientôt deux restaurants, l’offre<br />

alimentaire étant, spécialement à La Réunion, indissociable<br />

de la sortie ciné. « En attendant, nous avons<br />

donc installé une grande caravane en inox dans notre<br />

patio, pour proposer de la bière, du vin, et des “bouchons”<br />

et samoussas typiques de notre région. » Le cinéma dispose<br />

aussi d’un grand espace de rencontres, juste à côté de<br />

celui dédié aux jeux d’arcade. L’immense parking<br />

couvert, de près de 900 places, est en train d’être<br />

terminé, et la zone de loisirs qui va ouvrir juste à côté<br />

contribuera à attirer les familles.<br />

Plus de 25 films à l’affiche<br />

Côté programmation, « nous allons d’abord nous<br />

concentrer sur l'exploitation pure, puis nous développerons<br />

tout ce qui se fait déjà au Ciné Cambaie : ciné concerts,<br />

soirées à thème et autres événements ». Et déjà dès les<br />

premières se<strong>mai</strong>nes, les séances événementielles ont<br />

fait le plein. L’établissement, plus grand et plus moderne<br />

que le Ciné Cambaie (de 8 salles et 1600 fauteuils),<br />

en suivra en effet la ligne éditoriale : « beaucoup de<br />

62 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


©Evelyne Ethève<br />

©Evelyne Ethève<br />

La partie extérieure du Patio Ciné, et son snack dans une caravane<br />

©Johan Damien Bello<br />

Des salles aux couleurs de La Réunion<br />

blockbusters pour remplir » <strong>–</strong> dont certaines séances en<br />

VO <strong>–</strong>, « <strong>mai</strong>s aussi de l’art et essai, comme dans notre<br />

salle de Saint-Denis, le Ciné Lacaze, premier cinéma<br />

classé de l’Océan Indien, et beaucoup de films pour<br />

enfants, qui marchent très bien à La Réunion ».<br />

À noter que le groupe Ethève, qui, comme la plupart<br />

de ses confrères d’Outre-mer, sous-distribuait les films<br />

dans sa région, traite de plus en plus directement avec<br />

les distributeurs de Métropole, « y compris avec les<br />

majors, ce qui simplifie beaucoup les choses et avec<br />

lesquelles nous travaillons en toute transparence ». Ainsi,<br />

l’ouverture a coïncidé <strong>–</strong> ou presque <strong>–</strong> avec la sortie<br />

de Super Mario Bros, « dont les entrées augmentent<br />

chaque se<strong>mai</strong>ne » ajoute de son côté Evelyne Ethève,<br />

qui gère de plus près les aspects juridiques et la<br />

programmation. « Nous sommes très heureux qu’il soit<br />

distribué par Universal, la première major avec laquelle<br />

nous avons traité en direct et l’un de nos meilleurs<br />

partenaires à la Réunion, qui a une grande compréhension<br />

du territoire et de la façon dont on peut y promouvoir<br />

les films. »<br />

Plus de 25 films ont été programmés pour l’ouverture,<br />

dont les reprises d’Avatar et Top Gun afin de les montrer<br />

en Atmos, et des films d’auteur tels que Dalva ou La<br />

Nuit du 12… « qui n’était ja<strong>mai</strong>s sorti chez nous. Nous<br />

continuerons ainsi les films art et essai que nous sortons<br />

au Ciné Lacaze, par égard pour les distributeurs qui<br />

nous les ont confiés et pour les proposer au grand public. »<br />

35 salariés ont été embauchés sur le seul cinéma, dont<br />

3 opérateurs, 15 hôtesses billetterie et confiserie et,<br />

les places étant numérotées, « des ouvreurs qui vont<br />

placer les gens en salle, comme au théâtre ». Une masse<br />

salariale importante, <strong>mai</strong>s indispensable pour Laurence<br />

Ethève qui veut privilégier un accueil hu<strong>mai</strong>n et<br />

chaleureux : « même si nous proposons la vente dématérialisée,<br />

nous ne sommes pas dans le self-service ».<br />

Sachant que le Ciné Cambaie enregistrait 950 000<br />

entrées en 2019 <strong>–</strong> et se classait 36 e cinéma français en<br />

2022 en termes de fréquentation <strong>–</strong>, Laurence Ethève<br />

est confiante sur le succès du Ciné Grand Sud.<br />

« En étant optimiste, je pense que nous pouvons viser le<br />

million de spectateurs. À nous d’être être à la hauteur de<br />

leurs attentes, <strong>mai</strong>s nous avons une expertise de 18 ans<br />

dans le cinéma. »<br />

Et c’est bien parti. Les premières se<strong>mai</strong>nes sont très<br />

encourageantes et ont été « intenses et incroyables à<br />

vivre », témoigne Evelyne Ethève. Plus de 16 800<br />

spectateurs sont venus au Ciné Grand Sud les cinq<br />

premiers jours, puis 23 000 la se<strong>mai</strong>ne du 19 avril et<br />

24 000 la suivante. « Nous nous attendions à de bons<br />

chiffres, sachant que les autres salles de Saint Pierre<br />

n’offrent pas une qualité multiplexe. Mais pour le weekend<br />

d’ouverture, très festif, le public est venu de toutes<br />

les régions de l’île, nous témoignant beaucoup de joie et<br />

de soutien. Nous avons la sensation qu’ils redécouvrent<br />

le cinéma, avec de nouveaux services comme la réservation<br />

en ligne et les places numérotées. » Et avec l’arrivée<br />

de Fast & Furious X qui va coïncider avec les vacances<br />

scolaires à La Réunion, le Ciné Grand Sud<br />

devrait vrombir !<br />

Cécile Vargoz<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

63


FOCUS EXPLOITATION<br />

Esprit synergie<br />

Depuis janvier <strong>2023</strong>, Le Cosmos a adopté une<br />

forme juridique encore relativement rare dans le<br />

paysage de l’exploitation cinématographique : la<br />

Société coopérative d’intérêt collectif (Scic), de<br />

manière à assurer une gouvernance « participative,<br />

horizontale et transparente », ouverte à tous. Le<br />

bar-restaurant du Bardu est quant à lui structuré en<br />

Scop, chacun, entre la Scic et la Scop ayant des<br />

parts dans l’autre pour conserver l’esprit de<br />

synergie entre les deux structures.<br />

LE COSMOS DE STRASBOURG<br />

SE PROJETTE DANS LA VIE DE LA CITÉ<br />

L’historique cinéma municipal de l’Eurométropole reprend les séances début juin avec un<br />

nouveau nom, une nouvelle équipe et un nouvel élan.<br />

©cinéma Odyssée<br />

Le Cosmos dans et hors<br />

les murs, avant et après<br />

ouverture<br />

L’association Le Troisième souffle poursuit par<br />

ailleurs son activité de projections en plein air,<br />

entamée en 2018, au rythme de 7 à 10 séances par<br />

an. Fin avril, dans le cadre des différents<br />

événements prévus hors les murs en amont de la<br />

réouverture du cinéma, l’association a proposé<br />

quatre jours de festivités (films, concerts, ateliers<br />

jeune public, ciné-karaoké, ciné-bingo et ciné DJ<br />

set) dans le quartier Laiterie, puisque « le projet du<br />

Cosmos est aussi celui d’aller vers les publics de<br />

quartiers pas toujours équipés culturellement », note<br />

Étienne Hunsinger.<br />

Les journées portes ouvertes du 13 et <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

proposeront des visites publiques du cinéma,<br />

prolongées de divers temps de concertation « pour<br />

reconnecter les publics qui ont peut-être été éloignés<br />

du cinéma ». Le grand week-end inaugural<br />

débutera quant à lui le vendredi 2 juin, avec, dès le<br />

lende<strong>mai</strong>n, toute une nuit marathon de<br />

projections. Le premier cycle du Cosmos<br />

commencera dès la mi-juin sous le thème du<br />

"cinéma dans le cinéma".<br />

CARACTÉRISTIQUES DES SALLES<br />

SALLE PLACES PMR DIM (M) SON IMAGE<br />

1 254 7 8 7.1 2K<br />

2 56 3 4,25 5.1 2K<br />

TOTAL 310 10<br />

Un « joyau patrimonial » de salle<br />

La troisième fois aura été la bonne pour l’association Le<br />

Troisième souffle, créée dans le but de reprendre la DSP<br />

de l’Odyssée, longtemps confiée <strong>–</strong> avec de plus en plus<br />

de controverses <strong>–</strong> aux Rencontres cinématographiques<br />

d’Alsace. Après leur première candidature en 2011, leur<br />

deuxième en 2016, c'est celle de 2021 qui a été retenue,<br />

renforcée par le soutien d’un collectif composé de personnes<br />

du milieu du cinéma, du spectacle vivant, de la musique<br />

contemporaine, d’illustration, de l’interprétariat, de la<br />

restauration, du journalisme… En somme, « une agrégation<br />

de personnes sensibles au cinéma et qui avaient envie<br />

de s’investir pour dessiner le renouveau de ce lieu emblématique<br />

», résume Étienne Hunsinger, le directeur du cinéma.<br />

Le changement de gérance en avril 2022 est allé de pair<br />

avec le début d’une longue phase de travaux, budgétés<br />

à hauteur de 820 000 euros. Toutefois, la rénovation<br />

d’un « joyau patrimonial » inscrit à l'inventaire des<br />

monuments historiques <strong>–</strong> le site date de 1913 et est<br />

propriété de la Ville depuis 1988 <strong>–</strong> n’est pas sans difficulté.<br />

Beaucoup d’interventions, de l’ordre de la mise aux<br />

normes techniques, de sécurité et d’accessibilité en ce<br />

qui concerne les 2 salles, « ne seront pas très visibles » <strong>mai</strong>s<br />

ont conduit à une légère réduction des jauges afin<br />

d'accueillir des emplacements PMR. Les changements<br />

les plus notables se concentrent principalement dans les<br />

espaces d'accueil. Une « rigoureuse enquête patrimoniale<br />

» a permis de retrouver les couleurs d’origine du hall, de<br />

ses moulures et de ses dorures. Le foyer-salon au premier<br />

niveau sera rénové à l’été dans la même veine.<br />

Le centre de documentation implanté au sous-sol <strong>–</strong> dont<br />

le fonds appartenait au précédent exploitant <strong>–</strong> cédera sa<br />

place à un studio dédié aux pratiques artistiques. « Dans<br />

cet espace quasi sans lumière naturelle, l’idée est d’investir<br />

plus spécifiquement le cinéma d’animation avec un matériel<br />

©Christophe Urbain<br />

INFOS PRATIQUES<br />

ADRESSE<br />

3 Rue des Francs-Bourgeois, 67000 Strasbourg<br />

SITE INTERNET<br />

www.cinema-cosmos.eu<br />

TARIFS<br />

Plein tarif : 8 €<br />

Tarif réduit : 5 € (tarif réduit accessible sur critères<br />

socio-professionnels et socio-économiques)<br />

Carnet de 10 billets : 50 €<br />

Billet pour les séances jeune public : 3 €<br />

Cécile Becke, secrétaire générale, et Étienne Hunsinger, directeur du Cosmos<br />

64 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>


humble, pour fabriquer des œuvres en stop<strong>–</strong>motion ou en<br />

papier découpé. » Plus haut dans le bâtiment, dans la<br />

mezzanine au dessus du foyer-salon, la secrétaire générale<br />

du cinéma, Cécile Becker, se réjouit de l’installation,<br />

dans les mois qui viennent, d’un labo-médias « où l’on<br />

va enregistrer nos propres podcasts, créer des bandes annonces<br />

<strong>mai</strong>son de nos cycles thématiques, filmer des entretiens, écrire<br />

les textes de notre programme… avec l’aide de spectateurs<br />

appelés à être des ambassadeurs actifs du Cosmos ».<br />

La nouvelle équipe du complexe municipal prend, de<br />

fait, très à cœur sa mission de service public destiné à<br />

rendre le cinéma accessible à tous les Strasbourgeois, avec<br />

pour principal philosophie celle d’investir le site, au-delà<br />

des projections. Le “bar à essai’ du Bardu, implanté dans<br />

les lieux, y participera grandement, avec une offre de<br />

boissons et restauration pensée en synergie avec la<br />

programmation. Le Cosmos restera bien entendu classé<br />

art et essai triplement labellisé, et membre du réseau<br />

Europa Cinemas. Le cahier des charges présente par<br />

ailleurs une clause de non concurrence : le cinéma<br />

municipal ne passera donc les films qu’à partir de leur<br />

quatrième se<strong>mai</strong>ne d’exploitation s’ils sont déjà programmés<br />

en sortie nationale dans un autre cinéma strasbourgeois<br />

(hors rééditions)*. La programmation, « ultra collective<br />

et horizontale », est assurée par un conseil de 11 personnes<br />

et peut s’ouvrir à des spécialistes en fonction des thématiques<br />

préparées. « Ce conseil est un lieu ouvert d’échanges,<br />

qui sera particulièrement vigilant sur la mise en valeur de<br />

la parité et des cinématographies européennes », souligne<br />

le binôme. « Nos cycles thématiques, qui ont vocation à<br />

durer 3 à 5 se<strong>mai</strong>nes chacun, s'articuleront autour du cinéma<br />

comme art <strong>–</strong> avec ses motifs, techniques et esthétiques <strong>–</strong> <strong>mai</strong>s<br />

aussi comme témoin des enjeux de société. »<br />

L’Odyssée accueillant entre 40 000 et 50 000 spectateurs<br />

par an, l’objectif de la la Ville <strong>–</strong> fixé avant le Covid et<br />

<strong>mai</strong>ntenu <strong>–</strong> est celui d’atteindre les 65 000 entrées en<br />

2028, à la fin de la DSP. Avec sa nouvelle équipe de 12<br />

personnes (11 équivalent temps plein) et son nouvel élan,<br />

Le Cosmos compte bien occuper « sa place singulière »<br />

dans le dense parc de salles strasbourgeoises. « Aux côtés<br />

de l’UGC et du Vox, les Stars font beaucoup de belles choses<br />

en termes d’art et essai. Le Cosmos sera une salle patrimoniale<br />

art et essai en totale complémentarité, dédiée à l’exploration<br />

de la grande diversité du répertoire cinématographique, dans<br />

le temps comme dans l’espace. »<br />

Ayşegül Algan<br />

* Toutefois, une dérogation permet au Cosmos de programmer jusqu'à cinq sorties<br />

nationales par an, en accord avec les autres exploitants.<br />

Autorisation pour le futur<br />

cinéma de Rambervillers<br />

Orpheline d’une offre depuis les années 1980,<br />

Rambervillers va bel et bien renouer avec le<br />

cinéma. Avec son nom symbolique, le projet de<br />

complexe Le Renaissance a reçu l’aval de la<br />

commission d’aménagement cinématographique<br />

des Vosges le 4 <strong>mai</strong>. Porté par la Ville, le futur<br />

établissement de trois salles et 397 places sera<br />

exploité par la SARL Complexe cinématographique<br />

marnais, présidée par Thierry Tabaraud, via une<br />

délégation de service public d’une durée de 5 ans.<br />

Designé par le cabinet d’architectes Tracks (auteur<br />

notamment de L’Arcadia de Riom), Le Renaissance<br />

arborera une habillage couleur grès des Vosges ; à<br />

l’intérieur, le hall se présente en double hauteur,<br />

avec le comptoir caisse/confiserie et une partie<br />

mezzanine. À noter que le cinéma sera relié à un<br />

réseau de chaleur existant de la ville, évitant ainsi<br />

d’autres aménagements, d’autant plus que le<br />

centre ville est classé.<br />

La grande salle de quelque 200 places, avec son<br />

Dolby Atmos et projecteur 4K, sera aménagée au<br />

rez-de-chaussée, les deux autres plus petites se<br />

trouveront au premier étage. La programmation<br />

sera éclectique avec un accent particulier mis sur<br />

l’art et essai, l’obtention du classement étant un<br />

objectif fixé par la municipalité dans la DSP. Si<br />

Rambervillers compte environ 6 000 habitants, le<br />

bassin de vie élargit la population à 18 000<br />

personnes. Ainsi, l’étude du cabinet Vuillaume Ciné<br />

Conseil projette une fréquentation autour des<br />

37 000 entrées annuelles. Au total, quelque 4<br />

millions d’euros seront déboursés pour concrétiser<br />

ce projet, dont le chantier doit démarrer en<br />

novembre <strong>2023</strong> pour une ouverture espérée à<br />

l’été 2025.<br />

T.C.<br />

Article complet sur boxofficepro.fr<br />

EXPLOITATION<br />

La façade pendant les travaux<br />

©Christophe Urbain<br />

encart ADDE <strong>2023</strong> 234x110mm.pdf 1 09/05/<strong>2023</strong> 16:13<br />

N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong><br />

65


INSTITUTIONNELS<br />

PROCHAINES CDACi/CNACi<br />

DATES DEMANDEUR ENSEIGNE DU PROJET ÉCRAN(S) PLACES DEMANDE VILLE DÉPART. AGGLO<br />

CDACi<br />

23/05/23 SAS CINÉ-LINES CINÉ-LINES 4 533 <strong>Pro</strong>jet de création d’un complexe Milly-la-Forêt Essonne<br />

<strong>14</strong>/06/23 VILLE DE NORT-SUR-ERDRE PARADISO 3 450 <strong>Pro</strong>jet de création d’un complexe Nort-sur-Erdre Loire-Atlantique<br />

Disparition de Narcís Agustí<br />

président du groupe Ocine<br />

Le président du circuit de salles espagnol Ocine,<br />

<strong>mai</strong>son mère de MonCiné en France, est décédé le 7<br />

<strong>mai</strong> à l'âge de 87 ans. Si ses fils en ont repris les rênes,<br />

Narcís Agustí régnait encore sur le troisième circuit<br />

de salles de son pays, et le seul 100 % espagnol. Il a<br />

joué un rôle clé dans le développement de l’exploitation<br />

du pays, d’abord en Catalogne où son père avait<br />

ouvert le cinéma Núria à Olot en 1943, puis l’emblématique<br />

Ultònia de Gérone, aujourd'hui fermé.<br />

Suivront le Catalunya en 1978, puis le grand complexe<br />

Oscar à Sant Ponç en 2000, qui sera le premier<br />

d’Espagne à adopter le numérique et la 3D, et sera<br />

rebaptisé Ocine en 2009.<br />

Les fils de Narcís <strong>–</strong> Joan, Jordi et Esteve <strong>–</strong> ont depuis<br />

développé l'entreprise, qui opère dans une quinzaine<br />

de villes à travers l’Espagne avec 27 établissements,<br />

et en France à Béziers et Anglet, via sa filiale MonCiné.<br />

AGENDA DE LA PROFESSION<br />

RENCONTRES NATIONALES ART ET ESSAI <strong>14</strong> au 16/05/23 CANNES<br />

AG DU SCARE 16/05/23 CANNES<br />

FESTIVAL DE CANNES 16 au 27/05/23 CANNES<br />

AG DE LA CICAE 17/05/23 CANNES<br />

CONVENTIONS SND<br />

CONGRÈS DE LA CHAMBRE SYNDICALE DES CINÉMAS DE<br />

NORMANDIE<br />

6, 8,15, 20, 22 et<br />

27/06/23<br />

07 et 08/06/23 CAEN<br />

PARIS, RENNES, LYON, AIX, LILLE<br />

ET BORDEAUX<br />

CEMINEO (SÉMINAIRE DU RÉSEAU CINEO) 07 au 10/06/23 REIMS ET EPERNAY<br />

RENCONTRE INTERSYNDICALE DE L'EST, DE RHIN ET MOSELLE ET DE<br />

FRANCHE COMTÉ<br />

12 au <strong>14</strong>/06/<strong>2023</strong> REMIREMONT<br />

RENCONTRES ART ET ESSAI DE BRETAGNE 13 au 17/06/23 DINARD<br />

AG DU SLEC 15 et 16/06/23 LYON<br />

CINEEUROPE 19 au 22/06/23 BARCELONE (ESPAGNE)<br />

RENCONTRES DU SDI 20 au 22/06/23<br />

Dans son multiplexe de 11 salles de Granollers, au<br />

nord de Barcelone, le groupe avait inauguré l’an dernier<br />

la première salle Ice d’Espagne.<br />

CAEN ET<br />

HÉROUVILLE-SAINT-CLAIR<br />

AG DU SYNDICAT DES CINÉMAS DES PAYS DE SAVOIE 29/06/23 BOURG-EN-BRESSE<br />

AG DE L’UNION DES CINÉMAS SUD-ATLANTIQUE (UCA) 29-30/06/23 ANGLET<br />

C.V.<br />

La fréquentation<br />

des cinémas<br />

dépasse les niveaux<br />

pré-Covid en avril<br />

Sous l’impulsion de Super Mario Bros et des Trois<br />

Mousquetaires <strong>–</strong> D’Artagnan, les salles de cinéma ont<br />

atteint 19,1 millions d’entrées cumulées en ce début de<br />

printemps. Une dynamique qui ne demande qu’à<br />

se confirmer.<br />

Si la hausse reste logique (et notable) par rapport à avril<br />

2022 (+38 %), où les dernières contraintes sanitaires<br />

venaient d’être levées, la fréquentation dépasse pour la<br />

première fois de l’année la moyenne des entrées pour la<br />

sacro-sainte période 2017-2019 (+2,7 %). En élargissant,<br />

avril <strong>2023</strong> se situe à +2 % par rapport à la moyenne<br />

2015-2019 et +3 % vis-à-vis de la moyenne 2012-2019.<br />

À noter qu’il s’agit du meilleur résultat pour un mois<br />

d’avril depuis les 19,4 millions de spectateurs attirés en<br />

2017.Au total, 59 titres inédits ont été programmés en<br />

avril (65 l’an passé), soit 15 longs en moyenne par se<strong>mai</strong>ne.<br />

Après quatre mois, la fréquentation s’élève donc à 68,07<br />

millions d’entrées, soit 34 % de plus comparé à 2022 et<br />

<strong>14</strong> % de mois que la moyenne 2017-2019. Sur l’année<br />

glissante (<strong>mai</strong> 2022 à avril <strong>2023</strong>), 169,31 millions de<br />

tickets ont été vendus (+15,7% vs la période équivalente<br />

précédente). À noter que la part de marché des productions<br />

françaises est estimée à 47,4 % depuis le début<br />

d’année (49,8% en 2022) et celle des films américains<br />

à 42,5 % (27,4% en 2022).<br />

T.C.<br />

Soutiens Afcae<br />

La sélection 15-25 - juin <strong>2023</strong><br />

Camila sortira ce soir d'Inés Maria Barrionuevo,<br />

Outplay, 7 juin<br />

Marcel le coquillage (avec ses chaussures) de<br />

Dean Fleischer-Camp, L'Atelier Distribution, <strong>14</strong> juin<br />

House de Nobuhiko Ôbayashi, Potemkine Films, 28 juin<br />

Coup de Coeur du Comité 15-25<br />

Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, New Story, <strong>14</strong> juin<br />

LA FÊTE DU CINÉMA 02 au 05/07/23 FRANCE<br />

STUDIO SHOW 06 et 07/07/23 PARIS<br />

FESTIVAL PLAY IT AGAIN ! 13 au 26/09/23 FRANCE<br />

CONGRÈS DE LA FNCF 18 au 21/09/23 DEAUVILLE<br />

FESTIVAL LUMIÈRE <strong>14</strong> au 22/10/23 LYON<br />

Retrouvez toutes ces manifestations plus détaillées sur boxofficepro.fr rubrique Agenda<br />

66 N°444 / <strong>14</strong> <strong>mai</strong> <strong>2023</strong>

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